03/10/2011
MIREILLE CALLE-GRUBER/Claude Simon Une vie à écrire
Une lecture de Nathalie Riera
MIREILLE CALLE-GRUBER
Claude Simon Une vie à écrire
(Biographie/Seuil, 2011)
Notes
Extraits
Source internet © Claude Simon
« Claude Simon, ce sera cela : une vie à écrire et réécrire. Pour que les informes affects du deuil prennent forme au travail de la langue et que le livre trace le dessin d’une vie »
Mireille Calle-Gruber
« Je crois qu’il y a une extraordinaire nouvelle de Borges où il raconte qu’un architecte paysagiste dessine un parc avec des statues, des pavillons, des petits lacs, des allées. Quand le parc est fini, il s’aperçoit qu’il fait son propre portrait. Je trouve que c’est une parabole admirable. On ne fait jamais que son propre portrait »
LE DESSIN D’UNE VIE
« Il est à jamais le cavalier éperdu de la route des Flandres, et depuis le loin, aux bords du XXe siècle, notre contemporain le plus aigu et le plus vigilant.
Il nous aura enseigné la lenteur hallucinée de l’écriture en ses transports métaphoriques, l’humilité de l’artisan, la main à l’œuvre, la peine et l’existence ailée de la littérature».[2]
Comment rendre compte d’une vie elle-même déjà écrite par Claude Simon ? confie Mireille Calle-Gruber à Alain Veinstein. Faut-il juste y voir un pari audacieux, celui de s’essayer à l’écriture biographique comme à un « nouveau genre, un nouvel exercice, une nouvelle expérience » ? Ou alors y percevoir comme une dette à l’égard d’une œuvre et d’une personne que vous avez bien connue ? Outre que M. Calle-Gruber aura eu le privilège d’une relation sans failles et d’une amitié extraordinaire tout au long des seize dernières années de la vie de « Claude Simon l’écrivain immense » et de l’homme d’exception, ce qu’il faut surtout entendre des raisons de ce monument biographique : « comme une intimation à écrire – car ce fut, oui, aussi, soudain, l’évidence intérieure d’un « il faut » - écrire, la biographie de Claude Simon, ce défi absolu… ». [3]
440 pages « entre enquête et fiction », à partir de lettres, de documents, de témoignages, autant d’éléments tangibles pour un travail d’interprétation et de savoir qui incombe à l’écrivain-biographe. La littérature ne se posant ni en termes de vrai ou de faux, il s’agit pour M. Calle-Gruber de « tirer des diagonales que j’espère aussi vraies que possible ». Et par cette biographie, non pas monumentaliser Claude Simon, mais le rendre vivant !
M. Calle-Gruber travaille sur l’œuvre de Claude Simon depuis de nombreuses années, ayant entre autres participé à l’édition de La Pléïade, avec notamment « Le récit de la description ».[4] Elle publie en 2008, aux Presses Sorbonne Nouvelle, Les Triptyques de Claude Simon ou l’art du montage présentant des inédits : scenarii, découpages techniques, correspondances, textes, manuscrits, plans de montage, entretiens, films, photographies (DVD).
***
De sa naissance à Madagascar, Tananarive, le 10 octobre 1913 jusqu’à son décès à Paris le 6 juillet 2005, Claude Simon aura traversé un XXe siècle de violences et de péripéties. Longtemps, il portera le « traumatisme du survivant » :
« « Survivant, Claude l’aura été à plus d’un titre. D’abord de ce frère aîné (…) Puis du père, mort au champ d’honneur (…) dans l’hécatombe de 1914, le 27 août (…) Puis de la mère qui succombe à un cancer, le 5 mai 1925, alors qu’il est dans sa douzième année, le laissant seul, tragique descendant d’une famille fantomatique et le dernier porteur du nom des Simon qui ont fait souche à Arbois, Jura ».[5]
(…)
« … une fois encore le survivant de son régiment anéanti lors de l’offensive allemande de mai 1940 ».[6]
Plusieurs périodes de la vie de Claude Simon sont relatées : son parcours scolaire au Collège Stanislas, à Paris, en 1925 (année du décès de sa mère, Suzanne Simon) ; son incorporation au 31ème régiment de dragons (1934) ; témoin d’une révolution : la guerre civile à Barcelone (1936) ; son voyage dans l’Europe au printemps 1937 « à travers des pays au bord de la guerre, l’Allemagne, la Pologne, l’URSS jusqu’à Odessa, puis le retour sur Paris, par la Turquie, la Grèce et l’Italie »[7] ; sa captivité (suivie de son évasion) au camp Stalag IV B, à Mühlberg, le 27 mai 1940. Ce seront autant d’évènements éprouvants qui vont nourrir son œuvre romanesque, en même temps qu’ils agiront sur la conscience et la maturité politique de Claude Simon.
« Comme pour son comportement pendant la guerre d’Espagne et pendant la seconde guerre mondiale, Claude Simon a toujours veillé à la sobriété du récit concernant son rôle dans la Résistance, craignant l’interprétation hyperbolique, voire la surenchère des clichés. Il s’est ainsi efforcé de rappeler qu’il était « bien sûr antiallemand et surtout anti-nazi mais ne brûlant pas d’un héroïque patriotisme » … ».[8]
***
Pour qui n’ignore pas « son intelligence d’observation sur le vif des situations » et sa sensibilité visuelle, au début des années 30 Claude Simon est étudiant en cubisme, découvre le surréalisme au cinéma (avec l’œuvre de Luis Buñuel). L’expérience de la peinture se révélant « décisive pour sa conception du travail d’écrivain : il sera celui qui écrit avec l’exigence de composition du peintre, et suivant une sensibilité rare aux matières et aux couleurs ».[9]
L’abandon de la peinture au début des années 50, une plus large place sera ainsi donnée à la littérature. Lectures des deux géants que furent Proust et Joyce, leçons d’écriture chez Dostoïevski, il s’ensuit que l’écrivain pour Claude Simon est celui qui – ce seront ses propres dires lors du Discours de Stockholm – « progresse laborieusement, tâtonne en aveugle, s’engage dans des impasses, s’embourbe, repart – et, si l’on veut à tout prix tirer un enseignement de sa démarche, on dira que nous avançons toujours sur des sables mouvants ».[10] Un demi-siècle d’écriture, comme une raison de vivre indiscutable, tout en affrontant et se relevant des périodes les plus noires, celle de la guerre meurtrière, (dont les scandaleux évènements des deux journées du 16 et 17 mai 1940 relatés par l’écrivain dans une lettre du 17 février 1993), puis celles de la maladie et du suicide de sa première épouse Renée Lucie Clog.
L’écriture chez Claude Simon c’est une écriture en autodidacte, mais c’est aussi cette réalité de l’écriture, telle qu’on peut la lire dans sa préface à Orion Aveugle :
« Avant que je me mette à tracer des signes sur le papier, il n’y a rien, sauf un magma informe de sensations plus ou moins confuses, de souvenirs plus ou moins précis accumulés, et un vague – très vague – projet ».[11]
***
Autre volet de cette passionnante biographie, celui des années de « compagnonnage » et des années d’opposition au Nouveau Roman.
Si la littérature a ses sujets de discorde, ce qui noue Claude Simon à la littérature, et plus exactement au plaisir de l’écriture, ce n’est jamais selon Mireille Calle-Gruber qu’une « indéfectible alliance avec le vivant ». Il s’agit de n’être attaché à aucun camp, à aucune théorie littéraire, préserver son autonomie d’écrivain, et veiller à ce que la fonction littéraire ne soit en aucune manière prétexte à une fonction sociale ou autrement agissante à des fins politiques. M. Calle-Gruber reprend alors le différend qui opposait l’écrivain Claude Simon au philosophe militant Jean-Paul Sartre ; Sartre, dont l’imposture et la démagogie du il importe peu que la littérature soit dite ou non « engagée » : elle l’est nécessairement déclencheront une série de confrontations, à commencer lors de la table ronde organisée par l’Union des étudiants communistes en 1964 sur le thème « Que peut faire la littérature ? » rassemblant les intellectuels et les Nouveaux Romanciers, parmi lesquels Alain Robbe-Grillet accusé par Sartre de ne pouvoir être lu dans un pays sous-développé. Claude Simon, qui sera un temps assez proche des idées du Nouveau Roman, marquera alors son opposition au positionnement idéologique du philosophe, notamment dans le fameux « Pour qui donc Sartre écrit ? » (L’Express, 28 mai 1964, p.32)
Une vie d’écrivain n’est-ce pas aussi pour Claude Simon de faire face, sans la moindre complaisance et non sans une certaine ironie mordante, aux griefs éditoriaux, médiatiques, aux critiques retorses et assassines, et autres « violences passionnelles » du monde littéraire.
Après moult controverses qui l’éloigneront du Nouveau Roman, un autre feu de discorde : celui d’avoir signé la fameuse Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la Guerre d’Algérie,[12] signature qui sera suivie d’une inculpation de l’écrivain en octobre 1960.
N’est-ce pas une certaine éthique qui donnera à Claude Simon de faire cavalier seul, son autonomie à jamais préservée par l’écriture de romans (tous reconnus comme de véritables chefs-d’œuvre) et par maints déplacements, en France et à l’étranger, liés à une activité effrénée de conférencier.
Quand Alain Robbe-Grillet affirmait que la meilleure récompense pour un écrivain jugé illisible est d’être lu, n’y a-t-il pas eu meilleure récompense pour Claude Simon que l’attribution du Prix Nobel de Littérature, et à l’occasion de son allocution prononcée devant l’Académie suédoise (les 9 et 10 décembre 1985) de mesurer l’émotion de l’écrivain à l’entendre dire :
« Je suis maintenant un vieil homme, et, comme beaucoup d’habitants de notre vieille Europe, la première partie de ma vie a été assez mouvementée : j’ai été témoin d’une révolution, j’ai fait la guerre dans des conditions particulièrement meurtrières (j’appartenais à un de ces régiments que les états-majors sacrifient froidement à l’avance et dont, en huit jours, il n’est pratiquement rien resté), j’ai été fait prisonnier, j’ai connu la faim, le travail physique jusqu’à l’épuisement, je me suis évadé, j’ai été gravement malade, plusieurs fois au bord de la mort, violente ou naturelle, j’ai côtoyé les gens les plus divers, aussi bien des prêtres que des incendiaires d’églises, de paisibles bourgeois que des anarchistes, des philosophes que des illettrés, j’ai partagé mon pain avec des truands, enfin j’ai voyagé un peu partout dans le monde … et cependant, je n’ai jamais encore, à soixante-douze ans, découvert aucun sens à tout cela, si ce n’est, comme l’a dit, je crois, Barthes après Shakespeare, que « si le monde signifie quelque chose, c’est qu’il ne signifie rien » - sauf qu’il est. »[13]
Nathalie Riera, octobre 2011
Les carnets d'eucharis
[2] Mireille Calle-Gruber, Claude Simon Une vie à écrire, Editions du Seuil/Biographie, 2011 - p. 440
[3] France-Culture :Alain Veinstein reçoit Mireille Calle-Gruber, - auteur de Claude Simon. Une vie à écrire (Seuil) http://www.franceculture.com/player?p=reecoute-4299317#reecoute-4299317
[4] Mireille Calle-Gruber, Le récit de la description (ou de la nécessaire présence des demoiselles allemandes tenant chacune un oiseau dans les mains, Gallimard/La Pléiade, 2006 – p. 1527
[13] Claude Simon, Discours de Stockholm, Gallimard/La Pléiade, 2006 – p. 897/898
Mireille Calle-Gruber est Professeur à La Sorbonne Nouvelle - Paris III en Littérature française, et directrice de l’Equipe de Recherche « Etudes Féminines » (Paris VIII - Paris III). http://fr.wikipedia.org/wiki/Mireille_Calle-Gruber
■ SITES A CONSULTER :
France-Culture/Du jour au lendemain Alain Veinstein (09/09/11) : http://www.franceculture.com/player?p=reecoute-4299317#reecoute-4299317
Editions du Seuil : http://www.seuil.com/livre-9782021009835.htm
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Jean-Jacques Breton et Dominique Williatte - Trésors insolites des Musées de France
Lecture critique de Claude Darras
Trésors insolites : un livre d'art et de curiosités
J’ose prétendre que cet ouvrage-là est un livre d’exception. Il n’en copie aucun autre et il mériterait à coup sûr d’être imité. Jean-Jacques Breton et Dominique Williatte, ses auteurs (attachés à la Réunion des musées nationaux), ont parcouru la France des musées à la recherche d’œuvres diverses, peinture, dessin, sculpture, tapisserie, architecture, mobilier, gravure, des objets remarquables dont ils ont souhaité raconter l’histoire. Les critères de sélection postulent de divulguer des anecdotes inédites, étranges, surprenantes, insolites ; aussi les découvertes les plus inattendues sont-elles offertes au lecteur au gré d’un parcours muséal (150 lieux) jalonné de 201 œuvres originales que ce beau livre de curiosités dissèque pour mieux expliciter.
En parfaits iconoclastes, nos deux guides associent une érudition de bon aloi à une fantaisie pétillante. Savamment argumentée, l’analyse critique des « Trésors insolites des musées de France » épingle la sacro-sainte postérité, coiffe du bonnet d’âne des historiens trop zélés, corrige plus d’une interprétation gravée dans les dictionnaires et réhabilite des petits ou de grands maîtres que les caprices de leurs contemporains ont effacés de la mémoire patrimoniale. 201 œuvres insolites ? L’embarras du choix préside à la constitution d’un florilège. Tentons néanmoins l’exercice.
Conservée au musée des beaux-arts d’Agen, une huile sur bois, « Le Garrot », est longtemps attribuée à Francisco de Goya alors qu’elle est l’œuvre d’un de ses élèves, Eugenio Lucas y Velázquez (1817-1870). Émile Zola défend l’actrice et sculpteur Sarah Bernhardt (1844-1923) contre Auguste Rodin qui fustige la seconde passion de la sociétaire de la Comédie-Française : le musée des beaux-arts de Dijon rejoint le camp des zélateurs en acquérant un bronze de l’actrice, « Le Fou et la mort » (musée des beaux-arts Dijon). C’est un critique d’art et collectionneur allemand, Wilhelm Uhde, qui met au grand jour les œuvres naïves, dont « L’Arbre du Paradis » (musée d’art et d’archéologie de Senlis), qu’une femme de ménage exécute la nuit en psalmodiant des cantiques : Séraphine Louis (1864-1952). Avec le « Portrait de Meg Steinheil » (musée Bonnat à Bayonne), Léon Bonnat (1833-1922) donne à voir la courtisane (et femme de peintre) dans les bras de laquelle le président de la République française Félix Faure rend le dernier soupir le 16 février 1899. Détenu par le musée du Louvre, « L’Intérieur d’une cuisine » du peintre français Martin Drolling (1752-1817) utilise comme liant pigmentaire des… cœurs royaux momifiés. Chargé de détruire les cœurs embaumés de souverains (dont le Régent, Henriette d’Angleterre, Louis XIII et Louis XIV), l’architecte Petit-Radel vend certains des organes royaux aux peintres Martin Drolling et Alexandre Peau qui s’en servent dans leurs mixtures à l’exemple de confrères qui pilent les restes de momies égyptiennes afin d’améliorer leurs glacis… Sulfureuse peinture à l’huile de Fernand Le Quesne (1856-1932), « La Légende de Kerdeck » (musée des beaux-arts de Quimper), campe un joueur de biniou résistant sur son rocher à l’assaut d’une cohorte de lavandières s’ébrouant impudiques et nues dans l’océan ; le peintre est le fils du sculpteur Eugène Louis Le Quesne connu pour la statue de la Bonne Mère au faîte de Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille. Passionné par la science héraldique, Louis XIV est perspicace à déchiffrer les « armoiries parlantes », ces blasons qui posent un rébus ou jouent sur une homophonie. L’un d’eux plaqué en façade du musée de l’Armée, aux Invalides, à Paris, irrite le Roi-Soleil parce que son ministre de la guerre en est la vedette : une tête de loup chapeaute une lucarne ronde et cela se déchiffre « Loup – voit », c’est-à-dire « Louvois ». Charles Le Brun (1619-1690) étonne par ses études physiognomoniques qui visent à mieux connaître le caractère de l’homme à travers les traits communs l’appariant aux animaux ; « Trois Têtes de corbeaux » (lavis, musée du Louvre) affiche une singulière ressemblance entre l’homme bestialisé et l’animal humanisé. Le tympan de pierre de l’abbaye de Saint-Géry au Mont-aux-Bœufs intitulé « La Mort de Pyrame et Thisbé » (musée des beaux-arts de Cambrai) rappelle le suicide de jeunes babyloniens qui s’aiment depuis l’enfance mais que la volonté parentale entend séparer. La légende est rapportée dans les Métamorphoses d’Ovide qui a d’ailleurs inspiré William Shakespeare pour Roméo et Juliette (1595). Outre une sculpture d’inspiration analogue conservée à Cologne, ce tympan est le seul exemple connu au monde dans l’art chrétien de représentation du suicide, un acte proscrit par l’Église. L’espace Paul-Bedu de Milly-la-Forêt (Essonne) abrite « Et le soleil s’endormit sur l’Adriatique », une huile sur toile de Joachim Raphaël Boronali qui est en fait l’âne du père Frédé, patron du cabaret montmartrois Le Lapin à Gill. Le 8 mars 1910, devant huissier, le romancier Roland Dorgelès (1885-1973) installe une toile vierge près du postérieur de l’âne et attache une brosse à la queue de l’animal qu’il trempe successivement dans des pots de peinture. Des remuements de l’extrémité caudale du baudet naissent un graphisme et un chromatisme inattendus que les plaisantins baptisent Coucher de soleil sur l’Adriatique et signent Boronali, anagramme d’« Aliboron », celui qui croit savoir tout faire, en fait l’âne des Fables de La Fontaine. « Une dendrite », exposée au musée Bertrand de Châteauroux témoigne de l’intérêt porté par l’écrivain George Sand (1804-1876) aux arborescences dessinées dans la roche qu’elle tente de figurer en écrasant entre deux cartons de bristol des couleurs à l’aquarelle : déplié, le support laisse imaginer un univers fantastique de formes naturelles. L’abbaye Saint-Louis-du-Temple à Vauhallan renferme une collection de… « Marrons sculptés » dus à Mère Geneviève Gallois (1888-1962). Formée aux beaux-arts de Montpellier, la religieuse modèle vers 1945-1950 ces figurines d’art brut leur insufflant l’humour corrosif des dessins de sa Vie du petit Saint Placide. Longtemps, la sanguine sur papier de Jean Baptiste Greuze (1725-1805) conservée au musée Girodet de Montargis garde l’appellation « Portrait de vieille femme » jusqu’à ce que des recherches déterminent qu’il s’agit en fait du « Portrait mortuaire de Denis Diderot sur son lit de mort ». En fait, le corps du philosophe est autopsié en 1784 et son crâne découpé, ce qui laisse à penser que le drap ceignant la tête ait été associé à un attribut féminin, d’où l’erreur du titre originel. Le musée de la Renaissance à Écouen attribue la « Nef-automate dite de "Charles Quint" » à Hans Schlottheim d’Ausbourg (1545-1625). Primitivement achetée par l’empereur Rodolphe II, l’horloge-automate est un des trésors de l’orfèvrerie horlogère de la Renaissance (XVIe siècle). Ses sept mécanismes déclenchent une infinité d’automatismes : l’émission du roulis et des jeux d’un orgue, l’action de quinze joueurs de trompette, deux joueurs de tambour, quatre matelots et deux vigies, la frappe d’une cloche aux heures et aux quarts par deux personnages et l’explosion d’une salve de canons ; également représenté dans ce chef-d’œuvre de laiton doré, de fer et d’émail, Charles Quint incline son sceptre et tourne la tête tandis que les sept électeurs du Saint Empire exultent en remuant têtes et bras !
Si j’incitais à l’imitation d’un tel ouvrage en préambule, c’est parce qu’il constitue un excellent passeport à l’univers des formes pour le néophyte, au-delà de l’intérêt documentaire et historique qu’il représente pour le spécialiste. Le langage muséal, parfois bien mystérieux, est gommé au profit d’une interprétation pédagogique et ludique qui ouvre au lecteur de nouveaux territoires. Les œuvres n’en continuent pas moins de stimuler son imagination et d’exciter sa curiosité.
Claude Darras
Les carnets d'eucharis, 2011
Trésors insolites des musées de France, par Jean-Jacques Breton et Dominique Williatte (éditions Flammarion, 35 €). L’œuvre montrée ici est l’« Autoportrait en trompe l’œil » de Jean-Marie Faverjon, un jeu cérébral et visuel qui rappelle l’autoportrait de Murillo à la National Gallery de Londres.
22:26 Publié dans Claude Darras, NOTES DE LECTURES/RECENSIONS | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
07/09/2011
Les carnets d'eucharis N°30 - Septembre & Octobre 2011
Les carnets d’eucharis n°30
Septembre/Octobre 2011
[SOMMAIRE………]
Thierry Valencin
Photographe contemporain
Henri Sarla
ESPACE POINT BARRE
DU CÔTÉ DE…
Charles RacineCiel étonné
Marina TsvétaïévaInsomnie & autres poèmes
EDITIONS ARGOL PASCAL QUIGNARD Inter aerias fagos
EDITIONS LE BRUIT DU TEMPS PHILIPPE DENIS Petits traités d’aphasie lyrique ANDRE DU BOUCHET Aveuglante ou banale
AUPASDULAVOIR
BRIGITTE GYR (Poème inédit suivi de Avant je vous voyais en noir et blanc)
SITESPOESIE
Martin Zieglersur le site TERRES DE FEMMES
Philippe Jaccottet sur le site LA PIERRE ET LE SEL
■■■Raymond Farina
Présentation de son œuvre■■■
Djuna Barnes … Gérard Larnac
DES LECTURES
Andreï Voznessenski, le poète qui s’est joué de l’URSS, puis de la Russie par Patrice Beray
Kaoutar Harchi, L’Ampleur du saccage par Pascal Boulanger
François Lallier, Vita Poetica par Tristan Hordé
Dans ce jardin d’eucharispar Patrice Beray
REVUE(S)
The Black Herald – # 2
Au format livre numérique/CALAMEO
CLIQUER ICI (plein écran)
Au format PDF
Les carnets d'eucharis n°30_sept&oct 2011.pdf
16:49 Publié dans LES CARNETS D'EUCHARIS (pdf & calaméo), Nathalie Riera | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
03/09/2011
Eric Bourret & François Weil (exposition visible jusqu'au 10 septembre)
Exposition du 17 juin au 5 septembre 2011
Galerie DNR, village des antiquaires de la Gare
84800 l’Isle-sur-la-Sorgue
Tel. 06 03 15 64 93
20:58 Publié dans Eric Bourret | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
01/09/2011
Raymond Farina - Présentation de son oeuvre poétique
Raymond Farina
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© Les Carnets d’eucharis
EXTRAITS
Virgilianes
Anecdotes
Une colombe une autre
Eclats de vivre
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VIRGILIANES
Ed. Rougerie, 1986
[…]
XXV
Oui ma mémoire
est toi mésange
qu’hier chuchote
dans la laine de l’arbre
soupçon de plumes
sur l’hiver vif
- ô virtuelle –
mendiant la vie
derrière la vitre
quand moi je n’ai
rien que Virgile
quelques miettes
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[…]
XXX
le merle jaillit
multiplie
les jardins sonores
par la fenêtre
Mozart s’envole
tous les lieux
tombent dans l’oubli
musique ô territoire
insensé
je laisserais pour toi
mon apparence grave
si les mots
ne mendiaient
ma voix
-------------------------
Extrait Le conte d’été
[…]
XIX
quel invisible
ô quel extrême violoncelle
fait musique de nous
au bord de cette rumeur d’arbres
c’est dans Schubert
ou dans juillet
entre deux vagues
ou deux élans
une chambre de laine
où semble que
s’achève en une
haleine
la vie
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ANECDOTES
Ed. Rougerie, 1988
Anecdotes I (à Margherita Guidacci)
[…]
4
devant les murs blancs
attendent les chiens
et les fables fidèles
nous n’avons
que les yeux des absents
pour scruter
la détresse des choses
sous nos paupières
le sommeil réveille
l’instant violent qui vint
délier l’oiseau de leur cou
l’énigme qui disperse
lettre après lettre
l’alphabet de l’ange
-------------------------
Sagesse de Klee (à Horst Egon Kalinowki)
[…]
8
qui dis-moi porte encore
le deuil de l’hirondelle
qui répond au désert
venu chercher son sens
dans le sommeil de l’homme
mais qui d’autre que toi
sait encore
que ni visible
ni invisible
la vérité s’écoute
quand la tête
est comme
un verger
-------------------------
Soliloque (à Yves Bergeret)
[…]
3
rien à léguer
ni dogmes ni mystères
ni reliques ni prophéties
ni royaume ni paradis
rien que
le bégaiement
d’inoffensives phrases
une vie
encore
virtuelle
-------------------------
Anecdotes III (à Michel)
[…]
et parfois
une fable me parle
de quelqu’un
qui s’adosse au blanc
du vieil ulysse
devenu sourd
au concert des cigales
de l’archipel éteint
et des sirènes mortes
du monde
qui grince dans le noir
son dernier quatuor
---------------------------------
UNE COLOMBE UNE AUTRE
Editions des Vanneaux, 2006
[…]
Huppe ô très ancien érudit
huppe munie de ton calame
portant sur la tête ce pschent
ou ce soleil que tu déploies
- comme on fait avec l’éventail –
Tu m’apparais loin dans l’enfance
hyperascétique exégète
bien plus attentif au symbole
qu’aux heures sensibles des choses
qu’à leur syntaxe vive & fraîche
La vieille fable que tu sais
en moi réveille cette image
d’un oiseau couleur de cannelle
aux ailes finement fasciées
instruit d’étranges symétries
dans les paysages du Texte
sachant le Kérigme du Livre
& donnant mémoire & sagesse
A celui qui mange son cœur
(p.22)
-------------------------
[…]
Courbes & figures nouvelles
s’esquissent vont se précisant
au cours de la leçon visible
d’une discipline inconnue
- mi-magie mi-topologie –
parfois s’effacent aussitôt
parfois persistent se dilatent
s’allongent se déploient au loin
en d’imprévisibles cénèses
ou se resserrent se contractent
autour de quelque point
mobile & invisible
(p.30)
---------------------------------
ECLATS DE VIVRE
Editions Dumerchez, 2006
[…]
Que faire maintenant
de tous ces graffiti
des adieux encombrants des choses
des oiseaux des hasards
désormais interdits
dans cette cruauté d’horloge
& à l’enfant seul comme une île
- à son effroi & à sa soif –
quel sésame quel schiboleth
quelle chose apaisante & douce
quel bienveillant symbole
laisser
si l’on n’a plus que l’art
de questionner l’écho
de voler au reflet
ce qu’il sait du parfait
aux maisons envolées
le secret d’habiter
& à la nostalgie
la vérité d’ici
comme un vieux ciel dément
cherchant parmi ses bleus
celui vif & vital
perdu dans son fouillis d’oiseaux
dans son trouble passé d’orages
(p.11)
-------------------------
Chairs en festons
au grand soleil
charniers que hument
lunes & vents
fumées
que happe le néant
Sorts que lâche le noir
Morts que mâche la terre
si près du ciel des radicelles
qui boivent leur prière
Sommeil effrayé
sur les seuils
Portes forcées
Pires que loups
& bien moins qu’hommes :
ceux qui égorgent
& qui éventrent
tout ce qui dans l’ombre respire
Afflux de fange dans leur cœur
fleuve de sang dans leur sillage
thrène des mères qui devient
cette ample douleur animale
cette haine infinie
où les noms
perdent leur soleil
(p.12)
-------------------------
Ceci n’est qu’un ceci
tout & à peu près rien
à moins qu’il ne recrée
la claire circonstance
où ceci deviendrait
une chose précise
A moins que ne renaissent
le moment & le lieu
où ce fruit cette fleur
ce ciel ou cette épice
n’exigeaient pas de nom
les conditions du rite
qui le recommençait
aux marges de l’Insignifiable
& le faisait fragment du monde
moment intense de son souffle
de son sang pulsation secrète
faisait de lui cette saveur
de miel ou d’acacia
de menthe ou de cannelle
que sa langue apprenait
ou ce grain de soleil
scintillante allégresse
qu’écartaient les abeilles
accablées de pollens
ce jasmin souverain
dans son jardin arabe
ce bleu regard au fond du bleu
qui tendrement suivait
l’insensée trajectoire
de quelques oiseaux suicidaires
(p.33/34)
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Si le feu absolu consumait toute chose
il se pourrait que notre corps
après le grand embrasement
gardât mémoire encore
de l’eau de l’air & de la terre
Dans ce désert de cendres
en l’absence de formes
de sons & de saveurs
une apparence appellerait
& nous pourrions peut-être
traversant la forêt confuse des fumées
démêler ce qu’il reste de parfums indécis
ranimer quelques noms
qui sauraient nous mener
aux choses impatientes
sous ces pollens de mort
de tout recomposer
de nous rendre le monde
(p.45)
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Chevaux royaux
& chiens esclaves
tourterelle
ponctuant midi
tout au fond
de ton arbre gris
petites têtes chantonnant
dans la constellation
des oranges
vous êtes du Labyrinthe
œuvrant parmi les mots
de celui qui vous chante
avec sa tribu
son désert
bien qu’il ait perdu
son Orient
chez un peuple de somnambules
ne sachant que faire
pour sauver
sa voix déjà presque effacée
cette citation
nostalgique
de son élégie d’origine
où neige encore
le Moyen Age
de l’inconsolable écolier
(p.53/53)
Bio/Bibliographie
■ ■ ■
Raymond Farina Né en 1940. A résidé à Alger, Avignon, Bangui, Casablanca, Dinard, Draguignan, Nîmes, Rodez, Safi, Saint Dié, Saint Malo, Saintes. Vit à Saint-Denis de la Réunion (Ile de la Réunion) depuis 1990. Etudes Supérieures de Philosophie à l'Université de Nancy.
Bourse de création du Centre National des Lettres en 1981.
PUBLICATIONS EN REVUES
Ses poèmes ont été publiés dans les revues "Arpa" (Clermont-Ferrand), "Création"(Paris),«Contre-allées» (Montluçon), "Diérèse" (Ozoir-la-Ferrière), "Europe"(Paris), "Les Cahiers de Poésie-Rencontres" (Lyon), "La Barbacane"(Fumel), "La Nouvelle Revue Française" ( Paris ), «Le Coin de Table»(Paris ), "Les Cahiers Bleus" (Troyes), «Les Citadelles» (Paris), "Lieux d'Etre" (Marcq-en-Baroeul), « Linea » (Paris), "Poémonde" (Paris), "Multiples" (Longages ) , "Po&sie" (Paris) , « Poésie/première» (Ispoure), "Poésie Présente" (Mortemart), Poésie 1" (Paris), "Poésie 97" (Paris), "Racines"(Boigny), "Vagabondages"(Paris), «Verso » (Lyon).
Ils ont été traduits en anglais, allemand, espagnol, italien, portugais et roumain, et publiés :
-en Allemagne : dans les revues "Décision" (Bielefeld, 1997), "Die Zeit der Baüme" (Berlin, 1997),"Rabenflug" (Wiesbaden, 1997 & 1999).
-en Angleterre : dans la revue "Poetry & Audience" (Université de Leeds, Leeds, 2000).
-en Belgique : dans les revues "Archipel" (Anvers, 1999), "Le Journal des Poètes" ( Bruxelles, 1981, 1983, 1989, 1997 , 1998 & 2004), "Le Spantole" (Thuin, 1982) & "Marginales" (Bruxelles, 1981).
-au Canada : dans la revue « Les Ecrits » (Montréal, 2008).
-en Espagne : dans les revues "Álora" (Malaga, 2002) ,"Arboleda" (Palma de Majorque, 1997), "Poesia Por Ejemplo" (Madrid, 1998-1999) & "Turia" (Teruel, 2002).
-en Italie : dans les revues "Caffè Michelangiolo" (Florence, 2000 , 2004 & 2007) , "Hebenon" (Turin, 1999), "Hyria" (Naples, 1998), "Il Foglio Clandestino" (Milan, 1996 & 2001), "Il Foglio Volante" (1997), "L'immaginazione” (Lecce, 1999 ) , "Il Maiakovskij" ( Varèse, 1997 ) , "L'area di Broca" ( Florence, 1998-1999), "L'Ortica" (Forli, 1999 & 2000), "Le Voci della Luna" (Bologne, 2000), "Lo Specchio"( Turin , 1998), "Pagine" ( Rome, 1997, 2001 & 2007 ), "Semicerchio" (Florence 2003), "Tratti" ( Faenza, 2000).
-au Luxembourg : dans la revue "Les Cahiers Luxembourgeois"
(Luxembourg, 1996).
-au Portugal : dans la revue "Bumerangue" (Guimaraes, 1998), "Saudade" (Amarante, 2002).
-en République Tchèque : dans la revue "The Prague Revue" (Prague, 2000).
-en Roumanie : dans les revues "Amphion" (Constanza, 1999 & 2000), « Euphorion » (Sibiu, 2009), "Steaua" (Cluj, 1997, 1998 & 2000), "Tomis" (Constanza, 2000).
-en Suisse : dans les revues "Ecriture" (Lausanne, 1997), "La Revue de Belles Lettres" (Genève, 1980, 1997, 2000, 2003, 2008& 2009).
-aux USA : dans les revues "Chelsea" ( New York, 1998 & 2000), « Great River Review« (Red Wing, Minnesota, 2005), "International Poetry Review"(Greensboro, Université de Caroline du Sud, 1998 & 2002),"Osiris" (Deerfield, Masachussets, 1998) & «New Hampden-Sydney Poetry Review » (Hampden-Sydney College, Virginie, 2008).
RECUEILS
Mais, A.V.E.C, Draguignan, 1979.
La prison du ciel, Editions Rougerie , Mortemart , 1980 .
Le rêve de Gramsci, Editions J.M. Laffont, Lyon, 1981 (Ouvrage publié avec le concours du Centre National des Lettres).
Les lettres de l'origine, Collection "La petite sirène", Editions Temps Actuels, Paris, 1981 (Ouvrage publié avec le concours du Centre National des Lettres).
Archives du sable, Editions Rougerie , Mortemart, 1982.
Bref, Editions Les Cahiers du Confluent, Montereau, 1983 (publié avec le concours du CNL).
Fragments d'Ithaque, Editions Rougerie, Mortemart, 1984 (publié avec le concours du CNL).
Pays, Editions Folle Avoine, Le Housset, 1984 (avec le concours du Centre National des Lettres).
Virgilianes, Editions Rougerie, Mortemart, 1986.
Anecdotes, Editions Rougerie, Mortemart, 1988, (avec le concours du Centre National des Lettres).
Epitola posthumus, Editions Rougerie, Mortemart, 1990 (Prix "Thyde Monnier" attribué par la Société des Gens de Lettres de France en mai 1991).
Anachronique, Editions Rougerie, Mortemart, 1991 (avec le concours du Centre National des Lettres).
Sambela, Editions Rougerie, Mortemart, 1993 .
Ces liens si fragiles, Editions Rougerie, Mortemart, 1995 (avec le concours du Centre National des Lettres).
Exercices, Editions "L'Arbre à Paroles", Amay (Belgique), 2000 (Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre).
Italiques, I Quaderni della Valle, anthogie bilingue, traduction en italien d'Emilio Coco, 2003
(reédition en ebook dans les “Quaderni di Traduzioni”, IX, La dimora del tempo sospeso, septembre 2011– rebstein.files.wordpress.com/2011 //09/raymond-farina-italiques1.pdf)
Fantaisies, Editions « L’Arbre à Paroles », Amay (Belgique), 2005.
Une colombe une autre, Editions des Vanneaux, 2006 (Ouvrage publié avec le concours du CNL, du Ministère de l’Outre-Mer et du Conseil Général de l’Oise).
Eclats de vivre, Editions Bernard Dumerchez, 2006 (Ouvrage publié avec le concours du CNL).
TRADUCTIONS
de poètes américains, espagnols, italiens et portugais publiés notamment dans les revues Arpa, Diérèse, Europe, La RBL, La Barbacane, Le Journal des Poètes, Po&sie, Testo a Fronte, Poetry Ireland Review :
Sophia de Mello Breyner Andresen, Antonella Anedda, Vincenzo Anania, Davide Argnani, Louis Armand, Maria Victoria Atencia, Mariella Bettarini, Peter Boyle, Fiama Hasse Pais Brandao, Casimiro de Brito, Ciaran Carson, Analisa Cima, Emilio Coco, Luis Alberto de Cuenca, E.E. Cummings, Susanne Dubroff, Gianni d'Elia, Flavio Ermini, Richard Foerster, Louise Glück ,Kevin Hart, Richard Howard, Margherita Guidacci, Clara Janés, Nuno Judice, Galway Kinnell, Vivian Lamarque, Rosa Lentini, Denise Levertov, Heather McHugh, Valerio Magrelli, Derek Mahon, Roberto Marchi, Piera Mattei, William Stanley Merwin, Ana Maria Navales, Carlos Nejar, Alexandre O'Neill, Antonio Osorio, Alfredo de Palchi, Linda Pastan, Ezra Pound, Antonio José Queiros, Giovanni Raboni, Tiziano Rossi, Theodor Roethke, Jerome Rothenberg, Vittorio Sereni, Jaime Siles, Wallace Stevens, Osias Stutman, Joë Wenderoth, Bruno Zambianchi, Andrea Zanzotto.
■ Présence sur les sites, blogs et revues en ligne
Le Printemps des Poètes (Poéthèque)
http://www.printempsdespoetes.com
Maison des Ecrivains et de la Littérature
Terre à ciel
Guy Allix
http://guyallix.art.officelive.com/RaymondFarina.aspx
« Revues-Littéraires »
http://revues-litteraires.com/articles.php?lng=fr&pg=117
Jacques Basse –poète « 6 ANTHOLOGIE POETES
Terres de femmes :
http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2011/08/raymond-farina-que-faire-maintenant.html
Les carnets d'eucharis :
L’area di Broca
http://www.emt.it/broca/farina.html
Sagarana
http://www.sagarana.it/rivista/numero12/poesia8.html
Porosidade eterea
http://porosidade-eterea.blogspot.com/2009/03/hoje-e-dia-mundial-da-poesia.html
Gattivi Ochja
http://gattivi-ochja.blogspot.com/2011/05/raymond-farina.html
La Dimora del Tempo Sospeso
http://rebstein.wordpress.com/2011/O8/13/la-sapienza-delle-sabbie
http://rebstein.wordpress.com/2011/09/01/italiques
http://rebstein.files.wordpress.com/2011/08/rencontre-avec-raymond-farina.pdf
http://rebstein.files.wordpress.com/2011/08/raymond-farina.pdf
Fili d'aquilone
http://www.filidaquilone.it/num023ciampi.html
Semicerchio
http://www.unisi.it/semicerchio/upload/farina.htm
Estudio Raposa>>Palabras de Ouro
■ CARNETS D’EUCHARIS N°30
© Nathalie Riera – nathalieriera@live.fr
17:25 Publié dans Raymond Farina | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
24/08/2011
René Peccolo
René Peccolo Un réaliste désirant
Préface et poèmes de Daniel Hachard
Lelivredart, 2011
23:48 Publié dans CLINS D'OEILS (arts plastiques) | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | | Facebook
Charles Racine, Ciel étonné
Source : sur le site du compositeur Gérard Zinsstag
Charles Racine
Poète suisse francophone
(1927-1995)
Ciel étonné
Fourbis éditions
(1998)
Les poèmes de Charles Racine déroutent, et attirent. Lus ici, aujourd’hui, ils paraissent comme griffés dans le rugueux d’un mur maçonné à la diable, avec giclées de plâtre et coulures de chaux. Une friche entrouverte par la parole et le couteau, une parole merveilleusement ébréchée, un couteau tourné contre soi. Ils éveillent, ils débusquent le sens et le non-sens, et de leur altercation fusent les séquences d’un phrasé énigmatique qui ricochent dans l’air acide, qui relancent le déconcert…
« Cette longue légende qui m’entraîne
et qui m’apparut peut-être
sur le chemin englouti d’avance »
Extrait de la préface de Jacques Dupin
Le poète Charles Racine, disparu à 62 ans, laisse une œuvre fulgurante. « Ciel étonné » rassemble la plupart de ses poèmes : une découverte.
Charles Racine, né en 1927 à Zurich, savait les mots traîtres, puisqu'il sut aller avec eux jusqu'au bout de sa vérité. Traîtres ainsi le furent-ils en ne sauvant pas l'homme de la folie de sa parole, l'amenant au fil de sa vie à s'enfermer de plus en plus dans la solitude, vivant reclus et de rien dans cette Suisse alémanique. Charles Racine s'égarait dans les mots, allait là où on ignore ce qu'ils produisent : "si je m'égare,/ c'est pour prendre une rupture dans mes bras." Aussi, il choisit la langue et le nom de sa mère (couturière suisse romande) contre l'allemand paternel.LIRE LA SUITE
Extraits
« Le sujet est la clairière de son corps »
la femme débarquait d’un chalutier la peau
sous le goémon les yeux cornouaille le suroît
jusqu’au front les doigts gros la femme débarquait
d’un chalutier elle a bu avec moi j’ai passé
la main sur sa chair fuyante celle de pêcheur
sa bouche de pêcheur celle de goémon le bon
dieu aux abois le nez fourré dans l’algue
saumâtre le bon dieu aux abois respira et baisa la bouche
du grand poisson ses yeux restèrent cornouaille
le bon dieu cherchant sa certitude passait la main
sur la chair de pêcheur Redressant ses flancs
aplatis de chalutier elle vida mon verre ne donna rien
elle passa le port disant un baiser au goémon
1955
ce geste in extremis
qu’absorba pourtant l’abîme
ce geste in extremis abonde
qu’absorbe pourtant l’abîme
envahisse se répande
détériore ce papier rejoigne et colore
mon sang noces amères encre
se répandent animent un breuvage
Eloigne-toi, en dormant, de ma bouche,
dans la verdure qui ne s’éveille verte
sur le sable
des poèmes s’intercèdent sur les pans
meurtris de la lèvre pendus à la chaîne
de cette grille t’entrechoquant dans les murs
dont la croche saigne sur la saison définitive
1963
Les signes à pleines mains dressent
leurs barrières dans la houle
Un divin naufrage est souhaité
mais le poème est face à ces lames
qu’abandonne la mer qui se retire
Economie du trait évoquant le relief
Des mains adressent leur paume
au pont qui chante et s’illumine
dans la voirie
1964
cette couture faite dans le drap propre
déchire la mère du geste qui reprend sous
la flamme où veuve éteinte que garde à vue
son œuvre à la tombée de l’heure piège l’âme
qui lors ne se déshabille qu’elle ne retouche
et ne serge sur ses mains d’un brin d’herbe
le tissu qui l’excède l’économie céleste
qu’elle incline sur les fronts baptismaux
1967
Où le charbon ne le dispute plus à la flamme
qu’il éteint l’y repose le langage est
prévenu de la réapparaissante disparition du
règne poétique la meule du pas ralenti la
marche chevillante qu’affrète le pigment verbal
pour le dégrader le gant dont il enveloppe
le chemin me murmurent les œuvres vives
discrètement tapageuses herbes et moissons
que tu enfourches dans l’infini sans arrêt tu
prends le raccourci désigné au plus obscur
de la géologie tu hantes des mains somptuaires
qui s’offrent et… les jours et les nuits
dissipés dans le temps que tu as versés à
pleins bras sur la ville
1963/1967
■ Autres extraits
Légende forestière
Souviens-toi que tu es forestier
que tu existes
que ta naissance eut lieu
à l’orée de l’une des saisons de mon amour
de l’une de mes saisons à l’orée de mon amour
à l’orée de ma domaniale étreinte,
de mon domanial excès, de l’étreinte
de mon domanial excès
(p.68)
&
L’exil ne figure dans le texte
Poésie tu donnes lieu à la rescision
Tu l’accomplis cet acte
Que ne me reste-t-il quelque mie sur la page
Poésie tu es pulpe jusqu’à même les contours de ton corps
Présence tranchante d’avoisinage
du corps médiatif qu’elle assume d’ailleurs incorpore
Que ne me reste-t-il quelque mie sur la page
sinon que rapatriant qui ne vient dans mes poches
le crayon se déploie dans l’hypnose sèche
moi au bas de ses moyens du bas de ses moyens
regardant vers le stylite
Je ne suis que cette girouette
qui parfois déploie un bras qui l’attrape
à la nuque qui ne laisse rien
1964
■ SITES A CONSULTER :
■Hommage à Charles Racine par Gérard Zinsstag, octobre 1997
Gérard Zinsstag, compositeur
■ III- CHARLES RACINE Tresse et détresse : le texte cousu par Frédéric Marteau
■ Po&sie n°121
LE NOUVEAU COMMERCE Cahier N° 15/16 Printemps-Eté 1970
■ Editions Grège Légende Posthume
22:01 Publié dans Charles Racine | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Isabelle Seilern
Galerie Roy Sfeir
6 rue de Seine - 75006 Paris
Tel : +33 (0)1 43 26 08 96
art@galerie-du-fleuve.com/www.galerieroysfeir.com
Isabelle Seilern
Tirage lambda plexi - 2/7
52 x 70 cm
Galerie Samagra
52 rue Jacob - 75006 Paris
Tel : +33 (0)1 42 86 86 19
gallery.samagra@wanadoo.fr / www.gallery-samagra.com
21:00 Publié dans CLINS D'OEILS (arts plastiques) | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Nathalie Riera, là où fleurs où flèches
Là où fleurs éclatent du linge des chairs en silence la passion sa radiance où flèches ne volent plus Depuis le jardin aux chants nombreux de chair & d’argile aux courbes pétrifiées devant le miroir vous que je ne vois pas vos regards comme autant de sagaies guêpes à l’antre des pudeurs
Leste le cheval dans la bataille
Le livre n’est pas qu’une affaire de mots
Vivre n’est pas qu’une affaire de survivre
--------------------------------------------------------
Recommence le rouge ou le noir des mûriers – il faut passer un accord avec les accrocs, les manquements – les racines, les épines – parce qu’il y a encore le soleil, et sur la page le phosphène des typographies, des chemins sans images
&t les travaux du cœur, ce qu’il peut tisser
&t l’aura des verdures, tout près du malheur de la parole
Nathalie Riera là où fleurs où flèches
©
Revue GPU, N°6, 2011
Chère Nathalie,
J'ai lu "Là où fleurs où flèches"
L'absence d'une musique classique que vous avez voulue m'a obligée à rentrer d'une manière frontale dans vos mots. Certes, ce fut une difficulté pour moi en première lecture. Cependant le "déséquilibre syntaxique" maîtrisé et délicat m'a permis une autre ouverture avec votre poésie. L'intérêt d'un texte poétique et donc du vôtre est que nous pouvons le lire et le relire car une belle écriture poétique est le dévoilement à chaque nouvelle lecture d'une sensation différente. C'est le miracle de la poésie qui n'a pas de prise avec le temps.
Certains passages m'ont particulièrement touchée notamment : "Recommence le rouge ou le noir des mûriers - il faut passer un accord avec les accrocs
...
& les travaux du cœur, ce qu'il peut tisser"
Rendre la nature en mots et la basculer dans la chair crée une intensification du vivre. Frédérique Ventos, mai 2011
Editions Frédérique Ventos
***
Là où fleurs où flèches…
ces quelques pages, Nathalie Riera,
lues en essayant d’adopter leur rythme
donc assez vite précipitamment
puis à perte de souffle
en effet pas qu’une affaire de mots
affaire de sauts affaire de sens
liés à la sonorité
aux muscles de la langue
voyelles couleurs
les yeux dans la gorge
et l’étourdissement final
le regret de perdre tout à coup
les pétales de la langue
MERCI
Bernard Noël, 23 avril 2011
20:30 Publié dans Nathalie Riera | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Mireille Calle-Gruber, Claude Simon. Une vie à écrire
Mireille Calle-Gruber Claude Simon. Une vie à écrire
Éditions du Seuil, coll. "Biographie", 2011
Présentation de l'éditeur:
Cette toute première biographie consacrée à l'un des derniers prix Nobel de littérature française retrace l'itinéraire d'un écrivain qui en dépit des innombrables thèses qui lui ont été dédiées reste tout à la fois universellement admiré et curieusement méconnu. La haute exigence formelle de cette œuvre trop souvent jugée ardue a longtemps occulté une évidence qui jalonne toute la production écrite de Claude Simon : son ancrage dans un vécu complexe qui la traverse de part en part et dont elle revisite et décompose livre après livre les ressorts les plus intimes. Issu d'un milieu bourgeois et conservateur, très vite orphelin de père puis de mère, Claude Simon s'est construit dans une relation conflictuelle à ses origines. Il y a l'enfance, bien sûr, récurrente dans son œuvre, mais également d'autres moments marquants, comme son expérience de la captivité pendant la Seconde Guerre mondiale, dont il rendra compte dans La Route des Flandres. Le refus du roman traditionnel qui l'a trop vite classé dans la mouvance du « nouveau roman » apparaît en ce sens tout à la fois comme une ascèse et comme une tentative sans cesse renouvelée d'explorer les non-dits et les secrets les plus enfouis d'un passé douloureux. Tout le propos de cette biographie richement documentée, et écrite d'une plume alerte et sensible, est de nous démontrer combien la vie de Claude Simon est d'abord et avant tout l'histoire d'une émancipation, et son œuvre un exorcisme permanent des fantômes de la mémoire.
Mireille Calle-Gruber est professeur des universités à la Sorbonne-Nouvelle-Paris 3. Elle a publié une vingtaine de livres sur la littérature française contemporaine. Elle est l'auteur également de cinq romans. Elle travaille depuis de nombreuses années sur l'œuvre de Claude Simon, dont elle a notamment établi l'édition de La Pléiade chez Gallimard.
20:21 Publié dans Claude Simon | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
20/08/2011
MEDIAPART : Dans ce Jardin d'Eucharis (par Patrice Beray)
Dans ce jardin d'Eucharis
19 Août 2011 Par Patrice Beray
Edition : Revues & Cie
Revue numérique, chaque rendez-vous des Carnets d'Eucharis exalte à satiété l'œil des artistes comme autant d'espaces du dedans qui se découvrent poème, photographie, pensée, histoire, parce qu'il y a un mot, une matière, l'autre ou le monde pour les faire advenir.
Les deux récentes mises en ligne des Carnets d'Eucharis sont exemplaires de cette approche, qui est une ouverture, au ressort d'une sensibilité, celle de son unique revuiste, Nathalie Riera. Car solitaire, l'œil creuse d'abord de son empreinte toute présence, à la seule force de sa perception.
Ainsi de ces personnages figurés par l'objectif de la photographie (ou du cinéma... muet) qui n'attendent que d'être vus, et qui s'insinuent dans les pages d'un même numéro, telle l'actrice (et styliste plurielle) Natacha Rambova, compagne de Rudoph Valentino (en couverture du numéro de mai/juin).
17:37 Publié dans LES CARNETS D'EUCHARIS (pdf & calaméo), Nathalie Riera, Patrice Beray | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mediapart, le jardin d'eucharis, patrice beray | Imprimer | | Facebook
13/08/2011
Henri Cole, Nécessaire et impossible
Henri Cole
Poète américain
(né en 1956)
[…]
I can feel my heart beating inside my heart
[…]
NECESSARY AND IMPOSSIBLE
It is a nation born in the quiet part of the mind,
that has no fantasy of omnipotence,
no God but nature, no net of one vow,
no dark corner of the poor, no fugue-work of hate,
no hierarchies of strength, knowledge or love,
no impure water spasming from rock, no swarm of polluted flies,
no ash-heap of concrete, gypsum and glass,
no false mercy or truths buried in excrement;
and in this nation of men and women,
no face in the mirror reflecting more darkness
that light, more strife than love, no more strife
than in my hands now, as I sit on a rock,
tearing up bread for red and white carp
pushing out of their element into mine.
NECESSAIRE ET IMPOSSIBLE
C’est une nation née dans la partie sereine de l’esprit,
sans fantasme de toute puissance,
sans Dieu sauf la nature, ni piège d’un serment unique,
sans coin obscur de pauvres, ni fugue de haine,
sans hiérarchies de force, de connaissance ou d’amour,
sans eau impure pulsée d’un roc, essaim de mouches polluées,
amas de cendres de béton, gypse et verre,
sans fausse pitié ou vérités enfouies dans des excréments ;
et dans cette nation d’hommes et de femmes,
sans visage dans le miroir reflétant plus de ténèbres
que de lumière, plus de conflit que d’amour, pas plus
que dans mes mains à présent, tandis qu’assis sur un rocher
je déchire du pain pour les carpes rouges et blanches
qui de leur élément s’élancent dans le mien.
Middle earth/Terre médiane Editions le Bruit du temps, 2011Édition bilingue
Traduction de l'anglais (États-Unis) et présenté par Claire Malroux
22:18 Publié dans ETATS-UNIS, Henri Cole, Le Bruit du Temps | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Marianne Breslauer
Marianne Breslauer
Photographe allemande
(1909-2001)
22:09 Publié dans CLINS D'OEILS (arts plastiques) | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Revue Diptyque 2 - Lumières intérieures
REVUE
Diptyque #2 - Lumières intérieures
Florence Noël
11 rue Bois des Fosses
1350 Enines
Belgique
■ LIEN : Cliquer ICI
Nathalie Riera dans « Anthologie Poétique », p.38/39
Sommaire DiptYque 2 : lumières intérieures
Edito :
Florence Noël
Œuvres des artistes :
Pierre Gaudu, Solange Knopf, Annick Reymond, Grégoire Philipidhis, Marie Hercberg, Raphaële Colombi, Anastassia Elias, Clarisse Rebotier,Guidu Antonietti Di Cinarca, Anne d’Huart, jean-Michel Deny, Brahim Metiba, Jacques vandenberg, Danièle Colin,
Voix à la Une : De Toscane en Provence, Lumières d’un Jumelage au Scriptorium avec :
Paolo Fabrizio Jaccuzi, Maura Del Serra, André Ughetto, Angèle Paoli, Martino Baldi, Laurence Verrey, Olivier Bastide et Dominique Sorrente.
Nouvelles et récits de :
Claudine Tondreau, Camille Philibert Rossignol, Dolores Polo, Angèle Paoli, Mariane Brunschwig, Stéphane Méliade, Isabelle Guilloteau, Raymond Alcovère, Jean Buron, Mathieu Rivat
Anthologie poétique avec :
Nathalie Riera, Loyan, Lionel Edouard-Martin, Ile Eniger, Louis Raoul, Eric Dubois, Brigitte Célerier, Thomas Vinau, Zur, François Teyssandier, Michel Brosseau, Michèle Dujardin, Véronique Daine, Patrick Packwood, Kouki Rossi, Jean-Marc La Frenière, Sabine Huyn, Pascal Boulanger, France Burghelle-Rey, Roland Dauxois, Nicolas Vasse, Cathy Garcia, Sébastien Ecorce, Mathieu Brosseau, Juliette Zara, Arnaud Delcorte, Philippe Leuckx, Catherine Ysmal, Thélyson Orelien, Xavier Lainé, Jack Kéguenne, Denis Heudré, Alain Hélissen, Michel Gerbal
Chroniques des lumières intérieures et articles critiques de :
Sylvie Durbec, Philippe Leuckx, Angèle Paoli, Sylvie Salicetti, Florence Noël
Mais aussi :
Les Tentatives de critique de l’édition numérique de Brigitte Célerier
Un écho littéraire à Lynch par Loïc Marchand
Un écho poétique de Florence Noël
Une humeur de Xavier Lainé
-----------------
Florence Noël
resp. editoriale Revue Diptyque
11 rue Bois des Fosses
1350 Enines
Belgique
0032(0)19655167
0032(0)472493268
http://diptyque.wordpress.com
21:59 Publié dans Diptyque, Nathalie Riera, REVUES | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
11/08/2011
The Black Herald – # 2
The Black Herald – # 2
Revue de littérature– Literary magazine
Issue #2 – September 2011 – Septembre 2011
162 pages – 13.90 € – ISBN 978-2-919582-03-7
Poetry, short fiction, prose, essays, translations.
Poésie, fiction courte, prose, essais, traductions.
http ://blackheraldpress.wordpress.com/buy-our-titles/
Co-edited by Blandine Longre and Paul Stubbs, the magazine’s only aim is to publish original world writers, not necessarily linked in any way by ‘theme’ or ‘style’. Writing that we deem can withstand the test of time and might resist popularization – the dangers of instant literature for instant consumption. Writing that seems capable of escaping the vacuum of the epoch. Where the rupture of alternative mindscapes and nationalities exists, so too will The Black Herald.
L’objectif premier de la revue, coéditée par Blandine Longre et Paul Stubbs, est de publier des textes originaux d’auteurs du monde entier, sans qu’un « thème » ou un « style » les unissent nécessairement. Des textes et des écritures capables, selon nous, de résister à l’épreuve du temps, à la vulgarisation et aux dangers d’une littérature écrite et lue comme un produit de consommation immédiate. Des textes et des écritures refusant de composer avec la vacuité de l’époque, quelle qu’elle soit. Éclatement des codes, des frontières nationales et textuelles, exploration de paysages mentaux en rupture avec le temps : c’est sur ces failles que l’on trouvera le Black Herald.
With / avec W.S Graham, Danielle Winterton, Dumitru Tsepeneag, Clayton Eshleman, Pierre Cendors, Onno Kosters, Alistair Noon, Anne-Sylvie Salzman, Róbert Gál, Andrew Fentham, Hart Crane, Delphine Grass, Jacques Sicard, Iain Britton, Jos Roy, Michael Lee Rattigan, Georges Perros, Laurence Werner David, John Taylor, Sudeep Sen, César Vallejo, Cécile Lombard, Michaela Freeman, Gary J. Shipley, Lisa Thatcher, Dimíter Ánguelov, Robert McGowan, Jean-Baptiste Monat, Khun San, André Rougier, Rosemary Lloyd, Hugh Rayment-Pickard, Sherry Macdonald, Will Stone, Patrick Camiller, Paul Stubbs, Blandine Longre.
And essays about / et des essais sur Arthur Rimbaud, Tristan Corbière, Jacques Derrida.
Images : Romain Verger, Jean-François Mariotti. Design : Sandrine Duvillier.
The Black Herald is edited by Paul Stubbs and Blandine Longre
Comité de Rédaction : Paul Stubbs et Blandine Longre
The Black Herald – #1
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10/08/2011
ANNEMARIE SCHWARZENBACH – LA QUÊTE DU REEL (une lecture de Nathalie Riera)
Une lecture de Nathalie Riera
ANNEMARIE SCHWARZENBACH – LA QUÊTE DU REEL
(La Quinzaine Littéraire/Louis Vuitton, 2011)
Textes choisis, présentés et traduits par
Dominique Laure Miermont et Nicole Le Bris
Photographies d’Annemarie Schwarzenbach
Annemarie Schwarzenbach à Lenzerheide, en 1940,
photographiée par Marianne Breslauer © 2008 by the Estate of Marianne Breslauer, Zurich
« Son visage était un Donatello, ses cheveux souples et blonds étaient coupés comme ceux d'un garçon; son regard bleu foncé vous examinait avec lenteur; sa bouche était enfantine et douce. » Carson McCullers
« Elle me fit le même effet qu’à tout le monde : cet étrange mélange d’homme et de femme. Pour moi, elle correspondait à l’image que je me fais de l’ange Gabriel au paradis. (…) Pas du tout comme un être vivant, mais comme une œuvre d’art. »
Marianne Breslauer (Interview, 1998)
« Les montagnes qu’elle regardait étaient la promesse d’autres montagnes. Les fleuves, promesse de la mer. Et la mer, promesse de côtes inconnues. »
Ruth Landshoff-Yorck, 1963
« Je vous supplie de ne pas lire émotionnellement les horreurs sur la Pologne, la Finlande, la Tchécoslovaquie, ou tout au moins d’en lire le moins possible. (…) Si nous pensions aux tonnes de souffrances et de gémissements poussés dernièrement en Espagne, en Chine, en Russie, nous ne pourrions même plus manger quoi que ce soit. Or tant que nous sommes encore destinés à vivre, à nous de vivre d’une manière qui soit possible et qui ne nous rende pas fous de notre impuissance ».[1]
De formation universitaire d’historienne, écrivain et journaliste, Annemarie Schwarzenbach (1908-1942) a publié plus de 300 articles dans la presse alémanique, dont le grand quotidien zurichois Neue Zürcher Zeitung, le quotidien bâlois National-Zeitung, ainsi que des reportages photographiques pour la Zürcher Illustrierte, et quelques autres publications dans des revues comme Mass und wert, fondée par Thomas Mann.
Dans « Annemarie Schwarzenbach – La quête du réel », ouvrage anthologique co-édité par « La Quinzaine Littéraire/Louis Vuitton », Dominique Laure Miermont et Nicole Le Bris ont réuni une cinquantaine de reportages inédits, 33 photographies réalisées par Annemarie Schwarzenbach, des extraits de ses romans et des lettres à ses amis Klaus Mann, Ella Maillart, Carson McCullers, le tout relayé par de précieux commentaires, à dessein de nous éclairer sur l’œuvre d’une jeune femme qui défend, qui dénonce, qui éclaire, là où il y a confusion, tromperie, indifférence, fatalisme…, et qui libre de ses décisions écrira : « (…) je crois qu’une décision n’est pas en soi bonne ou mauvaise. Simplement elle est irrévocable ».[2]
« (…) je suis décidée de suivre cette carrière de voyage, recherche, journalisme, et d’écrivain. En ce moment, il me faut de la nourriture de dehors, il faut que je me détache de moi-même, que je me laisse absorber par notre monde, voir, apprendre, comprendre » (Lettre écrite, en français, à Sils-Baselgia, dimanche de Pâques 1939).[3]
Sa vie, aussi courte soit-elle, sera marquée par l’impatience, l’inconstance, et « par le devoir et le besoin d’aller vers des destinations innommées »,[4] et peut-on s’assurer que chacun de ses voyages trouvera sa raison d’être, non pas dans l’agrément, mais dans l’aventure, ce qui chez A.S. signifie : découvrir « les expressions de la vie de l’humanité », aller vers « de nouvelles terres, de nouvelles langues, d’autres peuples, qui n’habitent pas dans des maisons solides, (qui) dorment à côté de leurs chevaux, sous le ciel libre » … « atteindre le cœur du monde ».[5] En Orient, ce sera alors sa rencontre avec les Bédouins Anezi et l’émir Fawas Chaalan, puis avec les pèlerins persans qu’elle décrit comme « un peuple inquiétant » :
« Blêmes, sinistres avec leur barbe noire, ils offrent le spectacle d’hommes cherchant à tout prix à nier la réalité et à la fuir. Ils vivent comme enveloppés dans une brume de langueur et d’opium. Ce côté inéluctable de leur destinée et l’absence de joie prônée par leur religion en font nécessairement des hypocrites. Ce que l’on n’a pas perçu à Kadhimiyya, on le capte à Kerbela : la puissance négative de l’esprit qui se ferme.
Cet esprit existe aussi en Europe, mais là-bas, il ne peut que dégénérer constamment et prendre des formes terrifiantes. Ici, en Orient, où il ne représente qu’une possibilité parmi beaucoup d’autres, il donne naissance à un îlot, une ville sainte, et ne franchit pas la ceinture de ses palmeraies ».[6]
Par ailleurs, et parmi ses destinations innommées, c’est en terre d’orient que A.S. goûtera à l’incontournable expérience de la « terre nouvelle », expérience sans nom, tout aussi proche de l’expérience de l’amour en tant que source de force et d’action :
« Comment mes yeux pourraient-ils ne pas s’emplir de larmes devant l’innocence de la terre nouvelle ? – Ceci n’a pas de nom –. Bonheur ? Plénitude ? Vision de la vérité ? Musique des sphères ? Amour au ciel et sur la terre ? Epousailles, jubilation, martyre ? Oh, peur martyrisante ! Mon cœur s’est déchiré, et je ne trouve aucun mot rédempteur. Je ne maîtrise plus la langue. Pitié !
(…) Je commence à comprendre –, oui, l’espace d’un instant, je comprends que ma langue ne doit pas être comprise ! – Je ne veux aucune audience, mes chants doivent se perdre, aucun oracle ne doit me répondre, aucun mystère d’Eleusis ne doit m’être révélé, la fumée de mes sacrifices ne doit pas s’élever. Plus de sacrifices, plus d’autels, plus d’hymnes –, je m’approche du silence de la créature… ».[7]
Reconnaissance à la terre, sur laquelle il nous est donné de faire plus « ample usage de la liberté ». « La terre, cette merveilleuse scène animée par un amour unique, indivisible, je la reconnaissais ».[8]
Cette terre à laquelle il nous faut reconnaître qu’aimer, « ce n’est pas un esclavage, c’est la noblesse même, l’expression délicieuse de notre désir de toucher le monde, de communiquer, - finalement to melt into another being, into the world’s patnership, to understand, to overcome the limitation of the individual, which again, of course, is the source of strength and of action we need, - et le désir, finalement, de trouver la mort : non pas d’une manière hostile, mais comme la solution très douce, la compréhension universelle, la fin de notre pénible limitation ».[9]
***
Du temps d’A.S. l’Europe et l’Amérique vont mal (le gros « nuage noir » du nazisme). Ainsi suivre une carrière de voyage, c’est autrement répondre à l’urgence de partir pour « désapprendre la peur » :
« (…) c’était seulement chercher un répit dans des pays où les lois de notre civilisation n’avaient pas encore cours, et où nous espérions faire l’expérience inouïe que ces lois n’étaient pas tragiques, pas indispensables, irrévocables, inévitables ».[10]
Désillusion et dégoût, car la guerre en Europe ne sera pas « le point culminant, l’épreuve (…), après quoi la guérison allait commencer et nous aurions à faire face aux grands défis de l’avenir ».[11] Ce ne fut rien de tout cela, mais plutôt : « (…) à cause de la guerre, la planète n’est plus pour nous qu’une carte de géographie stratégique ».[12] Et dès lors que des hommes meurent par milliers, comment prétendre découvrir ailleurs le Paradis ? A.S. se sent, en effet, pour devoir fondamental « de partager de près le destin imposé par la guerre ».
Un séjour de six mois en Afghanistan, A.S. découvre alors un pays « de pauvres paysans et de nomades errants », et « comme partout dans le monde, le pauvre privé de tout droit et exploité par le riche ».[13] Et cette réalité révoltante, que « (…) sur les routes que l’on ouvre au progrès rouleront un jour les chars d’assaut ».[14]
Dans ses voyages en Afrique, A.S. poursuit sa quête de ce que la terre peut encore nous insuffler. Car malgré les destructions, les massacres, les calamités en tous genres, rien ne peut « interrompre l’incessante poussée des forces de la vie ».
« Quand nous nous trouvons détachés du train-train de la vie quotidienne, nous aimons croire que nous sommes en relation avec les esprits d’un autre monde. Nous avons comme le sentiment de ne plus nous appartenir, le sentiment d’une métamorphose ».[15]
Ce livre ne peut se refermer sans le sentiment que nous appartenons bel et bien à cette grande toile du monde où se font entendre, toujours plus retentissants, la tyrannie des pouvoirs, les idéologies poussées à leur comble, le nouvel esclavagisme, la modernité toujours plus asservissante, l’inhumanité radicale. Sentiment d’une métamorphose chez Annemarie Schwarzenbach, inéluctablement lorsqu’écrire est de réagir contre la nuit, et contre cette musique du monde devenue un « désert d’ineptes slogans habilement tournés », monde du concept qui n’est plus en rapport avec la réalité, mais se présente comme le grand dissipateur des choses fondamentales, et nous conduit vers toujours plus d’exil.
Nathalie Riera, août 2011
Les carnets d'eucharis
Annemarie Schwarzenbach avec sa Mercedes Mannheim, dans les Pyrénées espagnoles, mai 1933
Photographie: Marianne Breslauer, collection Alexis Schwarzenbach, Zurich<br />© 2008 by the Estate of Marianne Breslauer, Zurich
Le 6 septembre 1942, A.S. fait une chute de vélo, et meurt le 15 novembre 1942 des suites de cet accident, dans sa maison de Sils.
Le Miracle de l’arbre, le dernier roman d’A.S. (1942), vient de paraître en version originale aux éditions Chronos de Zurich.
Dominique Laure Miermont, germaniste de formation, a enseigné l'allemand pendant trente ans tout en exerçant une activité de traductrice littéraire.
Depuis une vingtaine d’années, son travail se concentre sur l’œuvre de Klaus Mann (essais et nouvelles) et sur celle d’Annemarie Schwarzenbach.
Elle a également écrit une biographie parue en 2004 aux éditions Payot sous le titre « Annemarie Schwarzenbach ou le mal d’Europe ».
En février 2007, elle a fondé à Genève l'association : Les Amis d'Annemarie Schwarzenbach.
Nicole Le Bris, traductrice, travaille depuis plusieurs années, en collaboration avec Dominique Laure Miermont, à mieux faire connaître l’œuvre dAnnemarie Schwarzenbach.
■ SITES A CONSULTER :
Site "Les Amis d'Annemarie Schwarzenbach"
Interview de Sandrine Mariette
Le blog de La Quinzaine Littéraire
Conférence
L’idée de liberté chez Annemarie Schwarzenbach par Nicole Le Bris
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14:52 Publié dans Annemarie Schwarzenbach | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | | Facebook
31/07/2011
Les carnets d'eucharis n°29 - juillet&août 2011
Les carnets d’eucharis n°29
Juillet/Août 2011
[SOMMAIRE………]
Lilya Corneli
Photographe contemporaine
Thierry Michau - Eric Perrot
« Mon journal de ton voyage » LA GALERIE LE REALGAR
DU CÔTÉ DE…
Jacques EstagerLa nuit, Pierrot et Pierrot
Boris PasternakMa sœur la vie & autres poèmes
EDITIONS CHAMP VALLON ETIENNE FAURE Horizon du sol
EDITIONS TARABUSTE CLAUDE MINIERE JE HIEROGLYPHE
AUPASDULAVOIR
JOS ROY Ilbide
■■■Nadja Einzmann
Traduction inédite de Chantal Tanet■■■
George Oppen … Henri Cole
DES LECTURES
Sylvie Durbec La huppe de Virginia Une lecture de Nathalie Riera
REVUE
DIPTYQUE N°2
Au format livre numérique/CALAMEO
Au format PDF Les carnets d'eucharis n°29_juillet&août 2011.pdf
17:22 Publié dans ALLEMAGNE/AUTRICHE, Chantal Tanet, Jos Roy, LES CARNETS D'EUCHARIS (pdf & calaméo), Nadja Einzmann, Nathalie Riera, TRADUCTEURS | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Les nouvelles servitudes volontaires
01:28 Publié dans Annie Le Brun | Lien permanent | Commentaires (2) | Imprimer | | Facebook
28/07/2011
Etienne Faure, Horizon du sol
HORIZON DU SOL
Etienne Faure
(EDITIONS CHAMP VALLON, 2011)
UN ARTICLE DE JACQUES JOSSE : remue.net
UN ENTRETIEN AVEC TRISTAN HORDé : Littérature de partout
EXTRAITS
Et le peintre extasié par les labours mauves,
les ocres verts, sur le papier cherchait
le point de fuite, que la vue portât loin,
y marquait d’un mot la couleur projetée
pour le prompt tableau vespéral
ébauché vite entre chien et loup
sur un motif bientôt éteint, presque noir,
qu’il achèverait au clair-obscur enfumé
d’une flamme,
le tableau au grand jour révélant plus tard
une manière ou vision un peu sombre,
et l’éclaircie qui fit sortir le peintre
un beau soir d’amour jaune soufre
- tant il est vrai, dixit le poète, que le crépuscule
excite les fous –
dans l’herbe azurite.
soirs de soufre
(p. 43)
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DANS LE MOTIF
Le bruit de l’eau féru en souvenirs
par jour de pluie, temps ligneux,
tisse le paysage égoutté des toits,
de chanvre ou lin, autre plante textile,
en un tableau humide où le veaux
rabougris dans les nues broutent
les prés luisants.
Derrière la vitre où l’eau ruisselle,
les cheminées, trois mâts d’usines
et la voile enfumée d’un navire
rentrent de mémoire à hauteur des pommiers
de la terre neuve au loin représentée
un jour de mer mauvaise à la peinture
quand de plus près à scruter l’horizon
pourtant ne rentre aucun point qui grossisse
en forme de bateau, sauf à midi,
d’abord hésitant, minuscule, puis chalutier entier
surgi du fond de la toile – non
ce n’est pas lui.
où l’horizon hésite
(p. 78)
---------------------------
Parmi les potirons, citrouilles, autres courges,
les coloquintes avec les fleurs
font en commun l’énigme du jardin,
assujetties à ce même régime
ou privilège
de n’être pas mangeables
- hors l’exception amère du chicotin –
et tirant d’un statut voisin du décor
l’unique raison d’être en ce jardin
où tout est inutile, qui demeure en dehors
du champ d’application de la loi potagère.
mœurs potagères
(p. 97)
■ AUTRES SITES A CONSULTER
■ Vive Les Couleurs (Le blog des Ateliers Dominique Hordé)
■ Terres de femmes (Angèle Paoli)
■ La Maison des Ecrivains et de la Littérature m-e-l
00:36 Publié dans Etienne Faure | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | | Facebook
27/07/2011
George Oppen
George OPPEN,Poésie complète
éditions Corti, (à paraître le 3 novembre 2011)
Traduit de l'anglais par Yves di Manno
SURVIE : INFANTERIE
Et le monde changea.
Il y avait des arbres et des gens,
Des trottoirs et des routes
Il y avait des poissons dans la mer.
D’où venaient tous ces rochers ?
Et l’odeur des explosifs
Le fer planté dans la boue
Nous rampions en tous sens sur le sol sans apercevoir la terre
Nous avions honte de notre vie amputée et de notre misère :
nous voyions bien que tout était mort.
Et les lettres arrivaient. Les gens qui s’adressaient à nous, à travers
nos vies
Nous laissaient pantelants. Et en larmes
Dans la boue immuable de ce terrible sol
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& AUTRE (extrait de NOTES ON PROSODY)
In L’art de la faim, Paul Auster, « Le multiple et le singulier », éd. Actes Sud, « Babel », 1992 (p.207)
Il est impossible de se tromper sans le savoir, impossible d’ignorer qu’on vient de gâcher quelque chose. Les mots non mérités sont, dans un tel contexte, tout bonnement ridicules…
Telle conscience que l’on peut avoir de l’univers, telle préoccupation de l’existence – nul mot ne les exprimait encore. Et le poème n’est PAS fait de mots, on ne peut pas fabriquer un poème en y accumulant des mots, c’est le poème qui fabrique les mots et contient leur sens… Quand un homme a peur d’un mot, il peut avoir commencé…
22:58 Publié dans ETATS-UNIS, George Oppen, José Corti | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook