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03/10/2011

MIREILLE CALLE-GRUBER/Claude Simon Une vie à écrire

Une lecture de Nathalie Riera

 

 

 

MIREILLE CALLE-GRUBER

Claude Simon Une vie à écrire

(Biographie/Seuil, 2011)

 

 

Notes

Extraits

 

 

claude simon.jpg

 

 

Source internet © Claude Simon

  

 

« Claude Simon, ce sera cela : une vie à écrire et réécrire. Pour que les informes affects du deuil prennent forme au travail de la langue et que le livre trace le dessin d’une vie »

Mireille Calle-Gruber

 

 

 

 

« Je crois qu’il y a une extraordinaire nouvelle de Borges où il raconte qu’un architecte paysagiste dessine un parc avec des statues, des pavillons, des petits lacs, des allées. Quand le parc est fini, il s’aperçoit qu’il fait son propre portrait. Je trouve que c’est une parabole admirable. On ne fait jamais que son propre portrait »

 

Claude Simon[1]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE DESSIN D’UNE VIE

 

 

                        « Il est à jamais le cavalier éperdu de la route des Flandres, et depuis le loin, aux bords du XXe siècle, notre contemporain le plus aigu et le plus vigilant.

                        Il nous aura enseigné la lenteur hallucinée de l’écriture en ses transports métaphoriques, l’humilité de l’artisan, la main à l’œuvre, la peine et l’existence ailée de la littérature».[2]

 

 

 

Comment rendre compte d’une vie elle-même déjà écrite par Claude Simon ? confie Mireille Calle-Gruber à Alain Veinstein. Faut-il juste y voir un pari audacieux, celui de s’essayer à l’écriture biographique comme à un « nouveau genre, un nouvel exercice, une nouvelle expérience » ? Ou alors y percevoir comme une dette à l’égard d’une œuvre et d’une personne que vous avez bien connue ? Outre que M. Calle-Gruber aura eu le privilège d’une relation sans failles et d’une amitié extraordinaire tout au long des seize dernières années de la vie de « Claude Simon l’écrivain immense » et de l’homme d’exception, ce qu’il faut surtout entendre des raisons de ce monument biographique : « comme une intimation à écrire – car ce fut, oui, aussi, soudain, l’évidence intérieure d’un « il faut » - écrire, la biographie de Claude Simon, ce défi absolu… ». [3]

440 pages « entre enquête et fiction », à partir de lettres, de documents, de témoignages, autant d’éléments tangibles pour un travail d’interprétation et de savoir qui incombe à l’écrivain-biographe. La littérature ne se posant ni en termes de vrai ou de faux, il s’agit pour M. Calle-Gruber de « tirer des diagonales que j’espère aussi vraies que possible ». Et par cette biographie, non pas monumentaliser Claude Simon, mais le rendre vivant !

 

M. Calle-Gruber travaille sur l’œuvre de Claude Simon depuis de nombreuses années, ayant entre autres participé à l’édition de La Pléïade, avec notamment « Le récit de la description ».[4] Elle publie en 2008, aux Presses Sorbonne Nouvelle, Les Triptyques de Claude Simon ou l’art du montage présentant des inédits : scenarii, découpages techniques, correspondances, textes, manuscrits, plans de montage, entretiens, films, photographies (DVD).

 

***

 

De sa naissance à Madagascar, Tananarive, le 10 octobre 1913 jusqu’à son décès à Paris le 6 juillet 2005, Claude Simon aura traversé un XXe siècle de violences et de péripéties. Longtemps, il portera le « traumatisme du survivant » :

 

                        « « Survivant, Claude l’aura été à plus d’un titre. D’abord de ce frère aîné (…) Puis du père, mort au champ d’honneur (…) dans l’hécatombe de 1914, le 27 août (…) Puis de la mère qui succombe à un cancer, le 5 mai 1925, alors qu’il est dans sa douzième année, le laissant seul, tragique descendant d’une famille fantomatique et le dernier porteur du nom des Simon qui ont fait souche à Arbois, Jura ».[5]

                               (…)

                               « … une fois encore le survivant de son régiment anéanti lors de l’offensive allemande de mai 1940 ».[6]

 

Plusieurs périodes de la vie de Claude Simon sont relatées : son parcours scolaire au Collège Stanislas, à Paris, en 1925 (année du décès de sa mère, Suzanne Simon) ; son incorporation au 31ème régiment de dragons (1934) ; témoin d’une révolution : la guerre civile à Barcelone (1936) ; son voyage dans l’Europe au printemps 1937 « à travers des pays au bord de la guerre, l’Allemagne, la Pologne, l’URSS jusqu’à Odessa, puis le retour sur Paris, par la Turquie, la Grèce et l’Italie »[7] ; sa captivité (suivie de son évasion) au camp Stalag IV B, à Mühlberg, le 27 mai 1940. Ce seront autant d’évènements éprouvants qui vont nourrir son œuvre romanesque, en même temps qu’ils agiront sur la conscience et la maturité politique de Claude Simon.

 

                        « Comme pour son comportement pendant la guerre d’Espagne et pendant la seconde guerre mondiale, Claude Simon a toujours veillé à la sobriété du récit concernant son rôle dans la Résistance, craignant l’interprétation hyperbolique, voire la surenchère des clichés. Il s’est ainsi efforcé de rappeler qu’il était « bien sûr antiallemand et surtout anti-nazi mais ne brûlant pas d’un héroïque patriotisme » … ».[8]

 

***

Pour qui n’ignore pas « son intelligence d’observation sur le vif des situations » et sa sensibilité visuelle, au début des années 30 Claude Simon est étudiant en cubisme, découvre le surréalisme au cinéma (avec l’œuvre de Luis Buñuel). L’expérience de la peinture se révélant « décisive pour sa conception du travail d’écrivain : il sera celui qui écrit avec l’exigence de composition du peintre, et suivant une sensibilité rare aux matières et aux couleurs ».[9]

 

L’abandon de la peinture au début des années 50, une plus large place sera ainsi donnée à la littérature. Lectures des deux géants que furent Proust et Joyce, leçons d’écriture chez Dostoïevski, il s’ensuit que l’écrivain pour Claude Simon est celui qui – ce seront ses propres dires lors du Discours de Stockholm« progresse laborieusement, tâtonne en aveugle, s’engage dans des impasses, s’embourbe, repart – et, si l’on veut à tout prix tirer un enseignement de sa démarche, on dira que nous avançons toujours sur des sables mouvants ».[10] Un demi-siècle d’écriture, comme une raison de vivre indiscutable, tout en affrontant et se relevant des périodes les plus noires, celle de la guerre meurtrière, (dont les scandaleux évènements des deux journées du 16 et 17 mai 1940 relatés par l’écrivain dans une lettre du 17 février 1993), puis celles de la maladie et du suicide de sa première épouse Renée Lucie Clog.

 

L’écriture chez Claude Simon c’est une écriture en autodidacte, mais c’est aussi cette réalité de l’écriture, telle qu’on peut la lire dans sa préface à Orion Aveugle :

 

                        « Avant que je me mette à tracer des signes sur le papier, il n’y a rien, sauf un magma informe de sensations plus ou moins confuses, de souvenirs plus ou moins précis accumulés, et un vague – très vague – projet ».[11]

***

 

Autre volet de cette passionnante biographie, celui des années de « compagnonnage » et des années d’opposition au Nouveau Roman.

Si la littérature a ses sujets de discorde, ce qui noue Claude Simon à la littérature, et plus exactement au plaisir de l’écriture, ce n’est jamais selon Mireille Calle-Gruber qu’une « indéfectible alliance avec le vivant ». Il s’agit de n’être attaché à aucun camp, à aucune théorie littéraire, préserver son autonomie d’écrivain, et veiller à ce que la fonction littéraire ne soit en aucune manière prétexte à une fonction sociale ou autrement agissante à des fins politiques. M. Calle-Gruber reprend alors le différend qui opposait l’écrivain Claude Simon au philosophe militant Jean-Paul Sartre ; Sartre, dont l’imposture et la démagogie du il importe peu que la littérature soit dite ou non « engagée » : elle l’est nécessairement déclencheront une série de confrontations, à commencer lors de la table ronde organisée par l’Union des étudiants communistes en 1964 sur le thème « Que peut faire la littérature ? » rassemblant les intellectuels et les Nouveaux Romanciers, parmi lesquels Alain Robbe-Grillet accusé par Sartre de ne pouvoir être lu dans un pays sous-développé. Claude Simon, qui sera un temps assez proche des idées du Nouveau Roman, marquera alors son opposition au positionnement idéologique du philosophe, notamment dans le fameux « Pour qui donc Sartre écrit ? » (L’Express, 28 mai 1964, p.32)

 

Une vie d’écrivain n’est-ce pas aussi pour Claude Simon de faire face, sans la moindre complaisance et non sans une certaine ironie mordante, aux griefs éditoriaux, médiatiques, aux critiques retorses et assassines, et autres « violences passionnelles » du monde littéraire.

Après moult controverses qui l’éloigneront du Nouveau Roman, un autre feu de discorde : celui d’avoir signé la fameuse Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la Guerre d’Algérie,[12] signature qui sera suivie d’une inculpation de l’écrivain en octobre 1960.

N’est-ce pas une certaine éthique qui donnera à Claude Simon de faire cavalier seul, son autonomie à jamais préservée par l’écriture de romans (tous reconnus comme de véritables chefs-d’œuvre) et par maints déplacements, en France et à l’étranger, liés à une activité effrénée de conférencier.

 

Quand Alain Robbe-Grillet affirmait que la meilleure récompense pour un écrivain jugé illisible est d’être lu, n’y a-t-il pas eu meilleure récompense pour Claude Simon que l’attribution du Prix Nobel de Littérature, et à l’occasion de son allocution prononcée devant l’Académie suédoise (les 9 et 10 décembre 1985) de mesurer l’émotion de l’écrivain à l’entendre dire :

 

                        « Je suis maintenant un vieil homme, et, comme beaucoup d’habitants de notre vieille Europe, la première partie de ma vie a été assez mouvementée : j’ai été témoin d’une révolution, j’ai fait la guerre dans des conditions particulièrement meurtrières (j’appartenais à un de ces régiments que les états-majors sacrifient froidement à l’avance et dont, en huit jours, il n’est pratiquement rien resté), j’ai été fait prisonnier, j’ai connu la faim, le travail physique jusqu’à l’épuisement, je me suis évadé, j’ai été gravement malade, plusieurs fois au bord de la mort, violente ou naturelle, j’ai côtoyé les gens les plus divers, aussi bien des prêtres que des incendiaires d’églises, de paisibles bourgeois que des anarchistes, des philosophes que des illettrés, j’ai partagé mon pain avec des truands, enfin j’ai voyagé un peu partout dans le monde … et cependant, je n’ai jamais encore, à soixante-douze ans, découvert aucun sens à tout cela, si ce n’est, comme l’a dit, je crois, Barthes après Shakespeare, que « si le monde signifie quelque chose, c’est qu’il ne signifie rien » - sauf qu’il est. »[13]

 

 

 

 

Nathalie Riera, octobre 2011

Les carnets d'eucharis

 

 

 

 

 



[1] (Note [80] sur Le Jardin des Plantes, Gallimard/La Pléiade, 2006 – p. 1501)

[2] Mireille Calle-Gruber, Claude Simon Une vie à écrire, Editions du Seuil/Biographie, 2011 -  p. 440

[3] France-Culture :Alain Veinstein reçoit Mireille Calle-Gruber, - auteur de Claude Simon. Une vie à écrire (Seuil) http://www.franceculture.com/player?p=reecoute-4299317#reecoute-4299317

[4] Mireille Calle-Gruber, Le récit de la description (ou de la nécessaire présence des demoiselles allemandes tenant chacune un oiseau dans les mains, Gallimard/La Pléiade, 2006 – p. 1527

[5] Mireille Calle-Gruber, Claude Simon Une vie à écrire -  p. 11

[6] Ibid., - p.12

[7] Ibid., - p.91

[8] Ibid., - p.157

[9] Ibid., - p.153

[10] Claude Simon, Discours de Stockholm, Gallimard/La Pléiade, 2006 – p. 902

[11] Claude Simon, Préface à Orion Aveugle (1970), Gallimard/La Pléiade, 2006 – p. 1181

[12] Mireille Calle-Gruber, Claude Simon Une vie à écrire -  p. 263

[13] Claude Simon, Discours de Stockholm, Gallimard/La Pléiade, 2006 – p. 897/898

 

 

 

 

 

Mireille Calle-Gruber est Professeur à La Sorbonne Nouvelle - Paris III en Littérature française, et directrice de l’Equipe de Recherche « Etudes Féminines » (Paris VIII - Paris III). http://fr.wikipedia.org/wiki/Mireille_Calle-Gruber

 

 

MIREILLE CALLE-GRUBER Claude Simon_une vie à écrire.jpg

 

■ SITES A CONSULTER :

 

France-Culture/Du jour au lendemain Alain Veinstein (09/09/11) : http://www.franceculture.com/player?p=reecoute-4299317#reecoute-4299317

Editions du Seuil : http://www.seuil.com/livre-9782021009835.htm

 

 

claude simon,mireille calle-gruber Document PDF 

Jean-Jacques Breton et Dominique Williatte - Trésors insolites des Musées de France

Lecture critique de Claude Darras 

Trésors insolites : un livre d'art et de curiosités


 

J’ose prétendre que cet ouvrage-là est un livre d’exception. Il n’en copie aucun autre et il mériterait à coup sûr d’être imité. Jean-Jacques Breton et Dominique Williatte, ses auteurs (attachés à la Réunion des musées nationaux), ont parcouru la France des musées à la recherche d’œuvres diverses, peinture, dessin, sculpture, tapisserie, architecture, mobilier, gravure, des objets remarquables dont ils ont souhaité raconter l’histoire. Les critères de sélection postulent de divulguer des anecdotes inédites, étranges, surprenantes, insolites ; aussi les découvertes les plus inattendues sont-elles offertes au lecteur au gré d’un parcours muséal (150 lieux) jalonné de 201 œuvres originales que ce beau livre de curiosités dissèque pour mieux expliciter.

En parfaits iconoclastes, nos deux guides associent une érudition de bon aloi à une fantaisie pétillante. Savamment argumentée, l’analyse critique des « Trésors insolites des musées de France » épingle la sacro-sainte postérité, coiffe du bonnet d’âne des historiens trop zélés, corrige plus d’une interprétation gravée dans les dictionnaires et réhabilite des petits ou de grands maîtres que les caprices de leurs contemporains ont effacés de la mémoire patrimoniale. 201 œuvres insolites ? L’embarras du choix préside à la constitution d’un florilège. Tentons néanmoins l’exercice.

Conservée au musée des beaux-arts d’Agen, une huile sur bois, « Le Garrot », est longtemps attribuée à Francisco de Goya alors qu’elle est l’œuvre d’un de ses élèves, Eugenio Lucas y Velázquez (1817-1870). Émile Zola défend l’actrice et sculpteur Sarah Bernhardt (1844-1923) contre Auguste Rodin qui fustige la seconde passion de la sociétaire de la Comédie-Française : le musée des beaux-arts de Dijon rejoint le camp des zélateurs en acquérant un bronze de l’actrice, « Le Fou et la mort » (musée des beaux-arts Dijon). C’est un critique d’art et collectionneur allemand, Wilhelm Uhde, qui met au grand jour les œuvres naïves, dont « L’Arbre du Paradis » (musée d’art et d’archéologie de Senlis), qu’une femme de ménage exécute la nuit en psalmodiant des cantiques : Séraphine Louis (1864-1952). Avec le « Portrait de Meg Steinheil » (musée Bonnat à Bayonne), Léon Bonnat (1833-1922) donne à voir la courtisane (et femme de peintre) dans les bras de laquelle le président de la République française Félix Faure rend le dernier soupir le 16 février 1899. Détenu par le musée du Louvre, « L’Intérieur d’une cuisine » du peintre français Martin Drolling (1752-1817) utilise comme liant pigmentaire des… cœurs royaux momifiés. Chargé de détruire les cœurs embaumés de souverains (dont le Régent, Henriette d’Angleterre, Louis XIII et Louis XIV), l’architecte Petit-Radel vend certains des organes royaux aux peintres Martin Drolling et Alexandre Peau qui s’en servent dans leurs mixtures à l’exemple de confrères qui pilent les restes de momies égyptiennes afin d’améliorer leurs glacis… Sulfureuse peinture à l’huile de Fernand Le Quesne (1856-1932), « La Légende de Kerdeck » (musée des beaux-arts de Quimper), campe un joueur de biniou résistant sur son rocher à l’assaut d’une cohorte de lavandières s’ébrouant impudiques et nues dans l’océan ; le peintre est le fils du sculpteur Eugène Louis Le Quesne connu pour la statue de la Bonne Mère au faîte de Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille. Passionné par la science héraldique, Louis XIV est perspicace à déchiffrer les « armoiries parlantes », ces blasons qui posent un rébus ou jouent sur une homophonie. L’un d’eux plaqué en façade du musée de l’Armée, aux Invalides, à Paris, irrite le Roi-Soleil parce que son ministre de la guerre en est la vedette : une tête de loup chapeaute une lucarne ronde et cela se déchiffre « Loup – voit », c’est-à-dire « Louvois ». Charles Le Brun (1619-1690) étonne par ses études physiognomoniques qui visent à mieux connaître le caractère de l’homme à travers les traits communs l’appariant aux animaux ; « Trois Têtes de corbeaux » (lavis, musée du Louvre) affiche une singulière ressemblance entre l’homme bestialisé et l’animal humanisé. Le tympan de pierre de l’abbaye de Saint-Géry au Mont-aux-Bœufs intitulé « La Mort de Pyrame et Thisbé » (musée des beaux-arts de Cambrai) rappelle le suicide de jeunes babyloniens qui s’aiment depuis l’enfance mais que la volonté parentale entend séparer. La légende est rapportée dans les Métamorphoses d’Ovide qui a d’ailleurs inspiré William Shakespeare pour Roméo et Juliette (1595). Outre une sculpture d’inspiration analogue conservée à Cologne, ce tympan est le seul exemple connu au monde dans l’art chrétien de représentation du suicide, un acte proscrit par l’Église. L’espace Paul-Bedu de Milly-la-Forêt (Essonne) abrite « Et le soleil s’endormit sur l’Adriatique », une huile sur toile de Joachim Raphaël Boronali qui est en fait l’âne du père Frédé, patron du cabaret montmartrois Le Lapin à Gill. Le 8 mars 1910, devant huissier, le romancier Roland Dorgelès (1885-1973) installe une toile vierge près du postérieur de l’âne et attache une brosse à la queue de l’animal qu’il trempe successivement dans des pots de peinture. Des remuements de l’extrémité caudale du baudet naissent un graphisme et un chromatisme inattendus que les plaisantins baptisent Coucher de soleil sur l’Adriatique et signent Boronali, anagramme d’« Aliboron », celui qui croit savoir tout faire, en fait l’âne des Fables de La Fontaine. « Une dendrite », exposée au musée Bertrand de Châteauroux témoigne de l’intérêt porté par l’écrivain George Sand (1804-1876) aux arborescences dessinées dans la roche qu’elle tente de figurer en écrasant entre deux cartons de bristol des couleurs à l’aquarelle : déplié, le support laisse imaginer un univers fantastique de formes naturelles. L’abbaye Saint-Louis-du-Temple à Vauhallan renferme une collection de… « Marrons sculptés » dus à Mère Geneviève Gallois (1888-1962). Formée aux beaux-arts de Montpellier, la religieuse modèle vers 1945-1950 ces figurines d’art brut leur insufflant l’humour corrosif des dessins de sa Vie du petit Saint Placide. Longtemps, la sanguine sur papier de Jean Baptiste Greuze (1725-1805) conservée au musée Girodet de Montargis garde l’appellation « Portrait de vieille femme » jusqu’à ce que des recherches déterminent qu’il s’agit en fait du « Portrait mortuaire de Denis Diderot sur son lit de mort ». En fait, le corps du philosophe est autopsié en 1784 et son crâne découpé, ce qui laisse à penser que le drap ceignant la tête ait été associé à un attribut féminin, d’où l’erreur du titre originel. Le musée de la Renaissance à Écouen attribue la « Nef-automate dite de "Charles Quint" » à Hans Schlottheim d’Ausbourg (1545-1625). Primitivement achetée par l’empereur Rodolphe II, l’horloge-automate est un des trésors de l’orfèvrerie horlogère de la Renaissance (XVIe siècle). Ses sept mécanismes déclenchent une infinité d’automatismes : l’émission du roulis et des jeux d’un orgue, l’action de quinze joueurs de trompette, deux joueurs de tambour, quatre matelots et deux vigies, la frappe d’une cloche aux heures et aux quarts par deux personnages et l’explosion d’une salve de canons ; également représenté dans ce chef-d’œuvre de laiton doré, de fer et d’émail, Charles Quint incline son sceptre et tourne la tête tandis que les sept électeurs du Saint Empire exultent en remuant têtes et bras !

Si j’incitais à l’imitation d’un tel ouvrage en préambule, c’est parce qu’il constitue un excellent passeport à l’univers des formes pour le néophyte, au-delà de l’intérêt documentaire et historique qu’il représente pour le spécialiste. Le langage muséal, parfois bien mystérieux, est gommé au profit d’une interprétation pédagogique et ludique qui ouvre au lecteur de nouveaux territoires. Les œuvres n’en continuent pas moins de stimuler son imagination et d’exciter sa curiosité.

Claude Darras

Les carnets d'eucharis, 2011

 


 

Trésors insolites.jpg

 

Trésors insolites des musées de France, par Jean-Jacques Breton et Dominique Williatte (éditions Flammarion, 35 €). L’œuvre montrée ici est l’« Autoportrait en trompe l’œil » de Jean-Marie Faverjon, un jeu cérébral et visuel qui rappelle l’autoportrait de Murillo à la National Gallery de Londres.

 

07/09/2011

Les carnets d'eucharis N°30 - Septembre & Octobre 2011

 

 

Les carnets d’eucharis n°30

Septembre/Octobre 2011

 

[SOMMAIRE………]

Les carnets d'eucharis n°30_sept&oct 2011.jpg

Thierry Valencin

Photographe contemporain

 

Henri Sarla

ESPACE POINT BARRE

 

 

DU CÔTÉ DE…

Charles RacineCiel étonné

Marina TsvétaïévaInsomnie & autres poèmes

 

EDITIONS ARGOL PASCAL QUIGNARD Inter aerias fagos

EDITIONS LE BRUIT DU TEMPS PHILIPPE DENIS Petits traités d’aphasie lyrique ANDRE DU BOUCHET Aveuglante ou banale

 

AUPASDULAVOIR

BRIGITTE GYR (Poème inédit suivi de Avant je vous voyais en noir et blanc)

 

SITESPOESIE

Martin Zieglersur le site TERRES DE FEMMES

Philippe Jaccottet sur le site LA PIERRE ET LE SEL

 

■■■Raymond Farina

Présentation de son œuvre■■■

 

Djuna Barnes … Gérard Larnac

 

DES LECTURES

Andreï Voznessenski, le poète qui s’est joué de l’URSS, puis de la Russie par Patrice Beray

Kaoutar Harchi, L’Ampleur du saccage par Pascal Boulanger

François Lallier, Vita Poetica par Tristan Hordé

Dans ce jardin d’eucharispar Patrice Beray

 

REVUE(S)

The Black Herald – # 2


 

     

 

Au format livre numérique/CALAMEO

Carnet n°30_Calameo.jpg

CLIQUER ICI (plein écran)

 

 

Au format PDF

logo pdf.jpg

 Les carnets d'eucharis n°30_sept&oct 2011.pdf

 

 

03/09/2011

Eric Bourret & François Weil (exposition visible jusqu'au 10 septembre)

Galerie DNR - Bourret-Weil 2011.jpg

Exposition du 17 juin au 5 septembre 2011

Galerie DNR, village des antiquaires de la Gare
84800 l’Isle-sur-la-Sorgue

Tel. 06 03 15 64 93

 

01/09/2011

Raymond Farina - Présentation de son oeuvre poétique

 

Raymond Farina

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© Les Carnets d’eucharis

 

 

 

 Raymond FARINA.jpg

 

 

 

 

EXTRAITS

Virgilianes

Anecdotes

Une colombe une autre

Eclats de vivre

 

 

 

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VIRGILIANES

Ed. Rougerie, 1986

 

[…]

 

XXV

 

 

Oui ma mémoire

est toi mésange

qu’hier chuchote

dans la laine de l’arbre

 

soupçon de plumes

sur l’hiver vif

- ô virtuelle –

mendiant la vie

derrière la vitre

 

quand moi je n’ai

rien que Virgile

quelques miettes

 

-------------------------

 

 

[…]

 

XXX

 

 

le merle jaillit

multiplie

les jardins sonores

 

par la fenêtre

Mozart s’envole

tous les lieux

tombent dans l’oubli

 

musique          ô territoire

insensé

je laisserais pour toi

mon apparence grave

 

si les mots

ne mendiaient

ma voix

 

-------------------------

 

 

 

Extrait Le conte d’été

 

[…]

 

XIX

 

 

quel invisible

ô quel extrême violoncelle

fait musique de nous

au bord de cette rumeur d’arbres

 

c’est dans Schubert

ou dans juillet

entre deux vagues

ou deux élans

 

une chambre de laine

où semble que

s’achève en une

haleine

la vie

 

---------------------------------

 

ANECDOTES

Ed. Rougerie, 1988

 

 

Anecdotes I (à Margherita Guidacci)

 

[…]

 

4

 

 

devant les murs blancs

attendent les chiens

et les fables fidèles

 

nous n’avons

que les yeux des absents

pour scruter

la détresse des choses

 

sous nos paupières

le sommeil réveille

l’instant violent qui vint

délier l’oiseau de leur cou

 

l’énigme qui disperse

lettre après lettre

l’alphabet de l’ange

 

-------------------------

 

 

Sagesse de Klee (à Horst Egon Kalinowki)

 

[…]

 

8

 

 

qui dis-moi porte encore

le deuil de l’hirondelle

 

qui répond au désert

venu chercher son sens

dans le sommeil de l’homme

 

mais qui d’autre que toi

sait encore

 

que ni visible

ni invisible

la vérité s’écoute

 

quand la tête

est comme

un verger

 

-------------------------

 

 

 

Soliloque (à Yves Bergeret)

 

[…]

 

3

 

 

rien à léguer

 

ni dogmes ni mystères

ni reliques ni prophéties

ni royaume ni paradis

 

rien que

le bégaiement

d’inoffensives phrases

 

une vie

encore

virtuelle

 

-------------------------

 

 

Anecdotes III (à Michel)

 

[…]

 

 

et parfois

une fable me parle

de quelqu’un

qui s’adosse au blanc

 

du vieil ulysse

devenu sourd

au concert des cigales

 

de l’archipel éteint

et des sirènes mortes

 

du monde

qui grince dans le noir

son dernier quatuor

 

 

---------------------------------

 

UNE COLOMBE UNE AUTRE

Editions des Vanneaux, 2006

 

 

[…]

 

 

Huppe ô très ancien érudit

huppe munie de ton calame

portant sur la tête ce pschent

ou ce soleil que tu déploies

- comme on fait avec l’éventail –

Tu m’apparais loin dans l’enfance

hyperascétique exégète

bien plus attentif au symbole

qu’aux heures sensibles des choses

qu’à leur syntaxe vive & fraîche

 

La vieille fable que tu sais

en moi réveille cette image

d’un oiseau couleur de cannelle

aux ailes finement fasciées

instruit d’étranges symétries

dans les paysages du Texte

sachant le Kérigme du Livre

& donnant mémoire & sagesse

A celui qui mange son cœur

 

(p.22)

 

-------------------------

 

[…]

 

 

Courbes & figures nouvelles

s’esquissent vont se précisant

au cours de la leçon visible

d’une discipline inconnue

- mi-magie mi-topologie –

parfois s’effacent aussitôt

parfois persistent se dilatent

s’allongent se déploient au loin

en d’imprévisibles cénèses

ou se resserrent se contractent

autour de quelque point

mobile & invisible

 

(p.30)


---------------------------------

 

ECLATS DE VIVRE

Editions Dumerchez, 2006

 

 

[…]

 

 

Que faire maintenant

de tous ces graffiti

des adieux encombrants des choses

des oiseaux des hasards

désormais interdits

dans cette cruauté d’horloge

 

& à l’enfant seul comme une île

- à son effroi & à sa soif –

quel sésame quel schiboleth

quelle chose apaisante & douce

quel bienveillant symbole

laisser

 

si l’on n’a plus que l’art

de questionner l’écho

de voler au reflet

ce qu’il sait du parfait

aux maisons envolées

le secret d’habiter

& à la nostalgie

la vérité d’ici

 

comme un vieux ciel dément

cherchant parmi ses bleus

celui vif & vital

perdu dans son fouillis d’oiseaux

dans son trouble passé d’orages

 

(p.11)

-------------------------

 

 

Chairs en festons

au grand soleil

charniers que hument

lunes & vents

fumées

que happe le néant

 

Sorts que lâche le noir

Morts que mâche la terre

si près du ciel des radicelles

qui boivent leur prière

 

Sommeil effrayé

sur les seuils

Portes forcées

 

Pires que loups

& bien moins qu’hommes :

ceux qui égorgent

& qui éventrent

tout ce qui dans l’ombre respire

 

Afflux de fange dans leur cœur

fleuve de sang dans leur sillage

thrène des mères qui devient

cette ample douleur animale

cette haine infinie

où les noms

perdent leur soleil

 

(p.12)

 

-------------------------

 

 

Ceci n’est qu’un ceci

tout & à peu près rien

à moins qu’il ne recrée

la claire circonstance

où ceci deviendrait

une chose précise

 

A moins que ne renaissent

le moment & le lieu

où ce fruit cette fleur

ce ciel ou cette épice

n’exigeaient pas de nom

 

les conditions du rite

qui le recommençait

aux marges de l’Insignifiable

& le faisait fragment du monde

moment intense de son souffle

de son sang pulsation secrète

 

faisait de lui cette saveur

de miel ou d’acacia

de menthe ou de cannelle

que sa langue apprenait

 

ou ce grain de soleil

scintillante allégresse

qu’écartaient les abeilles

accablées de pollens

ce jasmin souverain

dans son jardin arabe

 

ce bleu regard au fond du bleu

qui tendrement suivait

l’insensée trajectoire

de quelques oiseaux suicidaires

 

(p.33/34)

 

-------------------------

 

 

Si le feu absolu consumait toute chose

il se pourrait que notre corps

après le grand embrasement

gardât mémoire encore

de l’eau de l’air & de la terre

 

Dans ce désert de cendres

en l’absence de formes

de sons & de saveurs

une apparence appellerait

 

& nous pourrions peut-être

traversant la forêt confuse des fumées

démêler ce qu’il reste de parfums indécis

ranimer quelques noms

qui sauraient nous mener

 

aux choses impatientes

sous ces pollens de mort

de tout recomposer

de nous rendre le monde

 

 

(p.45)

 

-------------------------

 

 

Chevaux royaux

& chiens esclaves

 

tourterelle

ponctuant midi

tout au fond

de ton arbre gris

 

petites têtes chantonnant

dans la constellation

des oranges

vous êtes du Labyrinthe

 

œuvrant parmi les mots

de celui qui vous chante

avec sa tribu

son désert

 

bien qu’il ait perdu

son Orient

chez un peuple de somnambules

 

ne sachant que faire

pour sauver

sa voix déjà presque effacée

 

cette citation

nostalgique

de son élégie d’origine

 

où neige encore

le Moyen Age

de l’inconsolable écolier

 

(p.53/53)

 

 

Bio/Bibliographie

 

■ ■ ■

Raymond Farina Né en 1940. A résidé à Alger, Avignon, Bangui, Casablanca, Dinard, Draguignan, Nîmes, Rodez, Safi, Saint Dié, Saint Malo, Saintes.  Vit à Saint-Denis de la Réunion (Ile de la Réunion) depuis 1990. Etudes Supérieures de Philosophie à l'Université de Nancy.

Bourse de création du Centre National des Lettres en 1981.

 

 

PUBLICATIONS EN REVUES

Ses poèmes ont été publiés dans les revues "Arpa" (Clermont-Ferrand), "Création"(Paris),«Contre-allées» (Montluçon), "Diérèse" (Ozoir-la-Ferrière), "Europe"(Paris), "Les Cahiers de Poésie-Rencontres" (Lyon), "La Barbacane"(Fumel), "La Nouvelle Revue Française" ( Paris ), «Le Coin de Table»(Paris ), "Les Cahiers Bleus" (Troyes), «Les Citadelles» (Paris), "Lieux d'Etre" (Marcq-en-Baroeul), « Linea » (Paris), "Poémonde" (Paris), "Multiples" (Longages ) , "Po&sie" (Paris) , « Poésie/première» (Ispoure), "Poésie Présente" (Mortemart), Poésie 1" (Paris), "Poésie 97" (Paris), "Racines"(Boigny), "Vagabondages"(Paris), «Verso » (Lyon).

Ils ont été traduits en anglais, allemand, espagnol, italien, portugais et roumain, et publiés :

-en Allemagne : dans les revues "Décision" (Bielefeld, 1997), "Die Zeit der Baüme" (Berlin, 1997),"Rabenflug" (Wiesbaden, 1997 & 1999).

-en Angleterre : dans la revue "Poetry & Audience" (Université de Leeds, Leeds, 2000).

-en Belgique : dans les revues "Archipel" (Anvers, 1999), "Le Journal des Poètes" ( Bruxelles, 1981, 1983, 1989, 1997 , 1998 & 2004), "Le Spantole" (Thuin, 1982) & "Marginales" (Bruxelles, 1981).

-au Canada : dans la revue « Les Ecrits » (Montréal, 2008).

-en Espagne : dans les revues "Álora" (Malaga, 2002) ,"Arboleda" (Palma de Majorque, 1997), "Poesia Por Ejemplo" (Madrid, 1998-1999) & "Turia" (Teruel, 2002).

-en Italie : dans les revues "Caffè Michelangiolo" (Florence, 2000 , 2004  &  2007) , "Hebenon" (Turin, 1999), "Hyria" (Naples, 1998), "Il Foglio Clandestino" (Milan, 1996 & 2001), "Il Foglio Volante" (1997), "L'immaginazione”  (Lecce, 1999 ) ,  "Il Maiakovskij"  ( Varèse, 1997 ) , "L'area di Broca" ( Florence, 1998-1999), "L'Ortica" (Forli, 1999 & 2000), "Le Voci della Luna" (Bologne, 2000), "Lo Specchio"( Turin , 1998), "Pagine" ( Rome, 1997, 2001 & 2007 ), "Semicerchio" (Florence 2003), "Tratti" ( Faenza, 2000).

-au Luxembourg : dans la revue "Les Cahiers Luxembourgeois"

(Luxembourg, 1996).

-au Portugal : dans la revue "Bumerangue" (Guimaraes, 1998), "Saudade" (Amarante, 2002).

-en République Tchèque : dans la revue "The Prague Revue" (Prague, 2000).

-en Roumanie : dans les revues  "Amphion" (Constanza, 1999 & 2000), « Euphorion » (Sibiu, 2009), "Steaua" (Cluj, 1997, 1998 & 2000), "Tomis" (Constanza, 2000).

-en Suisse : dans les revues "Ecriture" (Lausanne, 1997), "La Revue de Belles Lettres" (Genève, 1980, 1997, 2000, 2003,  2008& 2009).

-aux USA : dans les revues "Chelsea" ( New York, 1998 & 2000), « Great River Review« (Red Wing, Minnesota, 2005), "International Poetry Review"(Greensboro, Université de Caroline du Sud, 1998 & 2002),"Osiris" (Deerfield, Masachussets, 1998) & «New Hampden-Sydney Poetry Review » (Hampden-Sydney College, Virginie, 2008).

RECUEILS

Mais, A.V.E.C, Draguignan, 1979.

La prison du ciel, Editions Rougerie , Mortemart , 1980 .

Le rêve de Gramsci, Editions J.M. Laffont, Lyon, 1981 (Ouvrage publié avec le concours du Centre National des Lettres).

Les lettres de l'origine, Collection "La petite sirène", Editions Temps Actuels, Paris, 1981 (Ouvrage publié avec le concours du Centre National des Lettres).

Archives du sable, Editions Rougerie , Mortemart, 1982.

Bref, Editions Les Cahiers du Confluent, Montereau, 1983 (publié avec le concours du CNL).

Fragments d'Ithaque, Editions Rougerie, Mortemart, 1984 (publié avec le concours du CNL).

Pays, Editions Folle Avoine, Le Housset, 1984 (avec le concours du Centre National des Lettres).

Virgilianes, Editions Rougerie, Mortemart, 1986.

Anecdotes, Editions Rougerie, Mortemart, 1988, (avec le concours du Centre National des Lettres).

Epitola posthumus, Editions Rougerie, Mortemart, 1990 (Prix "Thyde Monnier" attribué par la Société des Gens de Lettres de France en mai 1991).

Anachronique, Editions Rougerie, Mortemart, 1991 (avec le concours du Centre National des Lettres).

Sambela, Editions Rougerie, Mortemart, 1993 .

Ces liens si fragiles, Editions Rougerie, Mortemart, 1995 (avec le concours du Centre National des Lettres).

Exercices, Editions  "L'Arbre à Paroles", Amay (Belgique), 2000 (Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre).

Italiques, I Quaderni della Valle, anthogie bilingue, traduction en italien d'Emilio Coco, 2003

(reédition en ebook dans les “Quaderni di Traduzioni”, IX, La dimora del tempo sospeso, septembre 2011– rebstein.files.wordpress.com/2011 //09/raymond-farina-italiques1.pdf)

Fantaisies, Editions « L’Arbre à Paroles », Amay (Belgique), 2005.

Une colombe une autre, Editions des Vanneaux, 2006 (Ouvrage publié avec le concours du CNL, du Ministère de l’Outre-Mer et du Conseil Général de l’Oise).

Eclats de vivre, Editions Bernard Dumerchez, 2006 (Ouvrage publié avec le concours du CNL).

TRADUCTIONS 

de poètes américains, espagnols, italiens et portugais publiés notamment dans les revues Arpa, Diérèse, Europe, La RBL, La Barbacane, Le Journal des Poètes, Po&sie, Testo a Fronte, Poetry Ireland Review :

Sophia de Mello Breyner Andresen, Antonella Anedda, Vincenzo Anania, Davide Argnani, Louis Armand, Maria Victoria Atencia, Mariella Bettarini, Peter Boyle, Fiama Hasse Pais Brandao, Casimiro de Brito, Ciaran Carson, Analisa Cima, Emilio Coco, Luis Alberto de Cuenca, E.E. Cummings, Susanne Dubroff, Gianni d'Elia, Flavio Ermini, Richard Foerster, Louise Glück ,Kevin Hart, Richard Howard, Margherita Guidacci, Clara Janés, Nuno Judice,  Galway Kinnell, Vivian Lamarque, Rosa Lentini, Denise Levertov, Heather McHugh, Valerio Magrelli, Derek Mahon, Roberto Marchi, Piera Mattei, William Stanley Merwin, Ana Maria Navales, Carlos Nejar, Alexandre  O'Neill, Antonio Osorio, Alfredo de Palchi, Linda Pastan, Ezra Pound, Antonio José Queiros, Giovanni Raboni, Tiziano Rossi, Theodor Roethke, Jerome Rothenberg, Vittorio Sereni, Jaime Siles, Wallace Stevens, Osias Stutman, Joë Wenderoth, Bruno Zambianchi, Andrea Zanzotto.

 

 

Présence sur les sites, blogs et revues en ligne                                                                                                       

Le Printemps des Poètes (Poéthèque)                                    

http://www.printempsdespoetes.com

Maison des Ecrivains et de la Littérature

http://www.m-e-l.fr

Terre à ciel

http://terreaciel.free.fr  

Guy Allix

http://guyallix.art.officelive.com/RaymondFarina.aspx

« Revues-Littéraires » 

http://revues-litteraires.com/articles.php?lng=fr&pg=117 

Jacques Basse –poète «  6 ANTHOLOGIE POETES

www.jacques-basse.net/?cat=55

Terres de femmes :

http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2011/08/raymond-farina-que-faire-maintenant.html

Les carnets d'eucharis :

http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com/archive/2011/09/01/raymond-farina-presentation-de-son-oeuvre-poetique1.html 

 

 

 

L’area di Broca

http://www.emt.it/broca/farina.html

Sagarana

http://www.sagarana.it/rivista/numero12/poesia8.html

Porosidade eterea

http://porosidade-eterea.blogspot.com/2009/03/hoje-e-dia-mundial-da-poesia.html

Gattivi Ochja

http://gattivi-ochja.blogspot.com/2011/05/raymond-farina.html

La Dimora del Tempo Sospeso

http://rebstein.wordpress.com/2011/O8/13/la-sapienza-delle-sabbie

http://rebstein.wordpress.com/2011/09/01/italiques

http://rebstein.files.wordpress.com/2011/08/rencontre-avec-raymond-farina.pdf

http://rebstein.files.wordpress.com/2011/08/raymond-farina.pdf

Fili d'aquilone

http://www.filidaquilone.it/num023ciampi.html

Semicerchio

http://www.unisi.it/semicerchio/upload/farina.htm                                                                                                                                                                                                                                                             

Estudio Raposa>>Palabras de Ouro

http://www.truca.pt/ouro.html

 

 

  

 

 

 

 

■ CARNETS D’EUCHARIS N°30

Septembre&Octobre 2011

Les carnets d'eucharis n°30_sept&oct 2011.jpg 

© Nathalie Riera – nathalieriera@live.fr 
 

24/08/2011

René Peccolo

René Peccolo Un réaliste désirant

Préface et poèmes de Daniel Hachard

Lelivredart, 2011

www.lelivredart.com

 

 

img025.jpg 

http://artpeccolo.over-blog.com/

Charles Racine, Ciel étonné

Charles-Racine.jpg

Source : sur le site du compositeur Gérard Zinsstag

 

 

Charles Racine

Poète suisse francophone

(1927-1995)

 

 

Ciel étonné

Fourbis éditions

(1998)

 

 

Les poèmes de Charles Racine déroutent, et attirent. Lus ici, aujourd’hui, ils paraissent comme griffés dans le rugueux d’un mur maçonné à la diable, avec giclées de plâtre et coulures de chaux. Une friche entrouverte par la parole et le couteau, une parole merveilleusement ébréchée, un couteau tourné contre soi. Ils éveillent, ils débusquent le sens et le non-sens, et de leur altercation fusent les séquences d’un phrasé énigmatique qui ricochent dans l’air acide, qui relancent le déconcert…

 

            « Cette longue légende qui m’entraîne

            et qui m’apparut peut-être

            sur le chemin englouti d’avance »

 

Extrait de la préface de Jacques Dupin

 

 

 

 

Le poète Charles Racine, disparu à 62 ans, laisse une œuvre fulgurante. « Ciel étonné » rassemble la plupart de ses poèmes : une découverte.

Charles Racine, né en 1927 à Zurich, savait les mots traîtres, puisqu'il sut aller avec eux jusqu'au bout de sa vérité. Traîtres ainsi le furent-ils en ne sauvant pas l'homme de la folie de sa parole, l'amenant au fil de sa vie à s'enfermer de plus en plus dans la solitude, vivant reclus et de rien dans cette Suisse alémanique. Charles Racine s'égarait dans les mots, allait là où on ignore ce qu'ils produisent : "si je m'égare,/ c'est pour prendre une rupture dans mes bras." Aussi, il choisit la langue et le nom de sa mère (couturière suisse romande) contre l'allemand paternel.LIRE LA SUITE

 

 

 

 

Extraits

« Le sujet est la clairière de son corps »

 

 

la femme débarquait d’un chalutier la peau

sous le goémon les yeux cornouaille le suroît

jusqu’au front les doigts gros la femme débarquait

d’un chalutier elle a bu avec moi j’ai passé

la main sur sa chair fuyante celle de pêcheur

sa bouche de pêcheur celle de goémon le bon

dieu aux abois le nez fourré dans l’algue

saumâtre le bon dieu aux abois respira et baisa la bouche

du grand poisson ses yeux restèrent cornouaille

le bon dieu cherchant sa certitude passait la main

sur la chair de pêcheur       Redressant ses flancs

aplatis de chalutier elle vida mon verre ne donna rien

elle passa le port disant un baiser au goémon

                                                                                                       1955

 

 

ce geste in extremis

         qu’absorba pourtant l’abîme

                     ce geste in extremis abonde

                                 qu’absorbe pourtant l’abîme

envahisse se répande

détériore ce papier rejoigne et colore

mon sang noces amères encre

se répandent animent un breuvage

Eloigne-toi, en dormant, de ma bouche,

dans la verdure qui ne s’éveille verte

sur le sable

des poèmes s’intercèdent sur les pans

meurtris de la lèvre pendus à la chaîne

de cette grille t’entrechoquant dans les murs

dont la croche saigne sur la saison définitive

 

                                                                                                       1963

 

 

Les signes à pleines mains dressent

leurs barrières dans la houle

Un divin naufrage est souhaité

mais le poème est face à ces lames

qu’abandonne la mer qui se retire

Economie du trait évoquant le relief

Des mains adressent leur paume

au pont qui chante et s’illumine

dans la voirie

 

                                                                                                       1964

 

cette couture faite dans le drap propre

déchire la mère du geste qui reprend sous

la flamme où veuve éteinte que garde à vue

son œuvre à la tombée de l’heure piège l’âme

qui lors ne se déshabille qu’elle ne retouche

et ne serge sur ses mains d’un brin d’herbe

le tissu qui l’excède l’économie céleste

qu’elle incline sur les fronts baptismaux

                                                                                                       1967

 

Où le charbon ne le dispute plus à la flamme

qu’il éteint l’y repose le langage est

prévenu de la réapparaissante disparition du

règne poétique la meule du pas ralenti la

marche chevillante qu’affrète le pigment verbal

pour le dégrader le gant dont il enveloppe

le chemin me murmurent les œuvres vives

discrètement tapageuses herbes et moissons

que tu enfourches dans l’infini sans arrêt tu

prends le raccourci désigné au plus obscur

de la géologie tu hantes des mains somptuaires

qui s’offrent et… les jours et les nuits

dissipés dans le temps que tu as versés à

pleins bras sur la ville

 

                                                                                                       1963/1967

 

 

Autres extraits

 

Légende forestière

 

 

Souviens-toi que tu es forestier

que tu existes

que ta naissance eut lieu

à l’orée de l’une des saisons de mon amour

de l’une de mes saisons à l’orée de mon amour

à l’orée de ma domaniale étreinte,

de mon domanial excès, de l’étreinte

de mon domanial excès

(p.68)

 

 

&

 

L’exil ne figure dans le texte

 

Poésie tu donnes lieu à la rescision

Tu l’accomplis cet acte

Que ne me reste-t-il quelque mie sur la page

Poésie tu es pulpe jusqu’à même les contours de ton corps

Présence tranchante d’avoisinage

du corps médiatif qu’elle assume d’ailleurs incorpore

Que ne me reste-t-il quelque mie sur la page

sinon que rapatriant qui ne vient dans mes poches

le crayon se déploie dans l’hypnose sèche

moi au bas de ses moyens du bas de ses moyens

regardant vers le stylite

Je ne suis que cette girouette

qui parfois déploie un bras qui l’attrape

à la nuque qui ne laisse rien

1964

 

 

■ SITES A CONSULTER :

 


 

 

Hommage à Charles Racine par Gérard Zinsstag, octobre 1997
Gérard Zinsstag, compositeur 

III- CHARLES RACINE Tresse et détresse : le texte cousu par Frédéric Marteau 

Po&sie n°121 

LE NOUVEAU COMMERCE Cahier N° 15/16 Printemps-Eté 1970

Editions Grège Légende Posthume

 

 

Isabelle Seilern

Galerie Roy Sfeir
6 rue de Seine - 75006 Paris
Tel : +33 (0)1 43 26 08 96
art@galerie-du-fleuve.com/www.galerieroysfeir.com

 

 

Isabelle Seilern tirage lambda plexi - 2-7 _ 52x70 cm.jpg

Isabelle Seilern

Tirage lambda plexi - 2/7

52 x 70 cm

 

 

 

Galerie Samagra

52 rue Jacob - 75006 Paris
Tel : +33 (0)1 42 86 86 19
gallery.samagra@wanadoo.fr / www.gallery-samagra.com

Nathalie Riera, là où fleurs où flèches

Là où fleurs éclatent du linge des chairs en silence la passion sa radiance où flèches ne volent plus Depuis le jardin aux chants nombreux de chair & d’argile aux courbes pétrifiées devant le miroir vous que je ne vois pas vos regards comme autant de sagaies guêpes à l’antre des pudeurs

 

Leste le cheval dans la bataille

 

Le livre n’est pas qu’une affaire de mots

Vivre n’est pas qu’une affaire de survivre

--------------------------------------------------------

 

Recommence le rouge ou le noir des mûriers –  il faut passer un accord avec les accrocs, les manquements – les racines, les épines – parce qu’il y a encore le soleil, et sur la page le phosphène des typographies, des chemins sans images

 

&t les travaux du cœur, ce qu’il peut tisser

&t l’aura des verdures, tout près du malheur de la parole

 

 

GPU 6.jpg

 

Nathalie Riera là où fleurs où flèches

©

Revue GPU, N°6, 2011

 

Chère Nathalie,

J'ai lu "Là où fleurs où flèches"

L'absence d'une musique classique que vous avez voulue m'a obligée à rentrer d'une manière frontale dans vos mots. Certes, ce fut une difficulté pour moi en première lecture. Cependant le "déséquilibre syntaxique" maîtrisé et délicat m'a permis une autre ouverture avec votre poésie. L'intérêt d'un texte poétique et donc du vôtre est que nous pouvons le lire et le relire car une belle écriture poétique est le dévoilement à chaque nouvelle lecture d'une sensation différente. C'est le miracle de la poésie qui n'a pas de prise avec le temps.

 

Certains passages m'ont particulièrement touchée notamment : "Recommence le rouge ou le noir des mûriers - il faut passer un accord avec les accrocs

...

& les travaux du cœur, ce qu'il peut tisser"

 

Rendre la nature en mots et la basculer dans la chair crée une intensification du vivre. Frédérique Ventos, mai 2011

Editions Frédérique Ventos

 

***

Là où fleurs où flèches…

ces quelques pages, Nathalie Riera,

lues en essayant d’adopter leur rythme

donc assez vite précipitamment

puis à perte de souffle

en effet pas qu’une affaire de mots

affaire de sauts affaire de sens

liés à la sonorité

aux muscles de la langue

voyelles couleurs

les yeux dans la gorge

et l’étourdissement final

le regret de perdre tout à coup

les pétales de la langue

 

MERCI

 

Bernard Noël, 23 avril 2011

Mireille Calle-Gruber, Claude Simon. Une vie à écrire

Mireille Calle-Gruber Claude Simon. Une vie à écrire

Éditions du Seuil, coll. "Biographie", 2011

 

MIREILLE CALLE-GRUBER Claude Simon_une vie à écrire.jpg

Présentation de l'éditeur:

Cette toute première biographie consacrée à l'un des derniers prix Nobel de littérature française retrace l'itinéraire d'un écrivain qui en dépit des innombrables thèses qui lui ont été dédiées reste tout à la fois universellement admiré et curieusement méconnu. La haute exigence formelle de cette œuvre trop souvent jugée ardue a longtemps occulté une évidence qui jalonne toute la production écrite de Claude Simon : son ancrage dans un vécu complexe qui la traverse de part en part et dont elle revisite et décompose livre après livre les ressorts les plus intimes. Issu d'un milieu bourgeois et conservateur, très vite orphelin de père puis de mère, Claude Simon s'est construit dans une relation conflictuelle à ses origines. Il y a l'enfance, bien sûr, récurrente dans son œuvre, mais également d'autres moments marquants, comme son expérience de la captivité pendant la Seconde Guerre mondiale, dont il rendra compte dans La Route des Flandres. Le refus du roman traditionnel qui l'a trop vite classé dans la mouvance du « nouveau roman » apparaît en ce sens tout à la fois comme une ascèse et comme une tentative sans cesse renouvelée d'explorer les non-dits et les secrets les plus enfouis d'un passé douloureux. Tout le propos de cette biographie richement documentée, et écrite d'une plume alerte et sensible, est de nous démontrer combien la vie de Claude Simon est d'abord et avant tout l'histoire d'une émancipation, et son œuvre un exorcisme permanent des fantômes de la mémoire.

Mireille Calle-Gruber est professeur des universités à la Sorbonne-Nouvelle-Paris 3. Elle a publié une vingtaine de livres sur la littérature française contemporaine. Elle est l'auteur également de cinq romans. Elle travaille depuis de nombreuses années sur l'œuvre de Claude Simon, dont elle a notamment établi l'édition de La Pléiade chez Gallimard.

 

http://www.seuil.com/

 

20/08/2011

MEDIAPART : Dans ce Jardin d'Eucharis (par Patrice Beray)

Dans ce jardin d'Eucharis

19 Août 2011 Par Patrice Beray

Edition : Revues & Cie

 

mediapart,le jardin d'eucharis,patrice beray

Revue numérique, chaque rendez-vous des Carnets d'Eucharis exalte à satiété l'œil des artistes comme autant d'espaces du dedans qui se découvrent poème, photographie, pensée, histoire, parce qu'il y a un mot, une matière, l'autre ou le monde pour les faire advenir.

Les deux récentes mises en ligne des Carnets d'Eucharis sont exemplaires de cette approche, qui est une ouverture, au ressort d'une sensibilité, celle de son unique revuiste, Nathalie Riera. Car solitaire, l'œil creuse d'abord de son empreinte toute présence, à la seule force de sa perception.

Ainsi de ces personnages figurés par l'objectif de la photographie (ou du cinéma... muet) qui n'attendent que d'être vus, et qui s'insinuent dans les pages d'un même numéro, telle l'actrice (et styliste plurielle) Natacha Rambova, compagne de Rudoph Valentino (en couverture du numéro de mai/juin).

Mediapart,Le jardin d'eucharis,patrice beray

Lire l'article sur Médiapart

13/08/2011

Henri Cole, Nécessaire et impossible

 

henri cole.jpg

 

 

 

Henri Cole

Poète américain

(né en 1956)

 

 

[…]

I can feel my heart beating inside my heart

[…]

 

NECESSARY AND IMPOSSIBLE

It is a nation born in the quiet part of the mind,

that has no fantasy of omnipotence,

no God but nature, no net of one vow,

no dark corner of the poor, no fugue-work of hate,

no hierarchies of strength, knowledge or love,

no impure water spasming from rock, no swarm of polluted flies,

no ash-heap of concrete, gypsum and glass,

no false mercy or truths buried in excrement;

and in this nation of men and women,

no face in the mirror reflecting more darkness

that light, more strife than love, no more strife

than in my hands now, as I sit on a rock,

tearing up bread for red and white carp

pushing out of their element into mine.

 

NECESSAIRE ET IMPOSSIBLE

C’est une nation née dans la partie sereine de l’esprit,

sans fantasme de toute puissance,

sans Dieu sauf la nature, ni piège d’un serment unique,

sans coin obscur de pauvres, ni fugue de haine,

sans hiérarchies de force, de connaissance ou d’amour,

sans eau impure pulsée d’un roc, essaim de mouches polluées,

amas de cendres de béton, gypse et verre,

sans fausse pitié ou vérités enfouies dans des excréments ;

et dans cette nation d’hommes et de femmes,

sans visage dans le miroir reflétant plus de ténèbres

que de lumière, plus de conflit que d’amour, pas plus

que dans mes mains à présent, tandis qu’assis sur un rocher

je déchire du pain pour les carpes rouges et blanches

qui de leur élément s’élancent dans le mien.

 

Middle earth/Terre médiane Editions le Bruit du temps, 2011Édition bilingue

Traduction de l'anglais (États-Unis) et présenté par Claire Malroux

EDITIONS LE BRUIT DU TEMPS

 

Marianne Breslauer

Marianne_Breslauer1.jpg

Marianne Breslauer

Photographe allemande

(1909-2001)

 

 

Revue Diptyque 2 - Lumières intérieures



REVUE

Diptyque #2 - Lumières intérieures

Florence Noël

11 rue Bois des Fosses

1350 Enines

Belgique

revuediptyque@yahoo.fr

 

 

Revue Diptyque n°2_Couv.jpg

■ LIEN : Cliquer ICI

 

 Nathalie Riera dans « Anthologie Poétique », p.38/39

 

 

Sommaire DiptYque 2 : lumières intérieures

 

 

 

Edito :

 

Florence Noël

 

Œuvres des artistes :

 

Pierre Gaudu, Solange Knopf, Annick Reymond, Grégoire Philipidhis, Marie Hercberg, Raphaële Colombi, Anastassia Elias, Clarisse Rebotier,Guidu Antonietti Di Cinarca, Anne d’Huart, jean-Michel Deny, Brahim Metiba, Jacques vandenberg, Danièle Colin,

 

Voix à la Une : De Toscane en Provence, Lumières d’un Jumelage au Scriptorium avec :

 

Paolo Fabrizio Jaccuzi, Maura Del Serra, André Ughetto, Angèle Paoli, Martino Baldi, Laurence Verrey, Olivier Bastide et Dominique Sorrente.

 

Nouvelles et récits de :

 

Claudine Tondreau, Camille Philibert Rossignol, Dolores Polo, Angèle Paoli, Mariane Brunschwig, Stéphane Méliade, Isabelle Guilloteau, Raymond Alcovère, Jean Buron, Mathieu Rivat

 

Anthologie poétique avec :

 

Nathalie Riera, Loyan, Lionel Edouard-Martin, Ile Eniger, Louis Raoul, Eric Dubois, Brigitte Célerier, Thomas Vinau, Zur, François Teyssandier, Michel Brosseau, Michèle Dujardin, Véronique Daine, Patrick Packwood, Kouki Rossi, Jean-Marc La Frenière, Sabine Huyn, Pascal Boulanger, France Burghelle-Rey, Roland Dauxois, Nicolas Vasse, Cathy Garcia, Sébastien Ecorce, Mathieu Brosseau, Juliette Zara, Arnaud Delcorte, Philippe Leuckx, Catherine Ysmal, Thélyson Orelien, Xavier Lainé, Jack Kéguenne, Denis Heudré, Alain Hélissen, Michel Gerbal

 

Chroniques des lumières intérieures et articles critiques de :

 

Sylvie Durbec, Philippe Leuckx, Angèle Paoli, Sylvie Salicetti, Florence Noël

 

Mais aussi :

 

Les Tentatives de critique de l’édition numérique de Brigitte Célerier

 

Un écho littéraire à Lynch par Loïc Marchand

 

Un écho poétique de Florence Noël

 

Une humeur de Xavier Lainé

 

 

 

 

 

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Florence Noël
resp. editoriale Revue Diptyque
11 rue Bois des Fosses
1350 Enines
Belgique
0032(0)19655167
0032(0)472493268
http://diptyque.wordpress.com

 

 

 

 

11/08/2011

The Black Herald – # 2

The Black Herald – # 2

 Revue de littérature– Literary magazine

Issue #2 – September 2011 – Septembre 2011
162 pages – 13.90 € – ISBN 978-2-919582-03-7

 

Poetry, short fiction, prose, essays, translations.
Poésie, fiction courte, prose, essais, traductions.

 

blackheraldpress@gmail.com

http ://blackheraldpress.wordpress.com/buy-our-titles/

 

 

couv_photo Romain Verger.jpg

Co-edited by Blandine Longre and Paul Stubbs, the magazine’s only aim is to publish original world writers, not necessarily linked in any way by ‘theme’ or ‘style’. Writing that we deem can withstand the test of time and might resist popularization – the dangers of instant literature for instant consumption. Writing that seems capable of escaping the vacuum of the epoch. Where the rupture of alternative mindscapes and nationalities exists, so too will The Black Herald.

 

L’objectif premier de la revue, coéditée par Blandine Longre et Paul Stubbs, est de publier des textes originaux d’auteurs du monde entier, sans qu’un « thème » ou un « style » les unissent nécessairement. Des textes et des écritures capables, selon nous, de résister à l’épreuve du temps, à la vulgarisation et aux dangers d’une littérature écrite et lue comme un produit de consommation immédiate. Des textes et des écritures refusant de composer avec la vacuité de l’époque, quelle qu’elle soit. Éclatement des codes, des frontières nationales et textuelles, exploration de paysages mentaux en rupture avec le temps : c’est sur ces failles que l’on trouvera le Black Herald.

 

With / avec  W.S Graham, Danielle Winterton, Dumitru Tsepeneag, Clayton Eshleman, Pierre Cendors, Onno Kosters, Alistair Noon, Anne-Sylvie Salzman, Róbert Gál, Andrew Fentham, Hart Crane, Delphine Grass, Jacques Sicard, Iain Britton, Jos Roy, Michael Lee Rattigan, Georges Perros, Laurence Werner David, John Taylor, Sudeep Sen, César Vallejo, Cécile Lombard, Michaela Freeman, Gary J. Shipley, Lisa Thatcher, Dimíter Ánguelov, Robert McGowan, Jean-Baptiste Monat, Khun San, André Rougier, Rosemary Lloyd, Hugh Rayment-Pickard, Sherry Macdonald, Will Stone, Patrick Camiller, Paul Stubbs, Blandine Longre.

And essays about / et des essais sur Arthur Rimbaud, Tristan Corbière, Jacques Derrida.
Images : Romain Verger, Jean-François Mariotti. Design : Sandrine Duvillier.

The Black Herald is edited by Paul Stubbs and Blandine Longre
Comité de Rédaction : Paul Stubbs et Blandine Longre

 

The Black Herald – #1

ICI

10/08/2011

ANNEMARIE SCHWARZENBACH – LA QUÊTE DU REEL (une lecture de Nathalie Riera)

Une lecture de Nathalie Riera

 

 

 

ANNEMARIE SCHWARZENBACH – LA QUÊTE DU REEL

(La Quinzaine Littéraire/Louis Vuitton, 2011)

 

Textes choisis, présentés et traduits par

Dominique Laure Miermont et Nicole Le Bris

Photographies d’Annemarie Schwarzenbach

 

 

 

 

Annemarie Schwarzenbach à Lenzerheide en 1940_photographie Marianne Breslauer.jpg

Annemarie Schwarzenbach à Lenzerheide, en 1940,

photographiée par Marianne Breslauer © 2008 by the Estate of Marianne Breslauer, Zurich

 

 

 

« Son visage était un Donatello, ses cheveux souples et blonds étaient coupés comme ceux d'un garçon; son regard bleu foncé vous examinait avec lenteur; sa bouche était enfantine et douce. » Carson McCullers

« Elle me fit le même effet qu’à tout le monde : cet étrange mélange d’homme et de femme. Pour moi, elle correspondait  à l’image que je me fais de l’ange Gabriel au paradis. (…) Pas du tout comme un être vivant, mais comme une œuvre d’art. »

Marianne Breslauer (Interview, 1998)

 

« Les montagnes  qu’elle regardait étaient la promesse d’autres montagnes. Les fleuves, promesse de la mer. Et la mer, promesse de côtes inconnues. »

Ruth Landshoff-Yorck, 1963

 

 

 

 

 

 

                        « Je vous supplie de ne pas lire émotionnellement les horreurs sur la Pologne, la Finlande, la Tchécoslovaquie, ou tout au moins d’en lire le moins possible. (…) Si nous pensions aux tonnes de souffrances et de gémissements poussés dernièrement en Espagne, en Chine, en Russie, nous ne pourrions même plus manger quoi que ce soit. Or tant que nous sommes encore destinés à vivre, à nous de vivre d’une manière qui soit possible et qui ne nous rende pas fous de notre impuissance ».[1]

 

 

 

De formation universitaire d’historienne, écrivain et journaliste, Annemarie Schwarzenbach (1908-1942) a publié plus de 300 articles dans la presse alémanique, dont le grand quotidien zurichois Neue Zürcher Zeitung, le quotidien bâlois National-Zeitung, ainsi que des reportages photographiques pour la Zürcher Illustrierte, et quelques autres publications dans des revues comme Mass und wert, fondée par Thomas Mann.

Dans « Annemarie Schwarzenbach – La quête du réel », ouvrage anthologique co-édité par « La Quinzaine Littéraire/Louis Vuitton », Dominique Laure Miermont et Nicole Le Bris ont réuni une cinquantaine de reportages inédits, 33 photographies réalisées par Annemarie Schwarzenbach, des extraits de ses romans et des lettres à ses amis Klaus Mann, Ella Maillart, Carson McCullers, le tout relayé par de précieux commentaires, à dessein de nous éclairer sur l’œuvre d’une jeune femme qui défend, qui dénonce, qui éclaire, là où il y a confusion, tromperie, indifférence, fatalisme…, et qui libre de ses décisions écrira : « (…) je crois qu’une décision n’est pas en soi bonne ou mauvaise. Simplement elle est irrévocable ».[2]

 

                               « (…) je suis décidée de suivre cette carrière de voyage, recherche, journalisme, et d’écrivain. En ce moment, il me faut de la nourriture de dehors, il faut que je me détache de moi-même, que je me laisse absorber par notre monde, voir, apprendre, comprendre » (Lettre écrite, en français, à Sils-Baselgia, dimanche de Pâques 1939).[3]

 

Sa vie, aussi courte soit-elle, sera marquée par l’impatience, l’inconstance, et « par le devoir et le besoin d’aller vers des destinations innommées »,[4] et peut-on s’assurer que chacun de ses voyages trouvera sa raison d’être, non pas dans l’agrément, mais dans l’aventure, ce qui chez A.S. signifie : découvrir « les expressions de la vie de l’humanité », aller vers « de nouvelles terres, de nouvelles langues, d’autres peuples, qui n’habitent pas dans des maisons solides, (qui) dorment à côté de leurs chevaux, sous le ciel libre » … « atteindre le cœur du monde ».[5]  En Orient, ce sera alors sa rencontre avec les Bédouins Anezi et l’émir Fawas Chaalan, puis avec les pèlerins persans qu’elle décrit comme « un peuple inquiétant » :

 

                               « Blêmes, sinistres avec leur barbe noire, ils offrent le spectacle d’hommes cherchant à tout prix à nier la réalité et à la fuir. Ils vivent comme enveloppés dans une brume de langueur et d’opium. Ce côté inéluctable de leur destinée et l’absence de joie prônée par leur religion en font nécessairement des hypocrites. Ce que l’on n’a pas perçu à Kadhimiyya, on le capte à Kerbela : la puissance négative de l’esprit qui se ferme.

Cet esprit existe aussi en Europe, mais là-bas, il ne peut que dégénérer constamment et prendre des formes terrifiantes. Ici, en Orient, où il ne représente qu’une possibilité parmi beaucoup d’autres, il donne naissance à un îlot, une ville sainte, et ne franchit pas la ceinture de ses palmeraies ».[6]

 

Par ailleurs, et parmi ses destinations innommées, c’est en terre d’orient que A.S. goûtera à l’incontournable expérience de la « terre nouvelle », expérience sans nom, tout aussi proche de l’expérience de l’amour en tant que source de force et d’action :

 

                               « Comment mes yeux pourraient-ils ne pas s’emplir de larmes devant l’innocence de la terre nouvelle ? – Ceci n’a pas de nom –. Bonheur ? Plénitude ? Vision de la vérité ? Musique des sphères ? Amour au ciel et sur la terre ? Epousailles, jubilation, martyre ? Oh, peur martyrisante ! Mon cœur s’est déchiré, et je ne trouve aucun mot rédempteur. Je ne maîtrise plus la langue. Pitié !

(…) Je commence à comprendre –, oui, l’espace d’un instant, je comprends que ma langue ne doit pas être comprise ! – Je ne veux aucune audience, mes chants doivent se perdre, aucun oracle ne doit me répondre, aucun mystère d’Eleusis ne doit m’être révélé, la fumée de mes sacrifices ne doit pas s’élever. Plus de sacrifices, plus d’autels, plus d’hymnes –, je m’approche du silence de la créature… ».[7]

 

Reconnaissance à la terre, sur laquelle il nous est donné de faire plus « ample usage de la liberté ». « La terre, cette merveilleuse scène animée par un amour unique, indivisible, je la reconnaissais ».[8]

 

Cette terre à laquelle il nous faut reconnaître qu’aimer, « ce n’est pas un esclavage, c’est la noblesse même, l’expression délicieuse de notre désir de toucher le monde, de communiquer, - finalement to melt into another being, into the world’s patnership, to understand, to overcome the limitation of the individual, which again, of course, is the source of strength and of action we need, - et le désir, finalement, de trouver la mort : non pas d’une manière hostile, mais comme la solution très douce, la compréhension universelle, la fin de notre pénible limitation ».[9]

 

 

***

 

Du temps d’A.S. l’Europe et l’Amérique vont mal (le gros « nuage noir » du nazisme). Ainsi suivre une carrière de voyage, c’est autrement répondre à l’urgence de partir pour « désapprendre la peur » :

 

                               « (…) c’était seulement chercher un répit dans des pays où les lois de notre civilisation n’avaient pas encore cours, et où nous espérions faire l’expérience inouïe que ces lois n’étaient pas tragiques, pas indispensables, irrévocables, inévitables ».[10]

 

Désillusion et dégoût, car la guerre en Europe ne sera pas « le point culminant, l’épreuve (…), après quoi la guérison allait commencer et nous aurions à faire face aux grands défis de l’avenir ».[11] Ce ne fut rien de tout cela, mais plutôt : « (…) à cause de la guerre, la planète n’est plus pour nous qu’une carte de géographie stratégique ».[12] Et dès lors que des hommes meurent par milliers, comment prétendre découvrir ailleurs le Paradis ? A.S. se sent, en effet, pour devoir fondamental « de partager de près le destin imposé par la guerre ».

Un séjour de six mois en Afghanistan, A.S. découvre alors un pays « de pauvres paysans et de nomades errants », et « comme partout dans le monde, le pauvre privé de tout droit et exploité par le riche ».[13] Et cette réalité révoltante, que « (…) sur les routes que l’on ouvre au progrès rouleront un jour les chars d’assaut ».[14]

 

Dans ses voyages en Afrique, A.S. poursuit sa quête de ce que la terre peut encore nous insuffler. Car malgré les destructions, les massacres, les calamités en tous genres, rien ne peut « interrompre l’incessante poussée des forces de la vie ».

 

                               « Quand nous nous trouvons détachés du train-train de la vie quotidienne, nous aimons croire que nous sommes en relation avec les esprits d’un autre monde. Nous avons comme le sentiment de ne plus nous appartenir, le sentiment d’une métamorphose ».[15]

 

Ce livre ne peut se refermer sans le sentiment que nous appartenons bel et bien à cette grande toile du monde où se font entendre, toujours plus retentissants, la tyrannie des pouvoirs, les idéologies poussées à leur comble, le nouvel esclavagisme, la modernité toujours plus asservissante, l’inhumanité radicale. Sentiment d’une métamorphose chez Annemarie Schwarzenbach, inéluctablement lorsqu’écrire est de réagir contre la nuit, et contre cette musique du monde devenue un « désert d’ineptes slogans habilement tournés », monde du concept qui n’est plus en rapport avec la réalité, mais se présente comme le grand dissipateur des choses fondamentales, et nous conduit vers toujours plus d’exil.

 

Nathalie Riera, août 2011

Les carnets d'eucharis

 

  

 

 

Annemarie Schwarzenbach avec sa Mercedes Mannheim dans les Pyrénées espagnoles, mai 1933.jpg

Annemarie Schwarzenbach avec sa Mercedes Mannheim, dans les Pyrénées espagnoles, mai 1933

Photographie: Marianne Breslauer, collection Alexis Schwarzenbach, Zurich<br />© 2008 by the Estate of Marianne Breslauer, Zurich



[1] Ella Maillart, lettre en français, Malwa House, Indore, 23.01.40.

[2] A.S. – La quête du réel, p.140.

[3] Ibid., p.224

[4] Ibid., p.39

[5] Ibid., p.148

[6] Ibid., pp.178/179

[7] Ibid., p.220

[8] Ibid., p.221

[9] Ibid., p.285

[10] Ibid., p.235

[11] Ibid., p.255

[12] Ibid., p.289

[13] Ibid., p.230

[14] Ibid., p.231

[15] Ibid., p.293

 

 

 

Le 6 septembre 1942, A.S. fait une chute de vélo, et meurt le 15 novembre 1942 des suites de cet accident, dans sa maison de Sils.

Le Miracle de l’arbre, le dernier roman d’A.S. (1942), vient de paraître en version originale aux éditions Chronos de Zurich.

 

Dominique Laure Miermont, germaniste de formation, a enseigné l'allemand pendant trente ans tout en exerçant une activité de traductrice  littéraire.

Depuis une vingtaine d’années, son travail se concentre sur l’œuvre de Klaus Mann (essais et nouvelles) et sur celle d’Annemarie Schwarzenbach.

Elle a également écrit une biographie parue en 2004 aux éditions Payot sous le titre « Annemarie Schwarzenbach ou le mal d’Europe ». 

En février 2007, elle a fondé à Genève l'association : Les Amis d'Annemarie Schwarzenbach.

 

Nicole Le Bris, traductrice, travaille depuis plusieurs années, en collaboration avec Dominique Laure Miermont, à mieux faire connaître l’œuvre dAnnemarie Schwarzenbach.

 

 

 

ANNEMARIE SCHWARZENBACH.jpg

 

 

 

■ SITES A CONSULTER :

 

Site "Les Amis d'Annemarie Schwarzenbach"

Interview de Sandrine Mariette

Dominique Laure Miermont

Le blog de La Quinzaine Littéraire

 

Conférence

L’idée de liberté chez Annemarie Schwarzenbach par Nicole Le Bris

 

 

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31/07/2011

Les carnets d'eucharis n°29 - juillet&août 2011

Les carnets d’eucharis n°29

Juillet/Août 2011

 

[SOMMAIRE………]

Les carnets d'eucharis n°29_juillet&aout 2011.jpg

Lilya Corneli

Photographe contemporaine

 

Thierry Michau - Eric Perrot

« Mon journal de ton voyage » LA GALERIE LE REALGAR

 

DU CÔTÉ DE…

Jacques EstagerLa nuit, Pierrot et Pierrot

Boris PasternakMa sœur la vie & autres poèmes

 

EDITIONS CHAMP VALLON ETIENNE FAURE Horizon du sol

EDITIONS TARABUSTE CLAUDE MINIERE JE HIEROGLYPHE

 

 

AUPASDULAVOIR

JOS ROY Ilbide

 

■■■Nadja Einzmann

Traduction inédite de Chantal Tanet■■■

 

George Oppen … Henri Cole

 

DES LECTURES

Sylvie Durbec La huppe de Virginia  Une lecture de Nathalie Riera

 

REVUE

DIPTYQUE N°2

 


Au format livre numérique/CALAMEO

Les nouvelles servitudes volontaires


LES NOUVELLES SERVITUDES VOLONTAIRES. Annie Lebrun par Poldoran

28/07/2011

Etienne Faure, Horizon du sol

HORIZON DU SOL

Etienne Faure

 etienne faure.jpg

(EDITIONS CHAMP VALLON, 2011)

UN ARTICLE DE JACQUES JOSSE : remue.net

UN ENTRETIEN AVEC TRISTAN HORDé : Littérature de partout

 

 

 

EXTRAITS

 

 

 

Et le peintre extasié par les labours mauves,

les ocres verts, sur le papier cherchait

le point de fuite, que la vue portât loin,

y marquait d’un mot la couleur projetée

pour le prompt tableau vespéral

ébauché vite entre chien et loup

sur un motif bientôt éteint, presque noir,

qu’il achèverait au clair-obscur enfumé

d’une flamme,

le tableau au grand jour révélant plus tard

une manière ou vision un peu sombre,

et l’éclaircie qui fit sortir le peintre

un beau soir d’amour jaune soufre

- tant il est vrai, dixit le poète, que le crépuscule

excite les fous –

dans l’herbe azurite.

 

soirs de soufre

 

(p. 43)

 

---------------------------

 

 

DANS LE MOTIF

 

Le bruit de l’eau féru en souvenirs

par jour de pluie, temps ligneux,

tisse le paysage égoutté des toits,

de chanvre ou lin, autre plante textile,

en un tableau humide où le veaux

rabougris dans les nues broutent

les prés luisants.

Derrière la vitre où l’eau ruisselle,

les cheminées, trois mâts d’usines

et la voile enfumée d’un navire

rentrent de mémoire à hauteur des pommiers

de la terre neuve au loin représentée

un jour de mer mauvaise à la peinture

quand de plus près à scruter l’horizon

pourtant ne rentre aucun point qui grossisse

en forme de bateau, sauf à midi,

d’abord hésitant, minuscule, puis chalutier entier

surgi du fond de la toile – non

ce n’est pas lui.

 

où l’horizon hésite

                                                                                                                                             (p. 78)

 

 

 

---------------------------

 

Parmi les potirons, citrouilles, autres courges,

les coloquintes avec les fleurs

font en commun l’énigme du jardin,

assujetties à ce même régime

ou privilège

de n’être pas mangeables

- hors l’exception amère du chicotin –

et tirant d’un statut voisin du décor

l’unique raison d’être en ce jardin

où tout est inutile, qui demeure en dehors

du champ d’application de la loi potagère.

 

mœurs potagères

 

(p. 97)

 

 

 

AUTRES SITES A CONSULTER

 

Vive Les Couleurs (Le blog des Ateliers Dominique Hordé)

Terres de femmes (Angèle Paoli)

La Maison des Ecrivains et de la Littérature m-e-l

 

 

 

img022.jpg

 

Editions Champ Vallon 

 

 

27/07/2011

George Oppen

George OPPEN,Poésie complète
éditions Corti, (à paraître le 3 novembre 2011)
Traduit de l'anglais par Yves di Manno 

oppen.jpg

 

Site de l'éditeur

 

 

 

 

SURVIE : INFANTERIE

Et le monde changea.

Il y avait des arbres et des gens,

Des trottoirs et des routes

Il y avait des poissons dans la mer.

D’où venaient tous ces rochers ?

Et l’odeur des explosifs

Le fer planté dans la boue

Nous rampions en tous sens sur le sol sans apercevoir la terre

Nous avions honte de notre vie amputée et de notre misère :

nous voyions bien que tout était mort.

Et les lettres arrivaient. Les gens qui s’adressaient à nous, à travers            

            nos vies

Nous laissaient pantelants. Et en larmes

Dans la boue immuable de ce terrible sol

 

 

-------------------------

 

 

& AUTRE (extrait de NOTES ON PROSODY)

In L’art de la faim, Paul Auster, « Le multiple et le singulier », éd. Actes Sud, « Babel », 1992 (p.207)

 

 


Il est impossible de se tromper sans le savoir, impossible d’ignorer qu’on vient de gâcher quelque chose. Les mots non mérités sont, dans un tel contexte, tout bonnement ridicules…

Telle conscience que l’on peut avoir de l’univers, telle préoccupation de l’existence – nul mot ne les exprimait encore. Et le poème n’est PAS fait de mots, on ne peut pas fabriquer un poème en y accumulant des mots, c’est le poème qui fabrique les mots et contient leur sens… Quand un homme a peur d’un mot, il peut avoir commencé…