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27/08/2012

Cesare Pavese par Philippe Leuckx

Cesare PAVESE

 

 

 

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© Source : INTERNET

 

 

 

LE 27 AOUT 1950, CESARE PAVESE DISPARAISSAIT APRES UNE CARRIERE FULGURANTE

par Philippe Leuckx

Soixante-deux ans. Sans doute l'un des plus doués de la génération italienne qui va de la période fasciste aux lendemains de la libération. Les lettres italiennes des années trente et quarante voient arriver ce prodige, cet hyperdoué, tout à la fois traducteur, professeur de lettres, grand amateur de littérature américaine, antifasciste notoire qui en a payé pour ses convictions (un séjour de confinato en Calabre), poète, romancier, nouvelliste, diariste. Le temps d'une quinzaine d'années, de la parution de LAVORARE STANCA (1936) à son suicide à l'Hôtel Roma de Turin (1950), il produit des dizaines de nouvelles, deux livres de poésie, une bonne dizaine de romans brefs, un journal littéraire (MESTIERE DI VIVERE), édite chez Einaudi, traduit de beaux livres américains, connaît les soubresauts de la guerre et des suites de la libération, l'émergence du communisme italien et les premières inquiétudes de la future société occidentale, industrialisation massive, années aussi où ses tourments personnels, sentimentaux s'aiguisent jusqu'à l'usure.

On s'étonne de voir aujourd'hui le peu d'intérêt pour ce poète immense, pour ce romancier qui a donné sans doute avec LE BEL ETE, LA LUNE ET LES FEUX, LE CAMARADE les plus beaux fleurons romanesques de la période dite néo-réaliste.

Pas de Pléiade! Pas de commémoration en 2008 pour son centenaire de naissance, du moins en France. Pas de Magazine Littéraire personnalisé!

Etrange sinon injuste.

Né à San Stefano Belbo dans les Langhe, très vite orphelin de père, vit à Turin, avec l'intense souvenir de son enfance rurale. Ce thème prégnant - la perte des collines de l'enfance - traverse toute l'oeuvre et offre l'un des mythes fondateurs de l'oeuvre pavésienne.

Mais avec Cesare Pavese, tout est toujours plus complexe voire démultiplié en nuances et en ramifications. Ces aller-retour campagne/ville importants vont déterminer une quantité de regards et d'histoires autour et au pourtour de ces lieux essentiels. Excepté "La prison" qui relate son séjour de résidence forcée par le régime fasciste, toutes ses oeuvres déroulent un fort lien avec la topographie mentionnée. Tantôt, ce sont les cheminements d'amis et/ou d'amies au travers des collines ou au sein de la ville. Ce sont les nouvelles liées au travail en usine (Trilogie des machines), en campagne (Travailler fatigue). Quand on n'évoque pas les collines de la résistance ou les combats d'un communiste, camarade et partisan. Bien sûr, les oeuvres les plus intenses répondent à l'appel d'air des Langhe, des environs, entre vignes et fêtes rurales (La lune et les feux). Le jounal, publication posthume, trace les épreuves et les preuves intellectuelles, littéraires d'un parcours d'une lucidité éblouissante. Le "tu" auquel l'auteur s'adresse est un juge impitoyable de soi-même, qui consigne toute avancée, tout rejet, toute déperdition, sans complaisance. Comme les diverses étapes par lesquelles une conscience littéraire de haut vol est passée.

Il y a quelque chose de sismique, de vibratile chez Pavese, et un ton, insurpassable. Qu'il se mette à la place d'un ouvrier des routes, d'une responsable de maison de mode (Clélia de "Tra donne sole"), d'un fervent politique, ou d'un émigrant, chaque fois le narrateur distille une incomparable vertu aux personnges. Vertu au sens romain. Et le lecteur se sent d'emblée pris par cette manière de rendre compte d'une vie unanimiste.

Et puis, qui a aussi bien parlé des femmes, de la fête, des amitiés?

En février 2013, je serai content de présenter aux "Midis de la poésie" "LAVORARE STANCA", qui est un regard sur son monde. Une lecture du monde par Pavese, dans une manière qui relève aussi bien de l'attention précise que de la tension suspendue.


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