Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/02/2024

Jennifer Grousselas, Il nous fallait un chant

Jennifer GROUSSELAS

IL NOUS FALLAIT UN CHANT

[extraits]

 

312086_2420617762669_456021786_n.jpg

Jennifer Grousselas

 

 

 

■■■

---------------------------

   Extraits 

Le Manteau & la Lyre

Obsidiane, 2024

 

 

La main droite du prince

Notre pilote sans jambes commence à galoper

la grande table tandis qu’il psalmodie syncopes

d’un iambe qui sonne       un temps chaotique

 

Bientôt nous reconnaissons la langue inouïe au rythme mi-clos, la langue cheval échappé qui de nous ne fut jamais comprise, la langue étrange bouleversée qui de nous ne fut jamais apprise

 

La voix lance-pierres entrouverte se ferme à notre intelligence, et la parole imprévisible au sens convulsif aux rênes qui ne se laissent saisir

 

Toute tonnante toute flamboyante la langue dénouée à elle-même rendue qui digère par hoquets mystiques ses anciens iambes

 

Me perce quelque part et fait

Mes paupières boiteuses, mon regard tressaillir

 

[p.33]

-------------------------

 

Jouxtant la mer je sais les montagnes qui se joutent s’ébranlent et qui dansent

 

Sous mes pieds la caresse de la cendre jouxtant les montagnes de sang de la mer à la chevelure hirsute sanglante

 

Et sur mon cœur mort sur le soir perdu sur ma vie qui s’achève, se met à remuer comme l’oiseau-nuit

 

La touffeur me griffant par saccades dans ma gorge la lave mugit révolte sur la vie qui m’achève je sens en moi vengeance monter naissante grandir, tourner gutturale râler-rugir

 

Et la mer sans mesure où je baignerai mon corps nouveau, la mer dans son bain mouvant m’éclaboussant mer d’écume noire au goût de sang, la mer seule m’offre ses signes reculant ses barrières de sel la mer m’appelle

 

Révolte sans mesure la mer m’approuve m’ouvrant pour

 

m’appeler vengeance sans mesure

 

Œuvrer

 

Par le bec de l’oiseau-nuit ses serres, par élan de tire-d’aile, au nom des frères de sacrifices à venir, au nom de la boue sur les yeux fermés par le jour abattu, pour la fin du nom qui fut d’abord mien

 

Par seul amour restant de la mort je ferai œuvre

 

Et dans l’achèvement du temps qui se signe

Nuit de la nuit véritable

après les derniers mots que je saigne les mots

n’auront plus jamais place

 

Fin de l’enfance mauve

bleus sombres sur mon âme et neuve violence

 

[pp.45-46]

-------------------------

 

il-nous-fallait un chant.png

© Obsidiane

CLIQUER ICI

 

 

Les commentaires sont fermés.