Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/10/2010

Workshop "Puisque Beauté il y a" à l'Ecole Régionale des Beaux-Arts de Dunkerque

PRESENTATION 1.jpg

Sylvie Durbec, Peinture c'est silence

 

 

PEINTURE C’EST SILENCE

 

 

peinture c’est silence pas besoin du bruit des lèvres au bord du bol brûlant SUR LE BOL EN PYREX DANS LE REFECTOIRE les lèvres suçotaient les dents en attente de la brûlure du lait chaud  pourquoi associer la blancheur brûlante du lait à la peinture

 

 

dans les tableaux de Soutine la couleur blanche est liée au rouge  exemple cette petite zone laissée en blanc dans le portrait de l’idiot du musée Calvet d’Avignon que le gardien justement aime comme une dent pointée dans une bouche ouverte celle de Lina

 

 

une table ce n’est pas le Mont Blanc mais juchée la religieuse sur veillait les petites en train de boire ou ne pas boire la blancheur brûlante du lait obligatoire pour colorer leur teints d’après guerre et la peinture ne s’étalait ni sur les tables ni sur le carrelage froid

 

 

Soutine se pliait  à trois genres : portrait nature morte et paysage se servant du feu pour oublier le temps passé à apprendre des arbres à Céret Peinture c’est silence se tuait-il à répéter Bach est le seul musicien qui travaille comme un peintre en rythme

 

 

blanc noir noir rouge blanc et ça devient une sorte de duende silence c’est musique avez-vous un enregistrement de couleurs peinture aussi c’est musique et si vous voulez entendre voir petites filles buvant à regret leur bol de lait  alors faites silence

 

© Sylvie Durbec, octobre 2010

l’inauguration du réseau de lecture publique de la Communauté de Communes de la Vallée de la Scarpe

Sans titre 1.jpg

 

Après-midi

Autour de la thématique « Pluri...Elles »

 

14h à 15h30 Table ronde

Auteures invitées : Marie Desplechin,

Merete Pryds Helle* et Nathalie Riera

 

15h45 à 16h30 Mini-concert de Liz Cherhal (dans le cadre de la manifestation « Bibliothèques en fête »)

 

16h30 à 17h Discussion avec la salle

 

09/10/2010

Aurélia Lassaque : une très belle voix en terre de poésie

 

Aurélia LASSAQUE

Poète de langues occitane et française

(Née en 1983)

 

L A   P A U S E   P O E S I E


Portrait HD AURELIA LASSAQUE.jpgAu Festival de Sète, été 2010, Place du Poulpe

© Eric Teissedre

 

 

Née en 1983, Aurélia Lassaque est poète de langues occitane et française. Paraissent en 2006 Cinquena Sason (éd. Letras d’Oc), en 2009 Ombras de Luna – Ombres de Lune (éd. La Margeride, rééd. 2010). A paraître aux éditions Jacques Brémond : Solstici, lo bram de JanusSolstice, le brame de Janus. Ses poèmes sont traduits en catalan, italien, anglais et arabe et paraissent dans diverses revues et anthologies. Elle collabore régulièrement avec des peintres et plasticiens : Robert Lobet (France), Julie Baugnet (Amérique), Adriana Civitarese (Italie). Aurélia Lassaque s’est vu confier en 2010 la direction artistique du Festival des Littératures Minoritaires d’Europe et de la Méditerranée (Italie).

 

 

 Extraits…………………………………………………

Ombras de Luna, Ombres de Lune, Nîmes, Ed. La Margeride, 2009, 2010. 

 

 

 

Lo rei de seda saura

 

Engana l’aucelum e tuteja l’aura.

Quilhat dins l’èrba salvatja

A perdut sos uèlhs

Raubats a la vèsta d’un soldat.

Tres gojats son venguts

Qu’an escampat sas tripas pel sòl

Per i prene qualque dròlla mal pintrada.

 

Privat de son còs de seda saura,

L’espaurugal

Fa de sòmis descabestrats

Que desvarian los aucèls.

 

 

            Le roi de soie blonde

 

Il trompe les oiseaux et il tutoie le vent.

Dressé dans l'herbe sauvage

Il a perdu ses yeux

Volés à la veste d'un soldat.

Trois jeunes hommes sont venus

Qui ont répandu ses tripes sur le sol

Pour y prendre quelque fille mal mise.

 

Privé de son corps de soie blonde,

L’épouvantail

Fait des rêves débridés

Qui égarent les oiseaux.

 

 

Sa pèl escura e cauda

Coma una nuèch d’estiu

S’estira fins a fintar l’alba

Quand son còs de cavala fèra

Tornamai s’alanda

E cava dins la prigondor de sas cambas

Un paradís d’auselaire.

 

 

Sa peau chaude et obscure

Comme une nuit d’été

S’étire et dupe l’aube

Quand son corps de jument sauvage

A nouveau se déploie

Et creuse dans la profondeur de ses jambes

Un paradis d’oiseleur.

 

 

Passava en secret d’oradas dins lo verdièr

Pausant sa lenga contra la saba rossa

Gotejant de las bocas badantas dels arbres.

Aital, un ser d’auratge joven,

La trobèt un gojat vengut de la mar

Que l’emportèt a la cima de son sèxe.

 

 

 

Elle passait en secret de longues heures dans le verger

Posant sa langue contre la sève rousse

S’échappant en gouttes de la bouche béante des arbres.

Ainsi, un soir de jeune orage,

La trouva un jeune homme venu de la mer

Qui l’emporta à la cime de son sexe.

 

 

 

 

Inédits………………………………………………

 

***

Autres poèmes…

 

Un ostal de peira e de cortinas de lin coloradas per la lutz e la posca mescladas.

La mar granda, fins a l’asuèlh, agacha per la fenèstra.

Dins l’ostal, una femna encara vierge ; sos pelses de cendre qu’atissa lo vent de la nauta mar balan amb lo ser.

Sus la taula, son vièlh trocèl ben plegat, atrai son agach quand los aucèls de nuèch se meton a cantar.

 

 

 

Une maison de pierre et des rideaux de lin colorés par la lumière et la poussière mêlées.

L’océan, jusqu’à l’horizon, regarde par la fenêtre.

Dans la maison, une femme encore vierge ; ses cheveux de cendre que taquine le vent de la haute mer dansent avec le soir.

Sur la table, son vieux trousseau bien plié, attire son regard quand les oiseaux de nuit se mettent à chanter.

 

 

 

(Poème paru dans l’anthologie Voix Vives de méditerranée en méditerranée. Anthologie Sète 2010, éditions Encre et Lumière, Cannes et Clairan, 2010).

Angèle Paoli, Carnets de Marche (une lecture de Tristan Hordé)

 

 

 

NOTE DE LECTURE

(Tristan Hordé)

 

Carnets de Marche

ANGÈLE PAOLI

 

 

 

La marche solitaire me semble être une activité complète : elle est un bienfait pour le corps certes, mais elle offre aussi petits et grands bonheurs par les découvertes de la faune et de la flore, on y réinvente à chaque fois les paysages et l'on ne cesse d'y examiner ses jours, ses rêves, ses craintes, d'analyser ce qu'il en est des relations avec ses proches ; on finit par s'arrêter pour lire, regarder le ciel, un arbre, les mouvements des animaux... Dans les Carnets de marche d'Angèle Paoli, tout cela est précieusement noté.

         L'espace et le temps du récit sont apparemment homogènes, il s'agit des sentiers et routes empruntés à partir d'un point fixe, une maison dans un hameau du Cap Corse, pendant plusieurs saisons, et chaque séquence du récit correspond le plus souvent à une marche. Cependant, sont introduits ici et là des souvenirs de la vie passée, et ces évocations d'autres temps et d'autres lieux menacent alors l'équilibre présent : le hameau n'apparaît plus comme un havre mais comme un lieu d'exil. La boucle de la marche ne suffit plus à assurer l'ordre du récit ; il est rétabli par la présence constante d'un élément, le vent qui, outre qu'il s'accorde par son mouvement avec l'agitation intérieure de la narratrice, soude les séquences. On commence : « Tu écoutes la chevauchée du vent dans les chênes » ; avançons : « Des vents à couper le souffle», « Le vent sarcle la montagne jusqu'à l'os » ; lisons la dernière phrase du livre : « Le silence vent du matin qui gifle et qui grince plein fouet ».

         C'est encore le vent qui transporte les odeurs, celle des cochons comme celle des arbres — ainsi l'odeur « de chêne mouillé, mélange subtil de terre, d'eau, de feuilles » —, découvertes au cours de la marche comme mille et une manifestations de la vie dans le maquis et la forêt, les « minuscules enchantements du jour » : chèvres qu'appelle le berger, oiseaux dont on ne connaît la présence que par le cri, lézards vite enfuis, marcassin qui passe rapidement devant vous. La narratrice voudrait tout retenir et emporte d'ailleurs dans son sac ce qui peut l'être, des rondins de bois abandonnés, un nid de mousse, un rameau d'arbouses...

         Il y a très fortement un désir de fusion avec la nature qu'elle arpente ; une des belles séquences des Carnets, par exemple, est consacrée au désir de devenir végétal : « Je suis arbre [...] Mon corps s'enracine [...] Je me coule dans l'arbre, me fonds à son corps de silence et de vent. » On rapprochera ce fantasme d'une disparition heureuse à un autre moment du livre où s'exprime le « désir de retour au ventre des origines » ; pourtant bien que la mère soit présente dans les Carnets, c'est par une relation particulière à la terre que passe ce désir : « c'est par le sexe qu'il t'est donné de le vivre à nouveau. Tu caresses les forages de la roche fissurée, lèvres et ourlets de chair minérale [...] La chair se fend sous l'insistance de tes doigts [etc.] »

         Bonheur, donc, de se retrouver, d'être soi-même dans une nature sensuelle et accueillante ? Ce serait trop vite oublier une partie des Carnets. Parfois, le chemin suivi se perd dans des broussailles impénétrables, le but est impossible à atteindre et il faut revenir en arrière, modifier son itinéraire. L'incident suscite de sombres réflexions chez la narratrice, « le sentier introuvable » devient la « métaphore de sa vie ». Chaque fois qu'elle cesse d'observer ce qui l'éloigne de sa difficulté à vivre, alors « elle oublie qu'elle marche. Peut-être ira-t-elle à oublier qui elle est. » Cet oubli, le lecteur le suit sans peine dans la relation qu'elle fait de cauchemars qui disent la dissolution « dans les interstices du sol »,  la chute dans un trou avec la sensation d'une « béance sans visage ».

         En même temps qu'un bonheur rousseauiste, les Carnets relatent la rupture d'avec une femme aimée, d'autant plus pénible à supporter qu'elle s'effectue progressivement, sans être exprimée. C'est la raréfaction des courriers, leur laconisme qui font comprendre à la narratrice que "tout est fini". Amour perdu qui, à certains moments, désoriente à un tel point que le corps semble ne plus avoir de lieu, et alors « Être ici, cela renvoie à tout ce que tu as perdu ».

         Cette intégration difficile de la perte de l'Autre provoque une quasi impossibilité à prendre en charge le récit. La narratrice, c'est d'abord et dans une grande partie des Carnets, "elle", que l'on ne distingue pas toujours dans certains passages du "elle" désignant la femme aimée. D'un paragraphe à l'autre, ce "elle" narratrice devient un "tu", mais le dédoublement évite encore le "je", qui obligerait peut-être à répondre à la question « Qui fuit-elle ? » Cet emploi complexe des pronoms est explicité : « Cette distanciation [par le "elle"], toujours, qui l'empêche d'assumer son "moi". Elle, elle hésite. Le "je" qui se met sans cesse en avant, ça la contrarie. Elle le trouve trop exclusif, trop égocentré. Elle lui préfèrerait le "tu", qui ouvre le dialogue avec cette autre part d'elle-même, instaure le va-et-vient entre une forme de regard et une autre, un angle de vue et un autre. »

         Le "je" n'est pas absent, mais Angèle Paoli use soit des ressources de la ponctuation pour signifier la distance dans l'écriture (c'est alors "je," ou "mon,"), soit supprime toute démarcation entre les éléments du discours, ce qui donne l'impression d'un flux de pensées qui n'auraient pas besoin d'être hiérarchisées. On pourrait dire qu'alors cette absence de distance marque la fin du deuil de l'Autre — le "elle" ambigu n'est plus nécessaire —, la possibilité par la narratrice d'être ce qu'elle est, sans (se) dissimuler. Ce n'est pas le moindre intérêt de ces Carnets de marche. 

 

 

                                                                                              © Tristan Hordé, octobre 2010

 

 

Editions du Petit Pois, Béziers, 2010

 


EDITIONS DU PETIT POIS

LIEN : http://cordesse.typepad.com/leseditionsdupetitpois/auteurs/


        

Sans titre 1.jpg



+ d’infos

 

Terres de Femmes

08/10/2010

« Salah Stétié en un lieu de brûlure »

Salah Stétié

(Article de Nathalie Riera)

 

 

***

 

 

Une lampe sous l’orage

 

 

« Dans une époque où le nom même de l’Etre, celui du sens et de l’essence sont devenus objets de répulsion, de dérision et finalement d’une étrange amnésie, Salah Stétié ose dire que seule une poésie prenant appui sur les grandes interrogations fondamentales est susceptible d’éclairer la condition des hommes et de nous prémunir contre ces maladies mortelles que sont les certitudes sans horizon, les cynismes affamés, les divertissements de littérateurs enfilant des perles d’insignifiance, ou l’abandon blasé à l’esclavage de l’immédiat. » [1]

En un lieu de brûlure, (éditions Robert Laffont, oct. 2009) est l’occasion de consacrer ces quelques lignes à une personnalité intellectuelle aussi éminente et lumineuse que Salah Stétié, poète libanais de tradition culturelle sunnite, né à Beyrouth le 28 décembre 1929.

Pour celui qui avoue son arabité lui être corps et cœur, et militer activement pour une Méditerranée « frémissante de grands mythes », la langue française le fascine autant pour sa vertu de transparence, que la foi du poète est conscience en la lumière de la langue, à ses « chevaux tremblants ». Lumière de  l’affranchissement.

Si Salah Stétié n’hésite pas à se positionner comme « double exilé », « invité de la langue française », son engouement est de mettre en exergue sa grande amitié pour la poésie et ses poètes européens que sont Pierre-Jean Jouve, René Char, Henri Michaux, André Pieyre de Mandiargues, Yves Bonnefoy, Cioran… et son si cher Georges Shehadé, sans oublier sa grande affection pour Gerard de Nerval.

Deux figures majeures marqueront la vie intellectuelle du poète : Gabriel Bounoure (lors de leur rencontre à l’Ecole Supérieure des Lettres de Beyrouth, en 1947), puis Louis Massignon (au Collège de France). De l’un comme de l’autre, il recevra une véritable initiation à la littérature européenne. « L’eau froide gardée » est le premier recueil publié en 1973, que Pierre Brunel [2] considère d’aussi grande facture que le recueil d’Yves Bonnefoy « Du mouvement et de l’immobilité de Douve ». A l’occasion des 80 ans du poète, il convient de dire que Salah Stétié a construit une œuvre de poésie et de prose des plus cohérentes et des plus généreuses. Aucune place à l’enflure, à la gloriole, au lyrisme ravi, à l’intellectualisme maniéré, mais place à la finesse et la fraîcheur, à la beauté convulsive et à la tension de la célébration. Salah Stétié déplore cette guerre de l’homme contre l’Etre, c’est-à-dire contre ce qui détourne l’humain de la vérité tragique. Et face à la dévastation, qui nous fait rompre avec notre ouverture à l’Etre, il convient de demeurer dans la vigilance et la résistance contre le formalisme, l’anecdotique, la pensée en régression,  la métaphysique de pacotille, et contre tout ce qui participe insidieusement à l’extension du désastre.

 

Lampe infléchie parmi les écritures

A cause du renversement nocturne

De branche verte – et ses roses séchées.

Rocaille haute que torture une pensée

Fermée sur la poésie de mille olives

Feintes par l’arbre en attente de blessure

- Selon l’antique prophétie éblouissant

Les chèvres de subtilité du sel

 

XXXIII, L’être poupée

 

Dans Les parasites de l’improbable, qui regroupe des textes inédits, [3] Salah Stétié se demande si notre modernité est réellement excessive, et de quelle nature est son rapport au désir. À cette « modernité ravagée de tics », la réponse ne s’attarde pas : « Excessive, notre modernité ? Elle n’aurait été, aux yeux ravagés de Nietzsche, l’eût-il connue, qu’une serre à cultiver des fleurs mineures, provocatrices d’un style de scandale somme toute acceptable et intégrable. »  Et ce qu’il faut entendre par « désir », précise t-il, ce n’est certainement pas «ce désir affecté et tout compte fait limité et médiocre, épuisé, essoufflé, dont nous rabattent les oreilles tant de petits romans excités de notre modernité pauvrement désirante et souffreteusement érotique, bien éloignée, en tout état de cause, de la tentation panique et de l’intensité imaginative, seuls moteurs de la vie en sa haute projection poétique. » Lieu de l’urgence sont l’amour et le désir, nous dit le poète, et il n’est pas déplacé d’affirmer que c’est à Jouve que la poésie de Stétié doit non pas sa sensualité, mais plutôt « une légitimation advenue et une confirmation du fait que la voie du poétique devait tenir compte de tous les mouvements profonds de la chair, des pulsions les plus noires, ainsi que de la splendeur avouée du corps, du « vrai corps » adorable et périssable. » [4]

L’éminence de Salah Stétié ne tient pas seulement de ses innombrables lectures, de sa passion ou son obsession à la parole poétique, elle tient avant toute chose de son goût et son respect pour l’absolu. Ainsi cette humble résolution à dire le peu, cette offrande d’un chant sans artifice, cette connaissance par les gouffres pour s’opposer à tous les faux jardins de la consolation. Ainsi ce silence dont on ne cesse d’accueillir les mots, fruit d’or de la parole. Car en poésie, il est ni question de parler ni question de se taire, pas plus que de répondre, nous dit Stétié, mais questionner sans fin. La question n’est- elle pas déjà un savoir.  

En un lieu de brûlure nous offre un poète homme de deux rivages, qui ne se révèle pas seulement lecteur attentif des plus importants poètes des temps classique ou contemporain de sa génération. Une sorte de providence lui aura surtout offert complicité et proximité avec la poésie des hommes, dont celle de Mandiargues, Jouve, Cioran, et tant d’autres alliés, aussi farouches furent-ils, quand l’art et la poésie ne sont plus affirmation et beauté de l’existence, mais ne servent qu’à de bien sombres perditions au compte de ceux qui ne savent trouver jouissance que dans les scories du scandale. Ainsi, comment ne pas approuver Cioran, cité par Stétié, dans sa manière de définir les poètes, et sans que cela ne mette en doute son profond attachement à la poésie :

«  Je viens de parcourir un livre de X, avec la plus grande répulsion. Je ne peux plus supporter l’inflation poétique. Chaque phrase se veut une quintessence de poésie. Cela fait artificiel, cela n’exprime rien. On pense tout le temps à l’inanité des mots recherchés. – Depuis longtemps déjà, j’abhorre tous les « styles » ; mais celui qui me semble de loin le pire, c’est celui des poètes qui n’oublient jamais qu’ils le sont. » [5]

Nathalie Riera, 2010


[1] « Salah Stétié » par Marc-Henri Arfeux, éditions Seghers, 2004 – (p.13)

 

[2] « Salah Stétié sur sa rive» par Pierre Brunel (en guise de préface), in « Salah Stétié en un lieu de brûlure », Editions Robert Laffont, 2009

 

[3] « Les parasites de l’improbable » par Salah Stétié, in « Salah Stétié en un lieu de brûlure », Editions Robert Laffont, 2009 – (p. 884)

 

[4] Ibid., - (p. 927)

 

[5] Ibid., - (p. 971)

 


 

En un lieu de brûlure, éditions Robert Laffont, 2009

Ce volume contient :

Salah Stétié sur sa rive, par Pierre Brunel

Vie d’un homme (avec post-scriptum), par Salah Stétié

POÉSIES : L’EAU FROIDE GARDÉE, FRAGMENTS : POÈME, INVERSION DE L’ARBRE ET DU SILENCE, L’ÊTRE POUPÉE suivi de COLOMBE AQUILINE,  L’AUTRE CÔTÉ BRÛLÉ DU TRÈS PUR

ESSAIS : LES PORTEURS DE FEU ET AUTRES ESSAIS, UR EN POÉSIE, ARTHUR RIMBAUD, MALLARMÉ SAUF AZUR, LE VIN MYSTIQUE

PASSERELLES : CARNETS DU MÉDITANT, LE VOYAGE D’ALEP, LECTURE D’UNE FEMME

LES PARASITES DE L’IMPROBABLE

Notes -  Bibliographie

 

Les derniers ouvrages publiés de Salah Stétié :

"Mystère et mélancolie de la poupée" , Fata Morgana, mai 2008

« Culture et violence en Méditerranée », Imprimerie Nationale Editions, mai 2008

« Louis Massignon Gabriel Bounoure », Fata Morgana, mars 2008

 


Bernard Plossu

à la galerie LA NON MAISON

 

  

BERNARD PLOSSU expose quelques images sélectionnées par Alain Bergala commissaire de l’exposition Brune/ Blonde, à la cinémathèque française, du 6 octobre 2010 au 16 janvier 2011 – 51, rue de Bercy Paris 12ème

 

Espagne1987.jpg

 

Espagne 1987
Courtoisie LA NON MAISON

 

 

Contact : Michèle Cohen – Directrice de la galerie LA NON MAISON

22, rue Pavillon 13100 Aix en Provence

Tél. 06 24 03 39 31

m.cohen@lanonmaison.com - www.lanonmaison.com

 

Rencontre avec Claude Garache

Musée Granet

Claude_Garache_Ferretine_1996.jpg

"Ferretine", peinture de Claude Garache, 1998.

 

Galerie Alain Paire 

Trans-Mission

trans-mission Recto.jpg

trans mission.jpg

 

Pascal Boulanger, Un ciel ouvert en toute saison

le corridor bleu vous propose en souscription

 

 

Pascal Boulanger

 

Un ciel ouvert en toute saison

 

 

Ceux qui ont aimé les précédents livres de Pascal Boulanger seront surpris par le changement de ton et le régime très différent de l’écriture de Un ciel ouvert en toute saison. En effet, ce texte s’adresse à ses deux filles adolescentes, et le ton est celui d’un legs difficile à transmettre, celui d’un ciel désencombré des sirènes fallacieuses qui les menacent. La prose se fait ici prudente, se sachant épiée par des êtres encore fragiles face à l’inconnu et à l’incertitude quant à l’avenir. La beauté de ce texte vient de la fragilité de sa communication avec cette jeunesse plongée dans un monde où tout va à vau-l’eau et où tout sentiment est suspecté d’irrationalité:

L’amour que j’ai pour vous, je voudrais qu’il ne soit pas simplement un sentiment, mais aussi une puissance capable de triompher de la peur.

Admirable et émouvante prière d’un père et d’un poète qui se fait proche de sa propre jeunesse héritière du pire, mais aussi de Rimbaud qui lui apprit à saluer la beauté, en dépit de ce qui enlaidit, massacre et humilie l’élan de nos facultés. Quelle belle injonction au dégagement rêvé prôné par le poète de Charleville dans Génie, que cet incipit de Un ciel ouvert en toute saison:

Quand vous serez tout simplement là, lancées dans notre monde, dressées sur notre planète rocheuse ; prenez soin de vos âmes, suivez le meilleur du présent, oubliez le temps sur le fil au-dessus du néant.

À la lecture de ce livre, le lecteur ne pourra que souhaiter que ce vœu soit entendu et exaucé: puisque vous êtes merveilles – éternellement – dans la prolifération inattendue du simple.

Un texte simple en profondeur, comme un bel horizon.

 

Gilbert Bourson

 

 

Date de parution : Décembre 2010. ï 56 p. ï 10 € ï Port offert.

Règlement par chèque à l’ordre du corridor bleu 185, rue Gaulthier de Rumilly 80000 Amiens.

 

 

 

nom

prénom

adresse

 

nombre d’exemplaires                                           signature

 

www.lecorridorbleu.fr

 

L’auteur

 

Pascal Boulanger, né en 1957, vit et travaille à Montreuil. Parallèlement à son travail d’écriture, il cherche depuis une vingtaine d’années, à interroger autrement et à resituer historiquement le champ poétique contemporain qui, pour lui, passe par la prose. Marqué par la poésie rimbaldienne et le verset claudélien, il a donné de nombreuses rubriques à des revues telles que Action poétique, Artpress, Le cahier critique de poésie, Europe, Formes poétiques contemporaines et La Polygraphe. Il a été responsable de la collection Le corps certain aux éditions Comp’Act. Il participe à des lectures, des débats et des conférences en France et à l’étranger et il a mené des ateliers d’écriture dans un lycée de Créteil en 2003 et 2004.

Il a publié des poèmes dans les revues : Action poétique, Le Nouveau Recueil, Petite, Po&sie, Rehauts…

Parmi les études qui lui ont été consacrées, signalons celles de Gérard Noiret dans des numéros de La Quinzaine Littéraire, de Claude Adelen dans Action poétique, d’Emmanuel Laugier dans Le Matricule des anges, de Bruno Cany dans La Polygraphe, de Serge Martin dans Europe et une analyse formelle de Jean-François Puff (sur le recueil : Tacite) dans Formes poétiques contemporaines.

 

 

Bibliographie de Pascal Boulanger

 

 


Poésie

Septembre déjà, Europe-poésie, 1991.

Martingale, Flammarion, 1995.

Le bel aujourd’hui, Tarabuste, 1999. 

Tacite, Flammarion, 2001.

L’Émotion L’Émeute, Tarabuste, 2002. 

Jongleur, Comp’Act, 2005.

Jamais ne dors, Le corridor bleu, 2009. 

Cherchant ce que je sais déjà, L’Amandier, 2009.

L’échappée belle, Wigwam, 2009.

 

Prose

Une “Action Poétique” de 1950 à aujourd’hui, Flammarion, 1998.

Le corps certain, Comp’Act, 2001.

Les horribles travailleurs, in Suspendu au récit…, Comp’Act, 2006.

Fusées & Paperoles, L’Act Mem, 2008.

 

 

 

 

05/10/2010

Claude Darras, Lectures critiques

LECTURES CRITIQUES_Claude Darras_octobre 2010.jpg

Le regard et les couleurs des peintres :
entre art et science

 

 

Manlio Brusatin mériterait de se réserver, tel Velasquez dans « Las Meninas », un coin du tableau de sa fresque encyclopédique, pinceau et crayon à la main, au titre des études fondamentales qu’il a publiées. On peut le lire dans la marge de ses deux monumentales histoires, celle des couleurs et celle de la ligne : la vaste érudition de l’architecte et historien italien intimide.

Raconter la couleur en quelque cent cinquante pages paraissait insensé il y a un quart de siècle (l’ouvrage a été publié pour la première fois à Turin en 1983), tant le sujet marcotte en une infinité de domaines tels l’art et la science, l’histoire et la chimie, la psychologie et la physique, la littérature et l’industrie. L’« Histoire des couleurs » prend désormais sa place entre le « Traité d’optique » d’Isaac Newton (qui affirma l’existence de sept couleurs correspondant à différentes longueurs d’onde) et le « Traité des couleurs » de Wolfgang Goethe (qui ouvrit la voie à une approche scientifique de la couleur). Au-delà des expériences chromatiques d’Eugène Chevreul (qui détailla 14 400 tonalités chromatiques) et du « clavier à lumière » d’Alexandre Scriabine (où le rouge consonne avec le do, le violet avec le ré bémol et le do dièse, le jaune avec le ré, etc.), le livre nous apprend, entre autres anecdotes, que le corpus des couleurs des tribus maori distingue une centaine de rouges et que les Esquimaux recensent sept types de blanc quand nos contemporains des villes européennes perçoivent une centaine de gris dans leur environnement quotidien !

L’« Histoire de la ligne » manifeste la même complétude et une rigueur jumelle. Fondement des « arts du dessin » que sont la peinture, la sculpture et l’architecture, « la ligne manifeste une vision de l’espace et du monde », selon l’auteur qui bâtit sa réflexion sur ce postulat au grand bénéfice du lecteur admis à pénétrer les arcanes historique, esthétique, scientifique, sociologique et littéraire du trait continu qu’est la ligne.

 

-          « Histoire des couleurs », « Histoire de la ligne », par Manlio Brusatin (Collection Champs, éditions Flammarion, n° 626, 192 pages, 2009, 8 €, n° 535, 242 pages, 2006, 12 €).

-          « Voir la musique », revue Terrain, n° 53 (éditée par la Maison des sciences de l’homme et le ministère de la Culture et de la communication, 176 pages, septembre 2009, 16 €).

 

 

 

GA105099.jpg

Philippe Lanthony, « Des yeux pour peindre ». Préface d’Yves Pouliquen, de l’Académie française, édition de la Réunion des musées nationaux,2006

 

 

 

 

 

 

 

LECTURES CRITIQUES

Claude Darras

Téléchargement de l'ensemble des lectures

ICI

 

 

 

 


LIEN : LECTURES CRITIQUES_Claude Darras_octobre 2010.pdf

 

 

 

04/10/2010

William Carlos Williams

WCW_par G. Paul Bishop, Jr.JPG

Photo : G. Paul Bishop, Jr

« FEMME QUI MARCHE » 


 

Un nuage oblique de fumée pourpre

couvre la silhouette laiteuse

de façades et d’arbres minuscules –  

un petit village –  

qui s’achève en une lame dentée

d’arbres recouverts de brume

sur une feuille de ciel gris.

 

A droite, faisant saillie,

un angle de toit écarlate.

A gauche, une moitié d’arbre :

 

- quelle bénédiction que

de te revoir dans la rue,

femme puissante

qui avance avec les hanches ondulantes,

les seins pointés,

les épaules souples, les bras pleins

et les mains fortes et douces (je les ai senties)

en portant le lourd panier.

 

J’aimerais te voir plus souvent !

Et pour une autre raison

que les œufs frais

que tu nous apportes régulièrement.

 

Oui, toi, aussi jeune que moi,

aux sourcils anguleux,

aux doux yeux gris et à la bouche avenante ;

toi qui marches vers moi

en descendant de cette morte colline !

J’aimerais bien te voir plus souvent.

 

 

William Carlos Williams, « Al que quiere ! », Librairie La Nerthe, 2007, (pp. 20/21)

Marcelle Auclair, « La vie de Sainte Thérèse d’Avila/La Dame errante de Dieu »

 

sainte thérèse d'avila.jpg

© Huile sur toile : Sainte Thérèse d’Avila


 

 

On admirait que la religieuse de vingt-six ans ait gardé le charme de la jolie fille que le monde avait tant fêtée, et qu’elle ait, en plus « quelque chose de substantiel », acquis au cours des années d’isolement dû à sa maladie, fruit de ses copieuses lectures, de ses méditations et de ses épreuves. Sa solidité de jugement, son ouverture d’esprit, captivaient d’autant plus qu’en un temps où tant de belles dames se piquaient de grec et de latin, elle s’excusait en riant de n’être point savante. Ce don d’attirer et de retenir la suivit toute sa vie ; le licencié Don Antonio Aguiar qui la connut tardivement, à Burgos, dit qu’il passait auprès d’elle « toutes les heures du jour sans s’en apercevoir, et celles de la nuit dans l’espoir de la voir le lendemain ; car sa façon de parler était fort gracieuse – et le mot gracioso en espagnol ajoute une pointe de drôlerie à la grâce, - sa conversation  à la fois très douce et très grave, simple, sensée, et comme émanant de son cœur : tant elle brûlait de l’amour de Dieu ! Il rayonnait de ses paroles un feu si doux qu’il faisait fondre sans les brûler les cœurs de ceux qui l’approchaient ; car parmi ses dons, elle avait gratia sermonis et entraînait à sa suite, où elle le voulait, pour ce qu’elle voulait, ceux qui l’entendaient… On eût dit qu’elle tenait en main le timon qui retourne les cœurs… ». C’est ainsi que déjà à l’Incarnation rayonnait celle que ce même Aguiar appellera « l’aimant du monde ».

 

Marcelle Auclair, « La vie de Sainte Thérèse d’Avila/La Dame errante de Dieu », éd. Du Seuil, 1950, (p. 79)

03/10/2010

Yves Bonnefoy, "Deux Scènes"

yves_bonnefoy.jpg

Yves Bonnefoy © Source visuelle : Maldoror


 

 

 

 

Et un autre fait, et une autre chance (…) ce fut l’absence, dans l’éducation que j’ai reçue, des enseignements religieux, des œuvres d’art et des leçons de morale. Personne ne fut là pour tenter de faire de moi un catholique ou un protestant, ou même un athée, personne pour m’inciter à admirer Michel-Ange ou Shakespeare ou Beethoven ou Pascal, personne même, au-dehors des manuels d’histoire, pour me proposer des exemples de vie en société. Je n’ai eu à subir, en tous cas de plein fouet, l’autorité redoutable d’aucun de ces prêches qui réduisent ce qui ici ou là fut poésie en Europe à leurs lectures qui ne sont qu’orthodoxies de pensée, formes à nouveau d’aliénation conceptuelle. Or, quand on ne reçoit pas d’héritage on peut plus aisément s’imaginer le responsable de l’humain à son plus simple, comme veut l’être la poésie.

 

Yves Bonnefoy, « Deux Scènes et notes conjointes », éd. Galilée, 2009, (pp. 59/60)

D.H. Lawrence, "Croquis Etrusques"

HD Lawrence by nickolas muray_National Portrait Gallery London.jpg

D.H. Lawrence © Photo : Nickolas Muray, National Portrait Gallery, Londres


J’aime à me rappeler les petits temples en bois des premiers Grecs et des Etrusques : humbles, délicats, fragiles, évanescents comme des fleurs. Nous sommes parvenus à un stade où nous sommes las des massives érections en pierre, et nous commençons à comprendre qu’il vaut mieux conserver à la vie son caractère fluide et changeant plutôt que de tenter de l’enserrer dans de pompeux monuments. Ces pesantes érections de l’homme sont les fardeaux qui écrasent la planète.

Les Etrusques construisaient de petits temples tout en bois, semblables à de menues maisons au toit pointu. Mais à l’extérieur, c’était des frises, des corniches et des crêtes réalisées de telle façon que la partie supérieure du temple semblait n’être qu’un assemblage parfait de plaques en terre cuite bruissantes de la vie de silhouettes en relief peintes et modelées avec la plus grande liberté, créatures joyeuses en train de danser, alignements de canards, figures rondes comme le soleil, visages souriant largement en tirant une grosse langue, tout cela vif et frais et nullement imposant. Et tout cela de proportions fines et délicates, rafraîchissant, et disons-le charmant plutôt qu’impressionnant. Comme si l’instinct étrusque avait eu le réel désir de préserver l’humour naturel de la vie. Voilà une tâche assurément plus méritoire, voire bien plus difficile à long terme, que celle visant à conquérir le monde, à sacrifier l’identité du moi et à sauver l’âme immortelle.

Pourquoi l’humanité a-t-elle toujours éprouvé le besoin irrésistible d’être dominée ! Pourquoi cette soif d’imposer des croyances, d’imposer des hauts faits, d’imposer des édifices, d’imposer une langue, d’imposer des œuvres d’art ? On finit par étouffer sous l’imposition… Donnez-nous du vivant et du souple, des choses qui ne dureront pas trop longtemps au risque d’obstruer et de lasser… Michel-ange lui-même finit par devenir pesant, écrasant, ennuyeux… Il est si difficile de voir au-delà de lui.

 

D.H. Lawrence, « Croquis Etrusques », éd. Le Bruit du temps, 2010, (pp. 63/64 in « Tarquinia »)

27/09/2010

Temps mort, Paul de Brancion

 

NOTE DE LECTURE

(Pascal Boulanger)

 

TEMPS MORT
Paul de Brancion

Editions Lanskine, 2010

 

 

 

Temps mort doit se lire comme une approche de notre actualité la plus symptomatique, comme une traversée du nihilisme. Plié de ressentiment sous un monde en lambeaux, le dernier homme se précipite dans la dévastation sans l’attente d’autre chose, surtout pas d’un salut et dans l’hallucination froide et méthodique.

Paul de Brancion, depuis Tu-rare, trace la figure moderne de la mort et de l’apocalypse, en traits noirs et sans complaisance. Le mal exerce sa magie quotidienne, l’impatience de la technique et la corruption en marche oblitèrent le sensible. Pour Claudel, le pire n’est jamais sûr… Le pire est déjà arrivé pour Brancion.

 

Il a les pieds sur la table, un slip noir.

Il porte le deuil de ce jour.

La lune n’est pas encore levée,

Aucune lumière ne semble devoir surgir d’un tel entrelacs

De situations, de peines, de fautes, de cocasseries.

 

 

Temps mort / temps vivant : deux photos de Joseph Barrak représentant un bédouin portant un enfant mort tracent un écart de moins en moins perceptible entre ce qui se déploie et ce qui s’obscurcit.

 

 

© Pascal Boulanger, septembre 2010 (Les Carnets d’eucharis)

 

 

TEMPS MORT.jpg

24/09/2010

Bulletin des Carnets d'eucharis n°24 - Sept&Oct 2010

 Couv'eucharis n°24_sept&oct 2010.jpg

© Martial Raysse

 

 

 

EDITO

 

Ce 24ème bulletin des Carnets d’Eucharis ne peut s’éclore sans adresser ma plus vive et chaleureuse reconnaissance à tous ceux et celles qui m’auront offert don et soutien à la suite de la crue torrentielle dont j’ai été victime avec ma famille dans la nuit du 15 juin, dans la commune varoise de Roquebrune-sur-Argens.

Vous avez été nombreux à réagir, et dans un moment aussi éprouvant, pour ne pas dire déprimant, j’ai été consolée de tant d’égards, que je peux dire quelle grande et belle consolation contre le tableau noir d’un bien triste et amer constat matériel.

Grâce à vous, l’atelier des Carnets d’Eucharis et sa revue numérique reprend peu à peu forme, du moins grâce au rachat de livres, après la perte de quelques 150O ouvrages, tous engloutis sous 2 mètres d’eau limoneuse.

 

Je tiens à remercier en particulier André Chenet (du site Poésie Danger et sa revue La voix des autres), qui, à peine a-t-il été informé de ma situation, a aussitôt dépêché un très bel article sur internet. Article diffusé le lendemain du drame et qui a été très vite relayé par plusieurs autres sites.

 

Mes remerciements donc à vous tous, sans exception, pour votre contribution à cette chaîne où l’homme se fait action dans une générosité sans fioriture.

 

Avec vous, pour ce 24ème numéro, dans la joie de reprendre et de poursuivre ces carnets, par-delà les contretemps et les aléas de l’existence.

 

Nathalie Riera

Septembre 2010

 

 

LES CARNETS D’EUCHARIS  N°24

  CALAMEO N°24.jpg

 CALAMEO  http://fr.calameo.com/read/000037071f368044c8104

 

   logo pdf.jpg

TELECHARGEMENT PDF http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com/media/00/01/3528255502.pdf

 

 

 

OU CLIQUER ICI

http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com/archive/2010/09/24/bulletin-des-carnets-d-eucharis-n-24-sept-oct-2010.html  

17/09/2010

Artpointfrance (lettre d'informations, septembre 2010)

 

"Correspondances"

Serge Crampon

dessins, peintures, volumes

Philippe Roy

écritures

exposition les 18 - 19 - 25 - 26 septembre 2010 - de 15h à 20h.

La Chardière St Jean, Chantonnay



Sans titre 1.jpg

 

information  diffusée par A rt Point France communication

Regards sur "Puisque Beauté il y a" de Nathalie Riera, éditions Lanskine, 2010

 

Chère Nathalie, J’ai eu le temps de le lire une première fois, suffisamment pour apprécier votre « position » dans ce grand champ poétique éclaté d’aujourd’hui dans lequel il est si difficile pour le public de se repérer. J’aime alors que le titre de votre travail annonce clairement les choses. Ce titre qui pour moi consonne avec celui d’un autre livre de J.P. Michel, qui m’a tant impressionné il y a une petite quinzaine d’années lorsque je l’ai lu pour la première fois, Le plus réel est ce hasard, et ce feu. Du feu vous n’en manquez pas qui se traduit par une perception aigüe de la présence du vif en chaque chose, couleurs, bruissements, ondulations, griffures, même dans l’apparent inanimé qui nous entoure. Que vous tentez de traduire, malgré certaines prescriptions ridicules dont on ne dira jamais assez le mal qu’elles firent à la poésie par leur caractère envahissant, en images parfois surprenantes. Vous optez pour une poésie de l’ouvert, de l’accueil et de la transfiguration. Largement fondée sur une relation intime à cette nature qui semble vous entretenir en permanence et constituer la nécessaire médiatrice de votre conscience d’être au monde.

Des beautés, on en trouve dans votre livre. Dont la moindre n’est certes pas le court poème final. Qui est une réussite. Dans son heureuse et suggestive discrétion. Plus évocatrice finalement qu’une accumulation de métaphores. Vous êtes à n’en pas douter une véritable nature de poète. Consciente aussi de cette part de langue dont tout le réel auquel nous appartenons est tissé. D’où découle chez vous cette réflexion sur la raison du poème. Qui n’est pas simplement celle du vient d’où mais du « fait quoi ?», « va où ? ». La réponse chez vous en est simple. C’est de s’opposer à tout amoindrissement d’être. Par un travail dans lequel se reconnaît cette volonté de retrouver et de renouveler la très ancienne et profonde émotion que procure le fait de voir, se voir, à travers l’épaisseur transparente à certains moments du langage. Par cette grâce que vous avez de ne pas avoir perdu l’art de faire remuer sans les salir vos lèvres. Georges Guillain

 

***

 

A première lecture, généralement la meilleure puisqu'intuitive et dépourvue de préjugés, je ne peux qu'être troublé par la subtile et sensitive "magnificence" de ta poésie par laquelle se trouve régénérée la beauté naturelle du monde, sans avoir besoin des fabrications factices dont sont coutumiers, dans leurs productions à la chaîne, les poètes qui font des mots leur profession, leur état. Tu trouves tes mots en respirant, en aimant, sans forcer la mesure, la survenue rythmique du poème. Le reste n'est qu'une question de mise en forme, de retouches, de corrections.

La voix qui est tienne s'affirme de plus en plus en se détachant des carcans et des clichés de la modernité, pour laisser place au sens à fleur de peau, aux frissonnements du temps. Il faut beaucoup de silences pour dire cette beauté profonde.

Le corps se fait creuset, l'esprit se fait souffle vivifiant le monde. Je te remercie pour ce souffle bienfaisant. André Chenet, mars 2010

 

 

Je viens juste de recevoir ton recueil "Puisque beauté il y a". Un des plus fins qu'il m'ait été donné de lire depuis bien longtemps (la poésie forcée m'ennuie). Je n'ai fait pourtant que le parcourir de long en large, au hasard d'une lecture discontinue, à grands coups de faisceaux d'yeux. Je le préfère même à ClairVision : tu as décanté, avec une très vive sensitivité, le trop plein de cérébralité inhérent à toute écriture éprise de recherche et de nouveauté. Il me semble, mais nous en reparlerons, que tu ouvres une voie d'émerveillement et de candeur (Baudelaire, quant à lui, parlait d'impeccable naïveté) susceptible d'apporter ce supplément d'âme que nous dispense la nature terrestre lorsque l'on s’abandonne à elle.  Chacun des poèmes de ton recueil indiquent ces lieux essentiels où la poésie redevient éclairante en nous délivrant des surcharges "culturelles" et "cultuelles". Pas de fioritures stylistiques, un dépouillement salutaire et parfaitement réfléchi, très loin du hachis-menu d'une soi-disant poésie d'élite desséchante. L'introduction de Pascal Boulanger est d'une justesse remarquable.

Avec toute ma reconnaissance

André Chenet, septembre 2010

http://poesiedanger.blogspot.com/

 

***

 

L'énergie de la rentrée vaut bien celle du désespoir (Deguy) : on continue la poétique par tous les moyens ! Aussi c'est avec un vibrant petit éloge de la paternité (dans tous ses états) qu'avec Bertrand Leclair on la saluera.

Le rouge Renaissance de la revue il particolare 23 & 24 portera haut sa couleur avec un nouveau dossier Prigent et 256 pages de provisions pour la route, de quoi apporter réponses à la question de la revue Littérature : Effacement de la poésie ? portée par Christian Doumet et ses amis.

Trois titres des éditions Lanskine les appuieront…

 

Les éditions Lanskine

(Nantes) m’offrent comme une manière de répons à l’antienne de Littérature avec ces trois titres assemblés : après Temps mort, Je ne suis plus l’absente, Puisque Beauté il y a.

Ces trois recueils, très élégamment présentés (on notera in fine la mention Enrichissement typographique, et c’est vrai ; on appréciera également la délicatesse du prière d’insérer) ont pour auteurs, respectivement : Paul de Brancion, Jacques Estager, et Nathalie Riera.

Dans la trépidance de la rentrée, ces recueils offrent :

des pauses de légèreté : Rouge la lumière du féminin, légèreté, fulgurance/ enfance/ terre et fougère qui raniment l’air de la chambre// à mon retour aux bruits clairs/ où mes pas sont limpides et les murs franchissables. (Nathalie Riera, p. 53),

une provision d’adjectifs, de rythmes joueurs : La grille est dorée, elle est à la place du vent, c’est/ alors, dans la cour ; c’est toujours dans un temps/ enenfantin, grisé, soiré et où le temps est fleuri, où les/ fenêtres fleuries, au haut de la ville et la ville est au / bas, le soir, sont et partout le soir puis le temps. (Jacques Estager, p. 39),

ou le rappel d’autres urgences à voir et à penser. Ainsi le poème qui clôt le recueil de Paul de Brancion, avant le plan rapproché de la photographie de Joseph Barrak, prise dans la vallée de la Bekaa, et dont un plan large ouvre le livre : Un bédouin porte le corps d’un enfant, mort dans les/ bombardements./ Neveu, fils de son frère./Sous le voile rouge, son regard trahit l’effroi retenu./ Il est accroupi dans un pantalon de costume mal coupé./ Pietà/ écart du temps mort et du temps vivant. (p. 67)

Ronald Klapka

http://www.lettre-de-la-magdelaine.net/spip.php?article196

 

 

***

Émouvant, bouleversant et surtout infiniment humain, le métalangage nathalien est en soi une conquête d'esthète, une poésie d'infinitude, un monde extatique à contre-courant du monde délabré, dénaturé où les cerbères de toutes sortes, les minotaures de la dénaturation marginalisent la beauté naturelle et font oublier la déité vocationnelle de l'Homme né de Dieu... Camille Loty Malebranche

 

***

J'ai aimé votre recueil ; en lisant ces regards, voici ce qui pour moi s'est précisé :

 

Votre parole poétique s'accomplit en donnant voix à la présence.

En vous subordonnant à son intensité, à sa beauté mais aussi à son silence, votre poème se coule dans les formes végétales et couleurs temporelles de l'espace pour affirmer l'habitation.

On se réjouit de votre distance affichée pour la modernité. Vous témoignez pour la beauté, n'est-ce pas l'acte de sauvegarde nécessaire pour que celle-ci accepte généreusement, dans vos poèmes, de se dire ? Brigitte Donat

***

Puisque Beauté il y a. Je le lis avec grand plaisir, et y trouvant le monde non seulement saisi dans son « il y a » et sa nécessité d’écriture (« puisque ») mais encore comme production (poésie). Pascal Boulanger dit très justement « tout mérite d’être nommé ».

Le surgissement, l’étonnement, les « épiphanies », la grâce de la nomination et de l’écoute… tout cela nous allège de la morosité du « monde comme narration » qu’étale la « rentrée littéraire ». Claude Minière

 

 

 

Un extrait

sur le site Terres de femmes (Angèle Paoli)

ICI

 

 

*** 

 

Préface Pascal Boulanger 

ICI

 

 

 

COUV puisque beauté il y a nathalie riera ed. lanskine.jpg

 

∆∆∆

 

 

 Si vous souhaitez commander le livre

 

Par courrier postal

Editions Lanskine

Mas, 39, rue Félix Thomas

44000 NANTES

Par courriel

lanskine@club-internet.fr

  

 

∆∆∆

 

Les carnets d'eucharis

Vibrations de langue et d’encre

 


 

LECTURE

 

Nathalie Riera lira des extraits de Puisque Beauté il y a

à La Petite Librairie des champs de Boulbon

 

samedi et dimanche 25/26 septembre 2010

 le samedi de 18 heures à 19.30 aux côtés d’Angèle Paoli, Marielle Anselmo, Hélène Sanguinetti & le dimanche à 16.30 aux côtés d’Angèle Paoli

Le Moulin Brû
13150 Boulbon
France


http://lapetitelibrairiedeschamps.blogspot.com

 

A la santé des poètes, avec Pascal Boulanger et Jean Pérol

Sans titre 1.jpg