06/11/2012
Sylvia Plath
SYLVIA PLATH
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© Editions Quarto Gallimard Oeuvres, 2011
poèmes, romans, nouvelles, contes, essais, journaux
Extrait
« Contexte »/Context
Traduit par Catherine Nicolas
Publié en 1962 dans le London Magazine
Pour l’heure, les deux problèmes de société qui me préoccupent sont les incalculables effets génétiques des retombées radioactives, et un document sur l’alliance terrifiante, démente, omnipotente, du grand capitale et de l’armée en Amérique – « Juggernaut ou l’état de guerre », un article de Fred J. Cook paru dans un récent numéro de Nation. Cela a-t-il une influence sur le genre de poésie que j’écris ? Oui, mais de façon détournée. Je ne suis pas douée pour les lamentations de Jérémie, même si je me sens plutôt insomniaque devant ma vision de l’apocalypse. En fait, mes poèmes ne portent pas sur Hiroshima, mais sur un enfant qui se forme, doigt après doigt dans les ténèbres. Ils ne portent pas sur les terreurs de l’extermination de masse, mais sur la tristesse de la lune au-dessus d’un if dans un cimetière voisin. Non pas sur les testaments d’Algériens torturés, mais sur les pensées nocturnes d’un chirurgien fatigué.
[…]
Je ne crois pas qu’une « poésie de gros titres » intéresserait plus de gens et plus profondément que les titres à la une des journaux. Et à moins que le poème de circonstance ne naisse de quelque chose de plus viscéral qu’une philanthropie générale et changeante et soit, en vérité, cette Licorne qu’est un véritable poème, il risque fort d’être mis à la corbeille aussi rapidement que la page d’information elle-même.
Les poètes dont je fais mes délices sont possédés par leurs poèmes comme par le rythme de leur propre respiration. Loin de paraître fabriqués, leurs plus beaux poèmes semblent nés tout d’une pièce ; certains poèmes des Life Studies de Robert Lowell, par exemple ; la serre des poèmes de Theodore Roethke ; quelques œuvres d’Elizabeth Bishop, et la majeure partie de l’œuvre de Stevie Smith (« L’art est un chat, sauvage et tout à fait étranger à la civilisation »).
--------------------------------------- (CONTEXTE (1962), p.1241/1242)
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SYLVIA PLATH
OEUVRES
Ed. Quarto Gallimard
2011
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05/11/2012
Martin Amis
Martin Amis
[Angela Gorgas]
modern bromide print from original negative, 1977
8 in. x 11 7/8 in. (203 mm x 303 mm) image size
Je dirais que les écrivains que j’aime et en lesquels j’ai confiance possèdent, à la base de leur prose, quelque chose qui s’appelle la phrase anglaise. Une très grande quantité de prose moderne me semble recourir à un usage déprimé de la langue. Un jour, j’ai appelé ça « la prose qui a fait vœu de pauvreté ». Non, moi je veux le roi. Je veux Updike. Anthony Burgess a dit qu’il y a deux sortes d’écrivains, les écrivains classe A et les écrivains classe B. les écrivains classe A racontent des histoires, les écrivains classe B jouent avec la langue. Et j’ai tendance à être rangé du côté des écrivains classe B. Avec la prose de Nabokov, avec celle de Burgess, avec la prose de mon père – celle du début, plutôt – , la phrase anglaise est un peu comme un mètre poétique. C’est un rythme essentiel à partir duquel l’écrivain est libre de regarder dans différentes directions inattendues. Mais la phrase est toujours là. Pour être plus explicite, c’est comme si je disais ne pas me fier à un peintre abstrait tant que j’ignore s’il peut dessiner des mains.
[…]
Ce n’est pas la pirouette brillante, le paroxysme soudain ou la suite filée d’évènements qui caractérisent un écrivain et qui le rendent unique. C’est un ton, c’est une façon de regarder les choses. C’est un rythme, c’est ce qu’en poésie on appellerait un rythme naturel.
The Art of Fiction, n°151
Paris Review/les entretiens
Christian Bourgois Editeur, 2011
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Arthur Miller
©Arthur Miller by Inge Morath
Liliane Kerjan
Ce que je sais d'Arthur Miller
Bourin Editeur, 2012
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26/10/2012
Ruth Orkin
photographies — archives
SERIE-CHILDREN
© ruth orkiN
Children – http://www.orkinphoto.com/photographs/children/
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Gérard Titus-Carmel
Gérard Titus-Carmel
Série Narwa
Pierre Noire IV
1977
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Robert DUNCAN
L'Ouverture du champ et autres poèmes | Traduit par Martin Richet
Lié au courant littéraire de Black Mountain et à celui de la Beat generation, Robert Duncan, né en 1919, est mort en 1988.
Composé entre 1956 et 1959 et publié en 1960 chez Grove Press, The opening of the field n’est pas seulement la première somme d’un maître poète ou l’articulation synthétique des avancées poétiques, contemporaines (le vers projectif décrit par Charles Olson y apparaît dans toute sa splendeur), et historiques, convoquant aussi bien Pindare que Louis Zukofsky, Marianne Moore ou Ingmar Bergman ; nous y trouvons la première pierre d’un édifice ambitieux, à l’échelle des Cantos d’Ezra Pound : l’œuvre d’une vie telle qu’elle se dessine et se définit dans une séquence transversale initiée ici, la « Structure de la Rime », qui se poursuivra dans les volumes suivants.
Le livre présente d’entrée ses trois thèmes ou éléments majeurs : la Loi, les Morts, le Champ. « La nature du Champ, écrit Duncan, est triple : il se conçoit intimement comme le champ donné de ma vie propre, intellectuellement comme le champ du langage (ou de l’esprit) et imaginairement comme le champ donné à l’homme (aux multiples langages).
Aussi, L’ouverture du champ et les deux séquences antérieures qui le précédent dans notre traduction dessinent une cosmologie qui admet aussi bien les cendres de l’homme de Néandertal (Un essai en guerre) que « les usines de la misère » (Poème commençant par une ligne de Pindare) ou «un jeu d’oiseaux dans un ciel vide » (Jeu d’épreuves) : « Le temps du poème ressemble à celui du rêve, car il organise lignes d’association et de contrastes en un ensemble hautement structuré. L’objectif commun du rêve et du poème est de donner socle à une forme au-delà de ce que nous connaissons, à un sentiment plus fort que la réalité.
■ SITE : José Corti Editions
21:41 Publié dans José Corti, Robert Duncan | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Les Jeux Dits de la Poésie
les
jeux dits de la poésie
vous invitent au lancement de l'anthologie*
en présence de l'éditeur Alain Blanc
des auteures Angèle Paoli & Sabine Huynh
& des poètes
Annie Salager
Marie-Ange Sebasti
Valérie Brantôme
Nathalie Riera
Louise Cotnoir
Béatrice Brérot
...
mardi 30 octobre
19h
____
Bibliothèque municipale
13 rue de Condé
69002 Lyon
* pas d'ici, pas d'ailleurs : anthologie poétiquefrancophone de voix féminines contemporaines ; édition Voix d'Encre
10:31 Publié dans LECTURES PUBLIQUES, Nathalie Riera | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Nathalie Riera (inédit)
amour
- Nathalie Riera -
-IV-
un mot de lui l’amour pour se dire
le rythme phosphore des nuits de la langue
aux accouplements tourbillonnaires cambrures
gonfler l’étreinte est lune d’eau
le mince poignet que tu saisis
le serrement gracile serrement
arrondir la chaleur du talisman
avec emportement à nos bouches
de haut en bas la chaleur du serrement
talisman pour entrer dans le temps divin
sans heures tu la regarderas sans limite
verbe et vertèbre tressés dans le rayonnement
qui ne fléchit le serrement pour se dire
noire n’est pas la nuit la douceur à venir
au ventre à chérir tu dénoues le tressé de langues
bouche claire nous voulons l’amour d’un doigt lent
tu me remontes de ma voix à mes veines fleuries
voulons l’amour aux espaces délestés sans moindre bruit
que l’emportement et le serrement
7/09/12 – 8/09/12
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22/10/2012
P. P. Pasolini, entretiens avec Jean Duflot
Pier Paolo PASOLINI
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P. P. Pasolini
■
EXTRAIT
Entretien avec Jean Duflot
…
- (…) à Venise, l’an passé, un critique français vous a demandé quelles solutions vous proposiez à cette crise permanente des rapports de production au cinéma. Vous avez suggéré l’autogestion ?
- Je visais surtout le festival de Venise, et son organisation de foire commerciale. J’ai simplement souligné que le règlement administratif du festival de Venise, actuellement en vigueur, n’est autre que le code fasciste. Je tenais à mettre en évidence qu’il s’insérait dans le cadre d’un Etat bureaucratique, centralisateur et en conséquence répressif. Entre autres, le directeur de la Mostra est élu à Rome, ce qui implique qu’il soit en très bons termes avec les autorités centrales : il est en quelque sorte le produit de multiples compromis entre les partis, ou plus exactement l’élu d’un parti dominant.
De fait, dans un pays où la démocratie chrétienne a régné pendant longtemps, on s’est cru obligé de nommer des directeurs « démo-chrétiens » parmi lesquels il n’est pas étonnant de trouver des hommes d’une haute ignorance. A l’époque du fascisme, naturellement, les directeurs étaient fascistes. A présent, avec l’avènement du parti socialiste, nous avons eu Chiarini : c’est une nette amélioration ; mais qui peut garantir qu’avec le retour d’un fascisme quelconque le festival ne connaîtra pas de nouveau une direction néo-fasciste ? L’objectivité de la lutte que nous avons menée à Venise était d’empêcher que le directeur soit nommé d’en haut, de sorte que la légalité du festival ne dépende plus d’arrêtés gouvernementaux. Bref, que l’élection et le règlement du festival soient le résultat d’une concertation des travailleurs et des auteurs de cinéma : nous demandions une gestion interne, l’autogestion du festival et une décentralisation permettant un premier pas vers d’autres changements. C’était là une revendication strictement démocratique.
■ Pier Paolo Pasolini, Entretiens avec Jean Duflot
Ed. Gutenberg, 2007
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Marianne Breslauer
15:54 Publié dans CLINS D'OEILS (arts plastiques) | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Ernesto Sabato par Claudio Magris
ERNESTO SABATO
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Ernesto Sabato
[à Buenos Aires, 2005]
par Eduardo Longoni
■
EXTRAIT
Ernesto Sabato et les deux écritures
(par Claudio Magris, Corriere della Sera, 2 avril 2000 et 17 avril 2002)
…
La grandeur créatrice et humaine de Sabato réside dans la rigueur avec laquelle il a respecté les deux vérités, la diurne et la nocturne, sans les confondre et sans faire de l’une un alibi pour déformer l’autre. De ce point de vue, il constitue une exception rare parmi les écrivains, qui sont parfois des margoulins. Souvent celui qui professe – avec une véritable honnêteté intellectuelle ou avec une rhétorique fausse – la vérité diurne et affirme des valeurs positives se fait le douanier vigilant de la moralité et barre la route aux vérités de la nuit parce qu’il a peur de les regarder ou en est incapable. Celui qui au contraire fait profession de fréquenter les ténèbres, le gouffre obscur où tout se confond, en profite souvent, même de jour, pour se soustraire à tout choix moral, pour imposer sa domination sur les autres, en s’attribuant un permis de transgression qui autorise toutes les bassesses, toutes les prétentions et toutes les arrogances. Sabato, lui, descend dans le noir, là où l’on découvre qu’il n’est pas très important de savoir combien font deux et deux et que parfois cela peut même faire cinq, mais quand il remonte à la surface il n’en profite pas pour tricher sur l’addition et ne pas payer ce qui est dû aux autres. Et quand il entre en lice, il ne le fait pas, comme tant de ses confrères, en se limitant à protester dans les manifestations ou dans les salons, à signer des pétitions ou à lancer des invectives, mais en mettant en jeu sa vie, son temps, son travail.
Il ne s’est pas contenté de signer des appels contre les bourreaux de la junte militaire argentine mais, en tant que Président de la Commission d’enquête sur les personnes disparues en Argentine pendant la dictature, il a travaillé concrètement, en sacrifiant son écriture, pour reconstituer l’existence, l’itinéraire et le sort de beaucoup de desaparecidos, pour savoir comment et où étaient morts Untel ou Untelle, avec le sentiment humain et poétique de l’individualité unique et non interchangeable de chacun de ces noms et de ces destins perdus. C’est ce respect, humble et intrépide à la fois, pour chacun qui constitue sa grandeur humaine, à des années-lumière de la risible suffisance narcissique fréquente chez tant d’écrivains, surtout parmi ceux de second ordre mais aussi chez quelques uns des plus doués.
■ Claudio Magris, Alphabets, Ed. Gallimard/L’Arpenteur, 2012
Traduit de l’italien par Jean et Marie-Noëlle Pastureau
15:48 Publié dans Claudio Magris, Ernesto Sabato | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
04/10/2012
Nathalie Riera (lecture)
9eédition de PoésYvelines
La Semaine des poètes septembre-octobre 2012
jeudi 4 octobre,20h30, à Marly-le-Roi
Les poètes Sabine Péglion, Nathalie Riera
et la chanteuse Sophie Monzikoff
10:18 Publié dans LECTURES PUBLIQUES, Nathalie Riera | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
25/09/2012
à la PLC ce week-end...
La Petite Librairie des Champs
Sylvie Durbec
BOULBON
Contact : 06 26 41 70 42
durbec.sylvie@orange.fr
MUSIQUE & POESIE
Marielle Anselmo – Nancy Kouvarakou
Michaël Glück – Nathalie Riera
22 Septembre et 23 Septembre 2012
Michaël Glück – Nathalie Riera
Marielle Anselmo – Nancy Kouvarakou
Sylvie Durbec
21:10 Publié dans LECTURES PUBLIQUES, Nathalie Riera, Sylvie Durbec | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
21/09/2012
Jean Tinguely & Niki de Saint-Phalle
JEAN TINGUELY
NIKI DE SAINT-PHALLE
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[Jean Tinguely/Niki de Saint-Phalle]
■ SOURCE PHOTOGRAPHIQUE :
■
…
[Niki de Saint-Phalle]
■ SOURCE PHOTOGRAPHIQUE :
[Jean Tinguely]
Paris, 1957
■
…
Construire La Hon (sculpture monumentale)
23:01 Publié dans CLINS D'OEILS (arts plastiques) | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
20/09/2012
Abonnement & souscription à la Revue papier "Les Carnets d'Eucharis" (année 2013)
SUSAN SONTAG
Virgil Brill
Bruno Le Bail
Pierre Alechinsky
2013
SOUSCRIPTION
ABONNEMENT
PDF à télécharger :
SOUSCRIPTION ABONNEMENT LES CARNETS D'EUCHARIS.pdf
Literature is freedom
(The Friedenspreis acceptance speech of Susan Sontag)
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Like some Americans and many Europeans, I would far prefer to live in a multilateral world – a world not dominated by any one country (including my own).
●●● SUSAN SONTAG
Le premier numéro annuel papier sera consacré à l’écrivain, dramaturge, essayiste et critique new-yorkaise Susan Sontag. Je vous souhaite nombreux à soutenir le lancement de cette revue qui entend continuer à promouvoir (autrement que par la toile numérique) les écritures contemporaines et la photographie.
La publication est prévue pour février 2013.
PDF à télécharger
(ci-dessus)
| 2013 | Revue électronique&papier Les Carnets d’Eucharis| (ISSN 2116-5548) |
15:30 Publié dans LES CARNETS D'EUCHARIS (pdf & calaméo), Susan Sontag | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
FRIDA KAHLO
FRIDA KAHLO
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© Site Editions de l'herne
Le jour des morts
[Francisco G. Haghenbeck]
L’Herne
2012
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Cette biographie romancée de l’artiste mexicaine Frida Kahlo prend comme fil d’Arianne un cahier de recettes culinaires que la peintre gardait toujours par devers elle et qui disparut mystérieusement à l’heure de sa mort.
Il s’agit d’une pièce imaginaire que le romancier mexicain compose, avec un plaisir évident. Chacun des 24 chapitres s’achève sur une ou plusieurs recettes. Quant à la vie de Frida, elle suit dans ses péripéties la célèbre biographie de H. Herrera, à l’origine du film Frida.
Sans la fantasmagorie, et un style qui se prête volontiers aux incursions dans la pensée magique et la mythologie mexicaine, sans les multiples recettes de cuisine, ce titre pourrait être sans surprise, car nous savons déjà tout de cette vie de Frida Kahlo, et par sa belle biographie de Herrera et par le beau film qui en a été tiré ; et aussi par les nombreux articles sur l’artiste.
Mais voilà, on lit ce livre avec intérêt, avec plaisir, et même jubilation. Et pour les plus mordus, on court à sa cuisine, à ses casseroles et on se lance dans la savante et savoureuse alchimie de la hierba santa et de ses sortilèges.
Traduit de l'espagnol (Mexique) par Albert Bensoussan.
13:18 Publié dans 4EMES DE COUVERTURE | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
17/09/2012
Hindi Zahra - Beautiful Tango |
09:06 Publié dans VIDEOS, ANIMATIONS, DOCUMENTAIRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
16/09/2012
Eugenio Montale & Annalisa Cima (traduits par Raymond Farina)
HOMMAGE A EUGENIO MONTALE
ET ANNALISA CIMA
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© traduits par Raymond Farina
Annalisa Cima & Eugenio Montale
[par Carmelo Bene]
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EUGENIO MONTALE
Sans coup de théâtre/Senza colpi di scena
Les saisons
ont presque disparu.
Tout cela n’était qu’un jeu trompeur des Esprits
de l’Ether.
Il ne nous est pas possible de vivre
par instants, par à-coups, par échappées
et en escapades longues et brèves.
Qu’on soit vivants ou morts, la balançoire
ne pouvait durer plus que l’éternel
le si fugace âge de notre enfance.
Voici que commence le cycle de la stagnation.
Les saisons ont fait leurs adieux
sans salamalecs ni cérémonies, lasses
de leur roulement. Nous ne serons plus
tristes ou heureux, oiseaux de l’aube ou de la nuit.
Nous ne saurons même plus
ce qu’est savoir et non savoir, vivre
presque ou pas du tout. C’est vite dit,
pour le reste nous nous en tiendrons au fait.
Le stagioni
sono quasi scomparse.
Era tutto un inganno degli Spiriti
Dell’Etere.
Non si può essere vivi
a momenti, a sussulti,a scappa e fuggi
lunghi o brevi.
O si è vivi o si è morti, l’altalena
non poteva durare oltre l’eterna
fugacissima età della puerizia.
Ora comincia il ciclo della stagnazione.
Le stagioni si sono accomiatate
senza salamelecchi o cerimonie, stanche
dei loro turni. Non saremo più
tristi o felici, ucelli d’alba o notturni.
Non sapremo nemmeno
che sia sapere e non sapere, vivere
o quasi o nulla affatto. È presto detto,
il resto lo vedremo a cose fatte.
Poème extrait de “Diario del 71 e del 72”
(Mondadori, Milan, 1973)
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ANALISA CIMA
Le tout et le rien/Il tutto e il nulla
Il ricane le temps rapace qui sait
combien il est pour nous inutile de croire
en notre étoile, inutile de passer
notre vie à jouir, car s'approche déjà
le jour de la douleur ainsi que de l'absence.
Démence des dieux cruels
qui nous laissèrent sous la coupe
d'un destin si obtus.
Devant la mort de nos amis
devant l'injure et le délire
de celui qui tourmente hommes et malheureux
toutes nos fibres se brisent dans la douleur.
C'est pour cela que j'accuse la vie injuste
qui fait souffrir tout un chacun.
J'accuse celui qui amasse de l'argent
parce que la vie est brève et qu'elle n'est vraie
que si on la vit comme un don.
Je voudrais me confier dans une fraternelle
accolade aux gens, qui comprennent
la signification de la connaissance.
Ainsi, poète et femme je pleure deux fois :
la naissance, la mort avec notre destin
dans les oscillations d'un chant modulé
aux notes qu'on siffle en sourdine.
Oui, les promesses d'un Eden bienheureux
n'étaient pas qu'ignobles mensonges.
Montrez-moi comètes le lieu
où je retrouverai mon oncle bien-aimé,
Colombine et Tita, ainsi que Montale
et Palazzeschi, Marianne et Amanda,
et je mettrai pour les rejoindre des ailes.
Où je retrouverai l'amour qui de tout temps
refleurit avec l'oléandre,
le lentisque qui brûle
et embaume, le myrte
qui calme la douleur: oh l'odeur
de la mort qui entoure le monde
et qui tourmente les vivants,
en narguant la naissance, en narguant le destin.
Avec le temps l'amour aussi part en fumée
s'envole comme s'envolent les heures;
ainsi notre cœur vieillit
et avec lui nos sentiments et notre audace.
Condottiera de batailles perdues,
grande idéologue de philosophies
jamais exposées; le monde comprendra-t-il
que n'existe aucune
possibilité de salut ?
La terre finira dévorée par
des vents pestilentiels, les hommes
périront peut-être avec eux, mais leur trace
restera dans ces pierres.
Ici devant les nuraghes,
parfaites constructions mégalithiques,
je revis aujourd'hui une culture antique
histoires de vie et de mort comme toujours.
M'est donné le pouvoir de retenir ou de
lâcher des œuvres qui pourraient s'éparpiller
mais signifient maintenant vie et amour.
Nous avons supporté hérétiques et saints,
penseurs, transgresseurs et héros,
et l'éternelle créature continue à engendrer
d'autres êtres et joue indifférente avec
les neurones et le destin : l'inconscient.
Des voiles qui s'ouvrent, des mers qui se ferment.
Le temps dévore tout, mais
restera le souvenir même en un seul
être vivant : que ce soit un homme ou un ver.
Oh mer couleur de l'émeraude
où l'on se regarde avec Thétis et Neptune,
personne n'oubliera tes eaux heureuses,
ni les poissons ni nous qui nous laissions lécher.
Tu es l'ensemble de toutes ces particules
qui vivent dans une éternité bienheureuse,
nous sommes des petits pions de ce jeu,
mais nous deviendrons un jour nous aussi
une partie de ces eaux et de ce tout.
Comme les vers, l'ammoniac, l'énergie,
nous survivrons de trois façons différentes.
Nous pourrons, libérés des offenses du mal,
engendrer des vers indéfiniment,
nourrir les plantes et les semences
et persister comme l'énergie solaire.
Il tourne en rond l'arc du désir.
Et le vent tourbillonne à l'entour
pour nous rappeler le son des violons
et des contrebasses qui accompagnera
notre ultime voyage vers
le rien éternel, qui n'est pas le néant,
parce que le vent lui aussi a un son,
et la mer un son différent,
parce que la solitude est pour l'homme
la plus grande des punitions.
Nous vivrons oui dans le rien, mais unis
dans des enchaînements d'atomes lumineux
dans ce tout et rien qu'est la vie
en contraste avec une vie
qui n'est qu'attente de la mort.
Ride il tempo predatore che sa
quanto per noi sia inutile sperare
nel buon fato, inutile gioire
nel vivere, perché già s’avvicina
il giorno del dolore e dell’assenza.
Demenza degli dèi crudeli
che ci lasciano in balia
di un destino ottuso.
Per la morte dei nostri amici
per l’ingiustizia e il delirio
di chi perseguita uomini e infelici
si spezza nel dolore ogni fibra.
Perciò accuso il vivere ingiusto
che fa soffrire questi e quelli.
Accuso chi accumula denaro,
Perché la vita è breve ed è vera
solo s’è vissuta come dono.
Vorrei espandermi in un fraterno
abbraccio alla gente, che capisce
il significato della conoscenza.
Così, poeta e donna piango due volte :
nascita, morte e la nostra sorte,
in un alterno canto modulato
di sibilanti e note sommesse.
Sì, le promesse d’un Eden felice
non erano che laide bugie.
Dove ritroverò il nonno amato,
Colombina e Titta, dove Montale
e Palazzeschi, Marianne e Armanda,
indicatelo voi comete il luogo
e metterò l’ali per raggiungerli.
Dove ritroverò l’amore che da sempre
rifiorisce insieme all’oleandro,
dove il lentischio che brucia
e profuma, dove il mirto
che lenisce il dolore. Oh odore
irridente nascita, irridente destino.
Anche l’amore sfuma con il tempo
Svanisce come svaniscono le ore ;
così il cuore invecchia
e con lui sentimenti e ardire.
Condottiera di battaglie perdute,
grande ideologa di filosofie
mai espresse ; capirà il mondo
che non esiste possibilità
alcuna d’essere salvato ?
Finirà la terra divorata da
maleodoranti venti, gli uomini
forse periranno con lei, ma rimarrà
traccia di loro in queste pietre.
Qui di fronte ai nuraghi,
perfette costruzioni megalitiche,
oggi rivivo una cultura antica
storie di vita e morte come sempre.
A me è dato il poter ricordare
o lasciar scritti che forse spariranno,
ma che ora significano vivere ed amare.
Hanno sofferto eretici e santi,
pensatori, trasgressori ed eroi,
e l’eterno creato continua a generare
altri esseri e gioca indifferente
con neuroni e destini: l’incosciente.
Veli che s’aprono, mari che si chiudono.
Il tempo divora ogni cosa, ma
rimarrà il ricordo anche in un solo
essere vivente : uomo o verme che sia.
Oh mare dal colore di smeraldo
dove specchiarsi con Teti e Nettuno,
nessuno dimenticherà le tue acque felici,
né i pesci, né noi che ci lasciamo lambire.
Tu sei l’insieme di tante particelle
viventi in un’eternità felice,
noi siamo piccole pedine del gioco,
ma diverremo un giorno anche noi
parte di queste acque e di questo tutto.
Come vermi, ammoniache, energia,
Sopravviveremo in tre modi diversi.
Potremo liberi dagli insulti del male
generare vermi all’infinito,
alimentare piante e semi
e perdurare come l’energia solare.
Gira in tondo l’arco del desiderio.
E il vento, turbine intorno
per ricordarci il suono dei violini
e contrabbassi che accompagnerà
il nostro ultimo viaggio verso
il nulla eterno, che non è il niente,
perché anche il vento ha un suono,
e il mare un altro suono,
perché la solitudine per l’uomo
è la più grande punizione.
Vivremo sì nel nulla, ma uniti
in catene di atomi lucenti
in quel tutto e nulla che è vita
da contrapporre al vivere
ch’è solo attesa della morte.
Poème extrait de « Il tempo predatore »
in « Di canto in canto »
(Longo Editore, Ravenne, 2007)
■ ANNALISA CIMA
Née en 1941 à Milan.
En 1965 elle expose ses œuvres à Venise puis au Brésil, aux USA, en Suisse et au Japon où elle fait la connaissance de Akiro Kurosawa. Puis, à la fin des années 60, elle fait celle de M. Marini, Max Ernst, Pablo Picasso, Jorge Guillen, A. Palazzeschi, Giuseppe Ungaretti, Ezra Pound.
Elle rencontre, en 1968, Eugenio Montale à l’œuvre duquel elle consacrera plus tard de nombreux essais (Eugenio Montale, via Bigli, Milano, Milan, Scheiwiller, 1968 ; Incontro Montale, Milan, Scheiwiller, 1973; Le reazioni di Montale ,in Profilo di un autore : Eugenio Montale, Milan, Rizzoli, 1977). Elle est actuellement présidente de la Fondation Schlesinger de Lugano.
Parmi ses nombreuses recueils figurent notamment Terzo Modo ( Milan, Scheiwiller, 1969 ), La genesi e altre poesie (Milan, Scheiwiller,1971), Immobilita (Milan, Scheiwiller,1974), Sesamon (Milan, Guanda,1977), Ipotesi d’amore (Milan, Garzanti,1984), Aegri somnia somnia (Stamperia Valdonega, Vérone, 1989), Eros e il tempo ( Stamperia Valdonega,Vérone 1993 ), Quattro Canti (Stamperia Valdonega, Vérone, 1993), Il tempo predatore, avec des dessins inédits d‘Eugenio Montale ( Milan, Scheiwiller, 1997 ), Manifesto dell’oblio (Pulcino-Elefante, 2001),Rivive (Pulcinoelefante, 2004), Un canto per Cordelia (Josef Weiss Editore, 2007), Di canto in canto (Longo Editore, 2007).
Auteure d’essais sur Marianne Moore, Ungaretti, Palazzeschi, Guillén et Pound, elle a aussi traduit des poèmes de Paul Celan et Emily Dickinson.
Ses oeuvres ont été traduites en chinois, en français, en anglais, en portugais, en espagnol, en japonais, en allemand.
■ SITE www.annalisacima.com
ANNALISA CIMA
Le muse convergenti
Dossier publié avec l’aimable permission d’Annalisa Cima, Présidente de la Fondation Schlesinger.
22:44 Publié dans Annalisa Cima, Eugenio Montale | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Theodor Roethke par Raymond Farina
THEODOR ROETHKE
Poète américain
(1908-1963)
"Sur le poète et son œuvre"
Theodor Roethke
Un poète américain se présente et présente son œuvre
Comme chacun sait l'Amérique est un continent, mais peu d'Européens connaissent, dans leur diversité et leur variété, les régions de ce pays. La vallée Saginan, où je suis né, a été la région où l'on a le plus exploité le bois aux alentours de 1880. C'est une région très plate et très fertile du Michigan, dont les villes principales, Saginan et Flint, se trouvent à l'extrémité nord de ce qui est à présent la principale région industrielle des Etats-Unis.
C'est dans cette région, qu'en 1870, mon grand-père arriva de Prusse où il avait été forestier en chef de Bismarck. Ses fils et lui ont crée et exploité quelques serres qui devinrent les plus importantes de cette partie des Etats-Unis.
C'était un merveilleux endroit où grandir pour un enfant. Il n'y avait pas seulement vingt cinq acres en ville, principalement sous serre et cultivées intensivement mais, plus loin dans la campagne, la dernière parcelle de bois vierge de la vallée Saginan et, plus loin, une vaste zone d'exploitation forestière laissée l'abandon, dont les arbres repoussaient pour la première fois, que mon père et mon oncle avaient transformé en petit terrain de jeu.
Enfant, alors, j'avais plusieurs mondes où vivre que je ressentais comme miens. J'aimais particulièrement un coin marécageux du sanctuaire où les hérons nichaient toujours. J'ai utilisé un de mes souvenirs les plus anciens dans un poème que je leur ai consacré (...)
J'ai essayé d'indiquer dans mon second livre "The lost son and other poems", publié en Angleterre en 1941, ce que représentaient pour moi les serres.
Elles représentaient pour moi, je m'en rends compte aujourd'hui, à la fois le paradis et l'enfer, une sorte de tropiques créés dans le climat sauvage du Michigan, où d'austères américains d'origine allemande transformaient leur amour de l'ordre et leur terrible efficacité en quelque chose de vraiment beau.
C'était un univers -plusieurs mondes- à propos duquel, même enfant, on s'inquiétait, et qui luttait pour rester en vie, comme dans le poème "Big wind" (...)
Dans ces premiers poèmes j'avais commencé, comme un enfant, avec de petites choses, et j'avais essayé de ne m'exprimer qu'en utilisant des mots simples. Un peu plus tard, en 1945, j'ai commencé une suite de poèmes plus longs qui tentent, par leur rythme, de saisir le mouvement même de l'esprit, de suivre l'histoire spirituelle d'un protagoniste (pas "moi" personnellement mais tout homme hanté et harcelé), qui cherchent à faire de ce mouvement un ensemble réel et non arbitrairement ordonné, autorisant toute une gamme de sentiments incluant l'humour.
Comment créer une réalité, une vraisemblance, le "comme si" de l'enfant , dans la langue qu'un enfant utiliserait, c'était pour moi extrêmement difficile. Par exemple le second poème "I need, I need" s'ouvre par une imagerie très orale, par le monde de l'enfant qui suce et lèche. Puis on glisse vers un passage où deux enfants sautent à la corde. On ne dit pas au lecteur que les enfants sautent à la corde, mais celui-ci les entend simplement tous les deux se réciter, tour à tour, des comptines l'un à l'autre; puis cette expectative mitigée et cette agressivité se changent dans le passage suivant en un sentiment d’amour, vaguement ressenti, mais net, chez l'un des enfants (...)
Dans les poèmes suivants nous entendons le jeune adolescent, encore à demi enfant, puis le jeune homme se vanter et miauler; et on finit par des passages plus difficiles dans lesquels l'esprit, soumis à une grande tension, erre loin dans le subconscient, pour émerger plus tard dans la "lumière" de passages plus sereins ou euphoriques au terme de chaque phase d'expérience.
Parfois, bien sûr, il y a régression. Je crois que l'être spirituel doit revenir en arrière pour pouvoir avancer. La voie est cyclique, et parfois on la perd, mais on la retrouve invariablement. Quelques uns des artifices techniques caractéristiques de ce mouvement - la métaphore glissant rapidement, le questionnement rhétorique et d'autres semblables - réapparaissent dans des poèmes plus formels achevés récemment, "Four for Sir John Davies" qui sont, entre autres choses, un hommage à l'auteur élisabéthain de "Orchestra" et à feu W.B. Yeats.
Extrait de « ON THE POET AND HIS CRAFT »
University of Washington Press, 1965
Choix de poèmes
Traduits par Raymond Farina
LES FOLIES D’ADAM
1
Viens me lire Euripide,
Ou quelque rustre ancien capable
De rappeler ce que c’était
Que sortir de sa peau.
Des choses me parlent, c’est sûr ;
Mais pourquoi rester à gémir ici,
Sans être même à bout de souffle ?
2
Que sont le sceptre et la couronne ?
Rien de plus que ce que soulève
La tige nue : la rose
Jaillit vers cette jeune fille ;
Le terrestre demeure en elle ;
Une épine dans le vent pousse,
Calme devant ce qui s’écoule.
3
Je parlerais à une racine rabougrie ;
Ah, qu’elle riait de me voir
Regarder fixement en avant de mon pied,
Un orteil dans l’éternité ;
Mais quand répondait la racine,
Elle frissonnait dans sa peau,
Et regardait au loin.
4
Père et fils de cette mort,
L’esprit meurt chaque nuit ;
Dans le blanc vaste, les espaces
Connus du jour commun,
Quel aigle exige un arbre ?
La chair engendre un rêve ;
Tout os vrai chante seul.
THE FOLLIES OF ADAM
1
Read me Euripides,
Or some old lout who can
Remember what it was
To jump out of his skin.
Things speak to me, I swear;
But why am I groaning here,
Not even out of breath?
2
What are scepter and crown?
No more than what is raised
By a naked stem:
The rose leaps to this girl;
The earthly lives in her;
A thorn does well in the wind,
At ease with all that flows.
3
I talked to a shrunken root;
Ah, how she laughed to see
Me staring past my foot,
One toe in eternity;
But when the root replied,
She shivered in her skin,
And looked away.
4
Father and son of this death,
The soul dies every night;
in the wide white, the known
Reaches of common day,
What eagle needs a tree?
The flesh fathers a dream;
All true bones sing alone.
LE MOUVEMENT
L’âme a des mouvements divers, mais le corps n’en a qu’un.
Un vieux papillon, lacéré par le vent, se posa,
Battit des ailes sur la poussière du sol –
Se déployant ainsi l’esprit n’est pas bruyant.
Le désir seulement vivifie notre esprit,
Et nous nous affligeons dans la certitude d’aimer.
2
De l’amour naît l’amour. Ce tourment est ma joie.
J’observe une rivière : elle serpente au loin ;
Pour rencontrer le monde, en mon âme je monte ;
Et ce cri que j’entends je le laisse sur le vent.
Ce que nous déposons devons-nous le reprendre ?
J’ose un embrassement. Avançant, je demeure.
3
Qui d’autre que l’aimé sait l’élan de l’amour ?
Qui donc est assez vieux pour vivre ? Une chose de terre
Sachant combien toute chose change dans la semence
Avant qu’elle ait atteint l’ultime certitude,
Cet espace au-delà de la mort, cet acte d’amour
Auquel tout être participe, et doit la vie.
4
Des ailes déplumées qui crissent au soleil,
Sur une pierre sans soleil la danse de la crasse épaisse
Le jour et la nuit de Dieu : sous cet espace Lui souriait,
L’espoir a son silence et nous allons dans son jour vaste, -
O qui emprunterait à l’enfant son regard ? –
Oh, mouvement oh, notre chance est d’exister encore !
THE MOTION
1
The soul has many motions, body one.
And old wind-tattered butterfly flew down
And pulsed its wings upon the dusty ground-
Such stretchings of the spirit make no sound.
By lust alone we keep the mind alive,
And grieve into the certainty of love.
2
Love begets love. This torment is my joy.
I watch a river wind itself away;
To meet the world, I rise up in my mind;
I hear a cry and lose it on the wind.
What we put down, must we take up again?
I dare embrace. By striding, I remain.
3
Who but the loved know love’s a faring-forth?
Who’s old enough to live?-a thing of earth
Knowing how all things alter in the seed
Until they reach this final certitude,
This reach beyond this death, this act of love
In which all creatures share, and thereby live,
4
Wings without feathers creaking in the sun,
The close dirt dancing on a sunless stone
God’s night and day: down this space He has smiled,
Hope has its hush: we move through its broad day,-
O who would take the vision from the child?-
O, motion O, our chance is still to be!
DANS L’AIR DU SOIR
1
Un mode grave me saisit ici,
Bien que l’été flamboie dans l’œil du viréon.
Qui pourrait n’être possédé
Qu’à moitié par sa nudité ?
De veille est mon souci –
Je créerai ma musique brisée, ou mourrai.
2
Petits, rapprochez-vous !
Fais-moi, Seigneur, ultime, simple chose
Que le temps ne peut accabler
Un jour j’ai transcendé le temps :
D’un bouton éclaté une rose jaillit,
Et moi je jaillis d’un dernier decrescendo.
3
Je regarde au-dessous la lumière lointaine
Et je contemple la face sombre d’un arbre
Au fond d’une plaine ondoyante,
Et quand de nouveau je regarde,
Elle s’est perdue sur la nuit –
Nuit que j’embrasse, tendre proximité.
4
Je suis près d’un feu bas
Comptant les mèches de la flamme, et je remarque
Comme est changeante la lumière sur le mur.
J’ordonne au calme d’être calme.
Je vois, dans l’air du soir,
Comme est lente la nuit qui descend sur nos actes.
IN EVENING AIR
1
A dark theme keeps me here,
Though summer blazes in the vireo's eye.
Who would be half possessed
By his own nakedness?
Waking's my care --
I'll make a broken music, or I'll die.
2
Ye littles, lie more close!
Make me, O Lord, a last, a simple thing
Time cannot overwhelm.
Once I transcended time :
A bud broke to a rose,
And I rose from a last diminishing.
3
I look down the far light
And I behold the dark side of a tree
Far down a billowing plain,
And when I look again,
It's lost upon the night --
Night I embrace, a dear proximity.
4
I stand by a low fire
Counting the wisps of flame, and I watch how
Light shifts upon the wall.
I bid stillness be still.
I see, in evening air,
How slowly dark comes down on what we do.
DANS UN SOMBRE MOMENT
Dans un sombre moment, mon œil commence à voir,
Je rencontre mon ombre au plus profond de l’ombre ;
J’écoute mon écho dans l’écho de ce bois –
Seigneur de la nature pleurant la mort d’un arbre.
Je vis entre le troglodyte et le héron,
Les bêtes des collines et les serpents des grottes.
Qu’est la folie sinon la noblesse de l’âme
Brouillée avec les circonstances ? Le jour brûle !
Je sais la pureté du plus pur désespoir,
Mon ombre épinglée sur un mur tout suintant.
Ce lieu dans les rochers – est-ce bien une grotte ?
Un sentier sinueux ? La marge est mon domaine.
Tenace une tempête de correspondances !
Un flot d’oiseaux la nuit, une lune en lambeaux,
Et dans le vaste jour le retour de minuit !
Un homme s’en va loin découvrir ce qu’il est –
Le moi qui meurt au fond d’une longue nuit sans larmes,
La nature s’embrasant d’un feu non-naturel.
Sombre, sombre mon jour, plus sombre mon désir.
Mouche d’été qu’affole la chaleur, mon âme
Bourdonne sur le seuil. Lequel de mes moi suis-je ?
Homme tombé, je me redresse hors de ma peur.
L’esprit entre en lui-même, et Dieu entre en l’esprit,
Alors un devient l’Un, libre au vent qui déchire.
IN A DARK TIME
In a dark time, the eye begins to see,
I meet my shadow in the deepening shade;
I hear my echo in the echoing wood--
A lord of nature weeping to a tree,
I live between the heron and the wren,
Beasts of the hill and serpents of the den.
What's madness but nobility of soul
At odds with circumstance? The day's on fire!
I know the purity of pure despair,
My shadow pinned against a sweating wall,
That place among the rocks--is it a cave,
Or winding path? The edge is what I have.
A steady storm of correspondences!
A night flowing with birds, a ragged moon,
And in broad day the midnight come again!
A man goes far to find out what he is--
Death of the self in a long, tearless night,
All natural shapes blazing unnatural light.
Dark, dark my light, and darker my desire.
My soul, like some heat-maddened summer fly,
Keeps buzzing at the sill. Which I is I?
A fallen man, I climb out of my fear.
The mind enters itself, and God the mind,
And one is One, free in the tearing wind.
UNE FOIS DE PLUS, LE CERCLE
Qu’est-ce qui est le plus grand, l’étang ou le caillou ?
Qu’est-il possible de connaître ? l’inconnu.
Mon vrai moi file vers une colline
Plus ! O plus visible.
Maintenant j’adore ma vie
Avec l’Oiseau, la Feuille persistante,
Avec le Poisson, l’Escargot qui furète,
Et l’œil qui change tout ;
Et je danse avec William Blake
Par amour, par amour de l’Amour ;
Et tout s’achemine vers l’Un,
Tandis que nous dansons encore, encore, encore.
ONCE MORE, THE ROUND
What's greater, Pebble or Pond?
What can be known? The Unknown.
My true self runs toward a Hill
More! O More! visible.
Now I adore my life
With the Bird, the abiding Leaf,
With the Fish, the questing Snail,
And the Eye altering All;
And I dance with William Blake
For love, for Love's sake;
And everything comes to One,
As we dance on, dance on, dance on.
J’ATTENDAIS
J'attendais que le vent émeuve la poussière;
Mais aucun vent ne vint.
Je semblais manger l'air.
Les insectes bruissant nivelaient l'air du pré.
Je surplombais, lourd et massif, le champ.
C'était comme si j'essayais de marcher dans le foin,
De m'enfoncer dans la moisson, à chaque pas un peu plus loin,
Ou je flottais à la surface d'un étang,
Longues lentes ondulations clignotant dans mes yeux.
Je voyais à travers l'eau toutes sortes de choses, agrandies,
Miroitantes. Le soleil brûlait à travers une brume légère.
Et moi je devenais tout ce que je voyais.
J'éblouissais dans une éblouissante pierre.
Alors un âne se mit à braire. Un lézard me fila sous le pied.
Lentement je revins vers la route poudreuse;
Il me semblait, quand je marchais, que je m'ensablais.
J'avançais comme un animal lassé de la chaleur.
J'allais sans me retourner. J'avais peur.
Le chemin se faisait plus raide entre les murs de pierre,
Puis se perdait au fond d'une gorge rocheuse.
Un sentier menait à un petit plateau.
En bas, claire, la mer, les vagues régulières,
Et tous les vents venaient vers moi. (J'étais heureux.)
I WAITED
I waited for the wind to move the dust;
But no wind came.
I seemed to eat the air;
The meadow insects made a level noise.
I rose, a heavy bulk, above the field.
It was as if I tried to walk in hay,
Deep in the mow, and each step deeper down,
Or floated on the surface of a pond,
The slow long ripples winking in my eyes.
I saw all things through water magnified,
And shimmering. The sun burned through a haze,
And I became all that I looked upon.
I dazzled in the dazzle of a stone.
And then a jackass brayed. A lizard leaped my foot.
Slowly I came back to the dusty road;
And when I walked, my feet seemed deep in sand.
I moved like some heat-weary animal.
I went, not looking back. [I was afraid.]
The way grew steeper between stony walls,
Then lost itself down through a rocky gorge.
A donkey path led to a small plateau.
Below, the bright sea was, the level waves,
And all the winds came toward me. [I was glad.]
RÉGÉNÉRÉ
Dans une main comme une coupe
Mon âme à moi dansait,
Petite comme une elfe,
A côté d'elle-même.
Quand elle pensait je pensais
Elle tombait comme blessée par une balle.
"Je n'ai qu'une aile", disait-elle,
"L'autre est morte",
"Mutilée, je ne peux voler,
Je suis comme mourir",
Criait l'âme
Depuis ma main comme une coupe.
Quand je fulminais, quand je me plaignais,
Et que ma raison faiblissait,
A cette chose délicate
Il poussait une aile nouvelle,
Et elle dansait, au milieu du jour,
Sur la poussière chaude d'une pierre,
Dans le point fixe de la lumière
De mon dernier minuit.
THE RESTORED
In a hand like a bow !
Danced my own soul,
Small as an elf,
All by itself.
When she thought I thought
She dropped as if shot.
“I’ve only one wing.”she said,
“The other’s gone dead.”
“I’m maimed; I can’t fly;
I’m like to die.”
Cried the soul
From my hand like a bowl.
When I raged, when I wailed,
And my reason failed,
That delicate thing
Grew back a new wing.
And danced, at high noon,
On a hot, dusty stone.
In the still point of light
Of my last midnight.
Traduction de Raymond Farina
Poèmes extraits de “The Collected Poems of Theodore Roethke”,
The Anchor Book edition, New York, 1975, pages 231, 232, 235,
239, 241, 243,254.
Traduction publiée avec l’aimable autorisation de la revue « Arpa »
qui l’a accueillie dans son numéro 59 de l’année 1996.
Theodor Roethke est né à Saginaw, dans le Michigan, en 1908. Il fait ses études à l’Université du Michigan et à celle d’Harvard. Il commence sa carrière au Lafayette Collège, avant d’enseigner, en 1935, au Michigan College. C’est au cours de cette année qu’il commence à souffrir d’une psychose maniaco-dépressive. De 1936 à 1943, il obtient un poste à l’Université de Pennsylvanie. C’est une période féconde, marquée par la publication de ses poèmes dans des revues prestigieuses comme Poetry, The New Republic, The Sewanee Review, the Saturday Review et par celle de son premier recueil Open House qui reçoit un accueil favorable de la critique. Nommé ensuite au Bennington College puis, à partir de 1947, à l’Université de Washington. Il épouse, en 1953, Beatrice O’Connell, une ancienne étudiante. Tous deux passent le printemps à Ischia, en Italie, dans la villa d’Auden. Puis au cours des années 55 et 56, ils voyagent à travers l’Europe, notamment en Angleterre et en Italie.
Parmi ses recueils figurent : The Lost Son and Other Poems (1948), The Long and Twisty Road (1950), The Waking pour lequel il obtient le Pulitzer, The Far Field dont son épouse assurera la publication posthume.
Outre le Pulitzer Price, il a reçu le Bollingen et deux National Book Award.
Il est mort en 1963 à l’île de Bainbridge, dans l’Etat de Washington.
21:40 Publié dans Raymond Farina, Theodore Roethke | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
13/09/2012
Gilbert Bourson
GILBERT BOURSON
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© Site Le Chasseur Abstrait
EXTRAITS
Parking blanc
…
■
■ Sur le site Le Chasseur Abstrait (Patrick Cintas)
http://www.lechasseurabstrait.com/chasseur/spip.php?page=ouvrages&auteur=Gilbert BOURSON
Gilbert Bourson, Parking blanc
Le Chasseur Abstrait Editeur, 2012
(IL N’Y A PAS D’ETOILES)
[…]
**
Le poème est action disiez-vous au colloque des arbres
avec l’accent aigu du blé sur les ongles
les machines tapent le champ pour vos yeux
qui tâtonnent avec leur canne cherchant corps
ici disparus dans la vue qui écrit
les arbres la contrée le champ qui prennent langue
la civière de la rivière et le lavoir
des voix à genoux à vos pieds où vous êtes
mâchant l’hiéroglyphe d’une herbe qui marque
la page du livre de ce paysage
qui n’est que ce lieu précis où vous passez
et que vous découvrez comme je pense à vous
comme je pense à ce village entre vos coudes
et le tracteur de vos paroles que je bois.
------------------------- (p. 18)
La blancheur du froid a peint le paysage
avec les allées et les arbres pliés sous ton regard
dans le silence bas
les feuilles des vitres sont pleines d’écriture
en trombe sur l’air- et les chemins
se sont mis en route et s’attendent passer
je t’attends
et je vois ton profil secourir le silence
avec ce coudoiement touffu de clair-obscur.
------------------------- (p. 23)
Le Chasseur abstrait
21:42 Publié dans Gilbert Bourson | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook