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27/10/2013

William Sydney Graham

 W.S. GRAHAM

LES DIALOGUES OBSCURS

Poèmes choisis

 

 

Traduit de l’anglais par Anne-Sylvie Homassel & Blandine Longre

Introduction de Michael Snow / Postface de Paul Stubbs

Recueil bilingue

 

The Dark Dialogues

Selected poems

translated from the English by Anne-Sylvie Homassel & Blandine Longre

Introduction by Michael Snow / Afterword by Paul Stubbs
bilingual book

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ws graham.jpg

 

© Black Herald Press, Septembre 2013
174 pages - 14 € / £ 12 / $18
ISBN  978-2-919582-07-5

 

 

 

 

Lecture

 

W.S. Graham

« des lumières de tous côtés »

__________________________________________________________________________________________

 

Beau présent poétique que nous offrent actuellement les Editions Black Herald Press avec les fabuleux « Dialogues Obscurs/The Dark Dialogues » de W.S. Graham : une vingtaine de poèmes, extraits de plusieurs recueils, publiés entre 1942 et 1993, sont traduits pour la première fois en français.

Né en 1918 dans la petite ville écossaise de Greenock, William Sydney Graham vouera très tôt sa vie à l’écriture et à la poésie. Une introduction au poète et à son œuvre est signée Michael Snow, qui fut un proche de Graham, et ne cessera de promouvoir son œuvre, avec notamment The Nightfisherman : Selected letters of W.S. Graham (1999). Traduit en néerlandais, en allemand, en espagnol et en suédois, les traductions en français devraient participer à une reconsidération de l’œuvre poétique. Sur ce sujet, une postface de Paul Stubbs nous éclaire avec grand intérêt sur la réception de l’œuvre de Graham en Grande-Bretagne : jugé poète difficile, son travail aura souffert de « comparaisons littéraires les plus superflues ». En réponse à une opinion critique malhabile « fondée sur la notion terroriste de 'goût' du public », P. Stubbs trouve justice à penser que « la qualité de ces traductions est telle que Graham (…) n’est pas seulement un imposteur dans un autre langage, une créature pseudo-métaphysique captive d’une peau étrangère ; au contraire, ce recueil lui permet de poursuivre son exploration parmi les phonèmes, d’une calotte polaire à la suivante » (p.136).

Si l’histoire poétique de Graham ne vise pas le champ politico-social, elle a son point d’ancrage dans le champ marginal des inventions et de la transgression linguistiques. Poésie influencée par Joyce, Beckett, Marianne Moore, Pound, Eliot, Les Dialogues Obscurs nous révèlent un espace éclairé de reliefs énergiques, et au cœur de ce même espace, le lecteur « explorateur », en même temps qu’inspiré, ne peut que partager l’euphorie du poète : « l’euphorie d’être vivant dans le langage » ; partager également ce portrait succinct de ce que peut être un poète qui, lorsque abandonné à lui-même, devient cet « étranger métaphysique enfin dépouillé de la fiction de la personnalité ». (P. Stubbs)

 

Pour écrire, il y a des lumières et des obscurités à emprunter de tous côtés, des dialogues à saisir, qui nous parlent d’Etre et de non-être, peut-être pour nous inciter à davantage de rêveries, de relâchements. Ces dialogues obscurs n’ont rien de mystique : ils nous laissent entrevoir une autre dimension de nous-mêmes, issus d’un ici et maintenant non dénué de singularité. La poésie ne doit pas rester parmi les mots. Elle doit emprunter au monde réel, et non au rempart de la pensée conceptuelle. Mais « Si ce lieu où j’écris est réel alors/Il me faut être allégorique » :

 

                                                          

 

 

                                                               Pauvre tel un gribouillage, mon crime pour un diamant

                                                               Est un fou de Bassan en lequel je suis fait,

                                                               Non par la tête mais par le bec de la main qui plonge

 

                                                         (p.21)

 

 

 

 

Le poème est une navigation de la langue, et le délire du poète est d’être un chercheur incessant, qui aborde toutes les directions. Poète aussi de la transmutation des êtres et des choses, l’écriture est un monde de mouvances, un hors-temps du temps, avec ses navires d’écume, ses fourches d’eau, ses récifs naufrageurs, ses vagues en troupes de la mer, ses planchers en noyade, ses murs marins d’écaille

 

                                                          Et nous tranchons les flots

                                                               Quittons la terre noire

                                                               Au large dans les nerfs

                                                               Ondulants de la mer

 

                                                               (p.47)

 

 

« (…) une montagne artificielle, un ajout au monde » : le poème, dans sa géographie de masses rocheuses, de volumes saillants ou en creux, a aussi le « pouvoir de libérer un individu dans son propre monde », ainsi que « permettre au lecteur de faire quelques découvertes sur lui-même ». Le poème existe de la difficulté à communiquer, à s’exprimer, et du prodige à être présent, c’est-à-dire, à être auprès de soi, nous soufflerait Henri Maldiney*, de l’autre côté de soi, dans une proximité inapprochable.

 

________

* Henri Maldiney, « Art et existence », Ed. Klincksieck, 2003 – (p.222)

 

© Nathalie Riera, octobre 2013

 

 

 

 

 

Extrait de “Le seuil blanc”/«The White Thresbold», 1949

 

p. 29.

 

 


Les siècles tournent leurs verrous

Et ouvrent sous la colline

Leurs livres et leurs portes reçus en héritage

Rassemblés pour distiller

Tels joyeux cueilleurs de baies

Une voix unique pour nous parler.

 

The centuries turn their locks

And open under the hill

Their inherited books and doors

All gathered to distil

Like happy berry pickers

One voice to talk to us.


 

 

***

 

Extrait de “La pêche de nuit”/«The Nightfishing», 1955

 

 

p. 47.

 

 


Et de nouveau aveuglé par

L’hémisphère

Désouvert et lumineux,

Ancien par-dessus moi,

 

Ce lieu présent  

Est transmuté en

Lieu sans souffle, immobile,

Déroulé sur manuscrit

Et tourné vers cette lumière

 

Now again blindfold

With the hemisphere

Unprised and bright

Ancient overhead,

 

This present place is

Become made into

A breathless still place

Unrolled on a scroll

And turned to face this light.


 

***

 

 

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Nathalie Riera_W.S. Graham.pdf

08/10/2013

"Les dialogues obscurs" de W.S. Graham - Black Herald Press

 W.S. GRAHAM

 

 

GRAHAM.png

 

 

 

© Black Herald Press, Septembre 2013
174 pages - 14 € / £ 12 / $18
ISBN  978-2-919582-07-5

 

 

 

 

L’ouvrage vient de paraître et peut être commandé:

 

http://blackheraldpress.wordpress.com/buy-our-titles/ 

 

 

 

 



 

 

 

 

W.S. GRAHAM

LES DIALOGUES OBSCURS

Poèmes choisis

 

Traduit de l’anglais par Anne-Sylvie Homassel & Blandine Longre

Introduction de Michael Snow / Postface de Paul Stubbs

Recueil bilingue

 

The Dark Dialogues

Selected poems

translated from the English by Anne-Sylvie Homassel & Blandine Longre

Introduction by Michael Snow / Afterword by Paul Stubbs
bilingual book

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■ LIEN : http://blackheraldpress.wordpress.com/books/les-dialogues-obscurs-the-dark-dialogues-w-s-graham/

 

■ AUTRES SITES

■ Jean-Pierre LONGRE : http://jplongre.hautetfort.com/tag/jean-pierre+longre

 

 

 

 

 

 

[NOTE. William Sydney Graham, né en Écosse en 1918 et décédé en Cornouailles en 1986, est l’un des poètes britanniques majeurs du xxe siècle, remarqué dès 1949 par T.S. Eliot, alors éditeur chez Faber and Faber – maison qui publiera l’ensemble de son œuvre à partir de son troisième recueil. Lié entre autres à Dylan Thomas, à Edwin Morgan et à de nombreux artistes, Graham se consacre presque exclusivement à la poésie, menant une vie d’extrême pauvreté. Ce recueil (dont on doit l’introduction à Michael Snow, ami proche du poète dont il fut l’exécuteur testamentaire, et la postface au poète britannique Paul Stubbs) rassemble un choix de textes traduits en français pour la première fois, ainsi qu’un essai de W.S. Graham sur sa poésie ; l’ensemble vise à retracer l’itinéraire d’un écrivain d’une originalité rare, explorateur d’un langage à la fois allié et adversaire. Parfois jugée « difficile », son œuvre fut par conséquent méconnue de son vivant, mais la renommée du poète n’a cessé de grandir depuis sa mort, comme en témoignent la publication des New Collected Poems en 2004 (Faber and Faber) et cette première parution en français. -- Paul Stubbs & Blandine Longre]

 

[NOTE. William Sydney Graham, born in Scotland in 1918 and deceased in Cornwall in 1986, was one of the major British poets of the 20th century, and from 1949 found a noteworthy champion in T.S. Eliot, then poetry editor at Faber and Faber, the press that would publish all of Graham’s poetry from his third collection onwards. Close to writers such as Dylan Thomas and Edwin Morgan and to various artists, Graham devoted himself almost exclusively to poetry, leading a life of extreme poverty. This selection (with an introduction by Michael Snow, a close friend of Graham, whose literary estate he had been bequeathed, and with an afterword by the British poet Paul Stubbs) gathers together poems translated into French for the first time, along with an essay by W.S. Graham on his poetry. This bilingual book presents an overview of the work of a writer of rare originality, an explorer of a language with which he was both friend and foe. Judged sometimes to be too “difficult” a poet, and consequently overlooked when alive, Graham’s reputation has nevertheless increased steadily since his death, a fact confirmed by the publication of his New Collected Poems in 2004 (Faber and Faber) and by this first selection of his poems into French. -- Paul Stubbs & Blandine Longre]