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23/11/2016

Andrea Zanzotto (extrait de "Idiome")

 

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 | © Andrea Zanzotto Photo : Undo.Net | © Pier Paolo Pasolini

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Idiome

[extrait]

 

 

Librairie José Corti, 2006

© Andrea Zanzotto pour le texte italien

Édité en Italie par Arnoldo Mondadori editore, Milano.

© José Corti pour le texte français.

Selected poems
Traduit de l’italien, du dialecte haut-trévisan (Vénétie) et présenté

par Philippe Di Meo    

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José Corti ICI

 

Notice bio&bibliographique

Andrea ZANZOTTO (1921-2011), natif de Pieve di Soligo, dans la région de Venise. Il est un des poètes les plus considérables de la deuxième moitié du XXème. En 1950, le Prix San Babila lui est décerné par un jury où siègent Giuseppe Ungaretti, Salvatore Quasimodo et Eugenio Montale.

 

 

EXTRAIT

 

en souvenir de Pasolini

 

 

Allant à l’école, dans le train,

entre Sacile et Conegliano

tu mangeais ton morceau de pain ;

je n’étais pas bien loin,

mais en ces temps-là, dix kilomètres étaient une immensité.

C’est pourquoi en ce temps-là,

deux garçons ne se sont jamais rencontrés.

Mais quand donc aurions-nous pu

nous trouver sous le même abri

d’une petite gare en plein champ

avec sa petite cloche qui fait ding, ding, ding

pour nous dire combien profond est le ciel clair –

            et, entre temps, heures, journées et saisons

            avec l’ombre qui écrit s’en vont,

            par les vitres, murets, prés et maisons,

            par les haies et partout dans les lieux écartés,

            racines et gribouillis ?

Mais quand donc, avant qu’arrive le train,

aurions-nous eu le temps

d’échanger deux ou trois mots,

les seuls qu’il peut donner sur cette terre

pour que nous nous connaissions un peu, un peu mais vraiment ?

 

            Plus tard, nous nous sommes parlés, nous nous sommes lus ;

            parfois, nous nous sommes querellés ou nous nous sommes tus,

            la vie nous a poussées sous des horions

            et des traquenards différents,

            moi, immobile, barbouillé de mes vers,

            toi partout avec ta passion pour tout ;

            mais il y avait pourtant un fil pour toujours nous lier :

            de ce qui importe, nous avions la même idée.

 

Je t’attendais ici, en haut où, encore,

avec leurs scintillements soupirent les alba pratalia

mais toujours plus pourris par en dessous et en dessus ;

toi, tu t’es porté avec courage

là où l’Italie délire davantage.

            Ah, pardonne-moi, si maintenant je ne sais te donner

            autre chose sinon ce marmottement, d’un vieil homme désormais…

 

            C’est seulement un pauvre effort, un tremblement,

            pour recoudre, et d’une certaine façon relier

            – un moment seulement, pour te saluer –,

            ce qu’ils ont fait de tes os, de ton cœur.

 

……………………………………………………………………… (pp.117/118)

 

 

 

 | © JOSE CORTI, 2006

 

 

Sacile (Frioul), Conegliano (Vénétie) : villes où les jeunes Pasolini et Zanzotto se rendaient respectivement au collège.

Alba pratalia : vers célèbres de la Cantilène véronaise, attestant du passage du latin à l’italien, cité par Pasolini comme par Zanzotto dans leurs œuvres respectives. Ces prés blancs sont une image, mieux, une allégorie de la page blanche et de l’écriture.

En haut : autrement dit, en Haute Italie : soit : Rome, le centre du pouvoir politique, objet d’un ressentiment traditionnel de la part des Italiens du nord, d’autant plus inexplicable qu’ils représentent 60% des élus du parlement italien.

De tes os de ton cœur : évocation de la mort de Pasolini : ses os avaient été brisés, son cœur avait éclaté sous les coups reçus attesta l’autopsie pratiquée par les médecins légistes.

 

 

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27/05/2016

P. P. Pasolini, La rage - éditions Nous, 2016

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LA RAGE

La « force diagonale » avec Hannah Arendt, la « Survivance des lucioles » avec Georges Didi-Huberman, « organiser le pessimisme » avec Walter Benjamin… relire ces textes en ces temps où l’on n’a toujours pas « couper la mèche – avant que l’étincelle n’atteigne la dynamite » - revisiter les « Ecrits corsaires » du scandaleux P. P. Pasolini et son célèbre article du 1er février 1975, l’article de son pessimisme définitif et radical : « La disparition des lucioles ». Puis, parmi les nouveautés, « La rage », texte du film « La rabbia », enfin traduit pour la première fois en France aux Editions Nous. Retrouver ici un Pasolini en résistance, allié des minorités, à l’époque des dernières utopies, et avant sa rupture au début des années 1970 avec un cinéma plus métaphorique.

 

LA RAGE (La Rabbia), film sous-estimé par le grand public, produit par Gastone Ferranti (Directeur de la société Opus Film), est sorti en Italie en avril 1963. Construit à partir d’archives d’actualité des années 1950 et 1960, sa réalisation en deux parties convoque P.P. Pasolini et l’écrivain, journaliste et satiriste Giovannino Guareschi. Les deux hommes, dans leurs visions diamétralement opposées, sont conviés de répondre à la question: «Pourquoi notre vie est-elle dominée par le mécontentement, l'angoisse, la peur de la guerre, la guerre?». Avant la réalisation de ce film, Guareschi n'était pas prévu au projet. Ferranti dirigeait depuis de nombreuses années des images d'actualités non-utilisées qu'il confia à Pasolini pour le montage. Mais la version proposée par le cinéaste - le choix du sujet, le montage et les commentaires - ne sera pas validée. Liés par un contrat, néanmoins les deux hommes s'accorderont à faire suivre la version de Pasolini d'un volet supplémentaire, en le confiant à un autre auteur. Pasolini pensait aux journalistes Montanelli, Barzini ou Ansaldo, mais ce sera l'humoriste réactionnaire Guareschi qui assurera la deuxième partie du film. LA RAGE est en fait deux films en un: un film de Pasolini et un film de Guareschi, aux antipodes l'un de l'autre. La Rage restera en salles à peine quatre jours.

Film italien aujourd’hui presque oublié, en France les Éditions NOUS nous offrent la lecture d’un «journal lyrique et polémique à l’époque des dernières utopies pasoliniennes» (Roberto Chiesi). Comme l’écrivait Alberto Moravia, Pasolini a toujours «fait passer le poétique avant l’intellectuel», la critique littéraire avant l'essai idéologique. Scandaliser, blasphémer, on dira de l’écrivain, du cinéaste et du critique qu’il est «l’homme qui dit tout ce qu’il pense, l’homme de la transparence, de l’athéisme politique. Grâce à quoi, il était devenu une sorte de conscience publique pour les Italiens»[1].

Nous savons que presque toutes les œuvres de Pasolini ont fait l’objet de procès, de condamnations jusqu’à souffrir de la censure. Les insurrections de Pasolini sont nombreuses: contre l’homme-masse, contre le néo-fascisme parlementaire en tant que continuum du fascisme traditionnel, contre le «développement» et la montée du matérialisme capitaliste, contre la fossilisation du langage, contre la télévision qu'il comparait à l'invention d'une nouvelle arme «pour la diffusion de l'insincérité, du mensonge, du mauvais latin»[2]. Du temps des Scritti Corsari Pasolini ne pouvait tolérer l’idéologie hédoniste, car c’était pour lui tolérer « la pire des répressions de toute l’histoire humaine ».

Chacune de ses interventions polémiques pourrait se définir ainsi que ce que lui-même en disait: «d'être personnelle, particulière, minoritaire. Et alors?»[3].

Certaines séquences de LA RAGE seront abandonnées par le producteur, mais seront reprises par Pasolini dans la rédaction définitive du texte littéraire: «Cent pages élégiaques en prose et en vers et un tissu d'images en mouvement, photographies et reproductions de tableaux: dans le laboratoire du film La rage, Pier Paolo Pasolini expérimenta pour la première fois une forme différente de la narration filmique traditionnelle et des conventions du documentaire»[4].

27/05/2016

:- :- :- :- :- :

© Nathalie Riera

 

 

[1] Pier Paolo Pasolini, Écrits Corsaires, éd. Champs Arts, 2009 – Traduit de l’italien par Philippe Guilhon – Philippe Gavi et Robert Maggioni, p.13.

[2] Pier Paolo Pasolini, La rage, éd. Nous, 2016 – Traduit de l’italien par Patrizia Atzei et Benoît Casas – Introduction de Roberto Chiesi Nouvelle édition en format poche, p.50.

[3] Écrits Corsaires, p.151.

[4] La rage (Roberto Chiesi), p. 7.

 

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ǀ SITE : Les Editions Nous

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ǀ LA RABBIA : Le film sur youtube

 

 

18/01/2014

Pier Paolo Pasolini

 


_____________________________________________________________

 


 

« Pasolini représente une mémoire, la mémoire d’un pays déchiré entre tradition et développement économique, entre un passé paysan et ouvrier et un présent post capitaliste dans lequel progrès et développement ne sont pas forcément des synonymes. Cette mémoire, vive, s’est exprimée et s’exprime à travers les nombreuses commémorations et célébrations organisées depuis novembre 1975 à l’intérieur et à l’extérieur de la Péninsule.

 

Mais Pasolini représente également un héritage pour nombre d’artistes du passé récent, du présent et sûrement du futur, qui ont su et voulu puiser dans une œuvre immense, complexe, toujours à la frontière entre la réalité et le rêve, l’histoire et l’utopie, tout un répertoire d’images, de raisonnements et de valeurs universelles que notre poète-cinéaste nous a laissé dans son corpus. Il s’agit de cinéastes, d’intellectuels, de poètes, d’écrivains, de chorégraphes, d’artistes qui, sans constituer d’école et des quatre coins du monde, se sont retrouvés à créer en partant du sens esthétique et de la sensibilité de quelqu’un qui, par ailleurs, n’a jamais voulu être un maître ou un père, mais plutôt un « frère aîné ». Pasolini donc comme un « maître sans école », comme un point de départ pour faire évoluer – au-delà de tout type de frontière – l’acte de création, pour essayer de lire « différemment » notre temps, notre réalité sans préjugés et surtout sans la prétention de vouloir prononcer une Vérité définitive et ultime. »

 

Extrait de : « Pasolini : les héritages d’un maître sans école »

Flaviano Pisanelli – conférence du 28 mai 2013 au cipM

 


 

 

Cahier du Refuge
Pier Paolo Pasolini

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cipM, juin 2013

 

 


cipM

Sur le site : Le Cahier du Refuge

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10/11/2012

Pier Paolo Pasolini

PIER PAOLO PASOLINI

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©

 

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Pier Paolo Pasolini / macchina da scrivere

 

 

EXTRAIT

Qui je suis / Poeta delle ceneri

(traduit de l’italien, présenté et annoté par Jean-Pierre Milelli)

Arléa, éditions, 2004

 

 


 

[…]

 

 

Voilà, ce sont les œuvres que je voudrais faire,

qui sont ma vie future – mais aussi passée –

et présente.

Tu sais – je te l’ai dit, vieil ami, père

un peu intimidé par le fils, hôte

allophone puissant aux humbles origines –

que rien ne vaut la vie.

C’est pourquoi je ne voudrais que vivre,

même en étant poète,

parce que la vie s’exprime aussi par elle-même.

Je voudrais m’exprimer avec des exemples.

Jeter mon corps dans la lutte.

Même si les actions de la vie sont expressives,

l’expression, aussi, est action.

Non pas cette expression de poète défaitiste,

qui ne dit que des choses

et utilise la langue comme toi, pauvre,

direct instrument ;

mais l’expression détachée des choses,

les signes faits musiques,

la poésie chantée et obscure,

qui n’exprime rien sinon elle-même,

selon l’idée barbare et exquise

qu’elle est un son mystérieux

dans les pauvres signes oraux d’une langue.

 

[…]

 

il n’y a pas d’autre poésie que l’action réelle

(tu trembles seulement quand tu la retrouves

dans les vers ou dans les pages de prose,

quand leur évocation est parfaite).

Je ne ferai pas cela de bon cœur.

J’aurai toujours le regret de cette autre poésie

qui est action elle-même,

dans son détachement des choses,

dans sa musique qui n’exprime rien

sinon son aride et sublime passion

pour elle-même.

 

         Eh bien, je vais te confier,

avant de te quitter,

que je voudrais être compositeur de musique,

vivre avec des instruments

dans la tour de Viterbe que je n’arrive pas

à acheter,

dans le plus beau paysage du monde, où l’Arioste

serait fou de joie de se voir recréé avec toute

l’innocence des chênes, collines, eaux et ravins,

et là, composer de la musique,

la seule action expressive

peut-être, haute, et indéfinissable

comme les actions de la réalité.

 

 

------------------------------ (p. 50/52)

 

 

 

Ecco, queste sono le opere che vorrei fare,

che sono la mia vita futura – ma anche passata

- e presente.

Tu sai, tuttavia te l’ho detto, anziano amico, padre

Un po’ intimidito dal figlio, ospite

Alloglota potente dalle umili origini,

che nulla vale la vita.

Perciò io vorrei soltanto vivere

pur essendo poeta

perché la vita si esprime anche solo con se stessa.

Vorrei esprimermi con gli esempi.

Gettare il moi corpo nella lotta.

Ma se le azioni della vita sono espressive,

anche l’espressione è azione.

Non questa mia espressione di poeta rinunciatario,

che dice solo cose,

e usa la lingua come te, povero, diretto strumento ;

ma l’espressione staccata dalle cose,

i segni fatti musica,

la poesia cantata e oscura,

che non esprime nulla se non se stessa,

per una barbara e squisita idea ch’essa sia misterioso suono

nei poveri segni orali di una lingua.

 

 

[…]

 

 

non c’è altra poesia che l’azione reale

(tu tremi solo quando la ritrovi

nei versi, o nelle pagine in prosa,

quando la loro evocazione è perfetta).

Non farò questo con gioia.

Avrò sempre il rimpianto di quella poesia

che è azione essa stessa, nel suo distacco dalle cose,

nella sua musica che non esprime nulla

se non la propria arida e sublime passione per se stessa.

Ebbene, ti confiderò, prima di lasciarti,

che io vorrei essere scrittore di musica,

vivere con degli strumenti

dentro la torre di Viterbo che non riesco a comprare,

nel paesaggio più bello del mondo, dove l’Ariosto

sarebbe impazzito di gioia nel vedersi ricreato con tanta

innocenza di querce, colli, acque e botri,

e li comporre musica

l’unica azione espressiva

forse, alta, e indefinibile come le azioni della realtà.

 

 

 

 

 

                                                                                                    

 

 

 

SOURCE TEXTE :

PIER PAOLO PASOLINI/TUTTE LE OPERE

Poesie varie e d’occasione, (p.1287/1288)

Edizione diretta da Walter Siti – Tomo secondo

Arnoldo Mondadori Editore, 2009

 

 

22/10/2012

P. P. Pasolini, entretiens avec Jean Duflot

 

Pier Paolo PASOLINI

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 P. P. Pasolini

 

EXTRAIT

Entretien avec Jean Duflot

 

 


- (…) à Venise, l’an passé, un critique français vous a demandé quelles solutions vous proposiez à cette crise permanente des rapports de production au cinéma. Vous avez suggéré l’autogestion ?

 

- Je visais surtout le festival de Venise, et son organisation de foire commerciale. J’ai simplement souligné que le règlement administratif du festival de Venise, actuellement en vigueur, n’est autre que le code fasciste. Je tenais à mettre en évidence qu’il s’insérait dans le cadre d’un Etat bureaucratique, centralisateur et en conséquence répressif. Entre autres, le directeur de la Mostra est élu à Rome, ce qui implique qu’il soit en très bons termes avec les autorités centrales : il est en quelque sorte le produit de multiples compromis entre les partis, ou plus exactement l’élu d’un parti dominant.

De fait, dans un pays où la démocratie chrétienne a régné pendant longtemps, on s’est cru obligé de nommer des directeurs « démo-chrétiens » parmi lesquels il n’est pas étonnant de trouver des hommes d’une haute ignorance. A l’époque du fascisme, naturellement, les directeurs étaient fascistes. A présent, avec l’avènement du parti socialiste, nous avons eu Chiarini : c’est une nette amélioration ; mais qui peut garantir qu’avec le retour d’un fascisme quelconque le festival ne connaîtra pas de nouveau une direction néo-fasciste ? L’objectivité de la lutte que nous avons menée à Venise était d’empêcher que le directeur soit nommé d’en haut, de sorte que la légalité du festival ne dépende plus d’arrêtés gouvernementaux. Bref, que l’élection et le règlement du festival soient le résultat d’une concertation des travailleurs et des auteurs de cinéma : nous demandions une gestion interne, l’autogestion du festival et une décentralisation permettant un premier pas vers d’autres changements. C’était là une revendication strictement démocratique.

 

 

 

 

■ Pier Paolo Pasolini, Entretiens avec Jean Duflot

Ed. Gutenberg, 2007

06/04/2012

Pier Paolo Pasolini

 

Supplica a mia madre

E’ difficile dire con parole di figlio
ciò a cui nel cuore ben poco assomiglio.
Tu sei la sola al mondo che sa, del mio cuore,
ciò che è stato sempre, prima d’ogni altro amore.
Per questo devo dirti ciò ch’è orrendo conoscere :
è dentro la tua grazia che nasce la mia angoscia.
Sei insostituibile. Per questo è dannata
alla solitudine la vita che mi hai data.
E non voglio esser solo. Ho un’infinita fame
d’amore, dell’amore di corpi senza anima.
Perché l’anima è in te, sei tu, ma tu
sei mia madre e il tuo amore è la mia schiavitù.
Ho passato l’infanzia schiavo di questo senso
alto, irrimediabile, di un impegno immenso.
Era l’unico modo per sentire la vita,
l’unica tinta, l’unica forma : ora è finita.
Sopravviviamo : ed è la confusione
di una vita rinata fuori dalla ragione.
Ti supplico, ah, ti supplico : non voler morire.
Sono qui, solo, con te, in un futuro aprile.

Pier Paolo Pasolini Poesia in forma di rosa

 

01/04/2012

Pier Paolo Pasolini

 

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 Pier Paolo Pasolini, «Macchina da scrivere».

http://www.centrostudipierpaolopasolinicasarsa.it/

 

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Pier Paolo Pasolini sul set del film "Salò"

(Archivio Fotografico "Deborah Imogen Beer e Gideon Bachmann"- Cinemazero)

 

(“Organizzar il trasumanar. Pier Paolo Pasolini cristiano delle origini o gnostico moderno”)

 

domenica 27 maggio 2012

 

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17/11/2011

Pier Paolo Pasolini

Pier Paolo Pasolini

Appendice : Le manque de demande de poésie

La mancanza di richiesta di poesia

« Poésie en forme de rose (1961-1964) »/Poesia di forma di rosa, in Pietro II

 

 

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Pier Paolo Pasolini, Chia (VT) 1975, © foto Dino Pedriali by ADAGP/SIA E 2006

 

 

Extrait :

Comme un esclave malade, ou une bête

j’errais dans un monde que le sort m’avait assigné,

avec la lenteur qu’ont les monstres

de la boue – de la poussière – ou de la forêt –

rampant sur le ventre – ou sur des nageoires

sans usage pour la terre ferme – ou des ailes faites de membranes…

Il y avait autour des remblais, ou des cailloutis,

ou peut-être des gares abandonnées au fond de villes

de morts – avec les rues et les passages souterrains

de la pleine nuit, quand on entend seulement

des trains épouvantablement lointains,

et des clapotis de canalisations, dans le gel définitif,

dans l’ombre qui n’a pas de lendemain.

Ainsi, tandis que je me dressais comme un ver,

mou, répugnant dans sa naïveté,

quelque chose passa dans mon âme – comme

si dans un jour serein le soleil s’obscurcissait ;

à la douleur de la bête haletante

une autre douleur s’ajouta, plus dérisoire et plus sombre,

et le monde des rêves se fêla.

« Personne ne te demande plus de poésie ! »

Et : «  Ton temps de poète est passé… »

« Les années cinquante sont finies dans le monde ! »

« Tu as connu ton automne avec les Cendres de Gramsci,

et tout ce qui fut la vie te fait mal

comme une blessure qui se rouvre et donne la mort ! »

 

 

***

 

Come uno schiavo malato, o una bestia,

vagavo per un mondo che mi era assegnato in sorte,

con la lentezza che hanno i mostri

del fango – o della polvere – o della selva –

strisciando sulla pancia – o su pinne

vane per la terraferma – o ali fatte di membrane…

C’erano intorno argini, o massicciate,

o forse stazioni abbandonnate in fondo a città

di morti – con le strade e i sotto passaggi

della notte alta, quando si sentono soltanto

treni spaventosamente lontani,

e sciacquii di scoli, nel gelo definitivo,

nell’ ombra che non ha domani.

Cosi, mentre mi erigevo come un verme,

molle, ripugnante nella sua ingenuità,

qualcosa passo nella mia anima – come

se in un giorno sereno si rabbuiasse il sole ;

sopra il dolore della bestia affannata,

si colloco un altro dolore, piu meschino e buio,

e il mondo dei sogni si incrino.

« Nessuno ti richiede piu poesia ! »

E : « E passato il tuo tempo di poeta… ».

« Gli anni cinquanta sono finiti nel mondo ! »

« Tu con le Ceneri di Gramsci ingiallisci,

e tutto cio che fu vita ti duole

come una ferita che si riapre e dà la morte ! »

 

 

Traduction Nathalie Castagné

Pier Paolo Pasolini, Je suis vivant

Pier Paolo Pasolini Je suis vivant

Editions Nous, 2011

 

 

Extrait : (Petite Préface Pasolinienne)

            Comme il est étonnant de bien considérer que ce livre s’est écrit en 1945 et 1947, entre vingt-trois et vingt-cinq ans : tant de nostalgie l’irrigue déjà – ce terrible sentiment que les émotions une fois vécues ne s’éprouveront plus jamais ; qu’il est définitivement vain de revenir sur les lieux aimés ; qu’à leurs places, un désert étendra son empire ; que la mort des sensations neuves est consommée. Et pourtant ! Il suffit une (autre) fois du cri d’un enfant pour saisir cette émotion profonde, incomparable, qui se traduit d’un mot : « je suis vivant ». Alors c’est tout un monde qui renaît : monde mythologique des jeux antiques et de l’enfance remémorée.

           

(p.11, Olivier Apert)

 

 

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www.editions-nous.com

 

23/01/2011

Pier Paolo Pasolini

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On m'a dit que j'ai trois idoles: le Christ, Marx et Freud.
Ce ne sont que des formules.
En fait, ma seule idole est la réalité.
Si j'ai choisi d'être cinéaste, en même temps qu'un écrivain,
c'est que plutôt que d'exprimer cette réalité par les symboles
que sont les mots, j'ai préféré le moyen d'expression qu'est
le cinéma, exprimer la réalité par la réalité.

PIER PAOLO PASOLINI

 

28/08/2010

P.P. Pasolini - L'inédit de New York

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« La poésie malgré tout, et au-delà (bien au-delà) de toute consommation.

Cet entretien avec Pasolini, document réellement passionnant et remarquablement concis de sa biographie, s’achève sur une sorte « d’appel » qui est en même temps un message visionnaire : la poésie comme ultime refuge, la poésie comme valeur suprême inviolable ; la poésie forte d’une grâce primitive ; la poésie contre une société toujours plus opulente ; la poésie contre toutes les institutions qui veulent la régir pour la soumettre à leurs propres lois. »

 

Luigi Fontanella,

Université de New York, juillet 2005

 

+ d'infos

 

26/08/2010

Les cendres de Gramsci

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19/05/2009

Pasolini, mort d'un poète (film)

film.jpgDrame - 1996
de Marco Tullio Giordana
avec Carlo DeFilippi, Nicoletta Braschi, Toni Bertorelli, Andrea Occhipinti, Victor Cavallo

Vème poème posthume de P.P. Pasolini

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Chaque jour est le dernier

dans l’étonnement de la touffeur matinale,

des fraîches voix : et à quoi sert

d’être clair, au-dedans de soi-même, pour l’éprouver

dans l’extension complète de son temps

si l’heure de la vie est toujours la dernière ?

L’avoir trop éprouvée, et ainsi

consommée : voilà pourquoi je vis dans le miracle

de la voir encore intacte. Personne

ne sait plus que moi la goûter avec autant d’enfantin

et féminin abandon, mais personne

ne ressent plus que moi cette joie vierge

comme un sacrilège.

 

 

Ogni giorno è l’ultimo

nello stupore dell’afa mattutina,

delle fresche voci : e a cosa importa

essere chiari, dentro, per soffrirla

nella intera estentione del suo tempo

se l’ora della vita è sempre l’ultima ?

L’averla troppo sofferta, e quindi

consumata : ecco perché vivo nel miracolo

di vederla ancora intatta. Nessuno

sa più di me goderla con tanto infantile

e femminile abbandono, ma nessuno

sente più di me quella vergine gioia

come un sacrilegio.

Les funérailles de Pier Paolo Pasolini (1975)

 

 

 

 

Pasolini reste et restera un météore du cinéma contemporain, vrai « calme bloc ici-bas chu d’un désastre obscur ». Comme l’écrit un autre de ses commentateurs, Dominique Noguez, il y a désormais un mot qui dit bien « ce mélange de réalisme et de mythologie imaginaire, de sculpture moderne et de fausse préhistoire, toute cette féerie sous-prolétarienne, ce bric-à-brac de tiers-monde, cet exotisme hétéroclite et superlatif, ce style d’Eisenstein marocain ou de Fellini de banlieue ouvrière. Ce mot n’existait pas avant Pasolini. Il existe désormais : pasolinien ».

Dictionnaire du cinéma, sous la direction de Jean-Loup Passek, Larousse, 1995 - p.1647

 

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par Guidu Antonietti di Cinarca

 

Architecture funéraire

Gino VALLE et Piero Paolo PASOLINI

Discrète sérénité

 

Roberto Roversi sur Pasolini

Us et abus d’un auteur : célébration, honorariat, embaumement

E X T R A I T S

 

 

 

 

 

 

Roberto Roversi


« De qui sommes-nous les contemporains ? », se demandait F. Fortini, avec toute l’autorité nécessaire, dans le Corriere della sera du samedi 12 février 1976.

 

Sans avoir la présomption de répondre ou de répliquer, mais ne voulant que constater, je dirais que nous sommes toujours et en tous cas les contemporains de nous-mêmes. Je dirais que les misères d’aujourd’hui existent et durent parce que nous sommes misérables, et parce que nous produisons et nourrissons les fœtus de ces misères. Je dirais que si nous vivons dans l’ère d’Attila (ou si nous vivons dans notre temps, car il n’y a aucune différence entre les Huns déchaînés et les maîtres de nos trente années de dévastations), il est inutile de regretter l’âge d’Auguste. En admettant qu’il ait jamais existé un âge d’Auguste.

 

Je dirais que nous devrons reconnaître, avec la patience éprouvée de la raison, que c’est là notre temps, et qu’Attila, peu ou prou, c’est chacun de nous.

 

D’ailleurs, pourquoi est-ce toujours les autres qui auraient des visages pervers, tandis que nous serions sages, bons, clairvoyants, comme des légions d’Auguste ? Voilà pourquoi aujourd’hui on se sert encore du poignard, dans tous les sens. Voilà pourquoi les valets de scène se transforment, ne serait-ce que l’espace d’une nuit, en ces sicaires que nous connaissons. Dans la représentation de ces années se jouent – et on enregistre – des violences auxquelles nous ne parvenons pas à mettre fin, pour toute une série de raisons objectives et constatées.

 

Contentons-nous de continuer, en nous lamentant sur les choses qui arrivent ; ou bien de célébrer les morts, qu’on a tués, eux qui étaient vivants.

 

L’occasion (on pourrait dire aussi : la raison) de cette rencontre c’est de nous entretenir de l’un de ces assassinés – avec une mort horrible, une fin désignée et destinée.

 

(…)

 

La tendresse vitale de Pasolini a été sans cesse en butte à l’arrogance d’une époque qui ne le supportait pas. Il est en effet incontestable que Pasolini fut ostracisé par son époque. Il fut même maintenu dans l’exclusion et sans cesse réfuté avec une dureté haineuse, chaque fois qu’il proposait un contact ou des ouvertures désintéressées pour une collaboration, en mettant en jeu sa recherche douloureuse et déçue de la connaissance (ou sa rage de connaissance). Il est vrai, par ailleurs, que Pasolini subit cette exclusion sans jamais l’accepter ; il ne l’accepta pas mais il adhéra tout entier à la douleur sans cesse renouvelée de cette exclusion, comme à une violente offense beaucoup plus générale, qui le dépassait et qui était faite à la raison et à la pureté (entendue comme jeunesse) de la vie.

 

(…)

 

« Le fond de mon caractère – dit Pasolini dans un entretien avec Camon – ce n’est pas le malaise, mais plutôt la gaieté, la vitalité : c’est ce que je montre non seulement dans mon œuvre littéraire mais dans ma vie même. Par vitalité, j’entends cet amour de la vie qui coïncide avec la joie. Et ma nature profonde est joyeuse, vitale, affectueuse : ce sont les continuelles angoisses objectives auxquelles j’ai dû faire face qui ont exaspéré les aspects de mon malaise ».

 

(…)

 

Au début de cet écrit j’ai souligné une question : l’usage et l’abus que notre temps fait des personnages illustres, mais sortant de la norme codifiée, en les cuisinant et en les servant à toutes les sauces, tellement et si bien que la manipulation, parfois, n’apparaît même pas évidente, alors que les personnages en question sont privés de leur consistance et réduits en miettes. De nos jours, l’usage est instrumental et de plus en plus terrifiant en tous sens. On ne recherche pas un agrégat culturel, mais la confirmation de telle ou telle mythologie publique.

 

(…)

 

Il serait souhaitable que l’on prenne acte de la nécessité de ramener le discours sur Pasolini, et les références, à un dessein correct, afin de le relire (ou de commencer à le relire) à travers une médiation critique non plus assujettie aux aversions, ni hagiographique, mais méthodologiquement vérifiée et contrôlée par l’intelligence de la raison. Pour qu’on puisse saisir dans son œuvre les liens subtils, les références, les provocations, et certaines conclusions qui apparaissent explosives.

 

Pasolini n’a pas été un intellectuel qui s’est approprié la culture mais un homme qui a vécu les problèmes de la culture de son temps en y participant jusqu’à en mourir. Cela définit aussi sa violence, je voudrais dire son infatigable férocité dans l’agression du réel, sa faim de réalité et de vérité vraie – son besoin de la chercher. Et aussi son excès de vitalité. Et son insatiable soif de langages.

 

REVUE D’ESTHETIQUE, 1982 – nouvelle série – n°3 – Editions Privat (pp. 111/117)

Traduit de l’italien par Anna Rocchi Pullberg

 

 

Le cinéma de Pasolini

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Pasolini dira en 1964 : "… je suis arrivé au cinéma… à partir de la littérature, sans la moindre préparation technique… lorsque j’ai commencé à tourner le film, je ne connaissais pas la différence qu’il y a entre le terme “panoramique” et le terme “travelling”… j’ai dû remplacer la préparation pratique de la technique du cinéma en réinventant cette technique, en l’inventant d’après nature. Instinctivement, j’ai choisi un certain type de technique… où on lit, mieux que dans les contenus, … une intime religiosité, car je concevais la technique d’une manière que je voulais appeler… sacrale… Je sentais que mes travellings… avaient une allure de découverte, de virginité, de solennité et de mesure, lesquelles, au moins dans mon intention, étaient justement sacrales".

 

REVUE D’ESTHETIQUE, 1982 – nouvelle série – n°3 – Editions Privat (p. 141)

Carnets de notes pour une Orestie africaine

 

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Pasolini sur le tournage du film dont la première projection a lieu à Venise en 1973.

Carnets de notes pour une Orestie africaine est davantage qu'un film une sorte de réflexions sur le cinéma.

 

 

 

18/05/2009

SITE PASOLINI

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Pier Paolo Pasolini avec Sandro Penna
Photo : Mario Dondero
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30/05/2008

Pasolini e Ezra Pound

J'attends que parlent les plantes -- prises

par le profond sourire qui s'exhale

de la terre au soleil absorbés l'un par l'autre --

moi, qui ne sais pas parler, étouffé

à peine éveillé, par tant de clarté

et les sens mis à vif par l'or qui est vie

humaine chez les arbres. Or, fraîcheur,

qui gonflent ma chair de joie.

 

Et tout cela, de la sensuelle

douceur, n'est qu'une ombre.

Pier paolo Pasolini 

EXTRAIT "Poèmes posthumes" VII - (1950/1951)

 

***

 

PETITS POEMES NOCTURNES

 III

Quand il est plus dur de vivre

la vie est-elle plus absolue ?

Sur les rives vespérales

de mes sens muets est muette

 

la vieille raison

en quoi je me reconnais :

c'est un parcours intérieur

un sous-bois étouffé

 

où tout est nature.

Pénible travail

de subsistance obscure

 

toi seul es nécessaire...

Et tu m'emportes doucement

au-delà des frontières humaines.