15/04/2012
Jean-Marc Planchon - Exposition
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13/04/2012
Revue Place de la Sorbonne, par Tristan Hordé
REVUE PLACE DE LA SORBONNE
revue annuelle, éditions du Relief, 15 €
Annuel n°2 – Mars 2012
On ne dit rien de remarquable quand on insiste sur le rôle essentiel des revues, quel que soit leur tirage (souvent modeste) et leur fréquence, pour la diffusion de la poésie : à côté d'auteurs bien connus, qui attirent l'acheteur, bien des auteurs nouveaux trouvent là un support indispensable. Leur diversité reflète la variété du paysage poétique en France, qu'elles soient pour l'essentiel consacrées à la poésie — Action poétique, Dans la lune, N4728, Nu(e), Rehauts, Triages, etc. — ou accordent une part plus ou moins importantes à d'autres formes de littérature, aux arts et à la lecture des œuvres — Conférence, L'Étrangère, Europe, Friches, Fusées, Il Particolare, Thauma, etc.1 Il faudrait ajouter la riche floraison de sites et blogs qui, sans les remplacer, complètent le rôle des revues papier.
En tout cas, l'arrivée d'une nouvelle revue ne peut que réjouir. Le second numéro de Place de la Sorbone, qui a pour sous-titre "Revue internationale de poésie de Paris Sorbonne", a vu le jour en mars. Son rédacteur en chef, Laurent Fourcaut, poète, est aussi un universitaire fin connaisseur de la poésie contemporaine, à laquelle une large pace est donnée (le 1/3 de la livraison), avec des poètes reconnus — de Marie-Claire Bancquart, Charles Dobzynsky à Jean-Pierre Verheggen —, d'autres beaucoup moins. Une large place est réservée à la poésie d'autres langues : Erich Fried pour l'allemand, Diane Glacy pour l'anglais des États-Unis, Rachel pour l'hébreu, David Rosenman-Taub pour l'espagnol du Chili ; les traductions, de qualité, sont toujours précédées du texte original, ce que ne font guère la plupart des revues.
Plusieurs rubriques prolongent ces deux ensembles. Dans cette livraison, Michel Collot, dont on connaît les travaux sur la poésie, donne des pistes pour s'y retrouver dans "le paysage brouillé de la poésie française contemporaine" ; d'une manière fort différente, Lionel Ray éclaire lui aussi dans un entretien la situation de la poésie vivante, tout comme le font les réflexions sur la question du sens de Jean-Claude Pinson.
Il faut ajouter "Contrepoins" avec les picto-clichés de Roxane Maurer et leur lecture, "Vis-à-vis" où un poème (de Claude Ber) est commenté, et des notes de lecture qui ne privilégient pas des ouvrages récents mais s'apparentent, un peu trop, plus à de mini monographies qu'à des notes. La revue (372 pages) est éditée sur un beau papier, avec une mise en pages aérée, une typographie bien lisible, et son prix (15 €) est modique. Longue vie à cette Place de la Sorbonne !
© Tristan Hordé
© Nathalie Riera, avril 2012
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10/04/2012
Danièle Robert/Guido Cavalcanti (une lecture de Claude Minière)
Une lecture de
Claude Minière
Guido Cavalcanti / Danièle Robert
Rime
Editions vagabonde, 2012
Que se passe-t-il à Florence dans la fin du 13ème siècle ? « A temps nouveau, nouveau chant » avait déclaré le troubadour Guillaume IX d’Aquitaine. Mais il y a aussi, dans la profusion des langues, un immense héritage ; dans la philosophie, un retour et une inquiétude. Guido Cavalcanti (1250-1300), avec d’autres poètes au premier rang desquels Dante (1265-1321), participe à une refondation. Leur « volonté commune est de donner un sens nouveau à la poésie amoureuse traditionnelle » (D. Robert, préface). Guido a son chemin personnel, une pratique complexe de l’expérience lyrique : « Ce que Cavalcanti met surtout en lumière avec une exceptionnelle acuité…c’est le drame de la connaissance » (idem).
Les saisons consécutives à ce printemps florentin seront étendues. William Shakespeare dans ses Sonnets posera « Will I am » (« Virilité je suis »), ce qui est, il faut en convenir, d’une autre impétuosité que « Je pense donc je suis » mais n’en manifeste pas moins une volonté de fondement et une décision en raison. Plus tard, dans le péril, Hölderlin en quelque sorte « ramassera » les options diffuses et tranchera : « Ce qui demeure, ce sont les poètes qui le fondent ». Ezra Pound, au début du 20ème siècle, traduira Cavalcanti et souvent se remémorera, comme en jouant, « Donna me prega ».
Donna me prega (« Dame me prie… ») est l’incipit de la canzone XXVII de Guido Cavalcanti. C’est dans cette « pièce » que l’on peut relever ces notes aiguës et graves :
vers 5 : « Or à présent je recherche un savant »
vers 53 : « (ne peut l’imaginer qui ne l’éprouve) »
et enfin cet envoi :
« Tu peux partir, chanson, tout à fait sûre,
là où tu veux : car je t’ai si ornée
que ta raison va être fort louée
par toutes gens qui ont l’entendement ;
et quant aux autres tu n’en as vraiment cure »
Danièle Robert a fait le choix d’entrer dans un système métrique et elle s’en explique dans sa préface (pp. 9-35) du volume. Elle a également fait le choix de conserver ou « retrouver » une certaine tonalité de vocabulaire. Alors attardons-nous un instant sur ta raison (« tua ragione »). Quelle raison ? Une raison ornée. Cavalcanti est virtuose dans la tournure d’une « canzone », dans l’usage et la subversion des codes poétiques--- mais pas seulement. Il avance une raison qui sera fort louée, mais de ceux, seuls, qui ont « l’entendement ». Dans une note au premier poème des Rime, une « ballata », Danièle Robert explique que « le caractère ineffable de la beauté de l’aimée » porte l’interrogation sur « sa véritable nature : humaine ou divine ? »
On pourrait renverser les termes : ne serait-ce pas l’interrogation (humaine ou divine ?) qui installerait le thème de la beauté de l’aimée, beauté dès lors logiquement « ineffable » --- ou inépuisable ? Danièle Robert parle bien de « l’expression lyrique d’un drame » (je souligne). Dans le drame, Cavalcanti et Dante prendront des chemins différents, l’un et l’autre répondront différemment à la question de savoir jusqu’où peut-on aller, jusqu’où peut on aller avant de buter sur l’indicible. Dante repense la doctrine de la fin’amor en fonction de la théologie et de la Grâce ; Cavalcanti vivra l’expérience « comme ne permettant d’atteindre ni vertu ni rédemption ».
Comme toujours (elle a pour Actes Sud traduit Ovide et Catulle, pour vagabonde Michele Tortorici) Danièle Robert écrit ici de manière sensible et documentée. Sa lecture des Rime nous engage à voir comment se renouvelle la figure de la « Donna », et ce qu’elle demande.
…Pensée de l’Amour, amour de la pensée.
© Claude Minière
Les Carnets d’Eucharis N°33 (printemps 2012)
13:44 Publié dans Claude Minière, NOTES DE LECTURES/RECENSIONS | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
09/04/2012
Les carnets d'eucharis n°33 - Printemps 2012
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Les carnets d’eucharis n°33
PRINTEMPS 2012
2012 © Photo : Nathalie Riera - Série « Photobiographique/Autoportrait en herbe »
Photobiographique
NATHALIE RIERA
Gertrude Käsebier
PHOTOGRAPHE
■■■Thomas Brummett
DU CÔTÉ DE…
Jos Roy (choix de poèmes)
Roberto BolañoTrois/Les chiens romantiques
Cathy Garcia (Délit de photos)
CHRISTIAN BOURGOIS EDITIONS ADOLFO BIOY CASARES quelques jours au Brésil
EDITIONS ISOLATO CLAUDE DOURGUIN La peinture et le lieu
EDITIONS NOUS JEAN DAIVE L’énonciateur des extrêmes
CARDERE EDITIONS CATHY GARCIA Les mots allumettes
AUPASDULAVOIR
PIERRE AGNELGustave Roud, Le temps de l’Adieu n’est plus. Le temps de la Salutation commence
NATHALIE RIERAGustave Roud, attaché à la même seule échappée …
■■■ AMELIA ROSSELLI[Hommage]
Patti Smith … Walter Benjamin
DES LECTURES/DES PORTRAITS
Susan Sontag Le prurit de l’interprétationpar Nathalie Riera
Roberto Bolaño lâche ses chiens romantiques par Patrice Beray
Guido Cavalcanti / Danièle Robert Rimes & raison par Claude Minière
Paul Louis Rossi La porteuse d’eau de Laguna & Les Chemins de Radegonde par Tristan Hordé
[Disparition]Antoni Tàpies, métaphysicien de la matière par Claude Darras
REVUE(S)
Diérèse – # 56 (Thierry Metz)
La Voix des Autres – # 5 (Cahier central Angye Gaona)
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Au format PDF
Les carnets d'eucharis n°33_PRINTEMPS 2012.pdf
&
Au format CALAMEO
http://www.calameo.com/read/0000370711dc220cf86b3
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Les carnets d’eucharis n°34
ÉTÉ 2012
(mise en ligne vers la mi-juillet 2012)
14:58 Publié dans LES CARNETS D'EUCHARIS (pdf & calaméo), Nathalie Riera | Lien permanent | Commentaires (2) | Imprimer | | Facebook
07/04/2012
Gustave Roud "... attaché à la même seule échappée" - Par Nathalie Riera
Hommage à Gustave Roud
(1897-1976)
© Photo : Fonds photographique Gustave Roud – Vucherens, 1935
(Fonds photographique Gustave Roud)
■ http://www.unil.ch/unimedia/page53151.html
« (…) cette vie menée si purement, si fidèlement, vraie vie de berger des mots, toujours dans le même champ, le regard attaché à la même seule échappée (…) »
Détail d’une photographie de Gustave Roud,
«Fernand aiguise sa faux au crépuscule».
« … attaché à la même seule échappée »
Par Nathalie Riera
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■■■Les Ecrits de Gustave Roud ?
En retrait des agitations, le lecteur avance tout au long de pages qui sont autant de sentiers parcourus avec le poète qui avance lui-même en promeneur solitaire, – à l’époque, privilège qu’on eût pu lui envier ou lui reprocher et qui aujourd’hui encore ne serait pas plus acceptable – en souci de maintenir une parole qui jamais ne fait rage, alors que se poursuit la toujours plus sombre réalité que nous vivons des heures maudites de mensonges et de lâchetés, dans un monde toujours plus peuplé d’images haïssables et moribondes, et que toute poésie digne de ce nom en est que plus malmenée.
En 1985, le poète libanais Salah Stétié écrit dans son « Archer aveugle » : « Mais pourquoi la poésie intéresserait-elle ? Elle ne capte, comme eau pure une main, rien qui vaille d’être retenu si l’on n’est pas organisé intérieurement pour ce type de captage froid et brûlant.»[2] Langage égaré des poètes, selon encore Stétié, ou « langage privilégié du mal-être », avec Gustave Roud comment ensemble ne pas se jeter dans le paysage comme on plonge au plein d’une rivière, avec le désir de m’abandonner, de me laisser perdre et porter je ne sais où par une force déchaînée qui jouerait aveuglément avec mon abandon ».[3]
Dans le Journal de Vitalie Rimbaud, la sœur du poète, juillet 1873, on peut lire : « Mon frère Arthur ne partageait point nos travaux agricoles ; la plume trouvait auprès de lui une occupation assez sérieuse pour qu’elle ne lui permît pas de se mêler de travaux manuels. » Gustave Roud se rendait attentif à la vie paysanne et aux travaux des hommes dans les champs, pour avoir vécu toute sa vie à Carrouge, dans le Jorat, dans la ferme du grand-père maternel.
Bien que poésie dans sa musique agreste, poésie qui se fait conteuse de l’absolu de la solitude, marcher aux côtés de Gustave Roud, c’est écarter du ciel de l’imaginaire tout azur trop bleu, et s’écarter ainsi de toute baliverne champêtre.
« … et je vécus, étincelle d’or de la lumière nature. »[4], écrit Rimbaud, alors que chez Roud, c’est la couleur fauve de la vie et de la nature qui domine, sans leur prêter une quelconque supposition ou présomptueuse idée de Paradis ou de Terre Promise. Y voir plutôt comme un simple regard qui s’affûte sous les effets d’une certaine nostalgie, cette « nostalgie de la distance » selon Philippe Jaccottet.
Résistance d’une poésie et d’un poète qui ne se tient pas à l’écart, contrairement à ce que peut supposer toute existence contemplative, mais plutôt en souci de ne pas rompre ce lien avec l’éphémère et l’éternel. ■■■
Avril 2012 © Nathalie Riera (Les carnets d’eucharis)
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Ecrits I
[…] Un corps nouveau, un cœur nouveau…
(Par lambeaux soudain devant ma mémoire presque abolie, le temps où ma vie tâtonnait encore parmi les hommes tout pareils à des anthologies : un corps et une table des matières. Temps des « langues mortes » - et des « langues vivantes » plus mortes que les autres. Un désert où le squelette de la poésie luisait sous le soleil des dictionnaires. L’Integer vitae chanté sur un air de choral par le vieux maître hernoute, l’avocasserie d’Euripide, Aristophane et ses danseurs agitant comme un fouet leur membre de cuir rougi, Lucrèce, fou furieux pour avoir respiré dans les fourrés de l’Hélicon l’arbre à la fleur-qui-tue… - mais déjà le veilleur d’Eschyle, le museau dans les étoiles comme un chien, me rendait d’un coup la présence du ciel nocturne, et l’Andromaque de Virgile se faisait un paradis de la tristesse. Les plus lointains, les plus vagues pressentiments réapparaissent : quand au-delà des vitres de la sombre salle où nos sept têtes sous le sifflement du gaz versaient leur ombre sur les syllabes mortes, un jet de soleil en trompe-l’œil sur de la neige tirait tout près de moi du cœur de l’hiver un faucheur de seigles, la tête dans le ciel, sa dure épaule nue huilée de lumière. Autour de lui déjà le monde s’ordonnait selon le rythme de son souffle ; la colline fléchit, remonte, quand s’abaisse et se relève tour à tour la lisse poitrine noire et dorée. Toute la ville abattue comme un château de cartes, si le jeune paysan traverse la rue, un épi de froment à son chapeau.
[extrait de « Nuit » in Essai pour un paradis, ECRITS I – p.223/224]
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BAIN
Ta chair nue ou sous la toile toujours liée au soleil, je sais bien ce sourd désir d’eau qui jamais ne l’abandonne ! Ni la cruche en plein ciel renversée, son jet de glace au fond de ta gorge (car c’est la soif des lèvres et de la langue qu’elle apaise), ni le vent qui t’épouse comme l’ombre et meurt, sa fraîche plume fondue à ta poitrine avec le frisson du plaisir, - ni le sommeil même ne pourront rendre le calme au corps brûlé. Et pourtant qui osait braver là-haut le sommeil et son empire ? Suspendu à cette seule note aiguë qui de cent mille cris d’insectes à l’unisson célèbre le soleil, l’univers dormait. Les villages blêmes au fond de l’air bercés par le courant qui tord les routes comme des algues, le noir battement des cloches, ce peuple de cadavres dans les vergers (tu riais de l’homme aux mains mortes, Aimé, vaincu par la goutte de lumière à sa joue) – tous les sortilèges de la torpeur, de quel bond tu les brises ! Tu traverses en courant les seigles, la pente commence, et tout de suite l’ombre à ton épaule ! Le ravin s’ouvre et se referme sur le ciel. Tu descends, battu de feuilles et d’odeurs ; tes pieds aveugles tâtent le sentier sous les branches, le tuf craque, les prêles lient tes genoux. Ivresse du végétal corps à corps, espèce de cri qui sourd de ta chair heureuse, quand le soleil d’en bas brille tout à coup sous les feuilles, et que ce morceau de ciel qui est de l’eau lui chante son rassasiement et sa joie !
[…]
[extrait de « Bain » in Essai pour un paradis, ECRITS I – p.247/248]
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Ecrits II
EPAULE
Fleurs des talus sans rosée, pitoyables au voyageur, qui le saluez une à une, douces à son ombre, douces à cette tête sans pensée qu’il appuie en tremblant contre nos visages, signes, timide appel, caresse à l’homme qui ne sait plus rien des hommes sinon ce murmure d’une voix sans lèvres et le frôlement des suppliantes ombres, vous tout autour de l’année comme une couronne de présences, la petite étoile du faux fraisier sous sa frange de neige noircie (un papillon nu s’est trompé de soleil et vacille comme une feuille morte), l’épi du sainfoin rose, la scabieuse de laine, bleue comme le regard de mon ami perdu, la sauge, la sauge de novembre refleurie et la brunelle, vous que je nomme et vous que je ne sais plus nommer, ô toi parfum du pâle œillet charitable, changeur de rêves, dénoueur des plus sombres sommeils, vous d’aujourd’hui, de cette minute même sous mon regard, campanules haletantes, humiliées, compagnes de mon ombre solitaire, consolatrices, voyez, cette ombre sur vous n’est plus seule, accueillez mon bonheur d’une heure, ne riez pas de mon bonheur ! Un visage près de mon visage, une épaule nue à mon épaule ; la fauve croupe des chevaux qui tirent, le pas des chevaux parmi les pierres, et derrière nous jusqu’aux nuages, pesante et solennelle, fleurie d’une toute petite fille, la craquante charge de froment !
Non, laisse le fouet pris au collier. Les taons suffisent, et ce soir fourmillement de mouches que je tisonne en vain d’une tige de coudre avec toutes ses feuilles. Doucement, la route est longue. Calme ce cheval fier qui est à toi et que j’aime, avec son chiffre à l’encolure (l’année où tu es devenu dragon), ses jarrets au bord de la danse et du bond ployés sans cesse, ses naseaux traversés soudain par le soleil comme une sombre rose de sang. La route est lente. A gauche, à droite, ne vois-tu pas le pays qui se penche et nous salue, debout dans sa vêture d’or ? Tout le pays debout au long de notre marche comme la foule au flanc d’un cortège, la forêt voleuse de javelles, l’auberge endormie, le chant pur des pavots de soie ! Et ces chênes maintenant qui te lancent tour à tour le même filet d’ombre aux mailles de feu.
[…]
[extrait de « Epaule » in Pour un moissonneur, ECRITS II – p.44/46]
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[…]
J’ai relu vos phrases : La guerre crée un présent que nous n’avons pas choisi. En dehors des obligations civiques et de charité qu’il nous impose, il nous laisse tout loisir pour fuir dans la poésie ; la guerre qui menace notre vie menace ce que nous aimons le plus dans la vie : la poésie. Les poètes reprennent ainsi une singulière actualité, car jamais nous ne les aurons lus avec plus de ferveur. Voilà qui est net, et juste. Mais vous parlez de la poésie qu’on lit, donc d’une poésie qui est déjà faite, et moi, je ne puis songer qu’à celle qui va naître, et je tremble. La poésie (la vraie) m’a toujours paru être (…) une quête de signes menée au cœur d’un monde qui ne demande qu’à répondre, interrogé, il est vrai, selon telle ou telle inflexion de voix. La guerre, par ce doute atroce qu’elle installe en nous sur nous-mêmes et l’univers, ne peut que paralyser l’entretien du poète et du monde fondé sur un réciproque abandon. Que l’on se batte ou que l’on « monte la garde » seulement, la guerre nous est perpétuelle présence, et si l’on tente de l’oublier comme je l’ai fait tout à l’heure, parvenu sur le bord même de l’échange poétique, tout s’écroule soudain, sournoisement miné par cette présence niée qui se venge. L’herbe éternelle est rendue à la faux, les feuillages éternels à l’hiver, ce paysan éternel qui est mon ami redevient le soldat revenu l’autre jour en congé, qui portait encore sur sa profonde poitrine la petite plaque d’os poli où l’on peut lire :
Dragon
Fernand Cherpillod
Escadron 4
et, demain peut-être, repartira.
Je vous le jure, il ne s’agit pas de mirages ; c’est la nue et stricte vérité.
[…]
[extrait de « Lettre à Henry-Louis Mermod » in Air de la solitude, ECRITS II – p.99/101]
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Ecrits III
CAMPAGNE PERDUE
[…]
La marche errante du vagabond sans but paraît tout de suite coupable aux yeux des hommes d’ici repris par quelque grand travail d’été comme les foins. Est-il permis, pensent-ils, de traverser les mains oisives ces prairies dont nous sommes, plus encore que les maîtres, les prisonniers ? Ils jalousent la liberté de cet homme et s’en irritent, au moment même où ils redeviennent esclaves, et les pires esclaves : ceux de l’incertain, leur moindre geste dicté par le vent ou le nuage. S’ils savaient !
[…]
[extrait de Campagne perdue, ECRITS III – p.94/95]
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La route noire, mate ou luisante, laquée par la pluie ou liquéfiant le paysage sous le soleil comme un sombre fer brûlant, n’est plus celle de jadis où boitaient, buvant la poussière d’une lèvre sèche, les rôdeurs aux sourcils, à la moustache feutrés de farine comme des meuniers. Les fleurs d’août restent fraîches, l’herbe riveraine est pure. Mais le voyageur poursuit sur cette nappe insensible une course malaisée. Quelque chose l’isole du monde, qui ne fait plus corps avec lui. Le bleu d’acier, le violet vulgaire, le noir sans richesse que sa semelle touche sont morts. Pour toujours a disparu cette chose frémissante où posait son regard sans pensée : la route ancienne sous le gel comme une dalle de marbre où le matin versait brutalement un flots d’ombres éclatantes ; la route après l’averse, grêlée comme une peau ; la route sous l’orage de mai où l’on enjambe des flaques de pétales, neige et rouille ; la route de novembre, quand le talon crève avec un cri rauque la creuse glace des ornières ; la route qui vivait.
[…]
[extrait de Campagne perdue, ECRITS III – p.179/180]
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Aux trois tomes des Ecrits de Gustave Roud s’ajoutent des textes publiés en revue, des traductions et la riche « Correspondance » Jaccottet & Gustave Roud 1942-1976, publiée en 2002 dans les Cahiers de la NRF.
Ecrits I, II, III
Bibliothèque des Arts, 1978
■Site Bibliothèque des Arts/http://www.bibliotheque-des-arts.com/index.php?page=Fiche&ID=12
Autres sites à consulter
Bulletin N°2, 2011
■Site L’association des amis de Gustave Roud/http://www.gustave-roud.ch/Documents_files/La%20plaine_bulletin%202.pdf
IMPRIMER
23:20 Publié dans Gustave Roud | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
OSSIP MANDELSTAM - Cité du Livre/Aix-en-Provence
Les Écritures Croisées,
les éditions La Dogana et Le Bruit du temps
vous invitent à une rencontre autour de la récente publication
MANDELSTAM, MON TEMPS, MON FAUVE
Une biographie
par Ralph Dutli
Présentée par Florian Rodari (éditeur)
Louis Martinez, spécialiste de la littérature russe
s’entretiendra avec
Michel Aucouturier, traducteur
Lecture d'extraits de textes de Mandelstam,
en russe et en français
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Jeudi 19 avril 2012 à 18 h30
Amphithéâtre de la Verrière
Cité du livre - Aix-en-Provence
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17:05 Publié dans Ossip Mandelstam, VIDEOS, ANIMATIONS, DOCUMENTAIRES | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | | Facebook
Escapades Littéraires
Escapades littéraires
2ème édition – Italie Du quotidien aux utopies
Du 12 au 15 avril 2012
Chapelle de l'Observance - Draguignan
Invité d'honneur Erri de Luca
Hommage à Hugo Pratt
Auteurs
Erri de Luca
Giorgio Pressburger
Roberto Ferrucci
Francesco de Filippo
Philippe Fusaro
Jean-Paul Manganaro
Marta Morazzoni
Gianpaolo Pagni
Alessandro Sanna
Invités
Marguerite Pozzoli
Dominique Vittoz
15:44 Publié dans VIDEOS, ANIMATIONS, DOCUMENTAIRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
06/04/2012
Pier Paolo Pasolini
Supplica a mia madre
E’ difficile dire con parole di figlio
ciò a cui nel cuore ben poco assomiglio.
Tu sei la sola al mondo che sa, del mio cuore,
ciò che è stato sempre, prima d’ogni altro amore.
Per questo devo dirti ciò ch’è orrendo conoscere :
è dentro la tua grazia che nasce la mia angoscia.
Sei insostituibile. Per questo è dannata
alla solitudine la vita che mi hai data.
E non voglio esser solo. Ho un’infinita fame
d’amore, dell’amore di corpi senza anima.
Perché l’anima è in te, sei tu, ma tu
sei mia madre e il tuo amore è la mia schiavitù.
Ho passato l’infanzia schiavo di questo senso
alto, irrimediabile, di un impegno immenso.
Era l’unico modo per sentire la vita,
l’unica tinta, l’unica forma : ora è finita.
Sopravviviamo : ed è la confusione
di una vita rinata fuori dalla ragione.
Ti supplico, ah, ti supplico : non voler morire.
Sono qui, solo, con te, in un futuro aprile.
Pier Paolo Pasolini Poesia in forma di rosa
22:25 Publié dans Pier Paolo Pasolini | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
05/04/2012
Juliette Lemontey à la Galerie Le Réalgar
Galerie Le Réalgar
Daniel Damart
23 rue Blanqui – 42000 Saint-Étienne
Cell. : 0687602234
lerealgar@gmail.com/www.lerealgar.com
La carpe et le pinson
Peintures de Juliette Lemontey
Du 14 avril au 25 MAI 2012
Vernissage le 14 AVRIL à partir de 18h
A cette occasion la Galerie édite :
"La carpe, le pinson et le bestiaire de nos solitudes inachevées"
Textes de Raphaële Bruyère accompagnés de la reproduction des peintures de Juliette Lemontey
18:50 Publié dans CLINS D'OEILS (arts plastiques), GALERIES, Le Réalgar | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Ruben Dario (1867-1916) - "Azul" José Corti, 2012
Rubén DARIO | Azul
Editions José Corti, 2012
traduit de l'espagnol (Nicaragua) par Jean-Luc Lacarrière
Collection Ibériques | éditions Corti
AZUL (extrait)
**
La tigresse de Bengale
pelage zébré et lustré
est affable et joyeuse, tout en beauté.
D’un tertre aux pentes raide elle saute
vers un pré de carex et de bambous ; et c’est là
à la roche qui s’érige à l’entrée de son trou.
Puis elle lance un feulement rauque,
s’agite comme une diablesse
et de plaisir hérisse son pelage fou.
-------------------------
■ José Corti Editions
18:13 Publié dans EDITIONS, José Corti, Rubén Dario | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
02/04/2012
Roberto Bolano
Prochainement
■■■
dans
Les carnets d’eucharis n°33
PRINTEMPS 2012
ROBERTO BOLAñO
Trois
Un petit roman lumpen
Les chiens romantiques
Christian Bourgois Editeur, 2012
Roberto Bolaño lâche ses chiens romantiques
13 mars 2012 | | MEDIAPART
(mise en ligne vers la mi-avril 2012)
13:27 Publié dans Christian Bourgois Editeur, Roberto Bolano | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
01/04/2012
Pier Paolo Pasolini
Pier Paolo Pasolini, «Macchina da scrivere».
■ http://www.centrostudipierpaolopasolinicasarsa.it/
Pier Paolo Pasolini sul set del film "Salò"
(Archivio Fotografico "Deborah Imogen Beer e Gideon Bachmann"- Cinemazero)
(“Organizzar il trasumanar. Pier Paolo Pasolini cristiano delle origini o gnostico moderno”)
domenica 27 maggio 2012
14:05 Publié dans Pier Paolo Pasolini | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
29/03/2012
Revue Diérèse N°56
■ Thierry Metz © Françoise Metz
Thierry Metz
Poète
(1956-1997)
■ LIEN : http://diereseetlesdeuxsiciles.com/57374.html
La revue Diérèse, créée il y a quatorze ans par Daniel Martinez, s'attache à publier des textes inédits d'auteurs du monde entier. Elle propose aussi des textes de réflexion autour de livres et de films. Chaque numéro comporte environ 270 pages. Elle a notamment publié des textes de Jean-Claude Pirotte, Michel Butor, Pierre Dhainaut, Isabelle Lévesque, Henri Meschonnic (+), Max Alhau, Bernard Noël, Lionel Ray, Richard Rognet, Jean Rousselot (+), Chantal Dupuy-Dunier, Jacques Ancet, Ariane Dreyfus, Françoise Hàn, Yves Charnet, Joël Vernet...Le numéro 52/53, déjà entièrement consacré à Thierry Metz, est toujours disponible.
Diérèse n°56 (mai 2012) est consacré à Thierry Metz : Poèmes inédits, lettres, dédicaces, photographies... Dossier dirigé par Daniel Martinez et Isabelle Lévesque. Avec des textes de : Sophie Avon, Gérard Bocholier, Lionel Bourg, Gérard Bourgadier, Eric Dazzan, Pierre Dhainaut, Bernadette Engel-Roux, Gilles Lades, Paul Leuquet, Isabelle Lévesque, Daniel Martinez, Jean-Michel Maulpoix, Hervé Planquois, Nathalie Riera, Joël Vernet, Muriel Verstichel, Christian Viguié... Illustrations de Denis Castaing et de Michel Bourçon.
22:41 Publié dans Diérèse | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
REVUE NOUVEAUX DELITS N°42
Nouveaux délits N°42
Avril-Mai-Juin 2012
Je suis contre tous les systèmes politiques qui croient détenir le monopole de la vérité. Je suis contre tous les monopoles idéologiques. (...) Je vomis toutes les vérités absolues et leurs applications totales. Prenez une vérité, levez-la prudemment à hauteur d'homme, voyez qui elle frappe, qui elle tue, qu'est-ce qu'elle épargne, qu'est-ce qu'elle rejette, sentez-la longuement, voyez si ça ne sent pas le cadavre, goûtez en gardant un bon moment sur la langue – mais soyez toujours prêts à recracher immédiatement. C'est cela, la démocratie. C'est le droit de recracher.
Romain Gary – 1957
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Claude Dourguin, Chemins et Routes
■ Claude Dourguin
Claude Dourguin
Poésie, Récit, Essai
■ LIEN :http://www.champ-vallon.com/
[…]
Régularité quasi cyclique, mouvement quasi migrateur, la route reprise est exploration, approfondissement, souci systématique d’un savoir. Car ces cheminements ignorent l’ignorance : gens, matériel, itinéraires font l’objet de préparatifs, de projets. Mais part est laissée à l’inattendu, curieux l’esprit s’ouvre à la rencontre, ainsi d’un joueur de cithare auprès duquel apprendre, une disposition intérieure fait savoir accueillir ce qui se présente, posément.
------------------------- (p.86)
[…]
L’amour des paysages, terres d’altitude et forêts spécialement, habite Stifter, des pages longues en précisent le caractère, les particularités, disent leurs détails et leur organisation. Le héros de L’ARRIERE-SAISON, marqué par le goût et le sens de la montagne, sans se lasser évoque les sentiers difficiles, les barres, les hautes vallées où l’on suit le cours des torrents, leurs végétations buissonnantes, les roches massives, les arbres esseulés – « […] pas un arbre, pas le plus petit buisson, pas une maison, pas une cabane, pas un pré, pas un champ, rien d’autre qu’une herbe misérable et des rochers. »
Délivré des contingences historiques et sociales – de là, sans doute, sa fascination singulière –, le parcours impose sa seule marche, va, intemporel, guidé par la seule présence des saisons, de leur succession, de leur avancée dont il permet l’observation fine – on remarque « l’état des frondaisons, l’aspect des plantes […], le comportement des animaux […], l’état de leur fourrure », la variation des teintes, les brouillards, la neige, les ruisseaux gelés. Toujours la toute-puissance du règne naturel expose ses lois, édifie l’observateur que soutient la conviction de l’existence universelle d’un ordre – bienfaisant. Des constructions, des chapelles également à travers le pays témoignent d’une antique aspiration à l’art ; souci esthétique lui aussi essentiel (les demeures, déjà abritaient des tableaux illustres), on ne manque pas de s’y rendre, de les visiter, d’observer les sculptures, les boiseries, d’en faire parfois des relevés. Aussi, formé par la route qui offre ses expériences, avance-t-on nourri, fortifié, mûri, édifié. Egalité d’humeur, ni angoisse ni doute, ni découragement, c’est un accomplissement serein, sans épreuves – singularité – que connaît le héros à mesure qu’il voyage et arpente. Il faut regarder ce qui se présente – fût-ce, apprendra-t-on, « les phénomènes anodins », l’étude, le sens viendront par surcroît.
------------------------- (p.87/88)
CHEMINS ET ROUTES
Claude DOURGUIN
Isolato, 2010
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Claude Dourguin a publié aux :
Editions Solaire-Fédérop
L'Archipel, 1984.
Villes saintes, 1988.
Editions Champ Vallon
La Lumière des Villes, 1990.
Lettres de l'Avent, 1991.
Recours (Patinir, Lorrain, Segers), 1991.
Ecarts, 1994.
Un royaume près de la mer, 1998.
Escales, New York, Dublin, Naples, 2002
Aux éditions Isolato
Laponia, 2008
Les nuits vagabondes, 2008
Chemins et Routes, 2010
La peinture et le lieu (à paraître)
Aux éditions José Corti
Ciels de traîne, 2010
Elle a publié, en collaboration, le second tome des Œuvres complètes de Julien Garcq dans la collection La Pléiade.
21:18 Publié dans Claude Dourguin | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
26/03/2012
James Joyce, Musique de chambre/Chamber Music, La Nerthe Editions
JAMES JOYCE
Musique de chambre - Pomes Penyeach - Ecce Puer
(La Nerthe Editions, 2012)
EDITION BILINGUE
Traduction et préface de Philippe Blanchon
Avec la joyeuse collaboration de Toby Gemperle Gilbert
James Joyce
***
Chamber Music est paru en 1907 selon un agencement des poèmes effectué par les soins de Stanislaus Joyce, le frère de James. Néanmoins, l’agencement initial avait un sens très particulier et c’est ce dernier que nous avons repris ici tel que conçu par Joyce en 1905. Joyce avait une intention tout à fait précise et la révélation de son projet originel donne à ces poèmes une place plus cohérente dans l’ensemble du corpus joycien. Il s’agit là d’un parfait petit roman : de la naissance de l’amour, de sa portée spirituelle à sa réalisation charnelle qui conduira, la passion déclinant à une possible amitié nouvelle entre les amants, à une nostalgique et tendre fraternité.
Il ne semble pas inutile de rappeler qu’à la même époque Ezra Pound se passionnera et traduira les Troubadours et qu’il sera celui qui reconnaîtra le premier le génie de Joyce. Il y a dans Chamber Music, en effet, des éléments qui relèvent de cette tradition courtoise et aussi un sens prononcé de l’épique (préoccupation majeure de pound qui sera incarnée par ses Cantos). Dans le premier poème se concentre une épopée : le poète dans sa singularité inaliénable, « parmi ses ennemis » avec « Son amour », « son compagnon ». Ton épique renvoyant aussi bien à Homère et donc à Ulysse. Pound publiera le dernier poème de Chamber Music dans sa célèbre anthologie ‘imagiste’. Ce sera le début d’une bataille acharnée de Pound pour publier les livres de Joyce jusqu’à Ulysse. Notons aussi que dans son essai consacré à Joyce en 1918, Pound fera une étude de ses vers autant que de sa prose.
Concernant les Pomes penyeach, outre la restitution des audaces et des inventions formelles absentes dans le premier recueil, il s’agit d’un mélange d’ironie et de tendresse qui nous rappelle que ces vers sont de l’auteur d’Ulysse.
Quant à Ecce Puer, ce poème isolé dans sa perfection formelle, il résume un cycle : la naissance (du petit-fils), la mort (du père). Cycle central, à travers Vico, dans Finnegans Wake.
Le projet est de montrer que, même s’il ne s’agit pas de ses œuvres maîtresses, ses poèmes participent pleinement à l’ensemble de la construction joycienne et que c’est une erreur de les minorer, ou pire encore de simplement les marginaliser avec condescendance.
In « Joyce au cœur du poème », Préface de Philippe Blanchon
***
MUSIQUE DE CHAMBRE / CHAMBER MUSIC
36 poèmes construits en trois temps, à lire comme un petit roman : d’abord le rire et le chant de l’Amour, aller à lui, danser, voler, chevaucher l’air. C’est « Amour heureux » qui seul peut donner au cœur d’être en paix, faire s’agiter « les cloches fleuries de l’aurore « ; doux cœur qui a pour simple secret d’être « Mon espoir et toute ma richesse (…) / Et toute ma félicité ». Rendre âme heureuse, fléchir aux bras qui étreignent, accepter « le plus doux des emprisonnements », Amour pour adoucir les « sinistres rigueurs ». Et puis :
« Douce dame, ne chante pas
Les tristes chants de la fin des amours ;
Laisse de côté la tristesse et chante
Qu’il en est assez de l’amour qui passe.
(…) » (poème 28, p.65)
Gentle lady, do not sing
Sad songs about the end of love ;
Lay aside sadness and sing
How love that passes is enough.
Bien qu’Amour soit lasse, que la douce musique s’en soit allée – « nous n’entendons plus/La villanelle ni le rondeau » – rien cependant qui ne puisse donner regret : « L’année, l’année fait ses récoltes ».
Nathalie Riera, mars 2012
Les carnets d'eucharis
James Augustine Aloysius Joyce (2 février 1882 à Dublin - 13 janvier 1941 à Zurich), romancier et poète irlandais expatrié, considéré comme un des écrivains les plus influents du XXe siècle. Ses œuvres majeures sont un recueil de nouvelles Les Gens de Dublin (1914) et des romans Dedalus (1916), Ulysse (1922), et Finnegans Wake (1939).
Bien qu'il ait passé la majeure partie de sa vie en dehors de son pays natal, l'expérience irlandaise de Joyce est essentielle dans ses écrits et est la base de la plupart de ses œuvres. Son univers fictionnel est ancré à Dublin et reflète sa vie de famille, les événements, les amis (et les ennemis) des jours d'école et de collège. Ainsi, il est devenu à la fois le plus cosmopolite et le plus local des grands écrivains irlandais. (Source : le site des Editions de l’Herne)
■ SITES A CONSULTER :
Editions/Librairie La Nerthe
Les Editions de l'Herne
James Joyce et La Nerthe dans le New York Times/The TIMES LITERARY SUPPLEMENT
12:18 Publié dans James Joyce | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
17/03/2012
Claudio Magris
Claudio Magris
Alphabets
Editions Gallimard, 2012
Collection « L’Arpenteur »
Traduction de l'italien par Jean et Marie-Noëlle Pastureau
560 pages • 29,50 €
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Claudio Magris – Photo : Carles Mercader
4ème de couverture
Jorge Luis Borges se plaisait à dire qu'il laissait à d'autres le soin de se glorifier des livres qu'ils avaient écrits, car il préférait pour sa part tirer gloire des livres qu'il avait lus. Cette anecdote donne le ton d'Alphabets, ouvrage dans lequel Claudio Magris nous convie à un long voyage à travers des livres qui ont laissé en lui une durable empreinte. La littérature est à ses yeux une expérience de vie. Elle soutient ou attise l'intensité de notre existence et en dilate infiniment les confins. Il évoque dans Alphabets des livres qui nous forment, mais aussi des livres qui ont à la fois le pouvoir de nous blesser et d'apaiser la blessure. Des livres qui nous permettent de connaître et d'ordonner le monde, et d'autres qui en révèlent le chaos destructeur, l'enchantement et l'horreur. Des livres qui s'entrelacent à la vie, se confrontent à l'Histoire et nous marquent parfois de leur 'signe absolu '. Des livres qui transcendent leur propre perfection esthétique pour dire la douleur non moins que la beauté, l'amour non moins que la tragédie ou l'abjection. Des livres traversés par des lueurs salvatrices et d'autres qui se penchent au bord du néant. Au terme d'un vaste et passionnant périple qui nous emmène à la rencontre de nombreux écrivains et qui explore des thèmes aussi divers que la colère, le courage, la mélancolie ou la guerre, Alphabets se conclut par réflexion lucide et nuancée sur les rapports entre littérature, éthique et politique. On s'aperçoit alors que dans ce nouveau livre, le grand écrivain triestin a dessiné en filigrane une sorte d'autobiographie littéraire, comme dans le célèbre apologue borgésien dans lequel un artiste peint des paysages, des montagnes, des îles et s'aperçoit au soir de sa vie qu'il a en réalité composé son autoportrait.
17:19 Publié dans 4EMES DE COUVERTURE, Claudio Magris, ITALIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
16/03/2012
Susan Sontag, l'oeuvre parle
Lecture Nathalie Riera
Susan Sontag
L’œuvre parle, Christian Bourgois Editeur, 2010
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Guy Durand
Site de l’éditeur/ http://www.christianbourgois-editeur.com/fiche-livre.php?Id=1157
Susan Sontag, « le prurit de l’interprétation »
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■■■ Comment une œuvre peut-elle échapper à l’emprise de l’interprétation ? Comment lui éviter « un recueil de préceptes » ? Avec Against interpretation and other essays écrit entre 1961 et 1965, et qui figure parmi les premiers articles de Susan Sontag sur les arts et la culture contemporaine, l’acte d’interpréter une œuvre est souvent davantage une manière de vouloir se substituer à l’œuvre plutôt que d’en appeler à une critique capable de la servir, de sympathiser avec elle. Chez Sontag tout excès d’interprétation nuit à l’expérience sensible, et contre cela elle n’hésite pas à nous dire que jamais l’œuvre d’art ne se place dans le monde « comme un texte, un commentaire du monde », et qu’en sa qualité d’œuvre d’art, celle-ci ne peut ni faire dans la formulation d’idées générales ni être au service d’une idéologie sociale.
Peut-on seulement accepter de l’artiste, dans son dépassement de « l’homme psychologique et social » (Artaud) son rôle périlleux d’éclaireur. Susan Sontag n’exclut pas que tout « savoir est, dans un certain sens, dangereux », un élargissement du champ de l’expérience et du champ de la conscience exigeant « une préparation psychique suffisamment ample et éclairé ». Ne faut-il alors pas voir simplement dans l’artiste – l’auteur citant Rilke – « un homme qui travaille à l’extension du domaine des sens » ?
(Les carnets d’eucharis © Nathalie Riera, mars 2012)
Extrait
« De nos jours, toute tentative novatrice valable dans le domaine de l’esthétique tend à prendre une tournure radicale. Un artiste doit se poser la question : quelle est la forme de radicalisme qui s’accordera avec mes dons, avec mon tempérament ? Cela ne signifie nullement que tous les artistes contemporains soient convaincus de la valeur de l’évolution dans le domaine artistique. Un point de vue radical n’est pas nécessairement tourné vers l’avenir.
Examinons deux points de vue radicaux les plus importants dans la perspective de l’art contemporain. L’un cherche à obtenir l’abolition de toutes les distinctions de genres particuliers. Il n’y aurait plus alors qu’un art unique, composé du concours de toutes les formes et de tous les moyens de réalisation : immense édifice combinant et comportant la synthèse de toutes les formes de comportement. L’autre point de vue voudrait que soient maintenues et précisées toutes les limites de séparation, par une clarification des caractéristiques particulières à chaque forme d’art : la peinture ne devrait utiliser que les procédés qui lui appartiennent, la musique ne pas sortir du domaine musical, le roman se garder d’emprunter à d’autres disciplines littéraires et se servir uniquement de la technique qui lui est propre.
Ces deux points de vue sont apparemment inconciliables. Ils n’en traduisent pas moins l’un et l’autre l’une des préoccupations constantes de l’époque moderne : la recherche d’une forme artistique définitive. » (« L’œuvre parle », Susan Sontag, p.237/238)
Susan Sontag est née à New York en 1933. Elle publie son premier roman, Le Bienfaiteur, à l'âge de trente ans. Dans les années 1960, elle écrit pour différents magazines et revues. Très engagée à gauche, elle est proche d'intellectuels français tels que Roland Barthes, à qui elle a consacré un livre. Son essai Sur la photographie paraît en 1977. Elle publie également de nombreux romans, dont L'Amant du volcan (1992) et En Amérique (1999) pour lequel elle a reçu le National Book Award. Le Prix Jérusalem, qui lui a été attribué en 2001, et le Prix de la Paix des libraires, qui lui a été remis à Francfort en 2003, récompensent l'ensemble de son œuvre. Elle est morte le 28 décembre 2004.
■ LES CARNETS D’EUCHARIS
http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com/susan-sontag/
■ LES CARNETS D’EUCHARIS N°32 – HIVER 2012
http://fr.calameo.com/read/000037071e7e1f94a4320
16:48 Publié dans Christian Bourgois Editeur, ETATS-UNIS, Susan Sontag | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
11/03/2012
Patti Smith, Auguries of Innocence
■ Patti Smith by Linda Smith Bianucci
Patti Smith
American singer, poet & visual artist
(Née à Chicago en 1946)
■ LIEN : http://www.pattismith.net/
Née en 1946, Patti Smith grandit dans le New Jersey et s'intéressa très tôt à la musique, écoutant les Rolling Stones, The Velvet Underground, Jimmy Hendrix, James Brown... A son arrivée à New York, elle rencontre le photographe Robert Mapplethorpe encore débutant. Ils se soutiennent mutuellement à leurs débuts. C'est également à cette époque qu'elle rencontre William Burroughs. D'abord tournée vers la poésie, son premier enregistrement important fut une version d'un poème de Jim Morrison. Au cours des années 1970, elle fut progressivement amenée à faire fusionner de tels écrits avec son expérience du rock. En 1971, elle donna ainsi une lecture à l'église St Mark, accompagnée à la guitare par Lenny Kaye; cette liaison informelle se poursuivit pendant trois ans, le duo fut rejoint par Richard Sohl (piano) pour former le premier Patti Smith Group.
■ http://www.christianbourgois-editeur.com/une-nouvelle.php?Id=46
MUMMER LOVE
[…]
oh stolen book my salvation no crime sweet no scent mesmeric no snow so light than the simple knowledge of you rimbaud sailor face words hidden in mu blouse so close to my breast
–piss factory draft
The years saw me grow long-limbed awkward inexplicably maverick. I sought my kind and found none. How you rescued me. Your peasant hands reaching through time wrapping my young heart. Your poems, found in a stall by the greyhound station I dogged dreaming of escape, were my ticket out of my cloistered existence. Words I could not comprehend and yet, deciphered by blood, illuminated adolescence. Armed with you I fled the rural suffocation of southern New Jersey past the streets of our forefathers to New York City of poet rats and public transit. I wrote with the image of you above my worktable, vowing to one day trace your steps dressed in the watch cap and coat of my present self.
------------------------- (P.127)
MASQUES D’AMOUR *
[…]
ô livre de mon salut pas de crime plus doux pas de parfum plus entêtant
pas de neige plus légère que ton livre volé toi rimbaud
face de marin dont je cachais les mots sous mon corsage contre mon sein
–brouillon de l’Usine à Pisse
Les années me virent grandir tout en longueur bras et jambes devenir gauche et inexplicablement à part. Je cherchai ma famille sans la trouver. Ah ! comme tu m’as délivrée ! Tes mains de paysan plongeaient à travers le temps pour étreindre mon jeune cœur. Tes poèmes, trouvés dans un kiosque près de la gare des bus Greyhound où j’allais traîner et rêver de fuite, furent le billet qui me délivra de mon existence cloîtrée. Tes mots que je ne saisissais pas, déchiffrés à la lecture du sang, illuminèrent mon adolescence. Armée de toi je m’échappai de la suffocante campagne du sud du New Jersey, quittant les rues ancestrales pour le New York des rats poètes et du trafic public. J’écrivais, ton portrait au-dessus de ma table de travail, me jurant qu’un jour j’irais sur tes pas, habillée de ma casquette et de mon manteau du moment.
------------------------- (P.127)
* Mummer : dans le monde rural anglais, personnage costumé et masqué lié à des rites célébrant le retour des saisons.
PRESAGES D’INNOCENCE/Auguries of Innocence
Patti SMITH
Christian Bourgois Editeur, 2007
Textes traduits de l’anglais (Etats-Unis) par Jacques Darras
-------------------------
SHE LAY IN THE STREAM DREAMING OF AUGUST SANDER*
You, I write beloved black ace Ophelia
extravagantly pierced dread pale moon.
Negatives inflame your immutable eye,
hands face feather soaked in love.
Cast your pearls pen the pink fat night.
Comb ashes from the garden asylum,
the white cliff of ambition shedding.
Shoot baby shoot, powers can alter.
Her human cathedral hung with tassels
of hair threaded with golden string.
And the sang as she slid dangerously alive
through long arms of trailing algae.
I have collected children. I have felt
the museum fled that mountain–viewed
with suspicion memories snowing.
the white cliff of ambition
in those soft trine
She unfastened the strings and fruit erupted.
The flayed mule became one with her,
they lay uncorrupted in the deep grass
pecked palm to palm by ebullient fowl.
You are my summer knight she whispered.
The spokes of the wheel bear witness.
A barren heart is a heart that does not choose.
Beloved, come down fluid like naked convinced
a heart has stopped floating orchid child.
Horns of angel turned in virulent dust,
being to feel found shelter in fire.
The first roar dry and blood brown
crisscrossing the Kingdom of a wrist.
------------------------- (P.60)
ALLONGEE DANS LE COURANT, ELLE REVAIT A AUGUST SANDER*
Toi à qui j’écris, figure d’as noir mon amour Ophélie
ma terrible lune pâle percée de trous extravagants.
Les négatifs enflamment ton œil immuable,
mains, visages, plumes baignées d’un bain d’amour.
Jette tes perles dessine l’épaisse nuit rose.
Peigne les cendres à l’asile du jardin,
effeuille la falaise blanche de l’ambition.
Tire, mon amour, tire, les puissances parfois varient.
Sa cathédrale humaine était ornée de festons
de cheveux passementés de fils d’or.
Vivante elle chantait quoique glissant périlleusement
entre les bras des longues algues traînantes.
J’ai rassemblé les enfants. J’ai senti
que le musée avait fui la montagne – j’ai vu
avec méfiance les souvenirs qui neigeaient.
les falaises blanches de l’ambition
en cette tendre trinité
Elle dénoua les fils et les fruits explosèrent.
La mule écorchée ne fit plus qu’une avec elle,
toutes deux gisant dans la haute herbe incorruptible
où des volatiles leur picoraient fiévreusement les paumes [une à une.
Tu es mon chevalier d’été, murmura-t-elle.
Les rayons de la roue en témoignent.
Un cœur stérile est un cœur qui ne choisit pas.
Ma chérie, laisse-toi glisser fluide et nue convaincue
qu’un cœur a cessé de flotter mon enfant orchidée.
Les trompettes d’anges se changèrent en poussière [virulente,
l’être sensible trouva refuge dans les flammes.
Premier claquement sec, du sang marron
quadrilla le royaume d’un poignet.
------------------------- (P.60)
* August Sander (1876-1964), photographe allemand spécialiste du monde rural autour de Cologne.
02:37 Publié dans Christian Bourgois Editeur, ETATS-UNIS, Patti Smith | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
10/03/2012
Robert Duncan
Robert Duncan
Poète américain
(1919-1988)
Berkeley, 1947
■ LIEN : http://jacketmagazine.com/28/dunc-bert-10poems.html
■ ■ ■ Robert Duncan born on January 7, 1919 in Oakland, California, Robert Duncan began writing poetry as a teenager in Bakersfield, when a high school teacher encouraged his creative endeavors. In 1938, after two years at University of California, Berkeley, Duncan moved to New York and became involved in the downtown literary coterie that had sprung up around Anaïs Nin… POETS.ORG : http://www.poets.org/poet.php/prmPID/186
■ LIEN : http://www.english.illinois.edu/maps/poets/a_f/duncan/duncan.htm
JUST SEEING
Sept. 27, 1980
takes over everywhere before names
this taking over of sand hillock and slope
as naming takes over as seeing takes over
this green spreading upreaching thick
fingers from their green light branching
into deep rose, into ruddy profusions
takes over from the grey ash dead colonies
lovely the debris the profusion the waste
here — over there too — the flowering begins
the sea pink-before-scarlet openings
when the sun comes thru cloud cover
there will be bees, the mass will be busy
coming to fruit — but lovely this grey
light — the deeper grey of the old colonies
burnd by the sun — the living thick
members taking over thriving
where a secret water runs
they spread out to ripen
ON ROBERT DUNCAN
by Michael PALMER
Modern American Poetry
■ http://www.english.illinois.edu/maps/poets/a_f/duncan/palmeronduncan.htm
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ÉPREUVES
Remplacer « chute d’herbes » par
« chante le verbe partir »
puisque la fuite des nuages
nous laisse le paysage hivernal.
Remplacer « violet » par « violent »
juste après
« les plis de ton visage s’appliquent
à contrarier mon désir »
PROOFS/EPREUVES
(SITE) Terres de femmes
■ http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2011/05/robert-duncan-proofs.html
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CHANT-LUMIERE
; époux la main les clés une libre imp-
rovisation qui garde le constant serment,
une musique,
à conjugaisons fixes, notes, les plus lég-
ères estimations de ravissement d’oreille
naturellement calculées. Le dispositif
disparaît en lui-même.
Donc, loi :
C’est cette musique à quoi le compositeur se risque,
joue, percutamment,
l’état que j’aime. Une
volition.
S’emparer, dans l’air, de ses figures.
2 POEMES DE Letters
Traduit de l’américain et introduction par Auxeméry
23:03 Publié dans ETATS-UNIS, Robert Duncan | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook