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29/04/2012

CALISTO, "Lou Andreas-Salomé ou le paradoxe de l'écriture de soi" par Nathalie Riera

Lecture Nathalie Riera

 

Lou Andreas-Salomé

ou le paradoxe de l’écriture de soi

Calisto

Editions L’Harmattan, 2012

 

Site Les éditions L’Harmattan/ http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=36770

 

 

 

 L A SALOME2.jpg

 

 

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Que savons-nous en France de Lou Andreas-Salomé et de son œuvre ? Absence d’études littéraires consacrées à ses écrits, discrétion éditoriale, nous annonce Calisto, auteur de Lou Andreas-Salomé ou le paradoxe de l’écriture de soi, un essai semblait alors s’imposer, aux multiples ambitions : faire découvrir l’écrivain et intellectuelle née à Saint-Pétersbourg le 12 février 1861, mettre en lumière le paradoxe de l’écriture de soi (l’expression revient à M. Foucault), approcher la question de l’autobiographie (mot apparu au 18ème siècle sous la forme anglaise « autobiography »), tout en évitant les écueils des stéréotypes, autrement dit, tenter de « dépasser l’image d’égérie (…) que le temps s’est chargé de façonner à son égard » (p.15).

   Nombre incalculable d’ouvrages et d’écrits de toutes sortes, correspondances prolixes avec Nietzsche, Rée, Rilke et Freud, L. A-Salomé s’inscrit dans « le paysage littéraire et transculturel des années 1900 » (p.19). L’écriture de soi ne se limite pas au genre autobiographique. La personnalité esthétique et philosophique de L. A-Salomé s’affirmera dans l’écriture des « Carnets intimes des dernières années » (écrits de janvier 1934 à mai 1936), carnets considérés « à mi-chemin entre les Mémoires, le journal intime, l’autobiographie et le traité philosophique » (p. 21).

 

   Tout au long de ce mémoire commencé au début des années 2000, Calisto convoque de multiples personnalités, dont les œuvres critiques et théoriques sont consacrées à l’écrivain (J.P. Faye, P.C. Hummel, J. Lacoste…), ainsi qu’à la question de l’autobiographie et du roman (R. Barthes, P. Bourdieu, M. foucault, G. Genette, J. Starobinski…).

   Qu’est-ce que l’autobiographie ? : « (…) en quelque sorte le produit du regard en arrière (…) vision rétrospective de sa propre histoire (…) le récit autobiographique est une re-construction » (p.26), « le produit d’une vie retranscrite » (p.27). Pour au mieux saisir ce qu’est l’autobiographie, une règle s’impose : « forme, langage (récit en prose), sujet traité (vie personnelle) et situation identitaire (auteur-narrateur-personnage) » (p.26). Calisto pose ainsi pour question les raisons du choix de l’autobiographie chez Salomé, s’il faut comprendre à travers ce choix la nécessité « de faire retour à ses racines, de se « reterritorialiser » après une longue période d’éloignement ou d’errance » ? (p.27).

   Si l’écriture de soi « est à comprendre selon une dynamique particulière qui pousse l’auteur à écrire sur lui, à écrire en fonction de lui, à s’écrire lui-même » (p.32), le processus consiste paradoxalement à « l’écriture des autres pour une écriture de soi » : « L. A-Salomé entretient l’écriture de l’autre (…) pour révéler son activité, son mode de pensée, son caractère. L’écriture des autres lui permet en quelque sorte de se raconter, de se dire, de manière allusive et détournée » (p.34). Ce choix de Salomé opère surtout d’une détestation à l’idée de dévoiler sa vie privée.

   Autre manière d’appréhender l’autobiographie : elle est également « un bon test en matière d’évaluation des faits ». Mais le choix de l’autobiographie répond t-il pour autant à une volonté de dire toute la vérité sur son vécu ? Tout souvenir fixé dans la mémoire a de forte chance de se modifier dans son contact avec d’autres souvenirs : « L. A-Salomé possède une pleine conscience de l’impossibilité d’une véridicité dans sa totalité » (P.54). Ainsi va-t-elle privilégier l’authenticité en recourant à peu de faits : « Ce n’est plus la somme des expériences qui est en jeu, mais l’approche véridique de la narration. Forme et contenu fusionnent au nom de l’exactitude » (p.54).

 

   Dans la deuxième partie de l’ouvrage, Calisto met le doigt sur d’autres paradoxes, lesquels peuvent rapprocher entre eux des genres aussi différents que complémentaires, comme l’autobiographie et le roman, qui ensemble ont la capacité d’évoluer en résonance : « En effet, l’autobiographie, paradoxalement, est obligée de se servir des instruments de la fiction pour se construire. (…) l’autobiographie se construit de fait sur les bases de l’écriture romanesque. Elle doit tenter de dire la vérité au moyen des outils empruntés à la fiction narrative. La mise en abyme de ces deux genres engageant dans le même temps une situation équivoque et paradoxale » (p.99).

  

   « (…) Dans l’écriture saloméenne, le roman vient relayer l’autobiographie là où elle connait des faiblesses. On ne peut parler alors de prédominance d’un genre sur l’autre. Le roman ne sert (ne ni dessert) l’autobiographie, il l’enrichit. Se trouve derrière les deux écritures utilisées par l’auteur, l’idée d’une complémentarité, bien plus que celle d’une rivalité. Acte autobiographique ou acte romanesque ? Les deux actes évoluent en étroite proximité, puisqu’ils participent au final à l’élaboration d’une seule et même écriture : l’écriture de soi » (p.119)

 

 

(Les carnets d’eucharis, Nathalie Riera, avril 2012)

 

 

 

 

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