Aurélia Lassaque : une très belle voix en terre de poésie (09/10/2010)
Aurélia LASSAQUE
Poète de langues occitane et française
(Née en 1983)
L A P A U S E P O E S I E
Au Festival de Sète, été 2010, Place du Poulpe
© Eric Teissedre
Née en 1983, Aurélia Lassaque est poète de langues occitane et française. Paraissent en 2006 Cinquena Sason (éd. Letras d’Oc), en 2009 Ombras de Luna – Ombres de Lune (éd. La Margeride, rééd. 2010). A paraître aux éditions Jacques Brémond : Solstici, lo bram de Janus – Solstice, le brame de Janus. Ses poèmes sont traduits en catalan, italien, anglais et arabe et paraissent dans diverses revues et anthologies. Elle collabore régulièrement avec des peintres et plasticiens : Robert Lobet (France), Julie Baugnet (Amérique), Adriana Civitarese (Italie). Aurélia Lassaque s’est vu confier en 2010 la direction artistique du Festival des Littératures Minoritaires d’Europe et de la Méditerranée (Italie).
Extraits…………………………………………………
Ombras de Luna, Ombres de Lune, Nîmes, Ed. La Margeride, 2009, 2010.
Lo rei de seda saura
Engana l’aucelum e tuteja l’aura.
Quilhat dins l’èrba salvatja
A perdut sos uèlhs
Raubats a la vèsta d’un soldat.
Tres gojats son venguts
Qu’an escampat sas tripas pel sòl
Per i prene qualque dròlla mal pintrada.
Privat de son còs de seda saura,
L’espaurugal
Fa de sòmis descabestrats
Que desvarian los aucèls.
Le roi de soie blonde
Il trompe les oiseaux et il tutoie le vent.
Dressé dans l'herbe sauvage
Il a perdu ses yeux
Volés à la veste d'un soldat.
Trois jeunes hommes sont venus
Qui ont répandu ses tripes sur le sol
Pour y prendre quelque fille mal mise.
Privé de son corps de soie blonde,
L’épouvantail
Fait des rêves débridés
Qui égarent les oiseaux.
Sa pèl escura e cauda
Coma una nuèch d’estiu
S’estira fins a fintar l’alba
Quand son còs de cavala fèra
Tornamai s’alanda
E cava dins la prigondor de sas cambas
Un paradís d’auselaire.
Sa peau chaude et obscure
Comme une nuit d’été
S’étire et dupe l’aube
Quand son corps de jument sauvage
A nouveau se déploie
Et creuse dans la profondeur de ses jambes
Un paradis d’oiseleur.
Passava en secret d’oradas dins lo verdièr
Pausant sa lenga contra la saba rossa
Gotejant de las bocas badantas dels arbres.
Aital, un ser d’auratge joven,
La trobèt un gojat vengut de la mar
Que l’emportèt a la cima de son sèxe.
Elle passait en secret de longues heures dans le verger
Posant sa langue contre la sève rousse
S’échappant en gouttes de la bouche béante des arbres.
Ainsi, un soir de jeune orage,
La trouva un jeune homme venu de la mer
Qui l’emporta à la cime de son sexe.
Inédits………………………………………………
***
Autres poèmes…
Un ostal de peira e de cortinas de lin coloradas per la lutz e la posca mescladas.
La mar granda, fins a l’asuèlh, agacha per la fenèstra.
Dins l’ostal, una femna encara vierge ; sos pelses de cendre qu’atissa lo vent de la nauta mar balan amb lo ser.
Sus la taula, son vièlh trocèl ben plegat, atrai son agach quand los aucèls de nuèch se meton a cantar.
Une maison de pierre et des rideaux de lin colorés par la lumière et la poussière mêlées.
L’océan, jusqu’à l’horizon, regarde par la fenêtre.
Dans la maison, une femme encore vierge ; ses cheveux de cendre que taquine le vent de la haute mer dansent avec le soir.
Sur la table, son vieux trousseau bien plié, attire son regard quand les oiseaux de nuit se mettent à chanter.
(Poème paru dans l’anthologie Voix Vives de méditerranée en méditerranée. Anthologie Sète 2010, éditions Encre et Lumière, Cannes et Clairan, 2010).
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Commentaires
Anghjula me rappelait tout à l'heure qu'Aurélia était aussi comédienne et préparait actuellement une thèse de doctorat sur la dramaturgie occitane baroque. Quel itinéraire !!!
Écrit par : Yves | 14/10/2010
Magnifique...que d'émotion , de "ressenti",toute une sensibilité délicate s'exprime à travers cette poesie qui trouve ses racines chez nos maîtres de la renaissance et de l'humanisme
Écrit par : bibonne robert | 03/03/2011