Yves Bonnefoy, "Deux Scènes" (03/10/2010)

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Yves Bonnefoy © Source visuelle : Maldoror


 

 

 

 

Et un autre fait, et une autre chance (…) ce fut l’absence, dans l’éducation que j’ai reçue, des enseignements religieux, des œuvres d’art et des leçons de morale. Personne ne fut là pour tenter de faire de moi un catholique ou un protestant, ou même un athée, personne pour m’inciter à admirer Michel-Ange ou Shakespeare ou Beethoven ou Pascal, personne même, au-dehors des manuels d’histoire, pour me proposer des exemples de vie en société. Je n’ai eu à subir, en tous cas de plein fouet, l’autorité redoutable d’aucun de ces prêches qui réduisent ce qui ici ou là fut poésie en Europe à leurs lectures qui ne sont qu’orthodoxies de pensée, formes à nouveau d’aliénation conceptuelle. Or, quand on ne reçoit pas d’héritage on peut plus aisément s’imaginer le responsable de l’humain à son plus simple, comme veut l’être la poésie.

 

Yves Bonnefoy, « Deux Scènes et notes conjointes », éd. Galilée, 2009, (pp. 59/60)

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