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20/01/2010

L'anatomie de la Mélancolie - Shelley Jackson

vient de paraître

 

 L'Anatomie de la Mélancolie

Shelley Jackson

     traduit de l'anglais (USA) par Bernard Hoepffner 

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Editions José Corti, janvier 2010

melancolie_jackson.jpgDans l’Anatomie de la Mélancolie, Robert Burton tente de faire l’anatomie d’un état de l’esprit, Shelley Jackson (née en 1963) tente, au contraire, de spiritualiser l’anatomie. Ce faisant, elle donne au lecteur tout le plaisir que l’on peut trouver dans les vieux livres de science que l’on connaît surtout aujourd’hui pour leur qualité littéraire. La Mélancolie de l’Anatomie, explore ce même territoire, celui des limites entre la littérature et la recherche scientifique, entre la citation à outrance et une écriture entièrement neuve, entre la religion et la fantaisie. Comme le dit l’auteur, « Si certaines de mes phrases sont d’une grande complexité, ce n’est rien quand on les compare à celles de Burton. »

   Là où Burton pénètre dans le corps humain pour y chercher les liens entre l’esprit, la psyché et le corps tel qu’on le connaissait à la fin de la Renaissance (en fonction de la théorie des humeurs), Jackson imagine l’œuf, le sperme, le fœtus, le cancer, les nerfs, les godemichés, le flegme, les cheveux, le sommeil, le sang, le lait et la graisse comme extérieurs, séparés, influençant les humains, leur corps, leur culture, leurs relations, du dehors. Son livre est également structuré selon les humeurs, qui divisent le livre en quatre parties : Cholérique, Mélancolique, Flegmatique et Sanguin.

Jackson se concentre sur ce qu’elle appelle les « résidus » du corps, elle leur donne une vie séparée et imagine, avec humour, énormément d’imagination verbale et une très grande virtuosité de construction, comment les êtres humains peuvent interagir avec tous ces éléments dont ils font en général peu de cas.

Robert Coover a dit de Shelley Jackson qu’elle était un des talents les plus mûrs et originaux de sa génération.

Le cancer est apparu dans mon salon un jeudi entre onze heures et trois heures, je ne suis pas sûr du moment exact parce que je souffre d’attaques de migraine, et qu’il y a parfois des choses que je loupe, ou que je vois et qui ne sont pas là, des formes étincelantes telles des lames de déesses guerrières, des ailes de moulins transcendantaux. Une brindille portée par le vent pouvait très bien ne pas être remarquée quelque temps.

Il était à peine visible, une buée rose, tel un point injecté de sang dans l’air. Il était tellement petit qu’il n’était pas vraiment surprenant qu’il reste suspendu là, comme le ferait une plume immobile sur un courant d’air ascendant. J’ai du mal à l’admettre maintenant mais, quand je l’ai vu pour la première fois, je me suis dit qu’il était joli. Je l’ai poussé d’un souffle. Il est parti d’un côté, mais quand je l’ai recherché plus tard, il était revenu là où il était plus tôt.

Le cancer a grandi à une vitesse invraisemblable. Au début, je l’ai regardé avec curiosité, presque avec affection.

 

Le site de l'éditeur

 

 

Lien :  http://www.jose-corti.fr/titresetrangers/melancolie_anatomie_jackson.html

16/01/2010

Bona Pieyre de Mandiargues (2)

 

BONA_Villahermosa_1958.jpgTISSU TRANSPARENT

 

Gisait une terre, sous un ciel noir, qui fut peut-être son époux, si l’on veut donner figure de légende aux faits de neige et de pluie. Le vert pointu des seins crevait le blanc. Je sortis de la chambre froide pour chercher un caillou qui fût capable de feu. Et je trouvai au creux d’une boule de silex, l’ayant par mégarde rompue, les cristaux les plus splendides que j’eusse jamais vus, embués pourtant par quel nuage (oxyde) ? – d’un peu de flou, comme larme sur un bel œil, ou, le cœur me hèle, ce tissu transparent sur l’épaule de Bona.

 

(André Pieyre de Mandiargues, Astyanax, avec des peintres de Bona, Paris, Le Terrain Vague, 1957)

Bona Pieyre de Mandiargues (1)

 

Bona Tibertelli de Pisis

(épouse Pieyre de Mandiargues)

Peintre Ecrivain

(1926-2000)

 

L A   P A U S E   A R T P O E S I E


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 © Bona Pieyre de Mandiargues et André Breton en 1956.http://www.andrebreton.fr/

 

  

Sur le site de l'IMEC

  (Institut Mémoires de l’Edition Contemporaine)

 

Née à Rome, Bona Tibertelli De Pisis, nièce du peintre de l’école métaphysique Filippo De Pisis, s’engagea dans la voie de la peinture pendant la Seconde Guerre mondiale. Lors d’un séjour à Paris avec son oncle, elle rencontra André Pieyre de Mandiargues (1909-1991) qu’elle épousa en 1950. Considérée comme l’une des artistes majeures du renouveau du surréalisme au féminin, elle exposa en Italie et à Paris. Également traductrice de l’italien et écrivain, elle publia La Cafarde (Mercure de France, 1967) que son mari qualifia de « petit récit assez fantasque et terrible », une autobiographie, Bonaventure (Stock, 1977) ainsi que des poèmes, À moi-même (Fata Morgana, 1988). Peu de temps avant sa mort, elle rédigea en italien un livre de souvenirs d’enfance, Vivre en herbe (Gallimard, 2001).

 

 andré et bona.PNG

 © Bona et André Pieyre de Mandiargues

 vivre en herbe.jpg

 


 

D’autres sites :

 

 Bona, l’art et la littérature : les enjeux d’une poétique du fil[1]

 

Par Magali CROSET

Chercheur-associé à l’IMEC
(Institut Mémoires de l’Edition Contemporaine)

http://melusine.univ-paris3.fr/astu/bona.htm

 

 

Sibylle pieyre de mandiargues

 

 
Sibylle Pieyre de Mandiargues

 

12/01/2010

staccato morendo, Nathalie Riera (texte sonore)

Projet oeuvres vives ESCALE AJACCIO nathalie riera.jpg

CLIQUER ICI

IC_A0001_staccato morendo.WAV

(Texte & Voix : Nathalie Riera)

08/01/2010

Bulletin d'eucharis n°18 - Janvier 2010

carnets d'eucharis n°18.jpg

 

LES CARNETS D’EUCHARIS N°18

 TELECHARGEMENT PDF carnets d'eucharis_n°18_janvier 2010.pdf

 

Sur Calaméo :

 carnets d'eucharis_n°18_janvier 2010

Publiez sur Calaméo ou explorez la bibliothèque.

 

SOMMAIRE………

 

Extraits Sable mouvant Pierre Reverdy La fonction poétique

PHOTOGRAPHIE Gilles Hutchinson Portraits serrés

&

NATHALIE RIERA Staccato Morendo sur le site Œuvres Vives

POESIE AVEC Sylvie Durbec Marseille, Eclats & Quartiers

&

Matthias Olmeta Galerie du Tableau du 11 au 16 janvier 2010

&

DU CÔTÉ DE CHEZ… FLANNERY O’CONNOR Les Braves gens ne courent pas les rues & autres extraits de Mystère et manières

 VIENT DE PARAITRE L’anatomie de la Mélancolie Shelley Jackson Ed. José Corti

&

PAR AILLEURS ………………….. CIP Marseille – RICHARD SKRYZAK La constellation du vidéastre Lecture le 27 novembre 2009

 

 

LES CARNETS D’EUCHARIS N°18

 SUR CALAMEO http://fr.calameo.com/read/000037071799eb7545b8f 

GUERNICA Alain Resnais - Robert Hessens

MARIA CASARES

(1922-1996)

mariacasaresactriz.jpg

GUERNICA, Alain Resnais

Texte de Paul Eluard dit par Maria Casarès

 

21/12/2009

Bulletin d'eucharis n°17 - Spécial fin d'année 2009

JOYEUSES FETES.jpg

rien de faux et possible n’est l’amour

(qui est imaginé,donc sans limite)

l’amour est à donner comme à garder est donner,

comme oui est à si,l’amour est à oui

 

Poèmes choisis –E. E. Cummings

Editions José Corti, 2004


 

 

 

Joyeuses Fêtes !


 

 

Avec

           

 

 N°17.jpg

 

 

14/12/2009

Nathalie Riera - Page aphone où tout est voix - (Printemps des poètes 2010)

 

 Qui écrit ne voit plus et qui voit n’écrit plus

Jean-Claude Renard, Sous de grands vents obscurs

 

 

 

 

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Page aphone où tout est voix qui ne peut s’élever ni sombrer mais ouïr le sable s’écouler entre les syllabes sur la table où tu me dégrafes me tournes vers l’horizon où touffus les soupirs en sont comme grisant A des carrefours du poème écrire la route qui mène vers plus ou moins de rond-point/nœuds/bretelles/déserts Suivre le poème écrire à fond de train sur le sol sans pierres   

 

poivre et terre pêle-mêle bouches et cuisses le tout en haut le tout proche veulent frémir au secret du mot qui est ne jamais vieillir aux lèvres qui ruminent mais surgir sur la page où simplement ne rien dévoiler de plus que l’horizon de l’instant sur la table où tu raffoles de formes et de couleurs sel et sucre ronds et triangles des passions         

 

trèfle et résille de lumière brève sur la grève/brin de jaune/clair et net ne pas craindre le froid dans le fond mauve des hivers ni même l’imprévisible à contre-jour l’irréparable voir l’amour quand parler devient vœu de silence où tu me dégrafes se refaire un cœur avec art brut les étreintes des mots muscles/joncs/archets des éclairs brefs au bout du jour ses traits vifs vertes ses herbes et d’or les pourtours

 

Justement l’amour

 

© Nathalie Riera, Inédit

  

couleur femme anthologie angèle paoli.jpg

 

Pie Jesus de Rey Eisen (extrait)

 

 Extrait du Requiem de Rey Eisen

direction Ian Heiting

création décembtre 2006

soliste Cécile Limal

11/12/2009

Un auteur Une bibliothèque

 

Pascal BOULANGER

Ecrivain Poète contemporain

(Né en 1957)

 

U N   A U T E U R  

U N E   B I B L I O T H E Q U E


 1750731806.jpg

 © Pascal Boulanger

  

 

Sur le site Les Carnets d'eucharis

 La revue numérique de Nathalie Riera

 

 &

pf_bandeau_haut.jpg

Pile-Face

« Sur et autour de Sollers »

espace dédié à Philippe Sollers & animé par Viktor Kirtov

 

 

⋆⋆⋆

 

Dans « La Quinzaine Littéraire » de janvier 1996, Gérard Noiret présente Pascal Boulanger comme « lecteur de Nietzsche (…) de Joyce, de Clément Rosset, mais aussi des poètes comme Pleynet ». Par ailleurs, de Serge Martin on peut lire : « bibliothécaire, poète, lisant, faisant tel jour ceci ou cela… », et aussi, lors d’un entretien en 2005 : « solitaire intempestif en bute à bien des incompréhensions mais une force incommensurable semble tenir son aventure d’écrivain dans une tension vive entre une joie inextinguible et un prophétisme nourri de fusées ». Fameuses fusées qui pourraient aussitôt nous interroger sur l’auteur dans sa manière de nous ouvrir sa bibliothèque en homme d’esprit, autant qu’un certain Baudelaire n’a-t-il pas écrit une partie de ses « journaux intimes » dans le recul nécessaire pour un ton le plus détaché. Car, ici, aucune place à la polémique mais plutôt à une critique qui se veut sans concessions.

Patiente traversée de la « masse des pratiques poétiques contemporaines en France », souligne Claude Minière, pour l’auteur des Fusées et Paperoles ce n’est pas tant de savoir si une œuvre est poésie ou prose. Dans un entretien avec Philippe Forest, pour la revue Art Press en avril 2008, Pascal Boulanger précise :

 

 « Dans mon livre, j’appelle poésie les textes qui fondent l’Histoire. Tenter une fondation poétique de l’Histoire avec ses débâcles et ses joies intimes, c’est ouvrir un monde – un présent du monde – qui marque un acte de rupture radicale avec la logique meurtrière des communautés ». Fusées ξt Paperoles – Editions L’Act Mem, 2008

 

Extrait chronique de Nathalie Riera in La Pensée de Midi, n°27, mars 2009

 

A l’avant-première de Vita Nova

Mardi 21 octobre, rue des Ecoles à Paris, dans un cinéma j’assiste à l’avant-première de Vita nova, film de et sur Marcelin Pleynet. Grand film d’un grand poète, sans aucun doute le plus grand depuis la parution, dans les années 60, de Provisoires amants des nègres. Film qui figure l’instant du monde, ici même, à Paris, Venise, Rome.
Les espaces ? des livres. Les livres ? des espaces où enfin l’on respire. Dans la salle, Philippe Sollers. L’essentiel ce soir là de ce que fut, est et sera Tel Quel : l’infini de la littérature ici et maintenant.

Pascal Boulanger

Cliquer ici

 


Pascal Boulanger  en entretien avec Alain Veinstein

Dans l’émission Du jour au lendemain (41’17) du vendredi 20 juin 2008

Pascal Boulanger / Fusées et paperoles

france culture.jpg

Cliquer ici

 

 


 Les Carnets d'eucharis, décembre 2009

07/12/2009

Thomas Bernhard (1931-1989)

Thomas_Bernhard.jpg

« Les Autrichiens n'ont pas le moindre goût, en tout cas ils n'en ont plus depuis longtemps, partout où l'on jette les yeux règne le pire mauvais goût. Et quel manque d'intérêt généralisé. Comme si l'unique centre était l'estomac, ai-je dit, et que la tête fût entièrement mise hors circuit. Un peuple si bête ai-je dit, et un pays si merveilleux dont, en revanche, la beauté est inégalable. Une nature à nulle autre pareille et des gens qui se désintéressent à tel point de cette nature. Une si haute culture, si ancienne, ai-je dit, et une si barbare absence de culture aujourd'hui, une inculture catastrophique. Ne parlons même pas de la situation politique déprimante. Quelles abominables créatures détiennent aujourd'hui le pouvoir en Autriche ! »

Extinction. Un effondrement (Auslöschung. Ein Zerfall, 1986) de Thomas BERNHARD, traduit de l'allemand par Gilberte Lambrichs, éd. Gallimard, 1990; rééd. coll. L'imaginaire, 2009

 

06/12/2009

Paul Celan

Corona     

L’automne me mange sa feuille dans la main : nous

     sommes amis.

Nous délivrons le temps de l’écale des noix et lui apprenons à marcher :

le temps retourne dans l’écale.

 

Dans le miroir c’est dimanche,

dans le rêve on est endormi,

la bouche parle sans mentir

 

Mon œil descend vers le sexe de l’aimée :

nous nous regardons,

nous nous disons de l’obscur,

nous nous aimons comme pavot et mémoire,

nous dormons comme un vin dans les coquillages,

comme la mer dans le rai de sang jailli de la lune.

 

Nous sommes là enlacés dans la fenêtre, ils nous regardent

depuis la rue :

il est temps que l’on sache !

Il est temps que la pierre se résolve enfin à fleurir,

qu’à l’incessante absence de repos batte un cœur.

Il est temps que le temps advienne.

 

Il est temps.

 

 

 

Paul Celan, traduction Jean Pierre Lefebvre.

© Editions Gallimard, 1998, pour la traduction française

Collection « Poésie Gallimard »

 

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Bucarest, 1947

 

J'ai coupé du bambou     

 

J'AI COUPE DU BAMBOU :

pour toi, mon fils.

J’ai vécu.

 

Cette cabane demain

emportée, elle

tient debout.

 

Je n’ai pas aidé à la bâtir : tu

ne sais pas dans quelle

sorte de récipient j’ai

mis le sable autour de moi, il y a des années, sur

ordre et commandement. Le tien

vient de l’air libre – il reste

libre.

 

La tige qui ici prend pied, demain

elle tiendra toujours debout, où que

l’âme te lance par jeu dans l’ In-

lié.

 

Paul Celan, traduction Jean Pierre Lefebvre.

Traduit d’après Paul Celan, Die Gedichte,  kommentierte Ausgabe  éd. Barbara Wiedemann.

Suhrkamp Verlag, Francfort 2003.

 

 

 

Ingeborg Bachmann

 

 

 

 

Ombres roses ombres

 

 

 

Sous un ciel étranger 

ombres  roses 

ombres 

sur une terre étrangère 

entre roses et ombres 

dans une eau étrangère 

mon ombre

 

 

 

Ingeborg Bachmann, Schatten rosen schatten 

Traduit de l’allemand par Françoise Rétif.

 

 

 

 

 

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Dans l’orage de roses      

(Aria 1)

 

 

 

Où nous nous dirigeons sous l’orage de roses 

la nuit est éclairée d’épines, et le tonnerre 

du feuillage, à peine audible dans les buissons, 

est maintenant sur nos talons.

 

 

 

Où toujours on éteint ce qu’enflamment les roses 

la pluie au fleuve nous emporte. Ô nuit plus lointaine ! 

Une feuille pourtant, qui nous toucha, entraînée par les ondes 

nous suit  jusqu’à l’embouchure

 

 

 

Ingeborg Bachmann. Traduit de l’allemand par Françoise Rétif.

 

 

 

 

au cristallin de l'oeil

« Nommons voyants les poètes sacrés, nommons voyance d’une espèce supérieure la création poétique : l’Histoire peut alors se comparer au cristallin de l’œil, qui ne se voit pas lui-même, mais qui est indispensable à la vision, pour concentrer la lumière ; sa nature est clarté, pureté, absence de douleur. »

NOVALIS

05/12/2009

Extrait poésie

orange trees

© Nathalie Riera

extrait orange trees.jpg

I

 

(ce corps, toi sauvagement, dans l’offrande, ce coeur)

 

 

         reviennent les choses ouvertes

         auprès de toute verdure blessée                   brisure fermée aux lèvres aux            livres qui cessent l’éloge

 

 

 

ont dessein de vivre

louer ma soif

                   orange-trees

(ces mains, appuyées accablantes assidues, la chair dans l’herbe, longuement l’embrassant la dépossédant la couvrant)

 

sur le site Bribes en ligne (Raphaël Monticelli)

28/11/2009

Bulletin n°16 du 1 décembre 2009

Carnets d'eucharis N°16.jpg

© Anna Toscano

N°16

1 décembre 2009

 

SOMMAIRE………

 

Extraits de Matière céleste de Pierre-Jean Jouve

PHOTOGRAPHIE Guidu Antonietti di Cinarca Portraits de femmes

&

Entretien PASCAL BOULANGER (deuxième volet) par Nathalie Riera

POESIE AVEC Nathalie Riera orange trees

Luc-André Rey Une paix très simple

&

DU CÔTÉ DE CHEZ… WILLIAM CARLOS WILLIAMS et Paterson

 VIENT DE PARAITRE L’échappée belle Pascal Boulanger

&

PAR AILLEURS ………………….. Photo&poesie – Mario urbanet&PATRICE LETERRIER La Douleur des Arbres Editions de l’Amandier

logoPDF.jpgTélécharger le bulletin :

 carnets d'eucharis n°16 du 1 décembre 2009.pdf

Autour du livre de Jean-Jacques Ceccarelli, Frédéric Valabrègue et André Dimanche

CECCARELLI.jpg

 

James Sacré à la Petite Librairie des Champs

P O E S I E---------------------------------

 

 

Sur Quelque chose de mal raconté de James Sacré, lu il y a 28 ans

 

JAMES SACRÉ

Bientôt à la Petite Librairie des Champs

12 & 13 décembre 2009

  

 

 

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 © Photo Durigneux

 

D’abord une citation  de B.M.

 

«  exemple de bon-mauvais français

- je ne suis pas sûr que je tais toi

 

mais la ruse vertueuse de mes dits doigts

nous souffle que je tais me »

 

Lignes écrites en 1981.

 

 

D’abord ce nom de poète qui lui-même sonne comme un assemblage impossible dont il faudrait forcer le sens. Deux mots chargés et frissonnants de significations mêlées.

Et puis la campagne américaine, immense, et la langue, française un peu à cloche-mots.

Un peu privée d’espace  aussi cette langue que le poète, à force de tremblements,  va lui redonner et faire bouger.

Carrés de verdure et bas-côtés, autoroutes en jardins secrets, vastes espaces et au milieu, la ligne.

Qui est cet étranger qui va découvrant le paysage et la langue ?

Découvrant au sens d’ôter ce qui les recouvrait. Qui faisait qu’on ne les voyait plus très bien. Comme une taie sur les yeux.

Ici une taie sur la langue ?

Se permettant de dire dans un ordre traversé d’irrégularités les paysages.

 

Paysages à la mesure d’une poésie qui se veut incertaine, hésitante et en même temps  tracée fermement sur la buée. Comme les pieds, ces maladroits, butent sur les mottes de terre mais poursuivent l’ascension.

 

Assis au bord des routes, tous les deux vaincus par la chaleur et la marche dans notre pays-langue, assis pensifs comme enfants perdus à mi-pente, nous attendons.

Le passage d’un texte rapide, d’un paysage entrevu comme vus d’un train à grande vitesse alors que nous sommes arrêtés, l’un et l’autre, assis sur le talus, dans la fatigue du jour, sa chaleur.

 

L’étranger, ce poète au nom nouveau pour nous, passe lui aussi et ses mots « à souffler des airs de romance dans son cornet à piston », nous raniment, nous remettent en ordre  de marche dans le mal-raconté du titre, nous redonnant la bonne chanson, le goût du voyage dans la divagation entre les actes, entre les herbes du chemin, quelques mots : bonheur, jardin, rouge, dans un usage de la langue qui fait sourire un peu, se lever du sol, aller vers là « où c’était que des fermes que des gens ».

 

Et puis toujours, à nouveau solitaires sur des terres suspendues loin des hommes et de leur langue bien parlée, nous assis à écouter quelque chose de mal raconté.

 

Sylvie Durbec

 

 

 

●●●

 

 

"Parfois comme un ennui tout comme si plus rien

à dire à propos d'un poème ou d'un jardin

même chose en somme ou presque on comprend pas bien.

 

Peu à peu la mauvaise herbe le temps

qui vient ça a fleuri quand même avec un deux rouges

mal rouillés sourire un travail lenteur dedans

 

comme un ennui bardane et puis les orties tiens

ça continue pourtant sans qu'à peine rien bouge

 

avec ces noms d'herbes mal aimées un machin

qui rime quand même sans pourtant rien dedans.

 

Quelque chose de mal raconté, André Dimanche éditeur, 1981

 

 

 

 

la petite librairie des champs--------------------

 

 

 

James Sacré: une vie en poésie

 

James Sacré est né en 1939. Il passe son enfance et son adolescence à la ferme des parents en Vendée. D’abord instituteur puis instituteur itinérant agricole, il part, en 1965, vivre aux Etats-Unis où il poursuit des études de lettres (thèse sur la poésie de la fin du XVIè siècle français). Il y enseigne dans une université du Massachusetts (Smith College) tout en faisant de nombreux séjours en France et des voyages en d’autres pays (l'Italie et le Maroc, souvent). Il a publié des livres de poèmes au  Seuil (Coeur élégie rouge, 1972), chez Gallimard (Figures qui bougent un peu, 1978) et aux éditions André dimanche, ainsi que chez de nombreux “petits éditeurs”. Il vit de nouveau en France, à Montpellier, depuis 2001.

Livres récents: Le poème n’y a vu que des mots, L’idée bleue, 2007. Khalil El Ghrib, Editions Virgile, 2007. Un paradis de poussières, André Dimanche, 2007 . Se os felos atravesan polos nosos poemas, Amastra-N-Gallar (dans une traduction en galicien de Emilio Araúxo ), 2008 (Emilio Araúxo, Apdo. Correos 97, 36500 Lalin (Pontevedra) Espagne). Comme pour être un jardin, Tunis, Tawbad, 2008 (bilingue, texte traduit  en arabe par Saleh Diab). Une idée de jardin à Beyrouth, Soligny-la-Trappe : Ficelle n° 84, Rougier. V éditions, 2008.  Coudre ton enfance à demain, Contre-allées, « Poètes au potager », Montluçon, 2008. D’autres vanités d’écriture, Tarabuste éditeur, Saint-Benoît-du-Sault, 2008. 31 poèmes de l’Amérique un peu, Contre-Pied, Martigues, 2008.

 

27/11/2009

La Douleur des Arbres

003.jpg

Patrice Leterrier, Forêt de Rambouillet 2000/2001, photographie 003

 

 

 PHOTO&POESIE

Mario Urbanet&Patrice Leterrier

 Télécharger ci-dessous :

 

logo pdf.jpg Patrice Leterrier & Mario Urbanet_carnets d'eucharis.pdf

22/11/2009

Marcelin Pleynet

 

 

Marcelin Pleynet

Poète, critique d’art

(Né en 1933)

 

L A   P A U S E   P O E S I E


 MARCELIN PLEYNET.jpg

 

  

Provisoires amants des nègres

Paysages en deux

Les lignes de la prose

Comme

Le Pontos

 

EXTRAITS

 

La jeune fille se retournait dans le froid de l’aube – un vent gris venu de la mer lui enseigne mille choses d’un autre temps – une impatience une détresse inconnue en elle célébrait la mémoire des morts

 

Frileuse auprès des torchères d’encre

 

L’étang glacé et qui renvoie les échos s’ouvrit alors sur la dorure d’un cri

 

 

Le feu couvre tes épaules

quand la parole mal fermée

n’échappe plus aux angles d’une chambre

appauvrie

 

la nuit entre chez toi

par la porte basse de l’âtre

la nuit mange la lumière

elle marche comme un feu

 

les cendres couvriront les nuées et la mer

 

(extrait Les trois livres, éd. du Seuil, 1962, 1963 et 1965 – Provisoires amants des nègres - pp.20/21)

 

…………………………………………

 

Paysage

 

Vous ne voyez pas

Comme son ombre

Et trouve dans sa baignoire le bleu

La femme sur ses bras

Où au loin la lumière

Un monde

 

D’un arbre à l’autre

Le couchant suspendu

Un peuple de femmes douces dans l’eau

 

 

Sur les montagnes

De plus en plus neigeuses

Dans ce regard

Dans le sol

Disant

             Me voilà

Elles perdent peu à peu le sommeil

Pourtant les herbes restaient vivantes

Sur les montagnes

 

Brûlés

             Parlant

Chaque jour dans le vent

Dans l’air de plus en plus haut

 

Ou retombant ici

 

 

L’ange et le livre disparaissent mais des flots d’or roulent sur leurs traces

 

Présence de Nicolas Flamel

 

(Ibid.,  Paysages en deux – pp. 139/141)

 

…………………………………………

 

Vous commencez au bord de la mer

et peut-être plus loin près de la falaise

 

Derrière l’accident

                           la transparence de l’air

                           la couleur

 

                                                            cette racine

une branche où le printemps et l’orage arrachent

le lieu dans cet état

                                                      un liseré  d’ombre

 

l’eau fleurie

                           ne commençant pas !

 

*

 

Le voici votre geste arraché

                                                      Qui parle des Grecs

Au bord de la montagne peut-être

                                                            les cerisiers

dans les bois

 

                           et toute sa maison ouverte la pensée

 

(Ibid.,  Les lignes de la prose – p. 209)

 

…………………………………………

 

Où la lumière se pose et dans la chair elle avive les herbes qu’elle mord et ouverte appelle l’air humide qui la tient nue glacée peut-être sur la rive

par la trop violente lumière seule ou blessée

quand passe et s’arrache violemment

s’écrase sur l’herbe

 

si je la regarde ou la lumière se posent autant de tâches bleues

 

(Ibid.,  Comme – p. 274)

 

…………………………………………

 

1960/1965… les possibles et les impossibles de la poésie.

 

Les Trois Livres

Je n’ai jamais hésité à m’expliquer. Dans une société entièrement asservie à l’économie des techniques de communication, comment ne pas être conscient des difficultés que présente tout accès  à la parole poétique ? J’entends par là l’accès à une parole qui, en vérité, assume essentiellement comme monde la création du présent surgissement de son existence.

 

(Le Pontos, éd. Gallimard, 2002 -  Notes Sur le motif d’un parcours plus long que la voie droite – p. 103)