20/01/2010
L'anatomie de la Mélancolie - Shelley Jackson
vient de paraître
L'Anatomie de la Mélancolie
Shelley Jackson
traduit de l'anglais (USA) par Bernard Hoepffner
Editions José Corti, janvier 2010
Dans l’Anatomie de la Mélancolie, Robert Burton tente de faire l’anatomie d’un état de l’esprit, Shelley Jackson (née en 1963) tente, au contraire, de spiritualiser l’anatomie. Ce faisant, elle donne au lecteur tout le plaisir que l’on peut trouver dans les vieux livres de science que l’on connaît surtout aujourd’hui pour leur qualité littéraire. La Mélancolie de l’Anatomie, explore ce même territoire, celui des limites entre la littérature et la recherche scientifique, entre la citation à outrance et une écriture entièrement neuve, entre la religion et la fantaisie. Comme le dit l’auteur, « Si certaines de mes phrases sont d’une grande complexité, ce n’est rien quand on les compare à celles de Burton. »
Là où Burton pénètre dans le corps humain pour y chercher les liens entre l’esprit, la psyché et le corps tel qu’on le connaissait à la fin de la Renaissance (en fonction de la théorie des humeurs), Jackson imagine l’œuf, le sperme, le fœtus, le cancer, les nerfs, les godemichés, le flegme, les cheveux, le sommeil, le sang, le lait et la graisse comme extérieurs, séparés, influençant les humains, leur corps, leur culture, leurs relations, du dehors. Son livre est également structuré selon les humeurs, qui divisent le livre en quatre parties : Cholérique, Mélancolique, Flegmatique et Sanguin.
Jackson se concentre sur ce qu’elle appelle les « résidus » du corps, elle leur donne une vie séparée et imagine, avec humour, énormément d’imagination verbale et une très grande virtuosité de construction, comment les êtres humains peuvent interagir avec tous ces éléments dont ils font en général peu de cas.
Robert Coover a dit de Shelley Jackson qu’elle était un des talents les plus mûrs et originaux de sa génération.
Le cancer est apparu dans mon salon un jeudi entre onze heures et trois heures, je ne suis pas sûr du moment exact parce que je souffre d’attaques de migraine, et qu’il y a parfois des choses que je loupe, ou que je vois et qui ne sont pas là, des formes étincelantes telles des lames de déesses guerrières, des ailes de moulins transcendantaux. Une brindille portée par le vent pouvait très bien ne pas être remarquée quelque temps.
Il était à peine visible, une buée rose, tel un point injecté de sang dans l’air. Il était tellement petit qu’il n’était pas vraiment surprenant qu’il reste suspendu là, comme le ferait une plume immobile sur un courant d’air ascendant. J’ai du mal à l’admettre maintenant mais, quand je l’ai vu pour la première fois, je me suis dit qu’il était joli. Je l’ai poussé d’un souffle. Il est parti d’un côté, mais quand je l’ai recherché plus tard, il était revenu là où il était plus tôt.
Le cancer a grandi à une vitesse invraisemblable. Au début, je l’ai regardé avec curiosité, presque avec affection.
■ Lien : http://www.jose-corti.fr/titresetrangers/melancolie_anatomie_jackson.html
15:11 Publié dans José Corti | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
16/01/2010
Bona Pieyre de Mandiargues (2)
TISSU TRANSPARENT
Gisait une terre, sous un ciel noir, qui fut peut-être son époux, si l’on veut donner figure de légende aux faits de neige et de pluie. Le vert pointu des seins crevait le blanc. Je sortis de la chambre froide pour chercher un caillou qui fût capable de feu. Et je trouvai au creux d’une boule de silex, l’ayant par mégarde rompue, les cristaux les plus splendides que j’eusse jamais vus, embués pourtant par quel nuage (oxyde) ? – d’un peu de flou, comme larme sur un bel œil, ou, le cœur me hèle, ce tissu transparent sur l’épaule de Bona.
(André Pieyre de Mandiargues, Astyanax, avec des peintres de Bona, Paris, Le Terrain Vague, 1957)
20:25 Publié dans Bona Pieyre de Mandiargues | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Bona Pieyre de Mandiargues (1)
Bona Tibertelli de Pisis
(épouse Pieyre de Mandiargues)
Peintre Ecrivain
(1926-2000)
L A P A U S E A R T P O E S I E
© Bona Pieyre de Mandiargues et André Breton en 1956.http://www.andrebreton.fr/
(Institut Mémoires de l’Edition Contemporaine)
Née à Rome, Bona Tibertelli De Pisis, nièce du peintre de l’école métaphysique Filippo De Pisis, s’engagea dans la voie de la peinture pendant la Seconde Guerre mondiale. Lors d’un séjour à Paris avec son oncle, elle rencontra André Pieyre de Mandiargues (1909-1991) qu’elle épousa en 1950. Considérée comme l’une des artistes majeures du renouveau du surréalisme au féminin, elle exposa en Italie et à Paris. Également traductrice de l’italien et écrivain, elle publia La Cafarde (Mercure de France, 1967) que son mari qualifia de « petit récit assez fantasque et terrible », une autobiographie, Bonaventure (Stock, 1977) ainsi que des poèmes, À moi-même (Fata Morgana, 1988). Peu de temps avant sa mort, elle rédigea en italien un livre de souvenirs d’enfance, Vivre en herbe (Gallimard, 2001).
© Bona et André Pieyre de Mandiargues
D’autres sites :
Bona, l’art et la littérature : les enjeux d’une poétique du fil[1]
Par Magali CROSET
Chercheur-associé à l’IMEC
(Institut Mémoires de l’Edition Contemporaine)
http://melusine.univ-paris3.fr/astu/bona.htm
19:54 Publié dans Bona Pieyre de Mandiargues | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
12/01/2010
staccato morendo, Nathalie Riera (texte sonore)
16:29 Publié dans LECTURE SONORE, Nathalie Riera | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | | Facebook
08/01/2010
Bulletin d'eucharis n°18 - Janvier 2010
■ LES CARNETS D’EUCHARIS N°18
TELECHARGEMENT PDF carnets d'eucharis_n°18_janvier 2010.pdf
Sur Calaméo :
carnets d'eucharis_n°18_janvier 2010
SOMMAIRE………
Extraits Sable mouvant Pierre Reverdy La fonction poétique
PHOTOGRAPHIE Gilles Hutchinson Portraits serrés
&
NATHALIE RIERA Staccato Morendo sur le site Œuvres Vives
POESIE AVEC Sylvie Durbec Marseille, Eclats & Quartiers
&
Matthias Olmeta Galerie du Tableau du 11 au 16 janvier 2010
&
DU CÔTÉ DE CHEZ… FLANNERY O’CONNOR Les Braves gens ne courent pas les rues & autres extraits de Mystère et manières
VIENT DE PARAITRE L’anatomie de la Mélancolie Shelley Jackson Ed. José Corti
&
PAR AILLEURS ………………….. CIP Marseille – RICHARD SKRYZAK La constellation du vidéastre Lecture le 27 novembre 2009
■ LES CARNETS D’EUCHARIS N°18
SUR CALAMEO http://fr.calameo.com/read/000037071799eb7545b8f
21:40 Publié dans LES CARNETS D'EUCHARIS (pdf & calaméo) | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
GUERNICA Alain Resnais - Robert Hessens
MARIA CASARES
(1922-1996)
GUERNICA, Alain Resnais
Texte de Paul Eluard dit par Maria Casarès
15:30 Publié dans VIDEOS, ANIMATIONS, DOCUMENTAIRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
21/12/2009
Bulletin d'eucharis n°17 - Spécial fin d'année 2009
rien de faux et possible n’est l’amour
(qui est imaginé,donc sans limite)
l’amour est à donner comme à garder est donner,
comme oui est à si,l’amour est à oui
Poèmes choisis –E. E. Cummings
Editions José Corti, 2004
Joyeuses Fêtes !
Avec
20:47 Publié dans LES CARNETS D'EUCHARIS (pdf & calaméo) | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
14/12/2009
Nathalie Riera - Page aphone où tout est voix - (Printemps des poètes 2010)
Qui écrit ne voit plus et qui voit n’écrit plus
Jean-Claude Renard, Sous de grands vents obscurs
Page aphone où tout est voix qui ne peut s’élever ni sombrer mais ouïr le sable s’écouler entre les syllabes sur la table où tu me dégrafes me tournes vers l’horizon où touffus les soupirs en sont comme grisant A des carrefours du poème écrire la route qui mène vers plus ou moins de rond-point/nœuds/bretelles/déserts Suivre le poème écrire à fond de train sur le sol sans pierres
poivre et terre pêle-mêle bouches et cuisses le tout en haut le tout proche veulent frémir au secret du mot qui est ne jamais vieillir aux lèvres qui ruminent mais surgir sur la page où simplement ne rien dévoiler de plus que l’horizon de l’instant sur la table où tu raffoles de formes et de couleurs sel et sucre ronds et triangles des passions
trèfle et résille de lumière brève sur la grève/brin de jaune/clair et net ne pas craindre le froid dans le fond mauve des hivers ni même l’imprévisible à contre-jour l’irréparable voir l’amour quand parler devient vœu de silence où tu me dégrafes se refaire un cœur avec art brut les étreintes des mots muscles/joncs/archets des éclairs brefs au bout du jour ses traits vifs vertes ses herbes et d’or les pourtours
Justement l’amour
© Nathalie Riera, Inédit
11:56 Publié dans Nathalie Riera | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Pie Jesus de Rey Eisen (extrait)
Extrait du Requiem de Rey Eisen
direction Ian Heiting
création décembtre 2006
soliste Cécile Limal
10:45 Publié dans VIDEOS, ANIMATIONS, DOCUMENTAIRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
11/12/2009
Un auteur Une bibliothèque
Pascal BOULANGER
Ecrivain Poète contemporain
(Né en 1957)
U N A U T E U R
U N E B I B L I O T H E Q U E
© Pascal Boulanger
Sur le site Les Carnets d'eucharis
La revue numérique de Nathalie Riera
&
« Sur et autour de Sollers »
espace dédié à Philippe Sollers & animé par Viktor Kirtov
⋆⋆⋆
⋆
Dans « La Quinzaine Littéraire » de janvier 1996, Gérard Noiret présente Pascal Boulanger comme « lecteur de Nietzsche (…) de Joyce, de Clément Rosset, mais aussi des poètes comme Pleynet ». Par ailleurs, de Serge Martin on peut lire : « bibliothécaire, poète, lisant, faisant tel jour ceci ou cela… », et aussi, lors d’un entretien en 2005 : « solitaire intempestif en bute à bien des incompréhensions mais une force incommensurable semble tenir son aventure d’écrivain dans une tension vive entre une joie inextinguible et un prophétisme nourri de fusées ». Fameuses fusées qui pourraient aussitôt nous interroger sur l’auteur dans sa manière de nous ouvrir sa bibliothèque en homme d’esprit, autant qu’un certain Baudelaire n’a-t-il pas écrit une partie de ses « journaux intimes » dans le recul nécessaire pour un ton le plus détaché. Car, ici, aucune place à la polémique mais plutôt à une critique qui se veut sans concessions.
Patiente traversée de la « masse des pratiques poétiques contemporaines en France », souligne Claude Minière, pour l’auteur des Fusées et Paperoles ce n’est pas tant de savoir si une œuvre est poésie ou prose. Dans un entretien avec Philippe Forest, pour la revue Art Press en avril 2008, Pascal Boulanger précise :
« Dans mon livre, j’appelle poésie les textes qui fondent l’Histoire. Tenter une fondation poétique de l’Histoire avec ses débâcles et ses joies intimes, c’est ouvrir un monde – un présent du monde – qui marque un acte de rupture radicale avec la logique meurtrière des communautés ». Fusées ξt Paperoles – Editions L’Act Mem, 2008
Extrait chronique de Nathalie Riera in La Pensée de Midi, n°27, mars 2009
⊡A l’avant-première de Vita Nova
Mardi 21 octobre, rue des Ecoles à Paris, dans un cinéma j’assiste à l’avant-première de Vita nova, film de et sur Marcelin Pleynet. Grand film d’un grand poète, sans aucun doute le plus grand depuis la parution, dans les années 60, de Provisoires amants des nègres. Film qui figure l’instant du monde, ici même, à Paris, Venise, Rome.
Les espaces ? des livres. Les livres ? des espaces où enfin l’on respire. Dans la salle, Philippe Sollers. L’essentiel ce soir là de ce que fut, est et sera Tel Quel : l’infini de la littérature ici et maintenant.
Pascal Boulanger
⊡Pascal Boulanger en entretien avec Alain Veinstein
Dans l’émission Du jour au lendemain (41’17) du vendredi 20 juin 2008
Pascal Boulanger / Fusées et paperoles
Les Carnets d'eucharis, décembre 2009
11:45 Publié dans Pascal Boulanger | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
07/12/2009
Thomas Bernhard (1931-1989)
« Les Autrichiens n'ont pas le moindre goût, en tout cas ils n'en ont plus depuis longtemps, partout où l'on jette les yeux règne le pire mauvais goût. Et quel manque d'intérêt généralisé. Comme si l'unique centre était l'estomac, ai-je dit, et que la tête fût entièrement mise hors circuit. Un peuple si bête ai-je dit, et un pays si merveilleux dont, en revanche, la beauté est inégalable. Une nature à nulle autre pareille et des gens qui se désintéressent à tel point de cette nature. Une si haute culture, si ancienne, ai-je dit, et une si barbare absence de culture aujourd'hui, une inculture catastrophique. Ne parlons même pas de la situation politique déprimante. Quelles abominables créatures détiennent aujourd'hui le pouvoir en Autriche ! »
Extinction. Un effondrement (Auslöschung. Ein Zerfall, 1986) de Thomas BERNHARD, traduit de l'allemand par Gilberte Lambrichs, éd. Gallimard, 1990; rééd. coll. L'imaginaire, 2009
21:11 Publié dans ALLEMAGNE/AUTRICHE, Thomas Bernhard | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | | Facebook
06/12/2009
Paul Celan
Corona
L’automne me mange sa feuille dans la main : nous
sommes amis.
Nous délivrons le temps de l’écale des noix et lui apprenons à marcher :
le temps retourne dans l’écale.
Dans le miroir c’est dimanche,
dans le rêve on est endormi,
la bouche parle sans mentir
Mon œil descend vers le sexe de l’aimée :
nous nous regardons,
nous nous disons de l’obscur,
nous nous aimons comme pavot et mémoire,
nous dormons comme un vin dans les coquillages,
comme la mer dans le rai de sang jailli de la lune.
Nous sommes là enlacés dans la fenêtre, ils nous regardent
depuis la rue :
il est temps que l’on sache !
Il est temps que la pierre se résolve enfin à fleurir,
qu’à l’incessante absence de repos batte un cœur.
Il est temps que le temps advienne.
Il est temps.
Paul Celan, traduction Jean Pierre Lefebvre.
© Editions Gallimard, 1998, pour la traduction française
Collection « Poésie Gallimard »
Bucarest, 1947
J'ai coupé du bambou
J'AI COUPE DU BAMBOU :
pour toi, mon fils.
J’ai vécu.
Cette cabane demain
emportée, elle
tient debout.
Je n’ai pas aidé à la bâtir : tu
ne sais pas dans quelle
sorte de récipient j’ai
mis le sable autour de moi, il y a des années, sur
ordre et commandement. Le tien
vient de l’air libre – il reste
libre.
La tige qui ici prend pied, demain
elle tiendra toujours debout, où que
l’âme te lance par jeu dans l’ In-
lié.
Paul Celan, traduction Jean Pierre Lefebvre.
Traduit d’après Paul Celan, Die Gedichte, kommentierte Ausgabe éd. Barbara Wiedemann.
Suhrkamp Verlag, Francfort 2003.
13:39 Publié dans Paul Celan | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | | Facebook
Ingeborg Bachmann
Ombres roses ombres
Sous un ciel étranger
ombres roses
ombres
sur une terre étrangère
entre roses et ombres
dans une eau étrangère
mon ombre
Ingeborg Bachmann, Schatten rosen schatten.
Traduit de l’allemand par Françoise Rétif.
Dans l’orage de roses
(Aria 1)
Où nous nous dirigeons sous l’orage de roses
la nuit est éclairée d’épines, et le tonnerre
du feuillage, à peine audible dans les buissons,
est maintenant sur nos talons.
Où toujours on éteint ce qu’enflamment les roses
la pluie au fleuve nous emporte. Ô nuit plus lointaine !
Une feuille pourtant, qui nous toucha, entraînée par les ondes
nous suit jusqu’à l’embouchure
Ingeborg Bachmann. Traduit de l’allemand par Françoise Rétif.
13:18 Publié dans Ingeborg Bachmann | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
au cristallin de l'oeil
« Nommons voyants les poètes sacrés, nommons voyance d’une espèce supérieure la création poétique : l’Histoire peut alors se comparer au cristallin de l’œil, qui ne se voit pas lui-même, mais qui est indispensable à la vision, pour concentrer la lumière ; sa nature est clarté, pureté, absence de douleur. »
NOVALIS
08:29 Publié dans CLINS D'OEILS (arts plastiques) | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
05/12/2009
Extrait poésie
orange trees
© Nathalie Riera
I
(ce corps, toi sauvagement, dans l’offrande, ce coeur)
reviennent les choses ouvertes
auprès de toute verdure blessée brisure fermée aux lèvres aux livres qui cessent l’éloge
ont dessein de vivre
louer ma soif
orange-trees
(ces mains, appuyées accablantes assidues, la chair dans l’herbe, longuement l’embrassant la dépossédant la couvrant)
07:32 Publié dans Nathalie Riera | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
28/11/2009
Bulletin n°16 du 1 décembre 2009
© Anna Toscano
N°16
1 décembre 2009
SOMMAIRE………
Extraits de Matière céleste de Pierre-Jean Jouve
PHOTOGRAPHIE Guidu Antonietti di Cinarca Portraits de femmes
&
Entretien PASCAL BOULANGER (deuxième volet) par Nathalie Riera
POESIE AVEC Nathalie Riera orange trees
Luc-André Rey Une paix très simple
&
DU CÔTÉ DE CHEZ… WILLIAM CARLOS WILLIAMS et Paterson
VIENT DE PARAITRE L’échappée belle Pascal Boulanger
&
PAR AILLEURS ………………….. Photo&poesie – Mario urbanet&PATRICE LETERRIER La Douleur des Arbres Editions de l’Amandier
Télécharger le bulletin :
11:48 Publié dans LES CARNETS D'EUCHARIS (pdf & calaméo) | Lien permanent | Commentaires (2) | Imprimer | | Facebook
Autour du livre de Jean-Jacques Ceccarelli, Frédéric Valabrègue et André Dimanche
10:40 Publié dans Alain Paire | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
James Sacré à la Petite Librairie des Champs
P O E S I E---------------------------------
Sur Quelque chose de mal raconté de James Sacré, lu il y a 28 ans
JAMES SACRÉ
Bientôt à la Petite Librairie des Champs
12 & 13 décembre 2009
© Photo Durigneux
D’abord une citation de B.M.
« exemple de bon-mauvais français
- je ne suis pas sûr que je tais toi
mais la ruse vertueuse de mes dits doigts
nous souffle que je tais me »
Lignes écrites en 1981.
D’abord ce nom de poète qui lui-même sonne comme un assemblage impossible dont il faudrait forcer le sens. Deux mots chargés et frissonnants de significations mêlées.
Et puis la campagne américaine, immense, et la langue, française un peu à cloche-mots.
Un peu privée d’espace aussi cette langue que le poète, à force de tremblements, va lui redonner et faire bouger.
Carrés de verdure et bas-côtés, autoroutes en jardins secrets, vastes espaces et au milieu, la ligne.
Qui est cet étranger qui va découvrant le paysage et la langue ?
Découvrant au sens d’ôter ce qui les recouvrait. Qui faisait qu’on ne les voyait plus très bien. Comme une taie sur les yeux.
Ici une taie sur la langue ?
Se permettant de dire dans un ordre traversé d’irrégularités les paysages.
Paysages à la mesure d’une poésie qui se veut incertaine, hésitante et en même temps tracée fermement sur la buée. Comme les pieds, ces maladroits, butent sur les mottes de terre mais poursuivent l’ascension.
Assis au bord des routes, tous les deux vaincus par la chaleur et la marche dans notre pays-langue, assis pensifs comme enfants perdus à mi-pente, nous attendons.
Le passage d’un texte rapide, d’un paysage entrevu comme vus d’un train à grande vitesse alors que nous sommes arrêtés, l’un et l’autre, assis sur le talus, dans la fatigue du jour, sa chaleur.
L’étranger, ce poète au nom nouveau pour nous, passe lui aussi et ses mots « à souffler des airs de romance dans son cornet à piston », nous raniment, nous remettent en ordre de marche dans le mal-raconté du titre, nous redonnant la bonne chanson, le goût du voyage dans la divagation entre les actes, entre les herbes du chemin, quelques mots : bonheur, jardin, rouge, dans un usage de la langue qui fait sourire un peu, se lever du sol, aller vers là « où c’était que des fermes que des gens ».
Et puis toujours, à nouveau solitaires sur des terres suspendues loin des hommes et de leur langue bien parlée, nous assis à écouter quelque chose de mal raconté.
Sylvie Durbec
●●●
"Parfois comme un ennui tout comme si plus rien
à dire à propos d'un poème ou d'un jardin
même chose en somme ou presque on comprend pas bien.
Peu à peu la mauvaise herbe le temps
qui vient ça a fleuri quand même avec un deux rouges
mal rouillés sourire un travail lenteur dedans
comme un ennui bardane et puis les orties tiens
ça continue pourtant sans qu'à peine rien bouge
avec ces noms d'herbes mal aimées un machin
qui rime quand même sans pourtant rien dedans.
Quelque chose de mal raconté, André Dimanche éditeur, 1981
la petite librairie des champs--------------------
James Sacré: une vie en poésie
James Sacré est né en 1939. Il passe son enfance et son adolescence à la ferme des parents en Vendée. D’abord instituteur puis instituteur itinérant agricole, il part, en 1965, vivre aux Etats-Unis où il poursuit des études de lettres (thèse sur la poésie de la fin du XVIè siècle français). Il y enseigne dans une université du Massachusetts (Smith College) tout en faisant de nombreux séjours en France et des voyages en d’autres pays (l'Italie et le Maroc, souvent). Il a publié des livres de poèmes au Seuil (Coeur élégie rouge, 1972), chez Gallimard (Figures qui bougent un peu, 1978) et aux éditions André dimanche, ainsi que chez de nombreux “petits éditeurs”. Il vit de nouveau en France, à Montpellier, depuis 2001.
Livres récents: Le poème n’y a vu que des mots, L’idée bleue, 2007. Khalil El Ghrib, Editions Virgile, 2007. Un paradis de poussières, André Dimanche, 2007 . Se os felos atravesan polos nosos poemas, Amastra-N-Gallar (dans une traduction en galicien de Emilio Araúxo ), 2008 (Emilio Araúxo, Apdo. Correos 97, 36500 Lalin (Pontevedra) Espagne). Comme pour être un jardin, Tunis, Tawbad, 2008 (bilingue, texte traduit en arabe par Saleh Diab). Une idée de jardin à Beyrouth, Soligny-la-Trappe : Ficelle n° 84, Rougier. V éditions, 2008. Coudre ton enfance à demain, Contre-allées, « Poètes au potager », Montluçon, 2008. D’autres vanités d’écriture, Tarabuste éditeur, Saint-Benoît-du-Sault, 2008. 31 poèmes de l’Amérique un peu, Contre-Pied, Martigues, 2008.
10:08 Publié dans James Sacré | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
27/11/2009
La Douleur des Arbres
Patrice Leterrier, Forêt de Rambouillet 2000/2001, photographie 003
PHOTO&POESIE
Mario Urbanet&Patrice Leterrier
Télécharger ci-dessous :
15:57 Publié dans LES CARNETS D'EUCHARIS (pdf & calaméo) | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | | Facebook
22/11/2009
Marcelin Pleynet
Marcelin Pleynet
Poète, critique d’art
(Né en 1933)
L A P A U S E P O E S I E
Provisoires amants des nègres
Paysages en deux
Les lignes de la prose
Comme
Le Pontos
EXTRAITS
La jeune fille se retournait dans le froid de l’aube – un vent gris venu de la mer lui enseigne mille choses d’un autre temps – une impatience une détresse inconnue en elle célébrait la mémoire des morts
Frileuse auprès des torchères d’encre
L’étang glacé et qui renvoie les échos s’ouvrit alors sur la dorure d’un cri
Le feu couvre tes épaules
quand la parole mal fermée
n’échappe plus aux angles d’une chambre
appauvrie
la nuit entre chez toi
par la porte basse de l’âtre
la nuit mange la lumière
elle marche comme un feu
les cendres couvriront les nuées et la mer
(extrait Les trois livres, éd. du Seuil, 1962, 1963 et 1965 – Provisoires amants des nègres - pp.20/21)
…………………………………………
Paysage
Vous ne voyez pas
Comme son ombre
Et trouve dans sa baignoire le bleu
La femme sur ses bras
Où au loin la lumière
Un monde
D’un arbre à l’autre
Le couchant suspendu
Un peuple de femmes douces dans l’eau
Sur les montagnes
De plus en plus neigeuses
Dans ce regard
Dans le sol
Disant
Me voilà
Elles perdent peu à peu le sommeil
Pourtant les herbes restaient vivantes
Sur les montagnes
Brûlés
Parlant
Chaque jour dans le vent
Dans l’air de plus en plus haut
Ou retombant ici
L’ange et le livre disparaissent mais des flots d’or roulent sur leurs traces
Présence de Nicolas Flamel
(Ibid., Paysages en deux – pp. 139/141)
…………………………………………
Vous commencez au bord de la mer
et peut-être plus loin près de la falaise
Derrière l’accident
la transparence de l’air
la couleur
cette racine
une branche où le printemps et l’orage arrachent
le lieu dans cet état
un liseré d’ombre
l’eau fleurie
ne commençant pas !
*
Le voici votre geste arraché
Qui parle des Grecs
Au bord de la montagne peut-être
les cerisiers
dans les bois
et toute sa maison ouverte la pensée
(Ibid., Les lignes de la prose – p. 209)
…………………………………………
Où la lumière se pose et dans la chair elle avive les herbes qu’elle mord et ouverte appelle l’air humide qui la tient nue glacée peut-être sur la rive
par la trop violente lumière seule ou blessée
quand passe et s’arrache violemment
s’écrase sur l’herbe
si je la regarde ou la lumière se posent autant de tâches bleues
(Ibid., Comme – p. 274)
…………………………………………
1960/1965… les possibles et les impossibles de la poésie.
Les Trois Livres
Je n’ai jamais hésité à m’expliquer. Dans une société entièrement asservie à l’économie des techniques de communication, comment ne pas être conscient des difficultés que présente tout accès à la parole poétique ? J’entends par là l’accès à une parole qui, en vérité, assume essentiellement comme monde la création du présent surgissement de son existence.
(Le Pontos, éd. Gallimard, 2002 - Notes Sur le motif d’un parcours plus long que la voie droite – p. 103)
12:40 Publié dans Marcelin Pleynet | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | | Facebook