16/04/2014
Thierry Metz
DIERESE N°56
revue poétique et littéraire
■ Thierry Metz © Françoise Metz
Thierry Metz
Poète
(1956-1997)
Lecture Nathalie Riera
Thierry Metz
« quelques morceaux de lumière »
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■■■ « Né en 1956, Thierry Metz a choisi de disparaître le 16 avril 1997 », lit-on dans la nouvelle édition revue et augmentée de « L’homme qui penche » (Pleine Page, 2008). Puis, dans la préface de l’éditeur Didier Periz : « A l’époque, chaque matin, avant de me rendre au travail, je lisais de la poésie. C’était le meilleur moyen que j’avais trouvé d’affronter la journée. Je regagnais un peu de mon intérieur, quelques morceaux de lumière en guise de gilet pare-balles contre les agressions multiples de la vie sociale ». Dans son souvenir de Thierry Metz : « Je me souviens d’une crise d’éthylisme, un soir, entre le Cours Victor Hugo et la rue Sauvageau. Je me souviens qu’il nous a raconté la scène de l’accident de son fils sur la nationale 113 et qu’on a pleuré ». [1] Deux séjours au centre hospitalier de Cadillac, en Gironde, le 31 janvier 1997 Thierry Metz achève son journal « L’homme qui penche » (I et II):
Je ne sortirai pas d’ici, sans ce livre, sans ses perspectives. En plâtre. En papier. En chiffon. Les matériaux de ce qu’on peut être ici, matériaux psychiatriques, matériaux d’atelier, qu’on travaille et retravaille puis qu’on abandonne au premier venu.
Ce que nous sommes.
[fragment 60][2]
Ecrire pour reconstruire ? Comment y répondre ?
On ne peut pas lire Thierry Metz sans lui reconnaitre ce que bien des poètes critiques entendent du rôle de la poésie en ces temps dévastateurs. Vivre au plus près du quotidien et de l’ordinaire, se tenir à la source des êtres et des choses, se laisser saisir au cœur de la pleine réalité qui se veut le grand chemin d’apprentissage du poème. Le réel n’est pas une légende et n’a rien d’irrationnel. Et le tragique de toute vie, dans son ciel noir, est aussi un espace à l’empathie, une place à la profondeur. Que faire dans le réel ? « sinon restituer au chemin/son aujourd’hui ».
On gagne de relire Thierry Metz en ces temps de surenchère et d’arrogance verbale (« Soleil et coq sont les deux extrêmes/de ta parole »[3] ). Dans « Dolmen » (Prix Froissart, 1989), place non pas à l’empesé mais à l’élémentaire, car tout au long de son vivant, Thierry Metz n’aura pas réduit la poésie à un simple exercice de style. Aucune place à la sublimation pour le poète « échappé des fables ». Thierry Metz reste dans l’expérience de ce qui se vit et de ce qui est, et ce qu’il en recueille, dans l’espace de l’écriture se transmue en bribes lumineuses de ce peu de chose : « l’infime est plus sûr que le reste ».
Aucune nuit n’est exclue dans l’écriture du poème, et le monde jamais dessaisi de son énigme et de sa transparence.
[…] Pas un traité ni une parabole, je ne sais pas faire ça, je laisse ce travail aux abstinents ou à la raison pure. J’essaye, à ma manière et plus simplement, de faire entrer l’homme que je suis devenu dans la maison de la rencontre et de la réparation. Si ce n’est lui tout entier, au moins ses mains et son visage. Tout n’entrera pas.
[fragment 6]
Dans la maison de la rencontre et de la réparation :
Que seulement passent les heures.
Pour les empiler.
Pour conserver l’interrogation.
La délivrer des réponses.
[fragment 9]
…
Il n’y a ici qu’un va-et-vient de petites choses. Tout est toujours à convoquer. On atteint quelque chose non pour le dépasser mais pour l’atteindre encore.
[fragment 16]
…
[…] Le vrai travail est d’être aussi vide que ce temple.
[fragment 65]
Le projet d’écrire n’est pas un projet de guérison. La nuit est tombée sur Thierry Metz, et il a dédié cette nuit à tout cela qui lui fut donné, à tout cela qu’il a aimé.
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Janvier 2012 © Nathalie Riera (pour la revue Diérèse N°56 – Printemps 2012)
■ LIEN : http://diereseetlesdeuxsiciles.com/57374.html
La revue Diérèse, créée il y a quatorze ans par Daniel Martinez, s'attache à publier des textes inédits d'auteurs du monde entier. Elle propose aussi des textes de réflexion autour de livres et de films. Chaque numéro comporte environ 270 pages. Elle a notamment publié des textes de Jean-Claude Pirotte, Michel Butor, Pierre Dhainaut, Isabelle Lévesque, Henri Meschonnic (+), Max Alhau, Bernard Noël, Lionel Ray, Richard Rognet, Jean Rousselot (+), Chantal Dupuy-Dunier, Jacques Ancet, Ariane Dreyfus, Françoise Hàn, Yves Charnet, Joël Vernet...Le numéro 52/53, déjà entièrement consacré à Thierry Metz, est toujours disponible.
Diérèse n°56 (mai 2012) est consacré à Thierry Metz : Poèmes inédits, lettres, dédicaces, photographies... Dossier dirigé par Daniel Martinez et Isabelle Lévesque. Avec des textes de : Sophie Avon, Gérard Bocholier, Lionel Bourg, Gérard Bourgadier, Eric Dazzan, Pierre Dhainaut, Bernadette Engel-Roux, Gilles Lades, Paul Leuquet, Isabelle Lévesque, Daniel Martinez, Jean-Michel Maulpoix, Hervé Planquois, Nathalie Riera, Joël Vernet, Muriel Verstichel, Christian Viguié... Illustrations de Denis Castaing et de Michel Bourçon.
13:07 Publié dans Nathalie Riera, NOTES DE LECTURES/RECENSIONS, Thierry Metz | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
13/04/2014
Les Carnets d'Eucharis N°41 - Printemps 2014
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Poésie | Littérature Photographie | Arts plastiques
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en ligne
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Les carnets d’eucharis n°41
PRINTEMPS 2014
[« La série des malles »]
© Nathalie Riera, 2014| Improvisation depuis ma terrasse…
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02:30 Publié dans LES CARNETS D'EUCHARIS (pdf & calaméo), Nathalie Riera | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
04/04/2014
K.O.S.H.K.O.N.O.N.G. (revue dirigée par Jean Daive - Chez Eric Pesty Editeur)
Note d'intention pour K.O.S.H.K.O.N.O.N.G.
Koshkonong est un mot indien Winnebago qui donne son nom à un lac important du Wisconsin —
Il signifie au-delà de toutes les polémiques d'hier et d'aujourd'hui : " The Lake we Live on" — Le Lac qui est la vie.
C'est là que Lorine Niedecker est née et a vécu, dont les poèmes ouvrent le premier numéro de K.O.S.H.K.O.N.O.N.G. Son œuvre poétique, d'une singularité sans partage et d'une intensité sans exemple, même si Robert Creeley l'a comparée à Emily Dickinson, intègre langue et lieu — langue indienne et sa nature — à sa propre langue (américaine du Wisconsin). Le poème de Lorine Niedecker fait d'échos, de résonances, introduit une écoute autre à propos d'accents autres et de sens autres.
Un monde secret ou un monde du secret, mettant l'existence hors de portée, est à l'origine de cette écriture qui observe la vie sous l'emprise d'une humidité extrême : eaux glacées, grands bois humides, mousses, fougères, champignons, moisissures, vents constants et mouillés, air trempé de brume — toute une humidité-humanité ne cessant jamais d'alimenter la disparition des défenses de l'homme.
L'écriture principalement connaît trois phénomènes : la main, la voix, le mur. Le mur est une manifestation qui s'adresse le plus naturellement du monde à l'homme, quel que soit son état de marche, quel que soit son état de cœur : le mur qui écrit la revendication, le mur des amoureux, des accusations, le mur des avis, notices, affiches, placards, proclamations, le mur des graffitis, des signes, des mots bombés, le mur est manifestation de l'urgence, de l'injustice, du procès, de la contagion, de l'épidémie.
K.O.S.H.K.O.N.O.N.G. est une revue qui veut prendre en compte toutes les résonances de la langue et l'urgence, toutes les désaccentuations possibles et l'alerte.
K.O.S.H.K.O.N.O.N.G. est une revue de l'ultimatum.
JEAN DAIVE.
K.O.S.H.K.O.N.O.N.G. paraît trois fois l'an.
Bulletin d'abonnement pour trois numéros : 29 euros. Chèque à libeller à l'ordre d'Éric Pesty Éditeur - 10, rue des Mauvestis, 13002 Marseille - accompagné de vos coordonnées postales.
22:01 Publié dans K.O.S.H.K.O.N.O.N.G. | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Antoine De Baecque, La traversée des Alpes
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Tout au long de ces vingt-six étapes de sept à neuf heures de marche quotidienne, j’ai pu mesurer l’endurance du randonneur, ressentir le rythme de ses déplacements, saisir l’importance des rites et des gestes qui scandent sa journée, mettre à l’épreuve mon corps, tenter de le protéger, de le préserver, de le soigner, de le laver, de le nourrir. J’ai pu sentir mes émotions face aux paysages, à la solitude, à l’existence en montagne, j’ai fait l’expérience de rencontres, avec des gardiens de refuge, des randonneurs français et étrangers, des animaux divers. En randonnant sur le GR5, je comprenais ainsi que ce livre devait porter sur l’histoire des évolutions du corps du marcheur, ancien, moderne, contemporain, sur l’histoire de sa résistance à l’effort et à la douleur, sur ses rythmes de progression, son hygiène, sa nourriture, ses soins, son équipement ou ses sensations. C’est également à travers mes rencontres que j’ai pu esquisser concrètement une sociologie des marcheurs, qui montre, par exemple, le vieillissement de l’âge moyen des adeptes du GR5, la diversification toujours grandissante de leurs horizons sociaux et culturels, la naissance et l’épanouissement de métiers de montagne spécifiquement liés au passage du sentier. S’impose, à travers mon regard posé sur ces paysages de montagne tout au long de ma traversée, une histoire des sensibilités du corps au cadre alpin.
ANTOINE DE BAECQUE
........................... (p.23)
…
La traversée des Alpes
Essai d’histoire marchée
ANTOINE DE BAECQUE
NRF EIDTIONS GALLIMARD
Bibliothèque des Histoires
Date de parution : le 20 mars 2014
Site éditeur | © ICI
4ème DE COUVERTURE
Le 6 septembre 2009, Antoine de Baecque se lance sur le GR5, un sac de dix-sept kilos sur le dos, pour un mois de randonnée solitaire à travers les Alpes, depuis le lac Léman jusqu’à la Méditerranée : six cent cinquante kilomètres, trente mille mètres de dénivelée, sept à neuf heures de marche quotidienne. De cette aventure, il a tiré un exercice d’histoire expérimentale mêlant études savantes sur les Alpes et l’aménagement de la montagne et recherche personnelle, «par les pieds», attentive au corps.
L’auteur raconte la genèse du GR5, tantôt chemin de pèlerinage, tantôt sentier commercial ou de contrebande, draille de la transhumance ou voie militaire. Il montre comment il s’est constitué en emblème, remontant à ses pionniers randonneurs, suivant ses «aménageurs», proposant une typologie de ses usages et une sociologie de ses usagers. De plus, il fait le récit au jour le jour de cette «grande traversée des Alpes» qu’il a désiré éprouver lui-même.
Il résulte de cette expérience une forme originale d’écriture de l’histoire, un essai d’histoire marchée. Née de l’avancée du randonneur, celle-ci rend compte de la progression le long d’un sentier et, dans la foulée, plonge dans l’histoire même de ce sentier, les strates multiséculaires laissées par les circulations alpines passées. Ainsi permet-elle au lecteur lui-même de suivre, au rythme de la marche, le chemin qui va dans la montagne.
[FEUILLETER LE LIVRE]
/flipbook| © Cliquer ICI
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■■■ Antoine De Baecque
Historien et critique, professeur d’histoire du cinéma à l’université de Nanterre. Il a publié aux éditions Gallimard L’histoire-caméra (2008) et chez Gallimard Jeunesse Giboulées (en collaboration avec Pierre Guislain) Objectif cinéma (2013).
15:05 Publié dans Antoine De Baecque | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : antoine de baecque;la traversée des alpes;les carnets d'eucharis | Imprimer | | Facebook
03/04/2014
Angèle Paoli - De l'autre côté (éd. du Petit Pois, 2013)
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mouvement de pivot
le paysage s’inverse
la route entre dans le décor
asphalte bande blanche filent
le talus se rapproche
fils-de-chardons en
sur-lignage
[la Punta di Minerviu plonge
l’îlot du Stintinu
un point ponctue la montagne]
le ciel la mer fusent
dans le mur de pierre
collision de-bleus-de-bruns dorés
étendues lisses
échancrures-dentelles
ANGELE PAOLI...........................
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et ligne après ligne/and line after line
Du côté de chez…
Angèle Paoli
© ANGELE PAOLI | © Guidu Antonietti Di Cinarca
De l’autre côté
Les éditi•ns du Petit P•is
- Collection Prime Abord -
2013
Site éditeur | © http://cordesse.typepad.com/leseditionsdupetitpois/2013/10/de-lautre-c%C3%B4t%C3%A9.html
9
le miroir / s’incline / sur la gauche
large bande de lumière / diagonale
sur la roche
[moi] ? dedans même inclinaison
visage à découvert sérieux
front plissé / je / cherche
qui d’autre que moi ?
torsade bleue foulard / autour / le long
la main (en) insert paume courbée
doigts repliés
des filaments traversent
dos arrondi
feuillages pris
dans leur masse
verdure
...............................
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■■■ Angèle Paoli
Née à Bastia, Angèle Paoli a enseigné pendant de nombreuses années la littérature française et l’italien.
Elle vit actuellement dans le Cap Corse, où elle développe la revue numérique de critique et de poésie Terres de femmes, créée en 2004 avec son mari éditeur Yves Thomas et le photographe et architecte Guidu Antonietti di Cinarca. Parmi ses publications : Le Lion des Abruzzes, éditions Cousu Main, 2009 ; Carnets de marche, éditions du Petit Pois, 2010 ; Camaïeux, livre d’artiste, éditions Les Aresquiers, 2010 ; Solitude des seuils, livre d’artiste, éditions Le Verbe et L’Empreinte [Marc Pessin], 2011 ; La Figue, livre d’artiste, 2012. Préface de Denise Le Dantec ; Les Romans de la Corse (avec Paul-François Paoli),éditions du Rocher, 2012 ; Solitude des seuils, Colonna Édition, 2012. Liminaire de Jean-Louis Giovannoni ; De l’autre côté, éditions du Petit Pois, 2013. Angèle Paoli a aussi publié des poèmes et/ou articles dans de nombreuses anthologies (dont l'anthologie Pas d'ici, pas d'ailleurs, qu'elle a coordonnée avec Sabine Huyhn, Andrée Lacelle et Aurélie Tourniaire, éditions Voix d'encre, 2012) et revues (parmi lesquelles Europe, Siècle 21, La Revue des Archers, NU(e), Semicerchio, Thauma, Diérèse…). Le Prix européen de la critique poétique francophone Aristote 2013 lui a été attribué par le Cénacle européen francophone de Poésie, Art et Littérature.
SITES À CONSULTER
[TERRES DE FEMMES]
Site de l’auteur| © Cliquer ICI
[RECOURS AU POEME]
Plusieurs articles| © Cliquer ICI
[LES EDITIONS DU ROCHER]
Editions de : Les romans de la Corse | © Cliquer ICI
[SITAUDIS]
| © Cliquer ICI
[TERRE A CIEL]
| © Cliquer ICI
14:40 Publié dans Angèle Paoli, Les Editions du Petit Pois | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
02/04/2014
Alexis Pelletier
Alexis Pelletier © [Photo : Adrienne Arth]
:- :- :- :- :- :-
Début d’un livre en cours et sans titre
Il y a le mot lumière et commencer ainsi
c’est dire en un instant la force d’une attente
toute une histoire en somme qui s’en vient et dans
le corps rien d’autre qu’elle au présent n’est possible
Des mots ou des sons mettent en place le monde
Et quel sens surgit avec eux je ne sais pas
La lumière vient au corps et je ne sais pas
ce qui se passe chaque mot est verbe étrange
dans Terraqué Guillevic le dit de la langue
et moi de marmonner si bien que celle-ci
devient un horizon sonore où tout se perd
et qu’aussi j’ai l’impression malgré la lumière
d’avancer en aveugle ou d’être bien perdu
car de ma relation aux mots je ne sais rien
je ne sais pas
Souvent cela peut signifier
qu’un poème est en cours
J’en pressens l’initial
il y a de la lumière et c’est comme un grand vide
Si j’avance maintenant qu’elle est sans pourquoi
éclaire parce qu’elle éclaire sans souci
d’elle-même et sans demander si on la voit
quelque chose d’ancien bondit pour dire que
rien n’est possible à ce moment si ce n’est une
peur insituable presque et amenant à elle
un lot de pensées qui tournent en rond m’entraînent
sans fin
Bonjour à Silesius et à qui d’autre
:- :- :- :- :- :-
Des mots venus quand il y a de la lumière
l’automne est malade et adoré avant de
voir par la fenêtre le cerisier rougeâtre
le bouleau plus jaune et loin en arrière-plan
les marronniers en dégradé de vert encore
Des couleurs aussi viennent avec la lumière
viennent de la lumière même du soleil
À l’instant je trouve la lumière c’est le
soleil
Rien d’extraordinaire dans la phrase
sauf à dire l’étagement des références
si c’est possible avec un effet boomerang
La lumière c’est le soleil
Quand cette phrase
s’est imposée à moi il a fallu que je
m’arrête à cause de la violence des mots
qui se sont enchaînés
Comment dire autrement
:- :- :- :- :- :-
La lumière c’est le soleil autrement dit
le soleil ne se voit que d’en bas comme toutes
les étoiles on lève donc les yeux vers lui
et de constater qu’avec la lumière vient
cette sensation de n’être au monde que pour
se heurter aux énigmes à tous les délires
mystiques à tout ce qui m’éloigne de toi
alors que je veux dans ton écoute savoir
ce qu’est au juste la lumière et si nous la
percevons à l’identique et si par hasard
tu sais dire son origine dont j’ai lu
quelque part qu’elle restait toujours improbable
Et ta réponse parlera de l’énergie
que la matière absorbe et qu’elle peut stocker
ou émettre et tout cela me fait regretter
de mal lire le latin de ne pas traduire
ici des vers de Lucrèce je pense à l’hymne
à Vénus qui trouve en la déesse une mère
une origine indiscutable à la lumière
Dans le langage toujours avec l’impression
d’étrangeté dans la langue pour que bascule
mon poème vers où je ne sais pas
Aucune
invention personne pour y croire la langue
maternelle une matière où presque rien n’est
su et si par exemple je parle autrement
qu’en latin dans ces vers
Et qu’est-ce que traduire
de Michael Palmer Sun par exemple ou bien
plus loin dans le temps le De Natura Rerum
L’étrangeté aussi quand la langue nous montre
cette énergie lui permettant d’absorber tout
d’aborder toutes les lumières même celle
de l’encre des mots sur la page ou dans le corps
:- :- :- :- :- :-
Je sais bien qu’on appelle photons ces paquets
d’énergie livrés par la lumière et ça dit
sans doute quelque chose de précis à tous
les astronomes physiciens ou scientifiques
ou encore à celui qu’autrefois l’on nommait
honnête homme mais voilà que mon vers se fait
doctoral amenant avec lui la rengaine
les photons mis en vers tu ne t’y attends pas
ça dit quoi au juste de l’origine de
la lumière je voudrais savoir simplement
comment elle est née sans aucune épiphanie
mystique une version qui mette fin au noir
du cosmos à l’angoisse de notre ignorance
Michael Palmer désigne l’espace d’un temps
une station d’apaisement quand il écrit
que le soleil embrase puis divise mais
si ça évoque d’une manière pas trop
abstraite ce sujet de l’origine de
la lumière en aucun cas c’est une réponse
mais plutôt juste un signe un clin d’œil vers Lucrèce
qui lui m’arrête à chaque fois que je le lis
aux mêmes pages je veux dire aux mêmes vers
et par exemple au livre deux ceci très fort
qu’il ne peut y avoir de couleur sans lumière
et bien plus que la couleur se transforme avec
la lumière elle-même selon l’inclinaison
des rayons obliques ou directs tout ainsi
qu’au cou le plumage des colombes
brille de divers éclats les feux du rubis
le bleu du ciel tu ne penses plus à Lucrèce
ou le vert de l’émeraude sans oublier
la queue du paon cela autour des vers huit cent
je t’épargne la suite d’un piètre exercice
Plus loin dans le quatrième livre toujours
Lucrèce évoquant les simulacres petits
corps invisibles qui affectent l’âme et qui
façonnent nos sensations a cette ouverture
sur la vitesse de la lumière et c’est bien
le soleil qui ne doit mettre que fort peu de
temps pour emplir l’univers avec des rayons
innombrables et créés dans l’instant voilà
qui saisit le livre quatre fait signe vers
l’histoire des photons tu restes bouche bée
:- :- :- :- :- :-
© Alexis Pelletier
Les carnets d'eucharis N°41 (printemps 2014)
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NOTICE BIO&BIBLIOGRAPHIQUE
Alexis Pelletier est né en 1964 à Paris.
Son écriture se développe dans diverses directions.
D’une part, le personnage de Mlash, qu’on retrouve dans plusieurs ouvrages, marque la volonté d’une confrontation critique à l’univers fictif.
D’autre part, ses poèmes se tournent vers les arts plastiques, vers la danse et surtout vers la musique contemporaine. Depuis 2006, il travaille régulièrement avec le compositeur Dominique Lemaître, notamment dans des concerts poétiques avec l’Ensemble Accroche-Notes, l’Ensemble Orchestral Contemporain, l’Ensemble Stravinsky, l’Ensemble Campsis, François Veilhan, Thierry Miroglio, Ancuza Aprodu). En 2011, le spectacle Les Tableaux de Bruno, autour des Tableaux d’une exposition de Moussorgski/Ravela été joué par l’Orchestre l’Opéra de Rouen Haute-Normandie dirigé par Luciano Acocella, avec le comédien Bruno Bayeux. Et, en mars 2013, le même orchestre dirigé par Oswald Sallaberger et le comédien Pierre Delmotte ont joué Notes d’impressions autour d’œuvres de Ravel, Roussel, Caplet et Ives, mise en espace d’Anne Marguerin.
Enfin, sa poésie est également soucieuse de l’époque actuelle, difficile à saisir.
Alexis Pelletier a également publié aux éditions P.O.L un livre d’entretiens avec l’un des fondateurs du nouveau roman, Claude Ollier, Cité de mémoire en 1996. Il participe, en outre, depuis une quinzaine d’années, au comité d’entretiens de la revue Triages et publie des notes de lectures dans diverses revues ou sites internet : CCP, Poezibao, etc.
Bibliographie :
Tout Mlash - Tarabuste, 1999
Un journal épisodique - Tarabuste, 2004
Résonances - Christophe Chomant éditeur, 2006
Mlash ou encore - Tarabuste, 2006
Le Grand Réel - Daniel Duchoze, 2008
Quelques mesures dans l’époque - Voix d’encre, 2008
De ce qui vient - Cahiers Intempestifs n°21, 2008
51 partitions de Dominique Lemaître - Tarabuste, 2009
Encore un petit Mlash - Revue ficelle n°93, 2009
PSALMLASH (livre-cd) - Vincent Rougier, 2012
Comment quelque chose suivi de Quel effacement - L’Escampette, 2012
Comment ça s’appelle - Tarabuste, 2012
Mains tenues – Éditions de l’Amandier, 2013
Du silence et de quelques spectres (livre-cd avec le compositeur Dominique Lemaître, à paraître aux éditions Clarisse, mars 2014)
23:36 Publié dans Alexis Pelletier | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Jos Roy - De suc & d'espoir / With Sap & Hope
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Sous les paupières d’argile
tous
portent regard
vaste&vide vers la parfaite boucle
tempsclouéd’espace
tous morts vifs
peuplés par l’acte du mot
infini
Under the eyelids of day
each of them
turns his vast&empty
gaze towards the perfect loop
timenailedwithspace
each of them dead quick
peopled by the act of the infinite
word
JOS ROY...........................
…
De suc & d’espoir / With Sap & Hope
Jos Roy
Black Herald Press
date de parution : April 2014 / avril 2014
Poèmes choisis / Selected poems
54 pages - 10 € / £8 / $14
ISBN 978-2-919582-08-2
À paraître le 25 avril
Forthcoming, April 25
Recueil bilingue / bilingual collection
(translated from the French by B. Longre, with P. Stubbs)
Site éditeur | © ICI
DE SUC & D’ESPOIR
Si la poésie de Jos Roy nous confronte à la difficulté et au paradoxe, il faut dire aussi qu’elle déploie un mode d’expression empreint d’une absorption inaliénable, essentielle. Mystérieux, tant sur le plan génétique qu’étymologique, ses poèmes pourtant s’éclaircissent pleinement, imprégnés de secousses surnaturelles et d’élans de pensées qui restent encore à discerner. Rien n’y est vague cependant, rien n’y est laissé au hasard. Ces textes englobent tout ce qui, au cœur du langage, échappe à l’expérience humaine et nous en sépare ; et tandis que la puissance et l’éloquence de chaque poème découlent de tumultes verbaux et syntaxiques latents, les dialogues elliptiques surviennent d’entre les mots, d’entre les images, révélant une voix d’une pureté et d’une complexité comparables à celles de la prière. Jos Roy préserve sa parole en effaçant ce qui, selon le temps linéaire, renonce aux accrétions et aux attachements du soi – ainsi s’abandonnant, et s’adressant directement à nous d’une voix désincarnée qui finit par se détacher de l’âme pour flotter vers un lieu intemporel « où le monde claque net / comme un chant de bataille / où chaque ombre bascule vers sa clairvoyance ».
If the poems of Jos Roy confront us with difficulty and paradox, then they also develop a mode of utterance replete with the essence of an inalienable raptness. Both genetically and etymologically cryptic, the poems unravel full of unworldly jolts and as yet undiagnosed pulses of thought. Nothing in them though is vague, nothing left to chance. They encompass all of what in language escapes and separates us from human experience; and while the power and pathos in each poem arises via latent and syntactical word-storms, the elliptical dialogues occur in-between word and word, image and image, to reveal to us a voice as pure and complex as that of prayer. Jos Roy preserves her voice by effacing what, in linear time, renounces the accretions and attachments of selfhood; thus she gives up herself and speaks to us directly in a disembodied voice, one that floats free finally of the soul, to arrive at a point in no-time ‘where the world snaps neatly / like a war song / where every shadow collapses towards its own clear-sightedness’.
(4ème DE COUVERTURE)
[contact]
Éditions Black Herald Press
Shop/Boutique | © Cliquer ICI
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■■■ Jos Roy
Née à Bidart, village côtier basque, il y a maintenant longtemps. Parents basque et gascon, charnégou comme on dit, sang-mêlée marginale. Des études diverses. Des professions en passant. De la lecture. De l’écriture. Publications dans quelques revues (The Black Herald, Diptyque, Les Carnets d’Eucharis…) ; participation à des ouvrages collectifs locaux ; dans le monde flottant des blogs, risque une empreinte régulière.
Jos Roy is a poet who lives in the French Basque region. Her writing has appeared in various magazines (The Black Herald, Diptyque, Les Carnets d’Eucharis…).
SITES À CONSULTER
[BOUTS DE DECEMBRE/jos roy]
Extraits
Sur le site : Enjambées fauves | © Cliquer ICI
[LE POEME SAUVAGE]
Extraits
Sur le blog : Jean-Pierre Longre | © Cliquer ICI
[Lui – … Elle –]
Extraits
Sur le site : Anthologie Poétique/Terres de Femmes | © Cliquer ICI
[Ilbide]
Extraits
Les carnets d’eucharis n°29 – Juillet/Août 2011
| © Cliquer ICI
14:49 Publié dans Black Herald Press, Jos Roy | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
27/03/2014
Editions Hochroth
Éditions HOCHROTH-Paris
83 rue Lamarck / 28 rue de l’Évêché
75018 Paris / 84200 Carpentras
09 54 97 69 41
présentation
Hochroth Rouge vif
Du innig Roth, Ô profond Rouge,
Bis an den Tod Mon amour jusqu’à la mort
Soll meine Lieb Dir gleichen, Devra te ressembler,
Soll nimmer bleichen, Sans jamais blêmir,
Bis an den Tod, Jusqu’à la mort,
Du glühend Roth, Ô Rouge ardent,
Soll sie Dir gleichen. Te ressembler.
Caroline de Günderode
Nées en 2013 à Montmartre, les éditions hochroth-Paris publient de courts recueils de poésie, de tous horizons et de tous temps.
Salués par la critique pour leur esthétique « à la fois sobre et très élaborée », nos livres sont réalisés de manière artisanale, numérotés, et ornés d’une illustration originale. Outre la collection générale, anonyme, notre catalogue compte deux collections particulières : sine die, dont le nom provient d’un poème de George Bacovia, est dédiée à la poésie roumaine ; rymes, à la poésie du XVIe siècle.
Les éditions hochroth-Paris appartiennent au réseau européen alternatif hochroth, créé en 2008 par Marco Beckendorf, et dont la maison-mère est située à Berlin. Conjuguant artisanat et professionnalisme, hochroth défend une nouvelle vision de la production, ajustée à la demande, et de la distribution, directe, au service d’une poésie rare, toujours plus marginalisée par le système du livre actuel.
18:47 | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
26/03/2014
Djuna Barnes - Ryder (Ypsilon éditeur)
Djuna Barnes
Ecrivain américaine
[1892–1982]
EXTRAIT
Ne suis pas ces fanatiques qui voient au-delà de toi et des tiens, au-delà de ta venue et de ta disparition, et de celles des tiens, et au-delà encore, quand aura pris fin tout le cheminement : ta vie, et celles que tu engendres, et celles qui jailliront de celles que tu engendres, en un monde sans fin ; car cette engeance n’a nul besoin de toi ; ils ne te voient pas et ils ignorent tes gémissements, tant les obsèdent ta damnation, et celle de ta descendance, et celle, multiple, de toutes les multitudes qui seront engendrées de ton espèce, aussi abondante que les poissons dans les ruisseaux, aussi abondantes que les poissons dans les plus vastes eaux. Ton salut les affole autant que le salut de ta tribu. Tourne-toi plutôt vers les hommes de peu, qui pour toutes choses incomplètes, pour toutes choses incertaines, ont une aptitude nonpareille : eux ne te repousseront pas, ni dans ton corps charnel, ni dans ta souffrance temporelle, ni dans tes pleurs, ni dans tes rires ou tes lamentations. Tu n’as pas vocation à la Dernière Station, mais rendez-vous avec des petites béatitudes : pommes au creux de la main, petites coupes pour étancher la soif, mots qui ne vont nulle part mais qui ont commerce avec la seule oreille externe, purs bavardages aux portes de ton piètre calvaire.
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Traduit par Jean-Pierre Richard
■ Premier roman de Djuna Barnes, Ryder est la chronique grivoise d’une famille très semblable à la sienne. Bestseller éphémère à sa parution en 1928, il séduit le public et déroute la critique. Dans la Saturday Review il est salué comme « le livre le plus étonnant jamais écrit par une femme. » Détournant les codes de la littérature canonique occidentale, et la manière de ses plus illustres représentants mâles (Chaucer, Rabelais, Shakespeare, Fielding…), la prose débordante, savante et populaire, excessive et jouissive, de Ryder, apparaît aujourd’hui comme une satire du patriarcat aussi tragique que joyeuse, et définitivement ambiguë.
Cette édition reproduit les 11 dessins de l’auteur qui devaient accompagner la publication originale, ainsi que son avant-propos sur la censure.
YPSILON EDITEUR
34 bis rue Sorbier 75020 Paris
+33 (0)9 82 37 50 15
23:00 Publié dans Djuna Barnes, Ypsilon | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Amelia Rosselli - APPEL A SOUSCRIPTION - La Barque Editeur
Amelia Rosselli
Poète ialienne
[1930–1996]
APPEL À SOUSCRIPTION - AMELIA ROSSELLI
"DOCUMENT" ("DOCUMENTO" 1966-1973) est le troisième livre d’Amelia Rosselli. Il est a double titre son recueil le plus important : à ses propres yeux et en nombre de poèmes (environ 176).
N’ayant pas obtenu d’aide pour cette première publication en langue française, La Barque lance un appel à souscription. Le prix de cet ouvrage (édition bilingue de 320 pages) est de 22 euros (port inclus).
Les chèques (à l’ordre de La Barque - 51, rue de Paradis, 75010 Paris) ne seront encaissés qu’à publication.
Merci par avance de votre participation.
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traduction : Rodolphe Gauthier
Descriptif
Format : 13 x 18,5 cm
Edition bilingue
320 pages
Couverture : papier Fredigoni
Intérieur : Munken
Cousu
Prix : 22 euros
Si l’écriture d’Amelia Rosselli a évolué dans le temps — la langue des Variations de guerre n’est pas la même que celle de Document — elle n’en demeure pas moins sienne d’évidence depuis qu’elle toucha avec les premières Variations une dimension inédite, « la promesse d’un simple langage » (Impromptu, 1981). Que dire d’Amelia Rosselli ? Qu’elle naquit le 28 mars 1930 à Paris, où Carlo Rosselli, son père, menacé par les fascistes italiens, était venu poursuivre son combat au sein de l’organisation antifasciste Giustizia e Libertà, non sans avoir été auparavant déporté aux îles Lipari d’où il s’était échappé en 1929. Que ce père fut assassiné pour la raison même d’une résistance sans faille dont l’issue vint confirmer sa prédiction, toutefois dépassée : il ne le fut pas seul, mais avec son frère, Nello Rosselli ; et ce, à coups de couteaux par des cagoulards français à Bagnoles-de-l’Orne où il s’était rendu pour raison de santé, après avoir combattu sur le front d’Aragon en Espagne — Amelia Rosselli était alors âgée de sept ans. De ce crime elle gardera sa vie durant le trauma, de lourds troubles mentaux sans remèdes possibles, jusqu’à sa mort, dite volontaire, en 1996 à Rome. Qu’elle fut, par une errance familiale forcée, conduite à vivre au début de la guerre en Angleterre (chez les parents de sa mère, Marion Cave, une activiste politique anglaise), puis aux États-Unis où elle étudiera la musique et la littérature ; et qu’elle n’arriva en Italie qu’en 1946, d’abord à Florence, puis à Rome où des années plus tard elle s’installera définitivement, toujours en réfugiée toutefois… Olivier Gallon
[une présentation d'Amelia Rosselli extraite du numéro 9 de la revue La Barque où se trouvent des extraits de "Variations de guerre" et de "Document"]
LA BARQUE
Automne 2012
16:37 Publié dans La Barque | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Inger Christensen - Alphabet
■ http://www.modernista.se/sites/default/files/forfattare/christensen_inger_tv.jpg
Inger Christensen
Poète, romancière… danoise
[1935–2009]
EXTRAIT
les glaciations existent, les glaciations existent,
la glace de l’océan glacial et la glace du martin-pêcheur ;
les cigales existent ; la chicorée, le chrome
et l’iris jaune de chrome, l’iris bleu ; l’oxygène
surtout ; existent aussi les glaçons de l’océan glacial,
l’ours blanc existe, matriculé comme fourrure
il existe, condamné à sa vie ;
et la minichute du martin-pêcheur dans les ruisseaux bleu gel
de mars existe, si les ruisseaux existent ;
si l’oxygène dans les ruisseaux existe, l’oxygène
surtout, existe surtout là ou les sons - i
des cigales existent, surtout là où le ciel
de la chicorée existe bleu d’outremer dissous dans
l’eau, le soleil jaune de chrome, l’oxygène
surtout ; pour sûr il existera, pour sûr
nous existerons, l’oxygène que nous respirons existe,
oeil de feu couronne de feu existent, et l’intérieur
céleste du lac ; une anse enclose
d’un peu de jonc existera, un ibis existe
et les mouvements de l’âme insufflés dans les nuages
existent, comme tourbillons d’oxygène au tréfonds du Styx
istiderne findes, istiderne findes,
ishavets is og isfuglens is;
cikaderne findes; cikorie, chrom
og den chromgule iris, den blå; ilten
især; findes også ishavets isflager,
isbjørnen findes, stemplet som en pels
med personnummer findes den, idømt sit liv,
og isfuglens ministyrt ned i de blåfrosne
martsbække findes, hvis bækkene findes;
hvis ilten i bækkene findes, ilten
især; findes især hvor cikadernes
i-lyde findes, især hvor cikoriens
himmel som blåelse opløst i vand
findes, den chromgule sol, ilten
især; vist vil den findes, vist
vil vi findes, ilten vi indånder findes,
ildøje ildkrone findes, og indsøens
himmelske indre; en indhegnet vig
med lidt siv vil findes, en ibisfugl findes,
og sindets bevægelser indblæst i skyerne
findes, som ilthvirvler inderst i Styx
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Traduit du danois par Janine & Karl Poulsen
Inger Christensen
alphabet
édition bilingue danois-français
traduction de Janine & Karl Poulsen
YPSILON EDITEUR
34 bis rue Sorbier 75020 Paris
+33 (0)9 82 37 50 15
15:59 Publié dans DANEMARK, Inger Christensen, Ypsilon | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Ivan Boccara
Galerie la non-maison
Micro-centre d’art
Contact: Michèle COHENTél. : 06 24 03 39 31
http://lanonmaison-microcentredart.blogspot.fr/2014/01/ivan-boccara-artiste-en-residence-du-06.html
Adresse: 22 Rue Pavillon
13100 Aix-en-Provence
Ivan Boccara
artiste en résidence du 06 mars au 16 mai 2013
la non-maison micro-centre d'art
Né au Maroc le 2 mars 1968, Ivan Boccara fait des études de cinéma et d’histoire et civilisation berbère à Paris. Il vit entre la France et le Maroc et réalise des films documentaires et courts métrages. Son travail s’intéresse à des personnages forts, à des communautés, à des minorités, aux enjeux des populations, aux frontières des modes de vies entre traditions et modernités. Il participe à des résidences et laboratoires artistiques et travail comme photographe et chef opérateur notamment avec des artistes contemporains.il a été élu "artiste associé" à la résidence pour 2013 -2014-2015
15:56 Publié dans GALERIES, La non-maison | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ivan boccara | Imprimer | | Facebook
21/03/2014
Nathalie Riera - en lecture...
EN LECTURE
SAMEDI 22 MARS
A la Librairie Le Chant de la Terre
Pont Saint-Esprit
XXIII)
broderie musicale à la dissonance éphémère les syllabes en octopodes au charivari des houles : fonds-marins de nos silences nos pas de gouffre en gouffre les routes de la mémoire sont des syncopes nos pieds nos yeux sont collapsus : que sommes-nous écheveaux sans cornes : ce n’est que dans nos gorges les méandres de trop parler occire nos dédales sont de trop les émergences florales l’appoggiature de nos aubades les Belladone : que sommes-nous dérivations sans lignes de fuite : broderie de varechs ainsi écrire pour ne pas couper le fil de la vita comme Atropa*
Envoyé à 20 : 15
09/03/2014
* Morta ou Atropos (Les Parques)
(Nathalie Riera © Texte inédit – Nouveau projet d’écriture à 4 mains avec Hugues FJ Rolland)
20:13 Publié dans LECTURES PUBLIQUES, Nathalie Riera | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
16/03/2014
LES CARNETS D'EUCHARIS N°2 - Année 2014
22:49 Publié dans Les Carnets d'Eucharis, Nathalie Riera | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
13/03/2014
Les Carnets d'Eucharis - Edito - Année 2014 (ABONNEMENT)
ÉDITO●●●
Les Carnets d’Eucharis, Année 2014
(≠CARNET 2)
Jauger le monde, en faire au mieux l’éloge, changer la conscience de son temps, avec cet esprit insatiable de celle qui s’intéresse à tout en permanence. Ainsi écrivait, était, Susan Sontag ; elle pour qui écrire était faire l’expérience de son autonomie, de sa force ; elle qui notait le 30 novembre 1970, en référence à La Planète de M. Sammler de Saul Bellow : « essayer de vivre avec un cœur civilisé ». Elle savait qu’il faut à l’esprit beaucoup de souplesse, « élargir mon espace intérieur », ne pas s’enfermer dans le temple de la Culture, avec son élite et ses gardiens.
A l’occasion du premier numéro en version imprimée des Carnets d’Eucharis, en l’année 2013, consacrer un numéro littéraire à une personnalité comme Susan Sontag, ce n’est ni précieux ni même prétentieux de le placer sous le signe du défi. Puis-je m’assurer à penser, en ce tout début de l’année 2014, que le projet fut vécu et porté à même hauteur ou plus justement au même niveau que cette aspiration si chère à Sontag : me trouver en compagnie d’une intelligence captivante, et comme elle, qui n’hésitait ni ne se sous-estimait à se placer en disciple face à des Schopenhauer, Nietzsche, Wittgenstein, Sartre ou Simone Weil, trouver tout naturellement jouissance à « travailler à son niveau ».
Zbigniew Herbert soulignait l’un des grands méfaits de la culture contemporaine : « cette conviction arrogante que nous pouvons nous passer de modèles (autant esthétiques que moraux), sous prétexte que notre situation dans le monde est soi-disant exceptionnelle et incomparable.»* Sontag aurait probablement approuvé.
Ce deuxième opus poursuit sa ligne exploratrice des figures d’écritures. Ainsi, le carnet consacré à Susan Sontag fait place, cette fois-ci (mais pour mieux y revenir par la suite) à une constellation d’écrits inédits qui multiplient les franchissements et les traversées, entre essaims de poèmes et de proses, aux formes et aux formulations flambant frais. Multitude ouverte sur des détroits et des isthmes, où le « langage essentiel » se tient à l’écart, à ne cesser de favoriser les trouées. Chaque carnet entend poursuivre sa fabrique d’échappées, de « paroles sur le papier » ; les mots comme autant de tracés, de traces, et bruits de source.
La poésie ne s’inscrit pas dans un âge d’or et la littérature n’a pas fonction d’ériger des théories éblouissantes. Les paysages de la poésie et de la littérature devraient échapper à la spéculation, et le lecteur peut-il alors se muer en paysagiste, juste à dessein de renouveler sa palette.
Nathalie Riera …………………………. Janvier 2014)
* (Zbigniew Herbert, Le labyrinthe au bord de la mer, Ed. Le Bruit du Temps, 2011- p.122)
Les Carnets d’Eucharis, Année 2014
(≠CARNET 2)
Format : 170 x 250| 160 pages| ISSN : 2116-5548
ISBN : 978-2-9543788-1-7
France : 17 € (rajouter 3 € frais de port)
En vente à partir du : 1er mars 2014
| 2013-2014 | Revue papier Les Carnets d’Eucharis| ISSN : 2116-5548 | ISBN : 978-2-9543788-0-0 |
●●●
(COMITÉ DE RÉDACTION)
Nathalie Riera, Claude Darras, Richard Skryzak, Tristan Hordé,
Angèle Paoli, Claude Minière, Sabine Péglion, Gérard Larnac
●●●
(RÉDACTION & SIÈGE SOCIAL)
L'Association L'Atelier des Carnets d'Eucharis
L'Olivier d'Argens - Chemin de l'Iscle - BP 44
83520 ROQUEBRUNE-SUR-ARGENS
CONTACT : nathalieriera@live.fr
(ABONNEMENT/SOUSCRIPTION)
NOM/PRENOM :
……………………………………………………
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……………………………………………………
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CODE POSTAL /VILLE :
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□ PREMIER NUMÉRO :
Année 2013
[Susan Sontag]
21 €, frais de port compris
□ DEUXIÈME NUMÉRO :
Année 2014
[Carnet 2]
21 €, frais de port compris
Je vous adresse le montant total de : _______ €
■par chèque à l’ordre de
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BIC : CEPAFRPP831
Date : Signature :
12:07 Publié dans Les Carnets d'Eucharis, Nathalie Riera, Susan Sontag | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : susan sontag;carnets d'eucharis | Imprimer | | Facebook
08/03/2014
Génica Athanasiou
[Génica Athanasiou, 1921]
| © Man Ray
J’ai quelques souvenirs personnels de l’Antigone de Jean Cocteau. J’incarnais dans cette « tragédie en réduction » le rôle du devin Tirésias, Charles Dullin tenait celui de Créon et Génica Athanasiou était Antigone.
Si dans cette pièce il y eut un triomphe vraiment humain, c’est à la tragédienne Génica Athanasiou qu’il revint pour son interprétation d’Antigone.
Jamais je n’oublierai la voix dorée, frémissante, mystérieuse, de Génica Athanasiou-Antigone en train de faire ses adieux au soleil.
Sa plainte venait d’au-delà du temps, et comme portée par l’écume d’une vague sur la mer Méditerranée, un jour inondé de soleil ; cela ressemblait à une musique de chair qui se propagerait à travers des ténèbres glacées. C’était réellement la voix de la Grèce archaïque, quand du fond du labyrinthe Minos voit se cristalliser soudain le Minotaure à la chair virginale.
Antonin Artaud, Messages révolutionnaires, Gallimard, 1971
Partie II de l’ouvrage, in Le théâtre d’après-guerre à Paris
20:05 Publié dans Antonin Artaud, VIDEOS, ANIMATIONS, DOCUMENTAIRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Charles Racine, Légende Posthume
CHARLES RACINE
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© Poète suisse francophone
Charles Racine / 1927-1995
LÉgende Posthume
Avec une préface d’Yves Peyré
Éditions Grèges
…
[contact]
Éditions Grèges
Village des arts - 34800 Octon
tél : 04 67 8824 83
Le site| ©Cliquer ICI
Commentaire de l’éditeur
Ce volume rassemble la majorité des poèmes que Charles Racine a publiés de son vivant, en livres ou en revues, en les présentant sous une forme originale. Nous nous sommes pour cela inspirés de divers projets de publication qui ont jalonné la vie du poète qui, depuis Sapristi (1963) et surtout Buffet d’orgue (1964), n’aura cessé de reprendre ses poèmes. Légende posthume comprend deux grands cycles. Le premier, le plus important en nombre de publications et de variations, s’intitule « Le sujet est la clairière de son corps ». Si ce titre fut également celui que Racine choisit pour l’ouvrage publié dans la collection « Argile » de Jacques Dupin, en 1975 aux éditions Maeght, il faut savoir qu’il ne s’agissait là que d’une sélection de poèmes pris dans un ensemble plus vaste et des projets préparatoires portant déjà ce titre. Pour concevoir ce cycle, nous nous sommes principalement inspirés d’un de ces tapuscrits antérieurs à cette publication, datant de 1972, et présentant l’avantage de proposer la somme la plus complète et la plus originale de sa poésie, pour cette période allant des années quarante au tout début des années soixante-dix. Elle contient la plupart des poèmes publiés jusqu’alors, dans une version ou une mise en page parfois modifiées, ainsi que des inédits qui connaîtront, pour la majorité d’entre eux, une publication postérieure : en 1975 chez Maeght, ou en 1977 dans le premier numéro de la revue Po&sie de Michel Deguy. L’importance de ce tapuscrit, son originalité, est qu’il apparaît comme un moment charnière pour cette première période de son œuvre, la plus féconde en publications : c’est le sens de cette « version originale » que nous proposons, tout à la fois inédite et originelle (i.e. à l’origine de publications ultérieures), où la plupart des poèmes qui ont fait connaître cette œuvre se retrouvent réunis en un même ensemble cohérent. Ce tapuscrit de 1972 est par ailleurs rythmé par trois poèmes-titres (« Saisir le lieu dont le corps est écarté », « Le poème bâtisseur », « l’indivis polémique est l’arme du combat ») qui forment au sein du cycle des sections spécifiques. Afin de rendre à ce cycle toute sa fonction et sa valeur de somme des publications de cette période, et pour rester fidèles à d’autres projets de recueil proposant parfois d’autres variantes des mêmes poèmes, nous avons ajouté une dernière section, « Lettre infinie songe à sa ramure » (les derniers mots du poème « Je brûle des vaisseaux », dans sa nouvelle version), qui reprend des poèmes publiés mais non repris jusqu’alors ou qui propose d’autres versions publiées de poèmes déjà présents dans le cycle. Le deuxième cycle s’intitule « ROCHEPLUIE » et se présente comme la fusion de deux ensembles de poèmes publiés dans la revue Argile dirigée par Claude Esteban (aux éditions Maeght), respectivement sous le titre de « Légende forestière » (n° VIII, automne 75) et de « Rochepluie » (n° XXI, hiver 79-80). Cette réorganisation des deux cycles en un seul avait été décidée et agencée par le poète lui-même, qui tenait beaucoup à cet ensemble poétique. Précisons enfin que, pour toutes les raisons évoquées et même s’il présente à l’évidence de nombreux points communs, ce volume se distingue de la publication posthume Ciel étonné, éditée chez Fourbis en 1998 et aujourd’hui épuisée. Cet ouvrage, qui joua cependant un rôle très précieux dans la redécouverte de Charles Racine, avait été édité et préfacé par Jacques Dupin et de Martine Broda. Nous voulons ici leur rendre hommage.
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Charles Racine (1927-1995) est un poète suisse romand dont l’œuvre fut partiellement publiée de son vivant. Outre une plaquette, Sapristi (Zürich, Hürlimann, 1963), il publia sous son nom deux livres : Buffet d’orgue (Zürich, Hürlimann, 1964) et Le Sujet est la clairière de son corps (Paris, Maeght, 1975). Il collabora par ailleurs à de nombreuses et prestigieuses revues en France, dont Le Nouveau Commerce, La Traverse, L’Éphémère, Po&sie ou Argile. Il fut ainsi le contemporain ou l’ami de nombreux poètes qui écrivirent l’histoire de la poésie des années 60 et 70, comme Jacques Dupin, André du Bouchet, Jean Daive ou Michel Deguy, et fut soutenu par d’éminents critiques tels Georges Poulet ou Jean Starobinski, pour ne citer que quelques noms.
SITE À CONSULTER
[CIEL ETONNÉ/LE SUJET EST LA CLAIRIÈRE DE SON CORPS]
Extraits
Sur le site : Les Carnets d’Eucharis | © Cliquer ICI
19:34 Publié dans Charles Racine | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
JONATHAN LITTELL Triptyque, Trois études sur Francis Bacon
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UNE NOTE DE NATHALIE RIERA
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Triptyque - Trois études sur Francis Bacon
JONATHAN LITTELL
Gallimard, coll. "L'Arbalète", 2011
Francis Bacon | © 1909-1992
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■■■ Admiratif de l’œuvre de Francis Bacon, l’écrivain Jonathan Littell se consacre à Triptyque – Trois études sur Francis Bacon, qui réunit trois essais sous les intitulés « Une journée au Prado », « La grammaire de Francis Bacon », et « La Vraie Image ». Une visite au Musée de Madrid, à l’occasion d’une rétrospective des œuvres du peintre, en sera la source, avec pour fil conducteur les visites régulières de Bacon à la fin des années 40, durant les jours de fermeture du musée, avec la complicité de la conservatrice Manuela Mena Marqués. Durant ces visites privilégiées, toute l’attention du peintre était uniquement portée sur les deux maîtres espagnols Francisco Goya et Diego Vélasquez : « il s’approchait tout près des toiles et les détaillait longuement, sans un mot. Il les connaissait par cœur. » Des « Peintures Noires » de Goya, on retrouve chez Bacon ce procédé « qui consiste à tracer le contour d’un corps avec une couleur vive ». De la Vénus de Vélasquez et du « El Tres de Mayo » de Goya, il aura appris « sa manière de réduire les coups de pinceau au minimum », peindre avec littéralement rien.
Sur l’anti-représentation de Bacon, dans son étude « Logique de la sensation, Francis Bacon », Gilles Deleuze cite « Le Dépeupleur » de Beckett : « arracher la figure au figuratif ». Pour Mickaël Hayat * : « La peinture de Bacon manifeste la coextensivité du concret et de l’abstrait dans le pouvoir de la figuration à servir un art non « figuratif » (au sens de la représentation classique), pour rendre visible non seulement les forces d’où émergent les formes, mais aussi et ici surtout, qui les déforment et en révèlent la puissance et la violence. »
* Représentation et anti-représentation : des beaux-arts à l’art contemporain.
Nathalie Riera, mars 2014
© Les Carnets d’Eucharis
Présentation de l'éditeur :
Ce livre, richement illustré, signe la rencontre entre Jonathan Littell et la peinture de Francis Bacon (1909-1992). Une oeuvre qui le passionne depuis longtemps et qu'il a eu l'occasion d’étudier en profondeur lors de la dernière grande rétrospective qui a eu lieu en 2009-2010 en Espagne, en Angleterre, puis aux Etats-Unis.
A l'image des célèbres triptyques de Bacon, ce livre est divisé en trois parties, à la fois indépendantes et complémentaires. La première est la description d une journée passée à regarder les tableaux de Bacon dans le musée du Prado, non loin des toiles de Vélasquez et de Goya. La deuxième décèle des correspondances cachées entre les figures que peint Bacon au cours de sa carrière. Les portraits éblouissants de l'amant de Bacon, George Dyer, peints avant et après son suicide en 1971, forment le fil conducteur de cette réflexion. La troisième met en perspective la peinture de Bacon et la peinture des icônes, pour aborder la question de la représentation de la vérité en peinture.
■■■Jonathan Littell
Ecrivain né en 1967 à New York. Il vit actuellement en Espagne. Son roman Les Bienveillantes (collection blanche, 2006, Folio n° 4685) lui a valu le prix Goncourt et le Grand prix du Roman de l’Académie française. Il a également publié aux Éditions Gallimard Le Sec et l’humide - Une brève incursion en territoire fasciste (L’Arbalète/Gallimard, 2008) et Tchétchénie, an III (Folio documents n° 50, 2009). Il signe également régulièrement des reportages dans la presse.
« Francis Bacon passera sa vie entière à peindre des corps, à tenter de saisir les sensations les plus secrètes des corps humains, de représenter précisément ce que ça fait d’habiter ce corps-là, ce jour-là. Et souvent, par la grâce de son imagination technique et de son abandon au hasard, de son infinie tendresse et de son amour dénué de toute pitié dans le regard et dans l’application de la peinture, il y parviendra : et ce que l’on voit sur une toile de Bacon n’est pas ce à quoi un corps ressemble, chose qui n’avait aucun intérêt pour lui, mais ce qu’un corps ressent, ressent dans sa peau et ses os et ses fibres tandis qu’il fait ce qu’il fait à ce moment-là, se tenir debout, marcher, fumer, chier, copuler, se tordre d’angoisse sur un matelas ou de désespoir sur une chaise, mourir. C’est ce qui fera de Bacon le plus grand peintre de la chair depuis Rembrandt (…) Ses critiques et ses spectateurs voyaient en général dans ses figures des créatures déformées, tordues, martyrisées (« Très souvent les gens que vous peignez sont beaux, avance le critique français Franck Maubert dans une émission télévisée de 1987, et une fois peints ils sont laids »), sans se rendre compte que ces déformations furieuses étaient précisément indispensables pour transformer des gens beaux en de beaux tableaux. » (p.24/25)
(EXTRAIT)
00:13 Publié dans CLINS D'OEILS (arts plastiques), Nathalie Riera | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
06/03/2014
Marcelin Pleynet, "L'étendue musicale" (une lecture de Pascal Boulanger)
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UNE LECTURE DE PASCAL BOULANGER
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L’étendue musicale
MARCELIN PLEYNET
Editions Gallimard, coll. L’Infini, 2014
Site officiel | © http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/L-Infini/L-etendue-musicale
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■■■ D’un livre à l’autre et quelque soit les registres d’écriture, Marcelin Pleynet nous donne à lire une odyssée du nom propre. A l’affirmation du non (sous couvert du oui) son oeuvre ne cesse d’opposer l’affirmation du Nom dans l’éclat du oui. N’est-il pas fidèle au foyer fixe de ses désirs : les livres, la peinture, la musique – la poésie en somme – celle qui mêle le combat musical à la maîtrise du temps, définit l’assomption dans l’être sous le mode de la kénose. Car il s’agit bien de se vider de l’asservissement au contrat social et de choisir une traversée solitaire et sensible se chargeant, par l’oreille et par la voix, de faire résonner l’infini. Pour être l’hôte de l’étendue musicale qui fait vivre et vivre en dehors du désenchantement général, Pleynet invente l’art du déplacement, à partir duquel la circonférence est partout et le centre nulle part. Les premières messes à San Francesco della Vigna, les Vêpres de la Vierge de Monteverdi, la bibliothèque Marciana, L’Annonciation de Titien dans l’église de San Salvador, les frontons de Palladio, l’étendue des îles qui s’éclairent… Voici Venise, autrement dit, plus besoin de chercher ce que l’on croyait perdu. Le réel apparaît immédiatement possible – sans commencement et sans fin – dans la mobilité et la clandestinité et il devient facile d’être léger et délié. Pour ne pas mourir sur les saisons, il faut atteindre le point central de l’intériorité qui témoigne sur la beauté des choses. Dans la célérité des signes, la phrase de ce roman mène jusqu’à l’irisation de la pensée, jusqu’au vaste ciel de Venise à peine bleuté, lumineux, transparent. Jamais l’écriture de Pleynet n’a été autant détachée des rumeurs et des ressentiments de l’histoire. L’absence de décision ruine tout lien, la vie secrète, la vie d’esthète demeure la vraie vie.
Pascal Boulanger, mars 2014 © Les Carnets d’Eucharis
■■■MARCELIN PLEYNET
Né le 23 décembre 1933 à Lyon, poète, romancier, critique d'art et essayiste français. Il a publié un grand nombre de volumes de poésie, deux romans et six volumes de Journaux. Titulaire de la chaire d’esthétique à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris de 1987 à 1998, il a été directeur gérant de la revue Tel Quel de 1962 à 1982.
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01/03/2014
Guy Davenport
Guy Davenport
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© Écrivain américain
Guy Davenport / 1927-2005
(En 1965, photographié par Ralph Eugène Meatyard)
EXTRAIT
Tatline !
(traduit de l’anglais par Robert Davreu)
Collection « Fictives » dirigée par Brice Matthieussent
Christian Bourgois Editeur, 1991
…
Neige
Tatline fourgonna le crible à cendres de son poêle en porcelaine, tourna la tirette vers le haut, enfila son lourd chandail marron, s’installa auprès de la haute fenêtre contre laquelle bouillonnait la neige comme une lame insubstantielle, une mer de cristaux aériens de forme hexagonale drossés de Finlande, snyeg, toujours snyeg, et il ouvrit son Leskov au conte du Gaucher, imagina les musées d’Angleterre avec leurs plafonds de vitrage sans tain à entretoises de fonte permettant à la lumière du soleil de tomber en même temps que les ombres délicates des rossignols sur la machine à calculer en cuivre et noyer de M. Babbage, les vitrines de minéraux, les papillons, les sabres de samouraï, les pièces de monnaie islamiques, les fossiles du tertiaire, les abeilles mérovingiennes, les chevaux T’ang, les boucliers d’osier d’Andaman, le cadavre hâlé et empaillé de Jeremy Bentham vêtu de son chapeau à larges bords, de son plastron et de son manteau d’alpaga. Snyeg, toujours snyeg.
Picasso avait des mains carrées, catalanes, aussi modernes et kybist que le moteur d’une Packard. Le dessin jaillissait de son épaule en saillie, le trait commençant bas dans son dos. Il dessinait comme les peintres rupestres dont il descendait, il était Cro-Magnon, il était le fils des dessinateurs de taureaux aurignaciens qui peignaient avec tout leur corps, se ruant à la lueur de chandelles de joncs sur leurs peintures magiques, bisons rouges, vaches bistres, idéogrammes en noir bitume de leurs foyers à toits de chaume au bord des rivières celtes argentées du frai des saumons.
- Senior Tatlino ! avait-il dit, un artiste a un œil, une main, et des couilles.
Lipchitz avait traduit. Picasso n’avait pas de théories, pas de manifestes, pas de parti, pas de club. Je fais ce qui se présente à la main.
Tatline se vit montrer des toiles dans la manière africaine, des visages comme des masques, yeux fendus, nez burinés, bouches en goulot de bouteille. Il vit la géométrie de Cézanne hardiment investie d’un rôle dominant, et puis d’une sorte de musique métaphysique par laquelle l’information graphique d’un portrait était traitée comme autant d’échardes de lumière et d’éclats d’ombre.
La neige s’amoncelait sur les branches du mélèze.
Il prit Sinie Okovy, Les Chaînes bleues, de Khlebnikov. Le titre, l’une des étranges richesses de Velemir, rappelait les Sinyakovs de Kharkov, qui s’habillaient comme des dryades et des bergers de Théocrite et marchaient dans les bois de Krasnaya Polyana, Boris Pasternak parmi eux, ainsi que David Bourliouk, qui se trouvait à présent à New York.
Smeley, smeley, dusha dosuga
écrivait-il des jeunes filles, cinq sœurs,
miel d’or sombre ses cheveux dénoués
écrivait-il de Nadezhda, et dans une manière d’image qui se transmuait en papillon noir et jaune, puis en fleuraison du ciel, en brise, en champ d’orge, en Pouchkine et Lensky sur une route, et pour finir en anémone s’accrochant au pied d’un passant.
[…]
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Les aéroplanes à Brescia
[…]Le Blériot XI était une libellule jaune de bois ciré, de toile tendue et de fil de fer. Le long de son flanc était inscrit son nom en lettres carrées d’un gris militaire : ANTOINETTE 25 CV. Otto les informa gracieusement que son moteur avait été construit par Alessandro Anzani. Sa puissance résidait à l’évidence dans ses épaules, où ses ailes, ses roues et son propulseur jaillissaient à angles droits, chacun dans un plan différent. Pourtant, en dépit de tout son gréement jaune pimpant et nautique, il était d’une petitesse inquiétante, à peine plus qu’un moustique agrandi aux dimensions d’une bicyclette.
Près d’eux un homme de haute taille aux cheveux châtains tenait son poignet gauche comme si celui-ci était douloureux. L’intensité de son regard retint l’attention de Kafka plus que sa maigreur d’échalas qui, de toute évidence dans cet environnement, était la marque de l’aéronaute et du mécanicien. C’était à présent l’ère de l’homme-oiseau et du magicien de la machine. Qui sait seulement lequel de ces visages préoccupés appartenait à Marinetti en personne ? C’était un véritable échassier que cet homme. La sauvagerie même de ses cheveux bruns bouclés et la tension de ses longs doigts semblaient parler de l’étrange nécessité pour l’homme de voler. Il s’adressait à un petit homme en blouse bleue de mécanicien qui avait un bandeau sur l’œil. De sa bouche coulaient les mots Station stratosphérique de vol de cerf-volant, Höhere Luftstazion zum Drachtensteigenlassen. Alors le petit homme leva ses mains carrées et dressa la tête en posant une question. Glossop fut la réponse, suivi du mot vert Derbyshire.
[…]
------------------------------ (p. 83/84)
L’aube à Trappelun
5.
Le visage empoussiéré, le Trappellunien ôta ses lunettes de soleil en Mylar, vérifia le sanglage de sa ceinture et demanda au voyageur ce qu’il désirait dans leur zamindar.
Le voyageur pour sa part avait traversé de hautes prairies pentues de fenouil brun déclinant de la corniche coupe-vent que formaient des gorges creusées d’ombres de malachite, paroi rocheuse désolée sur l’horrible silence d’où l’après-midi finissant tombait radieux.
Dans les profondeurs de leurs canyons, lorsqu’ils regardaient, il y avait des fleuves de soufre frappé par le soleil radical comme la foudre. Devant lui se dressaient des falaises en front de baleine brun-rose fendues par les ans, avec des ruisseaux de brèches enroulées sur elles-mêmes comme les aurores boréales de glace à minuit.
Avant le crépuscule il avait commencé à voir des forêts d’arbres étranges, anthrax ou palissandre et les proues lointaines de glaciers au-delà ; c’est alors, enfoncé jusqu’aux hanches dans une herbe piquante de rosée de prairie en lame de scie, qu’il avait découvert sur le ciel noircissant un cercle de menhirs.
Ces tiki se dressaient haut sur des bosses sauriennes. Comme les stèles du Yucatan, ils représentaient chacun un seul personnage hiératique, mais leur ornementation était si travaillée qu’ils ressemblaient aux poteaux sculptés de corbeaux des Haida.
Icônes des phylarques de quelque peuple, dieux propices et originels, totems auxquels on apportait les corbeilles des moissons au jaunissement de l’an, stupas iskandiens érigés sur de hautes prairies par un peuple aujourd’hui civilisé depuis longtemps, il ne pouvait le deviner.
Une vieille mousse soyeuse d’un vert doux couvrait le flanc nord de ces ancêtres barbares, et des herbes dégingandées et du kudzu aux gousses râtelantes battaient leurs vieux tibias.
Il n’y avait ici pas eu âme qui vive depuis des décennies.
Ce fut à ce moment, alors qu’il demeurait figé dans une crainte et un trouble qui ne différaient pas beaucoup de la peur, que la patrouille surgit de derrière l’un des mégalithes.
Ils étaient armés d’épieux et d’éolithes, et ils formèrent un cercle autour de lui.
------------------------------ (p. 187/188)
4ème de Couverture
L’artiste constructiviste russe Tatline a, comme Davenport, un faible pour les aéronefs (letatline, en russe, signifie planeur). Autre coïncidence, Kafka et Wittgenstein se retrouvent à Brescia, en Italie, lors d’un meeting aérien. Edgar Poe, écrivain encore inconnu, séjourne à Saint-Pétersbourg où il cherche des subsides pour la cause grecque. L’abbé Breuil découvre l’art pariétal des grottes de Lascaux. Héraclite reçoit la visite d’un disciple potentiel. La très borgésienne curiosité de Guy Davenport nous présente tous ces disparates comme les pièces d’un grand puzzle à la fois moderniste et archaïque, illuminé par l’écriture et les « bri-collages » éblouissants de Davenport.
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Guy Davenport (1927‑2005)
Né en Caroline du Sud, il commence à lire avec Tarzan et étudie le vieil anglais avec J.R.R. Tolkien à Oxford. Après une thèse sur Ulysse de James Joyce (1949) et une autre sur Ezra Pound, il devient professeur de littérature à l'université du Kentucky. Il illustre certains ouvrages de Hugh Kenner ainsi que ses propres livres ; il est également peintre, traducteur de grec ancien et poète. Éminent helléniste, passionné à la fois par l'Antiquité gréco-latine et les grandes figures de l'avant-garde européenne, il brasse dans son œuvre les lieux, les époques, les cultures et les langues du passé et du présent. Il publie son premier recueil de nouvelles à 47 ans. Huit autres suivront, ainsi que six volumes d'essais. Ami de Pound et de Williams, il connut aussi Samuel Beckett, Christopher Middleton, Eudora Welty, Allen Ginsberg et James Laughlin.
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Bernard Hoepffner
Guy Davenport (1927‑2005)
« L’érudition débute comme l’acte critique d’un regard amoureux : la curiosité est une passion ». (« The Scholar as Critic »)
©Wyatt Mason, 2003
Bonnie Jean et Guy Davenport
©Bernard Hoepffner
Guy Davenport est mort le 4 janvier, à l’âge de 77 ans. Pour moi, c’est la fin de quinze ans d’amitié, au sens où le facteur ne viendra plus m’apporter ces lettres plus ou moins mensuelles postées à Lexington, Kentucky. Comment désormais oublier la dernière phrase de sa dernière lettre : « If I could think of something else to say, I would not have the strength to type it » ? Ces dix‑huit mots dessinent un point final.
La vie qu’il a menée n’est autre que celle de ses lectures, celle de sa passion à faire partager ce qu’il avait lu — quand on se rendait chez lui, on pouvait facilement croire que les murs étaient faits de livres. Jamais il n’a cessé de transmettre son goût de la lecture, sa curiosité pour les détails, l’histoire du monde — une histoire qu’il ne cessait de reconstruire sous la forme de ce qu’il appelait des « fictions nécessaires », recombinant certains éléments de ses lectures, créant des liens entre ces éléments afin d’expliquer le passé, tentant d’éloigner, d’écarter, comme il l’a écrit, le barbare chez l’homme :
« Fiction nécessaire » signifie simplement que lorsque j’écris sur un personnage historique — Vladimir Tatline, Kafka, Walser, Pausanias, C. Musonius Rufus — je fournis certains éléments, le temps qu’il fait, les lieux, les samovars, la poussière grecque, les serveurs italiens, et ainsi de suite, toutes ces choses que les sources historiques laissent de côté. Cela ne veut PAS dire que je donne un compte rendu fictionnel.
La prose : nous écrivons, ou bien nous sommes écrits. (Le grand thème de Barthes : nos phrases existent avec tant d’intensité qu’un auteur ne fait que les arranger.)
J’approche l’écriture avec le sentiment que mes mots doivent être choisis et disposés avec la plus grande attention, car nous vivons dans un monde de mots malmenés qui ont perdu leur sens. Je crois qu’on pourrait dire que j’écris afin d’utiliser les mots à ma façon, pour obtenir certains effets, plutôt que dans un but programmé — psychologie, drame, politique, thématique.
Ce sur quoi j’écris est donc plus ou moins gratuit. J’ai suffisamment le sens de l’anecdote pour créer un récit. Mais le récit est la scène.
L’usage premier des mots est la création d’images : mon écriture est du dessin.
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Bernard Hœpffner, « Guy Davenport (1927‑2005) », Transatlantica
| 2005, mis en ligne le 24 mars 2006
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SITE À CONSULTER
[Guy Davenport, The Art of Fiction No. 174]
Interviewed by John Jeremiah Sullivan
Sur le site : The Paris Review
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23:04 Publié dans Christian Bourgois Editeur, Guy Davenport | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | | Facebook