17/03/2013
Les métamorphoses d'Eucharis par Patrice Beray / MEDIAPART
Les métamorphoses d'Eucharis
16 mars 2013 par Patrice Beray
Edition : Revues & Cie
Les Carnets d’Eucharis, 2013, 208 p., 17 €.
L’album numérique des Carnets d’Eucharis de Nathalie Riera s’enrichit dorénavant d’un volume annuel, décliné sous forme papier. Le premier numéro vient de paraître, centré sur la figure et l’œuvre de Susan Sontag.
Même si nombre de revues (à l’instar d’Europe, mais aussi bien Les Hommes sans épaules de Christophe Dauphin, entre autres exemples) continuent de dédier leur espace exclusivement au texte, et ce indépendamment de leurs préoccupations, la revue est sans conteste un lieu privilégié pour interpeller, « mimer les arts voisins » selon la formule de Michel Deguy. LIRE LA SUITE / MEDIAPART
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14/03/2013
Les Carnets d'Eucharis n°36 (Hiver 2013)
●●●●●●Poésie/Littérature Photographie
Artsplastiques●●●●●●●●●●●●
En ligne
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Les carnets d’eucharis n°36
HIVER 2013
GRAPPES DE LIERRE © Nathalie Riera, 2013
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Au format PDF
■ Les carnets d'eucharis n°36_Hiver 2013_2.pdf
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Les Carnets d'Eucharis, par Pascal Boulanger (article mis en ligne sur le site "Recours au Poème")
Les carnets d’Eucharis
Par Pascal Boulanger
SITE : Recours au Poème
Nathalie Riera est une lectrice infatigable. Egalement Poète, elle a publié Puisque beauté il y a (Lanskine, 2010), un recueil qui, en se gardant de tout solipsisme, couronne le jour qui passe et sait jouer des saisons de l’homme sur la terre Depuis 2008, elle diversifie, dans sa revue numérique Les carnets d’Eucharis, les approches et les contenus littéraires. Sans sectarisme mais ouvert aux tendances esthétiques les plus novatrices, son site est devenu incontournable.
Voici aujourd’hui la publication d’une première version papier de ces carnets.
Ma décision d’en venir, une fois par an, à une version papier, est une manière de ne pas négliger un pan du lectorat qui s’avère peu attaché à la seule lecture numérique (…) Claude Minière m’a fait part de cette pensée : « dans le passage à l’édition papier, il y a un geste significatif. Par là, vous allez vers ce qui se donne à la main, ce qui peut se lire dans la main (dans la méditation) – et donc n’est plus sous l’impression binaire « informatique », se déroulant pour l’œil seul. (Réponse de Nathalie Riera à une question de Richard Skryzak dans l’avant-propos). LIRE LA SUITE…
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Susan Sontag par Valérie Le Cardinal
[Gravure]
Valérie Le Cardinal
LES CARNETS D’EUCHARIS, ANNEE 2013
[Susan Sontag Elucide les mEtaphores]
Eau forte sur vélin
68 x 50
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VALERIE LE CARDINAL
Peintre graveur, née en 1966, vit et travaille à Toulon. Depuis 2008, elle travaille à une série de visages de femmes. Visages gravés dans le sillon de l'eau forte (KAHLO. CLAUDEL. VIEIRA DA SILVA. VARDA. SCHNEIDER. RAMPLING. BAUSCH. LI. SONTAG. BETTANCOURT. O’KEEFFE. MODOTTI...). En 2009, aide à la création du Collectif de graveurs Encred'Art. Intervient en Arts Plastiques auprès d'enfants autistes et de personnes handicapées.
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02/03/2013
Ariane Dreyfus, La lampe allumée si souvent dans l'ombre (une lecture de Tristan Hordé)
Une lecture de
Tristan Hordé
Ariane Dreyfus
La lampe allumée si souvent dans l'ombre
« en lisant en écrivant »
Editions José Corti, 2013
320 p., 19 €
Le livre s'ouvre sur une lecture, toujours reprise, jamais achevée, de Colette, et sans doute y a-t-il des points communs entre Ariane Dreyfus et l'auteure de La Naissance du jour, ne serait-ce que la place que toutes deux donnent au corps et à la voix — le chapitre est titré "Le cri chanté". Ce n'est pas cela qu'Ariane Dreyfus retient, mais une leçon pour vivre : « c'est avec elle que j'ai appris, et réapprends, qu'on ne meurt pas de perdre. » C'est peut-être ce qui domine dans les analyses et réflexions, publiées de 1986 à 2011 (hors quelques inédits) et retravaillées ; l'écriture, toujours étroitement liée au vécu — ce qui n'implique en rien d'ailleurs l'épanchement, un moi abondant dans les poèmes —, rejette toute négativité comme tout souci strictement formel. On découvre cette position aussi bien dans les lectures réunies dans le premier chapitre (Nabokov, Degroote, Dostoïevski, Kaye Gibbons, Rouzeau), dans les essais de l'avant-dernière partie (J. Lèbre, C. Lamiot, Giovannoni, Pesquès), dans ceux consacrés à deux proches (Éric Sautou, Stéphane Bouquet) qui occupent le tiers du livre et le ferment, dans l'hommage à James Sacré, sous le titre "Celui qui m'a montré", et dans le chapitre "La poésie quand nous la faisons", plus directement consacré à la fabrique du poème.
C'est à quelques aspects de cette question du "faire" (« Je vis dans le faire »), si présente dans l'ensemble des essais, que je m'attacherai. Il y a eu, d'abord, les découvertes dans l'enfance, notamment le plaisir que procure l'assemblage des mots, et tout autant l'analyse des phrases, leur démontage et remontage, en un mot la grammaire ; ce qu'écrit Ariane Dreyfus à ce sujet se dirait sans peine de sa poésie : « Toute phrase était un pays où les mots apprenaient à vivre ensemble » — c'est ce "vivre ensemble" des mots qu'elle cherche toujours à obtenir. L'enfance, ce sont aussi les contes : le premier chapitre d'essais débute par un bref conte en vers "Les trois soeurs", et "Le Petit Poucet" offre encore un modèle de vie par sa ténacité : le personnage est par excellence celui qui « ne renonce jamais ». Cependant, les oeuvres « fondatrices », ce sont L'enfant et Poil deCarotte, qui lui apprirent ce qu'était une « douleur contenue », et c'est dans ces deux livres une « sorte de peine sur le qui-vive » qui l'a « réellement formée pour écrire ». L'écriture est liée à l'enfance d'une autre façon : comme pour d'autres qui n'éprouvent pas ensuite la nécessité de poursuivre, elle a été pour elle un refuge, un « espace de projection » qui l'a aidée à « sortir de la peur et de la honte qui ont dominé [son] enfance, [son] adolescence », un moyen donc de se construire contre ce qui l'en empêchait. L'enfance, « ce moment de l'attente sans bords », est toujours là, surtout par ce qu'elle représente, ce qui est clairement analysé : comme elle est « à la fois l'irréparable et l'espoir », note Ariane Dreyfus, « je ne vois pas comment j'écrirai dans un esprit qui ne serait pas d'enfance ».
Après les oeuvres qui ont donné l'élan, ce sont surtout Lewiw Carroll, Brontë, Denis Roche et le cinéma qui lui ont permis d'être « traversée par d'autres vies : des voix intérieures, [ses] fées consolatrices ». De longs développements à propos des films vus et revus explicitent le rôle qu'ont pour elle les images et les voix — s'il fallait choisir, écrit-elle, mieux vaudrait écouter les voix que regarder les images. Les visages de femmes la fascinent en ce qu'ils sont un « miroir magique » qui la délivre « de [son] propre visage », mais plus largement, notamment dans les westerns, les images magnifient les gestes quotidiens, ce qui n'est pas sans lien avec les choix dans le poème, qui doit proposer des « pensées communicables », et non s'éloigner de tout réel : on lira les pages consacrées de manière détaillée à l'élaboration du poème "Iris", qui s'achèvent par une mise au point de ce qu'est le "motif" (et non le "sujet"), à l'origine d'un poème, « fragment inentamable du monde, (...], aussi (...) tout éclat, de quelque nature qu'il soit, attaché à la vie humaine pour l'incarner, y compris dans ses manifestations les plus courantes ».
C'est là un des points essentiels de la poétique d'Ariane Dreyfus, il s'agit à chaque fois dans un poème de parvenir à « l'évidence du vivant », restituer quelque chose de sa dynamique, pour qu'écrire puisse « construire, d'une façon ou d'une autre, un lien », faire partager au lecteur une émotion. De cette manière, le poème « réveille » autant qui le lit que celle qui l'écrit. Quand on parle d'émotion, ce n'est pas le "moi" et ses sentiments qui apparaissent dans le poème ; Ariane Dreyfus écrit très justement que l'amour, quoi qu'on dise, n'est pas un thème poétique, que c'est le fait d'écrire qui « devient de l'amour », « le poème [étant] ce lieu où ni [le lecteur] ni moi ne sommes, mais où nous sommes ensemble ».
Le poème est aussi un lieu de construction du présent, un « présent multiplié », un lieu qui donne le moyen d'éloigner un moment le réel, non pour l'oublier mais « pour ne pas constamment le subir », pour l'interpréter, le réinventer. C'est dire encore que ces essais sont pour son auteure et visent à être pour le lecteur, une manière de penser ce qu'est vivre autant qu'une poétique — les deux ne se distinguent pas toujours. Il y a d'ailleurs, tout au long du livre, avec le refus aussi bien de la poésie-sentiment que de l'"avant-garde", l'affirmation que le poème vivifie et « n'a de sens que par le souffle moral qu'il nous donne, et non par une accumulation de belles trouvailles ».
© Tristan Hordé
■ LES CARNETS D’EUCHARIS, Hiver 2013, N°36
19:21 Publié dans Ariane Dreyfus, José Corti, Tristan Hordé | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
15/02/2013
Les Carnets d'Eucharis (Année 2013) - Livraison le 1er février 2O13
Les Carnets d’Eucharis
●●●●●●Poésie/LittératurePhotographie/Arts plastiques●●●●●●●●●● 2013
COMMANDER A L'ADRESSE
L'Association L'Atelier des Carnets d'Eucharis
L'Olivier d'Argens - Chemin de l'Iscle - BP 44
83520 ROQUEBRUNE-SUR-ARGENS
JOINDRE LE BULLETIN DE COMMANDE
(à télécharger ci-dessous)
Les Carnets d’Eucharis, Année 2013
(HOMMAGE A SUSAN SONTAG)
Format : 170 x 250|206 pages| ISSN : 2116-5548
ISBN : 978-2-9543788-0-0
France : 17 € (rajouter 3 € frais de port)
En vente : 1er février 2013
21:59 Publié dans Les Carnets d'Eucharis, Nathalie Riera | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
01/02/2013
Lancement de la revue "Les Carnets d'Eucharis, année 2013"
Université Paris 1
PANTHEON-SORBONNE
Lancement de la revue
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HOMMAGE à Susan Sontag
Essayiste & romancière américaine (1933-2004)
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EN présence de Nathalie Riera & Sabine Péglion
Un café-poésie sera proposé et organisé par Sabine Péglion, en soutien de la Revue et de son premier numéro annuel consacré à Susan Sontag. Une présentation sera faite par la créatrice de la revue : Nathalie Riera. A cette occasion, lecture par les écrivains, poètes et artistes invités dans ce premier numéro
Au sommaire de ce numéro ANNÉE 2013 sont invités :
Virgil Brill / Pierre Alechinsky/ Bruno Le Bail / René Barzilay / Patricyan / Claude Minière / J-G Cosculluela / Gérard Cartier / Georges Guillain / Béatrice Machet / Jos Roy / Gilbert Bourson / Roland Dauxois / Jacques Estager / Gérard Larnac / Angèle Paoli / Richard Skryzak / Sylvie Durbec / Mario Urbanet / Patricia Dao / Jean-Marc Couvé / Nathalie Riera / Claude Darras / Pascal Boulanger / Michaël Glück / Sabine Péglion / Mathieu Brosseau
...
Vendredi 8 février 2013
de19h à 22h
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Salle du Conseil de l'IAE de Paris
21, rue Broca, 75005 Paris
Salle 21 - 7ème étage
Métro 7 : Censier-Daubenton
Bus 91 : Les Gobelins
Bus 83 : Pascal ou Les Gobelins
Bus 27 ou 47 : Monge-Claude Bernard ou Les Gobelins
Contact :
01:08 Publié dans LES CARNETS D'EUCHARIS (pdf & calaméo), Nathalie Riera, Susan Sontag | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | | Facebook
30/01/2013
Lorine Niedecker, "Louange du lieu" par Tristan Hordé
Une lecture de
Tristan Hordé
LORINE NIEDECKER
Louange du lieu
« Série américaine »
Editions José Corti, 2012
Après Poésie complète de George Oppen et en même temps que L'Ouverture du champ de Robert Duncan, les éditions Corti publient dans leur "Série américaine" une partie importante de l'œuvre poétique de Lorine Niedecker (1903-1970) — les poèmes de sa dernière période (1957-1970) et une sélection d'un recueil précédent. Elle était jusqu'à aujourd'hui quasiment inconnue en France (comme l'ont été longtemps beaucoup de poètes américains), présente seulement par quelques traductions en revues, par Abigail Lang, notamment dans Vacarme en 2006 et 2008, et Sarah Kéryna dans Action poétique en 2001. Les traductions d'Abigail Lang, Maïtreyi et Nicolas Pesquès, qui donnent une idée très juste de la poésie de Lorine Niedecker, sont précédées d'une préface mêlant biographie et étude précise de l'œuvre.
Découvrant en 1931 dans la revue "Poetry" Louis Zukofsky, Lorine Niedecker a adopté ensuite dans son écriture quelques principes de ceux qui furent réunis sous le nom de poètes objectivistes : le refus de la métaphore, l'attention aux choses quotidiennes de la vie, le choix de l'ellipse (jusqu'à aboutir parfois à des poèmes difficiles à déchiffrer). Elle a rencontré les poètes (George Oppen, Charles Reznikoff, Carl Rakosi) qui se réclamaient peu ou prou de l'objectivisme théorisé par Zukofsky, mais c'est avec ce dernier qu'elle s'est surtout liée et qui sera jusqu'au bout un interlocuteur privilégié.
Le titre Louange du lieu a été retenu pour l'ensemble traduit parce que ce recueil, « synthèse de précision et de fluidité », « hymne et flux et autobiographie poétique », est bien, soulignent les traducteurs, la « somme de son œuvre ». La louange, c'est celle de la région natale, le Wisconsin, où Lorine Nediecker est restée l'essentiel de sa vie, sans pour autant vivre en recluse. Elle présente ainsi son environnement : « Poisson / plume / palus / Vase de nénuphar / Ma vie » et, dans un autre poème, elle évoque de manière un peu moins lapidaire sa vie dans ce pays de marécages et d'eau : « Je suis sortie de la vase des marais / algues, prêles, saules, /vert chéri, grenouilles / et oiseaux criards ». L'émotion est toujours retenue, mais présente cependant dans de nombreux poèmes à propos des saisons, notamment de l'automne (« Brisures et membranes d'herbes / sèches cliquetis aux petits / rubans du vent »), de l'hiver avec ses crues (« Assise chez moi / à l'abri / j'observe la débâcle de l'hiver / à travers la vitre ».
Les poèmes à propos de son environnement laissent percevoir une tendresse pour ces terres souvent couvertes d'eau, et l'on relève de multiples noms de plantes et de fleurs, une attention vraie aux mouvements et aux bruits de la nature :
Écoute donc
en avril
le fabuleux
fracas des grenouilles
(Get a load / of April's / fabulous // frog rattle)
Ce sont aussi des moments plus intimes qui sont donnés, sans pathos, dans des poèmes à propos de ses parents ou de son propre mariage ; il y a alors en arrière-plan, sinon quelque chose de douloureux l'expression d'une mélancolie : « Je me suis mariée / dans la nuit noire du monde / pour la chaleur / sinon la paix ». Cette mélancolie, toujours dite mezzo voce, est bien présente quand Lorine Niedecker définit la vie comme un « couloir migratoire » ou quand, faisant de manière contrastée le bilan de ses jours, elle écrit : « J'ai passé ma vie à rien ».
Dans des poèmes "objectifs", elle note de ces événements de la vie quotidienne qui ne laissent pas de trace dans la mémoire : « Le garçon a lancé le journal / raté ! : / on l'a trouvé / sur le buisson ». Cependant, il n'est pas indifférent qu'elle soit attentive à de tels petits moments de la vie ; elle est, certes, proche de la nature, mais cela ne l'empêche pas d'être préoccupée par la vie de ses contemporains, par le monde du travail. À la mort de son père, dont elle hérite, elle constate : « les taxes payées / je possèderai un livre / de vieux poètes chinois // et des jumelles / pour scruter les arbres / de la rivière ». On lira dans ces vers quelque humour, il faut aussi y reconnaître son indifférence à l'égard des "biens" (« Ne me dis pas que la propriété est sacrée ! Ce qui bouge, oui »), qu'elle exprime à de nombreuses reprises sans ambiguïté : « Ô ma vie flottante / Ne garde pas d'amour pour les choses / Jette les choses / dans le flot ». Sans être formellement engagée dans la vie politique, elle écrit à propos de la guerre d'Espagne, du régime nazi, sur la suite de la crise économique de 1929 (« j'avais un emploi qualifié / de ratisseuse de feuilles ») ou sur Cap Canaveral et sur diverses personnalités (Churchill, Kennedy). Elle se sait aussi à l'écart de son milieu de vie, sans illusion sur la manière dont elle serait perçue si l'on connaissait l'activité poétique qu'elle a en marge de son travail salarié : « Que diraient-ils s'ils savaient / qu'il me faut deux mois pour six vers de poésie ?».
C'est justement une des qualités de la préface de reproduire des documents qui mettent en lumière la lente élaboration des poèmes, depuis la prise de notes jusqu'au poème achevé. Il s'agit toujours pour Lorine Niedecker de réduire, de condenser encore et encore : elle désignait par "condenserie" (condensery) son activité. Son souci de la « matérialité des mots » l'a conduite à privilégier des strophes brèves (de 3 ou 5 vers) qui ne sont pas sans rappeler les formes de la poésie japonaise — Lorine Niedecker rend d'ailleurs plusieurs fois hommage à Bashô. Il faut suivre le cheminement des premiers poèmes proposés dans ce recueil (le premier livre publié, New Goose, 1946) n'a pas été repris) aux derniers, à la forme maîtrisée : c'est une heureuse découverte.
Un poème :
Jeune en automne je disais : les oiseaux
sont dans l'imminente pensée
du départ
À mi-vie n'ai rien dit —
asservie
au gagne pain
Grand âge — grand baragouin
avant l'adieu
de tout ce que l'on sait
© Tristan Hordé
■ LES CARNETS D’EUCHARIS, Automne 2012, N°35
22:44 Publié dans NOTES DE LECTURES/RECENSIONS, Tristan Hordé | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
29/01/2013
Gilbert Pastor
Un ouvrage à paraître consacré à
Gilbert Pastor
plus de 100 reproductions couleur
et des textes de Jean-Louis Giovannoni, Christian G. Guez Ricord,
Bernard Noël, Jean-Pierre Sintive, Christian Tarting,
Frédéric Valabrègue et Pierre Vilar.
22:44 Publié dans CLINS D'OEILS (arts plastiques) | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Le Manque "Ulan Bator"
Le groupe Le Manque
Contact :lemanque@free.fr
projet littéraire, musical & cinématographique
Christophe ESNAULT et Lionel FONDEVILLE
Le Manque est un projet musical, littéraire et cinématographique (influences Katerine, Mendelson, Manset, le cinéma d'auteur, la littérature, la poésie, la psychanalyse, les arts...) Deux albums autoproduits, un troisième bientôt finalisé. Des programmations sur France Inter, radio Néo... Un reportage sur France 3 suite au succès de Mourir à Chartres. 9 clips (Oedipe casserole, Les amis du Solian, Cynthia Bukowski, Désespoir en Eure et Loir, Même mon cancer, Ulan Bator, Jaloux de ta psychose...) sont visibles sur leur site... Ulan Bator est un hommage au poète russe Essenine... Cynthia Bukowski est un hommage à Bukowski... Oedipe casserole a été projeté à La Halle Saint Pierre.
"Ulan Bator"
CONSULTER LEURS VIDEOS
17:20 Publié dans CLINS D'OEILS (arts plastiques) | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
13/01/2013
Revue A L'INDEX - espace d'écrits - N°22
13:22 Publié dans EDITIONS | Lien permanent | Commentaires (2) | Imprimer | | Facebook
Poésies incomplètes - Régis Belloeil & Mathilde Lartige
13:09 Publié dans EDITIONS | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Bernard Plossu
JO LE ROUGE
[ou le Marin de Gibraltar]
[étape 2]
Bernard Plossu
Vernissage le 9 février 2013 à 18h
"On regarda la côte qui défilait , elle s'éclairait de plus en plus …".
Marguerite Duras, Le Marin de Gibraltar
[Symi 1989]
© Bernard Plossu
" Ulysse a erré des années à la recherche de Pénélope, d'île en île, hanté par les yeux de sa Reine.
Les photographies miniatures dépouillées de cette série que je souhaite montrer sont les arrivées et les montagnes sèches de ces îles perdues, sauvages et rocailleuses de la Grèce, loin, très loin ... avec quelques images des yeux de Pénélope pour nous perdre dans la beauté de l'amour magique.
Bernard Plossu
Exposition du 9 février au 1er mars
La non-maison
micro-centre d’art
Contact: Michèle Cohen, Directrice - 06 29 46 33 98
Adresse: 22 rue Pavillon 13100 Aix en Provence
Site: lanonmaison.fr
12:54 Publié dans CLINS D'OEILS (arts plastiques), La non-maison | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
13/12/2012
Les Carnets d'Eucharis - Automne 2012 - N°35
●●●●●●Poésie/Littérature Photographie
Artsplastiques●●●●●●●●●●●●
En ligne
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Les carnets d’eucharis n°35
AUTOMNE 2012L’AIL DES OURS/AIL SAUVAGE [Allium ursinum]
© Nathalie Riera, 2012
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Au format PDF
15:18 Publié dans LES CARNETS D'EUCHARIS (pdf & calaméo), Nathalie Riera | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
22/11/2012
Annette Messager
Lecture de
Claude Darras
ARTS
La cosmogonie fantastique et sentimentale d’Annette Messager
© Les carnets d’eucharis, 2012
Au fil des années, les vertus de l’expertise confortent le bien-fondé des monographies d’exception. Parmi celles-là, la « lecture chronologique » de l’œuvre d’Annette Messager à laquelle se livre Catherine Grenier témoigne de l’attention exigeante que l’historienne d’art et conservateur général du Patrimoine porte à la lionne d’or de la Biennale de Venise 2005 (primée pour son installation Casino). Chez l’artiste (née en 1943, à Berck-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais), la critique d’une condition féminine dévaluée et meurtrie est omniprésente, implacable et ironique. Elle survient après quatre années à l’École parisienne des arts décoratifs, dès la décennie 1970, années de sa première exposition personnelle (1973, musée Lenbachhaus à Munich). Jean Dubuffet et André Breton inspirent l’héritière de la double passion d’un père architecte pour l’art brut et le spiritisme des peintres - ouvriers ou mineurs de fond du pays natal. S’écartant d’emblée des académies et des plâtres prônés dans les écoles traditionnelles, elle inventorie une multitude d’objets qui datent mieux que le carbone 14 des « périodes » particulières où dominent les arts populaires, les matériaux de rebut, les médias (publicité et cinéma), les contes de fées et la photographie d’amateur. Œuvres murales, graphiques, textiles, mobiles, sculpturales et d’installation, elles sont brodées, peintes, modelées, marouflées, éclairées ou soufflées, mettant en scène choses et gens, animaux et reliques, souvenirs et bribes d’actualité. Proverbes et Sentences, Tortures volontaires, Perversions ridicules, Mes jalousies, Les Piques, Chimères, Mes petites effigies, Continents noirs : l’ordinaire de la matière des formes et des œuvres compose une cosmogonie fantastique et sentimentale où la religiosité et l’érotisme dérèglent les sens de l’observateur tandis que l’amour et la souffrance minent sa sérénité.
« Annette Messager n’a jamais écrit de manifeste, plaide Catherine Grenier, plutôt des comptines, des digressions, des aphorismes. L’objet de sa quête n’est pas la vérité, mais la réalité. Son langage n’est pas naturaliste, mais poétique. Pourtant, tout en nous entraînant délibérément dans les chemins de traverse, elle nous montre d’œuvre en œuvre la radicalité d’un investissement artistique qui a la valeur d’un manifeste et l’éclat de la vérité. »
Annette Messager, par Catherine Grenier, éditions Flammarion, 240 pages, 2012.
© Claude Darras, Les carnets d’eucharis, 2012
21:06 Publié dans Claude Darras | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
10/11/2012
Renée Perle (par J.H. Lartigue)
Renée Perle
[à Juan-Les-Pins, 1930]
Par Jacques-Henri Lartigue
20:53 Publié dans CLINS D'OEILS (arts plastiques) | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Marcelin Pleynet par Claude Minière
Lecture Claude Minière
Marcelin Pleynet
Nouvelle liberté de penser
Editions Marciana, 2011.
260 pages, 25 euros
ISBN : 978-2-9539900-0-3
Une satire sociale sur le mythe de l’immortalité
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■■■ Jean-Paul Sartre entamait le volume I de ses Situations par ce préambule : « A tous les philosophes il est permis de poser une question préalable : à propos de quelle situation privilégiée avez-vous fait l’expérience de votre liberté ? » Voici, sur 350 pages (son Journal de l’année 2001) une réponse de Marcelin Pleynet, poète (et « philosophe »).Des interventions critiques dans l’actualité, explicites ou comme « pour soi », pour pointer où nous en sommes ou marquer la mesure d’une différence ; des méditations ; des descriptions de paysages ; des lectures et relectures ; des pensées avec la musique : de l’écriture. L’exploration des possibilités et impossibilités, les privilèges personnels et le disponible à tous…Eucharis, « l’air du large »*.
■■■Claude Minière, novembre 2012
- signalons aussi la parution d’un numéro de la revue faire-part (www.revue-faire-part.fr) entièrement consacré au poète : « Itinéraires de Marcelin Pleynet ».
Extraits illustrés de Nouvelle liberté de pensée, journal de l'année 2001
[Paris, lundi 23 avril]
À Blévy, en mettant de l'ordre dans mes archives, je trouve une carte postale que François Thiolat m'avait envoyée, en 1983 : « Environ d'Aix-en-Provence. Route du Tholonet. La stèle marque l'endroit d'où Cézanne a peint le paysage de la Sainte-Victoire, dont on aperçoit le massif à l'horizon. »
Pourquoi cette mauvaise photo me semble-t-elle si bien témoigner de ce qui inspire Cézanne ?
On apprend à regarder en regardant ce qui nous regarde.
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Bruno Rombi par Philippe Leuckx
Lecture Philippe Leuckx
Bruno Rombi
Rombi, le voyage d’une vie (1)
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UN PARCOURS GENOIS
Bruno Rombi semble de Gênes comme d’autres le sont de Rome ou de Florence. Pourtant, avant son intense activité littéraire et journalistique ligure, il a eu d’autres vies.
Né en Sardaigne, à Calassetta, voici plus de quatre-vingts ans, le 22 septembre 1931. Le voici chèvre selon le calendrier chinois. Comme ses exacts contemporains créatifs, Ettore Scola et Alain Cavalier.
C’est un grand voyageur et Malte aussi l’a sollicité. Sans compter la France, où il est venu plus d’une fois défendre ses livres traduits. Ainsi le vit-on dans le nord lorsque des étudiants souhaitèrent rencontrer ce poète italien, qui manie le français et écrit même à l’occasion directement dans notre langue maternelle (2).
Bruno Rombi, essayiste, journaliste littéraire ? Un dossier entier devrait être consacré à ce pan de carrière, sur plus de quarante années de production. Soulignons ses récentes interventions dans « Issimo », la revue palermitaine et dans « NTL », La Nuova Tribuna Letteraria (3).
Le poète a consacré beaucoup de temps, par ailleurs, à défendre les poètes et romanciers de dilection : Deledda, Quasimodo, Montale, Blaga…, et leur a consacré, récemment, un très beau volume d’essais, sous le titre « Saggi di letteratura italiana e straniera » (4).
IL VIAGGIO DELLA VITA, UNE SOMME
Début 2012, l’éditeur Le Mani (5) publie l’ensemble des textes poétiques de Bruno Rombi. 338 pages serrées, introduites par un bel essai de Fancesco De Nicola.
Faut-il rappeler que le public francophone a pu découvrir le poète gênois dès 1994, avec la traduction par Marco Porcu de « Un amore » (6) ? Le recueil, constitué de feuillets ivoire, est une radiographie hallucinante d’une relation amoureuse et de sa perte.
Rombi, par cette édition juxtalinéaire, se dévoile, dans une trame de sentiments et de nuances, par le biais d’une langue sobre, lucide, nue. Les thèmes de l’absence et de la dépossession illuminent ces poèmes, soulagent le lecteur de séquences mortifères, angoissantes, en recourant à des images de pure beauté, denses et justes.
D’autres livres en français ont suivi, dont les traductions doivent beaucoup à deux italianistes réputés, Madame Monique Baccelli et Monsieur André Ughetto. « Le bateau fantôme » (7), « L’attente du temps » (8), « Huit temps pour un présage » (9) et « Tsunami » (10) dispensent aux lecteurs de nouvelles facettes du poète. A la passion intime décrite au plus près succèdent des textes aux thèmes plus extérieurs à la vie du poète, quoiqu’ils recourent aux mythes, aux événements du monde pour dévoiler, avec distance, avec pudeur, l’intense appréhension de l’univers secret par ce poète délicat, amoureux des éléments fondamentaux, réceptacle d’une culture ancrée dans les grands textes poétiques fondateurs, Dante, Lorca et tant d’autres.
Tous les livres de Rombi ne sont pas traduits. On souhaiterait, certes, pouvoir lire en français « Enigmi animi » (11) et L’arcano universo » (12). Nombre de poèmes de ces deux recueils signalent le talent multiple du poète pour circonscrire les matières d’une réflexion autour et au sein du mystère. Enigme et secret semblent, tout au long de l’œuvre, distiller les atouts de ces poèmes marqués au sceau de la quête de sens : entre vérité existentielle et nœuds denses de l’Univers.
Le volume épais du « Voyage de la vie », à traduire pour les parts inédites ou connues en italien ou en anglais, traverse les haltes d’une existence de 1962 à 2011, en partant de l’île natale, de la ville aimée, des bords d’une culture, puisque, progressivement, l’auteur va émigrer vers d’autres rives, d’autres îles, d’autres langues. De la Sardaigne à Gênes : un fameux parcours poétique. Une quinzaine de livres. Des constantes. Des métamorphoses. Un ton aisément reconnaissable, lyrique mesuré, teinté d’images de voyages et de retours, à la pellicule mélancolique.
« Les îles et les atolls de feux » ; une tristesse allègre ; un poème « rendu au sortilège de jadis » ; le tsunami (13) ; les « cité(s) chaude(s) de juillet » (14) ; des portraits de Gênes, matin, soir, dans le liséré des couleurs rombiennes (un rien de nostalgie pavoise les textes)….
Le monde se décline à l’usage des autres et des rondes. Parler, au-delà de l’île, affronter la vie, les éléments, se dire avec sobriété, nudité….les atouts éclairent notre route.
QUELQUES TEXTES
Ne le cachons pas. J’ai sous les yeux douze volumes de Rombi, dont l’anthologie toute fraîche. Choisir parmi cette manne d’un poète-ami relève du défi ou de l’inconscience.
Voici quelques perles prélevées du rivage, où j’accoste sans cesse avec plaisir :
*
Viendront des jours d’anémie.
Peut-être ont-ils déjà commencé.
Et ton sourire me manque
où s’appuyait ma confiance.
Viendront des jours de silence
sombres, sans fond,… (fragment de « Un amour », op. cit., p.9)
*
Je suis dans le sang
qu’une pluie d’habitudes
cache,
pluie de feu
où brûle mon cœur
nuit
à l’intérieur du noir. (fragment de « Fragments de lumière », Encres vives, 2010, p.1)
*
Fragments de joie et songes
dans les aubes ouvertes, un temps
…et longues nuits dans des tunnels
plus obscurs que jamais.
A quand la sortie ?...(fragment de « Enigmi animi », op. cit., p.51 ; trad. P.L.)
*
Et Gênes se fait rose
à présent que la mer cueille
le soleil en elle,
rose le gratte-ciel Piacentini,
du rose qui teinte le soir
qui lentement tombe
…
vibre encore d’ardoises
sur les toits de cette ville
rose toujours plus pâle
maintenant que la nuit vient,
comme la nostalgie.
(fragment de « Sinfonia in rosa » in « L’arcano universo », op. cit., p.62 ; trad. P.L.)
(1) Il viaggio della vita, Le Mani, 2012.
(2) «Fragments de lumière », Encres Vives, coll. Encres Blanches, 2010.
(3) Publiée à 35031 Albano Terme.
(4) Libroitaliano World, 97100 Ragusa
(5) Essai lumineux de De Nicola, préfacier du volume.
(6) Le Portefaix, Poésie-Rencontre, Lyon, 3e trimestre 1994.
(7) Maison de la Poésie Nord Pas-de-Calais, 2002.
(8) La Bartavelle, 1999.
(9) Autres Temps, Marseille, 2004.
(10)Nemapress Editrice, 2005, 07041 Alghero.
(11)San Marco dei Giustiniani, Genova, 1980.
(12)Nemapress Editrice, 1995.
(13)Poemetto en italien, français, anglais.
(14)In « Enigmi animi », p.38.
■■■ Philippe Leuckx, 2012 (pour Les Carnets d’Eucharis)
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Fabienne Juhel (par Claude Darras)
Lecture Claude Darras
Fabienne Juhel
Les Oubliés de la lande
Editions du Rouergue (collection la Brune), 2012
Une satire sociale sur le mythe de l’immortalité
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■■■ Au début, le lecteur est happé. Quel mystère ce septuagénaire parisien vient-il dissimuler à travers les barbelés de ronciers et les bouquets de bruyère de la lande bretonne ? Et pourquoi abandonne-t-il sa carte d’identité sous une pierre de cairn ? Nourrit-il l’intention d’avaler son acte de naissance au terme d’une harassante randonnée ? La suite de la narration enseigne qu’une femme de 107 ans rencontrée dans une gare lui a livré le secret d’un village improbable de Bretagne où le temps s’est arrêté. Autrement dit, les habitants de la cité échappent au vieillissement et, par conséquent, à la mort, à la seule condition qu’ils ne franchissent pas les frontières de ce No Death’s Land, expression calquée sur celle du no man’s land (No pour « pas », Death pour « mort » et Land pour « terre »). À l’instar de tout autre communauté, la population dudit village, qui vit en autarcie en cultivant les fruits des champs et de la forêt, rassemble une collection très ordinaire d’individus, familles, couples et enfants, venus se réfugier là afin de fuir des vies ratées, des amours blessés, voire quelques crimes et délits. Un jour, la quiétude du lieu est profanée par l’apparition de la mort, celle d’animaux de la lande sacrifiés ou crucifiés selon des rites funéraires barbares… Je n’en dirai pas davantage pour ne pas déflorer prématurément les ressorts et les conclusions de l’intrigue.
Au début, le lecteur est pris, disais-je. Et puis, il relâche son attention. Son attente romanesque est déçue, semble-t-il, car la substance du discours se délite et l’histoire bâtie sur le mythe de l’immortalité - de la vie éternelle - reste banale, convenue. Fabienne Juhel - Fabienne Le Chanu à l’état civil (née en 1965 à Saint-Brieuc) - sait pourtant débusquer dans les sortilèges des Côtes-d’Armor le tragique, le cocasse et le sublime de la vie ; elle possède le sens du détail, du croquis, de la touche qui charpente la satire sociale de certains de ses précédents ouvrages à la plume trempée dans le champagne demi-sec. L’écrivaine et professeur de lettres poursuit un long compagnonnage avec l’écrivain Tristan Corbière, le poète des « Amours jaunes », précise son éditeur. Des raisons suffisantes pour attendre de nouveaux textes qui convaincront, je l’espère en tout cas, les lecteurs sceptiques dont je reste.
■■■ Claude Darras, novembre 2012
À lire du même auteur : La Verticale de la lune (éditions Zulma, 2005), À l’angle du renard (Le Rouergue, 2009) et Les Hommes sirènes (Le Rouergue, 2011).
18:14 Publié dans Claude Darras | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Pier Paolo Pasolini
PIER PAOLO PASOLINI
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©
Pier Paolo Pasolini / macchina da scrivere
EXTRAIT
Qui je suis / Poeta delle ceneri
(traduit de l’italien, présenté et annoté par Jean-Pierre Milelli)
Arléa, éditions, 2004
…
[…]
Voilà, ce sont les œuvres que je voudrais faire,
qui sont ma vie future – mais aussi passée –
et présente.
Tu sais – je te l’ai dit, vieil ami, père
un peu intimidé par le fils, hôte
allophone puissant aux humbles origines –
que rien ne vaut la vie.
C’est pourquoi je ne voudrais que vivre,
même en étant poète,
parce que la vie s’exprime aussi par elle-même.
Je voudrais m’exprimer avec des exemples.
Jeter mon corps dans la lutte.
Même si les actions de la vie sont expressives,
l’expression, aussi, est action.
Non pas cette expression de poète défaitiste,
qui ne dit que des choses
et utilise la langue comme toi, pauvre,
direct instrument ;
mais l’expression détachée des choses,
les signes faits musiques,
la poésie chantée et obscure,
qui n’exprime rien sinon elle-même,
selon l’idée barbare et exquise
qu’elle est un son mystérieux
dans les pauvres signes oraux d’une langue.
[…]
il n’y a pas d’autre poésie que l’action réelle
(tu trembles seulement quand tu la retrouves
dans les vers ou dans les pages de prose,
quand leur évocation est parfaite).
Je ne ferai pas cela de bon cœur.
J’aurai toujours le regret de cette autre poésie
qui est action elle-même,
dans son détachement des choses,
dans sa musique qui n’exprime rien
sinon son aride et sublime passion
pour elle-même.
Eh bien, je vais te confier,
avant de te quitter,
que je voudrais être compositeur de musique,
vivre avec des instruments
dans la tour de Viterbe que je n’arrive pas
à acheter,
dans le plus beau paysage du monde, où l’Arioste
serait fou de joie de se voir recréé avec toute
l’innocence des chênes, collines, eaux et ravins,
et là, composer de la musique,
la seule action expressive
peut-être, haute, et indéfinissable
comme les actions de la réalité.
------------------------------ (p. 50/52)
Ecco, queste sono le opere che vorrei fare,
che sono la mia vita futura – ma anche passata
- e presente.
Tu sai, tuttavia te l’ho detto, anziano amico, padre
Un po’ intimidito dal figlio, ospite
Alloglota potente dalle umili origini,
che nulla vale la vita.
Perciò io vorrei soltanto vivere
pur essendo poeta
perché la vita si esprime anche solo con se stessa.
Vorrei esprimermi con gli esempi.
Gettare il moi corpo nella lotta.
Ma se le azioni della vita sono espressive,
anche l’espressione è azione.
Non questa mia espressione di poeta rinunciatario,
che dice solo cose,
e usa la lingua come te, povero, diretto strumento ;
ma l’espressione staccata dalle cose,
i segni fatti musica,
la poesia cantata e oscura,
che non esprime nulla se non se stessa,
per una barbara e squisita idea ch’essa sia misterioso suono
nei poveri segni orali di una lingua.
[…]
non c’è altra poesia che l’azione reale
(tu tremi solo quando la ritrovi
nei versi, o nelle pagine in prosa,
quando la loro evocazione è perfetta).
Non farò questo con gioia.
Avrò sempre il rimpianto di quella poesia
che è azione essa stessa, nel suo distacco dalle cose,
nella sua musica che non esprime nulla
se non la propria arida e sublime passione per se stessa.
Ebbene, ti confiderò, prima di lasciarti,
che io vorrei essere scrittore di musica,
vivere con degli strumenti
dentro la torre di Viterbo che non riesco a comprare,
nel paesaggio più bello del mondo, dove l’Ariosto
sarebbe impazzito di gioia nel vedersi ricreato con tanta
innocenza di querce, colli, acque e botri,
e li comporre musica
l’unica azione espressiva
forse, alta, e indefinibile come le azioni della realtà.
■ SOURCE TEXTE :
PIER PAOLO PASOLINI/TUTTE LE OPERE
Poesie varie e d’occasione, (p.1287/1288)
Edizione diretta da Walter Siti – Tomo secondo
Arnoldo Mondadori Editore, 2009
17:58 Publié dans Pier Paolo Pasolini | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook