12/02/2015
Gregory Corso
![]() |
| © Gregory Corso
his attic room, 9 Rue Git-le-Coeur, Paris
gelatin silver print
14 x 11 inches
Le Joyeux Anniversaire de la mort
[extrait]
The Happy Birthday of Death
Selected poems
Traduit de l’anglais par Blandine Longre
Introduction de Paul Stubbs
Postface de Kirby Olson
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■ Black Herald Press, 2014 ■ ICI
■ Notice bio&bibliographique
Gregory CORSO (1930-2001), l’un des poètes majeurs de la Beat Generation aux côtés de Jack Kerouac, d’Allen Ginsberg et de William S. Burroughs, a voué son existence à la poésie. Bien qu’ancrée dans la modernité, l’écriture de Corso puise également dans des traditions plus anciennes (celles, entre autres, du poète Percy Bysshe Shelley, figure tutélaire, et de l’héritage antique), révélant une poésie de nature composite, erratique et visionnaire, entre élégance lyrique et audace syntaxique, archaïsme revendiqué et facétieuse vitalité. Cet ouvrage rassemble un choix de poèmes extraits d’un recueil d’une incontestable originalité, Le Joyeux Anniversaire de la mort (publié en 1960 par New Directions), recueil qui concourut à consolider la réputation du poète, « un alchimiste des plus insolites, un belliciste des mots opérant à l’usure, bataillant aveuglément, immensément, avec le langage », ainsi que le décrit Paul Stubbs dans l’introduction au présent ouvrage.
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Tortue Géante
— d’après un film de Walt Disney
Tu émerges de la mer un supplice de mer
Nuit au clair de lune tu t’alentis sur le rivage
Derrière toi tes empreintes palmées retracent ton calvaire
Une heure au bout d’une heure tu cesses ta lenteur
Pattes arrière à présent creusent creusent le sable l’humide le sable
La lune illumine la mer apaise
Ta bouche pompe tes yeux larment épais
Tu crées un trou formidable tu t’écroules à plat
Éreintement soupir effort
Œufs œufs œufs œufs œufs œufs œufs œufs œufs
Œufs œufs œufs œufs œuf œuf œuf
Poussée éreintement soupir à plat
Ta matrice humide constellée de sable tu te retournes lente
Lente tu recouvres le trou les œufs lente lente
Tu cesses ta lenteur
L’aube
Et tu tombes dans la mer comme un gros rocher
……………………………………………………………………… (p.49)
GIANT TURTLE
— from a Walt Disney film
You rise from the sea an agony of sea
Night in the moonlight you slow the shore
Behind you webbed-tracks mark your ordeal
An hour in an hour you cease your slow
Hind legs now digging digging the sand the damp the sand
The moon brightens the sea calms
Your mouth pumpingyou eyes thickly tearing
You create a tremendous hole you fall flat
Exhaust sign strain
Eggs eggs eggs eggs eggs eggs eggs eggs eggs
Eggs eggs eggs eggs egg egg egg
Heave exhaust sigh flat
Your wet womb speckled with sand you turn slow
Slow you cover the hole the eggs slow slow
You cease your slow
Dawn
And you plop in the sea like a big rock
……………………………………………………………………… (p.48)
| © BLACK HERALD PRESS, 2014
13:07 Publié dans Black Herald Press, Gregory Corso | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | |
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04/02/2015
Anne-Marie Albiach
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Du côté de chez…
ANNE-MARIE ALBIACH
Extrait d’un entretien
Action Poétique N°74 – juin 1978
PHOTOGRAPHIE |Anne-Marie Albiach par Claude Royet-Journoud
extrait
HENRI DELUY : Je découvre tes textes à un moment où, au niveau des idées et du travail, je sors de ce que j’appellerai, pour aller vite, « La poésie de la tripe »… c’est-à-dire une poésie, comme tu sais, basée sur l’expression directe des sentiments, avec une conception du langage comme transparence, etc. Et je me trouve quand je te lis dans une situation ambigüe… C’est, à la fois, tout à fait différent du type de poésie que tu fais…
ANNE-MARIE ALBIACH : En effet, je crois que le côté physique de mes textes est extrêmement important. En fait, je vis le texte comme un corps, comme la projection d’un corps, mais d’un corps et de son image…
Je ne pense pas qu’on puisse dire que mes textes sont « abstraits ». En fait, ils révèlent le côté physique du souffle, de la Voix (en rapport avec une musique mémorielle obsessionnelle, un Opéra permanent occulté), et de la syntaxe. Ils sont le lieu d’une réitération qui revient alternativement. Le discours n’est abstrait qu’en apparence. En réalité, il se veut concret ; avec des données, par exemple, comme celle de la chute du corps… D’autre part, dans une partie d’Etat, je fais allusion à la traduction que j’ai faite du poète américain Louis Zukofsky, dont il faut noter que la démarche dénonce l’exploitation de l’individu. Dans Etat il y a cet aspect qui n’est pas visible à première vue, mais qui fait que toute écriture porte en soi un engagement physique… Par conséquent, je ne suis pas tellement étonnée que tu puisses passer de cette poésie, dont tu parlais, à une poésie apparemment beaucoup plus conceptuelle, mais qui ne le serait pas parce que c’est avant tout, une poésie du désir, du discours dans le désir… et même sans crainte d’un certain lyrisme ou baroque qui se dénonce.
Mais ai-je répondu à ta question ?
H.D. : Oui… Enfin tu dis, en tous cas, ce que je voulais te faire dire…
A.-M.A. : J’ajouterais que, dans Etat, il y a un passage en rapport avec Francis Ponge et Ponge, à mon avis, réalise ce que j’appellerais La concrétisation de l’écriture par rapport à l’objet, l’objet que je situe comme « incernable »… Il est une de mes préoccupations : quand je dis : « toutes les évidences lui sont mystère » je dénonce cette nature incernable de l’objet par rapport à la perception qu’on en a. Dans Etat, ce passage marque le contrepoint du plaisir de la lecture de Ponge… De même qu’on revient toujours au physique, dans la lecture, j’essaie toujours de revenir au physique dans l’écriture…
............................... (p.14)
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| ©Action Poétique N°74 – juin 1978
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15:24 Publié dans Action Poétique, Anne-Marie Albiach | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | |
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20/01/2015
MEILLEURS VOEUX 2015
00:12 Publié dans Les Carnets d'Eucharis, LES CARNETS D'EUCHARIS (pdf & calaméo), Nathalie Riera | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | |
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21/12/2014
LES CARNETS D'EUCHARIS, 2015 (n°3) - Abonnement et souscription
Les Carnets d’Eucharis
●●●●●●Poésie |Littérature Photographie |Arts plastiques●●●●●●●●● 2015
(PAUL AUSTER une lecture de la poésie française]
Les Carnets d’Eucharis, Année 2015
(CARNET≠ 3)
Format : 160 x 240 | 248 pages
+PORTFOLIO I Cahier visuel & textuel de 16 pages
ANNE-SOPHIE MAIGNANT
ISSN : 2116-5548 | ISBN : 978-2-9543788-2-4
France : 22 € (frais de port compris)
Prix de l’abonnement annuel :
17 € (+ frais de port à ajouter :
5 € France – 7,50 € Etranger)
Publication et livraison vers le 15 mars 2015
●●●
(COMITÉ DE RÉDACTION)
Nathalie Riera, Claude Darras, Richard Skryzak, Tristan Hordé,
Angèle Paoli, Béatrice Machet, Sabine Péglion, Gérard Larnac,
Brigitte Gyr, Myrto Gondicas, Eva-Maria Berg, Martine Konorski
[ABONNEMENT]
L'Association L'Atelier des Carnets d'Eucharis
L'Olivier d'Argens - Chemin de l'Iscle - BP 90044
83521 ROQUEBRUNE-SUR-ARGENS CEDEX
(CONTACT)
© Paul Auster – Catalogue des Editions UNES
(ABONNEMENT/SOUSCRIPTION]
Les Carnets d’Eucharis, Année 2015
(CARNET≠ 3)
●●●
(COMITÉ DE RÉDACTION)
Nathalie Riera, Claude Darras, Richard Skryzak, Tristan Hordé,
Angèle Paoli, Béatrice Machet, Sabine Péglion, Gérard Larnac,
Brigitte Gyr, Myrto Gondicas, Eva-Maria Berg, Martine Konorski
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(RÉDACTION & SIÈGE SOCIAL)
L'Association L'Atelier des Carnets d'Eucharis
L'Olivier d'Argens - Chemin de l'Iscle - BP 90044
83521 ROQUEBRUNE-SUR-ARGENS CEDEX
CONTACT : nathalriera@gmail.com
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Prix de l’abonnement annuel :
17 € (+ frais de port à ajouter :
4 € France – 7,50 € Etranger)
□ PREMIER NUMÉRO :
Année 2013
[Susan Sontag]
21 €, frais de port compris
□ DEUXIÈME NUMÉRO :
Année 2014
[Carnet 2]
21 €, frais de port compris
Prix de l’abonnement annuel :
17 € (+ frais de port à ajouter :
5 € France – 7,50 € Etranger)
□ TROISIÈME NUMÉRO :
Année 2015
[Paul Auster]
22 €, frais de port compris
Je vous adresse le montant total de : _______ €
■par chèque à l’ordre de
L’Association L’Atelier des Carnets d’Eucharis
L'Association L'Atelier des Carnets d'Eucharis
L'Olivier d'Argens - Chemin de l'Iscle - BP 90044
83521 ROQUEBRUNE-SUR-ARGENS CEDEX
CONTACT : nathalriera@gmail.com
(SOMMAIRE]
0 I[AVANT-PROPOS](Les débuts français de Paul Auster)
Nathalie Riera s’entretient avec Danièle Robert (traductrice de l’œuvre poétique de Paul Auster et Directrice de collection aux éditions chemin de ronde]
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PAUL AUSTER (Une lecture de la poésie française)
I [Dossier coordonné par Nathalie Riera]
00 I Paul Auster [PAUL AUSTER : HOMMAGE À JACQUES DUPIN (à La Maison de L’Amérique Latine, Paris, 4 mars 2013)]
00 I Angèle Paoli [Dans l’œil de celui qui parle]
00 I Béatrice Machet [Paul Auster – apophatiquement]
00 I Brigitte Gyr [Du sort du mot – de la parole – dans les poèmes de Paul Auster]
00 I Gilbert Bourson [Sur la poésie de Paul Auster / Une adhésion aux mots]
00 I Jacques Estager [De Joë Bousquet à Paul Auster, à un cheminement dans la nuit]
00 I Sabine Péglion [Paul Auster et l’écriture poétique : un instantané du monde]
00 I Emeric de Monteynard [Paul Auster, de cet œil qui révèle et du mot qui dessaisit]
00 I Patricia Dao [L’Art de la Faim]
00 I Marie-Christine Masset [Le Loup Rouge]
00 I Martine Konorski [Temps de terre, temps de Pierre – Paul Auster, architecte du chaos]
00 I Isabelle Baladine Howald [All about Paul ?]
00 I Anthony Dufraisse [Quelques pierres pour Paul Auster]
00 I Catherine Zittoun [Il sème sur les pages des pistes de mémoire]
00 I Tristan Hordé [« Ne rien dire. Dire » : notes sur Paul Auster, Dans la tourmente]
00 I Richard Skryzak […]
ENTRETIEN
0 I Tristan Hordé s’entretient avec Edith Azam
AU PAS DU LAVOIRI Poésie & Prose
00 I Gérard Larnac [WIGWAM HOTEL (avec 12 photographies de New-York)]
00 I Navia Magloire [LÈVRES NUES(extraits)]
00 I Joël-Claude Meffre [SEPT PRINTEMPS]
00 I Thierry Guinhut [À une jeune aphrodite de marbre (Choix de 5 sonnets)]
00 IGuillaume Decourt [HUIT DIZAINS HELLÉNIQUES(extraits de Les Heures grecques)]
00 I Myrto Gondicas [Histoires de Lucie]
00 I Nathalie Riera [LA BAIGNADE&BOOK STAND]
00 I Mario Urbanet [ETATS DU MONDE VIVANT]
00 I Felip Costaglioli [POÈMES CHOISIS]
LE CHANTIER DU PHOTOGRAPHE
00 IDevant le miroir (à partir des « Etudes pour Suzanne» d’Anne-Sophie Maignant) Texte : Nathalie Riera
PORTFOLIO I Cahier visuel & textuel de 16 pages
Photographies : Anne-Sophie Maignant « Is a rose rose ? » & « Suzanne au bain»
I Entrevue d’Escaudain : entretien conduit parRichard Skryzak & Nathalie Riera
CLAIRvisionI Petite anthologie d’écrits contemporains sur les arts visuels et audiovisuels (cinéma, art vidéo…)
00 IPhotos-vidéos &Texte : Richard Skryzak (Le Père, le Fils et la Télévision)
00 I Sabine Péglion : (Sculpting Time : 3 poèmes sur la rétrospective de Bill Viola au Grand Palais)
00 IJacques Sicard[Notes monochromes : Alfred Hitchock, Michaël Snow, Vivian Maïer]
TRADUCTIONS
000 IVincenzo MASCOLO Traduit de l'italien par Elena Chiti (avec la participation de Nathalie Riera)
000 IMia LECOMTE Traduit de l'italien par Raymond Farina
000 IGian-Mario VILLALTA Traduit de l’italien par Sabine Péglion & Brigitte Gyr
000 IAmir OR Traduit de l’hébreu par Aurélia Lassaque
000 IRobert LOWELL Traduit de l'américain par Béatrice Machet
000 IVera Schindler-WunderlichTraduit de l'allemand par Dominique Destraz (avec l’auteure)
000 IGwendolyn BROOKSTraduit de l'américain par Amanda Edmonds & Armelle Leclercq
eT BANC DE FEUILLES DESCENDANT LA RIVIÈRE
I Notes, Portraits&Lectures critiques
000 I[Portrait] Vera Schindler-Wunderlich par Eva-Maria Berg (traduit de l’allemand par Brigitte Gyr)
000 I[Portrait biographique]Andenken pour Georg Trakl & 3 poèmes de G. Trakl (texte et traduction d’Alain Fabre-Catalan)
000 I[Portrait critique] Pierre Soulages : le noir lui va si bien ! par Claude Darras
000 I[Lectures] Ossip Mandelstam, De la poésie (La Barque, 2013) Nathalie Riera •000 I Michel Serres, Pantopie : de Hermès à Petite Poucette – Entretien avec Martin Legros et Sven Ortoli(Le Pommier, 2014)Richard Skryzak • 000 I James Sacré, On cherche. On se demande (La Porte, 2014) Tristan Hordé •000 I Le « chantier » Cavalcanti par Claude Minière •000 I
13:26 Publié dans Les Carnets d'Eucharis, Nathalie Riera, Paul Auster | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paul auster;les carnets d'eucharis | Imprimer | |
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20/12/2014
Les Carnets d'Eucharis n°2 (année 2014) par Yves Boudier (CCP N°29-2)
Revue des revues
par Yves Boudier
C C P n° 29-2
(décembre 2014)
Les Carnets d’Eucharis
Sous la double tutelle de Rimbaud et Fénelon, Eucharis nous offre ces Carnets 2014. Poésie, littérature, photographie, arts plastiques, un terrain de grande mixité créatrice, ouvert de plus à la traduction et au commentaire de haut niveau. Nathalie Riera préface l’ensemble avec ces mots de Saul Bellow : « essayer de vivre avec un cœur civilisé », en évitant toute naïveté ou concession à l’époque, consciente d’offrir un espace ouvert « aux formes et formulations flambant frais ». Depuis un entretien avec Étienne Faure et un portfolio visuel-textuel de seize pages avec les photographies parfaitement reproduites d’Éric Bourret et le texte de François Coadou, on rencontrera plusieurs poèmes de formes variées, de Noémie Parant, Marie de Quatrebarbes, Armelle Leclercq, Aurélie Foglia ou Marie Étienne, parmi un ensemble très tenu ; la conversation croisée de poètes et d’artistes silencieux, par exemple celle de Paul-Louis Rossi, en hommage à la peinture de Véronique Flahaut, pour questionner Kant ; la réflexion mallarméenne de Claude Minière sur la photographie… Et, un cahier de traductions où je me suis longuement arrêté sur les poèmes de Juan Gelman (« la mort ne sait rien de toi // tu as sous tes pieds de l’herbe / et une ombre qui écrit / la mer / »), ou de Mina Loy, 1882-1966, poète anglaise à l’orée du féminisme. Enfin, Claude Darras dresse un portrait généreux de l’artiste René Knapen, « zélateur autant qu’amoureux de la Renaissance italienne ».
CONSULTER Le Cahier Critique de Poésie N°29-2 (décembre 2014)
| ©http://cahiercritiquedepoesie.fr/ccp-29-2/revue-des-revues
14:48 Publié dans Les Carnets d'Eucharis, Nathalie Riera, NOTES DE LECTURES/RECENSIONS | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | |
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10/12/2014
Christian Prigent par Claude Minière
Christian Prigent | © Photo : Olivier Roller
Christian Prigent
« La langue et ses monstres ».
P.O.L. 2014
Le livre de Christian Prigent qui vient de paraître chez P.O.L. est à la fois lecture et relecture. A plusieurs titres. C’est un livre de lectures puisque l’auteur y écrit ses lectures d’écrivains et poètes, de Gertrude Stein à Christophe Tarkos (sur 300 pages). Pour cet ouvrage, Prigent a relu les textes publiés dans une première version parue en 1989 aux éditions Cadex, sous le même titre : il en donne aujourd’hui une édition corrigée et complétée, fraîche comme un gardon, gardée comme lexicon : « En quoi ce déchiffrement peut-il nous aider à mieux évaluer ce dont on parle en fait quand on parle de littérature ? » (Avertissement, p. 9).
Quand il lit, l’écrivain fougueux qu’est Christian Prigent (romans, essais, poèmes, chroniques) étudie patiemment et précisément chacune des écritures singulières qu’il découvre mais aussi, dans le même temps, il relit à travers elles la littérature et la touche au cœur. Intelligence et sensibilité associées, il touche la littérature au cœur, en son centre, en mesurant comment des « voix excentriques traversent les représentations couramment admises pour composer de nouveaux accords ». Vous appréciez là l’exception-Prigent. Vous verrez, vous sentirez comment un engagement personnel exceptionnel (il n’y a pas d’équivalent parmi les Critiques) le porte à rendre claire l’excentricité des voix qu’il écoute.
Qu’il se penche « sur » Gertrude Stein, Pleynet, Jude Stéphan ou Eric Clémens, le lecteur-écrivain Prigent est là, présent, personnellement, et en même temps, il laisse filer ou accompagne chacune des voix dans sa vibration propre, frottée aux « limites ». Fin connaisseur de Georges Bataille, Prigent décèle, lit et relit le drame de la chance et du frein que la littérature négocie avec l’écriture. Et il expose, montre ces monstres de la langue comme étant d’hier, d’aujourd’hui, et de probablement demain. Il est seul ? Peut-être pas. Les lecteurs auxquels il s’adresse sont vivant d’angoisses et d’effronteries, de tendresse et de défi.
Claude Minière © Les Carnets d’Eucharis, 2014
CONSULTER Les Carnets d’Eucharis N°43 (automne 2014)
& P.O.L. Editeur
| © http://www.pol-editeur.com/index.php?spec=livre&ISBN=978-2-8180-2147-7
17:11 Publié dans Christian Prigent, Claude Minière, LES CARNETS D'EUCHARIS (pdf & calaméo), NOTES DE LECTURES/RECENSIONS, P.O.L. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christian prigent ; claude minière | Imprimer | |
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16/11/2014
Les Carnets d'Eucharis n°43 (automne 2014)
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Poésie | Littérature Photographie| Arts plastiques
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en ligne
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Les carnets d’eucharis n°43
AUTOMNE 2014
[« SOUS LA TONNELLE EN CANISSE »]
© Nathalie Riera, 2014| Photographie numérique
EXPOSITION
NIKI DE SAINT PHALLE
Nathalie Riera LA TETE DANS LES BAMBOUS
Joseph Cornell PHOTOMONTAGES&COLLAGES
DU CÔTÉ DE…
NATHALIE HANDAL [8 poèmes de Gaza – 2014]
NIKOS LYBERIS [Après le son – extraits]
CLAUDE BRUNET [Le goût de l’étrange – 2003]
JEROME ROTHENBERG … LORINE NIEDECKER
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MARIANNE MOORE Le poisson / The fish
AUPASDULAVOIR
MAËL GUESDON [Sorgue]
ISABELLE LÉVESQUE [Ravin des nuits que tout bouscule]
NATHALIE RIERA [Solaria & La Baignade - texte inédit]
ERIC SARNER [Tentations et Tâches de Femmes]
DES TRADUCTIONS
FADIR DELGADO ACOSTA [QUELQUES POÈMES DE : Le dernier geste du poisson*
ALGUNOS POEMAS DE : El último gesto del pez traduit par Rémy Durand]
[Clairvision]
----------------------●●●------------- [Notes monochromes de Jacques Sicard]
DES LECTURES/DES PORTRAITS
[ARTICLES]Olivier Salazar-Ferrer [Les possessions transparentes] par Nathalie Riera
Conrad Aiken [Neige silencieuse, neige secrète] par Tristan Hordé
Philippe Jaffeux [Courants blancs] par Béatrice Machet-Franke
[LECTURE&RELECTURE][Christian Prigent « La langue et ses monstres »] par Claude Minière
[NOUVELLESPARUTIONS]
LA RIVIÈRE ÉCHAPPÉE – la barque– LA NERTHE– BLACK HERALD PRESS
Au format livre numérique/CALAMEO
18:11 Publié dans Les Carnets d'Eucharis, LES CARNETS D'EUCHARIS (pdf & calaméo), Nathalie Riera | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : les carnets d'eucharis ; nathalie riera ; | Imprimer | |
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11/11/2014
Alain Fleischer
15:14 Publié dans VIDEOS, ANIMATIONS, DOCUMENTAIRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | |
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Emmanuel Ruben - Galerie Le Réalgar
Emmanuel Ruben (© Tina Merandon)
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Emmanuel Ruben est né en 1980 à Lyon. Géographe de formation, écrivain, dessinateur, il est l’auteur de trois romans dont le dernier, La ligne des glaces, a été publié en 2014 chez Rivages.
(Sélection Prix Goncourt 2014)
Per Kirkeby est né en 1938 à Copenhague. Géologue de formation, il participe, de 1958 à 1965, à de nombreuses expéditions scientifiques au Groenland avant de rejoindre l’école radicale de Copenhague et le mouvement Fluxus. Peintre, essayiste, romancier, poète, architecte, sculpteur, cinéaste, il est considéré comme une figure majeure de l’art contemporain scandinave. Ses œuvres sont exposées dans le monde entier et de nombreuses rétrospectives lui ont été consacrées depuis la fin des années 70, notamment à Londres en 2009 (Tate Modern) et à Bruxelles en 2012 (Bozar).
Quatrième de couverture
«Cet homme est-il de la confrérie navrante des voyageurs plumitifs ? Cet homme pense-t-il qu'il suffit d'aller s'empoussiérer la semelle pour se ravauder la cervelle ? Non, la poussière est d'or qui le hante encore ; cet homme, que nous voudrions suivre ici, cet homme s'en va chaque année depuis ses vingt ans vers le Nord, carnet de croquis à la main, quêter de sa baguette divinatoire son Graal fantôme ; après quoi il rentre au pays, dessine, grave, sculpte et peint pour de bon ; sur ce, il paraphe en bas à droite PK. Per Kirkeby.»
| © Cliquer ICI
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SITE À CONSULTER
LE REALGAR
23, rue Blanqui
42000 SAINT-ETIENNE
0687602234
Sur le site : Galerie Le Réalgar
14:12 Publié dans Le Réalgar | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | |
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05/11/2014
Nikos Lyberis
NIKOS LYBERIS
Après le son
La traduction de son dernier ouvrage paru en grec, en août 2014, d'où sont issus ces quelques poèmes a été faite par Brigitte Gyr en collaboration avec Nikos Lyberis, leur auteur.
Nikos Lyberis | © Vue sur le Canal Grande, en face du Palazzo Moncenigo (à Venise)
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12 - Pétales de soleil
Valse enfantine pour piano désaccordé
et fragments de voix
le crépuscule s'enfonce dans la pierre
Narration conique minée
pour tête sans corps
Face aux causalités les anciennes et les nouvelles
à chaque instant il invente son destin
pour ouvrir des fentes dans les murs de l'horizon
pour purifier le sang empoisonné
Dans le paysage du son éclosent les fleurs
sons sans début ni fin comme un souvenir
clarinette timbre mat dans l'eau
entière à moitié ou juste un bout
il a lâché les notes pour accéder à la musique
dialogue sans paroles superbe
Sons inédits d'un corps compressé
qui se confie au vent comme en fraude
tantôt murmurent tantôt crient en secret
formes connues insuffisantes
mais la géométrie mobile fonctionne
formes mouvantes à l'infini
l'espace résonne des jours et des jours après que se sont tus les
[instruments
et l'esprit ingénieux demeure sans voix
Innombrables les faces de l’immuable beauté
Silence empli de sons
Il déploie le pont sur l'abîme
pour la fille qui passe en larmes
et dont le temps s'est figé
………………………………………………………………………
13 - Eclipse
Nuit archaïque qui abrite la musique
le regard se faufile dans l'espace inassouvi
aux confins usés
entre les ombres de ceux qui sont partis
Les murs se retirent d'autres murs arrivent
pour laisser passer
la Reine de Thulé
dans sa main la bible aux pages blanches
Entre-deux saigné par des cordes hérissées de pics
une cinquième guerre totale
La spirale du corps amollit les barreaux de la cage
neuf métaux fondus plus une météorite
la cage désormais voile
Elle traverse l'accord répété
les éclats de voix
pour que la mémoire s'éteigne peu à peu
qu'elle accueille les gestes spontanés
éboulements sous-marins
connaissance inaccessible à la pensée
négation de la négation
D'une bouche à l'autre
une même histoire se poursuit
malgré les bavardages silence intact
parce que la vérité et son objet sont une et même chose
Déchiffrer l'étoile de chacun
pour échapper à la dérive peut-être
et par un chemin sans malice remonter le courant
………………………………………………………………………
19 - Concert pour un corps
Dans le quartier sans saisons
elle tient une fenêtre ouverte dans ses mains
entre le flûtiste et l'amiral Perse
en duel avec son ombre
Un geste mille interrogations
Elle a enlevé le masque de sous son visage
la danse lovée dans le corps
remplit l'espace entre les mots
contrepoint multiple
Habillée aux couleurs de la tempête
elle prononce les mots à l'envers
pour ne pas trahir la joie
indifférente aux prétendants
des messieurs naufragés en haut de forme
qui revendiquent le trône d'Egypte
en dansant avec des mannequins chèrement vêtus
elle répond à la question qu'on lui pose
cinq murs plus loin
Elle a brodé l'habit de la nuit
pour que les oiseaux migrateurs s'y posent
elle enferme le temps dans une malle pour libérer de l'espace
Dans les brisures de son rire poussent des fleurs
Vague qui traverse le large
sans rencontrer de bateau
………………………………………………………………………
21 - Froissement de tilleul sauvage
Dans le vent de sable qui le suit partout
il coupe du bois pour sa croix
Le soleil dépeçait le mur
quand un coup de feu venant d'une autre histoire
dispersa les toiles d'araignée instantanément et
révéla le grand secret
à lui seul
la cloche de l'alarme devenue rituelle
adoucit les pierres dans l'air dur
cercles concentriques à l'horizon impromptu
Dans la fosse défilent des images
lambeaux d'essais
débris de temps
Au sommet du jet d'eau le récitant avec
dans ses mains une tragédie antique
murmure quelque chose sur les instants extrêmes
les circonstances qui ne connaissent pas leur force
Soudain la pluie et les rêves d'acier
du train s'incorporent au spectacle
Un vieil émetteur résonne
………………………………………………………………………
22 - La lisière du feu
Dans les labyrinthes de l'air
des voix s'aventurent
tentent une rencontre
afin que se consument les obstacles
Enfermée en un point la force totale
rend possible l'impossible
Murs aux cinq bouts de l'espace
directions inversées
le sang du temps goutte dans le verre
écho d'un orage venant d'une autre planète
des carapaces de tortue annoncent
l'effondrement de l'empire
sans contraintes la terre
retrouvera sa face divine
Il froisse une page de cinq hectares
les peurs rentrées en fraude
à l'extrémité du silence
Des mots déformés trois cinquièmes et septièmes
neuvièmes et onzièmes assouplissent l'air
témoignage préhistorique dont le corps se souvient
hiéroglyphes oubliés
d'avant les mots
………………………………………………………………………
31 - Cantate pour une fleur
Cri qui perça le tout de bout en bout
l'indicible douleur de la gitane
voix qui contient l'alpha et l'omega et le reste
va et vient continu depuis le grand silence du début
La lumière diffuse s'est figée en goutte
graine d'inaudible
musiques danses peintures récits
résonance condensée du premier pouls
avant de s'incarner
de se déployer dans les bras de l'immensité
puissance de tout ce qui a été dit et pas dit
Le pouls du monde vibration qui
déborde de chaque point du corps
pour que tu puisses l'entendre
la pensée alors n'a plus de lieu où se tenir
Frisson amoureux à la naissance du monde
phonème au diapason de l'espace
joie intense originelle qui annule les discordances
et les murs se retirent loin
L’enthousiasme du tout fait l'un
tourbillon qui engloutit le temps
laisse les scories en surface
Et les montagnes redeviennent montagnes
et les rivières redeviennent rivières
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Nikos LYBERIS est né en Grèce, à Pyrgos d’Élide, en 1953. Il a publié cinq collections poétiques en grec, dans des éditions d'art (une par "Stigmi", en 2002 et quatre par "Diatton", 2002, 2006, 2012, 2014).
(Après des études de géologie à Athènes, il s’installe à Paris en 1975. Il a voyagé beaucoup en mer sous la mer et à terre surtout dans les déserts, notamment dans les régions polaires (Spitsberg et Nord Groenland), l’Égypte et l’Asie Centrale. Il pratique les arts martiaux, disciple de Maître Noro Masamichi.)
20:13 Publié dans Nikos Lyberis | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | |
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Olivier Salazar Ferrer - Les possessions transparentes, éd. de Corlevour, 2014
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UNE NOTE DE NATHALIE RIERA
…
Les possessions transparentes
Olivier Salazar Ferrer
Corlevour, 2014
Olivier Salazar Ferrer | © France-Culture
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en route vers une destination inconnue, sans aucune raison valable : telle semble être la volonté du professeur de philosophie dans le roman au titre énigmatique « Les possessions transparentes » d’Olivier Salazar-Ferrer. Que peut-il en être de la recherche du voyageur et de celle du poète, l’une et l’autre sont-elles de même souche, en tant que le voyageur comme le poète sont sensibles à notre diversité en réduction : combien les cultures sont fragiles face aux standardisations de la représentation de soi. (p.22) Que revient-il au voyageur, sinon dans le choix d’une ascèse d’entreprendre l’expérience de la « désappropriation » : bouleverser le régime de la propriété avec ses clôtures phénoménologiques et sociales (p.12) — d’être dans une « liberté de déliement » : Il s’agissait de délier, de rejeter les cordages sur le quai, de se départir (…) (p.13) — de se faire « Voyageur du Divers » dont l’action (en opposition à la théorie) est de « faire s’exalter sa propre existence par la différence et le divers ». Un roman de cette envergure ne peut se dérouler sans quelques évocations ou références à des écrivains, des philosophes et des poètes majeurs (David Thoreau, Victor Segalen, Bashô, Rainer-Maria Rilke, Blaise Cendrars, Gustave Roud, Léon Chestov…). Opposer le voyage à toute action d’appropriation, est-ce alors pour mieux croire « à la puissance magique de l’inaccompli » : n’avoir rien à réaliser, mettre en pratique la théorie de l’inaccompli comme réserve d’énergie, comme défaut ou appel d’être dans la substance même du monde (p.43). Pour le voyageur, réappropriation également de « l’innocence du verbe », ou encore de la jeunesse de la langue, en référence à Holderlïn.
Nathalie Riera, novembre 2014
© Les Carnets d’Eucharis
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« Le voyage était devenu objet de science, dépiauté, analysé, classifié, dévoré par les vampires analytiques (…) notre siècle n’était-il pas dévoré par la passion de l’appropriation, par sa décomposition de l’objet en relations exprimables, de façon à le reproduire, quitte à briser la puissance fougueuse qui l’animait ? Je percevais parfois la culture moderne comme une immense pieuvre collée au réel, habile à se saisir de la moindre proie vivante pour en sucer la vie. Le récit de voyage, cette ombre du réel que Segalen avait voulu subvertir dans son poème Equipée, n’était plus qu’une coquille vide sur le sable de notre culture.
Il y avait pourtant une façon de faire vivre une œuvre, de la charger de ses possibilités de sens, de l’illuminer de l’intérieur pour la faire advenir à sa fonction authentique qui est de créer de la vie. (…) Sans aucun doute, cette vieille Europe poudrée, héritière des monarchies, empêtrée dans ses richesses et dans une histoire millénaire qui lui collait aux fesses, devait se tourner vers les cultures des autres continents…»
............................... (p.34/35)
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« On avait rallumé les bougies. « Aimez-vous le Stabat Mater de Pergolèse ? » avais-je demandé au sommelier, tandis que les voix s’élevaient dans leur architecture transparente. Terrifié, sans répondre, la main tremblante, il avait servi le vin, un Vosne Romanée premier cru 1985. Je l’avais fais danser entre mes doigts. Robe rubis, carminée avec l’âge, vague secrète de sous-bois nocturnes avec des parfums mouillés de mousse, O quam tristis. Reflets de fruits rouges et noirs, imprégnés de la senteur de la violette. A la seconde approche : Vidit suum dulceum natum, timidité et audace mêlées, robe de feu, presque grenat, tirant sur le pourpre sombre. Corps ardents sur la neige. Inflammatus et accensus. Fruit mûr sur fond épicé, échos de cuir et de fourrures. Envol lourd d’oiseaux sauvages qui frôlent de leurs ailes les étangs embrumés. Aubes d’automne où résonne le pas méthodique des chevaux sur les feuilles mortes. Chœurs soutenant les voix singulières. Reprise paisible puis consentement à l’extinction. »
............................... (p.118)
Quatrième de couverture
Le narrateur est un professeur de philosophie qui se rend à un colloque consacré aux écrivains voyageurs. Il traverse en train un paysage de montagnes enneigées. Il est mythomane et s'invente des identités lors de ses conversations avec les passagers. Tandis qu'il accumule les notes pour sa conférence, les intempéries retardent son arrivée. Bloqué dans une ville de montagne, il est confronté aux pensionnaires de l'Hôtel des Glycines : les étudiants représentés par le jeune Frédéric Berlioz et l'anglais Graham Barker, enthousiaste et fantasque, le Docteur Arenberg, philosophe juif américain, le professeur Alexander, rationaliste ironique, la japonaise Mlle Kyoubou qui se singularise par un comportement sadomasochiste, le poète violoncelliste aveugle Umberto Baldi et sa charmante fille Clara dont la présence va bouleverser la paix apparente de l'hôtel, la serveuse du Café du Théâtre, prénommée Madame de Warrens à cause de sa ressemblance avec la protectrice de Rousseau. Le narrateur prend l'habitude d'errer la nuit dans la ville, découvrant le théâtre, le domaine des Charmettes envahi par la neige,
où flotte l'ombre de Rousseau... Le lecteur découvre peu à peu que les personnages sont en lutte, à des degrés divers, pour une quête du réel. Le narrateur est déchiré par un conflit entre possessions matérielles et aspirations spirituelles qui affrontent tous les jeux de l'illusion. Seul le poète aveugle Umberto Baldi invite les autres personnages à voir ce que l'on ne voit pas, mais il sera rapidement expulsé de l'Hôtel par les autres invités. Le voyage représente donc une série de dépossessions, mais aussi une reprise de la vérité à travers une série d'expériences spirituelles. Le narrateur, tombé amoureux de Clara au cours d'une promenade avec elle et son père, prendra la fuite la veille de sa conférence, hanté par la nature indicible de ce qu'il veut dire, pour se réfugier dans un hôtel désert, dans une petite ville de montagne encore plus isolée en altitude. Est-il sur les traces du vieux poète italien et de sa fille Clara ? C'est dans cet hôtel fantôme qu'il fait l'expérience d'un repas mystique qui va clore le récit, avec la vision d'une petite fille qui joue avec l'invisible.
Olivier Salazar-Ferrerest maître de conférences depuis 2007 en littérature française à l’Université de Glasgow en Ecosse. De formation à la fois philosophique et littéraire, ses publications portent sur les littératures du XIXe et XXe siècle, notamment sur la littérature d’avant-garde, avec plusieurs essais sur Benjamin Fondane (Benjamin Fondane, Oxus, 2004 et Benjamin Fondane et la révolte existentielle, De Corlevour, 2007), la littérature féminine, la littérature existentielle (Bespaloff, Chestov, Grenier, Jankélévitch) la phénoménologie (Pour une phénoménologie de la vie - Entretiens avec Michel Henry, De Corlevour, 2010), la littérature de voyage (Blaise Cendrars, J.M.G. Le Clézio, Nicolas Bouvier, Jacques Lacarrière), les croisements entre arts visuels, poésie, littérature et philosophie. Il est également l’auteur de poésie (Adieu à Terre rouge, In limine, 2001 ; Poèmes du silence et de la neige, In Limine, 2003 ; La Roulotte peinte, In Limine, 2006 ; La Haute Provence de l’esprit, In Limine, 2013), de récits (Un chant dans la nuit, De Corlevour, 2007) et d’adaptations théâtrales (Benjamin Fondane, L’Exode, Festival d’Avignon, 2008). Il a été nommé ambassadeur de la culture en 2012 par le City Council de la ville de Glasgow.
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SITES À CONSULTER
LES POSSESSIONS TRANSPARENTES
Editions de CORLEVOUR
| © Cliquer ICI
FURET DU NORD
Entretien d’Olivier Salazar-Ferrer avec Sylvie Aragnac (extraits)
| © Cliquer ICI
18:59 Publié dans Les éditions Corlevour, Nathalie Riera, NOTES DE LECTURES/RECENSIONS, Olivier Salazar-Ferrer | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | |
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02/11/2014
NATHALIE HANDAL - 8 poèmes de Gaza
NATHALIE HANDAL
8 Poèmes de Gaza
Confessions at Midrange / Confessions à mi-chemin
The Voices and Faces of Palestine - Summer 2014
Voix et visages de Palestine – été 2014
Nathalie Handal | © INTERNET
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Confessions at Midrange
My heart has telescopes
my eyes have invisible streets
my portrait is of a nation
with a hundred square feet of clouds—
maybe god is a country
my eyes can’t see.
Dans mon coeur des télescopes
dans mes yeux des rues invisibles
mon portrait est celui d’une nation
sous trente mètres carrés de nuages –
dieu est peut-être un pays
que mes yeux ne peuvent voir.
………………………………………………………………………
Confessions à mi-chemin
(Extrait 1)
Turka
They ask me who I am,
they ask me where I’m from—
how do I explain
from where Jesus is born
except I’m not allowed
to reach his church
Who am I if I can’t be
with my olive groves
who am I
if I can’t find Mohammed
in my prayers
can’t reach Jesus
I am from the Teqoa
and the Dead Sea
from Bethlehem
and Jerusalem—
Dar Handal,
we grow everywhere here,
Dar Talamas,
our ancestors were translators,
so I translate this for you—
I am who I’ve always been
and behind my prayers
are windows
with a city
of endless verbs.
Ils me demandent qui je suis
ils me demandent d’où je viens –
comment expliquer
d’où Jésus est né
sauf que je n’ai pas le droit
d’aller dans son église
Qui suis-je si je ne puis
demeurer près de mes oliviers
qui suis-je
si je ne puis retrouver Mohammed
dans mes prières
ne puis atteindre Jésus
Je viens du Teqoa
et de la Mer Morte
de Bethléem
et de Jérusalem -
Dar Handal
nous avons grandi partout ici
Dar Talamas,
nos ancêtres étaient des traducteurs
alors je vous traduis ceci -
je suis qui j’ai toujours été
et derrière mes prières
il y a des fenêtres
avec une ville
aux verbes infinis.
…………………………………………………………………………. Turka
(Extrait 2)
COUNTRY
The radio was stuck
between two stations
when you told me
you sold
the only thing that
mattered to you.
I said nothing.
We’d been together for years
and I had no idea what you sold
nor what was playing
along the long blue sky
we both insisted was ours.
La radio était bloquée
entre deux stations
quand tu m’as dit
que tu avais vendu
la seule chose qui
t’était chère.
Je n’ai rien dit.
Nous avons vécu des années ensemble
et je n’avais aucune idée de ce que tu avais vendu
ni de ce qui se jouait
au long du long ciel bleu
que nous persistions tous deux à dire nôtre.
…………………………………………………………………………. PAYS
(Extrait 3)
GAZA
Once in a tiny strip
dark holes swallowed hearts
and one child told another
withdraw your breath
whenever the night wind
is no longer a land of dreams
C’était dans une étroite bande
où des trous noirs engloutissaient les cœurs
un enfant dit à un autre enfant
retiens ton souffle
lorsque le vent nocturne
n’est plus dès lors une terre de rêves
…………………………………………………………………………. GAZA
(Extrait 4)
The Gazans
I died before I lived
I lived once in a grave
now I’m told it’s not big enough
to hold all of my deaths
Je suis mort avant de vivre
J’ai vécu une fois dans une tombe
maintenant on me dit qu’elle n’est pas
assez grande
pour contenir toutes mes morts
…………………………………………………………………………. LES GAZAOUIS
(Extrait 5)
Tiny Feet
A mother looks at another—
a sea of small bodies
burnt or decapitate
around them—
and asks,
How do we mourn this?
Une mère regarde une autre mère -
un océan de petits corps
brûlés ou décapités
tout autour d’elles –
et interroge,
Comment pleurer cela ?
…………………………………………………………………………Tout petits pieds
(Extrait 6)
Night Sky Orange
from The Gaza Box
I read your book of myths—
did you?
I checked the mirror for your face—
did you?
I checked the ruins and the even larger
ruins in your heart—
did you?
I memorized the shape of black smoke
and the orange sky in every tiny corpse—
did you?
I checked if loneliness was what the body
turns to when death is all it has—
did you?
Did you think of your wife the evening
you killed mine?
And unexpectedly,
an image of your son will cross
your mind,
you will question why
you’ve come after all,
you will breathe differently,
words will no longer be able
to map your crimes.
I checked for the damage in my flesh
—did you?
I found my way back to the scene
in the book
where you erase my name
as it keeps reappearing,
don’t you know,
such letters always revert back
to its original form
so look at me in the eyes
before we both perish.
Ciel Nocturne Orangé
extrait de The Gaza Box
J’ai lu ton livre sur les mythes -
et toi ?
J’ai testé le miroir pour ton visage -
et toi ?
J’ai passé les ruines en revue et celles, plus vastes, dans ton coeur -
et toi ?
j’ai gardé en mémoire la forme des fumées noires et le ciel orange dans les plus infimes cadavres –
et toi ?
j’ai vérifié si la solitude était ce que devient le corps quand la mort est son seul bien –
et toi ?
As-tu songé à ta femme le soir où tu tuas la mienne ?
Et de manière inopinée,
l’image de ton fils traversera
ton esprit,
tu te demanderas pourquoi
tu es venu en fin de compte,
tu respireras autrement,
les mots ne seront plus capables
de dresser la carte de tes crimes.
J’ai fait le compte des dégâts dans ma chair
- et toi ?
J’ai retrouvé la scène où
dans le livre
tu effaces mon nom
qui s’obstine à réapparaître,
sais-tu que ces lettres sont de celles qui retrouvent toujours leur forme originelle
alors regarde-moi dans les yeux
avant de périr l’un et l’autre.
…………………………………………………………………………
(Extrait 7)
Imaginary World with Twelve Birds
from The Gaza Box
There is moonlit
in my box
can you give it to me
There are hours
in my box
can you give them to me
There is a world
in my box
there are twelve birds
in my box
can I fly with them ummi
…………………
There is a picture
of my son
in his box
can I see it
before the men arrive
before the floor shakes
before they take my heart
tell them
our souls will leave our torn bodies
but we will never leave
we will multiple in their souls
Monde Imaginaire avec Douze Oiseaux
extrait de The Gaza Box
Il y a du clair de lune
dans ma boîte
peux-tu me le donner
Il y a des heures
dans ma boîte
peux-tu me les donner
Il y a un monde
dans ma boîte
il y a douze oiseaux
dans ma boîte
puis-je voler avec eux ummi
…………………
Il y a une photo
de mon fils
dans sa boîte
puis-je la voir
avant que les hommes n’arrivent
avant que le sol ne tremble
avant qu’ils ne prennent mon coeur
dis-leur
que nos âmes quitteront nos corps déchiquetés
mais que nous ne partirons jamais
nous nous multiplierons dans leurs âmes
…………………………………………………………………………
(Extrait 8)
All photos by Nathaie Handal
Taken throughout Palestine
Permission granted to reprint
▪▪▪
Toutes les photos par Nathaie Handal
Prises en Palestine
Permission accordée pour réimprimer
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Nathalie HANDAL Poète et dramaturge d’origine palestinienne, née à Bethléem. A grandi en France et en Amérique latine. Etudes aux États-Unis, en Grande-Bretagne et dans le monde arabe. Parmi ses livres les plus récents, Poète en Andalousie, Language for a New Century : Contemporary Poetry from the Middle-East, Asia & Beyond et Love and Strange Horses, (Médaille d’or Independent Publisher Book en 2011). Ses pièces les plus récentes ont été mises en scène à la John F. Kennedy Center for the Performing Arts, le Bush Theatre et Westminster Abbey, à Londres. Elle signe la chronique La ville et l’écrivain du magazine World without borders.
17:03 Publié dans Nathalie Handal | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | |
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24/10/2014
Nathalie Riera et Richard Skryzak présentent LES CARNETS D'EUCHARIS sur RADIO CAMPUS
11:40 Publié dans Les Carnets d'Eucharis, Nathalie Riera, Richard Skryzak | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | |
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23/10/2014
Nathalie Riera & Les Carnets d'Eucharis sur Radio Campus
Emission radiophonique enregistrée le 26 septembre 2014
AVEC RICHARD SKRYZAK & NATHALIE RIERA
CE JEUDI 23 OCTOBRE 2014
EMISSION ENTRECOUPEE DE POEMES LUS PAR NATHALIE RIERA
Richard et Nathalie nous offriront EGALEMENT une sélection musicale.
jeudi 23 octobre / 18H / 106.6FM
Site de Radio Campus | © ICI
15:39 Publié dans Les Carnets d'Eucharis, Nathalie Riera | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | |
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10/10/2014
Nathalie Riera & Brigitte Broc en lecture à la Librairie Le Carré des Mots (Toulon)
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Rencontre-Lectures
Autour de la poésie
Avec Brigitte Broc & Nathalie Riera
invitées par Rémy Durand & L’Association Gangotena (Toulon)
à la Librairie LE CARRÉ DES MOTS
**
…
Poésie
avec Nathalie Riera et Brigitte Broc
8 octobre 2014
Librairie Le Carré des Mots
4, place à l'huile
83000 TOULON
Devant la Librairie toulonnaise LE CARRE DES MOTS
Nathalie Riera (de dos, à gauche) Gilbert Renouf et Rémy Durand
Photographie © Claude Brunet
Photographie © Claude Brunet
Sur le seuil de la Librairie LE CARRE DES MOTS
Brigitte Broc
Photographie © Nathalie Riera
Rémy Durand (à gauche) & Gilbert Renouf
Photographie © Nathalie Riera
PHOTOGRAPHIES NUMERIQUES | © Claude Brunet & Nathalie Riera
:- :- :- :- :- :- :- :- :- :- :- :- :- :- :- :- :-
Nathalie Riera en lecture
Paysages d’été, éd. Lanskine, 2013
Variations d’herbes, éd. du Petut Pois, 2012
Feeling is first, Galerie Le Réalgar, 2011
…
et des extraits de Solaria & Sealandsky
(à paraître aux éd. du Petit Pois)
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18:28 Publié dans LECTURES PUBLIQUES, Nathalie Riera | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | |
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05/10/2014
Inger Christensen - alphabet
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Du côté de chez…
Inger Christensen
Alphabet
Ypsilon, 2014
édition bilingue danois-français
traduction de Janine & Karl Poulsen
YPSILON | © http://ypsilonediteur.com/fiche.php?id=122
11
l’amour existe, l’amour existe
ta main qui, blottie dans la mienne, s’oublie telle
un petit et la mort impossible à se souvenir
impossible à se souvenir comme une vie
inamissible, aussi légèrement comme par mouvement chimique
par-dessus crételles et bisets, tout,
se perd, disparaît, impossible à se souvenir que
des troupeaux d’hommes déracinés, de bêtes et de chiens
qui existent ça et là, disparaissent ;
les tomates, les olives, les femmes
brunes qui les récoltent, se flétrissent, disparaissent,
tandis que le sol poudroie de nausée, une poudre
de feuilles et de baies, et que les boutons du câprier
ne seront jamais récoltés, confits au sel
et mangés ; mais avant qu’ils ne disparaissent, avant que nous
ne disparaissions, un soir, attablés avec
un peu de pain, quelques poissons sans abcès et de l’eau
qui sagacement a été changée en eau, l’un des
mille sentiers de guerre historiques traverse tout
à coup la pièce, tu te lèves, les frontières,
les frontières existent, les rues, l’oubli
partout, mais ta cachette ne s’approche pas,
regarde, la lune est par trop éclairée et le Chariot de David
retourne aussi vide qu’il est venu ; les morts veulent
qu’on les porte, les malades veulent qu’on les porte, les pâles
soldats usés ressemblant à Narcisse veulent qu’on
les porte, tu te promènes si bizarrement éternel,
et seulement quand ils meurent tu t’arrêtes
dans un jardin de choux dont personne ne s’est occupé
depuis plusieurs siècles, trouves en écoutant une source
tarie quelque part en Carélie peut-être, et pendant
que tu songes à des mots comme chromosomes, chimères,
et à la croissance frustrée des fruits de la passion
tu enlèves d’un arbre un peu d’écorce et la manges.
............................... (p.38/39)
●●●
les défoliants existent
par exemple la dioxine
qui défeuille arbres et
buissons et détruit
hommes et animaux
en arrosant
récoltes, forêts
on obtient défeuillaison
et mort au milieu
de l’été le plus fructueux ;
ce changement du chagrin
ce lumineux matin
autrement merveilleusement heureux
l’herbe a disparu
et l’air a filé
son dais venimeux sans fils
par-dessus plages par-dessus forêts
par-dessus corps par-dessus biens
............................... (p.91)
le ciel est un antre
où les oiseaux fanés
pourrissent comme des fruits déchus
où les nuages étales
pulvérisent des cités
et les chassent, tourbillons gracieux,
comme sable à travers sable
comme eau à travers eau
même les visqueuses limaces
sont poreuses comme ces glaces
dont le reflet de l’homme s’est perdu
seule une tige d’ortie
contera défeuillée
comment en désespoir nous nous sommes crées
une terre sans fleurs
asexuée comme le chlore
regarde une pâle étoile matinale
étincelle comme un encéphale
qui est presque éteint et usé
trop diffus pour se rappeler
l’étreinte des êtres
dans un vol sans ailes
dans un pré parfumé
dans un chaud lit d’été
regarde la source claire
est tarie et petite
et remonte le rocher,
et les roses sans fond
se cachent dans des marais
du pollen inamissible mis de côté
dans l’éternité
la même écriture les y met au net
celle qui décrit la course des nuages
celle qu’Archéoptérix a gravée dans des pierres
en travers d’une pure et vertigineusement bleue
l’éternité
l’éternité
............................... (p.93)
●●●
Note de l’éditeur
Inger Christensen (1935-2009) publie Alfabet en 1981. Ce livre peut être considéré comme le centre et la clé de son œuvre, d’où (re)commencer à découvrir cette écriture d’une complexe simplicité. Par sa construction basée à la fois sur une structure mathématique, la suite de Fibonacci, et la structure la plus connue de la langue, l’alphabet, Inger Christensen définit son lieu d’invention et de représentation, inséparables, de la vie : le poème. Dans Alphabet, sa vision du monde et du langage prend corps dans le vortex qui entraîne irrésistiblement la formation des poèmes. L’existence de toute chose est une apparition à chaque fois qu’un dire singulier en saisit l’universalité.
Autres informations sur un site danois
The almost magically singing poem about fear and love, power and powerlessness had been in preparation since Lys (1962, Light) and Græs (1963, Grass) and was continued in prose novels (including Det malede værelse - 1976, The Painted Room - with a subject from Renaissance Mantua), essay writing and particularly the series of poems Alfabet (1981, Alphabet), which in accordance with the title combines the letter system with a mathematical sequence of numbers to form a development idea, likewise unfolded in a rich range of subjects.
In Sommerfugledalen (1991, The Butterfly Valley) she explored the sonnet cycle and created glowingly beautiful poems about death and hope under the title symbol of the book, which suggests a transformation idea.
With her prominent position, Inger Christensen has managed the traditions of modernism in moving poetry which has been translated into the principal languages. | © Cliquer ICI
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SITE À CONSULTER
INGER CHRISTENSEN
Sur le site : POETRY FOUNDATION
| ©Cliquer ICI
17:54 Publié dans DANEMARK, Inger Christensen, Ypsilon | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | |
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04/10/2014
Helga M. Novak - Chaque pierre orpheline (Ed. Hochroth, Paris)
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Du côté de chez…
HELGA M. NOVAK
Chaque pierre orpheline
Hochroth, Paris
anthologie bilingue
Traduction de l’allemand par Élisabeth Willenz
avec une illustration par Ladislaja de Layre
HOCHROTH | © http://www.paris.hochroth.eu/fr/3154/chaque-pierre-orpheline/
me dérober voilà tout ce que je veux
me dérober voilà tout ce que je veux
loin de l’armoise et de l’élyme
loin des pierres que jamais
personne ne changera en pain
loin des algues qui ne seront
plus mêlées à la farine du pain
loin des noeuds de marin des filets
me dérober aux mouettes
et à leurs yeux injectés de sang
crier je peux le faire toute seule
et hurler contre l’océan
le miroir de la mer je le recouvrirai
et les miroirs de la maison
ici des frégates tombent du mur
le souffle se glace par 30 degrés
ici les voiles se flétrissent dans les lits
et les coquillages pâlissent dans les chevelures
ici les pendules sonnent mais aucune ne marche
personne n’arrache plus de feuille au calendrier
me dérober voilà ce que je veux
telle une reine incendiaire
loin de son trône enflammé
...............................
●●●
tout s’est envolé
espérant te faire plaisir
je t’ai cueilli au bord de la Méditerranée
une fleur de pissenlit
grande comme une méduse
espérant te faire plaisir
je t’ai coupé en Asie
une églantine
rouge comme une langue de dragon
espérant te faire plaisir
je t’ai acheté en Amérique
un cœur-saignant de nylon
plus gracieux qu’un cœur tendre
ah tableaux décrochés métaphores
ce que j’ai à t’offrir
est un fagot de phrases de mots
de terminaisons fléchies et de syllabes
sur d’informes racines sans âge
l’as-tu compris est-ce pour cela
que tu as décampé déguerpi
fleur de pissenlit Méditerranée
Asie églantine mais rouge
le cœur tendre Amérique point là de quoi
rester à m’attendre
je fus par un bouquet de séneçon accueillie
...............................
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Note de l’éditeur
Helga M. Novak, poétesse islandaise d’expression allemande, est née en 1935 à Berlin. Enfant abandonnée, adoptée et élevée en R.D.A., elle connaît une vie de ruptures et d’exils (en Islande, en R.F.A.), avant l’isolement dans la forêt de Legbąd, en Pologne, où elle vivait depuis 1987. La dimension politique de ses premiers recueils lui vaut d’être déchue de sa nationalité est-allemande en 1966. Marquée par de multiples traumatismes, sa poésie puise aussi dans le spectacle d’une nature désolée, sombre scène d’une indomptable amertume.
Helga M. Novak nous a quittés le 24 décembre 2013.
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SITES À CONSULTER
HELGA M. NOVAK
Sur le site : HOCHROTH (Paris)
| © Cliquer ICI
19:50 Publié dans ALLEMAGNE/AUTRICHE, Helga M. Novak, Hochroth | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | |
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01/10/2014
Christophe Grossi - Ricordi - L'Atelier Contemporain, 2014
Christophe Grossi
Ricordi
Dessins de Daniel Schlier
Prière d’insérer d’Arno Bertina
(L’ATELIER CONTEMPORAIN,2014)
L’ATELIER CONTEMPORAIN
François-Marie Deyrolle
SITE - http://www.r-diffusion.org/index.php?ouvrage=LAC-14
© Christophe Grossi
Une note de Nathalie Riera
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■■■ Recueil de 480 « Mi ricordo », et cette question qui traverse ou sous-tend tout le livre : à qui appartient la mémoire ? Il n'est alors pas plus belle tentative que cette réponse sans prétention aucune : « je me demande si l’essentiel ne se passe pas plutôt dans notre corderie, là où nous tirons, tendons, nouons, relions fils et ficelles, où l’intime embrasse l’espace et le temps, où se mélangent héritage, filiation et transmission ; dans ce lieu du vertige qui a sa langue, son tracé et sa construction propres, où nous luttons contre la fascination et la peur du vide et où nous laissons derrière nous des pointillés de vie. » Il n’y a pas que ce que nous avons vécu qui peut faire œuvre de souvenir, ce qui peut devenir notre souvenir est aussi ce qui appartient à quelqu’un d’autre que soi, sans appartenance à notre part biographique ou à notre part d’expérience. Se souvenir, c’est-à-dire « Je se souvient », implique que nous devons toujours nous méfier des témoignages : « Nous nous souvenons, nous croyons nous souvenir, nous embellissons ou grisons la réalité, nous l’arrangeons sciemment ou non, en fonction de l’interlocuteur. » Ainsi que des jaillissements, il convient d’entendre « Mi ricordi » comme « Je se souvient d’autres histoires que la nôtre et de vies arrachées au vide. » Dans la genèse de ces « Ricordi » l’auteur raconte : « N’ayant pas vécu les années quarante, cinquante et soixante en Italie, n’ayant pas fait le chemin de mes aïeux, je ne me souviens pas de cette époque et ne peux prétendre me souvenir de ce que je n’ai pas vécu bien que je me souvienne de ce que j’ai lu, entendu, vu, écrit, retenu, de toutes ces années ».
Nathalie Riera, octobre 2014
© Les Carnets d’Eucharis
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215. Mi ricordo
qu’aujourd’hui, parce que j’étais absent, il ne me reste plus que cette pratique de faussaire : l’écriture.
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322. Mi ricordo
que le narrateur de sa propre histoire est souvent un faussaire qui s’ignore.
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375. Mi ricordo
ne veut pas dire « Je me souviens » mais « je suis un corps projeté dans une histoire de langue perdue » ou « éteins la lumière et raconte ».
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469. Mi ricordo
que j’ai commencé à écrire « Mi ricordo » non pas pour me souvenir mais parce que j’ai déjà tout oublié.
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480. Mi ricordo
que ces « ricordi » étaient dispersés, flous, retenus, perdus, avant de s’imposer en héritage.
SITES À CONSULTER
PUBLIE NET
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cHRISTOPHE GROSSI
Sur le site : DÉBOÎTEMENTS
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21/09/2014
Nathalie Riera et Les Carnets d'Eucharis au Chant de la Terre
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Rencontre-Lectures
Autour de la poésie et de la revue LES CARNETS D’EUCHARIS
Nathalie Riera est invitée par André Zaradzki & l’Association Les Amis du Chant de la Terre
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Le Chant de la Terre
avec Nathalie Riera
19 septembre 2014
Librairie Le Chant de la Terre
Pont Saint-esprit (LE GARD)
André Zaradzki (de dos, à gauche) Nathalie Riera (de dos, à droite)
Photographie © Claude Brunet
Photographie © Claude Brunet
Lecture de textes inédits, du recueil « Sol aria & Sealandsky » (à paraître aux éditions du Petit Pois)
PHOTOGRAPHIES NUMERIQUES | © Claude Brunet
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Présentation du projet des Carnets d’Eucharis, 2015
(Paul Auster et la poésie)
Les Carnets d’Eucharis (dans leur version numérique)
23:38 Publié dans Les Carnets d'Eucharis, LES CARNETS D'EUCHARIS (pdf & calaméo), Nathalie Riera | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | |
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15/09/2014
RENCONTRE-LECTURE avec Nathalie Riera (vendredi 19 septembre 2014)
Rencontre-Lecture
La Librairie Le Chant de la Terre
Avec Nathalie Riera
VENDREDI 19 SEPTEMBRE 2014 à 20h30
La Librairie Le Chant de la terre
André Zaradzki
16 rue Joliot Curie
30130 Pont-Saint-Esprit
tél. 04 66 50 27 44
Association les amis du Chant de la terre
Centre Pépin
70 avenue Gaston Doumergue
30130 Pont-Saint-Esprit
courriel :amisduchantdelaterre@free.fr
Nathalie Riera nous proposera quelques lectures de "Paysages d'été" (paru en 2013 chez Lanskine) ainsi que des textes inédits du prochain recueil prévu pour cet automne, aux éditions du Petit Pois : "SOLARIA & SEALANDSKY". Elle présentera également la très belle revue Les Carnets d'Eucharis qu'elle dirige, au cours d'un échange avec le public.
C'est un deuxième passage à la librairie puisqu'elle avait accompagné les éditions du Petit Pois qui étaient nos invités au dernier Printemps des Poètes.
Nous démarrons avec Nathalie Riera une nouvelle saison au Chant de la terre par un beau rendez-vous à ne pas manquer !
Libre participation au chapeau.
Nathalie Riera et Les Carnets d’Eucharis
Sur le site : Librairie Le Chant de la Terre
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Sur le site : Les Amis du Chant de la Terre
| © Cliquer ICI
Page Facebook : facebook.com/lesamisduchantdelaterre
│© Les Carnets d’Eucharis
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