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24/01/2014

Arno Schmidt, Scènes de la vie d'un faune

 

 

[Ceux qui commandent c’est toujours les pires, c’est-à-dire : les supérieurs, les chefs, les directeurs, les présidents, les généraux, les ministres, les chanceliers. Un type bien aurait honte d’être un supérieur !]

 

 

 

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Du côté de chez…

Arno Schmidt

 

 

 

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©INTERNET | Arno Schmidt, 1962 – Von Rolf Becks

                                                                 

 

« Scènes de la vie d’un faune »

Editions Tristram, 2011 – pour la traduction française

Traduction de l’allemand et notes par Nicole Taubes

Postface par Stéphane Zékian

 

  Extraits

 

 

 

 

 

Tout écrivain devrait saisir d’une main ferme l’ortie de la réalité ; et tout nous montrer : la racine noire et visqueuse ; la tige de serpent d’un vert vénéneux et la vaniteuse fleur (fendue). Et ces pompiers, ces inutiles mentaux, les critiques, seraient bien inspirés de cesser leurs incantations imprécatoires contre les poètes, et de nous produire un jour quelque chose de « profond » : alors là, le monde entier leur crierait bravo de grand cœur ! La poésie est pareille à toutes ces belles créatures qu’entoure un nombre d’eunuques proportionnel à leur beauté ; les vrais idiots sont ceux qui se réjouissent des taches noires du soleil ! (Critiques, à bon entendeur, salut.)

(p.36)

 

Des vautours de béton aux serres d’acier rougies au feu passaient avec  des cris malsonnants au-dessus de nous, par grandes bandes (jusqu’à ce qu’ayant trouvé leur proie en face, dans le lotissement, ils eussent fondu sur elle). Une cathédrale aux dentelures jaunes s’éleva poussant des hurlements dans la nuit aux franges violettes : c’est ainsi que l’énorme clocher sauta dans les airs ! Des gerbes de balles traçantes rouges comme l’amour se déployaient au-dessus de Bommelsen et nos visages étaient de deux couleurs : la moitié droite était verte, la gauche d’un brun ennuagé ; le sol, en dansant, se dérobait sous nous ; nous levions nos longues jambes en cadence ; un cordon lumineux traçait des loopings déments dans le ciel : à droite, bonbon vitreux, à gauche, le violet profond du vertige.

(p.148)

 

Les lambeaux noir soufré de la nuit volaient au vent ! (une arlequine passa vêtue seulement de cravates rouges !) : quatre hommes essayèrent de rattraper un serpent géant qui sauta sur le ballast de la voie ferrée en sifflant et écumant de l’avant ; ils se calèrent sur leurs talons et semblaient émettre des cris (les bouches seules juste distendues ; et les casques ridicules des courageux idiots). Des placards lumineux apparurent de toutes parts à grand bruit, passant si vite qu’on ne pouvait pas tous les lire (seul résultat, les couleurs vénéneuses nous collèrent les yeux qui n’arrivaient qu’à s’entrouvrir en fentes spasmodiques : « Viens donc ! Käthe ! » Des flammes putassières, lubriques, tout en rouge, visages pointus, maquillage de travers, s’aventuraient dangereusement jusqu’à nous, gonflaient vers nous leur ventre lisse, leur rire crépitait, elles se rapprochèrent encore dans une lumière scabreuse de bordel : « Viens donc ! Käthe ! »).

(p.152/153)

 

 

Les hêtres : nos porte-enseigne, les chênes : nos athlètes, les sapins : nos arbalétriers : telle est notre garde du corps, comme jadis dans la Sherwood Forest : « Such outlaws as he and his Kate » ; et de la sorte nous pénétrâmes plus avant dans la forêt : je connaissais l’habitus de chaque brin d’herbe ; tel bout d’écorce était-il toujours à la même place ? : ici un renard avait imprimé sa griffe dans le sol pour grimper, là-bas un être humain, à présent, deux êtres humains. Les genévriers agrippaient, la mousse sur la pointe des pieds et hachis de chapeaux de charnus champignons, la fourmi furieuse à l’attaque des talons Conti : sous la jambe du pantalon la piqûre des lancéoles d’éteules.

Légers, en maraude, on marchait en suivant ses membres, sur des petits disques de prairie sans un vent jusqu’au moment où je me retrouvai dans les bras souples et épineux d’un jeune pin aux larges hanches (les branches, jambes écartées, un bassin accueillant, ma main surprit des replis muqueux moussus ; et la poitrine cuirassées rebondie haletante : « Käthe – ? – » « Présente » (tout près, à ma manche).

(p.156)

 

Les cavatines du vent.

Je me trouvais partout dans la cage des ses grands doigts, sous le joug de ses longs bras, de la large écharpe de ses jambes. Lourd. (Elle pourrait dire quelque chose comme : je le portais comme une moitié d’armure ; son corps me cueillait partout du bec ; il trouvait partout des seins à picorer.)

(p.158)

 

 

Arno Schmidt  ..................................

 

 

Scènes de la vie d'un Faune--Arno Schmidt

 

Arno Schmidt

Né en 1914 à Hambourg, mort en 1979 à Bargfeld dans la lande de Lunebourg, Arno Schmidt est l’auteur d’une œuvre dont l’originalité transcende les catégories habituelles.

Homme aux passions multiples — de l’arpentage à l’astronomie en passant par la traduction d’Edgar Poe —, il puise aussi dans la culture la plus populaire et sa propre expérience pour construire des récits débordant d’humour burlesque et d’audaces techniques, dont Jean-Patrick Manchette louait « passées les quatre ou cinq premières minutes de surprise, la formidable limpidité ».

Par la précision de sa riposte à l’obscurantisme nazi, par l’impact poétique de la langue qu’il s’est forgée, par ses jeux de pensées incessants et inépuisables, Arno Schmidt a révolutionné la littérature allemande de la seconde moitié du XXe siècle. Il est aujourd’hui traduit dans une dizaine de pays. CLIQUER ICI

Mina Loy - Manifeste féministe & écrits modernistes" - Editions Nous, 2014

 

 

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MINA LOY

:- :- :- :- :- :- :

 

 

 

 FEMMES si vous souhaitez vous accomplir — vous êtes à la veille d’un soulèvement psychologique dévastateur — toutes vos illusions domestiques doivent être démasquées — les mensonges des siècles sont à congédier — Êtes-vous préparées à cet ARRACHEMENT —?

 

Cessez de placer votre confiance dans la législation économique, les croisades contre le vice & l’éducation égalitaire — vous glosez à côté de la REALITE. Des carrières libérales et commerciales s’ouvrent à vous — EST-CE LA TOUT CE QUE VOUS VOULEZ?

 

Mina Loy  ...........................

 

(Manifeste féministe & écrits modernistes)

 

 

 

Manifeste féministe &

écrits modernistes
MINA LOY

 

Editions NOUS, 2014

hors collection

 

 

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 TRADUCTION DE L’ANGLAIS ET PRÉFACE  |Olivier APERT

Site officiel | © http://www.editions-nous.com/main.html

 

 

 

 

 

 

 

 

FOR EVER AND NEVER

MINA LOY (1882-1966)

 

       Le 17 février 1917, le New York Evening Sun mène l’enquête : « Qui est-elle — cette femme moderne dont tout le monde parle ? Une telle créature existe-t-elle ? Où la trouver ? » : la réponse suit : « mina loy, peintre,  poète,  auteur dramatique », accompagnée de ce commentaire sans appel : « Mina Loy, si elle n’est pas la Femme Moderne, qui le serait ? »

       Voilà pour la surface publicitaire des choses — à New York, en 1917, c’est-à-dire au cœur de l’avant-garde qu’elle fréquente et fascine, ironiquement déjà ; de même qu’à Florence, quelques années plus tôt, elle frayait avec les Futuristes (Marinetti et Papini) sur un mode similaire ; de même qu’elle connaîtra le Tout-Paris artistique de 1923 à 1936 tout en éprouvant un certain sentiment de solitude, voire d’érémitisme : certes Arthur Cravan — l’amour improbable, impossible et sublime de sa vie — a disparu aux larges des côtes du Mexique — amour qu’elle ne renoncera jamais à rechercher (au questionnaire de Little Review, en 1929, lui demandant : « Quel a été le moment le plus heureux de votre vie ? Le plus malheureux ? » Lapidaire, elle n’hésita pas : « Chaque instant passé avec Arthur Cravan. Le reste du temps »). Mais peut-être davantage encore, la qualité implexe de son intelligence, la complexité de sa sensibilité — écartelée entre compassion profonde et lucidité satirique — concourent-elles à créer cette imperceptible paroi de cristal qui, d’une certaine façon, la rendait inabordable à nombre de ses contemporains. Et l’œuvre par-dessus tout : cérébrale-sensitive : le pressentiment et la pensée ; l’émotion et l’analyse ; la communion et le retrait ; la douleur et le sarcasme coexistent simultanément dans la traversée des multiples strates nous composant et que Mina Loy met à jour, comme l’exécuterait une dissection impitoyable, laquelle, épinglant la peau de nos attitudes, observerait les flux sanguin et nerveux nous émouvant, sans oublier de circonscrire la capacité de sublime du cerveau et du cœur métaphoriques. Il demeure assez incompréhensible, voire inadmissible, que cette œuvre persiste à être tant méconnue aujourd’hui — elle qui pourtant s’empare des mouvements avant-gardistes pour mieux les survoler et nous restituer une expérience d’être-au monde parfaitement neuve et originale. Sans doute Mina Loy elle-même contribua à ce silence en s’effaçant peu à peu de la vie publique à partir de 1936 (à New York) puis en s’installant à Aspen, Colorado, en 1953 — doutant toujours de la portée supérieure de son œuvre.

(Extrait PRÉFACE)

 

 

 

MINA LOY (1882-1966)

Poète, romancière, peintre, figure emblématique des avant-gardes littéraires et artistiques de son temps. Sa poésie, admirée par T.S. Eliot et Ezra Pound, a été traduite en français par Olivier Apert.

 

23/01/2014

Revue IntranQu’îllités, n° 2, mai 2013

 

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Revue IntranQu’îllités, n° 2, mai 2013

240 p. / 25 euros

 

La revue IntranQu’îllités vient d’une Haïti qui toutes voiles dehors s’échappe vers des rives inédites. Elle se veut d’abord une poétique et un art de vivre par temps de catastrophe. Ses initiateurs proposent régulièrement, là où le vent les amènent, des soirées intranQu’illes, où le slam, la musique, la poésie, la fiction affichent une union libre en toute décontraction. Découvrez ci-dessous les escales de la revue en 2013.
Peuplée de 150 contributions et répartie en 9 rubriques diversement synchronisées,  la revue IntranQu’îllités a placé la barre encore plus haut avec le 2ème numéro. “Nous avons pris”, écrit James Noël, “le contrôle de tous nos moulins à vent”. La figure de Borges et celle du Che hantent ce labyrinthe traversé par tous les vents du monde.  Les thèmes sont abordés prioritairement par le prisme d’une sensibilité frémissante, avec des créateurs d’horizons divers et d’expressions artistiques différentes. Cette union libre et multiple a accouché d’incroyables pépites. 


Ananda Devi, René Depestre, Adonis, Ramón Chao, Dany Laferrière, Mathieu Belezi, Ben Foutain, Vénus Khouri-Ghata, Gabriele Di Matteo, Hubert Haddad, Bernard Noël, Coskun, Fabian Charles, Souleymane Diamaka, Préfète Duffaut, Fanette Mellier, Rodney Saint-Eloi, Barbara Cardone, Pierre Soulages, Julien Delmaire, Mathieu Bourgois, Marvin Victor, Pascale Monnin, Michel Vezina, Arthur H, Thélyson Orélien et cent autres voleurs de feu, ont réussi le pari d’une grande fête des imaginaires.
 

 

 


Contact
passagersdesvents@gmail.com
Site
passagersdesvents.wordpress.com

20/01/2014

The Black Herald N°4

 

REVUE

 

 

 

 

 

 The Black Herald

Issue #4 - 2013

Literary magazine – Revue de littérature

Poetry, short fiction, prose, essays, translations.

Poésie, fiction courte, prose, essais, traductions.

 

 

The Black Herald

is edited by Paul Stubbs and Blandine Longre

Comité de rédaction : Paul Stubbs et Blandine Longre

 

 

Black Herald Press

http://blackheraldpress.wordpress.com/

Blog

http://blackheraldpress.tumblr.com

To follow us on Facebook / nous suivre sur Facebook

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& Twitter

http://twitter.com/Blackheraldpres

 

 

 

 Anthony Seidman

Source photo : http://bagatelapress.com/anthony-seidman

 

 

Extrait

NOISE | BRUIT

 

                        C’est

 

le muezzine entonne, la trompette

commence sa fanfare, le West-End Blues d’Armstrong,

à présent la hanche de Coltrane vibre du lait de l’induction, les os font frémir

les particules isolées d’hélium et de poussière dans l’immensité des espaces interstellaires ;

jappement du coyote, buisson de sauge bruissant dans le vent, miaulements de chats en chaleur comme des belles dans d’étouffantes cabanes marinant dans l’urine et l’huile de moteur ; puis vient la liturgie de la brebis égorgée, le

frémissement du crotale enroulé, langue bifide humant la fournaise, les aboiements nocturnes du chien enchaîné tandis que le froid fait miroiter l’air, & les galaxies

explosent en lacis d’hydrogène                     -                      se répandent

            des nuages cosmiques qui ont la forme de crème versée dans l’eau

une météore tombe en pluie avec un            plic      plic      plic      plic

 

                                   dans l’atmosphère…

et un criquet se frotte les ailes,

            nimbé  de sa singulière musique

 

-------------------------    (p.125)

 

 

 

 

 Georgina Tacou

 

 

Extrait

LADY COLOR

 

 Je te vois, ma bête. Phacochère, satan de perle, faïence rouillée, boréal charbon. Je te vois, sale chien de mon âme. Regarde au-dehors, une forêt d’arbustes mièvres, de la même prétentieuse espèce, se prenant pour des séquoias. N’est pas sempervirens qui veut. Nul besoin de hache, ils n’ont pas de racines, vois comme ils ploient. Ici, dans ma pépinière, nous planterons des tubercules, grenades bondées de couleurs qui nous sauteront au visage. Mais retire ta chemise, je veux laper la vodka au creux de ta clavicule.

 

 

I can see you, my beast. Wart hog, pearly satan, rusty china, coaly boreal. I can see you, filthy dog of my soul. Look outside, a forest of vapid shrubs, of the same pretentious species, taking themselves for sequoias. Not everyone has got what it takes to be a sempervirens. No need for an axe, they have no roots, look at the way they bend. Here in my nursery, we will plant tubers, grenades chockfull of colors that will explode in our faces. But do take your shirt off, I want to lap up some vodka from the hollow of your shoulder blade.

 

-------------------------    (p.62/63)

 

 

 

 

 

Revue The Black Herald, n°4, 2013

 

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18/01/2014

Pier Paolo Pasolini

 


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« Pasolini représente une mémoire, la mémoire d’un pays déchiré entre tradition et développement économique, entre un passé paysan et ouvrier et un présent post capitaliste dans lequel progrès et développement ne sont pas forcément des synonymes. Cette mémoire, vive, s’est exprimée et s’exprime à travers les nombreuses commémorations et célébrations organisées depuis novembre 1975 à l’intérieur et à l’extérieur de la Péninsule.

 

Mais Pasolini représente également un héritage pour nombre d’artistes du passé récent, du présent et sûrement du futur, qui ont su et voulu puiser dans une œuvre immense, complexe, toujours à la frontière entre la réalité et le rêve, l’histoire et l’utopie, tout un répertoire d’images, de raisonnements et de valeurs universelles que notre poète-cinéaste nous a laissé dans son corpus. Il s’agit de cinéastes, d’intellectuels, de poètes, d’écrivains, de chorégraphes, d’artistes qui, sans constituer d’école et des quatre coins du monde, se sont retrouvés à créer en partant du sens esthétique et de la sensibilité de quelqu’un qui, par ailleurs, n’a jamais voulu être un maître ou un père, mais plutôt un « frère aîné ». Pasolini donc comme un « maître sans école », comme un point de départ pour faire évoluer – au-delà de tout type de frontière – l’acte de création, pour essayer de lire « différemment » notre temps, notre réalité sans préjugés et surtout sans la prétention de vouloir prononcer une Vérité définitive et ultime. »

 

Extrait de : « Pasolini : les héritages d’un maître sans école »

Flaviano Pisanelli – conférence du 28 mai 2013 au cipM

 


 

 

Cahier du Refuge
Pier Paolo Pasolini

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cipM, juin 2013

 

 


cipM

Sur le site : Le Cahier du Refuge

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16/01/2014

Ritratti di Poesia - ROMA - (8ème édition)

Programme

RITRATTI DI POESIA

8ème édition

ROMA

 


,

 

 

...

 

12 février 2014

 

 

9.30 10.30 Caro poeta

Maria Grazia Calandrone, Valerio Magrelli, Elio Pecora e Lidia

Riviello incontrano gli studenti.

10.45 11.00 Ritratti di Poesia.140

Giuria: Maria Grazia Calandrone, Ennio Cavalli, Laura Pugno.

Consegna dei premi e letture

11.00 11.30 Saluto del Presidente della Fondazione Roma

Prof. Avv. Emmanuele F.M. Emanuele

Premio Fondazione Roma Ritratti di Poesia

Giampiero Neri

Consegna del premio

Letture di Ugo Pagliai

11.30 – 11.45 Incontro con la poesia di Monsignor Antonio Staglianò

Installazione e lettura di Tiziana Cera Rosco

11.50 – 12.00 Arturo, libraio a colori

Le recensioni a fumetti di Marco Petrella

12.00 – 12.20 Idee di carta

Incontro con le case editrici : bucefalo, Samuele Editore

12.20 – 12.40 Di penna in penna (prima parte)

Annamaria Armenante, Mario Guadalupi

12.40 – 13.10 Idee di carta (seconda parte)

Incontro con le riviste di poesia : Testo a Fronte

Viva (una rivista in carne e ossa)

13.10 13.45 Di penna in penna (seconda parte)

Elena Buia Rutt

Evelina De Signoribus

Omar Ghiani

Daniele Santoro

13.45 – 14.15 Pausa

14.15 – 14.45 Confluenze

Anna Belozorovitch (Russia)

Barbara Serdakowski (Polonia)

Marcia Teophilo (Brasile)

14.45 – 15.15 Di penna in penna (terza parte)

Pierluigi Cappello (in collegamento)

Gian Mario Villalta

15.15– 16.15 Poesia sconfinata (prima parte)

Nguyen Chi – Trung (Vietnam)

Santiago Elordi (Cile)

Nathalie Riera (Francia)

16.15 – 16.30 I “metroromantici”

I poeti der Trullo

16.30 – 17.00 Di penna in penna (quarta parte)

Mia Lecomte

Plinio Perilli

Zingonia Zingone

17.00 – 17.15 Incontro con Lello Voce

17.15 – 17.50 Sous le ciel de Paris

Vita di Edith Piaf. La voce, i versi, le parole di e con Marina Benedetto

17.50 – 18.20 Di penna in penna (quinta parte)

Laura Pugno

Bianca Tarozzi

Installazione e lettura di Tiziana Cera Rosco

18.30 – 19.10 Poesia sconfinata (seconda parte)

Mohammed El Amraoui (Marocco)

Yang Lian (Cina)

19.10 – 19.40 Di penna in penna (sesta parte)

Mario Benedetti

Biancamaria Frabotta

19.40 – 20.20 Premio Internazionale Fondazione Roma –

Ritratti di Poesia

Adam Zagajewski

Consegna del premio e letture. Con la partecipazione di Ugo Pagliai

Chiusura della manifestazione

L'ingresso è libero fino a esaurimento posti

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RITRATTI DI POESIA

Tempio di Adriano

Piazza di Pietra

ROME

http://www.fondazioneroma.it/it/attivita/poesia.html

 

15/01/2014

Play Art - Niki de Saint-Phalle & jean Tinguely

14/01/2014

Annemarie Schwarzenbach - Une Suisse rebelle

13/01/2014

Luis Gonzales Palma

 

 

Escena 3.

112.5x38 cm.

 

 

 

 

 

 

 

Escena 5.
132x41 cm.

 

 

 

LE SITE

 

 

 

 

 

 

Family Album (Chica, rio),2010
Gold leaf, red paper, kodalith
Image/Mount: 9 3/4 x 11 1/2"

 

 

Family Album (Julian, Sebastian), 2010
Gold leaf, red paper, kodalith
Image/Mount: 9 3/4 x 9 1/2"

 

 

 

Jean-Marc Alesi - Galerie du Tableau (Marseille)

 

Exposition

JEAN-MARC ALESI

GALERIE DU TABLEAU

 

 

...

 

Exposition du 13 au 25 janvier 2014

Vernissage lundi 13 à partir de 18h 30

 

 

"...Mû par le souffle, le coeur est à même d'épouser l'élan du pinceau et de saisir l'image des choses sans hésitation. La résonance, on l'obtient si l'on parvient à établir des formes parfaites sans laisser de traces laborieuses ni tomber dans la vulgarité."

Ching Hao. Xème siècle.

 

Les effets de la peinture chinoise nous entraînent parfois à replacer les continents. Je songe en effet a Edgar Degas à qui un admirateur disait : "Maître, cette peinture est prodigieuse on pourrait compter tous les cheveux!" répondant: "vous pouvez le faire, il y en a trois." C'est vraiment la volonté de sentir un dessin avant même de le penser, le reste n'est pas de l'adresse mais d'infinis exercices amenant la main, toute seule, à rendre le geste artistique. Les animaux, surpris par le dessin, semblent en attente d'un futur mouvement tant le sumi-e, utilisé par Jean-Marc Alesi, a su conserver les valeurs maîtrisées de cet art à la fois minimal et complet.

Bernard Plasse

 

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GALERIE DU TABLEAU

37, rue Sylvabelle

Tél. : 04 91 57 05 34

13006 MARSEILLE


http://www.galeriedutableau.org

 

10/01/2014

Les Carnets d'Eucharis N°40 - Hiver 2014

 

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Poésie | Littérature Photographie| Arts plastiques 

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en ligne 

 

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Les carnets d’eucharis n°40

HIVER 2014

 

 [« NATHALIE RIERA »] © Patrick Pesenti, 2012

| In the orchard picking apples

Nel frutteto cogliendo delle mele

 

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09/01/2014

Edith Azam, Décembre m'a cigüe (une lecture de Tristan Hordé)

 

 

 

UNE LECTURE DE TRISTAN HORDÉ

 

 

Edith Azam

 

   

 

 

 

« Décembre m'a ciguë »

 P.O.L, 2013

 

Cliquer ICI

 

 

 

 

 

                              le corps n'est pas facile : à être

                                                                         (Décembre m'a ciguë, p. 150)

 

 

« (...) téléphone. Surtout qu'il ne sonne pas. Veux pas que ça t'arrive, veux pas que tu me quittes. » S'il sonne, ce ne peut être que pour annoncer la disparition de la grand-mère de la narratrice. Décembre m'a ciguë, où "ciguë" connote sans équivoque la mort, est un long soliloque tenu dans l'attente de ce qui viendra clore le récit : une sonnerie, « et ton nom qui s'écrit... / mais ce n'était pas toi, / non, / ce n'était pas : / ta Voix ». Quoi, avant l'inéluctable ? La narratrice, dans son enfermement, tente de rassembler ce qui fut heureux dans le passé avec Mamie, moments que seule l'écriture pourra fixer, figer pour les « vivre à nouveau ». Elle cherche un refuge dans l'oubli du présent, et à « fuir ce que l'avenir a... d'insupportable », en retrouvant les images de la continuité, de l'innocence, celles de l'enfance, « du début de la lumière ». Elle se remémore toutes les petites actions accomplies, tous ces petits gestes qui emplissent la vie (« la cueillette, les myrtilles, les longues marches, la météo... le ciel qui change de couleur [...] », et elle se souvient des mots de sa grand-mère, comme : « À mon avis tu te compliques la vie pour rien. » Cependant, elle ne peut penser vivre seule les jours à venir, dépourvue devant les problèmes les plus simples de la vie quotidienne : au fur et à mesure que les jours passent, la narratrice perd de plus en plus contact avec la réalité, ses repères disparaissent — « l'avenir me fait froid, l'avenir me fait peur ». Quoi que l'on fasse pour échapper aux choses du monde, « c'est le vide, toujours, toujours : toujours le vide recommencé [... sans pouvoir] sauver un bout d'imaginaire. »

Dans ce long monologue sont introduits, énigmatiques, de très courts extraits (qui ouvrent parfois un chapitre) d'une légende, en partie variante de l'histoire de Tristan et Iseut. Le chevalier breton Bran a vaincu des troupes anglaises mais, blessé et fait prisonnier, il est emmené en Angleterre ; sa mère, prévenue, vient payer la rançon et le délivrer, malheureusement un valet le trompe et lui annonce que la voile du bateau qui approche des côtes est noire : persuadé d'être abandonné, le chevalier meurt. Les fragments, réunis, forment le dernier chapitre — comme si la mort donnait son sens à l'histoire maintenant d'un seul tenant, de même que la mort de la grand-mère interrompt le monologue.

Décembre m'a ciguë est plus qu'un étrange récit autour de la difficulté de vivre : on y lit aussi parallèlement une méditation continue sur la difficulté d'écrire, et elle ne concerne pas seulement la mort proche, attendue, refusée : « Écrire ne signifie rien, rien d'autre que le manque ». On reconnaît là un des motifs de la poésie d'Édith Azam et l'on retrouve dans sa prose le souci de faire entendre ce qui presque toujours est tu, « ce gouffre où sont nés les langages, parce que s'y parlent encore l'Oubli et la Mémoire. » Comme dans la poésie, elle dérange l'ordre de la phrase, obligeant le lecteur à construire autrement le sens ; parmi tous les moyens en œuvre (phrases interrompues, désarticulation de l'ordre sacré sujet-verbe-complément, jeu minuscule/majuscule, etc.), je retiens l'usage qui lui est propre des deux points (:) ; ainsi, « la nuit, je rêve au-delà : de toute expression », « Je craque : une allumette, recommence jusqu'à finir : la boîte. », etc.

 

Tristan Hordé, janvier 2014

© Les Carnets d’Eucharis

Stanislas Rodanski

 

 

Je suis parfois cet homme

 

 


Sur le site :Association Stanislas Rodanski

| © Cliquer ICI

 

 

 

Que je sois – la balle d’or lancée dans le Soleil levant.
Que je sois – le pendule qui revient au point mort chercher la verticale nocturne du verbe.
Que je sois – l’un et l’autre plateau de la balance, Ie fléau. La période comprise entre les deux extrêmes de la saccade universelle qui est le battement de cœur suivant celui dont on peut douter au possible et tout attendre de son anxieux « rien ne va plus ».
Je lance au possible ce défi : Que je sois la balle au bond d’un instant de liberté.
Je lance ce cri – que je sois la balle de son silence.
Mon départ s’appelle toujours, tous les jours et tous les instants du grand jour. Mon retour à jamais, éternelle verticale nocturne, point mort, égal à lui-même, que l’autre franchit – toujours.
Qui suis-je?
Toujours le même revenant, ce qui revient à dire encore un autre. 

 

Stanislas Rodanski Des proies aux chimères

 

 


Édition établie et présentée par François-René Simon

Collection Blanche, Gallimard, 2013

Sur le site :Editions Gallimard – Collection « Blanche »

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Quatrième de couverture


Repéré par Julien Gracq et André Breton, Stanislas Rodanski (1927-1981) fait partie des marges du surréalisme, de ces figures extrêmes qui en posent naturellement les jalons. Ce recueil est constitué de poèmes écrits entre 1946 et 1952, presque tous inédits, qui offrent la découverte du poète après celle du Rodanski écrivain «surréaliste». Ici, il arpente en veilleur un territoire froid et nocturne. Dans son paysage intérieur sont dressées des phrases-lanternes auprès desquelles il revient pour relancer son discours et réchauffer sa flamme. Rodanski suit les mots tout en disant «je suis les mots», utilise les paradoxes et les antithèses pour forcer le langage, pour trouver la voie de l’être et le «cours de la liberté». Chez lui la folie est devenue une «vertu morale» et Rodanski se réclame du «fanal de Maldoror» tout en marchant dans les pas de Nerval. Son univers poétique s'étend du romantisme allemand de Novalis et de Hölderlin au panthéon surréaliste avec lequel il dialogue (allusions à Breton, Sade, Vaché, Jarry, ou Rimbaud) dans un style unique, cristallin, où pointe un humour noir et désespéré.

 

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AUTRES SITES À CONSULTER

 

 

Sur le site :Librairie-Galerie Le Monte en l’Air

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Sur le site :Poezibao [Anthologie permanente]

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Sur le site :MEDIAPART

 [L’impossible réel du poète Rodanski

Par Patrice Beray

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05/01/2014

Arlt & Thomas Bonvalet

04/01/2014

Enrique Vila-Matas, Dublinesca

 

 

 

 

UNE LECTURE DE NATHALIE RIERA

 

 

Enrique Vila-Matas

 

   

 

 

 

« Dublinesca »

 

Christian Bourgois Editeur, 2010

(Traduit de l’espagnol par André Gabastou)

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L’écriture et le voyage, confie Nicolas Bouvier, sont des entraînements à notre propre disparition. Dans « Dublinesca », le dernier roman de l’écrivain Barcelonnais Enrique Vila-Matas, nous assistons à la disparition non pas d’un écrivain mais d’un éditeur qui se promet une étrange odyssée, à dessein de retrouver l’enthousiasme originel. Pour Samuel Riba, figure centrale du roman, rédiger « une théorie générale du roman » ou entreprendre « un léger saut anglais » ne sont-ils pas d’étranges voyages, qui n’auraient pour autre but que : « ce qu’il ya de mieux au monde, c’est de voyager et de perdre des théories, de les perdre toutes » (17)

Ancien éditeur revenu de tout, qu’une crise aigue finit par étreindre, accusant tristesse de n’avoir entre autres pas « découvert un auteur inconnu qui aurait fini par se révéler un écrivain génial » (18), « quelle poisse que d’avoir à aller à la chasse de ces écrivains et de ne jamais tomber sur un vrai génie ! » (106), ce qui lui a d’ailleurs valu de renoncer « à sa jeunesse pour constituer honnêtement un catalogue imparfait » (72). Imparfaite également sa vie qui n’a lieu que « dans la plus pure orthodoxie du voyage circulaire », ainsi que dans l’isolement d’un hikikomori (terme japonais pour signifier un accroc à Internet). Et puis, quelle déveine que de vivre cet étrange passage entre deux époques – celles de l’ère Gutenberg et de la révolution numérique – mutation qui participe à cette circularité désœuvrante.

Mais bien que l’heure du bilan se passe sans enthousiasme ni quelconque réjouissance, Samuel Riba n’est pas sans être dépourvu d’affection pour ce qui incarne « une vie simple, en contact permanent avec la rassurante banalité du quotidien » (73). En effet, ne faut-il pas entendre de sa propre voix cette fascination pour « le charme de la vie ordinaire ». Se laisser ainsi porter par le rythme de l’accoutumé, qui peut se transformer en exceptionnel. Riba se refuse de vivre dans un roman. Comme dans les peintures de Vilhelm Hammeshoi : « pas de place pour la fiction, le romanesque » (165). N’est-ce pas au cœur de la vie ordinaire et des saturations qu’elle engendre qu’il nous est au mieux donné « de franchir le pas, de traverser le pont » qui « mènera vers d’autres voix, d’autres atmosphères ».

Samuel Riba n’a pas quitté son métier d’éditeur, il l’a plutôt fui, ou alors a-t-il mis simplement un terme à ses pâlottes aventures dans la géographie de la littérature ; la littérature qui n’est pas épiphanie, pas plus qu’elle n’est ce « centre du monde » avec cette « fabuleuse sensation d’être ailleurs ». La littérature est coupable d’avoir fait disparaître le lecteur talentueux : « si l’on exige d’un éditeur de littérature ou d’un écrivain qu’ils aient du talent, on doit aussi en exiger du lecteur » (74).

Faire un léger saut anglais, tomber de l’autre côté, « entonner un requiem pour la galaxie Gutenberg », nous dit Riba, enterrement « en l’honneur du monde détruit de l’édition littéraire, mais aussi de celui des vrais écrivains et des lecteurs talentueux », tout cela comme un moyen d’enterrer tout ce qui a participé au refus d’un grand destin.

Pour Riba qui semble avoir mené une vie de catalogue :

Traverser le pont c’est sortir d’un monde et entrer dans un autre monde, s’y sentir le maître du monde.  Lorsque l’éditeur se souvient de sa traversée à pied de Manhattan à Brooklyn aux côtés de son jeune auteur Nietzky : « marcher vers Brooklyn signifiait pour lui repartir en quête des anciennes forces occultes » (115)

Tomber de l’autre côté, serait-ce pour retrouver la personne qu’il aurait réellement pu être avant même qu’il ne commence sa vie d’éditeur ; retrouver ce Je unique, original, « la première personne qui était en lui et a si vite disparu » (219)

Le désir d’un saut anglais vient faire réplique au saut français de l’écrivain américain Saul Bellow, ou encore au saut italien du poète florentin Guido Cavalcanti : « le saut agile et inattendu (…) qui se hisse au-dessus de la pesanteur du monde, montrant que sa gravité contient le secret de la légèreté » (133)

Mais pourquoi également ce grand saut de Riba dans l’Ulysse de Joyce ? Outre qu’il est bon connaisseur de l’œuvre du poète et romancier irlandais, « la plus grande trouvaille de Joyce dans Ulysse est d’avoir compris que la vie est faite de choses triviales. La glorieuse astuce mise en pratique par Joyce fut de prendre ce qui se passe au ras des pâquerettes pour en faire un soubassement héroïque aux accents homériques » (159)

Requiem pour un monde où la splendeur est encore récupérable, où Riba peut enfin se sentir libéré « de la chaîne criminelle de l’édition de fictions » (197), où tomber de l’autre côté c’est se trouver enfin dans une géographie du monde où pouvoir se réinventer, n’être plus qu’ « une allégorie, un témoin de son temps, le notaire d’un changement d’époque » (217)


Alors « … que l’enterrement soit une œuvre d’art » !

  

Nathalie Riera, décembre 2010

Revue « Europe », N° 984, avril 2011

© Les Carnets d’Eucharis

 

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SITE À CONSULTER

 

dublinesca

Sur le site : Enrique Vila-Matas

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Quatrième de couverture Samuel Riba est l'éditeur talentueux d'un catalogue exigeant. Néanmoins, incapable de faire face à l'émergence des nouveaux médias et de concurrencer la vogue du roman gothique, il vient de faire faillite. Il sombre alors dans la déprime et le désœuvrement. Pour y remédier, il entreprend un voyage à Dublin. L'accompagnent quelques amis écrivains avec qui il entend créer une sorte de confrérie littéraire. Cette visite de la capitale irlandaise se double d'un voyage dans l'œuvre de Joyce.

En explorant toutes les facettes de ce personnage complexe, qui est en partie son alter ego de lui-même, Enrique Vila-Matas interroge la notion d'identité, de sujet, et décrit le cheminement parcours qui a mené la littérature contemporaine d'une épiphanie (Joyce) vers l'aphasie (Beckett).

 

 

30/12/2013

Meilleurs Voeux

Les Carnets d'eucharis N°40_HIVER 2014_couv 1ère.jpg

Nathalie Riera | In the orchard picking apples

 Nel frutteto cogliendo delle mele

© Photo : Patrick Pesenti

 

 

Bonne Année

2014

 

L'Ollave Editions - Vient de paraître...

 

 

L'Ollave

Domaine croate/Poésie.

Jean de Breyne Martina Kramer Vanda Mikšić

 

 


CONTACT


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28/12/2013

Patrice Beray, Pour chorus seul, Les Hauts-Fonds, 2013 & Claude Tarnaud, L'Aventure de La Marie-jeanne...

 

 

 

UNE LECTURE DE NATHALIE RIERA

 

Patrice Beray

 

    

 

© Couverture « POUR CHORUS SEUL »

Michel Thamin | Gisement 03 (installation)

 

 

« Pour chorus seul »

À Jean-Pierre Duprey et Claude Tarnaud

Essai poétique

Les Hauts-Fonds, 2013

http://www.leshauts-fonds.fr/

 

 

 

 

 

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 « … VERS LA HAUTE MER DU LANGAGE »[1]

par Nathalie Riera

 

« La poésie, parfois semblable à la marée, se retire des objets ou des images qu’elle n’a pas réussi à évider par son vertige, ou qu’elle n’est pas parvenue à hanter, pour y revenir comme dans ces coquillages où l’on n’en finit plus d’entendre battre le cœur du temps.»

 

Annie Le Brun, Qui Vive*, p.97

 

 

 

Avec « Pour chorus seul », Patrice Beray a choisi la forme de l’« essai poétique », dans un magnanime hommage adressé à Jean-Pierre Duprey et à Claude Tarnaud. Ce chaleureux essai peut-il être vu ou considéré sous l’angle d’une éthique de l’admiration, avec les poètes Duprey et Tarnaud réunis dans ce même ouvrage, c’est nous rendre à la poésie : ce courant que rien n’arrête, [2] ou, mieux encore, « cette sauvagerie critique capable de s’emparer d’un rien pour remettre tout en cause. » [3]

Jean-Pierre Duprey, sculpteur et poète de l’immédiat après-guerre, et de la deuxième génération surréaliste, – il rejoint le mouvement en 1949 – demeure parmi les grands ignorés de la critique, outre l’attention constante de Jean-Christophe Bailly [4] à cette œuvre intempestive, et « l’œil de Bernard Noël (et pas nécessairement l’oreille…) pour saisir ce qui, enfoui dans cet univers poétique, allait faire sens pour la pratique même du poème dans des sociétés sacrifiant progressivement à partir de Mai 68 aux vecteurs de la communication, exacerbant les dualités. » [5]

S’il y avait chez Duprey un sens de l’apostasie – à prendre dans son sens figuratif –, quitter le sens commun se traduira par son suicide dans son atelier, le 2 octobre 1959, à l’âge de 29 ans. « Puisse durer longtemps le phare du vaisseau/Qui nous porte sur terre ».

 

 

Si « l’immédiat après-guerre est synonyme de guerre faite à la poésie »,[6] la poésie véritable s’oppose à toutes formes d’anesthésies (esthétique, politique…). Eclipsé des cercles surréalistes, désolidarisé de la revue « La Révolution La Nuit » (fondée en 1945, avec Yves Bonnefoy et Iaroslav Serpan), à partir de 1948 Claude Tarnaud se lance dans le saisissant projet de « L’Aventure de la Marie-Jeanne ou le Journal indien » : un récit multi-composé « dont l’unique source est la poésie en ce qu’elle suppose d’adresse « mentale » à autrui » [7] (…) « retranscription « méta-romanesque » prenant sa source dans l’imagination, mais qui, suivant les lignes de vie des différents locuteurs, n’est à aucun moment « romancée » ou « fictive », et qui pour autant reste une aventure de l’esprit, même incarnée. » [8]

Cinq périodes – de 1948 à 1959 – constituent la trame de La Marie-Jeanne, entre autre dédiée à Stanislas Rodanski, et présentée sous la forme classique du journal. Claude Tarnaud n’a alors que vingt-six ans, et connaît un parcours physique et artistique sous l’heureux signe de l’aventure, avec ses aspérités, ses périls, ses hasards. L’année 1952 sera particulièrement marquée par son départ pour Mogadiscio, en Somalie italienne, et l’année 1956, par sa rencontre capitale avec le poète Ghérasim Luca, à Paris, celui qui dans « La Proie s’ombre » écrit : « Etre hors la loi/voilà la question/et l’unique voie de la quête. ».

Des lettres, des notes composent Le Journal indien, dont certaines ravivent nos sens, comme cette note du jeudi 4 septembre (1958), sur une lettre reçue de G. Luca, relatant son état de « terreur-douleur-passion » au cours de sa toute périlleuse ascension d’une falaise de laves noires : « S’il put finalement franchir le fleuve aride aux vagues aciculaires, ce fut en construisant une sorte de gué mobile avec des cahiers de notes et une copie du livre Le Gouffre de la Lune, qu’il plaçait devant lui avant d’y poser les pieds. » (p.137) Tarnaud connaîtra lui aussi cet état de noir effroi lors de son combat-épouvante avec une murène noire (p.146) : retranscription du vécu écrite dans une prose captivante, la poésie de Tarnaud est faite de ses pérégrinations haletantes, qui n’ont rien de fantaisistes. L’ironie n’est jamais absente.   Le poète signe sa mise à l’écart, son égarement comme seuls vecteurs d’innovation et de création poétique.

« Poète synthétique », ainsi qu’il se qualifiait lui-même sous le nom de plume de H de Salignac : « (…) je proclame la défaite totale de l’esprit. Dès à présent je me veux l’égal du vide. » [9]

 

 

Se faire lecteur-complice de « L’Aventure de la Marie-Jeanne » ne peut se faire sans le remarquable essai « Pour chorus seul » de Patrice Beray.



* Annie Le Brun, Qui Vive Considérations actuelles sur l'inactualité du surréalisme

Ed. Ramsay - J.J. Pauvert, 1991.

 

 

Nathalie Riera, décembre 2013

 ©Les carnets d'eucharis 

 

 

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NOTICE BIO&BIBLIOGRAPHIQUE

Journaliste au site d’information Mediapart, Patrice Beray a animé la revue Delta, station blanche de la nuit. Auteur de livres de poèmes et d'études littéraires (notamment, Benjamin Fondane, au temps du poème, éd. Verdier, 2006, et Pour chorus seul – À Jean-Pierre Duprey et Claude Tarnaud, éd. Les Hauts-Fonds, 2013). Pour les Hauts-Fonds, il a collaboré à l’édition des livres de Guy Cabanel et René Crevel.

 

 

 

Claude Tarnaud

 

    

 

© Couverture « L’AVENTURE DE LA MARIE-JEANNE… »

Gibbsy Tarnaud | Photographies de couverture et du volume

 

 

« L’Aventure de La Marie-Jeanne ou le Journal indien »

Les Hauts-Fonds, 2013

http://www.leshauts-fonds.fr/

 

 

 

 

Lorsque, les yeux protégés par des lunettes étanches de la myopie due au contact de la cornée avec l’élément liquide, on nage sous l’eau et que l’on est pris dans un courant qui vous entraîne à la même vitesse et dans les mêmes tourbillons que les algues, autour, et le sable, au fond, alors ce sont les rochers qui se déplacent, paniques, par à-coups et dans les directions les plus imprévues. Les lettres sont les récifs du langage et si l’ont est entraîné par le flux de la parole à la même vitesse et dans les mêmes tourbillons que les pensées, autour, et les désirs, au fond, alors ce sont les lettres qui se déplacent, spasmes, par à-coups, et dans les directions les plus prévisibles pour peu que l’on s’attache à déterminer leurs places respectives au milieu du sable des passions.

 

---------------------------------------------------------------------------             25

 

*** 

 

Je devenais le jouet favori du hasard. Son double. Et j’interprétais :


  « J’ai découvert la réalité du cactus à travers les mailles ténues d’un hamac maya. C’est la flamme verte – le sel y fut versé – figée dans son plein mouvement incessant – les radiations calorifiques en épines – la flamme verte, ai-je dit, celle que le prêtre prétend ranimer en déposant le chlorure de sodium sur la langue-flamme-à-verbe du baptisé.

 

  … Je dormais. Une blatte cherchait à pénétrer dans mon oreille gauche. Machinalement ma main la saisit et, dans mon demi-sommeil, j’eus l’impression qu’il s’agissait d’une mante religieuse. La conscience subite de mon erreur m’imprima une panique telle que je laissai l’insecte. Ce ne fut qu’après une infernale partie de cache-cache parmi les encombrements de la chambre que je parvins à écraser la bête avec le premier objet qui me tomba sous la main : une cartouche, couleur d’argent et de pourpre, de cigarettes Pall Mall (prononcez Pêle Mêle). »

 

---------------------------------------------------------------------------             85 

 

***

 

(…) le supplément magazine qui fait partie de l’édition dominicale du New York Times publiait sous le titre UN Cats Dig Jazz une série de photographies prises pendant le concert donné aux Nations Unies. Sur l’une d’entre elles, apparaissait très distinctement mon visage effaré et ravi. Cela ne m’aurait pas ému outre mesure si, dans le même numéro du magazine, n’avait figuré un groupe de photographies de l’aquarium de Coney Island, dans lesquelles se pavanaient en gros plans mes acteurs préférés des cours de madrépores bariolés engloutis au large de Mogadiscio : le dangereux ptéroïs aux longues rémiges en guise de nageoires, les poissons-anémones qui vivent à l’abri des beaux et cruels tentacules de l’actinie, le poisson-pierre, doué d’invisibilité et de venin mortel, et une murène bleu ardoise, la gueule béante.

 

---------------------------------------------------------------------------             159

 

 


Jean-Pierre DUPREY

 © Photo : Luc Joubert | “Soleil noir”

 

 

SITES À CONSULTER

 

 

Articles


POUR CHORUS SEUL

Une lecture de Jacques Josse

Remue.Net – 7 novembre 2013

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UNE MAIN, DEMAIN

Par Patrice Beray

Mediapart – 11 mars 2009

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Sur les LA VIERGE DU NEANT,
premiers poèmes de Jean-Pierre Duprey

Alexandre SECHER

In« L’art d’aimer » (revue d’essais critiques)

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Poèmes  



NAUFRAGE

(Mai 1946)

Sur le site : Terres de Femmes

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CRI

Sur le site : Littérature de partout

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Sur le site : La Frenière & Poésie

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Ghérasim Luca et Claude Tarnaud

à Oppède vers 1958/60

 © Photo : Gilles Ehrmann | “Soleil noir”

 

SITE À CONSULTER

 

CLAUDE TARNAUD

Site dédié à Claude Tarnaud

 | © http://claudetarnaud.com/

 

 

 



[1] « (…) la détermination de s’aventurer vers la haute mer du langage. », Annie Le Brun, in « Qui Vive », p.30.

[2] Ibid., p.50.

[3] Ibid., p.59

[4]Jean-Christophe Bailly, « Jean-Pierre Duprey », Pierre Seghers, coll. « Poètes d’aujourd’hui », 1973.       

[5] Patrice Beray, « Pour chorus seul », p.32.

[6] Patrice Beray, « Pour chorus seul », p.40.

[7] Ibid., p.37

[8] Ibid., p.44

[9] Claude Tarnaud, « L’Aventure de la Marie-Jeanne ou le Journal indien », p.16.

 

Sabine Péglion, Derrière la vitre

 

 

 

 

UNE LECTURE DE CÉCILE Oumhani

 

 

Sabine Péglion

 

   

 

 

 

« Derrière la vitre »

ficelle n° 109, Juillet-août 2012

 

Vincent Rougier, 2012

(Les Forettes F 61380- Soligny la Trappe)

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Combien d’instants se brisent contre des parois de verre, échoués dans le mirage d’une proximité et d’un partage possible... Des pas posés vers les autres,  portés par la promesse du monde et qui cherchent, vacillent puis trébuchent dans le vide.  Des mots chuchotés, confiés qui bruissent dans la lumière du jour puis retombent dans le silence...

Sabine Péglion écoute des voix qui se croisent, sans se rencontrer. Elle démêle les strates des phrases qui se suivent, se recouvrent jusqu’à étouffer un cri qui jamais n’émerge et demeure enfoui dans l’inaudible.  Il s’enlise, vaincu par le quotidien, puis balayé par l’espoir qui renaît malgré tout, après les défaites. Passerelles incertaines / les mots courent / Fluides    liquides / Bulles fragiles / à leurs lèvres assurées / Crèvent /se recroquevillent / fusent / aux volutes   S’accrochent.

C’est dans cet inaudible, fait d’échanges avortés, de meurtrissures contenues à l’intérieur de la cartographie de tous les jours, que la poète recherche les fils ténus qui nouent nos gorges et emprisonnent nos élans. Elle y démasque les jeux sociaux où s’échappe le dire,  bien loin du ressenti, du vrai et de ce que l’on désire.  Entre ces paroles superposées, apparaissent les décalages et les abîmes où l’on se perd, dépossédé de ce que l’on est, sans parvenir à se débarrasser de sa chrysalide.  Toi /Moi / Ta voix se tue / Ta voix s’est tue / Moi / Toi /Ce silence /Fleur rouge / Crevant d’absence / Et tes mots qui se cherchent / Et mes mots qui te cherchent.

La poète joue avec les blancs et les typographies pour mettre en relief la diversité des voix qui s’élèvent dans ces poèmes. C’est avec une grâce subtile qu’elle donne à voir ces espaces qui nous entourent et que nous entourons, de nos gestes et de nos mots.  Et son recueil chemine selon l’ordonnancement d’obstacles de verre clairement repérés : La transparence du monde, De toi à moi et Pars cours deviens, où résonne la voix d’un adolescent qui se heurte à celle des adultes.

Ce regard posé sur notre présence au monde et aux autres touche et émeut.  On ne peut être qu’interpellé par ces thèmes universels, abordés avec une infinie sensibilité.

Pourquoi   dans l’île bien loin de nos rives /   faut-il que le mauve se dissolve ?  La poésie de Sabine Péglion approche notre intime solitude et la transfigure.

 

 

Cécile Oumhani, décembre 2013

© Les Carnets d’Eucharis


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SITES À CONSULTER

 

Extraits


DERRIÈRE LA VITRE

Sur le site : Terres de Femmes

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26/12/2013

Eric Sarner, Coeur chronique

 

ERIC SARNER

Cœur chronique

(Le Castor Astral, 2013)

 

 

 

Encre de couverture : Éric Sarner

Préface de Michel Deguy

 

Éric SARNER

 

 

---------------------------------------------------------------------------             QUATRIEME DE COUVERTURE


Cœur chronique recense des évènements, des noms de lieux, de personnes, des œuvres et des mots qui, à tel ou tel moment, ont trouvé chez moi un écho émotionnel, écho retranscrit ici en vers ou en prose.

Du début à la fin, ce qui nous tient, n’est-ce-pas, ce sont bien nos émotions et ce qui souvent les accompagne, nos interrogations.

Le travail du poète est de tendre parole à tout cela.

D’y tendre…


É. S.

 

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ÉRIC SARNER vite entre Berlin, Paris et Montevideo. Réalisateur d’une vingtaine de documentaires pour la télévision, il est l’auteur de récits de voyages, comme La Passe du vent (Payot), Sur la Route 66, petites fictions d’Amérique (Hoebeke) et Un voyage en Algéries (Plon), ainsi que des recueils de poèmes dont Eblouissements de Chet Baker (La Passe du vent), Et comme emportés, on demeure (Dumerchez), et Ballade de Frankie (Le Castor Astral).

 

Il vient de recevoir le Prix Max Jacob pour son recueil "Cœur chronique".

 

 

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Femme au manteau

de chair

jouant aux angles

géométrie

de ses formes

de son

destin

son visage

borde les écritures

elle n’en voit rien

ni

la fumée

de l’autre côté

du lac

encapuchonnée noir

encapuchonnée arbre

sur l’eau

dans sa barque

un pêcheur la regarde

fouler

la neige


---------------------------------------------------------------------------             p.33

 

***


Effondrement du cœur

d’étoiles massives

en fin de vie

le plus ancien

le plus lointain

sursaut de rayons gamma

13 milliards d’années

d’autres bouffées

plus lointaines

plus anciennes

encore

seront repérées

dans le futur

dit le savant

peut-être un jour

pourra-t-on étudier

les toutes premières étoiles

et la fin de l’âge sombre

de l’univers


---------------------------------------------------------------------------            p.38

 

***


Elle

noire de la jupe aux cheveux

des yeux jusqu’au corsage

bouche mince

et rouge comme noire

je me rappelle son pas

glissando

une brise retenue

un tigre insomniaque et fiévreux

le nom d’une fleur mauve

quand je remontais du port

Goûter sa salive


---------------------------------------------------------------------------             p.51

 

***


La nuque de cette femme

y poser des figues vertes

des sanglots de fin juillet

des fièvres dignes du vaudou

de petits fleuves sans fin

autour de ses épaules

déposer

tout ce qui doit rester

le petit pont sur l’Arno

une amoureuse évanouie

quelque danse criminelle

les forêts au-dessus du Danube

et puis où encore

et sur quoi d’invisible

ce qui

ne se peut

voir

femme de pigments secs

pour toujours

déjà absentée

le 7 janvier 1911


---------------------------------------------------------------------------             p.53


***


Sur un trottoir

trempé

je trouvais ce mot

le cœur

est

un loup

pour l’homme


---------------------------------------------------------------------------             p.62


***


Les phénomènes de l’amour

comme si l’amour

était un champ d’érudition

algèbre et pas seulement géométrie

histoire et symbolique

et pas simple géographie

bestiaire furieux

outre les musiques de joie

ou de chagrin

seule la fin

sépare

probablement

le réel

de l’irréel

avant que le rhum coulant encore

on découvre

ceci

le texte sans doute est exact

la vérité est sûrement fictive


---------------------------------------------------------------------------             p.69

 

 

Ces poèmes sont extraits de « Expérience de l’hiver » in Cœur Chronique.

 

 

SITE À CONSULTER


LE  CASTOR CASTRAL

Cœur chronique

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