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04/04/2014

Antoine De Baecque, La traversée des Alpes

 

Tout au long de ces vingt-six étapes de sept à neuf heures de marche quotidienne, j’ai pu mesurer l’endurance du randonneur,  ressentir le rythme de ses déplacements, saisir l’importance des rites et des gestes qui scandent sa journée, mettre à l’épreuve  mon corps, tenter de le protéger, de le préserver, de le soigner, de le laver, de le nourrir. J’ai pu sentir mes émotions face aux paysages, à la solitude, à l’existence en montagne, j’ai fait l’expérience de rencontres, avec des gardiens de refuge, des randonneurs français et étrangers, des animaux divers. En randonnant sur le GR5, je comprenais ainsi que ce livre devait porter sur l’histoire des évolutions du corps du marcheur, ancien, moderne, contemporain, sur l’histoire de sa résistance à l’effort et à la douleur, sur ses rythmes de progression, son hygiène, sa nourriture, ses soins, son équipement ou ses sensations. C’est également à travers mes rencontres que j’ai pu esquisser concrètement une sociologie des marcheurs, qui montre, par exemple, le vieillissement de l’âge moyen des adeptes du GR5, la diversification toujours grandissante de leurs horizons sociaux et culturels, la naissance et l’épanouissement de métiers de montagne spécifiquement liés au passage du sentier. S’impose, à travers mon regard posé sur ces paysages de montagne tout au long de ma traversée, une histoire des sensibilités du corps au cadre alpin.

 

ANTOINE DE BAECQUE

........................... (p.23)

 

La traversée des Alpes

Essai d’histoire marchée
ANTOINE DE BAECQUE

 

NRF EIDTIONS GALLIMARD

Bibliothèque des Histoires

 

Date de parution : le 20 mars 2014

 

Site éditeur | © ICI

 

 

 

 

 

 

4ème DE COUVERTURE

Le 6 septembre 2009, Antoine de Baecque se lance sur le GR5, un sac de dix-sept kilos sur le dos, pour un mois de randonnée solitaire à travers les Alpes, depuis le lac Léman jusqu’à la Méditerranée : six cent cinquante kilomètres, trente mille mètres de dénivelée, sept à neuf heures de marche quotidienne. De cette aventure, il a tiré un exercice d’histoire expérimentale mêlant études savantes sur les Alpes et l’aménagement de la montagne et recherche personnelle, «par les pieds», attentive au corps.

 L’auteur raconte la genèse du GR5, tantôt chemin de pèlerinage, tantôt sentier commercial ou de contrebande, draille de la transhumance ou voie militaire. Il montre comment il s’est constitué en emblème, remontant à ses pionniers randonneurs, suivant ses «aménageurs», proposant une typologie de ses usages et une sociologie de ses usagers. De plus, il fait le récit au jour le jour de cette «grande traversée des Alpes» qu’il a désiré éprouver lui-même.

Il résulte de cette expérience une forme originale d’écriture de l’histoire, un essai d’histoire marchée. Née de l’avancée du randonneur, celle-ci rend compte de la progression le long d’un sentier et, dans la foulée, plonge dans l’histoire même de ce sentier, les strates multiséculaires laissées par les circulations alpines passées. Ainsi permet-elle au lecteur lui-même de suivre, au rythme de la marche, le chemin qui va dans la montagne.

 

 

 

 

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■ Antoine De Baecque

Historien et critique, professeur d’histoire du cinéma à l’université de Nanterre. Il a publié aux éditions Gallimard L’histoire-caméra (2008) et chez Gallimard Jeunesse Giboulées (en collaboration avec Pierre Guislain) Objectif cinéma (2013).

 

 

 

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