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10/11/2012

Pier Paolo Pasolini

PIER PAOLO PASOLINI

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©

 

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Pier Paolo Pasolini / macchina da scrivere

 

 

EXTRAIT

Qui je suis / Poeta delle ceneri

(traduit de l’italien, présenté et annoté par Jean-Pierre Milelli)

Arléa, éditions, 2004

 

 


 

[…]

 

 

Voilà, ce sont les œuvres que je voudrais faire,

qui sont ma vie future – mais aussi passée –

et présente.

Tu sais – je te l’ai dit, vieil ami, père

un peu intimidé par le fils, hôte

allophone puissant aux humbles origines –

que rien ne vaut la vie.

C’est pourquoi je ne voudrais que vivre,

même en étant poète,

parce que la vie s’exprime aussi par elle-même.

Je voudrais m’exprimer avec des exemples.

Jeter mon corps dans la lutte.

Même si les actions de la vie sont expressives,

l’expression, aussi, est action.

Non pas cette expression de poète défaitiste,

qui ne dit que des choses

et utilise la langue comme toi, pauvre,

direct instrument ;

mais l’expression détachée des choses,

les signes faits musiques,

la poésie chantée et obscure,

qui n’exprime rien sinon elle-même,

selon l’idée barbare et exquise

qu’elle est un son mystérieux

dans les pauvres signes oraux d’une langue.

 

[…]

 

il n’y a pas d’autre poésie que l’action réelle

(tu trembles seulement quand tu la retrouves

dans les vers ou dans les pages de prose,

quand leur évocation est parfaite).

Je ne ferai pas cela de bon cœur.

J’aurai toujours le regret de cette autre poésie

qui est action elle-même,

dans son détachement des choses,

dans sa musique qui n’exprime rien

sinon son aride et sublime passion

pour elle-même.

 

         Eh bien, je vais te confier,

avant de te quitter,

que je voudrais être compositeur de musique,

vivre avec des instruments

dans la tour de Viterbe que je n’arrive pas

à acheter,

dans le plus beau paysage du monde, où l’Arioste

serait fou de joie de se voir recréé avec toute

l’innocence des chênes, collines, eaux et ravins,

et là, composer de la musique,

la seule action expressive

peut-être, haute, et indéfinissable

comme les actions de la réalité.

 

 

------------------------------ (p. 50/52)

 

 

 

Ecco, queste sono le opere che vorrei fare,

che sono la mia vita futura – ma anche passata

- e presente.

Tu sai, tuttavia te l’ho detto, anziano amico, padre

Un po’ intimidito dal figlio, ospite

Alloglota potente dalle umili origini,

che nulla vale la vita.

Perciò io vorrei soltanto vivere

pur essendo poeta

perché la vita si esprime anche solo con se stessa.

Vorrei esprimermi con gli esempi.

Gettare il moi corpo nella lotta.

Ma se le azioni della vita sono espressive,

anche l’espressione è azione.

Non questa mia espressione di poeta rinunciatario,

che dice solo cose,

e usa la lingua come te, povero, diretto strumento ;

ma l’espressione staccata dalle cose,

i segni fatti musica,

la poesia cantata e oscura,

che non esprime nulla se non se stessa,

per una barbara e squisita idea ch’essa sia misterioso suono

nei poveri segni orali di una lingua.

 

 

[…]

 

 

non c’è altra poesia che l’azione reale

(tu tremi solo quando la ritrovi

nei versi, o nelle pagine in prosa,

quando la loro evocazione è perfetta).

Non farò questo con gioia.

Avrò sempre il rimpianto di quella poesia

che è azione essa stessa, nel suo distacco dalle cose,

nella sua musica che non esprime nulla

se non la propria arida e sublime passione per se stessa.

Ebbene, ti confiderò, prima di lasciarti,

che io vorrei essere scrittore di musica,

vivere con degli strumenti

dentro la torre di Viterbo che non riesco a comprare,

nel paesaggio più bello del mondo, dove l’Ariosto

sarebbe impazzito di gioia nel vedersi ricreato con tanta

innocenza di querce, colli, acque e botri,

e li comporre musica

l’unica azione espressiva

forse, alta, e indefinibile come le azioni della realtà.

 

 

 

 

 

                                                                                                    

 

 

 

SOURCE TEXTE :

PIER PAOLO PASOLINI/TUTTE LE OPERE

Poesie varie e d’occasione, (p.1287/1288)

Edizione diretta da Walter Siti – Tomo secondo

Arnoldo Mondadori Editore, 2009

 

 

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