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05/11/2012

Martin Amis

 

 

Martin Amis by Angela Gorgas en 1977.jpg

 

Martin Amis

[Angela Gorgas]

modern bromide print from original negative, 1977

8 in. x 11 7/8 in. (203 mm x 303 mm) image size

 

 

  

Je dirais que les écrivains que j’aime et en lesquels j’ai confiance possèdent, à la base de leur prose, quelque chose qui s’appelle la phrase anglaise. Une très grande quantité de prose moderne me semble recourir à un usage déprimé de la langue. Un jour, j’ai appelé ça « la prose qui a fait vœu de pauvreté ». Non, moi je veux le roi. Je veux Updike. Anthony Burgess a dit qu’il y a deux sortes d’écrivains, les écrivains classe A et les écrivains classe B. les écrivains classe A racontent des histoires, les écrivains classe B jouent avec la langue. Et j’ai tendance à être rangé du côté des écrivains classe B. Avec la prose de Nabokov, avec celle de Burgess, avec la prose de mon père – celle du début, plutôt – , la phrase anglaise est un peu comme un mètre poétique. C’est un rythme essentiel à partir duquel l’écrivain est libre de regarder dans différentes directions inattendues. Mais la phrase est toujours là. Pour être plus explicite, c’est comme si je disais ne pas me fier à un peintre abstrait tant que j’ignore s’il peut dessiner des mains.

 

[…]

 

 

Ce n’est pas la pirouette brillante, le paroxysme soudain ou la suite filée d’évènements qui caractérisent un écrivain et qui le rendent unique. C’est un ton, c’est une façon de regarder les choses. C’est un rythme, c’est ce qu’en poésie on appellerait un rythme naturel.

 

 

 

 

The Art of Fiction, n°151

Paris Review/les entretiens

Christian Bourgois Editeur, 2011

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