16/09/2012
Theodor Roethke par Raymond Farina
THEODOR ROETHKE
Poète américain
(1908-1963)
"Sur le poète et son œuvre"
Theodor Roethke
Un poète américain se présente et présente son œuvre
Comme chacun sait l'Amérique est un continent, mais peu d'Européens connaissent, dans leur diversité et leur variété, les régions de ce pays. La vallée Saginan, où je suis né, a été la région où l'on a le plus exploité le bois aux alentours de 1880. C'est une région très plate et très fertile du Michigan, dont les villes principales, Saginan et Flint, se trouvent à l'extrémité nord de ce qui est à présent la principale région industrielle des Etats-Unis.
C'est dans cette région, qu'en 1870, mon grand-père arriva de Prusse où il avait été forestier en chef de Bismarck. Ses fils et lui ont crée et exploité quelques serres qui devinrent les plus importantes de cette partie des Etats-Unis.
C'était un merveilleux endroit où grandir pour un enfant. Il n'y avait pas seulement vingt cinq acres en ville, principalement sous serre et cultivées intensivement mais, plus loin dans la campagne, la dernière parcelle de bois vierge de la vallée Saginan et, plus loin, une vaste zone d'exploitation forestière laissée l'abandon, dont les arbres repoussaient pour la première fois, que mon père et mon oncle avaient transformé en petit terrain de jeu.
Enfant, alors, j'avais plusieurs mondes où vivre que je ressentais comme miens. J'aimais particulièrement un coin marécageux du sanctuaire où les hérons nichaient toujours. J'ai utilisé un de mes souvenirs les plus anciens dans un poème que je leur ai consacré (...)
J'ai essayé d'indiquer dans mon second livre "The lost son and other poems", publié en Angleterre en 1941, ce que représentaient pour moi les serres.
Elles représentaient pour moi, je m'en rends compte aujourd'hui, à la fois le paradis et l'enfer, une sorte de tropiques créés dans le climat sauvage du Michigan, où d'austères américains d'origine allemande transformaient leur amour de l'ordre et leur terrible efficacité en quelque chose de vraiment beau.
C'était un univers -plusieurs mondes- à propos duquel, même enfant, on s'inquiétait, et qui luttait pour rester en vie, comme dans le poème "Big wind" (...)
Dans ces premiers poèmes j'avais commencé, comme un enfant, avec de petites choses, et j'avais essayé de ne m'exprimer qu'en utilisant des mots simples. Un peu plus tard, en 1945, j'ai commencé une suite de poèmes plus longs qui tentent, par leur rythme, de saisir le mouvement même de l'esprit, de suivre l'histoire spirituelle d'un protagoniste (pas "moi" personnellement mais tout homme hanté et harcelé), qui cherchent à faire de ce mouvement un ensemble réel et non arbitrairement ordonné, autorisant toute une gamme de sentiments incluant l'humour.
Comment créer une réalité, une vraisemblance, le "comme si" de l'enfant , dans la langue qu'un enfant utiliserait, c'était pour moi extrêmement difficile. Par exemple le second poème "I need, I need" s'ouvre par une imagerie très orale, par le monde de l'enfant qui suce et lèche. Puis on glisse vers un passage où deux enfants sautent à la corde. On ne dit pas au lecteur que les enfants sautent à la corde, mais celui-ci les entend simplement tous les deux se réciter, tour à tour, des comptines l'un à l'autre; puis cette expectative mitigée et cette agressivité se changent dans le passage suivant en un sentiment d’amour, vaguement ressenti, mais net, chez l'un des enfants (...)
Dans les poèmes suivants nous entendons le jeune adolescent, encore à demi enfant, puis le jeune homme se vanter et miauler; et on finit par des passages plus difficiles dans lesquels l'esprit, soumis à une grande tension, erre loin dans le subconscient, pour émerger plus tard dans la "lumière" de passages plus sereins ou euphoriques au terme de chaque phase d'expérience.
Parfois, bien sûr, il y a régression. Je crois que l'être spirituel doit revenir en arrière pour pouvoir avancer. La voie est cyclique, et parfois on la perd, mais on la retrouve invariablement. Quelques uns des artifices techniques caractéristiques de ce mouvement - la métaphore glissant rapidement, le questionnement rhétorique et d'autres semblables - réapparaissent dans des poèmes plus formels achevés récemment, "Four for Sir John Davies" qui sont, entre autres choses, un hommage à l'auteur élisabéthain de "Orchestra" et à feu W.B. Yeats.
Extrait de « ON THE POET AND HIS CRAFT »
University of Washington Press, 1965
Choix de poèmes
Traduits par Raymond Farina
LES FOLIES D’ADAM
1
Viens me lire Euripide,
Ou quelque rustre ancien capable
De rappeler ce que c’était
Que sortir de sa peau.
Des choses me parlent, c’est sûr ;
Mais pourquoi rester à gémir ici,
Sans être même à bout de souffle ?
2
Que sont le sceptre et la couronne ?
Rien de plus que ce que soulève
La tige nue : la rose
Jaillit vers cette jeune fille ;
Le terrestre demeure en elle ;
Une épine dans le vent pousse,
Calme devant ce qui s’écoule.
3
Je parlerais à une racine rabougrie ;
Ah, qu’elle riait de me voir
Regarder fixement en avant de mon pied,
Un orteil dans l’éternité ;
Mais quand répondait la racine,
Elle frissonnait dans sa peau,
Et regardait au loin.
4
Père et fils de cette mort,
L’esprit meurt chaque nuit ;
Dans le blanc vaste, les espaces
Connus du jour commun,
Quel aigle exige un arbre ?
La chair engendre un rêve ;
Tout os vrai chante seul.
THE FOLLIES OF ADAM
1
Read me Euripides,
Or some old lout who can
Remember what it was
To jump out of his skin.
Things speak to me, I swear;
But why am I groaning here,
Not even out of breath?
2
What are scepter and crown?
No more than what is raised
By a naked stem:
The rose leaps to this girl;
The earthly lives in her;
A thorn does well in the wind,
At ease with all that flows.
3
I talked to a shrunken root;
Ah, how she laughed to see
Me staring past my foot,
One toe in eternity;
But when the root replied,
She shivered in her skin,
And looked away.
4
Father and son of this death,
The soul dies every night;
in the wide white, the known
Reaches of common day,
What eagle needs a tree?
The flesh fathers a dream;
All true bones sing alone.
LE MOUVEMENT
L’âme a des mouvements divers, mais le corps n’en a qu’un.
Un vieux papillon, lacéré par le vent, se posa,
Battit des ailes sur la poussière du sol –
Se déployant ainsi l’esprit n’est pas bruyant.
Le désir seulement vivifie notre esprit,
Et nous nous affligeons dans la certitude d’aimer.
2
De l’amour naît l’amour. Ce tourment est ma joie.
J’observe une rivière : elle serpente au loin ;
Pour rencontrer le monde, en mon âme je monte ;
Et ce cri que j’entends je le laisse sur le vent.
Ce que nous déposons devons-nous le reprendre ?
J’ose un embrassement. Avançant, je demeure.
3
Qui d’autre que l’aimé sait l’élan de l’amour ?
Qui donc est assez vieux pour vivre ? Une chose de terre
Sachant combien toute chose change dans la semence
Avant qu’elle ait atteint l’ultime certitude,
Cet espace au-delà de la mort, cet acte d’amour
Auquel tout être participe, et doit la vie.
4
Des ailes déplumées qui crissent au soleil,
Sur une pierre sans soleil la danse de la crasse épaisse
Le jour et la nuit de Dieu : sous cet espace Lui souriait,
L’espoir a son silence et nous allons dans son jour vaste, -
O qui emprunterait à l’enfant son regard ? –
Oh, mouvement oh, notre chance est d’exister encore !
THE MOTION
1
The soul has many motions, body one.
And old wind-tattered butterfly flew down
And pulsed its wings upon the dusty ground-
Such stretchings of the spirit make no sound.
By lust alone we keep the mind alive,
And grieve into the certainty of love.
2
Love begets love. This torment is my joy.
I watch a river wind itself away;
To meet the world, I rise up in my mind;
I hear a cry and lose it on the wind.
What we put down, must we take up again?
I dare embrace. By striding, I remain.
3
Who but the loved know love’s a faring-forth?
Who’s old enough to live?-a thing of earth
Knowing how all things alter in the seed
Until they reach this final certitude,
This reach beyond this death, this act of love
In which all creatures share, and thereby live,
4
Wings without feathers creaking in the sun,
The close dirt dancing on a sunless stone
God’s night and day: down this space He has smiled,
Hope has its hush: we move through its broad day,-
O who would take the vision from the child?-
O, motion O, our chance is still to be!
DANS L’AIR DU SOIR
1
Un mode grave me saisit ici,
Bien que l’été flamboie dans l’œil du viréon.
Qui pourrait n’être possédé
Qu’à moitié par sa nudité ?
De veille est mon souci –
Je créerai ma musique brisée, ou mourrai.
2
Petits, rapprochez-vous !
Fais-moi, Seigneur, ultime, simple chose
Que le temps ne peut accabler
Un jour j’ai transcendé le temps :
D’un bouton éclaté une rose jaillit,
Et moi je jaillis d’un dernier decrescendo.
3
Je regarde au-dessous la lumière lointaine
Et je contemple la face sombre d’un arbre
Au fond d’une plaine ondoyante,
Et quand de nouveau je regarde,
Elle s’est perdue sur la nuit –
Nuit que j’embrasse, tendre proximité.
4
Je suis près d’un feu bas
Comptant les mèches de la flamme, et je remarque
Comme est changeante la lumière sur le mur.
J’ordonne au calme d’être calme.
Je vois, dans l’air du soir,
Comme est lente la nuit qui descend sur nos actes.
IN EVENING AIR
1
A dark theme keeps me here,
Though summer blazes in the vireo's eye.
Who would be half possessed
By his own nakedness?
Waking's my care --
I'll make a broken music, or I'll die.
2
Ye littles, lie more close!
Make me, O Lord, a last, a simple thing
Time cannot overwhelm.
Once I transcended time :
A bud broke to a rose,
And I rose from a last diminishing.
3
I look down the far light
And I behold the dark side of a tree
Far down a billowing plain,
And when I look again,
It's lost upon the night --
Night I embrace, a dear proximity.
4
I stand by a low fire
Counting the wisps of flame, and I watch how
Light shifts upon the wall.
I bid stillness be still.
I see, in evening air,
How slowly dark comes down on what we do.
DANS UN SOMBRE MOMENT
Dans un sombre moment, mon œil commence à voir,
Je rencontre mon ombre au plus profond de l’ombre ;
J’écoute mon écho dans l’écho de ce bois –
Seigneur de la nature pleurant la mort d’un arbre.
Je vis entre le troglodyte et le héron,
Les bêtes des collines et les serpents des grottes.
Qu’est la folie sinon la noblesse de l’âme
Brouillée avec les circonstances ? Le jour brûle !
Je sais la pureté du plus pur désespoir,
Mon ombre épinglée sur un mur tout suintant.
Ce lieu dans les rochers – est-ce bien une grotte ?
Un sentier sinueux ? La marge est mon domaine.
Tenace une tempête de correspondances !
Un flot d’oiseaux la nuit, une lune en lambeaux,
Et dans le vaste jour le retour de minuit !
Un homme s’en va loin découvrir ce qu’il est –
Le moi qui meurt au fond d’une longue nuit sans larmes,
La nature s’embrasant d’un feu non-naturel.
Sombre, sombre mon jour, plus sombre mon désir.
Mouche d’été qu’affole la chaleur, mon âme
Bourdonne sur le seuil. Lequel de mes moi suis-je ?
Homme tombé, je me redresse hors de ma peur.
L’esprit entre en lui-même, et Dieu entre en l’esprit,
Alors un devient l’Un, libre au vent qui déchire.
IN A DARK TIME
In a dark time, the eye begins to see,
I meet my shadow in the deepening shade;
I hear my echo in the echoing wood--
A lord of nature weeping to a tree,
I live between the heron and the wren,
Beasts of the hill and serpents of the den.
What's madness but nobility of soul
At odds with circumstance? The day's on fire!
I know the purity of pure despair,
My shadow pinned against a sweating wall,
That place among the rocks--is it a cave,
Or winding path? The edge is what I have.
A steady storm of correspondences!
A night flowing with birds, a ragged moon,
And in broad day the midnight come again!
A man goes far to find out what he is--
Death of the self in a long, tearless night,
All natural shapes blazing unnatural light.
Dark, dark my light, and darker my desire.
My soul, like some heat-maddened summer fly,
Keeps buzzing at the sill. Which I is I?
A fallen man, I climb out of my fear.
The mind enters itself, and God the mind,
And one is One, free in the tearing wind.
UNE FOIS DE PLUS, LE CERCLE
Qu’est-ce qui est le plus grand, l’étang ou le caillou ?
Qu’est-il possible de connaître ? l’inconnu.
Mon vrai moi file vers une colline
Plus ! O plus visible.
Maintenant j’adore ma vie
Avec l’Oiseau, la Feuille persistante,
Avec le Poisson, l’Escargot qui furète,
Et l’œil qui change tout ;
Et je danse avec William Blake
Par amour, par amour de l’Amour ;
Et tout s’achemine vers l’Un,
Tandis que nous dansons encore, encore, encore.
ONCE MORE, THE ROUND
What's greater, Pebble or Pond?
What can be known? The Unknown.
My true self runs toward a Hill
More! O More! visible.
Now I adore my life
With the Bird, the abiding Leaf,
With the Fish, the questing Snail,
And the Eye altering All;
And I dance with William Blake
For love, for Love's sake;
And everything comes to One,
As we dance on, dance on, dance on.
J’ATTENDAIS
J'attendais que le vent émeuve la poussière;
Mais aucun vent ne vint.
Je semblais manger l'air.
Les insectes bruissant nivelaient l'air du pré.
Je surplombais, lourd et massif, le champ.
C'était comme si j'essayais de marcher dans le foin,
De m'enfoncer dans la moisson, à chaque pas un peu plus loin,
Ou je flottais à la surface d'un étang,
Longues lentes ondulations clignotant dans mes yeux.
Je voyais à travers l'eau toutes sortes de choses, agrandies,
Miroitantes. Le soleil brûlait à travers une brume légère.
Et moi je devenais tout ce que je voyais.
J'éblouissais dans une éblouissante pierre.
Alors un âne se mit à braire. Un lézard me fila sous le pied.
Lentement je revins vers la route poudreuse;
Il me semblait, quand je marchais, que je m'ensablais.
J'avançais comme un animal lassé de la chaleur.
J'allais sans me retourner. J'avais peur.
Le chemin se faisait plus raide entre les murs de pierre,
Puis se perdait au fond d'une gorge rocheuse.
Un sentier menait à un petit plateau.
En bas, claire, la mer, les vagues régulières,
Et tous les vents venaient vers moi. (J'étais heureux.)
I WAITED
I waited for the wind to move the dust;
But no wind came.
I seemed to eat the air;
The meadow insects made a level noise.
I rose, a heavy bulk, above the field.
It was as if I tried to walk in hay,
Deep in the mow, and each step deeper down,
Or floated on the surface of a pond,
The slow long ripples winking in my eyes.
I saw all things through water magnified,
And shimmering. The sun burned through a haze,
And I became all that I looked upon.
I dazzled in the dazzle of a stone.
And then a jackass brayed. A lizard leaped my foot.
Slowly I came back to the dusty road;
And when I walked, my feet seemed deep in sand.
I moved like some heat-weary animal.
I went, not looking back. [I was afraid.]
The way grew steeper between stony walls,
Then lost itself down through a rocky gorge.
A donkey path led to a small plateau.
Below, the bright sea was, the level waves,
And all the winds came toward me. [I was glad.]
RÉGÉNÉRÉ
Dans une main comme une coupe
Mon âme à moi dansait,
Petite comme une elfe,
A côté d'elle-même.
Quand elle pensait je pensais
Elle tombait comme blessée par une balle.
"Je n'ai qu'une aile", disait-elle,
"L'autre est morte",
"Mutilée, je ne peux voler,
Je suis comme mourir",
Criait l'âme
Depuis ma main comme une coupe.
Quand je fulminais, quand je me plaignais,
Et que ma raison faiblissait,
A cette chose délicate
Il poussait une aile nouvelle,
Et elle dansait, au milieu du jour,
Sur la poussière chaude d'une pierre,
Dans le point fixe de la lumière
De mon dernier minuit.
THE RESTORED
In a hand like a bow !
Danced my own soul,
Small as an elf,
All by itself.
When she thought I thought
She dropped as if shot.
“I’ve only one wing.”she said,
“The other’s gone dead.”
“I’m maimed; I can’t fly;
I’m like to die.”
Cried the soul
From my hand like a bowl.
When I raged, when I wailed,
And my reason failed,
That delicate thing
Grew back a new wing.
And danced, at high noon,
On a hot, dusty stone.
In the still point of light
Of my last midnight.
Traduction de Raymond Farina
Poèmes extraits de “The Collected Poems of Theodore Roethke”,
The Anchor Book edition, New York, 1975, pages 231, 232, 235,
239, 241, 243,254.
Traduction publiée avec l’aimable autorisation de la revue « Arpa »
qui l’a accueillie dans son numéro 59 de l’année 1996.
Theodor Roethke est né à Saginaw, dans le Michigan, en 1908. Il fait ses études à l’Université du Michigan et à celle d’Harvard. Il commence sa carrière au Lafayette Collège, avant d’enseigner, en 1935, au Michigan College. C’est au cours de cette année qu’il commence à souffrir d’une psychose maniaco-dépressive. De 1936 à 1943, il obtient un poste à l’Université de Pennsylvanie. C’est une période féconde, marquée par la publication de ses poèmes dans des revues prestigieuses comme Poetry, The New Republic, The Sewanee Review, the Saturday Review et par celle de son premier recueil Open House qui reçoit un accueil favorable de la critique. Nommé ensuite au Bennington College puis, à partir de 1947, à l’Université de Washington. Il épouse, en 1953, Beatrice O’Connell, une ancienne étudiante. Tous deux passent le printemps à Ischia, en Italie, dans la villa d’Auden. Puis au cours des années 55 et 56, ils voyagent à travers l’Europe, notamment en Angleterre et en Italie.
Parmi ses recueils figurent : The Lost Son and Other Poems (1948), The Long and Twisty Road (1950), The Waking pour lequel il obtient le Pulitzer, The Far Field dont son épouse assurera la publication posthume.
Outre le Pulitzer Price, il a reçu le Bollingen et deux National Book Award.
Il est mort en 1963 à l’île de Bainbridge, dans l’Etat de Washington.
21:40 Publié dans Raymond Farina, Theodore Roethke | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
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