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19/05/2009

Les funérailles de Pier Paolo Pasolini (1975)

 

 

 

 

Pasolini reste et restera un météore du cinéma contemporain, vrai « calme bloc ici-bas chu d’un désastre obscur ». Comme l’écrit un autre de ses commentateurs, Dominique Noguez, il y a désormais un mot qui dit bien « ce mélange de réalisme et de mythologie imaginaire, de sculpture moderne et de fausse préhistoire, toute cette féerie sous-prolétarienne, ce bric-à-brac de tiers-monde, cet exotisme hétéroclite et superlatif, ce style d’Eisenstein marocain ou de Fellini de banlieue ouvrière. Ce mot n’existait pas avant Pasolini. Il existe désormais : pasolinien ».

Dictionnaire du cinéma, sous la direction de Jean-Loup Passek, Larousse, 1995 - p.1647

 

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Cliquer ci-dessous

par Guidu Antonietti di Cinarca

 

Architecture funéraire

Gino VALLE et Piero Paolo PASOLINI

Discrète sérénité

 

Roberto Roversi sur Pasolini

Us et abus d’un auteur : célébration, honorariat, embaumement

E X T R A I T S

 

 

 

 

 

 

Roberto Roversi


« De qui sommes-nous les contemporains ? », se demandait F. Fortini, avec toute l’autorité nécessaire, dans le Corriere della sera du samedi 12 février 1976.

 

Sans avoir la présomption de répondre ou de répliquer, mais ne voulant que constater, je dirais que nous sommes toujours et en tous cas les contemporains de nous-mêmes. Je dirais que les misères d’aujourd’hui existent et durent parce que nous sommes misérables, et parce que nous produisons et nourrissons les fœtus de ces misères. Je dirais que si nous vivons dans l’ère d’Attila (ou si nous vivons dans notre temps, car il n’y a aucune différence entre les Huns déchaînés et les maîtres de nos trente années de dévastations), il est inutile de regretter l’âge d’Auguste. En admettant qu’il ait jamais existé un âge d’Auguste.

 

Je dirais que nous devrons reconnaître, avec la patience éprouvée de la raison, que c’est là notre temps, et qu’Attila, peu ou prou, c’est chacun de nous.

 

D’ailleurs, pourquoi est-ce toujours les autres qui auraient des visages pervers, tandis que nous serions sages, bons, clairvoyants, comme des légions d’Auguste ? Voilà pourquoi aujourd’hui on se sert encore du poignard, dans tous les sens. Voilà pourquoi les valets de scène se transforment, ne serait-ce que l’espace d’une nuit, en ces sicaires que nous connaissons. Dans la représentation de ces années se jouent – et on enregistre – des violences auxquelles nous ne parvenons pas à mettre fin, pour toute une série de raisons objectives et constatées.

 

Contentons-nous de continuer, en nous lamentant sur les choses qui arrivent ; ou bien de célébrer les morts, qu’on a tués, eux qui étaient vivants.

 

L’occasion (on pourrait dire aussi : la raison) de cette rencontre c’est de nous entretenir de l’un de ces assassinés – avec une mort horrible, une fin désignée et destinée.

 

(…)

 

La tendresse vitale de Pasolini a été sans cesse en butte à l’arrogance d’une époque qui ne le supportait pas. Il est en effet incontestable que Pasolini fut ostracisé par son époque. Il fut même maintenu dans l’exclusion et sans cesse réfuté avec une dureté haineuse, chaque fois qu’il proposait un contact ou des ouvertures désintéressées pour une collaboration, en mettant en jeu sa recherche douloureuse et déçue de la connaissance (ou sa rage de connaissance). Il est vrai, par ailleurs, que Pasolini subit cette exclusion sans jamais l’accepter ; il ne l’accepta pas mais il adhéra tout entier à la douleur sans cesse renouvelée de cette exclusion, comme à une violente offense beaucoup plus générale, qui le dépassait et qui était faite à la raison et à la pureté (entendue comme jeunesse) de la vie.

 

(…)

 

« Le fond de mon caractère – dit Pasolini dans un entretien avec Camon – ce n’est pas le malaise, mais plutôt la gaieté, la vitalité : c’est ce que je montre non seulement dans mon œuvre littéraire mais dans ma vie même. Par vitalité, j’entends cet amour de la vie qui coïncide avec la joie. Et ma nature profonde est joyeuse, vitale, affectueuse : ce sont les continuelles angoisses objectives auxquelles j’ai dû faire face qui ont exaspéré les aspects de mon malaise ».

 

(…)

 

Au début de cet écrit j’ai souligné une question : l’usage et l’abus que notre temps fait des personnages illustres, mais sortant de la norme codifiée, en les cuisinant et en les servant à toutes les sauces, tellement et si bien que la manipulation, parfois, n’apparaît même pas évidente, alors que les personnages en question sont privés de leur consistance et réduits en miettes. De nos jours, l’usage est instrumental et de plus en plus terrifiant en tous sens. On ne recherche pas un agrégat culturel, mais la confirmation de telle ou telle mythologie publique.

 

(…)

 

Il serait souhaitable que l’on prenne acte de la nécessité de ramener le discours sur Pasolini, et les références, à un dessein correct, afin de le relire (ou de commencer à le relire) à travers une médiation critique non plus assujettie aux aversions, ni hagiographique, mais méthodologiquement vérifiée et contrôlée par l’intelligence de la raison. Pour qu’on puisse saisir dans son œuvre les liens subtils, les références, les provocations, et certaines conclusions qui apparaissent explosives.

 

Pasolini n’a pas été un intellectuel qui s’est approprié la culture mais un homme qui a vécu les problèmes de la culture de son temps en y participant jusqu’à en mourir. Cela définit aussi sa violence, je voudrais dire son infatigable férocité dans l’agression du réel, sa faim de réalité et de vérité vraie – son besoin de la chercher. Et aussi son excès de vitalité. Et son insatiable soif de langages.

 

REVUE D’ESTHETIQUE, 1982 – nouvelle série – n°3 – Editions Privat (pp. 111/117)

Traduit de l’italien par Anna Rocchi Pullberg

 

 

Le cinéma de Pasolini

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Pasolini dira en 1964 : "… je suis arrivé au cinéma… à partir de la littérature, sans la moindre préparation technique… lorsque j’ai commencé à tourner le film, je ne connaissais pas la différence qu’il y a entre le terme “panoramique” et le terme “travelling”… j’ai dû remplacer la préparation pratique de la technique du cinéma en réinventant cette technique, en l’inventant d’après nature. Instinctivement, j’ai choisi un certain type de technique… où on lit, mieux que dans les contenus, … une intime religiosité, car je concevais la technique d’une manière que je voulais appeler… sacrale… Je sentais que mes travellings… avaient une allure de découverte, de virginité, de solennité et de mesure, lesquelles, au moins dans mon intention, étaient justement sacrales".

 

REVUE D’ESTHETIQUE, 1982 – nouvelle série – n°3 – Editions Privat (p. 141)

Carnets de notes pour une Orestie africaine

 

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Pasolini sur le tournage du film dont la première projection a lieu à Venise en 1973.

Carnets de notes pour une Orestie africaine est davantage qu'un film une sorte de réflexions sur le cinéma.

 

 

 

18/05/2009

SITE PASOLINI

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Pier Paolo Pasolini avec Sandro Penna
Photo : Mario Dondero
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15/05/2009

Wayne McGregor

 

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under garage door

 

 Site de la Cie Random Dance

14/05/2009

Bulletin n°8 du 18 mai 2009 (à télécharger)

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© Photo en fond : Irène Suchocki

 

●●●●●●●●●●●●Poésie & Arts plastiques●●●●●●●●●●●●

 


La lumière entre dans la grotte. Io ! Io !

La lumière a plongé au fond de la grotte

Splendeur et splendeur !

Par tenailles j’entre aux collines :

Que l’herbe croisse de mon corps

Que j’entende parler l’une à l’autre les racines,

L’air est neuf sur ma feuille,

La fourche des branches branle au vent.

Zéphyr est-il plus doux, Apeliota

plus doux à la branche d’amandier ?

Par la porte j’entre dans la colline.

Choit,

Adonis choit.

Alors vient le fruit. Les petites lampes que la marée emmène

au large la griffe de la mer les assemble,

Quatre bannières à chaque fleur

La griffe de la mer emporte au large les lampes.

Donc pense au labour

Quand les sept étoiles descendent

se reposer quarante jours, au bord

de la mer dans les vallées qui vont en méandres

vers la mer

          KAI MOIRAI ADONIN

Quand la branche de l’amandier ouvre sa flamme

Quand les plantes neuves arrivent à l’autel,

          TU DIONA KAI MOIRAI

KAI MOIRAI ADONIN

     a le talent de guérison

puissance de maîtriser la bête sauvage.

Ezra Pound

Extrait La Cinquième décade (XLII-LI) – pp.259-260 - Traduit par Jacques Darras

 

2002, Editions Flammarion pour la nouvelle édition revue et augmentée sous la direction d’Yves di Manno.


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© Michel Portier
 

N°8

 

 

 

SOMMAIRE………

 

 

 

Michel Portier et ses Tirages photographiques à la Galerie Roy Sfeir

Extraits de Les Cantos d’Ezra Pound

Les chroniques parisiennes de Léon-Paul Fargue par Claude Darras

Claude Ber & Cyrille Derouineau Vues de vaches

Paul Louis Rossi, Faïences (Le 29 octobre 1981…)

Le monde où l’on se confesse (2) de Richard Skryzak

&

A LIRE VOIR ET ENTENDRE !

Over the river Christo and Jeanne-Claude : un dossier proposé par Christine Bauer sur le site "Regard au pluriel"

&

PAR AILLEURS ………………….. Martine Broda

 

Télécharger le bulletin

 

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Carnets d'eucharis n°8 du 18 mai 2009.pdf

 

 

11/05/2009

Arboretum Marcel Kroenlein

 

à Roure (Alpes-Martimes)
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Site de l'arboretum...

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10/05/2009

Patricyan - Clin d'oeil

patricyan.jpgPATRICYAN

Artiste-plasticienne vivant en pays Basque

Née le 02/01/1959.

Je pratique une exploration du corps ( humain, animal) à travers :

Les sculptures : vide, transparence, je construis le vêtement empreinte, habitacle, en traitant les mailles  grillagées comme du tissu : couture, broderie.

Les performances : chirurgienne, sage-femme, femme-animal, femme-maison

Les montages images, photos et 3D : morcellement, organes.

La peau, le corps, les maisons, le textile.

Reliée à l’espace, en réaction aux bruits du monde, en juxtaposant ethnologie, symboles, médecine, humour, subversion…

 

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Série Clin d'oeil 1 (Art numérique)

Site

Richard Skryzak - In vidéo Vanitas

LES INSTALLATIONS VIDÉO ET MULTIMÉDIAS

Inauguration le Mardi 19 mai

 

 

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IN VIDÉO VANITAS

de Richard Skryzak

(France)

 

Quelque chose

Sûrement

Se joue

Entre Vidéo et Vanité.

Entre médium et concept.

Quelque chose

Mais quoi ?

Une affaire de famille.

Des relations intimes.

Une question d’affinités

Electriques

 

Qu’est ce qui est à l’œuvre ?

Les qualités inhérentes

Aux deux forces en présence.

Immatériel

Impalpable

Ephémère

Flottant

Volatile

 

Des presque-riens.

 

Traduction en images.

Que voit-on ?

Bulle et tulipe

Autoportrait et

Chute des corps.

Des mondes reflétant le monde.

Des concentrés d’univers

Livrés dans l’inconstance même

De ce qui les fait naître.

Une plongée

Au cœur

De la fragilité

Des choses.

 

Chaque fois

Le temps d’une vision

Le moment vidéo

Révèle

Les évènements

Les plus imperceptibles.

Le cycle de la vie

Est là

Condensé

En un fragment

De légèreté

Et D’éternité.

 

Géo-esthétique.

Là bas

En Palestine

Survivre…

A l’effacement…

A l’infini…

 

Chaque fois

L’image creuse

Une fissure

Dans le flux

Du Visible

Une blessure

Qui laisse échapper

Le Sens

Goutte à goutte

Bulle après bulle

Pétale après pétale

Et jamais

Ne se referme…

 

Toute Création

Est

Une fracture

Ouverte…

 

 

 Richard Skryzak 2009

                                                                                                     

 

 

 

 

Autoportrait à la bulle

 
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Vanité à la tulipe

 

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Instants Vidéos Poétiques et Numériques

IVNP.jpgL’association des Instants Vidéo Poétiques et Numériques www.instantsvideo.com a hérité de la manifestation des Instants Vidéo fondée en 1988 sous l’égide de la Maison des Jeunes et de la Culture de Manosque. Elle est ancrée à Marseille depuis février 2004. Nomade, elle y développe des actions de partenariat complice avec le milieu associatif et artistique (33 structures : Cinéma, cabaret, galerie, friche, Musée, médiathèque, bibliothèque, Université, Maison des Jeunes et de la Culture, collège, lycée, théâtre, restaurant….).

Les Instants Vidéo s’intéressent aux nouvelles formes d’écritures et aux oeuvres sensibles : art vidéo, installations multimédias, performances, documentaires de créations….

Depuis 1988, nous nous sommes petit à petit imposés comme un événement majeur de la scène internationale des arts électroniques et comme un partenaire actif et permanent pour l’accomplissement de différents projets liés aux nouvelles technologies de l’image : créations, programmations, conférences, production de textes critiques, formation, accompagnement de projets d’artistes….

 

LES INSTANTS VIDEO POETIQUES ET NUMERIQUES

& LA FONDATION QATTAN

Ont le plaisir de vous annoncer le

1er FESTIVAL D'ART VIDÉO ET MULTIMÉDIA DE PALESTINE

19 AU 24 MAI 2009

à Ramallah, Jérusalem et Gaza

 

 

 

Dossier_de_presse_Festival_Palest.pdf

 

 

 

 

Les GRANDES LIGNES du FESTIVAL

 

 

 

PROJECTIONS d'Art vidéo international

Palestine, Liban, Syrie, Iran, Egypte, Tunisie, Algérie, Emirats Arabes, Chine, Corée, Japon, Kosovo, Serbie,

Brésil, USA, Canada, France, Irlande, Allemagne, Angleterre…

« Résister c'est créer, danser, chanter », « Zones de conflits », « Leçons de communication »,

« Programmation Méditerranéenne », « La vidéo, c’est magique »

Expositions d'INSTALLATIONS

« Toro » de Mariana Vassileva

« Reflecting Pool » de Bill Viola

« In Vidéo Vanitas » de Richard Skryzak

« Tableaux Vivants » de Kasha Legrand

« Chic point » de Sharif Waked

« Vacuum » de Raeda Saadeh

« The return » de Jumana Abboud

« Control room » de Mohamad Harb

« An on going tale » de Shadi Habib Allah

« An ordinary day », « Once upon a time » de Hakeem B

« Body and sole » de Khalil Rabah

« Impossible journy », « Gaza diary », « like water » de Taysir Batniji

5 PERFORMANCES

Déclar'actions: « le chant des épices » et « 8 ou & ou ! »

de Julien Blaine

« Chanteur Alchimiste » de Natacha Muslera

« Aérobic Philosophic » de Pascal Lièvre

« In between – I am not a reader » de Manar zoabi

un ATELIER

avec de jeunes artistes locaux

animé par Dominique Angel

qui débouchera nécessairement sur une installation réalisée in situ et une performance.

7 RENCONTRES-DISCUSSIONS

Samuel Bester « Image et son: Nature/ Contre Nature »

Julien Blaine « Le rôle du corps dans la fabrication et la proclamation du poème »

Pascal Lièvre « Pop et Politique »

Natacha Muslera « La voix et le regard »

Dominique Angel « Pièce Supplémentaire »

Jean-Paul Fargier « Hommage à Nam June Paik »

Marc Mercier « La poésie électronique »

 

 

07/05/2009

Ezra Pound

Les Cantos

Editions Flammarion

Collection Mille et une pages, 2002

LOS CANTOS.jpgQUATRIEME DE COUVERTURE : Ezra Pound (1885 - 1972) est certainement l'un des plus grands poètes américains. Pionnier de la révolution moderne, découvreur de Joyce, T.S. Eliot, Hemingway, il s'installera en 1924 en Italie et deviendra l'un des plus étranges partisans de Mussolini. Inculpé de trahison en 1945, il passera douze ans en hôpital psychiatrique avant d'être libéré en 1958. Il terminera ses jours à Venise. Considéré dès son vivant comme un classique, il a cherché dans la réunion des cultures et des langues l'antidote à la décadence du monde moderne. Les Cantos, œuvre totale qu'Ezra Pound forgea tout au long de sa vie (entre 1915 et 1960), est le plus important poème épique du XXe siècle. Traduit pour la première fois en France en 1986, l'ouvrage était épuisé depuis plus de dix ans. Cette nouvelle édition enrichie de nombreux inédits et d'un appareil critique est l'occasion de remettre à l'honneur ce texte majeur et de se pencher sur ses répercussions dans la poésie d'aujourd'hui. Source

Ce flot de textes, de références à des personnages de tous les temps, de longs développements sur des considérations économiques et dynastiques, d'échappées sur les mythes et les récits historiques, forme un courant symphonique incessant.

 

[…]

 

Et, la nuit, le cerf court, le léopard,

Œil de chouette entre rameaux de pin.

Lune sur la palme,

                        confusion ;

Confusion, source de renouvellements ;

Aile jaune, pâle dans le rayon de lune,

Aile verte, pâle dans le rayon de lune,

Grenade, pâle dans le rayon de lune,

Corne blanche, pâle dans le rayon de lune, et Titania

Au bord de l’abreuvoir,

                        marches, taillées dans le basalte.

Y dansa Athamé, dansa et Phaethusa

La veine se colore ;

Force du sang déjà une fois bu,

La veine se colore,

Rouge dans la gorge affaiblie de fumée. Dis la rattrapa.

 

Et le vieillard continuait

                        de battre sa mule avec un asphodèle.

 

 

XXI - Ebauche de XXX cantos (p.118)

 

 

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                        Et la rose éclose pendant mon sommeil,

Et les cordes vibrant de musique,

Capripède, les brindilles folles sous le pied ;

Nous ici sur la colline, avec les oliviers

Où un homme pourrait dresser sa rame,

Et le bateau là-bas dans l’embouchure ;

Ainsi avons-nous reposé en automne

Là sous les tentures, ou mur peint en bas comme des tentures,

Et en haut une roseraie,

Bruits montant de la rue transversale ;

Ainsi nous sommes-nous tenus là,

Observant la voie depuis la fenêtre,

Fa Han et moi à la fenêtre,

Et ses cheveux noués de cordons d’or.

Nuage sur le mont ; brume sur coteau ouvert, comme une côte.

Feuille sur feuille, branche d’aube dans le ciel

Et obscure la mer, sous le vent,

Les voiles du bateau affalées au mouillage,

                        Nuage comme une voile renversée,

Et les hommes lâchant du sable près du mur des flots

Ces oliviers sur la colline

                        Où un homme pourrait dresser sa rame.

 

XXXIII – (p.126)

 

 

 

ARTICLE LMDA :

La nouvelle édition, désormais complète, des Cantos permet de lire l'oeuvre majeure mais d'un abord ardu d'Ezra Pound. Un hymne novateur et apocalyptique en quête d'une nouvelle civilisation.

Il est peu d'oeuvres au XXe siècle dont l'ambition fut aussi grande que celle des Cantos; et il en est peu qui furent à ce point un échec, ne serait-ce qu'aux yeux de leur auteur, et cela malgré l'influence déterminante que ce long poème épique exerça, notamment sur la poésie américaine. Avec Pound (1885-1972) "la catastrophe côtoie la gloire" remarquait Denis Roche qui fut l'un de ses premiers traducteurs; chez lui l'extrême générosité le dispute à l'ignominie, la lucidité poétique, à l'aveuglement politique. Mais cet échec -si c'en est un- doit avant tout se mesurer à l'aune de l'immense défi qu'il lança à la littérature : rien moins que reprendre le cours de l'Histoire, dans la prolixité des voix qui la composent, pour forger un autre chant, collectif et anonyme, qui soit aussi l'hymne d'une civilisation à venir.  Lire la suite  

 

Charles Despiau

(Mont-de-Marsan, 1874 - Paris, 1946)

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Odette, buste
(bronze)
1933
28 x 30 x 25 cm

Roberto Juarroz

 

« Penser très profondément à quelque chose, c’est également l’aimer ».

 

 

 

Roberto Juarroz

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FRAGMENTS VERTICAUX

 

 

 

 

 

« Penser et aimer nous conduisent toujours ailleurs, où l’on ne sait plus si l’on pense et l’on aime(…) »

 

 

 

Presque Poésie

 

Presque poésie. La vision et la parole ne coïncident pas toujours avec la somme du poème. Souvent il n’en reste que des noyaux, des germes, des images ou des frôlements, comme des vestiges ou des récoltes paradoxales d’un naufrage. Or toute la poésie est-elle autre chose ? Peut-être nous faudra t-il parler ici de fragments en chute, échardes de poèmes, gestes d’approche, morceaux de matière poétique de textes qui n’ont pas terminé de naître. Et nous consoler avec l’idée que naître est un procès qui ne se termine jamais.

 

Fragments verticaux, Roberto Juarroz, éditions José Corti, 1994 (p.13)

 

 

                          

 

 

Quelques extraits des Fragments :

 

 

77

L’intensité est dépourvue d’horloge. Ou alors quelque chose a effacé le cadran de son horloge. Cela a peut-être été l’œuvre de l’intensité même. (p.32)

 

 

40

Il faut amener l’amour à la pensée. Les séparer, c’est les amputer. Un amour qui ne pense pas profondément ce qu’il aime est une monstruosité. Une pensée qui n’aime pas profondément ce qu’elle pense, n’est pas une pensée suffisante. Là, de plus, se joue le sort de la poésie qui, sans cette conjonction, est privée d’existence. (p.58)



135

En plus des approches de la pensée, il y a des moments où l’homme, avec autant de nécessité, réclame l’approche des corps. (p.93)

 

 

05/05/2009

Maria Elena VIERIA DA SILVA - (1908-1992)

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Pour + d'infos

Vitrail Architecture

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Vitraux de l'église St. Jacques à Reims

POETIC COSMOS OF THE BREATH, 2007

Tomas Saraceno
(Argentine / Italie, né en 1973, vit à Francfort)

Sculpture/Structure gonflable

Consulter l’espace

arts catalyst

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Cloudy Dunes_Air-Port-City_2006

Artiste et architecte, Tomas Saraceno imagine des structures expérimentales, sous forme de ballons ou de plates-formes modulaires gonflables et habitables, qui tirent le meilleur parti des énergies naturelles. Ses visions ne sont utopiques qu'en apparence, car il les expérimente en réalisant des éléments qui fonctionnent. Il a d'ailleurs été invité par l'organisation londonienne The Arts Catalyst, elle-même mandatée par l'Agence spatiale européenne, pour discuter des possibilités d'utilisation de la Station spatiale internationale à des fins culturelles. Lire la suite

30/04/2009

W.H. Auden

La Mer et le miroir,

commentaire de La Tempête de Shakespeare

Edition bilingue

Traduction de l'anglais et présentation par Bruno Bayen et Pierre Pachet

Editions Le Bruit du temps, avril 2009

 

 

LA MER ET LE MIROIR.jpg

Présentation de l'éditeur:

C'est après avoir émigré aux États-Unis que W.H. Auden, qui a déjà derrière lui une oeuvre poétique considérable, compose entre 1942 et 1944 son poème dramatique "La Mer et le Miroir". Il s'agit à la fois d'une continuation et d'un commentaire de la dernière pièce de Shakespeare, La Tempête, oeuvre-testament dans laquelle le poète élisabéthain a donné – à travers une intrigue fantastique – un résumé énigmatique de sa pensée et de son théâtre. Dans "La Mer et le Miroir", les personnages de la pièce, après une représentation, reviennent tour à tour sur scène pour commenter, chacun dans une forme poétique qui lui est propre, le spectacle auquel le public vient d'assister.

"La Mer et le Miroir" est un chef-d'oeuvre, aussi bien par l'intelligence critique qu'y déploie Auden que par sa virtuosité de poète, en tous points digne de l'oeuvre qu'il commente. Comme Auden l'a lui-même dit à ses amis : « C'est mon art poétique, de la même manière que, je le crois, La Tempête fut celui de Shakespeare. »

Et c'est cela qui est particulièrement émouvant, dans ce poème écrit pour la scène. À la fin d'une «tempête» qui ne fut que trop réelle, la Seconde Guerre mondiale qui l'a exilé loin de son pays, Auden, dont une grande part de son oeuvre est déjà derrière lui, décide de méditer sur ce que signifia, pour Shakespeare, écrire une ultime pièce avant de renoncer à son art. Loin de voir dans La Tempête, comme Henry James, une pièce où Shakespeare se serait contenté d'offrir à son public comme à lui-même l'exemple le plus pur et le plus rare de son art littéraire, Auden a le coup de génie de donner à Caliban le dernier mot, au cours d'un long discours écrit dans une prose aussi subtile que celle de James. Il a compris que l'art n'est pas un sanctuaire, qu'il est le lieu où la vie la plus réelle peut se confronter à son reflet et que seuls les échanges constants de l'un à l'autre permettent de parvenir à quelque chose comme une « relation restaurée ».

Si Auden est si mal connu en France, c'est aussi parce qu'il est un poète d'une grande maîtrise formelle, un artisan virtuose de son art. Il est donc particulièrement difficile à traduire. Pierre Pachet, depuis toujours particulièrement sensible à l'art de traduire, et Bruno Bayen, qui possède une précieuse pratique de l'art du théâtre, sont parvenus à rendre toutes les nuances de sens d'un texte d'une grande complexité, tout en créant un poème français presque aussi musical que l'original anglais, que l'on peut lire ici en regard de la traduction.

 

 

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« Pourtant, en ce moment précis où nous nous voyons enfin nous-mêmes tels que nous sommes, ni à l’aise ni folâtres, mais sur l’ultime corniche battue des vents qui domine le vide sans fin — nous ne nous sommes jamais tenus ailleurs —, alors que nos raisons sont réduites au silence par l’énorme dérision — Il n’y a rien à dire. Il n’y a jamais rien eu à dire — et que nos volontés tremblent entre leurs mains — Il n’y a pas d’issue. Il n’y en a jamais eu —, c’est à ce moment que pour la première fois de nos vies nous entendons non pas les sons que, acteurs-nés que nous sommes, nous avons jusqu’ici condescendu à utiliser comme un excellent médium pour mettre en valeur nos personnalités et notre allure, mais la Parole réelle qui est notre seule raison d’être. »

Pour en savoir +

 

 

29/04/2009

David Lynch à la Fondation Ekaterina, Moscou

David Lynch, The Air is on Fire

 

10 avril - 12 juillet 2009

 

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© David Lynch, Sans titre, Sans date

Black and White photograph

Exposé pour la première fois en 2007 à la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris, David Lynch, The Air is on Fire sera présenté à la Fondation Ekaterina de Moscou du 10 avril au 12 juillet 2009. Cette exposition majeure dédiée à David Lynch en tant qu’artiste plasticien, explore les multiples facettes de son œuvre, réunissant peintures, photographies, dessins, lithographies, films expérimentaux et créations sonores réalisées depuis 1960. Lire la suite

 

Michel Dieuzaide

“Quand la lumière tient la plume”

du 25 mars au 3 mai 2009

au Château d'Eau

 

 

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« Le noir et blanc est le véritable jardin du photographe »

M. Dieuzaide

 

Trente ans d'images exposées

ICI

Anna Akhmatova

Le cœur perd longtemps mémoire du soleil,

Qu’est-ce qu’il y a ? Du noir ?

Peut-être ! une nuit va suffire pour que vienne

L’hiver.

(1911)

En lisant Hamlet

 

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en 1924

 

 

L'or se couvre de rouille, l'acier tombe en poussière, Et le marbre s'effrite.

Tout est prêt pour la mort. Ce qui résiste le mieux sur terre, c'est la tristesse, Et ce qui restera, c'est la Parole souveraine. Anna Akhmatova. En Russie, à la fin des années trente, parmi les millions d'innocents arrêtés qui disparaissent dans les cachots et dans les camps, il y a le fils d'Anna Akhmatova, un des grands poètes russes du siècle. Elle compose alors des poèmes qu'elle n'ose même pas confier au papier : des amis sûrs les apprennent par coeur et, pendant des années, se les récitent régulièrement pour ne pas les oublier.
En évoquant sa tragédie personnelle, Akhmatova parle au nom de toutes les victimes, et aussi de toutes les femmes qui, comme elle, ont fait la queue pendant des semaines et des mois devant les prisons. Ses vers " formés des pauvres mots recueillis sur leurs lèvres ", comptent parmi les plus poignants de la littérature russe. Les dizaines de millions de voix étouffées et brisées qui, grâce à elle, traversent l'espace et le temps pour parvenir jusqu'à nous, résonneront encore longtemps dans la mémoire de la Russie.