Ezra Pound (07/05/2009)
Les Cantos
Editions Flammarion
Collection Mille et une pages, 2002
QUATRIEME DE COUVERTURE : Ezra Pound (1885 - 1972) est certainement l'un des plus grands poètes américains. Pionnier de la révolution moderne, découvreur de Joyce, T.S. Eliot, Hemingway, il s'installera en 1924 en Italie et deviendra l'un des plus étranges partisans de Mussolini. Inculpé de trahison en 1945, il passera douze ans en hôpital psychiatrique avant d'être libéré en 1958. Il terminera ses jours à Venise. Considéré dès son vivant comme un classique, il a cherché dans la réunion des cultures et des langues l'antidote à la décadence du monde moderne. Les Cantos, œuvre totale qu'Ezra Pound forgea tout au long de sa vie (entre 1915 et 1960), est le plus important poème épique du XXe siècle. Traduit pour la première fois en France en 1986, l'ouvrage était épuisé depuis plus de dix ans. Cette nouvelle édition enrichie de nombreux inédits et d'un appareil critique est l'occasion de remettre à l'honneur ce texte majeur et de se pencher sur ses répercussions dans la poésie d'aujourd'hui. Source
Ce flot de textes, de références à des personnages de tous les temps, de longs développements sur des considérations économiques et dynastiques, d'échappées sur les mythes et les récits historiques, forme un courant symphonique incessant.
[…]
Et, la nuit, le cerf court, le léopard,
Œil de chouette entre rameaux de pin.
Lune sur la palme,
confusion ;
Confusion, source de renouvellements ;
Aile jaune, pâle dans le rayon de lune,
Aile verte, pâle dans le rayon de lune,
Grenade, pâle dans le rayon de lune,
Corne blanche, pâle dans le rayon de lune, et Titania
Au bord de l’abreuvoir,
marches, taillées dans le basalte.
Y dansa Athamé, dansa et Phaethusa
La veine se colore ;
Force du sang déjà une fois bu,
La veine se colore,
Rouge dans la gorge affaiblie de fumée. Dis la rattrapa.
Et le vieillard continuait
de battre sa mule avec un asphodèle.
XXI - Ebauche de XXX cantos (p.118)
Et la rose éclose pendant mon sommeil,
Et les cordes vibrant de musique,
Capripède, les brindilles folles sous le pied ;
Nous ici sur la colline, avec les oliviers
Où un homme pourrait dresser sa rame,
Et le bateau là-bas dans l’embouchure ;
Ainsi avons-nous reposé en automne
Là sous les tentures, ou mur peint en bas comme des tentures,
Et en haut une roseraie,
Bruits montant de la rue transversale ;
Ainsi nous sommes-nous tenus là,
Observant la voie depuis la fenêtre,
Fa Han et moi à la fenêtre,
Et ses cheveux noués de cordons d’or.
Nuage sur le mont ; brume sur coteau ouvert, comme une côte.
Feuille sur feuille, branche d’aube dans le ciel
Et obscure la mer, sous le vent,
Les voiles du bateau affalées au mouillage,
Nuage comme une voile renversée,
Et les hommes lâchant du sable près du mur des flots
Ces oliviers sur la colline
Où un homme pourrait dresser sa rame.
XXXIII – (p.126)
ARTICLE LMDA :
La nouvelle édition, désormais complète, des Cantos permet de lire l'oeuvre majeure mais d'un abord ardu d'Ezra Pound. Un hymne novateur et apocalyptique en quête d'une nouvelle civilisation.
Il est peu d'oeuvres au XXe siècle dont l'ambition fut aussi grande que celle des Cantos; et il en est peu qui furent à ce point un échec, ne serait-ce qu'aux yeux de leur auteur, et cela malgré l'influence déterminante que ce long poème épique exerça, notamment sur la poésie américaine. Avec Pound (1885-1972) "la catastrophe côtoie la gloire" remarquait Denis Roche qui fut l'un de ses premiers traducteurs; chez lui l'extrême générosité le dispute à l'ignominie, la lucidité poétique, à l'aveuglement politique. Mais cet échec -si c'en est un- doit avant tout se mesurer à l'aune de l'immense défi qu'il lança à la littérature : rien moins que reprendre le cours de l'Histoire, dans la prolixité des voix qui la composent, pour forger un autre chant, collectif et anonyme, qui soit aussi l'hymne d'une civilisation à venir. Lire la suite
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Commentaires
Bravo, Nathalie, et merci de parler ici de cette nouvelle édition des Cantos. As-tu vu le film de Vanni Ronsisvalle tourné pour la RAI, Une heure avec Ezra Pound (1968), où Pier Paolo Pasolini lit le Canto LXXX ? Bouleversant !!! Il y en a un extrait sur la toile.
Écrit par : Angèle Paoli | 16/05/2009
Oooops, je t'ai lue trop vite. C'est toujours l'édition de 2002. Je m'apprêtais à la recommander...
Écrit par : Angèle | 16/05/2009