Paul Celan (06/12/2009)
Corona
L’automne me mange sa feuille dans la main : nous
sommes amis.
Nous délivrons le temps de l’écale des noix et lui apprenons à marcher :
le temps retourne dans l’écale.
Dans le miroir c’est dimanche,
dans le rêve on est endormi,
la bouche parle sans mentir
Mon œil descend vers le sexe de l’aimée :
nous nous regardons,
nous nous disons de l’obscur,
nous nous aimons comme pavot et mémoire,
nous dormons comme un vin dans les coquillages,
comme la mer dans le rai de sang jailli de la lune.
Nous sommes là enlacés dans la fenêtre, ils nous regardent
depuis la rue :
il est temps que l’on sache !
Il est temps que la pierre se résolve enfin à fleurir,
qu’à l’incessante absence de repos batte un cœur.
Il est temps que le temps advienne.
Il est temps.
Paul Celan, traduction Jean Pierre Lefebvre.
© Editions Gallimard, 1998, pour la traduction française
Collection « Poésie Gallimard »
Bucarest, 1947
J'ai coupé du bambou
J'AI COUPE DU BAMBOU :
pour toi, mon fils.
J’ai vécu.
Cette cabane demain
emportée, elle
tient debout.
Je n’ai pas aidé à la bâtir : tu
ne sais pas dans quelle
sorte de récipient j’ai
mis le sable autour de moi, il y a des années, sur
ordre et commandement. Le tien
vient de l’air libre – il reste
libre.
La tige qui ici prend pied, demain
elle tiendra toujours debout, où que
l’âme te lance par jeu dans l’ In-
lié.
Paul Celan, traduction Jean Pierre Lefebvre.
Traduit d’après Paul Celan, Die Gedichte, kommentierte Ausgabe éd. Barbara Wiedemann.
Suhrkamp Verlag, Francfort 2003.
13:39 | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | | Facebook
Commentaires
un bel ensemble de textes de Celan est visible sur le site d'Ahmed Bengriche...
voir http://bengricheahmed.over-blog.com/article-paul-celan-83309012-comments.html#anchorComment
René
Écrit par : rechab | 13/05/2012