14/03/2013
Les Carnets d'Eucharis n°36 (Hiver 2013)
●●●●●●Poésie/Littérature Photographie
Artsplastiques●●●●●●●●●●●●
En ligne
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Les carnets d’eucharis n°36
HIVER 2013
GRAPPES DE LIERRE © Nathalie Riera, 2013
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Au format PDF
■ Les carnets d'eucharis n°36_Hiver 2013_2.pdf
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Les Carnets d'Eucharis, par Pascal Boulanger (article mis en ligne sur le site "Recours au Poème")
Les carnets d’Eucharis
Par Pascal Boulanger
SITE : Recours au Poème
Nathalie Riera est une lectrice infatigable. Egalement Poète, elle a publié Puisque beauté il y a (Lanskine, 2010), un recueil qui, en se gardant de tout solipsisme, couronne le jour qui passe et sait jouer des saisons de l’homme sur la terre Depuis 2008, elle diversifie, dans sa revue numérique Les carnets d’Eucharis, les approches et les contenus littéraires. Sans sectarisme mais ouvert aux tendances esthétiques les plus novatrices, son site est devenu incontournable.
Voici aujourd’hui la publication d’une première version papier de ces carnets.
Ma décision d’en venir, une fois par an, à une version papier, est une manière de ne pas négliger un pan du lectorat qui s’avère peu attaché à la seule lecture numérique (…) Claude Minière m’a fait part de cette pensée : « dans le passage à l’édition papier, il y a un geste significatif. Par là, vous allez vers ce qui se donne à la main, ce qui peut se lire dans la main (dans la méditation) – et donc n’est plus sous l’impression binaire « informatique », se déroulant pour l’œil seul. (Réponse de Nathalie Riera à une question de Richard Skryzak dans l’avant-propos). LIRE LA SUITE…
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15/02/2013
Les Carnets d'Eucharis (Année 2013) - Livraison le 1er février 2O13
Les Carnets d’Eucharis
●●●●●●Poésie/LittératurePhotographie/Arts plastiques●●●●●●●●●● 2013
COMMANDER A L'ADRESSE
L'Association L'Atelier des Carnets d'Eucharis
L'Olivier d'Argens - Chemin de l'Iscle - BP 44
83520 ROQUEBRUNE-SUR-ARGENS
JOINDRE LE BULLETIN DE COMMANDE
(à télécharger ci-dessous)
Les Carnets d’Eucharis, Année 2013
(HOMMAGE A SUSAN SONTAG)
Format : 170 x 250|206 pages| ISSN : 2116-5548
ISBN : 978-2-9543788-0-0
France : 17 € (rajouter 3 € frais de port)
En vente : 1er février 2013
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01/02/2013
Lancement de la revue "Les Carnets d'Eucharis, année 2013"
Université Paris 1
PANTHEON-SORBONNE
Lancement de la revue
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HOMMAGE à Susan Sontag
Essayiste & romancière américaine (1933-2004)
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EN présence de Nathalie Riera & Sabine Péglion
Un café-poésie sera proposé et organisé par Sabine Péglion, en soutien de la Revue et de son premier numéro annuel consacré à Susan Sontag. Une présentation sera faite par la créatrice de la revue : Nathalie Riera. A cette occasion, lecture par les écrivains, poètes et artistes invités dans ce premier numéro
Au sommaire de ce numéro ANNÉE 2013 sont invités :
Virgil Brill / Pierre Alechinsky/ Bruno Le Bail / René Barzilay / Patricyan / Claude Minière / J-G Cosculluela / Gérard Cartier / Georges Guillain / Béatrice Machet / Jos Roy / Gilbert Bourson / Roland Dauxois / Jacques Estager / Gérard Larnac / Angèle Paoli / Richard Skryzak / Sylvie Durbec / Mario Urbanet / Patricia Dao / Jean-Marc Couvé / Nathalie Riera / Claude Darras / Pascal Boulanger / Michaël Glück / Sabine Péglion / Mathieu Brosseau
...
Vendredi 8 février 2013
de19h à 22h
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Salle du Conseil de l'IAE de Paris
21, rue Broca, 75005 Paris
Salle 21 - 7ème étage
Métro 7 : Censier-Daubenton
Bus 91 : Les Gobelins
Bus 83 : Pascal ou Les Gobelins
Bus 27 ou 47 : Monge-Claude Bernard ou Les Gobelins
Contact :
01:08 Publié dans LES CARNETS D'EUCHARIS (pdf & calaméo), Nathalie Riera, Susan Sontag | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | | Facebook
13/12/2012
Les Carnets d'Eucharis - Automne 2012 - N°35
●●●●●●Poésie/Littérature Photographie
Artsplastiques●●●●●●●●●●●●
En ligne
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Les carnets d’eucharis n°35
AUTOMNE 2012L’AIL DES OURS/AIL SAUVAGE [Allium ursinum]
© Nathalie Riera, 2012
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Au format PDF
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26/10/2012
Les Jeux Dits de la Poésie
les
jeux dits de la poésie
vous invitent au lancement de l'anthologie*
en présence de l'éditeur Alain Blanc
des auteures Angèle Paoli & Sabine Huynh
& des poètes
Annie Salager
Marie-Ange Sebasti
Valérie Brantôme
Nathalie Riera
Louise Cotnoir
Béatrice Brérot
...
mardi 30 octobre
19h
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Bibliothèque municipale
13 rue de Condé
69002 Lyon
* pas d'ici, pas d'ailleurs : anthologie poétiquefrancophone de voix féminines contemporaines ; édition Voix d'Encre
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Nathalie Riera (inédit)
amour
- Nathalie Riera -
-IV-
un mot de lui l’amour pour se dire
le rythme phosphore des nuits de la langue
aux accouplements tourbillonnaires cambrures
gonfler l’étreinte est lune d’eau
le mince poignet que tu saisis
le serrement gracile serrement
arrondir la chaleur du talisman
avec emportement à nos bouches
de haut en bas la chaleur du serrement
talisman pour entrer dans le temps divin
sans heures tu la regarderas sans limite
verbe et vertèbre tressés dans le rayonnement
qui ne fléchit le serrement pour se dire
noire n’est pas la nuit la douceur à venir
au ventre à chérir tu dénoues le tressé de langues
bouche claire nous voulons l’amour d’un doigt lent
tu me remontes de ma voix à mes veines fleuries
voulons l’amour aux espaces délestés sans moindre bruit
que l’emportement et le serrement
7/09/12 – 8/09/12
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04/10/2012
Nathalie Riera (lecture)
9eédition de PoésYvelines
La Semaine des poètes septembre-octobre 2012
jeudi 4 octobre,20h30, à Marly-le-Roi
Les poètes Sabine Péglion, Nathalie Riera
et la chanteuse Sophie Monzikoff
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25/09/2012
à la PLC ce week-end...
La Petite Librairie des Champs
Sylvie Durbec
BOULBON
Contact : 06 26 41 70 42
durbec.sylvie@orange.fr
MUSIQUE & POESIE
Marielle Anselmo – Nancy Kouvarakou
Michaël Glück – Nathalie Riera
22 Septembre et 23 Septembre 2012
Michaël Glück – Nathalie Riera
Marielle Anselmo – Nancy Kouvarakou
Sylvie Durbec
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27/07/2012
Nathalie Riera (Extraits de "Puisque Beauté il y a" traduit en italien par Francesco Marotta)
NATHALIE RIERA
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© Editions Lanskine Puisque Beauté il y a, 2010
Nathalie Riera à Port Lligat (Cadaquès, Espagne) en juin 2002
Extraits
Traduit en italien par Francesco Marotta
Ta voix en eau peu profonde: sa menthe des marais,
et ses graines qui germent à la lumière.
Ta voix à fleur d’eau qui m’appelle.
Me boire. Me susurrer. Me festoyer.
Mouvementée ma longue silhouette herbacée, poussée
par les vents et leurs risées amères.
Quelques égratignures à mes couleurs, et sur mes murs
de lierre et de pierre, volettent mes cursives de papillons.
A nouveau le chant de l’oiseau que les feuillages épient.
La géomancie de leur chute. L’arborescence de leurs
figures sur le sol.
Et pour toi et moi le prodige de ce que nous sommes
capables d’édifier pour nous conduire aux cimes et aux
racines de notre provenance.
Décrypter les initiales de notre amour.
Décrypter les ombres des sommets et des fossés, et le
grésillement du soleil dans les arbres.
Si nos rêves et nos pensées ne penchent plus du côté
du soleil, s’il n’y a plus rien à espérer de soi et de l’autre
que nos assortiments de plantes invasives.
--------------------------------------- (p.28)
La tua voce in acqua poco profonda: la sua menta di palude,
i suoi semi che germogliano alla luce.
La tua voce a fior d’acqua che mi chiama.
Bevimi. Sussurrami. Festeggiami.
Si agita la mia lunga figura erbacea, mossa
dai venti e dalle loro risate amare.
Qualche graffio ai miei colori, e sui miei muri
d’edera e di pietra, i miei svolazzanti corsivi di farfalle.
Di nuovo il canto dell’uccello che le foglie spiano.
La geomanzia della loro caduta. L’arborescenza delle loro
figurazioni sul terreno.
E per te e me il prodigio di ciò che siamo
capaci di costruire per portarci verso le cime e alle
radici della nostra provenienza.
Decifrare le iniziali del nostro amore.
Decifrare le ombre delle alture e dei fossati, e il
frusciare del sole tra gli alberi.
Se i nostri sogni e i nostri pensieri non si tendono più verso
il sole, se non vi è più niente da sperare di sé e dell’altro
se non le nostre combinazioni di piante invasive.
Des chuchotis d’insectes le papier que tu froisses,
le craquèlement de tes lèvres: ce que tu cherches
à écrire, alors que tu ne sais encore rien du froid,
et de ses crimes.
Un bruit d’abeille la mer et l’aube, écrire
Pour tout ce qui est terre, et fragile. Ainsi nos
feuilles rugissantes dans les poussières sonores des
cités, ou dans les arbres qui nous enseignent les
branches et leurs coups d’archets.
Et mes souvenirs blancs comme du jasmin.
--------------------------------------- (p.46)
Bisbigli di insetti il foglio che accartocci,
la screpolatura delle tue labbra: ciò che cerchi
di scrivere, quando non sai ancora nulla del freddo,
e dei suoi crimini.
Un ronzio d’ape il mare e l’alba, scrivere
per tutto ciò che è terra, e fragile. Così le nostre
foglie che urlano nella polvere sonora delle
città, o negli alberi che ci insegnano
i rami e i loro colpi d’archetto.
E i miei ricordi bianchi come il gelsomino.
Parfois massif est le bleu de la mer.
J’écris avec l’encre de la lisière, avec le réel ancré
dans la pierre, avec l’immédiateté de l’air, l’imminence
de l’instant, la contiguïté du noir et du blanc.
J’écris à l’orée de ce qui ne me tient plus en lisière,
et de ce que je maintiens dans la plus étroite servitude.
Le bleu massif de l’enfance dans la lumière de la
colline.
Ma verte contemplation.
--------------------------------------- (p.50)
A volte compatto è l’azzurro del mare
Scrivo con l’inchiostro del margine, con il reale ancorato
nella pietra, con l’immediatezza dell’aria, l’imminenza
dell’istante, la contiguità del nero e del bianco.
Scrivo sul limitare di ciò che non mi trattiene più nella morsa,
e di ciò che tengo nella più ferrea schiavitù.
L’azzurro compatto dell’infanzia alla luce della
collina.
La mia contemplazione verde.
■ La dimora del tempo sospeso (Francesco Marotta)
__________________________
Nota biobibliografica
Nata nell’aprile del 1966 (originaria di Lille), Nathalie Riera vive in Provenza, autrice di un saggio, La parole derrière les verrous (Ed. de l’amandier, 2007), e di raccolte di poesia: ClairVision (Ed. Publie.net, 2009), Puisque Beauté il y a (Ed. Lanskine, 2010), Variations d’herbes e Paysages d’été (in via di pubblicazione entro il 2012).
Pubblicata in riviste cartacee e siti telematici dedicati alla poesia e alle arti figurative, ha tenuto seminari di scrittura e partecipato a letture pubbliche nelle mediateche, le prigioni, le scuole.
Ha creato la rivista telematica Les Carnets d’eucharis, che gestisce dal marzo 2008 (34 numeri editi fino ad oggi).
__________________________
09:58 Publié dans Francesco Marotta, Nathalie Riera | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
14/07/2012
Les Carnets d'Eucharis ETE 2012 - n°34
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Les carnets d’eucharis n°34
ETE 2012
2012 © Photo : Nathalie Riera – La série des paniers «abricots »
[SOMMAIRE………]
American Girl
RUTH ORKIN
Claire Pestaille
PHOTOGRAPHIE
Dora Maar
DU CÔTÉ DE…
Nathalie Michel (Souffle continue)
Raphaële Bruyère/Juliette Lemontey(La carpe, le pinson…)
Gilbert Bourson(Parking blanc)
Jacques Estager (Deux silhouettes, Cité des Fleurs)
Animal regard António Ramos Rosa
Gregory Corso Mexican impressions
CHRISTIAN BOURGOIS EDITIONS ANTONIO LOBO ANTUNES la nébuleuse de l’insomnie
EDITIONS JOSE CORTI ROBERT ALEXIS Les contes d’Orsanne
COLONNA EDITIONS ANGELE PAOLI Solitude des seuils
AUPASDULAVOIR
PIERRE AGNELSandro Penna, non ho fatto niente
■■■ EUGENIO MONTALE[Poesia Italiana]
Francesco Marotta … Antonella Anedda
DES LECTURES/DES PORTRAITS
Nathalie Riera Variations d’herbes par Angèle Paoli
Claude Dourguin La peinture et le lieu par Tristan Hordé
[Peinture&Céramique]Sophie Combres, Fille de la terre et du feu par Claude Darras
REVUE(S)
Triages – # Supplément 2012 (D’écrire j’arrête)
Diérèse – # 56 (Thierry Metz)
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Au format PDF
http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com/media/02/02/3096811378.pdf
&
Au format CALAMEO
http://fr.calameo.com/read/0000370718a123a07a9e3
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28/06/2012
Nathalie Riera, "Variations d'herbes" (une lecture d'Angèle Paoli)
Nathalie Riera, Variations d’herbes
Les éditions du Petit Pois, Collection Prime Abord,
Béziers, 2012.
AU BOIS SACRÉ DE SON CORPS
Lecture d’Angèle Paoli
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■■■ Dans les pliures ivoire des cahiers volants de Variations d’herbes se déploie un chant d’amour. Amour de la vie et de la nature, plaisir de l’éros, glissent à travers les poèmes-vagues de ce petit opus, séparés par des stries ondulées qui pourraient évoquer « les crinières de blé », ou le mouvement du vent dans le chignon défait de la belle, Bois sacré de son corps.
Dès l’ouverture de Variations d’herbes, la beauté rapide des chevaux engage la poésie de Nathalie Riera dans une course à vivre en harmonie avec une nature libre, dégagée d’entraves vaines. On pourrait croire à une traversée parfaite des chevaux dans le paysage, à la fusion idéale du cheval avec son amazone, si la femme n’était une amante de feu que le moindre geste, le moindre effleurement des doigts et des langues lance sans faux-fuyant ni atermoiement dans l’ardente effusion de l’amour :
lui dit : est lisse l’air de ta peau, hiéroglyphes tes lèvres où je m’attarde.
Et elle :
presque une danse
que nul n’oublie
je viens du feu
tiré du travail de mains jamais lasses
Et eux deux, dans la symbiose des corps aimants :
« (nos corps, je me relève, tu te redresses)
tout apaisement est fruit, le bon est notre demeure (viens !
donne-moi, tu aimes ça, portée par ce qui te plaît) »
Liés à cette triade, les « mots à venir » ― dont la lenteur à poindre exaspère parfois la poète friande ― lance sur les voies du poème celle qui n’a pas « d’histoire à raconter ». Étonnante composition de textes brefs, Variations d’herbes joue sur l’alternance des caractères en italique et en romain, joue des interlignages, mais aussi des parenthèses et des esperluettes, ensemble d’une écriture « botanique » portée par « l’amande la menthe » et toujours, dans un angle [in angulo], survient « la liesse des chevaux liés au monde ».
Les titres des poèmes, aux caractères sans empattement ― avec ou sans sous-titres, numérotés ou non ― sont à eux seuls variations ou louvoiements énigmatiques de phonèmes, de couleurs – noire ou grisée [alta voce ou voci grige a cappella] ―, d’options typographiques (avec ou sans capitale à l’initiale du mot-titre). À quel souci particulier de géométrie répondent ces dissemblances ? Rien de tangible qui permette de lever le mystère. Dès lors, se laisser porter par ces variations polyphoniques de la partition, annoncées dès la vignette grise et verte encollée sur l’aplat violine d’une couverture à double rabat. Se laisser porter par cette lenteur fluide des mots, là où la poète les voudrait « guêpes galops et vent », se couler avec elle dans l’espérance qui vit dans « une poignée de terre », traverser « le livre des eaux » dans la présence discrète et bienveillante du vert, « poésie parmi les lampes et les plantes ».
Toute la beauté du monde est au cœur des poèmes ― contrepoint de rythmes et d’images ―, comme elle l’est aussi dans les choix esthétiques de ce très élégant petit recueil. La beauté tient au corps de celle qui aime à faire palpiter la beauté au cœur de sa vie et des mots. Puisque beauté il y a. ■■■
JUIN 2012 © Angèle PAOLI
© D.R. Texte angèle paoli, juin 2012
Autres sites à consulter
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■Nathalie Riera lisant un extrait du recueil « Variations d’herbes »
21:27 Publié dans Angèle Paoli, Nathalie Riera, NOTES DE LECTURES/RECENSIONS | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
22/06/2012
Nathalie Riera ("Orange trees" & "Je cherche ma maison")
Soirée de lectures poétiques, organisée par la médiathèque de Saint-Vincent (43) et Jacques Estager. Lectures de Sylvie Durbec et de Nathalie Riera avec un accompagnement sonore de Benoit Poly. Vidéo de Jean Cortial.
22:12 Publié dans LECTURES PUBLIQUES, Nathalie Riera | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
18/06/2012
Nathalie Riera, Variations d'herbes (une lecture de Sabine Péglion)
Variations d’herbes
Nathalie Riera
Les Éditi•ns du Petit P•is, 2012
Collection Prime Abord
Site éditeur Les éditions du Petit Pois/ http://cordesse.typepad.com/leseditionsdupetitpois
Une lecture de Sabine Péglion
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■■■ « Poème qui est élargir rendre intense ne pouvoir s’en tenir au lieu qui aurait perdu tout mouvement à croupir se tenir accroupi »
D’emblée le nouveau recueil de Nathalie Riera Variations d’herbes, nous entraîne au-delà de nous même par l’intensité des mots, porteurs de notre présence au monde.
Intensité de leur saveur, de leur rythme : autour d’eux, l’espace de la page se structure, joue avec sensibilité des blancs, des polices, recueille couleurs, matière en vertige des sens
Ici les langues se mêlent
« ad alta voce »,
parcours à fleur de mots, à fleur de peau, il nous invite avec bonheur à
« caresser le cuir du langage et les voyelles de jouir font tinter ta gorge ».
Et c’est bien de musique qu’il nous faudrait parler « variations » en allitérations, assonances, créant le tempo
« guêpes galops et vent dans la nuque »
on quitte l’enclos, on s’aventure dans la matière du monde.
Pulsation, « Escapade Escarpement Œil et Terre Corde harmonique sauter en hauteur »
On découvre « Terre pour l’âme ».
Ainsi les poèmes de Nathalie Riera nous ouvrent-ils à l’espérance :
« Parce que tant de beautés qui dorment en arrière de soi. Parce que toute espérance se trouve dans une poignée de terre, s’accroche à l’arçon de la selle. »
Encore faudra-t-il l’entre-voir, la retenir… à la poursuite de ses « voix aux fusains d’oiseaux »…s’attarder entre les vers que ce beau recueil nous offre en ce printemps.
© Sabine Péglion, juin 2012
(Texte mis en ligne sur le site de Pierre Kobel La Pierre et le Sel)
■ LA PIERRE ET LE SEL (Site de Pierre Kobel)
http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2012/06/variations-dherbes-de-nathalie-riera.html
■ TERRES DE FEMMES (Angèle Paoli)
Extrait de « In angulo »
07:25 Publié dans Nathalie Riera | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
31/05/2012
Les Carnets d'Eucharis - COMMUNIQUE DE PRESSE - Projet d'un numéro annuel en version papier pour Février 2013 + BULLETIN DE SOUSCRIPTION/ABONNEMENT
Les Carnets d’Eucharis, créés sur internet depuis 2008, sont un espace numérique sans but lucratif, à vocation de circulation et de valorisation des œuvres littéraires, de langue française et/ou étrangère, inédites ou tombées dans le domaine public. Faire partie d’un vaste projet de recherche et de reconnaissance dans les domaines des écritures contemporaines et des expressions visuelles (photographie, peinture, sculpture…). Publier, diffuser et promouvoir. Telles sont les principales visées des Carnets d’Eucharis, dont le rayonnement et la notoriété sur internet semblent être des éléments favorables à la création d’une revue imprimée : la publication d’un numéro annuel viendrait en complément des 4 carnets saisonniers gratuits et téléchargeables depuis http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com.
Le lancement de cette première édition annuelle est prévu pour février 2013 (pour un tirage de 250 à 300 exemplaires, et un volume d’environ 120 pages).
La création de cette revue papier entend fidéliser et élargir le lectorat internaute, et ainsi permettre une plus large accessibilité, autrement que par la lecture numérique.
Un Bulletin de Souscription sera prochainement diffusé sur internet. Pour ceux et celles désireux de soutenir ce projet, le bulletin proposera différentes formules d’adhésion. Au choix : un abonnement annuel à la Revue « Les Carnets d’Eucharis », et/ou un don de soutien à l’Association « L’Atelier des Carnets d’Eucharis ».
2012 | Revue électronique&papier Les Carnets d’Eucharis | (ISSN 2116-5548) |
APPEL À PROJET
☼
HOMMAGE À SUSAN SONTAG
A l’occasion de son premier numéro papier, la revue souhaite rendre hommage à l’écrivain et intellectuelle new-yorkaise Susan Sontag. A la recherche de divers textes inédits : recensions, portraits, critiques sur ses essais et/ou son œuvre romanesque, je vous remercie de m’adresser vos propositions à : nathalieriera@live.fr
☼
LE CHANTIER DU PHOTOGRAPHE
Dans le cadre de sa nouvelle rubrique Le chantier du photographe qui sera intégrée dans la revue papier, sont invités les photographes pour leurs contributions inédites : présentation d’un projet photographique à l’état initial.
Télécharger le document
LES CARNETSD’EUCHARIS
Revuenumérique&papier
BULLETIN DE SOUSCRIPTION
Association L’Atelier des Carnets d’Eucharis
L’Olivier d’Argens - Chemin de l’Iscle / BP 44 - 83520 Roquebrune-sur-Argens
NOM/PRENOM : _____________________________________________________________
ADRESSE : __________________________________________________________________
CODE POSTAL : _______________ VILLE : _______________________________________
MAIL : _____________________________________________________________________
Je souhaite
■faire un don de soutien à L’Association L’Atelier des Carnets d’Eucharis
Je verse la somme de : _________ €
□ par chèque bancaire à l’ordre de L’Association L’Atelier des Carnets d’Eucharis
□ par mandat
■faire un simple abonnement à la Revue annuelle imprimée Les Carnets d’Eucharis
Prix de l’abonnement annuel : 17 € (+ frais de port à ajouter : 3 €)
□ PREMIER NUMERO PAPIER :
LES CARNETS D’EUCHARIS, Année 2013 – Susan Sontag/Virgil Brill
(20 €, frais de port compris)
Je vous adresse le montant par chèque à l’ordre de L’Association L’Atelier des Carnets d’Eucharis
L’Olivier d’Argens
Chemin de l’Iscle / BP 44
83520 Roquebrune-sur-Argens
Date : Signature :
Télécharger le document
LES CARNETS D’EUCHARIS
Nathalie Riera
Courriel : nathalieriera@live.fr
■ http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com
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01/05/2012
Nathalie Riera, Variations d'herbes, éd. du Petit Pois, 2012
Les Éditi•ns du Petit P•is
ont le plaisir d’inaugurer leur
Collection Prime Abord avec
……………………………………………………
NATHALIE RIERA
VARIATIONS D’HERBES
Variations d’herbes a été composée en Caslon 540 sur papier vélin ivoire de 160 g.
Les cinquante premiers exemplaires ont été signés et numérotés par les soins de l’auteur.
Ils constituent l’édition originale.
Format 14 x 18 cm
Non relié : 26 pages sur papier vélin ivoire 160g.
ISBN : 978-9534097-5-8
Dépôt légal : avril 2012
PRIX : 10 euros (+ frais de port)
(ce corps, toi sauvagement, dans l’offrande, ce cœur)
reviennent les choses ouvertes, auprès de toute verdure blessée,
brisure fermée aux lèvres, aux livres qui cessent l’éloge
ont dessein de vivre, louer ma soif, orange-trees
(ces mains, appuyées accablantes assidues, la chair dans l’herbe,
longuement l’embrassant la dépossédant la couvrant)
que ne cessent mes alliances avec les crêtes (elles replient leurs
toiles) peinture des collines
comme elles, me déployer à loisir, que fou soit le livre, crazy
dresses
je ne vous ressemble pas, c’est incompatible, écrire parmi
toutes ces choses-là
(orange trees, séquence I)
……………………………………………………
l’abîme est sans virgules
chaise vide
louvoiement des verticales en orgasme
louve de mon pouls cou ployé
de mon corps un Bois sacré
que nul n’oublie
(flexus florens, séquence I)
……………………………………………………
POUR COMMANDER
télécharger le bon de commande
Les Éditi•ns du Petit P•is
8, rue Suzanne Lenglen 34500 Béziers - Téléphone : 04 67 35 25 87 - Courrier électronique :davidzadresse-site@yahoo.fr – Site éditeur :http://cordesse.typepad.com/leseditionsdupetitpois
……………………………………………………
17:02 Publié dans Nathalie Riera | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
30/04/2012
Nathalie Riera à la médiathèque de Saint-Vincent (Vallée de la Loire) - VENDREDI 4 MAI 2012 à 20h30
langue morte disloque
la route des mots déploie ses herbes calcinées colonisées
l’amour est le seul poème qui me demeure
...
Nathalie Riera
(Inédit, 2012)
Nathalie Riera vit en Provence. Elle est l'auteur notamment d’un essai sur la contribution positive du théâtre et de la poésie dans l’espace carcéral : La parole derrière les verrous (éditions de l'Amandier, 2007), de recueils de poésie : Puisque Beauté il y a (Lanskine, 2010), Feeling is first/Senso é primo (Galerie Le Réalgar, 2011 – Collection "1 et 1" : un artiste et un écrivain – sur les peintures de Marie Hercberg), puis récemment aux éditions du Petit Pois : Variations d'herbes (collection Prime Abord, 2012). Elle dirige par ailleurs la revue numérique Les Carnets d'Eucharis depuis 2008 (33 numéros) et publie régulièrement en revue.
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29/04/2012
CALISTO, "Lou Andreas-Salomé ou le paradoxe de l'écriture de soi" par Nathalie Riera
Lecture Nathalie Riera
Lou Andreas-Salomé
ou le paradoxe de l’écriture de soi
Calisto
Editions L’Harmattan, 2012
Site Les éditions L’Harmattan/ http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=36770
(…)
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■■■ Que savons-nous en France de Lou Andreas-Salomé et de son œuvre ? Absence d’études littéraires consacrées à ses écrits, discrétion éditoriale, nous annonce Calisto, auteur de Lou Andreas-Salomé ou le paradoxe de l’écriture de soi, un essai semblait alors s’imposer, aux multiples ambitions : faire découvrir l’écrivain et intellectuelle née à Saint-Pétersbourg le 12 février 1861, mettre en lumière le paradoxe de l’écriture de soi (l’expression revient à M. Foucault), approcher la question de l’autobiographie (mot apparu au 18ème siècle sous la forme anglaise « autobiography »), tout en évitant les écueils des stéréotypes, autrement dit, tenter de « dépasser l’image d’égérie (…) que le temps s’est chargé de façonner à son égard » (p.15).
Nombre incalculable d’ouvrages et d’écrits de toutes sortes, correspondances prolixes avec Nietzsche, Rée, Rilke et Freud, L. A-Salomé s’inscrit dans « le paysage littéraire et transculturel des années 1900 » (p.19). L’écriture de soi ne se limite pas au genre autobiographique. La personnalité esthétique et philosophique de L. A-Salomé s’affirmera dans l’écriture des « Carnets intimes des dernières années » (écrits de janvier 1934 à mai 1936), carnets considérés « à mi-chemin entre les Mémoires, le journal intime, l’autobiographie et le traité philosophique » (p. 21).
Tout au long de ce mémoire commencé au début des années 2000, Calisto convoque de multiples personnalités, dont les œuvres critiques et théoriques sont consacrées à l’écrivain (J.P. Faye, P.C. Hummel, J. Lacoste…), ainsi qu’à la question de l’autobiographie et du roman (R. Barthes, P. Bourdieu, M. foucault, G. Genette, J. Starobinski…).
Qu’est-ce que l’autobiographie ? : « (…) en quelque sorte le produit du regard en arrière (…) vision rétrospective de sa propre histoire (…) le récit autobiographique est une re-construction » (p.26), « le produit d’une vie retranscrite » (p.27). Pour au mieux saisir ce qu’est l’autobiographie, une règle s’impose : « forme, langage (récit en prose), sujet traité (vie personnelle) et situation identitaire (auteur-narrateur-personnage) » (p.26). Calisto pose ainsi pour question les raisons du choix de l’autobiographie chez Salomé, s’il faut comprendre à travers ce choix la nécessité « de faire retour à ses racines, de se « reterritorialiser » après une longue période d’éloignement ou d’errance » ? (p.27).
Si l’écriture de soi « est à comprendre selon une dynamique particulière qui pousse l’auteur à écrire sur lui, à écrire en fonction de lui, à s’écrire lui-même » (p.32), le processus consiste paradoxalement à « l’écriture des autres pour une écriture de soi » : « L. A-Salomé entretient l’écriture de l’autre (…) pour révéler son activité, son mode de pensée, son caractère. L’écriture des autres lui permet en quelque sorte de se raconter, de se dire, de manière allusive et détournée » (p.34). Ce choix de Salomé opère surtout d’une détestation à l’idée de dévoiler sa vie privée.
Autre manière d’appréhender l’autobiographie : elle est également « un bon test en matière d’évaluation des faits ». Mais le choix de l’autobiographie répond t-il pour autant à une volonté de dire toute la vérité sur son vécu ? Tout souvenir fixé dans la mémoire a de forte chance de se modifier dans son contact avec d’autres souvenirs : « L. A-Salomé possède une pleine conscience de l’impossibilité d’une véridicité dans sa totalité » (P.54). Ainsi va-t-elle privilégier l’authenticité en recourant à peu de faits : « Ce n’est plus la somme des expériences qui est en jeu, mais l’approche véridique de la narration. Forme et contenu fusionnent au nom de l’exactitude » (p.54).
Dans la deuxième partie de l’ouvrage, Calisto met le doigt sur d’autres paradoxes, lesquels peuvent rapprocher entre eux des genres aussi différents que complémentaires, comme l’autobiographie et le roman, qui ensemble ont la capacité d’évoluer en résonance : « En effet, l’autobiographie, paradoxalement, est obligée de se servir des instruments de la fiction pour se construire. (…) l’autobiographie se construit de fait sur les bases de l’écriture romanesque. Elle doit tenter de dire la vérité au moyen des outils empruntés à la fiction narrative. La mise en abyme de ces deux genres engageant dans le même temps une situation équivoque et paradoxale » (p.99).
« (…) Dans l’écriture saloméenne, le roman vient relayer l’autobiographie là où elle connait des faiblesses. On ne peut parler alors de prédominance d’un genre sur l’autre. Le roman ne sert (ne ni dessert) l’autobiographie, il l’enrichit. Se trouve derrière les deux écritures utilisées par l’auteur, l’idée d’une complémentarité, bien plus que celle d’une rivalité. Acte autobiographique ou acte romanesque ? Les deux actes évoluent en étroite proximité, puisqu’ils participent au final à l’élaboration d’une seule et même écriture : l’écriture de soi » (p.119)
(Les carnets d’eucharis, Nathalie Riera, avril 2012)
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28/04/2012
Claude Simon, "Quatre conférences" (par Nathalie Riera)
Lecture Nathalie Riera
Quatre conférences
Claude Simon
Editions de Minuit, 2012
Textes établis et annotés par Patrick Longuet
Site Les éditions de Minuit/ http://www.leseditionsdeminuit.com/f/index.php
Les « causeries » de Claude Simon
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■■■ Chez Claude Simon la fabrication littéraire (au sens où écrire c’est fabriquer) répond à « un engagement de l’écriture »[1] : « (…) mes romans sont, je ne crains pas de le dire, très laborieusement fabriqués. Mais oui : leur fabrication me demande beaucoup de labeur ! »[2] . Engagement qui, bien sûr, se situe à l’opposé de tous les tenants d’une littérature dite « engagée » ; Claude Simon n’a que faire d’une littérature porteuse de considérations sociales, morales ou autres. Par ailleurs, il est reconnu que Simon avait souvent recours à d’autres textes pour évoquer sa vie et sa réflexion d’écrivain. Dans le souvenir d’une nouvelle de Borges, il se souvient de cet architecte-paysagiste qui « dessine un parc avec des statues, des pavillons, des petits lacs, des allées. Quand le parc est fini il s’aperçoit qu’il a fait son propre portrait. Je trouve que c’est une parabole admirable. On ne fait jamais que son propre portrait »[3].
Les « Quatre conférences » ont été prononcées par l’écrivain entre 1980 et 1993. La première « causerie » s’ouvre avec le géant Marcel Proust qui a toujours accompagné Simon dans sa réflexion sur la littérature et l’art. Que nous dit-il précisément dans cette passionnante causerie « Le poisson cathédrale » ? Reprendre la grande idée de Proust dans « Le Temps retrouvé » : « La vraie vie, la vie enfin découverte et éclairée, la seule vie par conséquent, réellement vécue, c’est la littérature ». Si Montherlant et Breton méprisaient la description, ce ne fut certainement pas le cas de Proust. « La réalité de la langue plus réelle que le réel » nous dit Simon : « La grande nouveauté (…) ce par quoi Proust innove radicalement en ouvrant au roman des perspectives entièrement neuves (…) ce par quoi il apparaît comme le grand écrivain révolutionnaire et subversif, la grande nouveauté, donc, qui confère à Proust sa taille de géant de la littérature, c’est que, chez lui, le rôle signifiant qui était jusque là dévolu à l’action est maintenant tenu par ce que l’on considérait jusqu’alors comme un élément inerte du récit, parasitaire, au mieux « statique », c’est-à-dire la description elle-même »[4].
Avec « L’absente de tout bouquet », prononcée le 21 mai 1982 à Genève, faisant référence à la question de la modernité, sous-entendue comme idée de progrès en art, Simon préfère au mot « progrès » les termes de « différences et d’évolutions » : « Chaque époque a sa modernité, et l’histoire de l’art est faite d’une série d’innovations n’instaurant jamais qu’un « autrement », en aucun cas un « mieux » (…) les diverses inventions théoriques ont surtout joué un rôle d’excitant (…) ». (p.42/43).
Dans « Ecrire », prononcée en 1989 à Bologne, l’écrivain ne s’embarrasse aucunement devant la question « Pourquoi écrivez-vous ? » qu’il juge lui-même « sournoise ». Chez Beckett qui répondait : « Bon qu’à ça ! », Simon affirme que c’est ce qu’il sait le mieux faire. Puis à la question « Pourquoi écrire des romans ? » : « (…) c’était là le seul domaine où il est permis de s’aventurer sans avoir au préalable été obligé d’accumuler des connaissances spéciales » (p.80). Tant de réponses ou de « commentaires plus ou moins réalistes », pour Simon toute activité humaine quelle qu’elle soit relève plutôt de « motivations multiples et ambigües ». Et aussi futiles sont les motivations nous incitant à écrire, il est une motivation bien plus profonde : celle de « justifier sa propre existence devant soi-même par un « faire » » (p.76).
Pas de place non plus à la mystification. Il importe, au contraire, de démystifier toutes ces images de l’écrivain qui « se consacre » à la littérature, ou qui a décidé un jour « d’entrer en littérature », ou qui écrit par vocation, autant d’expressions futiles et irritantes.
S’il est question de littérature et plus particulièrement de l’écriture du roman, aucun des propos de l’écrivain Simon ne doit être reçu comme un discours théorique. « Avant de commencer, il me faut dire qu'à la différence de certains écrivains je ne suis pas un théoricien de la littérature et que je n'ai pas écrit mes livres en application ou pour faire la démonstration d'une conception particulière du roman (...) et tout ce que je me bornerai à faire (...) c'est d'essayer de formuler quelques petites observations qui me sont venues à l'esprit au cours de mes lectures ou de mon travail. Rien de plus ». Claude Simon évoque la subversion accomplie par les Dostoïevski, Proust, Joyce, Kafka et Faulkner : retourner « sens dessus dessous l’optique romanesque ». Elimination de la fable, refus de délivrer un quelconque enseignement social, religieux, philosophique ou autre, Claude Simon ne se range absolument pas du côté de ceux qui considèrent que « tout écrit doit avant tout être utile, éclairant, porteur d’une morale » (p.92) « Aujourd’hui, les dirigeants des pays dits socialistes découvrent avec épouvante les désastreuses conséquences d’une science, d’une littérature ou d’un art que l’on a voulu soumettre à des impératifs sociaux » (p.94).
Chez Simon, ce qui prévaut clairement, en réponse à l’usure du roman romanesque, c’est « la question de la prééminence de la description » qu’il « convient d’étendre aussi bien à l’action qu’aux choses ». Dans la postface de « L’Acacia », Patrick Longuet écrit : « Claude Simon se préserve ainsi d’une tentation de la culture commune, d’un conformisme à un usage établi de sons et de signes convenus, c’est-à-dire suscitant des images à peu près nettes, ordonnées, distinctes les unes des autres ».[5]
Pour Alastair B. Duncan, chez l’écrivain de « L’Herbe » : « méfiance à l’égard des livres, du moins à l’égard des livres appartenant à une certaine tradition : ils sont censés donner de la réalité une idée fausse »[6]. Souci et remise en question du réalisme chez Simon : réalisme de la perception, réalisme de la mémoire : « la tâche de l’écrivain ne consiste plus à reproduire, mais à produire en travaillant les mots ».[7] L’attention chez Claude Simon sera notamment portée au « travail de et sur la langue ».
(Les carnets d’eucharis, Nathalie Riera, avril 2012)
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09/04/2012
Les carnets d'eucharis n°33 - Printemps 2012
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Les carnets d’eucharis n°33
PRINTEMPS 2012
2012 © Photo : Nathalie Riera - Série « Photobiographique/Autoportrait en herbe »
Photobiographique
NATHALIE RIERA
Gertrude Käsebier
PHOTOGRAPHE
■■■Thomas Brummett
DU CÔTÉ DE…
Jos Roy (choix de poèmes)
Roberto BolañoTrois/Les chiens romantiques
Cathy Garcia (Délit de photos)
CHRISTIAN BOURGOIS EDITIONS ADOLFO BIOY CASARES quelques jours au Brésil
EDITIONS ISOLATO CLAUDE DOURGUIN La peinture et le lieu
EDITIONS NOUS JEAN DAIVE L’énonciateur des extrêmes
CARDERE EDITIONS CATHY GARCIA Les mots allumettes
AUPASDULAVOIR
PIERRE AGNELGustave Roud, Le temps de l’Adieu n’est plus. Le temps de la Salutation commence
NATHALIE RIERAGustave Roud, attaché à la même seule échappée …
■■■ AMELIA ROSSELLI[Hommage]
Patti Smith … Walter Benjamin
DES LECTURES/DES PORTRAITS
Susan Sontag Le prurit de l’interprétationpar Nathalie Riera
Roberto Bolaño lâche ses chiens romantiques par Patrice Beray
Guido Cavalcanti / Danièle Robert Rimes & raison par Claude Minière
Paul Louis Rossi La porteuse d’eau de Laguna & Les Chemins de Radegonde par Tristan Hordé
[Disparition]Antoni Tàpies, métaphysicien de la matière par Claude Darras
REVUE(S)
Diérèse – # 56 (Thierry Metz)
La Voix des Autres – # 5 (Cahier central Angye Gaona)
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Au format PDF
Les carnets d'eucharis n°33_PRINTEMPS 2012.pdf
&
Au format CALAMEO
http://www.calameo.com/read/0000370711dc220cf86b3
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Les carnets d’eucharis n°34
ÉTÉ 2012
(mise en ligne vers la mi-juillet 2012)
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