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04/08/2008

Nous sommes l'amour - sur le site du Corridor Bleu

re-pon-nou

Blog

lundi 4 août 2008

 

un texte de nathalie riera

Je suis l’amour dans la poussière des routes, mon esprit n’a que lavandes et embruns pour sentiers.
Je suis l’amour comme vous. Vous savez, lorsque l’on se choisit pour se dire ce que nous n’avons encore dit à personne.
Vous savez que je suis l’amour comme vous, alors pourquoi le fer et le fiel ?




Je suis l’amour dans les ombrages d’un figuier, où fleurissent les mots, et je ne veux pas de vos fruits avariés, même si vous n’entendez rien de ce que je vous dis, je ne veux rien de tout cela qui nous dévaste : les champignons pillards et les fleurs du soleil noir.
Nous sommes l’amour irréparable.




J’ai mis à mes jambes des vieux bas tricotés de tiges et d’épines, et à mes pieds des chaussures à talons de pierre pointue.
Je suis l’amour qui ne vous aime pas.
Pas de serpent à nourrir dans mon sein.




Nous sommes l’amour inhérent.
Je me rafraîchis aux ombres claires, à l’eau du coeur, à la fraîcheur de l’alliance.
Avec toi, rive. D’où l’on peut encore s’inventer l’amour du prochain, le jaune du citron, le hâle des seins et des reins, l’espoir et ses motifs de pampres.
Ma rive inhérente, où le poème est encore de la brume sur la cime. Et c’est très bien.

 

« Elegeia et autres chants de soleil »

 

Texte inédit (extrait de "Carnet de campagne" II)

 

Janvier 2008

Sur le site Terre à Ciel

Chemin vers le vide, Nathalie Riera

http://terreaciel.free.fr/arbre/nriera.htm

Paru dans « Une étape dans la clairière » des Carnets d’Eucharis n°6 http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com/archive/2008/05/15/chemin-vers-le-vide.html

 

Extrait

 

... chemin vers la rencontre du présent. Cette grande puissance de l’instant, à demeurer notre plus grande latitude, du fait que l’instant n’appartienne ni au passé ni au futur.

 

 

Instant qui n’a pour ressemblance que l’instant. Le temps de ce qui est là et qui n’est plus là. Le temps de ce qu’il peut y avoir de plus important.

 

 

Le temps de ce qui se refuse à durer, à se figer, ou à se fermer.

 

 

Instant déterminé, et parfois déterminant.

 

 

//

 

 

Il est pourtant attendu de la poésie qu’elle nous soit air, échappée, coin de verdure, mais nous faut-il également visiter ses jours et ses nuits comme lieux de la perte, du détournement, de la diffraction.

20/06/2008

Exposition de l'atelier d'écriture - Nathalie Riera - Association Roquebrune-Culture

  A fleur d’encre
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Vendredi 20 juin 2008 : cela méritait bien une photo après 9 mois d'une sympathique animation auprès d'un groupe très très sympathique que je remercie.
La photo est signée Françoise-Bottu Grosso.
17h : la mine un peu... non ?
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Françoise B-G.
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... et puis, Eliane G.
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La structure en roseaux qui a permis de recevoir et de présenter les textes produits par l'atelier
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Les recueils confectionnés à l'occasion de cette expo qui s'est terminée aujourd'hui-même
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Des Haïkus, des tablotins, un ensemble de supports, d'écrits et de présentations, qui font d'un atelier un lieu de partage et de découverte, et font de l'écriture un exercice de plaisir
***
 Ce que  je raconte aux arbres

Où la lumière descend se pose sur les paroles en désaccord l’aphasie des herbes trop sèches le manque d’eau et cette attente d’un ruissellement de l’aube sur ce que les arbres ont de plus clair et qu’ils détiennent comme un secret l’incertain en somme Où la lumière se fend fendille les brindilles les branches de trop de harcèlement ou d’abandon le long des ombres longues et tenaces leurs éclisses sous les coups de la hache pénibles poèmes que toutes leurs fables infâmes à vos feuilles qui me racontent l’histoire du silence à mon tour de vous raconter l’endroit où la lumière descend se pose sur un brin de mon genou égratigné

N.R.

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Pour la saison 2008/2009

affiche A FLEUR D'ENCRE.jpg

02/06/2008

Esprit et langage avec Wittgenstein, rosset et Bouveresse

159808695.jpgLorsque Wittgenstein aborde le mystère du langage comme étant proche du mystère du monde, de la même manière Jacques Bouveresse[1]associe « esprit et langage », car pour mieux comprendre ce qu’est l’esprit, dira t-il, il nous faut au préalable comprendre ce qu’est le langage.

(…) "Mon livre traite des problèmes philosophiques et montre, je pense, que la position de ces problèmes repose sur une méconnaissance de la logique de notre langage. On pourrait résumer tout le sens de ce livre en ces termes : ce qui peut se dire, peut se dire clairement ; et au sujet de ce dont on ne peut pas parler, on doit se taire... Je pense que la vérité des idées ici exposées est inattaquable et définitive. Je pense donc avoir, pour l'essentiel, résolu les problèmes". (L. Wittgenstein)

1063457677.jpgAu sujet de l’esprit, celui-ci est défini comme « principe de la vie psychique ». Dans « Principes de sagesse et de folie », Clément Rosset[2] parle d’un grand « dérèglement de notre esprit » pour son glissement ordinaire et quelque peu systématique dans le monde irréel, et pour sa désolidarisation avec la réalité. Rosset cite Montaigne en ce que le principe même de ce dérèglement se situe « dans le fonctionnement de l’esprit lui-même ». Ainsi, et à la différence de Platon qui accuse le corps d’égarer notre esprit, dans sa proximité avec Montaigne, Rosset épouse la thèse que l’homme « délire » en tant qu’il dispose d’un esprit, et surtout en tant qu’il se laisse abuser par lui.

" Sur l'existence (ou sur l'être, ou sur la réalité) les paroles les plus profondes et les plus définitives sont le fait d'un penseur, Parménide, qui passe paradoxalement -- et injustement peut-être, j'y reviendrai - pour avoir été le principal inspirateur de l'interminable lignée des philosophes qui, de Platon à Kant et de Kant à Heidegger, nous ont enseigné à suspecter la réalité sensible au profit d'entités plus subtiles :

Il faut dire et penser que ce qui est est, car ce qui existe existe, et ce qui n'existe pas n'existe pas : je t'invite à méditer cela.

Tu ne forceras jamais ce qui n'existe pas à exister.

Clément Rosset, Principes de sagesse et de folie, Editions de Minuit, 1991/2004

1228566570.jpgDans sa proximité à Karl Kraus, et de par son grand souci de réalisme, Jacques Bouveresse accorde une grande attention sur ce qui concerne l’individu et son rapport au réel. Il ne se montre ainsi guère favorable à la « religion de l’information », information qu’il dira « industrielle », telle celle véhiculée quotidiennement par les médias. Il remet notamment en cause cette odieuse supercherie à continuellement nous envahir d’informations inutiles et sans intérêt, car ce que les médias nous montrent et nous disent, cela ne signifie pas pour autant une connaissance de la réalité. La représentation du réel par les médias nous fait tort, et à l'esprit lui fait perdre de vue le champ de la réalité véritable, et le maintient dans ce que Bouveresse appelle en d’autres termes un « processus de déréalisation ».

"Lorsque j'étais enfant, j'étais terriblement idéaliste, beaucoup plus que vous ne pouvez l'imaginer : je trouvais la réalité ordinaire sans intérêt, vulgaire et plutôt méprisable. J'ai véritablement eu à me réconcilier plus tard avec la réalité, en partie, mais sûrement pas uniquement, par la philosophie (cela ne passe jamais de cette façon). Cela m'a pris beaucoup de temps, mais je me suis remis, de plus en plus, à valoriser d'abord la réalité, la réalité concrète et à me méfier systématiquement de l'idéalisme. Je serais même tenté de dire que l'essentiel du combat que j'essaie de mener aujourd'hui est un combat contre l'idéalisme".

Jacques Bouveresse, Le philosophe et le réel, Ed. Hachette, 1998

Comment ne pas succomber au piège de la falsification du réel, si ce n’est enfin de se rendre compte que ce n’est pas le monde en tant que tel qui nous trompe ou nous leurre, mais que c’est la propagande et la propagation du mensonge qui nous trouble. Marc Aurèle écrivait : « (…) reviens à toi et, une fois sorti de ton sommeil, rends-toi compte que c’étaient des songes qui te troublaient ; une fois réveillé, regarde les choses comme auparavant tu les regardais ».

Nathalie Riera, 2007

 


[1] J. Bouveresse, « La philosophie et le réel », Hachette Littératures, 1998.
[2] C. Rosset, « Principes de sagesse et de folie », Ed. de Minuit, 1991/94, op. cit., p.71.
[3] Ibid., op. cit., p.73.
[4] In « Ch.I : ironie et satire », op. cit., p.28.
[5] M. Aurèle, Ibid., « Livre IV-XXXI ».

15/05/2008

Chemin vers le vide

Chemin vers le vide

Par Nathalie Riera

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Antoni Tapiès
Empreinte de pas - Eau-forte 1972

Salah Stétié dira de la poésie d’être « sans aucun doute la ligne de crête de l’esprit ». A cette sorte d’évidence, il me plaît de penser que nous ne savons lire du quotidien et de ses mots de tous les jours que son bleu trop monocorde ou trop bruyant, ou son gris trop grave ou insipide, et cependant n’avons-nous pas, de toute notre force d’être, tressé au-dessus de nos têtes d’irrésistibles et d’invisibles liens qui nous unissent de là où le venin se retire, et où le chemin n’est pas de marcher vers, mais d’errer en suivant le vol d’un oiseau.

J’aime, en effet, entendre par poésie, qu’elle est le chemin vers le vide (selon encore Stétié).

Par chemin vers le vide, il me plaît de préciser vers le vide qui nous éclaire, ou qui contribuerait à une plus large respiration, contrairement au savoir qui n’a que le pouvoir de nous enfermer, au lieu de seulement nous aguerrir l’esprit.

Et puis surtout, chemin vers la rencontre du présent. Cette grande puissance de l’instant, à demeurer notre plus grande latitude, du fait que l’instant n’appartienne ni au passé ni au futur.

Instant qui n’a pour ressemblance que l’instant. Le temps de ce qui est là et qui n’est plus là. Le temps de ce qu’il peut y avoir de plus important.

Le temps de ce qui se refuse à durer, à se figer, ou à se fermer.

Instant déterminé, et parfois déterminant.

//

Il est pourtant attendu de la poésie qu’elle nous soit air, échappée, coin de verdure, mais nous faut-il également visiter ses jours et ses nuits comme lieux de la perte, du détournement, de la diffraction.

J’aime lire de Maryline Desbiolles : Plus on tente de s’en sortir et plus on s’essouffle, plus on manque d’air.

Ou encore chez Antoine Emaz : à des moments//on voudrait fuir//jusqu’à n’être plus rien//qu’un vent de sable//un givre…

//

A chaque instant s’en sortir d’être prisonnier de ce qui n’est pourtant pas un enclos, mais plutôt une terrasse exposée à tous les vents.

S’exiler dans l’essoufflement des feuilles, à ne pas vraiment comprendre ce qu’il nous faut y trouver ou y perdre.

Se recueillir près de l’eau sensible du cœur, comme le jour tout de rondeur et de douceur nous accueille.

Et puis attendre que la nuit efface le chemin.

//

Où la page n’est pas blanche, mais vide.

Toujours plus près du silence qui vit tout à la fois de son feu et de son eau.

Vers ce chemin où je me relègue et qui fait mon enthousiasme.

 

Nathalie Riera

Le 13 mai 2008

-Tous droits réservés-

Télécharger  Une étape dans la clairière du 13 mai (6).doc

01/03/2008

Salon du livre Paris - 2008

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Nathalie Riera en dédicaces

DIMANCHE 16 MARS 2008 à 13h

pour son essai "La parole derrière les verrous"

Editions de l'Amandier - Octobre 2007

http://www.salondulivreparis.com/41/dedicaces.htm?lang=fr...

17/01/2008

Vient de paraître

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Nathalie Riera

La parole

derrière les verrous

12

ISBN 978-2-35516-023-3

9 782355 160233

Illustration Aurélie Dève - CL2

Éditions de l’Amandier

http://www.editionsamandier.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=185

52e0e81519a236fd03c87d5b0cb60ec1.jpgNathalie Riera, des mots pour s'évader

Nathalie Riera a été, pendant des années, une observatrice privilégiée de la condition carcérale, à travers le prisme d'ateliers de théâtre, de poésie ou de parole qu'elle organisait à la prison de Draguignan ou chez les mineurs détenus à Grasse.

Dans son livre « La Parole derrière les Verrous », véritable témoignage sur la misère du système carcéral et les moyens pour les détenus de s'en évader par l'esprit, elle résume : « Si je devais m'étendre sur ce que j'ai éprouvé à l'encontre de l'espace carcéral, de ce qui le constitue et le singularise, ce sera par ces quelques termes qui suivent : paranoïa, mythomanie, régression, anesthésiant. D'où l'intérêt de multiplier des projets culturels et de favoriser des rencontres pluridisciplinaires ».

Cette désormais Roquebrunoise, qui a habité Trans-en-Provence a animé des ateliers à la prison dracénoise de 1992 à 2002, puis à Grasse jusqu'en 2005. « Je me suis lancée dans cette aventure, au culot et cela m'a apporté beaucoup », dit-elle, évoquant, dans cet univers à part « la nécessité de la parole, qui m'a ouvert les yeux sur des réalités ».

Dans la grande majorité des cas, elle a été bien accueillie par les détenus et l'administration pénitentiaire. Ses interventions avaient lieu dans le cadre d'un protocole entre les ministères de la Culture et de la Justice , aux côtés d'autres intervenants dans des domaines aussi variés que la peinture, l'informatique ou la musique, à travers l'association éducative d'aide aux détenus.

Nathalie Riera apporte avec ce précieux document une indispensable contribution à la compréhension et aux tentatives d'amélioration de la condition des détenus, dans la perspective notamment de leur réinsertion. Sa conclusion est à cet égard remarquable : « Le rêve, c'est l'unique cadeau de la liberté et dans cette dimension exceptionnelle, l'homme apparaît dans sa vraie beauté. Il existe une autre liberté, celle de ne plus avoir peur de se retrouver dans la créativité de sa solitude, pour un meilleur partage de sa richesse avec les autres. » Encore faut-il en donner les moyens à ceux que notre société préfère encore trop souvent maintenir dans le silence? derrière les verrous. Savoir +

« La Parole derrière les Verrous », aux Éditions de l'Amandier, 75 pages, 12 E, est disponible (ou à commander) à Lo Païs, Papiers Collés, Maison de la Presse , FNAC, Charlemagne. http://nathalieriera.unblog.fr/

Var Matin