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30/05/2008

Pascal Boulanger (Quatrième de couverture & Extrait)

448063550.jpg FUSÉES & PAPEROLES

chroniques de poésie

Pascal Boulanger

La poésie a connu au XXe siècle une mini catastrophe, mini mais aux effets dévastateurs : la puissance de sa langue et de sa pensée a émigré vers la grande prose romanesque, celle de Proust, de Joyce, de Céline… Est-ce à dire que les poètes ont tous déserté ? Mais Artaud, Pound, Ponge, quels noms leur donner ?Et s’il ne nous est plus loisible de nous déplacer dans de vastes continents poétiques, est-ce à dire que de la déflagration qui les a ravagés, et dont s’est constituée la modernité littéraire, n’ont pas subsisté, et ne subsistent pas toujours, de très étincelantes parcelles, d’autant plus lumineuses, d’autant plus douées d’une force radioactive, qu’elles sont isolées, errantes, inaptes désormais à s‘agréger entre elles, à composer une totalité. C’est à ces astéroïdes nomades, les uns doués de la vitesse des « fusées » (bonjour Baudelaire), les autres mimant les lents, discrets flottements de modestes « paperoles » (bonjour Proust), que Pascal Boulanger a consacré de déjà longues années de sa recherche. Il livre ici ses analyses et ses conclusions. Il fallait, pour mener au mieux une telle tâche, un écrivain ayant lui-même la pratique de la poésie (au sens que je tente de donner à ce mot), un homme libre d’attaches idéologiques et institutionnelles, ouvert à des expériences d’écriture parfois à l’opposé des siennes, peu respectueux des frontières entre les genres littéraires, en prise avec le réel de son époque, doué d’une mémoire historique, résistant aux oukases, aux dogmes, aux divers terrorismes et aux lancinants chants des sirènes nihilistes de son temps. Pascal Boulanger est cet écrivain et cet homme-là. Jacques Henric L’ACT MEM FUSÉES & PAPEROLES PASCAL BOULANGER

L’ACT MEM 17 Lire aujourd’hui

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A PROPOS DE L'AUTEUR ... En forme d'avant-propos :f&p_a_propos.pdf

 

EXTRAIT

« La parole poétique dit et ne dit pas, saisit et se détache, fait lien et cassure, compose et décompose la vie dans la mort et la mort dans la vie et, avant tout, elle intègre un espace-temps dans lequel une voix nomme. Elle nomme en suspendant les figures idolâtriques et en se risquant dans l’acquiescentia in se ipso (Spinoza), qui évoque la présence à soi, la joie et le pouvoir d’agir.

Les possibles sont-ils perdus ? Jamais, et il n’y a pas d’autre actualité , pour un poète, que celle consistant à refuser le moteur du ressentiment vis-à-vis du temps et de son « il était ». Rimbaud est ailleurs que dans l’ailleurs où la communauté le cherche. Il n’est pas plus dans la poésie comme posture et imposture littéraires que sur les chemins besogneux de la soif de vivre. Il témoigne, par-delà son soit-disant silence, de l’union dans la désunion et sa prétendue absence est un mythe. Ses notes nerveuses relatives à son périple final en civière et toute sa correspondance sont aussi poésie, elles ne seraient éloignées que d’une pratique de la poésie dont justement Rimbaud s’est ostensiblement éloigné (Daniel Oster, L’individu littéraire, P.U.F. coll. « Ecriture »). La poésie, comme dépassement de la métaphysique, est une manière de dire et une manière d’être, elle supporte et dépasse l’inacceptable de la vie sociale en relançant l’existence simple et forte – son noyau d’enfance – que la servilité fonctionnelle n’a pas encore détruite ».

(pp.75/76)

Lire la note de "Corridor Bleu"

http://re-pon-nou.blogspot.com/2008/04/lire.html

 

 

Avec ce que la vie a d'immédiat

675037139.jpg

« (…) la poésie, c’est rechercher le contact avec ce que la vie a d’immédiat, dans des rapports avec d’autres êtres qui en deviennent de l’absolu,  et cette expérience ne peut se faire qu’en délivrant la parole des systèmes conceptuels (…). La poésie n’est pas l’ennemie de la pensée, bien au contraire, elle attend de l’admirable raison dont l’esprit dispose qu’elle organise ce monde qui pourrait être si beau si tant soit peu en étaient accueillies par nous les suggestions de vraie plénitude. Elle n’est pas même l’ennemie des rêveries les plus utopiques, car elle sait la valeur des rêves, quand ils ne cachent pas leur nature. Mais elle dispose d’un point de vue qui lui permet de critiquer la pensée d’une façon radicale, pour en incriminer l’esprit de système. Ma réaction, dans la situation de l’après-guerre, ce fut d’estimer que la poésie était le devoir majeur, auquel je me devais de donner priorité. Un souvenir, celui-ci encore, duquel je ne veux absolument pas m’éloigner ».

Extrait d’Un entretien avec Yves Bonnefoy par Robert Kopp – Magazine littéraire, juin 2003 (n°421)

 

La lumière profonde a besoin pour paraître

D’une terre rouée et craquante de nuit.

C’est d’un bois ténébreux que la flamme s’exalte.

Il faut à la parole même une matière,

Un inerte rivage au-delà de tout chant.

Il te faudra franchir la mort pour que tu vives,

La plus pure présence est un sang répandu.

(Extrait Du mouvement et de l’immobilité de Douve, p.74)

 

 

Pasolini e Ezra Pound

J'attends que parlent les plantes -- prises

par le profond sourire qui s'exhale

de la terre au soleil absorbés l'un par l'autre --

moi, qui ne sais pas parler, étouffé

à peine éveillé, par tant de clarté

et les sens mis à vif par l'or qui est vie

humaine chez les arbres. Or, fraîcheur,

qui gonflent ma chair de joie.

 

Et tout cela, de la sensuelle

douceur, n'est qu'une ombre.

Pier paolo Pasolini 

EXTRAIT "Poèmes posthumes" VII - (1950/1951)

 

***

 

PETITS POEMES NOCTURNES

 III

Quand il est plus dur de vivre

la vie est-elle plus absolue ?

Sur les rives vespérales

de mes sens muets est muette

 

la vieille raison

en quoi je me reconnais :

c'est un parcours intérieur

un sous-bois étouffé

 

où tout est nature.

Pénible travail

de subsistance obscure

 

toi seul es nécessaire...

Et tu m'emportes doucement

au-delà des frontières humaines.

29/05/2008

Hamsarayan (The chorus) - Abbas Kiarostami

« Kiarostami ou l’art de l’enfance

Il y a seulement quelques années, Abbas Kiarostami était, en Occident, un parfait inconnu. C’est en France, plus précisément à Nantes en 1988, que Où est la maison de mon amie ? fut projeté pour la première fois, hors d’Iran, au festival des Trois Continents. Aujourd’hui, il est devenu par l’intermédiaire de nombreux passeurs, une référence universelle pour quiconque pense que le cinéma joue encore un rôle de conscience du monde. »

Thierry Jousse

Extrait des Cahiers du Cinéma n°493 (juillet/août 1995)

 

Les autres films de Kiarostami : Au travers des oliviers, Close up...

Yona Friedman

462486026.jpgLa ville spatiale, 1960

Collage

 

 

 

 

 

 

1293975239.jpg Nonument

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

12 films d'animation réalisés entre 1960 et 19631267574493.jpg

28/05/2008

Carla Benvenuto

Corpo (2007) - olio su carta, cm. 20,5x31

1082579062.jpg

Carla Benvenuto est née à Gênes en 1956.

 

Après le Lycée Artistique N. Barabino, elle fréquente quelques cours à la faculté d’Architecture, un laboratoire graphique et l’étude du peintre R. Sirotti. Elle ouvre une étude à Bogliasco. Par la suite, une fois terminée l’Académie Ligure des Beaux Arts de Gênes, elle suit quelques stages de lithographie à Fréjus, en France.

 

Entre 1978 et 1997, son activité d’exposition est rare (elle gagne un prix jeune à Ronco Scrivia et elle expose dans différentes collectives ; une personnelle à Pietra Ligure).

 

C’est entre 1998 et 2007 qu’elle se manifeste ouvertement à travers différents langages.

 

En 2006, elle crée la rencontre entre les célèbres artistes ligures, R. Sirotti, A. Caminati, E. Luzzati et le lithographe français Mario Ferreri.

 

Actuellement, elle travaille dans deux études : à Gênes pour le Bookshop du Palais Tursi, où l’exposition est permanente et à Gênes Quinto.

L'amore di un silenzio puo durare tutta une vita : dentro a quel silenzio vi è l'universo intero. 

Nous nous souvenons tous d’un silence vécu, transpiré, tendu, subi, aimé.

Un silence peut durer longtemps dans notre âme.

L’amour d’un silence peut durer toute une vie : à l’intérieur d’un silence il y a tout un univers.

Quand on aime une autre personne c’est parce qu’on l’a reconnue dans un silence.

 Dans le silence il se révèle quelque chose de surhumain. De nombreuses personnes ont parlé du silence dans la musique, de l’importance vitale des pauses.

Un acteur comme Eduardo de Filippo a dit qu’un personnage sur scène se révèle pendant les pauses.  C’est justement cette révélation dans le silence qui à avoir avec le Sacre, c’est-à-dire avec quelque chose de divin et éternel. Je pense au silence comme au « temple sacré », au « conteneur » de ce que l’homme a de plus intime et mystérieux dans sa profondeur. Les sons et les mots peuvent construire ou démolir ce « temple » qui communique par intermittence avec la vie.

(…)

Valère Novarina, dramaturge et homme de théâtre contemporain a écrit « être acteur n’est pas aimer apparaître, c’est aimer énormément disparaître », et, j’ajouterai, probablement dans un soupir entre les mots au centre de la scène.

Extrait de « L’acteur entre le sacre et le profane »

(L’attore tra sacro e profano)

Carla Benvenuto

Rien ne serait donc possible après ?

1561629422.jpg Eloge de la pensée de midi

est un essai littéraire et politique qui porte un autre regard sur la Méditerranée et se propose de faire découvrir un nouveau « savoir… vivre méditerranéen ».

Eloge de la pensée de midi ou comment découvrir autrement la Méditerranée du XXIème siècle et résister au nihilisme qui enténèbre notre époque.

Thierry Fabre, Actes Sud, septembre 2007

 

Il n'est rien si beau et légitime que

de faire bien l'homme et dûment,

ni science si ardue que de bien

et naturellement savoir vivre cette vie.

MONTAIGNE

 

Prologue

(extrait)

Image vagabonde, née sous la plume d’Albert Camus, la pensée de midi est longtemps restée une constellation lointaine, perdue quelque part dans les nuées. Indiscernable étoile masquée par le poids de la nuit, par la masse compacte d’une histoire accumulée qui charrie dans le siècle les ténèbres d’une violence définitive. Rien ne serait donc possible après ?

Le nihilisme a fait son œuvre. Il a dévasté l’Europe, saccagé nos plus intimes convictions et il nous laisse comme égarés au milieu de tant de décombres et de ruines. Est-ce le bout du chemin ? La fin de l’Histoire ? Notre seul horizon serait dans une célébration de la mélancolie ou dans un consentement sans fin(s) à l’univers de la marchandise ? Nous en sommes là, prisonniers d’un cercle que nous avons nous-mêmes crée…

(…)

Ma Méditerranée n’est pas une réalité géographique, c’est un paysage de l’âme, un entre-deux mondes, entre la chair du sensible et les déploiements du divin.

(…)

Le sentiment de la Méditerranée s’est peu à peu transformé en un territoire de l’imaginaire qui traverse et augmente le réel, fait de Noir et de Bleu, indissociablement.  Sens du tragique et goût de la vie, en une même tension harmonique où se retrouve, comme en écho, la voix de Carmen choisie par Nietzsche contre Wagner.

Ici, pas de ressentiment, mais « le bonheur bref et périlleux de la gaîté fataliste » que Nietzsche perçoit dans la figure de Carmen.

(…)

Face aux mythologies du quotidien, dont Roland Barthes a montré il y a cinquante ans déjà combien elles nous asservissent à l’objet, j’ai recherché une « réconciliation du réel et des hommes » en suivant le chemin ascendant de l’héritage méditerranéen.

« La source est là, observait Georges Duby, la source profonde de la haute culture dont notre civilisation se réclame ». Cette  haute culture s’exprime dans les œuvres et elle prend forme chaque jour, dans notre art de vivre.

La Méditerranée n’est pas qu’un assemblage de vieilles pierres ou une forme de soumission au passé qui nous entrave. Elle n’a pas perdu sa force inaugurale…

Ni célébration du passé ni révérence à l’avenir, juste le temps de la Présence où prend forme la pensée de midi.

 

Catalogue "la pensée de midi" :

http://www.actes-sud.fr/pro/librairie/brochures/pensee_de_midi_2007.pdf

26/05/2008

Le mépris - La pensée de midi (n°24/25)

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Revue littéraire et de débats d’idées

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Thierry Fabre, chercheur et essayiste,
spécialiste des questions culturelles en
Méditerranée, vit à Marseille depuis 1996.
Il a créé les Rencontres d’Averroès en
1994, et il dirige la revue La Pensée de midi.
www.lapenseedemidi.org
www.rencontresaverroes.net

 N°24-25 Le mépris
(Un dossier coordonné par Michel Guérin et Renaud Ego)

La pensée de midi N° 24/25 (Actes Sud, mai 2008)
22 euros, 256 pages
ISBN 978-2742776283 Sur un air du temps

Le mépris apparaît comme l’agent pollueur le plus dévastateur de ces vingt dernières années, et cela d’autant plus qu’il devient l’air que l’on respire, il s’insinue partout jusqu’à trouver en chacun de nous un possible relais. L’homme d’aujourd’hui n’a qu’une maxime de fonctionnement : il n’a pas le temps.
Le mépris est le fruit d’un manque cruel d’attention, d’autant plus effrayant qu’il ne relève pas d’une stratégie délibérée, mais d’une indifférence abyssale doublée d’une suffisance du “système” à se prétendre sans alternative. Personne ne peut rien faire pour personne – telle est la sinistre moralité de l’histoire.
La société du mépris n’est pas celle où des hommes en font souffrir d’autres volontairement, c’est celle où l’idée de fin est en voie d’oubli total et où la stricte logique des moyens s’applique sans limitation à tout et à tous.
Impossible de s’en satisfaire !
Le monde nous livre des encouragements. Il fait signe. Or, pour qu’il en vienne à faire sens, il importe qu’un désir, une volonté, un idéal, une avidité de belles images, une passion bien bâtie que l’argent n’est pas assez riche pour acheter ni raser, impose l’ordre du jour et demande la parole. C’est cette parole à plusieurs voix dont ce numéro se fait l’écho.
Ou comment sortir du temps du mépris…

Paul Ardenne / Catherine Chabert / Marcel Cohen / Jean Duvignaud / Renaud Ego / Bruno Etienne / Michel Guérin / Axel Honneth / Pierre-Damien Huyghe / Guillaume Le Blanc / David Le Breton / Bernard Noël / Hubert Nyssen / Bernard Stiegler

 

http://www.lapenseedemidi.org/revues/revue24-25/sommaire.html

A l'occasion de la nouvelle parution "Le Mépris" (n°24/25), La pensée de midi organise une série de rencontres avec des auteurs de ce numéro.

AUTEURS INVITES

Marcel Cohen Outre ses entretiens avec le poète Edmond Jabès, Du désert au livre (Pierre Belfond, 1981), et ses ouvrages consacrés à des artistes ou écrits avec leur complicité (Pierre Buraglio, Gérard Thupinier, Antonio Saura), Marcel Cohen est l’auteur d’une œuvre qui s’est peu à peu éloignée de la fiction et a pris la forme de textes courts composant des ensembles ouverts, publiés aux Editions Gallimard : Miroirs (1981), Je ne sais pas le nom (1986), Le Grand Paon de nuit (1990), Assassinat d’un garde (1998). Approfondissant cette voie dans ses deux derniers livres Faits (lecture à l’usage des grands débutants) (2002) et Faits, II (2006), il s’est engagé dans une littérature presque documentaire. La pensée de midi a rendu compte de son dernier livre dans son numéro 22 et publié dans son numéro 5/6 sa Lettre à Antonio Saura consacrée à la disparition de la langue judéo-espagnole, le djudyo.
Renaud Ego
ll est l’auteur d’une œuvre ouverte au jeu des genres qui composent la littérature. On y trouve des récits, Tombeau de Jimi Hendrix (1996), plusieurs livres de poèmes, Le Désastre d’Eden (1995), Calendrier d’avant (2003), Le vide étant fait (2004), La réalité n’a rien à voir (le Castor astral, 2006) et des essais sur l’art et la littérature, parmi lesquels San (Adam Biro, 2000), S’il y a lieu (CRL Franche-Comté, 2000), L’arpent du poème dépasse l’année-lumière (Editions Jean-Michel Place, 2002). Il est par ailleurs l’auteur de très nombreux articles, consacrés en particulier à la littérature et à la peinture.
Thierry Fabre
Thierry Fabre, essayiste, est rédacteur en chef de la revue La pensée de midi et créateur des Rencontres d’Averroès (Marseille). Il dirige la collection Bleu chez Actes Sud. Il a notamment publié Le Noir et le Bleu (Librio, 1998), Les Représentations de la Méditerranée (Maisonneuve et Larose, 2000), Traversées (Actes Sud, 2001, Grand Prix littéraire de Provence) et Eloge de la pensée de midi (Actes Sud, 2007).
Michel Guérin
Membre de l’Institut universitaire de France, professeur des universités (département des arts plastiques et des sciences de l’art, université de Provence), écrivain et philosophe. Auteur d’une quinzaine d’ouvrages, il a notamment publié La Terreur (1990) et La Pitié (2000) chez Actes Sud. Dernières parutions : Marcel Duchamp : portrait de l’anartiste (Cie Editions, 2008), L’Espace plastique ( la Part de l’œil, 2008), Pour saluer Rilke (Circé, 2008).

Pierre-Damien Huyghe Philosophe, professeur à l'université de Paris I, où il enseigne l'esthétique, Pierre-Damien Huyghe est notamment l'auteur de Art et industrie (1999), Du commun (2002) et du Différend esthétique (2004) aux éditions Circé, ainsi que de l'Eloge de l'aspect aux éditions MIX (2006). Il est aussi l'auteur d'ouvrages portant sur la thématique des appareils.

25/05/2008

L'émotion L'émeute - Pascal Boulanger

12342919.jpg« Le monde s’occupe trop des morts »… alors ne revient-il pas au poète de se réjouir à ne pas quitter le monde, mais à se laisser quitter par lui, parce qu’à cet endroit même de ce presque invivable, de ce presque irrespirable, il y a ce lieu, à proximité, là où :

« le mauve accentué autour du tilleul

Ne rien dire

dire oui »

Parce que acquiescer « veut dire jouir », chez Pascal Boulanger acquiescer est aussi une manière cruciale de donner au poème à être « une machine critique »* contre ce monde dans lequel nous y sommes « plantés », comme nous y sommes « jetés », avec cependant cette forme de foi en la beauté, en ce que Pascal Boulanger nomme, par ailleurs, ces « Merveilles endormies », qui nous éveillent et sont notre éveil, nous donnant à vivre une sorte de gloire intérieure, ou de ce qu’il écrira plus loin « le flux interne », ainsi ces insignes « Battements lumière du cœur » contre toutes les sombres langueurs, et contre toutes les asthénies ambiantes et leurs morbidités.

 

Il y a chez le poète des départs, toujours plus de départs que de fuites. Vers ces lointains tout proches. Vers ces proximités vibrantes. Des départs « pensés », des départs pour que « tout cesse de peser ». Mais des départs aussi pour répondre à ce souci de l’éveil, « la clarté imprévisible et brutale de l’éveil ».

 

Le saut dans lequel on survole l’univers brise les frontières on monte jusqu’au plus haut des clôtures on descend vers les lacs blancs au creux des vallées tout s’élève et s’abaisse on sait où aller en quête d’un nouvel amour notre amour sonne à chaque instant dans la soudaineté du tranchant

 

Tranchant de la révolte, mais pas du ressentiment, c’est aussi avec cette même « soudaineté » que le poète dit « Adieu dieux de la mort terre aride où rien ne pousse on laisse tout désespoir à l’agitation des hommes… ».

 

De fait, peut-on dire que ces départs ressemblent à ces voyages que le poète refait « dans l’instant et rien d’autre ».

//

Les trois vocables qui semblent le plus chers au poète : vie – épiphanie – devenir.

Précieux vocables que Pascal Boulanger aura lui-même réunis dans un des articles de son dernier ouvrage « Fusées et Paperoles » publié aux Editions L’Act Mem.

Ezra Pound déclarait un jour : « J’écris pour contrecarrer l’opinion que l’Europe et la civilisation vont au diable ». De la même manière, Pascal Boulanger ne regarde t-il pas devant lui, au loin, tout en étant le plus attentif possible à son environnement présent, à ce qui est près et qui se fait entendre par la terreur, ainsi ce :

11 septembre 2001

CE QUE DESIGNE CE TERME DE NIHILISME EST UN MOUVEMENT HISTORIAL QUI REMONTE A FORT LONGTEMPS AVANT NOUS ET QUI VA PAR-DELA NOUS-MEME S’ETENDRE DANS LES LOINTAINS DE L’AVENIR.

Mais en même temps que le vœu du poète serait que le nihiliste puisse s’abolir de lui-même « dans un pur néant », il y a dans le cœur du poète ce désir d’atteindre les roses :

« C’est plein de bouquets quand il s’éloigne

Là-bas sur la route

De tous côtés vers les sources

Les éclats de lumière

Quand il atteint les roses

Les roses qui gravitent pénètrent la pensée ».

Il y a de l’amour dans le cœur de cette pensée. Dans le cœur où parfois mourir, se laisser troubler, où parfois s’enténébrer, et puis souffler.

Et puis aussi ce vertige qui ne prend pas seulement le cœur, mais les jambes. Et le poète qui vous dit, presque le dirait-il au creux de votre oreille : « crois à ce que tu voudras mais on sort toujours indemne dans le velours de l’écriture ».

Pour Pascal Boulanger, les routes ne sont jamais les mêmes, parce que lui-même change souvent de lieux, parce que lui-même « ne cède pas au désir de mourir ». Toujours ces grands départs, afin de mieux supporter « les deux visages du destin », sans irritation ni indignation contre personne.

la parole parlante

Sauvagement présente

la beauté seule

les livres par milliers

 

C’est beaucoup de choses

l’émotion l’émeute

le mauve accentué autour du tilleul

 

Ne rien dire

dire oui

 

©Nathalie Riera

* "Le poème de Pascal Boulanger est par là aussi une machine critique", selon Emmanuel Laugier dans le Matricule des Anges, n°44 de Mai-Juillet 2003.

D'autres textes en ligne dans les Chroniques de la Luxiotte

ICI : http://www.luxiotte.net/textes/boulanger01.htm

Pascal Boulanger, né en 1957, est bibliothécaire en région parisienne. Parallèlement à son travail d’écriture, il cherche depuis une vingtaine d’années, à interroger autrement et à resituer historiquement, le champ littéraire contemporain. Il a ainsi donné de nombreuses rubriques à des revues telles que Action poétique, Artpress, le Cahier Critique de poésie, Europe, La Polygraphe et Passage à l’acte. Il participe à des lectures, des débats et des conférences sur l’écriture en France et à l’étranger.

Livres :

Septembre, déjà - éd. Messidor, 1991
Martingale - éd. Flammarion, 1995
Une action poétique de 1950 à aujourd’hui - éd. Flammarion, 1998
Le bel aujourd’hui - éd. Tarabuste, 1999
Tacite - éd. Flammarion, 2001
Le corps certain - éd. Comp’Act, 2001
L’émotion L’émeute - éd. Tarabuste, 2003
Jongleur - éd. Comp’Act, 2005
Suspendu au récit...la question du nihilisme - éd. Comp’Act, 2006

Dernière parution : Fusées et paperoles - éd. Tarabuste, et  à paraître : Jamais ne dors - éd. Corridor bleu, en 2008.


Publications dans des anthologies :

Histoires, in Le poète d’aujourd’hui, 7 ans de poésie dans « L’Humanité » par Dominique Grandmont, Maison de la Poésie Rhône-Alpes, 1994.
L’age d’or, in Poèmes dans le métro, Le Temps des cerises, 1995.
Grève argentée, in Une anthologie immédiate par Henri Deluy, Fourbis, 1996.
En point du cœur, in Cent ans passent comme un jour, édition établie et présentée par Marie Etienne, Dumerchez, 1997.
Ça, in 101 poèmes et quelques contre le racisme, Le Temps des cerises, 1998.
Le bel aujourd’hui : chroniques, in L’anniversaire, in’hui/le cri et Jacques Darras, 1998.
L’intime formule, in Mars poetica, Skud (Croatie) et Le Temps des cerises, 2003.
Dans l’oubli chanté, in « Les sembles », La Polygraphe n°33/35, 2004.
Jongleur (extraits), in 49 poètes un collectif, réunis et présentés par Yves di Manno, Flammarion, 2004.

Etudes, entretiens sur :

Henri Deluy, Un voyage considérable, in Java n°11, 1994.
Gérard Noiret, Une fresque, in La sape n°36, 1994.
Marcelin Pleynet, L’expérience de la liberté, in La Polygraphe n°9/10, 1999.
Philippe Beck, Une fulguration s’est produite, in La Polygraphe n°13/14, 2000.
Jacques Henric, L’habitation des images, in Passages à l’acte n°1/2, 2007. 

Mes trucs pour écrire

 1963 : Le Silence (Tystnaden)
Ester (4'50") : "Tissus érectiles... affaire d'érection, de séduction... Une confession avant l'extrême onction... tout ça, pour moi, ça sent mauvais.../... Personne ne vous y oblige bien sûr... je ne voulais pas accepter mon rôle. Maintenant ça va trop loin dans la solitude. On adopte des attitudes. Et puis on trouve qu'elles ne mènent à rien. Les forces sont trop puissantes. je veux dire les forces... épouvantables. Il faut naviguer avec précaution parmi les fantômes et les souvenirs... Des mots tout ça. Inutile de discuter de la solitude. Complètement inutile. Mes trucs pour écrire..."
___

(Titre original : Tystnaden)
Réalisateur : Ingmar Bergman
Ester : Ingrid Thulin
Anna : Gunnel Lindblom
Johan : Jorgen Lindstrom
le barman : Birger Malmsten
le serveur : Håkan Jahnberg

Cantus in memory... (Arvo Pärt) - Et puis, un poème de Marcelin Pleynet

"Toi
je te vois
tu manques à ma voix
vois le manque
le clavecin
la musique
le clavier
l'amour avec les doigts
encore toi qui manque
en corps la musique
toi le clavier plus vite
le bonheur
le rire
le parfum
la voix qui manque"
Un poème de Marcelin Pleynet

Ligeti

 

 

1632972282.jpg Extrait de Hommage à Ligeti
(1923 - 2006)

Une sensation de flux susceptible de se développer ou de se rétracter infiniment

652488842.jpgNé le 28 mai 1923 à Discöszenmárton, en Transylvanie roumaine, il est considéré comme l’un des compositeurs phares de la seconde moitié du XXè siècle. Il étudie la composition au conservatoire de Cluj et enseigne l’harmonie et le contrepoint à l’académie Franz Liszt de Budapest. Fuyant l’insurrection hongroise de 1956, il est reçu par K . Stockhausen à Cologne. De 1957 à 1959, il travaille au studio de musique électronique de la Westdeutscher Rundfunk. Il y rencontre P . Boulez, B. Maderna, L. Berio et M. Kagel entre autres. Il participe au cours d’été de Darmstadt, enseigne un an à Stockholm en tant que professeur invité, réside en tant que compositeur à l’université de Stanford et reçoit de nombreux prix. A la fois tombeau, Hommage et rétrospective, cet article sera traversé par une seule question : quel patrimoine musical Ligeti nous laisse-t-il ?

LIRE L'ARTICLE... http://www.indeson.com/article.php?id_article=117

« les harmonies ne changent pas soudainement, mais mûrissent les unes dans les autres »

Paul Auster & Jacques Dupin

 

 

PAUL AUSTER

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© Écrivain américain

 

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Né en 1947 à Newark, New Jerzey

 


 

  

 

La poésie de Jacques Dupin n’est pas d’un abord facile. Hermétique sans compromission et d’une concision rigoureuse, elle exige de nous moins une lecture qu’une absorption. Car la nature du poème a subi une métamorphose, et pour la rencontrer sur son propre terrain, nous devons modifier la nature de notre attente. Le poème n’est plus évocation de sentiments, ni chant, ni méditation. Il est plutôt le champ de l’espace mental dans lequel peut se déployer une lutte : entre la destruction du poème et la quête de l’éventuel poème – car le poème ne peut naître que lorsque toutes ses chances d’exister ont été détruites.

 

(…)

 

Ce que je vois et que je tais m’épouvante. Ce dont je parle, et que j’ignore, me délivre. Ne me délivre pas.

 

Dupin a accepté délibérément ces difficultés, préférant à la facilité la pauvreté et les contraintes du renoncement. Parce que son but n’est pas de subjuguer son entourage au nom de quelque vaine notion de maîtrise, mais de s’harmoniser avec lui, d’entrer en relation avec lui et, finalement, de vivre avec lui, l’opération poétique devient processus par lequel il se décharge de ses vêtements, de ses outils et de ses possessions afin d’assumer, nu, la plénitude de l’être. En ce sens, le poème est une sorte de purification spirituelle. Mais si un moine peut s’imposer la pauvreté en sachant qu’elle le rapprochera de son Dieu, Dupin ne dispose pas d’une telle assurance. Il prend sur lui la détresse de son environnement comme un moyen de mettre fin à ce qui l’en sépare, alors que nul signe ne le guide, que rien ne garantit son salut.  Pourtant, en dépit de cette austérité, ou peut-être à cause d’elle, son œuvre possède une richesse peu commune. Cela provient, au moins en partie, de ce que tous ses poèmes sont enracinés dans un paysage, plantés fermement dans une réalité palpable. Les problèmes qu’il aborde ne sont jamais proposés comme des abstractions, mais présents tels qu’en eux-mêmes dans et au travers de ce paysage, dont ils ne peuvent en définitive être séparés. L’univers qu’évoque Dupin propose un itinéraire alchimique au cœur des éléments, la transfiguration par le verbe de ce qui paraît indivisible.

 

[…]

 

------------------------------ (p. 75/77)

 

 

Extrait de L’art de la faim, Paul Auster, Actes-Sud (« collection Babel »), 1992.

Paul Auster a écrit ce texte en 1971.

 

 

 

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Je ne sais pas ce qui se passe dans le fond du regard qui se risque, dans l’attente qui se love, et la flèche qui jaillit – j’en éprouve la soif, la morsure. Un regard éclaté, et les prémices d’un récit qui se dénude jusqu’à l’os. Et comme l’inconscient, l’enfance ou le socle d’une œuvre romanesque qui en tire sa force, son effervescence, et déroule ses spires, multiplie ses jeux de miroir et leur vertigineuse réflexion.

 

(…)

 

Et d’un rivage à l’autre du vieil océan. De ta langue à la nôtre, sans dommages, non sans coups de roulis, côtoiement de gouffres. Tu passes, tu reviens. Par le jeu disjoint de l’œil et de la bouche. Et de l’instant rapace du poème à la durée, à l’aléa de l’écriture reptilienne. Tu reviens, tu t’éloignes aux grandes marées pour :

 

… simplement attendre. Comme si le premier mot venait seulement après le dernier, après une vie d’attente du mot

 

qui était perdu.

 

[…]

 

------------------------------

 

Jacques Dupin a écrit la préface de Disparitions de Paul Auster, Ed. Unes/Actes Sud - Traduit de l'américain par Danièle Robert.

On retrouve cette préface dans Poèmes de Paul Auster, de M’introduire dans ton histoire, Ed. P.O.L. – 2007, (p.152/153).

 

Autobiographie de l'oeil - Intérieur

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Autobiographie de l’oeil

Objets invisibles, ancrés dans le froid,

et poussant vers cette lumière

qui s’évanouit

dans chaque objet

qu’elle illumine. Rien ne meurt. L’heure

retourne à la première

heure où nous avons respiré : comme s’il

n’y avait rien. Comme si je pouvais voir

rien

qui ne soit pas ce qui est.

 

Au bout de l’été

et de sa chaleur : ciel bleu, colline mauve.

La distance qui subsiste.

Une maison, faite d’air, et de flux

de l’air dans l’air.

 

Comme ces pierres

qui s’effritent encore dans la terre.

Comme le son de ma voix

dans ta bouche.

MURALES – (1971-1975), Ed. Unes/Actes Sud, (p.99)

 

Intérieur

Chair déchirée du tout autre. Et chaque mot ici, comme si c’était la dernière chose à dire : le son d’un mot marié à la mort, et la vie, qui est cette force en moi à disparaître. Volets clos. La poussière d’un moi antérieur, vidant l’espace que je ne remplis pas. Cette lumière qui croît au coin de la pièce, là où la pièce entière a basculé. La nuit ressasse. Une voix qui ne me parle que de choses infimes. Pas même des choses – mais de leurs noms. Et où n’est aucun nom – de pierres. Le tintamarre des chèvres remontant par les villages de midi. Un scarabée dévoré dans la sphère de sa propre fiente. Et le pullulement violet des papillons au loin. Dans l’impossibilité des mots, dans le mot imprononcé qui asphyxie, je me trouve. (pp.49/50)

24/05/2008

ODILON REDON

160741194.jpgLa Sulamite

1897

Odilon Redon

(Lithographie en noir et jaune sur chine)

32.1 x 31.5 cm

 

 

 

 

 

 

 

591765611.jpgBéatrice

1897

Lithographie

33,5 X 29,5

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

SOURCE : Oeuvres archivées sur le site :

http://odilonredon.eu/blog/odilonredon/?page_id=9

21/05/2008

Tabula Rasa (Arvo Pärt)

Chorégraphe : Miguel Robles

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Arvo Pärt

20/05/2008

Patti Smith - Louise Bourgeois (mars 2008, Paris)

PATTI SMITH à la Fondation Cartier

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http://www.art-and-you.com/tv/video_99.html A l'occasion de son exposition personnelle à la Fondation Cartier (du 28 mars au 22 juin 2008), Patti Smith se confie aux journalistes. L'icône du rock s'exprime sur sa conception de la vie, de l'art...

 

 

***

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« L’Araignée, pourquoi l’Araignée ? Parce que ma meilleure amie était ma mère, et qu’elle était aussi intelligente, patiente, propre et utile, raisonnable et indispensable qu’une araignée. Elle pouvait se défendre elle-même ». L.B.

Cette sculpture monumentale est présente à l’occasion de la rétrospective Louise Bourgeois au Centre Pompidou, du 5 mars au 2 juin 2008. Une autre sculpture de Louise Bourgeois : Welcoming Hands, 1996-2000 est installée près du Jeu de Paume. L’artiste a choisi le Jardin des Tuileries en souvenir de ses nombreuses visites au musée du Louvre en tant que conférencière.  

Collection particulière, Courtesy Cheim & Read, New York

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5442439.JPGParis, mars 2008

suite de "les années jeunesse"

bonnefoyillustr.gifSur André du Bouchet


Quoi que je puisse dire d’André du Bouchet, mes mots ne feront que me rendre plus douloureuse la difficulté de la tâche, aussi ardue en son cas qu’était irréductible aux appréciations ordinaires l’être qu’il fut, dans sa vie autant que dans sa grande œuvre.
(…)
Cette fréquentation établie sur une durée de presque cinquante ans, ce fut bien, en effet, un privilège, parce qu’elle apportait la preuve qu’un être peut demeurer, jusqu’à la fin de ses jours, un esprit foncièrement jeune, et même très jeune : André ayant cette fougue, cette impatience fondamentale, qui se rencontrent surtout à de beaux moments de l’adolescence. L’adolescent, je n’oublie pas qu’il peut être obsédé de soi, inquiet de désirs qu’il ne comprend pas, agité,violent dans ses choix encore mal assurés : exactement tout ce qu’André n’était pas. Mais l’adolescence, c’est aussi l’âge de l’exigence qui ne se résigne pas aux compromis, aux demi-mesures.

Yves Bonnefoy, Dans un débris de miroir, Editions Galilée, 2006 (André du Bouchet II, pp.35/36)

 

Suite de "les années jeunesse"

tsvetaevapicture.jpgMarina Tsvétaïéva


Il en tomba combien dans cet abîme
Béant dans le lointain !
Et je disparaîtrai un jour sans rimes
Du globe, c’est certain.

Se figera tout ce qui fut, -- qui chante
Et lutte et brille et veut :
Et le vert de mes yeux et ma voix tendre
Et l’or de mes cheveux.

Et la vie sera là, son pain, son sel
Et l’oubli des journées.
Et tout sera comme si sous le ciel
Je n’avais pas été !

Moi qui changeais, comme un enfant, sa mine,
-- méchante qu’un moment, --
Qui aimait l’heure où les bûches s’animent
Quand la cendre les prend,

Et le violoncelle et les cavalcades
Et le clocher sonnant…
-- Moi, tellement vivante et véritable
Sur le sol caressant.

A tous – qu’importe ? En rien je ne mesure,
Vous : miens et étrangers ?! –
Je vous demande une confiance sûre,
Je vous prie de m’aimer.

Et jour et nuit, voie orale ou écrite :
Pour mes « oui », « non » cinglants,
Du fait que si souvent – je suis trop triste,
Que je n’ai que vingt ans,

Du fait de mon pardon inévitable
Des offenses passées,
Pour toute ma tendresse incontenable
Et mon trop fier aspect,

Et la vitesse folle des temps forts,
Pour mon jeu, pour mon vrai…
-- Ecoutez-moi ! – il faut m’aimer encore
Du fait que je mourrai.
8 décembre 1913.
Tentative de jalousie

19/05/2008

Gérard Larnac "L'étonné voyageur"

474998274.JPGLorsque vous demandez à Gérard Larnac son « chemin » biographique, il vous répond :

« Quelques véhémences entrecoupées de longs silences... ».

Puis, une manière quelque peu désintéressée de se présenter :

"Ecrivain-voyageur", selon l'estampille ridicule des années 90, qui rappelle les pigeons du même nom. Quelques récits (4 ou 5) publiés à la NRF par Jacques Réda. Ami du poète Kenneth White avec qui j'ai partagé quelques bons bols d'air bretons et de très franches rigolades. Militant pour la relecture de Michel Ohl et Orlando de Rudder. Essayiste par le plus grand des hasards (une commande), mais à ma façon (ainsi dans La Tentation des Dehors, ça commence comme un essai, puis le texte devient un récit de voyage qui se termine lui-même par un chant indien...) 

           
Au sujet de sa bibliographie :

- Après la Shoah (Ellipses, 1997) – raison instrumentale et barbarie
- La Tentation des Dehors (Ellipses, 1999) – petit traité d’ontologie nomade

- La Police de la Pensée (L'Harmattan, 2001) – propagande blanche et nouvel ordre mondial

- L'éblouissement moderniste (CLM, 2004) - mutations du regard à travers l'art contemporain

- Le regard échangé (Mare & Marin, 2007) – une histoire culturelle du visible

Puis, quelques poèmes égarés dans quelques revues.

"Je me tiens pour l'heure aussi loin que possible des éditeurs et des salons du livre. Je crois que nous sommes quelques uns à préférer l'écriture, dans son processus, au Livre et à sa petite industrie sourde".
 

http://poetaille.over-blog.fr/