suite de "les années jeunesse" (20/05/2008)

bonnefoyillustr.gifSur André du Bouchet


Quoi que je puisse dire d’André du Bouchet, mes mots ne feront que me rendre plus douloureuse la difficulté de la tâche, aussi ardue en son cas qu’était irréductible aux appréciations ordinaires l’être qu’il fut, dans sa vie autant que dans sa grande œuvre.
(…)
Cette fréquentation établie sur une durée de presque cinquante ans, ce fut bien, en effet, un privilège, parce qu’elle apportait la preuve qu’un être peut demeurer, jusqu’à la fin de ses jours, un esprit foncièrement jeune, et même très jeune : André ayant cette fougue, cette impatience fondamentale, qui se rencontrent surtout à de beaux moments de l’adolescence. L’adolescent, je n’oublie pas qu’il peut être obsédé de soi, inquiet de désirs qu’il ne comprend pas, agité,violent dans ses choix encore mal assurés : exactement tout ce qu’André n’était pas. Mais l’adolescence, c’est aussi l’âge de l’exigence qui ne se résigne pas aux compromis, aux demi-mesures.

Yves Bonnefoy, Dans un débris de miroir, Editions Galilée, 2006 (André du Bouchet II, pp.35/36)

 

15:25 | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  Facebook