25/05/2008
Autobiographie de l'oeil - Intérieur
Autobiographie de l’oeil
Objets invisibles, ancrés dans le froid,
et poussant vers cette lumière
qui s’évanouit
dans chaque objet
qu’elle illumine. Rien ne meurt. L’heure
retourne à la première
heure où nous avons respiré : comme s’il
n’y avait rien. Comme si je pouvais voir
rien
qui ne soit pas ce qui est.
Au bout de l’été
et de sa chaleur : ciel bleu, colline mauve.
La distance qui subsiste.
Une maison, faite d’air, et de flux
de l’air dans l’air.
Comme ces pierres
qui s’effritent encore dans la terre.
Comme le son de ma voix
dans ta bouche.
MURALES – (1971-1975), Ed. Unes/Actes Sud, (p.99)
Intérieur
Chair déchirée du tout autre. Et chaque mot ici, comme si c’était la dernière chose à dire : le son d’un mot marié à la mort, et la vie, qui est cette force en moi à disparaître. Volets clos. La poussière d’un moi antérieur, vidant l’espace que je ne remplis pas. Cette lumière qui croît au coin de la pièce, là où la pièce entière a basculé. La nuit ressasse. Une voix qui ne me parle que de choses infimes. Pas même des choses – mais de leurs noms. Et où n’est aucun nom – de pierres. Le tintamarre des chèvres remontant par les villages de midi. Un scarabée dévoré dans la sphère de sa propre fiente. Et le pullulement violet des papillons au loin. Dans l’impossibilité des mots, dans le mot imprononcé qui asphyxie, je me trouve. (pp.49/50)
06:41 Publié dans Paul Auster | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
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