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20/06/2022

Monologue sur un portrait - par Nathalie Riera

NATHALIE RIERA

Monologue sur un portrait

[Samuel B.]

 

monologue portrait samuel B.jpg

 

 

 

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  Extrait

 

Texte inédit

 

« Que sait-on de toi, Samuel B. ? Tu es de ceux qui ont toujours pensé qu’un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous, fallait sentir quelque chose en soi se pourfendre, pas de théorie, jamais, tout commence avec le corps, dirait ton ami Paul A. Ton regard ressemble à une mer gelée, et avec tes yeux d’un bleu clair un peu glacial, une sorte d’angoisse transparait, qui a marqué ton visage taillé à coups de serpe. Comment ne pas s’intéresser à toi ? Il y en a un qui a cherché à te connaître. Tu te souviens, c’était en 1968, ta rencontre avec Charles J, un an avant qu’on te décerne le prix Nobel de littérature. Tu te souviens à quel point tu l’intimidais, impressionné par ce qui se dégageait de ta personne. Il y aura plusieurs rencontres entre vous. On peut se retrouver en face de toi sans que tu n’émettes un seul mot, et ça peut durer un long moment ce temps sans parole, ce mutisme malaisant, mais en même temps, paradoxe, ce silence ouvre des perspectives de dialogue. Charles J. était si jeune à l’époque de votre première rencontre, mais c’est peut-être celui qui aura le mieux saisi ton étrangeté. On vous dirait tous deux unis, scellés par un curieux conciliabule, mais Samuel B. tu n’es pas homme à t’épancher. Que s’est-il passé ce jour-là, quand cet homme s’est jeté sur toi, on a parlé d’un clochard avec un poignard, ce coup aurait pu t’être fatal ! Tu souffriras néanmoins d’une fragilité pulmonaire. Austère, minimaliste, monacal, des vocables qui te vont bien. Tu te souviens ces années à Montparnasse, désorienté, perdu, sans ressources, et le tunnel dans ta tête. Presque te plaisais-tu à dire que tu n’es jamais né, drôle de révélation que n’être finalement jamais né, tu l’as écrit dans Tous ceux qui tombent. Samuel B. ta littérature ressemble presque à ta vie, l’écart est très mince entre l’une et l’autre, deux champs qui ne se contredisent même pas… Tu as été profondément marqué par la littérature de Joyce et parmi les artistes, notamment les peintres, ta complicité sera grande avec les Bram et Geer Van Velde, les « peintres de l’empêchement », selon ton expression. D’ailleurs, Charles J. écrira aussi sur ses rencontres avec Bram, comme il a pu le faire à l’occasion de ses rencontres avec toi. Il y a un fait de toi que j’aimerais évoquer, à l’époque où tu recevras ta première distinction, et pas des moindres. Nous sommes en mars 1945 quand tu te vois récompensé d’une croix de guerre et d’une Médaille de la Résistance. Ce prix te semble plus acceptable, voire même moins humiliant que celui du Nobel, qui sera vécu comme une « catastrophe »… Toi et les mondanités, ce n’était pas ton fort, tu me fais penser à cet autre écrivain autrichien Thomas B. et ses fameux Mes prix littéraires, neuf petits récits aux discours assassins face à la vanité de l’industrie littéraire. Samuel B. :  si la solitude n’est pas toujours ou forcément un écrin du bonheur, pour toi ce sera surtout l’écriture et son appel infini à la transgression, l’écriture comme l’affirmation d’une expérience extrême, ainsi que le disait Rilke au sujet de l’œuvre d’art, laquelle était pour lui toujours liée à un risque. Avec toi, Samuel B. ce sera l’écriture toujours à l’ombre du silence, à l’ombre du silence, l’écriture, toujours à l’ombre, l’écriture du silence, du silence l’écriture toujours à l’ombre, à l’ombre l’écriture toujours du silence. » 

(c) Juillet 2021

 

24/01/2014

Mina Loy - Manifeste féministe & écrits modernistes" - Editions Nous, 2014

 

 

MinaLoy-Portrait.jpg

 

MINA LOY

:- :- :- :- :- :- :

 

 

 

 FEMMES si vous souhaitez vous accomplir — vous êtes à la veille d’un soulèvement psychologique dévastateur — toutes vos illusions domestiques doivent être démasquées — les mensonges des siècles sont à congédier — Êtes-vous préparées à cet ARRACHEMENT —?

 

Cessez de placer votre confiance dans la législation économique, les croisades contre le vice & l’éducation égalitaire — vous glosez à côté de la REALITE. Des carrières libérales et commerciales s’ouvrent à vous — EST-CE LA TOUT CE QUE VOUS VOULEZ?

 

Mina Loy  ...........................

 

(Manifeste féministe & écrits modernistes)

 

 

 

Manifeste féministe &

écrits modernistes
MINA LOY

 

Editions NOUS, 2014

hors collection

 

 

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 TRADUCTION DE L’ANGLAIS ET PRÉFACE  |Olivier APERT

Site officiel | © http://www.editions-nous.com/main.html

 

 

 

 

 

 

 

 

FOR EVER AND NEVER

MINA LOY (1882-1966)

 

       Le 17 février 1917, le New York Evening Sun mène l’enquête : « Qui est-elle — cette femme moderne dont tout le monde parle ? Une telle créature existe-t-elle ? Où la trouver ? » : la réponse suit : « mina loy, peintre,  poète,  auteur dramatique », accompagnée de ce commentaire sans appel : « Mina Loy, si elle n’est pas la Femme Moderne, qui le serait ? »

       Voilà pour la surface publicitaire des choses — à New York, en 1917, c’est-à-dire au cœur de l’avant-garde qu’elle fréquente et fascine, ironiquement déjà ; de même qu’à Florence, quelques années plus tôt, elle frayait avec les Futuristes (Marinetti et Papini) sur un mode similaire ; de même qu’elle connaîtra le Tout-Paris artistique de 1923 à 1936 tout en éprouvant un certain sentiment de solitude, voire d’érémitisme : certes Arthur Cravan — l’amour improbable, impossible et sublime de sa vie — a disparu aux larges des côtes du Mexique — amour qu’elle ne renoncera jamais à rechercher (au questionnaire de Little Review, en 1929, lui demandant : « Quel a été le moment le plus heureux de votre vie ? Le plus malheureux ? » Lapidaire, elle n’hésita pas : « Chaque instant passé avec Arthur Cravan. Le reste du temps »). Mais peut-être davantage encore, la qualité implexe de son intelligence, la complexité de sa sensibilité — écartelée entre compassion profonde et lucidité satirique — concourent-elles à créer cette imperceptible paroi de cristal qui, d’une certaine façon, la rendait inabordable à nombre de ses contemporains. Et l’œuvre par-dessus tout : cérébrale-sensitive : le pressentiment et la pensée ; l’émotion et l’analyse ; la communion et le retrait ; la douleur et le sarcasme coexistent simultanément dans la traversée des multiples strates nous composant et que Mina Loy met à jour, comme l’exécuterait une dissection impitoyable, laquelle, épinglant la peau de nos attitudes, observerait les flux sanguin et nerveux nous émouvant, sans oublier de circonscrire la capacité de sublime du cerveau et du cœur métaphoriques. Il demeure assez incompréhensible, voire inadmissible, que cette œuvre persiste à être tant méconnue aujourd’hui — elle qui pourtant s’empare des mouvements avant-gardistes pour mieux les survoler et nous restituer une expérience d’être-au monde parfaitement neuve et originale. Sans doute Mina Loy elle-même contribua à ce silence en s’effaçant peu à peu de la vie publique à partir de 1936 (à New York) puis en s’installant à Aspen, Colorado, en 1953 — doutant toujours de la portée supérieure de son œuvre.

(Extrait PRÉFACE)

 

 

 

MINA LOY (1882-1966)

Poète, romancière, peintre, figure emblématique des avant-gardes littéraires et artistiques de son temps. Sa poésie, admirée par T.S. Eliot et Ezra Pound, a été traduite en français par Olivier Apert.

 

27/10/2013

William Sydney Graham

 W.S. GRAHAM

LES DIALOGUES OBSCURS

Poèmes choisis

 

 

Traduit de l’anglais par Anne-Sylvie Homassel & Blandine Longre

Introduction de Michael Snow / Postface de Paul Stubbs

Recueil bilingue

 

The Dark Dialogues

Selected poems

translated from the English by Anne-Sylvie Homassel & Blandine Longre

Introduction by Michael Snow / Afterword by Paul Stubbs
bilingual book

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© Black Herald Press, Septembre 2013
174 pages - 14 € / £ 12 / $18
ISBN  978-2-919582-07-5

 

 

 

 

Lecture

 

W.S. Graham

« des lumières de tous côtés »

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Beau présent poétique que nous offrent actuellement les Editions Black Herald Press avec les fabuleux « Dialogues Obscurs/The Dark Dialogues » de W.S. Graham : une vingtaine de poèmes, extraits de plusieurs recueils, publiés entre 1942 et 1993, sont traduits pour la première fois en français.

Né en 1918 dans la petite ville écossaise de Greenock, William Sydney Graham vouera très tôt sa vie à l’écriture et à la poésie. Une introduction au poète et à son œuvre est signée Michael Snow, qui fut un proche de Graham, et ne cessera de promouvoir son œuvre, avec notamment The Nightfisherman : Selected letters of W.S. Graham (1999). Traduit en néerlandais, en allemand, en espagnol et en suédois, les traductions en français devraient participer à une reconsidération de l’œuvre poétique. Sur ce sujet, une postface de Paul Stubbs nous éclaire avec grand intérêt sur la réception de l’œuvre de Graham en Grande-Bretagne : jugé poète difficile, son travail aura souffert de « comparaisons littéraires les plus superflues ». En réponse à une opinion critique malhabile « fondée sur la notion terroriste de 'goût' du public », P. Stubbs trouve justice à penser que « la qualité de ces traductions est telle que Graham (…) n’est pas seulement un imposteur dans un autre langage, une créature pseudo-métaphysique captive d’une peau étrangère ; au contraire, ce recueil lui permet de poursuivre son exploration parmi les phonèmes, d’une calotte polaire à la suivante » (p.136).

Si l’histoire poétique de Graham ne vise pas le champ politico-social, elle a son point d’ancrage dans le champ marginal des inventions et de la transgression linguistiques. Poésie influencée par Joyce, Beckett, Marianne Moore, Pound, Eliot, Les Dialogues Obscurs nous révèlent un espace éclairé de reliefs énergiques, et au cœur de ce même espace, le lecteur « explorateur », en même temps qu’inspiré, ne peut que partager l’euphorie du poète : « l’euphorie d’être vivant dans le langage » ; partager également ce portrait succinct de ce que peut être un poète qui, lorsque abandonné à lui-même, devient cet « étranger métaphysique enfin dépouillé de la fiction de la personnalité ». (P. Stubbs)

 

Pour écrire, il y a des lumières et des obscurités à emprunter de tous côtés, des dialogues à saisir, qui nous parlent d’Etre et de non-être, peut-être pour nous inciter à davantage de rêveries, de relâchements. Ces dialogues obscurs n’ont rien de mystique : ils nous laissent entrevoir une autre dimension de nous-mêmes, issus d’un ici et maintenant non dénué de singularité. La poésie ne doit pas rester parmi les mots. Elle doit emprunter au monde réel, et non au rempart de la pensée conceptuelle. Mais « Si ce lieu où j’écris est réel alors/Il me faut être allégorique » :

 

                                                          

 

 

                                                               Pauvre tel un gribouillage, mon crime pour un diamant

                                                               Est un fou de Bassan en lequel je suis fait,

                                                               Non par la tête mais par le bec de la main qui plonge

 

                                                         (p.21)

 

 

 

 

Le poème est une navigation de la langue, et le délire du poète est d’être un chercheur incessant, qui aborde toutes les directions. Poète aussi de la transmutation des êtres et des choses, l’écriture est un monde de mouvances, un hors-temps du temps, avec ses navires d’écume, ses fourches d’eau, ses récifs naufrageurs, ses vagues en troupes de la mer, ses planchers en noyade, ses murs marins d’écaille

 

                                                          Et nous tranchons les flots

                                                               Quittons la terre noire

                                                               Au large dans les nerfs

                                                               Ondulants de la mer

 

                                                               (p.47)

 

 

« (…) une montagne artificielle, un ajout au monde » : le poème, dans sa géographie de masses rocheuses, de volumes saillants ou en creux, a aussi le « pouvoir de libérer un individu dans son propre monde », ainsi que « permettre au lecteur de faire quelques découvertes sur lui-même ». Le poème existe de la difficulté à communiquer, à s’exprimer, et du prodige à être présent, c’est-à-dire, à être auprès de soi, nous soufflerait Henri Maldiney*, de l’autre côté de soi, dans une proximité inapprochable.

 

________

* Henri Maldiney, « Art et existence », Ed. Klincksieck, 2003 – (p.222)

 

© Nathalie Riera, octobre 2013

 

 

 

 

 

Extrait de “Le seuil blanc”/«The White Thresbold», 1949

 

p. 29.

 

 


Les siècles tournent leurs verrous

Et ouvrent sous la colline

Leurs livres et leurs portes reçus en héritage

Rassemblés pour distiller

Tels joyeux cueilleurs de baies

Une voix unique pour nous parler.

 

The centuries turn their locks

And open under the hill

Their inherited books and doors

All gathered to distil

Like happy berry pickers

One voice to talk to us.


 

 

***

 

Extrait de “La pêche de nuit”/«The Nightfishing», 1955

 

 

p. 47.

 

 


Et de nouveau aveuglé par

L’hémisphère

Désouvert et lumineux,

Ancien par-dessus moi,

 

Ce lieu présent  

Est transmuté en

Lieu sans souffle, immobile,

Déroulé sur manuscrit

Et tourné vers cette lumière

 

Now again blindfold

With the hemisphere

Unprised and bright

Ancient overhead,

 

This present place is

Become made into

A breathless still place

Unrolled on a scroll

And turned to face this light.


 

***

 

 

logo pdf.jpg

Nathalie Riera_W.S. Graham.pdf

08/10/2013

"Les dialogues obscurs" de W.S. Graham - Black Herald Press

 W.S. GRAHAM

 

 

GRAHAM.png

 

 

 

© Black Herald Press, Septembre 2013
174 pages - 14 € / £ 12 / $18
ISBN  978-2-919582-07-5

 

 

 

 

L’ouvrage vient de paraître et peut être commandé:

 

http://blackheraldpress.wordpress.com/buy-our-titles/ 

 

 

 

 



 

 

 

 

W.S. GRAHAM

LES DIALOGUES OBSCURS

Poèmes choisis

 

Traduit de l’anglais par Anne-Sylvie Homassel & Blandine Longre

Introduction de Michael Snow / Postface de Paul Stubbs

Recueil bilingue

 

The Dark Dialogues

Selected poems

translated from the English by Anne-Sylvie Homassel & Blandine Longre

Introduction by Michael Snow / Afterword by Paul Stubbs
bilingual book

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■ LIEN : http://blackheraldpress.wordpress.com/books/les-dialogues-obscurs-the-dark-dialogues-w-s-graham/

 

■ AUTRES SITES

■ Jean-Pierre LONGRE : http://jplongre.hautetfort.com/tag/jean-pierre+longre

 

 

 

 

 

 

[NOTE. William Sydney Graham, né en Écosse en 1918 et décédé en Cornouailles en 1986, est l’un des poètes britanniques majeurs du xxe siècle, remarqué dès 1949 par T.S. Eliot, alors éditeur chez Faber and Faber – maison qui publiera l’ensemble de son œuvre à partir de son troisième recueil. Lié entre autres à Dylan Thomas, à Edwin Morgan et à de nombreux artistes, Graham se consacre presque exclusivement à la poésie, menant une vie d’extrême pauvreté. Ce recueil (dont on doit l’introduction à Michael Snow, ami proche du poète dont il fut l’exécuteur testamentaire, et la postface au poète britannique Paul Stubbs) rassemble un choix de textes traduits en français pour la première fois, ainsi qu’un essai de W.S. Graham sur sa poésie ; l’ensemble vise à retracer l’itinéraire d’un écrivain d’une originalité rare, explorateur d’un langage à la fois allié et adversaire. Parfois jugée « difficile », son œuvre fut par conséquent méconnue de son vivant, mais la renommée du poète n’a cessé de grandir depuis sa mort, comme en témoignent la publication des New Collected Poems en 2004 (Faber and Faber) et cette première parution en français. -- Paul Stubbs & Blandine Longre]

 

[NOTE. William Sydney Graham, born in Scotland in 1918 and deceased in Cornwall in 1986, was one of the major British poets of the 20th century, and from 1949 found a noteworthy champion in T.S. Eliot, then poetry editor at Faber and Faber, the press that would publish all of Graham’s poetry from his third collection onwards. Close to writers such as Dylan Thomas and Edwin Morgan and to various artists, Graham devoted himself almost exclusively to poetry, leading a life of extreme poverty. This selection (with an introduction by Michael Snow, a close friend of Graham, whose literary estate he had been bequeathed, and with an afterword by the British poet Paul Stubbs) gathers together poems translated into French for the first time, along with an essay by W.S. Graham on his poetry. This bilingual book presents an overview of the work of a writer of rare originality, an explorer of a language with which he was both friend and foe. Judged sometimes to be too “difficult” a poet, and consequently overlooked when alive, Graham’s reputation has nevertheless increased steadily since his death, a fact confirmed by the publication of his New Collected Poems in 2004 (Faber and Faber) and by this first selection of his poems into French. -- Paul Stubbs & Blandine Longre]

 

 

05/11/2012

Martin Amis

 

 

Martin Amis by Angela Gorgas en 1977.jpg

 

Martin Amis

[Angela Gorgas]

modern bromide print from original negative, 1977

8 in. x 11 7/8 in. (203 mm x 303 mm) image size

 

 

  

Je dirais que les écrivains que j’aime et en lesquels j’ai confiance possèdent, à la base de leur prose, quelque chose qui s’appelle la phrase anglaise. Une très grande quantité de prose moderne me semble recourir à un usage déprimé de la langue. Un jour, j’ai appelé ça « la prose qui a fait vœu de pauvreté ». Non, moi je veux le roi. Je veux Updike. Anthony Burgess a dit qu’il y a deux sortes d’écrivains, les écrivains classe A et les écrivains classe B. les écrivains classe A racontent des histoires, les écrivains classe B jouent avec la langue. Et j’ai tendance à être rangé du côté des écrivains classe B. Avec la prose de Nabokov, avec celle de Burgess, avec la prose de mon père – celle du début, plutôt – , la phrase anglaise est un peu comme un mètre poétique. C’est un rythme essentiel à partir duquel l’écrivain est libre de regarder dans différentes directions inattendues. Mais la phrase est toujours là. Pour être plus explicite, c’est comme si je disais ne pas me fier à un peintre abstrait tant que j’ignore s’il peut dessiner des mains.

 

[…]

 

 

Ce n’est pas la pirouette brillante, le paroxysme soudain ou la suite filée d’évènements qui caractérisent un écrivain et qui le rendent unique. C’est un ton, c’est une façon de regarder les choses. C’est un rythme, c’est ce qu’en poésie on appellerait un rythme naturel.

 

 

 

 

The Art of Fiction, n°151

Paris Review/les entretiens

Christian Bourgois Editeur, 2011

26/03/2012

James Joyce, Musique de chambre/Chamber Music, La Nerthe Editions

 

 

JAMES JOYCE

Musique de chambre - Pomes Penyeach - Ecce Puer

 (La Nerthe Editions, 2012)

 

EDITION BILINGUE

Traduction et préface de Philippe Blanchon

Avec la joyeuse collaboration de Toby Gemperle Gilbert

 

 

 

James Joyce.jpg

James Joyce

 

 

 

***

 

Chamber Music est paru en 1907 selon un agencement des poèmes effectué par les soins de Stanislaus Joyce, le frère de James. Néanmoins, l’agencement initial avait un sens très particulier et c’est ce dernier que nous avons repris ici tel que conçu par Joyce en 1905. Joyce avait une intention tout à fait précise et la révélation de son projet originel donne à ces poèmes une place plus cohérente dans l’ensemble du corpus joycien. Il s’agit là d’un parfait petit roman : de la naissance de l’amour, de sa portée spirituelle à sa réalisation charnelle qui conduira, la passion déclinant à une possible amitié nouvelle entre les amants, à une nostalgique et tendre fraternité.

Il ne semble pas inutile de rappeler qu’à la même époque Ezra Pound se passionnera et traduira les Troubadours et qu’il sera celui qui reconnaîtra le premier le génie de Joyce. Il y a dans Chamber Music, en effet, des éléments qui relèvent de cette tradition courtoise et aussi un sens prononcé de l’épique (préoccupation majeure de pound qui sera incarnée par ses Cantos). Dans le premier poème se concentre une épopée : le poète dans sa singularité inaliénable, « parmi ses ennemis » avec « Son amour », « son compagnon ». Ton épique renvoyant aussi bien à Homère et donc à Ulysse. Pound publiera le dernier poème de Chamber Music dans sa célèbre anthologie ‘imagiste’. Ce sera le début d’une bataille acharnée de Pound pour publier les livres de Joyce jusqu’à Ulysse. Notons aussi que dans son essai consacré à Joyce en 1918, Pound fera une étude de ses vers autant que de sa prose.
Concernant les Pomes penyeach, outre la restitution des audaces et des inventions formelles absentes dans le premier recueil, il s’agit d’un mélange d’ironie et de tendresse qui nous rappelle que ces vers sont de l’auteur d’Ulysse.

Quant à Ecce Puer, ce poème isolé dans sa perfection formelle, il résume un cycle : la naissance (du petit-fils), la mort (du père). Cycle central, à travers Vico, dans Finnegans Wake.
Le projet est de montrer que, même s’il ne s’agit pas de ses œuvres maîtresses, ses poèmes participent pleinement à l’ensemble de la construction joycienne et que c’est une erreur de les minorer, ou pire encore de simplement les marginaliser avec condescendance.

 

In « Joyce au cœur du poème », Préface de Philippe Blanchon

 

 

***

 

 

MUSIQUE DE CHAMBRE / CHAMBER MUSIC                       

 

36 poèmes construits en trois temps, à lire comme un petit roman : d’abord le rire et le chant de l’Amour, aller à lui, danser, voler, chevaucher l’air. C’est « Amour heureux » qui seul peut donner au cœur d’être en paix, faire s’agiter « les cloches fleuries de l’aurore « ; doux cœur qui a pour simple secret d’être « Mon espoir et toute ma richesse (…) / Et toute ma félicité ». Rendre âme heureuse, fléchir aux bras qui étreignent, accepter « le plus doux des emprisonnements », Amour pour adoucir les « sinistres rigueurs ». Et puis :

 

                « Douce dame, ne chante pas

                      Les tristes chants de la fin des amours ;

                Laisse de côté la tristesse et chante

                     Qu’il en est assez de l’amour qui passe.

                (…) » (poème 28, p.65)

 

 

 

                Gentle lady, do not sing

                  Sad songs about the end of love ;

                Lay aside sadness and sing

                  How love that passes is enough.

 

Bien qu’Amour soit lasse, que la douce musique s’en soit allée – « nous n’entendons plus/La villanelle ni le rondeau » – rien cependant qui ne puisse donner regret : « L’année, l’année fait ses récoltes ».

 

Nathalie Riera, mars 2012

Les carnets d'eucharis

 

 

 

James Augustine Aloysius Joyce (2 février 1882 à Dublin - 13 janvier 1941 à Zurich), romancier et poète irlandais expatrié, considéré comme un des écrivains les plus influents du XXe siècle. Ses œuvres majeures sont un recueil de nouvelles Les Gens de Dublin (1914) et des romans Dedalus (1916), Ulysse (1922), et Finnegans Wake (1939).

Bien qu'il ait passé la majeure partie de sa vie en dehors de son pays natal, l'expérience irlandaise de Joyce est essentielle dans ses écrits et est la base de la plupart de ses œuvres. Son univers fictionnel est ancré à Dublin et reflète sa vie de famille, les événements, les amis (et les ennemis) des jours d'école et de collège. Ainsi, il est devenu à la fois le plus cosmopolite et le plus local des grands écrivains irlandais.  (Source : le site des Editions de l’Herne) 

 

 

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■ SITES A CONSULTER :

 

 

Editions/Librairie La Nerthe

Les Editions de l'Herne

James Joyce et La Nerthe dans le New York Times/The TIMES LITERARY SUPPLEMENT

 

 

29/02/2012

Wilfred Owen

 

 

 

 

 

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09/04/2011

Gerard Manley Hopkins

 

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Gerard Manley Hopkins © Source visuelle : internet

 


 

 

 Havre de grâce

Une religieuse prend le voile

 

 

            J’ai désiré aller

            Où ne tarit l’eau vive,

Aux champs que nulle grêle acérée ne fustige,

            Où s’ouvrent quelques lys.

 

            J’ai quêté d’habiter

            Où nul vent ne fait rage

Là où la houle glauque est muette dans les havres,

            A l’abri du roulis des mers

 

 

Heaven-Haven

A nun takes the veil

 

 

            I have desired to go

            Where springs not  fail,

To fields where flies no sharp and sided hail

            And a few lilies blow.

 

            And I have asked to be

            Where no storms come,

Where the green swell is in the havens dumb,

            And out of the swing of the sea.

 

 

 

 

Gerard Manley Hopkins, « Poèmes et proses », éd. du Seuil

(traduit par Pierre Leyris)

 

03/10/2010

D.H. Lawrence, "Croquis Etrusques"

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D.H. Lawrence © Photo : Nickolas Muray, National Portrait Gallery, Londres


J’aime à me rappeler les petits temples en bois des premiers Grecs et des Etrusques : humbles, délicats, fragiles, évanescents comme des fleurs. Nous sommes parvenus à un stade où nous sommes las des massives érections en pierre, et nous commençons à comprendre qu’il vaut mieux conserver à la vie son caractère fluide et changeant plutôt que de tenter de l’enserrer dans de pompeux monuments. Ces pesantes érections de l’homme sont les fardeaux qui écrasent la planète.

Les Etrusques construisaient de petits temples tout en bois, semblables à de menues maisons au toit pointu. Mais à l’extérieur, c’était des frises, des corniches et des crêtes réalisées de telle façon que la partie supérieure du temple semblait n’être qu’un assemblage parfait de plaques en terre cuite bruissantes de la vie de silhouettes en relief peintes et modelées avec la plus grande liberté, créatures joyeuses en train de danser, alignements de canards, figures rondes comme le soleil, visages souriant largement en tirant une grosse langue, tout cela vif et frais et nullement imposant. Et tout cela de proportions fines et délicates, rafraîchissant, et disons-le charmant plutôt qu’impressionnant. Comme si l’instinct étrusque avait eu le réel désir de préserver l’humour naturel de la vie. Voilà une tâche assurément plus méritoire, voire bien plus difficile à long terme, que celle visant à conquérir le monde, à sacrifier l’identité du moi et à sauver l’âme immortelle.

Pourquoi l’humanité a-t-elle toujours éprouvé le besoin irrésistible d’être dominée ! Pourquoi cette soif d’imposer des croyances, d’imposer des hauts faits, d’imposer des édifices, d’imposer une langue, d’imposer des œuvres d’art ? On finit par étouffer sous l’imposition… Donnez-nous du vivant et du souple, des choses qui ne dureront pas trop longtemps au risque d’obstruer et de lasser… Michel-ange lui-même finit par devenir pesant, écrasant, ennuyeux… Il est si difficile de voir au-delà de lui.

 

D.H. Lawrence, « Croquis Etrusques », éd. Le Bruit du temps, 2010, (pp. 63/64 in « Tarquinia »)

22/08/2010

Samuel Beckett

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Samuel Beckett

New York, 1964

Photographed on the set of "Film" starring Buster Keaton.

Silver Gelatin Print, Ed. 12/25

16x20 inches

© Steve Schapiro

 

 

Try again. Fail again. Fail better

Samuel Beckett, Worstward ho

 

 

15/04/2010

Patrick Kavanagh (1904 - 1967)

patrick_kavanagh.jpgDans notre région fleurissait jadis un riche peuple de mendiants, tous plus bigarrés les uns que les autres, d'une noblesse et d'une fierté pleines d'ironie. Quand je me rappelle leurs allures fabuleuses et leurs pittoresques sobriquets, je me rends compte que sous la marche du progrès tout un monde de poésie a rendu l'âme. Il ne s'agissait pas de gueux de caniveau, mais d'un vrai peuple des chemins, à la sensibilité hautement romantique. Biddy Dundee, Barney the Bottle, Paddy the Bread, Mary Ann Plaintain, autant de noms qui ne furent pas imaginés par des esprits vulgaires. Ces vieilles existences nomades témoignaient d'une vie profondément poétique. Ils passaient tous à la maison, non pas pour mendier, mais pour vendre les pommes de terre et la farine qu'ils venaient de se procurer auprès des fermiers.

L'idiot en herbe / Patrick Kavanagh ; trad. de l'anglais (Irlande) par John Moran. - Rennes : Terre de brume, 1998. - 308 p. ; 24 cm. - (Bibliothèque irlandaise).


Pour + d’infos :
Les Editions Verdier

03/04/2010

Virginia Woolf/éd. Le Bruit du Temps

N O U V E A U T É S  


Virginia Woolf

Le temps passe

Ce texte, première version de la section médiane de Vers le phare, très différent du texte publié, a été établi spécialement par Virginia Woolf pour paraître comme nouvelle en français dans la revue Commerce en janvier 1927. Ces pages, qui constituent une émouvante interrogation sur l’œuvre du temps et l’abandon aux puissances de la nuit, à la ruine, au néant qui menacent, sont parmi les plus belles que Virginia Woolf aient écrites.

 

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27/09/2009

Ted Hugues

 

EXTRAITS

 

 

POÈMES

1957-1994

 

Ted Hugues

 

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The Dean River, Canada

 

[…]

                                                                                                                             Les sels marins,

Mes terres indigènes, m’ont préparé cortex et intestin

A accueillir de telles reliques.

Tel l’incinérateur, tel le soleil,

Telle l’araignée, j’ai eu un univers entier dans les mains.

Telle la fleur, je n’ai rien aimé.

[…]

 (p.53 – extrait de  1er mai dans le Holderness)

 

Ces étoiles sont les ancêtres incarnés

De mes collines noires, courbées comme dos d’ouvrier agricole,

 

Et de mon sang.

[…]

(p.68 – extrait de Avaleur de feu)

 

[…]

J’émerge. D’ailleurs, l’air a tout oublié.

Les fuseaux, les ailes en sucre glace de l’herbe

Semblent gravés sur de hauts gobelets. Un pigeon tombe en espace.

La terre monte calmement, dans l’obscurité, de lointaines profondeurs,

Affleurant à peine à la surface. Je ne suis pas connu,

Mais aucune surprise nulle part. L’asphalte de la route

Est velouté de sommeil, les collines dans le lointain sont froides.

Devant cette nouvelle terre si mal désenveloppée

De sa gaze et sa cellophane,

Ces magasins du gel aux lames toujours aiguës,

C’est mon privilège de tâter et de renifler.

Les moutons ne comptent pas plus que les primevères.

La rivière au loin s’étonne d’elle-même,

Essaie le volant de ses lumières

Et de ses poissons inhabituels, qui montent à la surface

Puis repartent au fond, par pure curiosité

Du soleil faisant fondre l’arête vertébrale de la colline et de la lumière

Baignant diffusément leurs ouïes…

[…]

(p.94 – extrait de Pêche à la truite clandestine, un matin de mai)

 

[…]

Si la bouche pouvait ouvrir sa falaise

Si l’oreille pouvait se déplier de ses strates

Si les yeux pouvaient fendre leur rocher et regarder enfin au-dehors

 

Si les mains plissements de montagne

Pouvaient se procurer un appui sûr

Si les pieds fossiles pouvaient se soulever

 

Si la tête eau de lac et climat

Si le corps horizon

Si le corps entier et la tête en balance

 

Si la peau d’herbe pouvait prendre les messages

Et faire son métier proprement

 

Si les vertèbres de fœtus terre

Pouvaient se dérouler

 

Si l’ombre homme là-bas en avant se mouvait suivant mes mouvements

 

Le discours qui agit l’air

Pourrait me parler

(p.334 – extrait de Sept chansons du cachot)

 

Le poète britannique Ted Hugues est né à Mytholmroyd, dans le Yorkshire, en 1930. Devenu célèbre dès ses premières publications, il est l’auteur de recueils de poèmes, de pièces de théâtre, d’essais et d’histoires pour enfants. Il traduit aussi Ovide, les tragiques grecs et Racine. En 1956, il épouse Sylvia Plath, l’un des plus importants poètes anglo-saxons contemporains. Lorsque celle-ci se suicide en 1963, Ted Hugues édite lui-même ses œuvres. Nommé poète lauréat en 1984, il meurt en 1998 dans le Devon.

 

Editions Gallimard

 
Traduit de l’anglais par Valérie Rouzeau et Jacques Darras
Préface de Jacques Darras
Editions Gallimard, 2009 (pour la traduction française)

 
 

17/09/2009

W.H. AUDEN

 

EXTRAIT

 

 

La mer et le miroir

Commentaire de La Tempête de Shakespeare

W.H. Auden

 

w_h_auden.jpgTous les mouvements volontaires sont possibles – ramper à travers des tuyaux et de vieux égouts, traîner devant des étalages, traverser sur la pointe des pieds des sables mouvants et des champs de mines, courir à travers des usines abandonnées et des plaines vides, sauter par-dessus des ruisseaux, plonger dans des bassins ou nager entre des rives semées de roses, s’extraire d’un boyau ou pousser des portes à tambour, s’accrocher à des balustrades en bois pourri, sucer une glace ou une plaie ; tous les modes de transport sont disponibles, lettres, chars à bœufs, canoës, cabriolets, trains, trolleys, voitures, avions, ballons, mais le sens de l’orientation, le moyen de savoir d’où sur cette terre on a bien pu venir et où on pourrait bien aller sur cette terre est tout à fait absent.

Religion et culture semblent représentées par l’universelle croyance que manque quelque chose qui doit être trouvé, mais quant à savoir ce qu’est ce quelque chose, les clés du paradis, l’héritier manquant, le génie, les odeurs de l’enfance, ou le sens de l’humour, pourquoi cela manque, si cela a été délibérément dérobé, ou accidentellement perdu, ou simplement caché par jeu, et qui est responsable, nos ancêtres, nous-mêmes, la structure sociale, ou de mystérieuses puissances perverses, il y a autant d’églises que de chercheurs, et on peut trouver un indice derrière chaque pendule, sous chaque pierre, et dans chaque arbre creux pour les étayer toutes. 

(p.117)

 

Editions Le bruit du temps

 

Édition bilingue
Traduction de l’anglais et présentation de Bruno Bayen et Pierre Pachet

Format : 135 x 205
160 pages • 18 euros
ISBN : 978-2-35873-002-0

Mise en vente : 17 avril 2009

 

16/08/2009

Ted Hugues

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Photo : Nils Jorgensen

Kafka

 

Un hibou,

C’est un hibou, le mot « Homme » tatoué à l’aisselle

Sous l’aile brisée

(Assommé par ce mur de lumière aveuglante, tombé ici)

Sous l’aile d’ombre immense qui se tord, brisée, à terre.

C’est un homme : nul espoir dans ces plumes.

 

Ted Hugues, Poèmes, 1957-1994, Gallimard Du monde entier – p.124

Traduit de l’anglais par Valérie Rouzeau et Jacques Darras

Portrait Ted Hugues par Reginald Gray

27/05/2009

Elisabeth Barrett Browning

PARUTION

Quatrième de couverture

 

Sonnets portugais

Elizabeth Barrett Browning

 

 

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Elizabeth Barrett écrit les Sonnets portugais pendant les vingt mois qui séparent la première lettre reçue de Robert Browning, le 10 janvier 1845, de leur mariage en septembre 1846. Elle attendra plusieurs années avant de les montrer à son mari. Aussi célèbres en Angleterre que les sonnets de Shakespeare, ces poèmes d’amour appartiennent pleinement au mythe, et c’est à ce titre que Rilke ira jusqu’à apprendre l’anglais pour les traduire. Claire Malroux écarte le voile de la légende, et montre que l’authentique poète qu’était Elizabett Barrett « ne s’est pas perdu dans la femme ». Ces Sonnets sont le lieu d’une conversion : elle doit y chasser la mort et la résignation dans laquelle se complaisait jusque-là sa poésie, pour faire place à l’avènement d’un sentiment vrai, partagé, charnel. D’où la modernité de ces poèmes, traversés de nombreux mouvements, interrogations, contradictions sous le frémissement desquels la rigidité de la forme se défait, le langage corseté se délie. Le goût de la sensation vraie, qui se traduit par une grande liberté et audace de parole, fait d’elle une iconoclaste consciente (Virginia Woolf).

 

Editions Le bruit du temps

 

 

Édition bilingue

Traduction nouvelle

et présentation de Claire Malroux
suivie de trois poèmes d’Emily Dickinson en hommage à Elizabeth
et d’une étude de Claire Malroux

sur la traduction des Sonnets

Format : 117 x 170
156 pages • 13 euros
ISBN : 978-2-35873-006-8
Mise en vente : 22 mai 2009

 

 

25/05/2009

Mina Loy (1882-1966)

 
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Il n’y a pas d’amour seul

sur le site Terres de femmes

 

22/05/2009

JOHN BERGER

 

 

■■■ JOHN BERGER


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John Berger – (Photo de Jean Mohr)

Peintre autant qu’écrivain, John Berger est né à Londres en 1926.

 

 

Editions Champ Vallon

  Et nos visages, mon cœur, fugaces comme des photos

Essai – 1993 (Traduit de l'anglais par Katia Berger-Andreadakis)

 

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Sans écrire réellement un livre de confessions, Berger met à nu son cœur dans ce volume dense et court, sorte d’album de méditations en prose, d’extraits de journaux et de poèmes, fugaces comme des photographies. Si l’art y est mêlé, à travers des incursions brillantes dans l’œuvre de Van Gogh, Rembrandt et Le Caravage, le livre est largement poétique et philosophique, tendu par des questions et des expériences si simples — l’amour, le déracinement, le temps, l’absence — que nous ne savons presque plus les «voir» dans nos propres vies.

Le livre sans doute le plus personnel et le plus émouvant de John Berger.

 

Fidèle au rendez-vous

Essai - 1996

 

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SONATES : dans le sens de faire sonner la lettre, la faire sentir (selon la définition de Larousse), et pour faire entendre SONNET que j'utilise sans les contraintes prosodiques classiques. Faire sentir, entendre, voir le débraillé, l'incontinence du visible, ces et cetera, ces en verve, ces injonctions à l'Eros, faire se cabrer dans les mots cette matérielle grandeur du monde, chantée par Lucrèce, afin comme le dit Merleau-Ponty, d'y faire venir cela même qui lui est le plus étranger : un sens.

 

 

L’oiseau blanc

Essai – 2000 (Traduit de l'anglais par Anne et Michel Fuchs et Serge Grunberg)

 

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Le critique d'art et écrivain John Berger aborde ici les questions fondamentales posées par les arts plastiques.

Lorsqu'il parle du cubisme, il ne parle pas seulement de Braque, de Léger, de Picasso ou de Juan Gris, mais aussi de ce moment, au début du vingtième siècle, où le monde s'est rassemblé autour d'un formidable sentiment de promesses en l'avenir. Quand il étudie l'oeuvre de Modigliani, il voit dans l'étirement des formes du modèle l'infini de l'amour humain.

Cheminant librement de la Renaissance à l'explosion atomique de Hiroshima, des rives du

Bosphore aux gratte-ciels de Manhattan, des sculpteurs sur bois d'un village savoyard à Goya, Dürer ou Van Gogh, et embrassant aussi bien le sentiment personnel de l'amour et de la perte que les bouleversements politiques majeurs de notre temps, L'Oiseau blanc démontre une fois de plus la singularité de John Berger.

 

L’Arche Editeur

 

 
 

Au regard du regard

Essai - 1997

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La révolution technologique, qui a commencé avec la Renaissance mais qui n'a pris toute sa dimension révolutionnaire qu'au début du XIXème siècle, a non seulement bouleversé notre rapport à la nature, mais également notre manière de regarder. L'invention de la photographie qui permet la "reproductibilité des objets", le cinéma, et encore davantage la télévision et la vidéo, ont eu des conséquences considérables sur notre perception des choses (naturelles ou pas), des animaux et des êtres humains. On regarde les femmes sculptées de Rodin, la solitude d'un Giacometti traversant sous la pluie, quelques mois avant sa mort, une rue à Montparnasse. On contemple Courbet et le Jura, Francis Bacon et Walt Disney. Et ce n'est pas tout, loin de là. Les considérations auxquelles se livre John Berger sont étonnantes ; et calmement mais sûrement, il arrive à changer notre regard.

 

 

 

De A à X
John Berger
Editions L'Olivier, 2009
Traduit de l'anglais par Katya Berger Andreadakis

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Champ-Vallon

Arche-Editeur

Editions de l'olivier

 

La petite librairie des champs et James Joyce

" L’âme de l’objet le plus commun dont la structure est ainsi mise au point prend un rayonnement à nos yeux. L’objet accomplit son épiphanie ". James Joyce

 

ulysse.jpgLa petite librairie des champs organise le 16 juin le BLOOMSDAY dans  le village de BOULBON (13 150). Nous vous donnons rendez-vous sur la place du village vers 18h30-19h  près de la fontaine. Nous déambulerons de cet endroit jusqu'à la grand rue, et notamment  jusqu'à la Boucherie tenue par Monsieur et Madame PAOLI, puis nous  monterons dans le vieux village au pied du château.

Notre parcours sera parsemé de lectures d'extraits d'ULYSSE de James JOYCE, et ce dans plusieurs langues. Il durera à peu près 1h30. Si l'aventure vous tente, amenez votre livre, et choisissez le passage que vous aimez, et que vous avez envie de partager. Les musiciens sont également les bienvenus pour nous accompagner avec leur instrument. Nous clôturerons la soirée avec un repas tiré du sac et un pique-nique au moulin, si le temps le permet.

 

Sylvie DURBEC

Catherine SAISON

LA PETITE LIBRAIRIE DES CHAMPS

le moulin brûlé

13 150 BOULBON