30/09/2009
Jean-Pierre Blanche - Vincent Bioulès (Galerie Alain Paire)
Jean-Pierre Blanche peignant sur le motif de la Sainte-Victoire près du château de Vauvenargues, le 27 juin 2009
Deux entretiens L’Autre côté et Face Nord par Alain paire
Vincent Bioulès à l’Atelier Cézanne, le 24 juillet 2009
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28/09/2009
Octavio Paz
OCTAVIO PAZ
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Entretiens (1955-1996)
De vive voix
Editions Gallimard, Collection « Arcades », 2008
EXTRAITS
…
L’homme n’est pas seulement le produit des circonstances : il est leur complice.
Nous devons cultiver et défendre la particularité, l’individualité et l’irrégularité : la vie. L’homme n’a aucun avenir dans le collectivisme des Etats bureaucratiques ni dans la société de masse créée par le capitalisme. Tout système, tant parson caractère abstrait que par sa propension à la totalité, est l’ennemi de la vie. Un poète espagnol oublié, José Moreno Villa, disait dans un sourire mélancolique : « J’ai découvert dans la symétrie la racine de bien des iniquités.
(p.168)
………………………………
Naguère, les héros de la jeunesse étaient des poètes, des écrivains, Valéry ou Eliot ; parfois des révolutionnaires, comme chez nous Zapata ou même Pancho Villa. Après sont venus lesprofesseurs, au temps de Sartre ; actuellement, nos héros sont les gens de la télévision. Cheminement très curieux.
(p.493)
………………………………
… j’ai une profonde répulsion pour les utopies parce que je pense que l’homme est individuel, qu’il est irrégulier, singulier, et que les utopies s’acharnent à en faire quelque chose d’uniforme. Rien n’est plus ennuyeux que les utopies heureuses. Pensez, mettez-vous dans un phalanstère de Fourier, qui était le meilleur, le plus sympathique des utopistes. J’admire et j’aime Fourier, mais vous devenez fou dans l’un de ses phalanstères ! Il n’y a rien de plus semblable aux utopies que les prisons, c’est l’uniformité. Alors que je pense que l’homme est invention, changement. C’est pourquoi je suis un ennemi de tous les systèmes, politiques ou autres.
(p.497)
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En cette fin de siècle l'opinion est devenue une énorme bureaucratie économique et politique et la presse est devenue très impersonnelle.
Aux inégalités dont souffre la société moderne vient s’ajouter une inégalité nouvelle entre une minorité qui lit et une majorité qui ne lit plus ou bien ne sait plus lire et regarde la télévision. Il faudra bien s’y faire. On voit poindre là une division profonde qui fait songer une fois de plus au roman de Huxley, Le meilleur des mondes, où seule une minorité a accès à la science véritable et à la culture générale. Le livre pourrait bien redevenir ce qu’il fut jadis : une rareté. Apparaît donc un clivage profond, sans précédent, qui n’est fondé ni sur le sang, comme dans l’Ancien Régime, ni sur l’argent, comme dans les démocraties actuelles, mais sur les connaissances. Et ce n’est pas sans danger pour la démocratie.
Une partie de nos maux s’explique par la nature même de notre civilisation où tout devient produit, objet de consommation. J’en parle dans Itinéraire : l’interrogation universelle est aujourd’hui : combien vaux-tu ? Corps et âmes, livres et idées, tableaux et chansons sont devenus des marchandises. J’ai évoqué, à la Foire du livre de Francfort, les manipulations caricaturales qui se pratiquent sous le masque du mot littérature avec la complicité des médias et de leur label trompeur de « culture populaire » qui exclut les ouvrages jugés trop sérieux, autrement dit « barbants », quand ne se manifeste pas une franche hostilité contre la littérature « sérieuse » : comme si Platon, Aristote, Boccace, Rabelais, Cervantès, Swift étaient des gens sérieux !
(p.532)
Chaque artiste fera sa révolution tout seul et devra tout seul porter le poids déchirant du bonheur.
Dire non est bien la chose la plus difficile dans le monde moderne qui devient celui de l’uniformité. Celle-ci menace la littérature de congélation. Ce qu’on nous demande surtout aujourd’hui, c’est d’approuver. Et le système est depuis longtemps si assoiffé d’approbation que dans les grands procès politiques de notre siècle on a même cherché à faire confesser des crimes imaginaires afin de transformer les accusés en accusateurs d’eux-mêmes. Car de nos jours le bourreau a besoin d’approbation, même pour tuer.
La vraie littérature est indifférente aux lois, à la logique du marché, avec ses best-sellers auxquels on a coupé becs et ongles. La rébellion fait partie de la littérature. Dans la tradition moderne de critique et de rébellion, de subversion, la poésie, du XIXè au XXè siècle, a joué un rôle non négligeable. Il faudra bien revenir à cet élan initial de la grande littérature du XXè siècle, qui n’était ni conformiste ni tranquillisante mais critique, souvent agressive, s’interdisant de flatter les lecteurs et leurs préjugés, de suivre les modes. C’était une littérature faite par des écrivains qui ne craignaient pas de se retrouver seuls. C’est pourquoi je n’ai jamais oublié de rendre hommage aux éditeurs qui sont restés fidèles à la grande tradition de ceux qui, depuis le XVIIIè siècle, ont défié les goûts et la morale de la majorité. C’est grâce à eux que nous ne sommes pas complètement abêtis, anesthésiés.
(…) C’est pourquoi nous, les écrivains d’aujourd’hui, nous devons redire le monosyllabe qui a marqué le début de la littérature moderne : non.
(p.533)
J’ai plusieurs fois rapproché révolution de rénovation.
Né à Mexico le 31 mars 1914, Octavio Paz est considéré comme le plus grand poète d’Amérique latine et un théoricien hors pair de la littérature. Ambassadeur du Mexique en Inde pendant de longues années, il n’a cessé de confronter la conception occidentale de la création à celle de l’Orient. Il a dirigé Vuelta, la plus importante revue d’Amérique latine, et a aussi donné des conférences dans diverses universités d’Europe et d’Amérique. Octavio Paz a reçu le prix Cervantès en 1981 et le prix Nobel de littérature en 1990. Il est décédé à Mexico en avril 1998.
Editions Gallimard, collection "Arcades"
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Yannick Haenel
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27/09/2009
Ted Hugues
EXTRAITS
POÈMES
1957-1994
Ted Hugues
[…]
Les sels marins,
Mes terres indigènes, m’ont préparé cortex et intestin
A accueillir de telles reliques.
Tel l’incinérateur, tel le soleil,
Telle l’araignée, j’ai eu un univers entier dans les mains.
Telle la fleur, je n’ai rien aimé.
[…]
(p.53 – extrait de 1er mai dans le Holderness)
Ces étoiles sont les ancêtres incarnés
De mes collines noires, courbées comme dos d’ouvrier agricole,
Et de mon sang.
[…]
(p.68 – extrait de Avaleur de feu)
[…]
J’émerge. D’ailleurs, l’air a tout oublié.
Les fuseaux, les ailes en sucre glace de l’herbe
Semblent gravés sur de hauts gobelets. Un pigeon tombe en espace.
La terre monte calmement, dans l’obscurité, de lointaines profondeurs,
Affleurant à peine à la surface. Je ne suis pas connu,
Mais aucune surprise nulle part. L’asphalte de la route
Est velouté de sommeil, les collines dans le lointain sont froides.
Devant cette nouvelle terre si mal désenveloppée
De sa gaze et sa cellophane,
Ces magasins du gel aux lames toujours aiguës,
C’est mon privilège de tâter et de renifler.
Les moutons ne comptent pas plus que les primevères.
La rivière au loin s’étonne d’elle-même,
Essaie le volant de ses lumières
Et de ses poissons inhabituels, qui montent à la surface
Puis repartent au fond, par pure curiosité
Du soleil faisant fondre l’arête vertébrale de la colline et de la lumière
Baignant diffusément leurs ouïes…
[…]
(p.94 – extrait de Pêche à la truite clandestine, un matin de mai)
[…]
Si la bouche pouvait ouvrir sa falaise
Si l’oreille pouvait se déplier de ses strates
Si les yeux pouvaient fendre leur rocher et regarder enfin au-dehors
Si les mains plissements de montagne
Pouvaient se procurer un appui sûr
Si les pieds fossiles pouvaient se soulever
Si la tête eau de lac et climat
Si le corps horizon
Si le corps entier et la tête en balance
Si la peau d’herbe pouvait prendre les messages
Et faire son métier proprement
Si les vertèbres de fœtus terre
Pouvaient se dérouler
Si l’ombre homme là-bas en avant se mouvait suivant mes mouvements
Le discours qui agit l’air
Pourrait me parler
(p.334 – extrait de Sept chansons du cachot)
Le poète britannique Ted Hugues est né à Mytholmroyd, dans le Yorkshire, en 1930. Devenu célèbre dès ses premières publications, il est l’auteur de recueils de poèmes, de pièces de théâtre, d’essais et d’histoires pour enfants. Il traduit aussi Ovide, les tragiques grecs et Racine. En 1956, il épouse Sylvia Plath, l’un des plus importants poètes anglo-saxons contemporains. Lorsque celle-ci se suicide en 1963, Ted Hugues édite lui-même ses œuvres. Nommé poète lauréat en 1984, il meurt en 1998 dans le Devon.
Editions Gallimard
Traduit de l’anglais par Valérie Rouzeau et Jacques Darras
Préface de Jacques Darras
Editions Gallimard, 2009 (pour la traduction française)
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20/09/2009
Le Temps est un type étrange...
E.E. Cummings
Poète américain
(1894 - 1962)
L A P A U S E P O É S I E
© Photo : source internet
[…] les poèmes courts m’enchantent. J’aime aussi beaucoup Cummings, qu’on regarde aujourd’hui avec une certaine indifférence. J’ai traduit quelques-uns de ses poèmes, il y a des années. Cela a été une grande expérience, j’ai beaucoup appris en traduisant ces textes dans lesquels la complexité syntaxique produit une poésie très pure et très simple. C’est la poésie lyrique, le jet poétique dans toute sa fraîcheur, sans trace de ce didactisme si fréquent dans la poésie nord-américaine. Un didactisme moralisant, même, surtout lorsqu’il attaque la morale régnante.
Octavio Paz – « Cuatro o cinco puntos cardinales » Plural, n°18, mars 1973
la proximité s'éveillait, tout oiseau devrait chanter :
et de notre nuit le mille million de miracles
●●●
Même si Cummings a poussé son allergie à tous les communautarismes jusqu’à un aveuglement consternant, et que rien ne saurait justifier, il faut arrêter de penser ce qui distingue comme ce qui sépare et l’hermétisme comme une clôture : il n’y a pour penser de la sorte que les totalitaires, partisans d’un nivellement par le bas, à leur profit ; et si la poésie de Cummings a pu paraître en son temps d’avant-garde, elle ne résiste au temps que parce qu’elle est fermement ancrée, sans nul traditionalisme, dans cette tradition qui remonte à la plus haute antiquité, celle d’Orphée, éveillant tous les sens et animant toute la création par la vertu de son chant.
Robert Davreu – Poèmes choisis, éditions Corti, 2004
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19/09/2009
PROCHAINE PARUTION, OCTOBRE 2009 : ISTANBUL, VILLE MONDE
Après Alger, Palerme, Athènes, Beyrouth et Tanger, voici, dans la série des “portraits de ville”, le nouveau numéro de la revue consacré à Istanbul.
11:50 Publié dans La Pensée de Midi | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | | Facebook
Patrick Kéchichian
NOTE DE LECTURE
Pascal Boulanger
Patrick Kéchichian : Petit éloge du catholicisme
Dans une écriture superbe, Patrick Kéchichian dévoile sa propre traversée en mêlant à la foi la démesure et la raison qu’elle suppose.
Au centre de son propos, il y a ce basculement que la première épître de Saint Jean proclame :
Si ton cœur te condamne, Dieu est plus grand que ton cœur.
Cette conversion du regard porté sur le monde – et sur soi-même – désencombre et déjoue le déferlement du nihilisme au profit d’un appel qui est sortie et abandon joyeux de soi.
A partir d’entrées choisies : louange, modernité, église, colère… Kéchichian montre que la foi n’efface ni crainte ni tremblement mais qu’elle fait face à l’inattendu et au retournement.
L’impossible est possible et l’impossible c’est Dieu soulignait Chestov en commentant Kierkegaard.
La clôture individuelle trace les premiers cercles de l’enfer humain et bute sur l’immonde. Donner congé à ses propres fantômes irrigue le cœur tandis que le résigné est celui qui a détourné son attention du miracle.
Le possible consiste alors à croire au surgissement inépuisable de l’amour.
Car rien ne s’achève sur soi-même. Toute poésie du drame, et le catholicisme, même sur son versant lumineux et baroque, est poésie dramatique, passe par la Croix. Cette Croix n’est pas une tolérance pour la mort et pour son spectacle, elle n’est tout simplement plus rien devant la beauté inépuisable qui co-naît (Claudel) à chaque instant et pour l’éternité.
Voici bien une économie d’abondance dont témoigne le chrétien. Il sait que si nos yeux reçoivent la lumière, ceux du Christ la donne.
© Pascal Boulanger, septembre 2009
Editions Gallimard/Folio
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17/09/2009
W.H. AUDEN
EXTRAIT
La mer et le miroir
Commentaire de La Tempête de Shakespeare
W.H. Auden
Tous les mouvements volontaires sont possibles – ramper à travers des tuyaux et de vieux égouts, traîner devant des étalages, traverser sur la pointe des pieds des sables mouvants et des champs de mines, courir à travers des usines abandonnées et des plaines vides, sauter par-dessus des ruisseaux, plonger dans des bassins ou nager entre des rives semées de roses, s’extraire d’un boyau ou pousser des portes à tambour, s’accrocher à des balustrades en bois pourri, sucer une glace ou une plaie ; tous les modes de transport sont disponibles, lettres, chars à bœufs, canoës, cabriolets, trains, trolleys, voitures, avions, ballons, mais le sens de l’orientation, le moyen de savoir d’où sur cette terre on a bien pu venir et où on pourrait bien aller sur cette terre est tout à fait absent.
Religion et culture semblent représentées par l’universelle croyance que manque quelque chose qui doit être trouvé, mais quant à savoir ce qu’est ce quelque chose, les clés du paradis, l’héritier manquant, le génie, les odeurs de l’enfance, ou le sens de l’humour, pourquoi cela manque, si cela a été délibérément dérobé, ou accidentellement perdu, ou simplement caché par jeu, et qui est responsable, nos ancêtres, nous-mêmes, la structure sociale, ou de mystérieuses puissances perverses, il y a autant d’églises que de chercheurs, et on peut trouver un indice derrière chaque pendule, sous chaque pierre, et dans chaque arbre creux pour les étayer toutes.
(p.117)
Édition bilingue
Traduction de l’anglais et présentation de Bruno Bayen et Pierre Pachet
Format : 135 x 205
160 pages • 18 euros
ISBN : 978-2-35873-002-0
Mise en vente : 17 avril 2009
15:27 Publié dans W.H Auden | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
12/09/2009
Le bulletin d'eucharis n°13 du 14 septembre 2009
N°13
14 septembre 2009
Evelyn Nesbit Thaw (1884-1967)
- Ne respirez plus !
Je n’étais pas chez le photographe. J’étais dans le service de radiologie de Reykjavik. C’est le mot de toute société à ses citoyens : « Ne respirez plus. »
(ch. VI, p.25) – Les ombres errantes, Pascal Quignard
© Editions Grasset & Fasquelle, 2002
SOMMAIRE………
Extraits de Les ombres errantes de Pascal Quignard
&
Anne Slacik GRANDES PEINTURES Galerie l’Or du temps
La dernière épopée Charles-Mézence Briseul (Note de lecture Pascal Boulanger)
POESIE AVEC Roberto Mussapi Paroles du plongeur de Paestum
Non Vernissage LA PILE vouée à disparaître Galerie La Non-Maison
PHOTOGRAPHIE AVEC Thierry Cardon
&
DU CÔTÉ DE CHEZ… CLAUDE SIMON et Le Palace
GALERIE REMARQUE Deux Noyaux Pour Commencer La Journée Stéphanie Ferrat & Hélène Sanguinetti
&
PAR AILLEURS ………………….. La fureur du monde Salon du Livre Mouans-Sartoux
07:30 Publié dans LES CARNETS D'EUCHARIS (pdf & calaméo) | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
09/09/2009
Nouveaux Délits (Cathy Garcia) invite La Barbacane (Max Pons)
Mardi 8 septembre, 21 heures, au Théâtre de la Fourdonne
Max Pons est né en 1927, aux confins du Quercy et du Périgord. Adolescence à Fumel (Lot-et-Garonne). Etudes de lettres, puis études hispaniques à Barcelone où il résidera une dizaine d’années. Conservateur du château de Bonaguil (Lot-et-Garonne) de 1954 à 1992, il y organise des Rencontres poétiques de 1966 à 1975. Poète, Max Pons édifie à partir de 1963 un “château des mots” en fondant “la Barbacane”, revue qui allie la qualité typographique et l’exigence littéraire la plus haute. C’est une revue, qui a nom la Barbacane. Le mot, d’origine arabe, désigne, on ne s’en étonnera pas, un ouvrage de fortification au Moyen Age. Forme circulaire ou semi-circulaire, la barbacane protégeait un passage, une porte ou une poterne. “Revue des pierres et des hommes”, la Barbacane est née de la rencontre entre Max Pons – il avait 36 ans à l’époque – et du poète Jean Follain, au pied de la forteresse médiévale de Bonaguil justement. “Raconter cette expérience, souligne Max Pons, c’est raconter le combat d’un poète, lequel, au fond de son abri provincial, tente de faire entendre une voix de plus en plus couverte par d’impitoyables médias. La lutte est inégale, certes, mais elle est belle. C’est le combat du singulier contre le pluriel. Du rêve contre la réalité. Ma devise reste : « Le réel est du rêve qui a réussi. »” Cela permet de rester tout de même réaliste, avec une philosophie teintée d’humour : “L’expérience de la Barbacane devait, au fil des années, me faire comprendre que l’amour de la littérature et la passion du livre étaient appelées peu à peu à se transformer en industrie du papier, en épicerie littéraire.”
Au cours de l’été 2004, la revue a fêté ses quarante ans d’existence. La Barbacane se distingue par sa qualité typographique (due à la rencontre de Max Pons, avec un maître en ce domaine, Yves Filhol) et par ce que Pierre Seghers appelait à son propos, le “sens de l’amitié” par la littérature et la poésie. La Barbacane défend davantage la création que le commentaire. Les 80 numéros et les 47 livres publiés témoignent, par leur qualité et leur diversité, par l’attention prêtée aux jeunes écrivains, de cette exigence. Un fort engagement est demandé aux auteurs. Le choix de l’indépendance a pour conséquence une vie économique difficile, appuyée sur les abonnements, le travail auprès des libraires et de la presse littéraire. Depuis juin 2003, la revue est dirigée par Pierre Clavilier. Parmi les nombreux poètes publiés au cours depuis sa création, citons Jean Follain, Guillevic, Jean Rousselot, Charles Le Quintrec, Robert Sabatier, Pierre Albert-Biro, Gabrielle Althen, Michel Host… Un numéro double consacré aux “Voix de la nouvelle” est sorti cette année.
Contact : la Barbacane BP 47, 45000 Fumel.
Nouveaux Délits est née en 2003, fondée par Cathy Garcia, poète également, qui en est la coupable/responsable de bout en bout. Cette revue de poésie vive et dérivés, comme elle se plait à la nommer, auto éditée, auto diffusée, en est à son 33ème numéro, imprimé maison sur du papier recyclé. Revue dite engagée, c’est une revue qui se veut avant tout espace de liberté, où puisse circuler une parole vivante, voire impertinente. Des poètes de France et du monde entier, qu’elle traduit parfois elle-même, notamment des poètes amérindiens, des poètes connus mais aussi souvent inconnus ou méconnus. La revue s’ouvre aux voix marginales, aux voix des sans voix. On y retrouve des auteurs publiés également dans la Barbacane, comme quoi une certaine résonnance existe entre ces deux revues qui ont quarante années de différence mais partage un même élan. Sans doute cet amour fou des mots vrais et des humains qui les portent. Et une même terre natale : le Lot.
07:13 Publié dans Cathy Garcia | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
06/09/2009
Claude Minière... et le monde dans son ordre par la justesse d'un trait
NOTE DE LECTURE
Par Nathalie Riera
15 avril – Écrites à Paris, à Londres ou à Oziers, ces pages du Journal accompagnent Hymne. À travers elles, je me fais le compagnon de mon poème, de son achèvement. De son départ et de son achèvement.
Claude Minière, Pall Mall, journal 2000-2003 – (p.77)
Pall Mall
Journal 2000 - 2003
Claude Minière
Editions Comp’Act, 2005
Le journal ne se veut pas lieu de confessions, et le poème ne cherche pas à rendre plus compréhensible le réel. Journal et Poème esquissent un vaste projet : demeurer lié au monde afin que le monde ne vous hait pas.
L’interrogation ne cherche pas de réponse, elle est action de remonter, de soulever, elle n’est qu’exigence de penser, à l’opposé des manières du monde et de ses vanités à ne vanter que le faux et son escorte de vulgarités.
Se défaire de l’ornement, taire le discours. Ne pas s’attarder, mais devancer. Toujours, devant, la voix menue du cœur qui aime à donner étreinte, qui aime à toujours aimer, ne pas rester dans le malheur, comme l’écrivait Hölderlin, mais chanter.
Ma poésie au fond répond à ce désir – « l’enfance retrouvée à volonté » - sans pathos, de corps immédiats, de traits et retraits, de bord de l’eau, de gestes sans jugement au rythme des feuillages. Exulter au cœur du monde.
Naître de l’esprit est nourricière du chant. La poésie de Claude Minière est certes vouée aux éléments familiers du quotidien, mais aussi et surtout à la liberté des espaces, aux paysages présents et dérobés, à ce qui fait rêve sans futiles rêveries.
Le journal est moyen de faire partir le poème, de passer par le poème, de passer par ce que l’on connaît et qui nous est nouveau. Et le poème est moyen de se tenir dans l’instant, toujours rester en la vérité, poursuivre l’enquête.
5 avril – Anna Dina Nurabelle. Plus fluides, les pensées doivent se faire plus fluides pour la sécheresse de l’arc-en-ciel, et comme « atomiques », pollens de lumière flottante.
Sécheresse d’une époque à laquelle quelques contemporains nous rappellent (à la manière d’Hölderlin) que peu de savoir nous est donné, mais de joie beaucoup.
Entre autre joie, celle du regard qui s’attache encore au sol, dans le vert profond d’une herbe, où les écrits ne flétrissent pas.
A la 112ème page de Pall Mall, le 16 novembre 2003 : Comment peut-on avoir encore envie, aujourd’hui, de publier ? Tout tombe dans la quantité à plat. Quant aux « critiques », il semble que Hymne les ait littéralement laissés sans voix. Aucun de mes livres n’a recueilli aussi peu de commentaires. Je pourrai dire que c’est bien ainsi : comment taire, comme enterre. Mais ce silence « gêné » rend d’autant plus précieux et vifs les rares gestes : celui de Marcelin Pleynet (et son invitation dans l’émission radiophonique « Surpris par la poésie », sur les ondes de France-Culture) ; celui de Pascal Boulanger (et l’article qu’il a écrit, qui paraîtra dans art press).
© Nathalie Riera, septembre 2009
08:12 Publié dans Claude Minière, Nathalie Riera, NOTES DE LECTURES/RECENSIONS | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
04/09/2009
Stéphanie Ferrat&Hélène Sanguinetti - Deux noyaux pour commencer la journée
EXPOSITION
Galerie Remarque
Dossier à télécharger
cliquer ci-dessous :
STEPHANIE FERRAT_Carnets d'eucharis.pdf
Hélène Sanguinetti/Stéphanie Ferrat, Galerie Remarque 2009
15:24 Publié dans CLINS D'OEILS (arts plastiques) | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook