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14/05/2014

Les Carnets d'Eucharis 2014 : une lecture de Myrto Gondicas

 

 

Les Carnets d'Eucharis, carnet deux

 

 

par Myrto Gondicas

 

   

 

 

 

SITAUDIS, 14 mai 2014

Cliquer ICI

 

 

 

 

 

 

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Dans la jungle des sites consacrés à l’art ou à la poésie, Eucharis, « plante bulbeuse issue des forêts tropicales humides et sombres », fleurit avec grâce et ténacité depuis plus de six ans ; on peut désormais la goûter aussi sous forme imprimée, dans des « carnets » sobres et denses : le numéro deux a paru ce printemps. Écran, papier — contenus différents pour une même ligne ; essayons d’en donner une idée.

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Myrto Gondicas, mai 2014

© Sitaudis

 

 

13/05/2014

Ossip Mandesltam - De la Poésie - Ed. la Barque, 2013

 

 

Lecture Nathalie Riera

 

Ossip Mandelstam

DE LA POÉSIE

 

 

 

© O. Mandelstam, printemps 1933

 

Traduction & Postface

Christian Mouze

 

***

 

Mots pour De la poésie

Olivier Gallon

 

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« Garde à jamais mon dit, son âcre goût de malheur et de fumée,

sa résine de solidaire patience, son goudron d’honnête labeur »

O. Mandelstam

3 mai 1931

 

 

Le choix d’un éditeur de publier Ossip Mandelstam relève, à mon sens, non pas d’une stratégie de vouloir posséder un catalogue et ne s’en tenir qu’à cette suspicieuse ambition ; il en va plutôt d’une certaine passion, et peut-être plus sobrement encore d’un certain esprit amoureux, en ce profond et légitime souci de restituer le « dit » du poète, lui-même dans cette égale transe, ou dit autrement, dans un égal transport de l’esprit, à ne cesser au cœur de la nuit et ses terreurs de nous exhorter à cette parole, que « la vie est un don que personne n’a le droit de refuser ».[1] Mandelstam, au cœur du drame, c’est le rire toujours présent, le rire non destitué de son origine et de sa force.

« De la poésie », récemment publié par le brillant éditeur Olivier Gallon des Editions La Barque, dans sa qualité de recueil d’essais édité pour la première fois du vivant de Mandelstam durant l’année 1928, et là dans la traduction remarquable de Christian Mouze, c’est honorer la poésie comme renoncement à ce que Mandelstam a fui toute sa vie : fuir tout contact avec le pouvoir, car ce qu’il faut aussi retenir du poète et de l’essayiste, c’est son « renoncement aux formes démocratiques du gouvernement », s’opposant alors à cet arrogant pouvoir des lois et des institutions à vouloir « s’imposer comme éducateur »[2] du peuple. Poète altier, entier, les pays de prose et de poésie de Mandelstam sont des « pays aux teintes incendiaires ».[3] L’incendie chez le « renégat de la tribu » demeure un geste de survie : préserver le rouge et le jaune, en même temps que revenir sur le mot « destin », que l’épouse Nadejda définit, selon la personnalité propre à son mari, comme n’être justement pas « une force extérieure mystérieuse mais une conséquence, mathématiquement calculable, de l’énergie intérieure d’un homme et de la tendance dominante de l’époque »[4].

 

En dépit d’une vie plongée dans les arcanes et les ténèbres de l’Histoire, dès la première arrestation de Mandelstam, en 1934, il me semble qu’il nous faut reconnaître à ce grand poète cette vive équation : sa propre vie en tant que grande œuvre, ainsi que sa résolution ou détermination à la résistance de l’esprit par la poésie. Joseph Brodsky, en hommage à Nadejda Mandelstam, écrira : « Ossip Mandelstam était un grand poète avant la Révolution. Tout comme Anna Akhmatova et Marina Tsvétaïéva. Ils seraient devenus ceux qu’ils sont devenus même si aucun des événements historiques que connut la Russie au cours de ce siècle n’avait eu lieu : parce qu’ils étaient doués. Fondamentalement, le talent n’a pas besoin de l’Histoire ».[5] Outre la légitimité de ce propos, la Terreur stalinienne n’aura pas eu raison du génie de Mandelstam.

 

***

 

« De la poésie » réunit un ensemble de 9 essais, suivis d’une postface du traducteur. Puis, des « Mots pour… » de l’éditeur, texte assorti d’une photographie pleine page d’Ossip Mandelstam enfant, à Pavlovsk, en 1894.  Image singulière dans l’émotion qu’elle suscite.

 

Que nous disent ces 9 essais ?

 

Parce que chez Mandelstam la poésie est entendue « comme l’œuvre de la voix et de l’ouïe »[6], nul doute que pour l’éditeur de ce recueil il ne pouvait ne pas être révélé l’importance chez Mandelstam de la musique : « [] il récitait ses vers, comme il nous a été rapporté, la tête en arrière, l’oreille tendue vers l’infini du poème. »[7] Au sujet de la vénération de Mandelstam pour la symphonie musicale, de ma lecture du fabuleux Timbre Egyptien, je retiens ce passage – son personnage, Parnok, adore la musique : « Les portées ne caressent pas moins l’œil que la musique elle-même ne flatte l’oreille. Les noires sur leurs échelles montent et descendent comme des allumeurs de réverbères. Chaque mesure est une petite barque chargée de raisins secs et de muscats noirs.

Une page de musique, c’est d’abord une flottille à voiles rangée en bataille, puis un plan selon lequel sombre la nuit organisée en noyaux de prunes ».

Noble et pur égard, de la part d’un poète d’aucune posture et d’aucune imposture, pour tout ce qui peut hisser l’être doué de langage au-delà de l’informe bredouillement. Mandelstam n’a pas oublié la bibliothèque de la prime enfance : « un compagnon de route pour la vie entière ».[8] Chez lui, ce qui participe du geste de vivre et de faire résistance : « les incendies et les livres » ! Incendies pour ne pas « honorer le cri de l’aigle ».[9]

 

***

 

L’herbe est dans les rues de Pétersbourg – premières pousses d’une forêt vierge qui va recouvrir les villes d’aujourd’hui. Cette vive et tendre verdure, d’une fraîcheur surprenante, appartient à une nouvelle nature spiritualisée. Pétersbourg est en vérité la ville la plus avant-gardiste du monde. Ni métro ni gratte-ciel ne mesurent la vitesse, cette course du temps présent, mais une herbe joyeuse qui pousse de dessous les pierres citadines. 

 

Ce sont les premières phrases du premier essai « Le mot et la culture », et depuis ces premières lignes l’envie de ne pas quitter le livre, en prolonger la profondeur, sillonner ses terres d’une parole qui se réclame d’aucune obédience ni d’aucune instance de vérité, mais se meut dans une affirmation où se côtoient justesse et fermeté d’une pensée qu’il est bon d’entendre comme sienne de par la force de sa résonance :

Souvent, on entend : c’est bien, mais c’est d’hier. Moi je dis : hier n’est pas encore né. Il n’a pas encore été vraiment. Je veux à nouveau Ovide, Pouchkine, Catulle ; les Ovide, Pouchkine, Catulle de l’histoire ne me satisfont pas.[10] 

Retourner le temps, c’est alors concevoir que « la propriété de toute poésie (…) se comprend comme ce qui doit être et non comme ce qui a été déjà. »

Ainsi donc, il n’y a pas eu encore un seul poète. Nous sommes libérés du poids des réminiscences. En revanche combien de précieux pressentiments : Pouchkine, Ovide, Homère.[11]

 

Pour Mandelstam, qu’en est-il du « mot », qu’en est-il de la « culture », et surtout qu’en est-il de « l’Etat » ? Il n’est pas de réponse plus honnête, il me semble, plus engageante, que de lire : « la compassion envers un Etat qui nie le mot, c’est la voie et l’exploit social du poète moderne ». Ce premier texte de ce grand recueil est une véritable ode à la poésie, et parce qu’il se lit d’une seule traite, il faut alors y revenir, entrer dans ses plis et replis, sortir sa loupe, saisir la pensée qui l’anime dans ses volutes inaliénables, dans son eau vive de cascade, dans sa chaloupe qui nous embarque, sans craindre les culbutes et les renversements.

La poésie est aussi une faim. « Elle est la faim révolutionnaire ».

Mandelstam a ce don magnifique de vous mettre en turbulence : il vous ouvre à un grand champ ouvert et à ses contrechamps de brasier et de fureur, sans oublier la douceur. C’est ainsi et pas autrement que la parole du poète Mandelstam prend son assise, une parole sans tuteur ni béquille ! On ne peut passer à côté de ce que le poète entend de la propriété du mot, c’est-à-dire de ce qu’il en est de sa traversée dans l’espace, dans toutes choses qu’il « choisit librement d’habiter » :

Le poème vit d’une image intérieure, ce moule sonore de la forme qui anticipe sur le poème écrit. Il n’y a encore aucun mot, mais le poème vibre déjà. C’est l’image intérieure qui vibre, c’est elle qui tâte l’ouïe du poète. [12]

 

Toute reconnaissance est une grande leçon ! On aimerait, là, la pâmoison de toutes les théories de jadis et d’aujourd’hui. Mandelstam nous parle d’une poésie non pas d’hier ou d’aujourd’hui, mais d’une poésie pour toujours. Il faut à la poésie ce qui manque à la poésie, il lui faut aux antipodes de l’érudition, la « glossolalie », une langue inconnue qui est « une langue de tous les temps, de toutes les cultures ».[13] Là où Mandelstam nous accule, pour, peut-être aussi, mieux nous faire rebondir, là où il resserre, si je puis dire, le champ fermé, voire même clôturé, des illisibilités contemporaines, c’est encore et à jamais dans la perspective de l’Ouvert :

Telle la chambre d’un mourant ouverte à tous, la porte du monde est restée grande ouverte à la foule. Soudain tout est devenu le bien de tous. Venez et prenez. Tout est accessible : dédales, mystères, arcanes, cachettes. Le mot ne s’est pas transformé en sept, mais en mille chalumeaux qu’anime à la fois le souffle de tous les siècles.[14]

Une poésie de la révolution, ce n’est en aucune façon exercer le rejet ou manifester de l’ingratitude «envers ce qui est (…) envers ce qui de nos jours se présente comme poésie ».[15] Non plus mépriser « l’ignorance virginale » du peuple sur la poésie. Mandelstam l’écrit très assurément, le lecteur n’est pas encore entré en contact et la poésie n’a pas encore atteint ses lecteurs. Alors, face à ces questions : Qu’en est-il de « l’instruction poétique élémentaire » ? Qu’en est-il du lecteur et sa capacité à la critique ?

Il faut remettre le lecteur à sa place et simultanément nourrir en lui un critique. La critique en tant qu’interprétation arbitraire de la poésie (…) doit céder à la recherche scientifique et objective, à une science de la poésie. [16]

 

Autre pertinence de Mandelstam dans sa manière de nous dire que le poète n’est pas uni à un « interlocuteur concret » mais à un « interlocuteur providentiel », et que cela en est préférable, car il en coûte au poète de vouloir s’adresser à un auditeur de son temps. Mandelstam nous propose cette analogie : « La distance de la séparation efface les traits de la personne aimée. Alors seulement l’envie me vient de lui dire ce qui est important et que je ne pouvais dire quand je l’avais présente sous les yeux »[17]. A cela, on ne peut que mieux appréhender ce qu’il faut au poète : « l’amour et le respect de l’interlocuteur, et la conscience du bon droit poétique ».

 

J’avance dans la partition du livre, sans conteste porté par le souffle d’un poète soucieux de son temps, face à ce qu’il peut en advenir d’un pays qui abandonne la langue ! Excommunier le mot, abandonner la langue est un danger, c’est conduire son pays à « l’abandon de l’histoire (…) Le mutisme de deux ou trois générations pourrait amener la Russie à la mort historique ».[18] Mandelstam soutient l’importance pour la langue russe, de par sa nature hellénistique, de « maintenir un lien avec le mot ».[19]

Une attitude anarchique tous azimuts, un désordre total, n’importe – mais il n’y a qu’une chose que je ne puis faire : vivre sans le mot. Je ne peux supporter d’être excommunié du verbe. [20]

Qu’entendre par « hellénisme » ?

c’est cet environnement conscient de l’homme (…) c’est chaque poêle à côté duquel un homme est assis et jouit de sa chaleur comme si elle était parente de la chaleur de son corps. [21]

 

Poète d’aucune compromission et plus que jamais en état de guerre : il est une nécessité pour la poésie russe d’une poétique nouvelle. Les nouveaux « goûts », les nouvelles « sensations » doivent l’emporter sur les nouvelles « idées » : ce ne sont pas les idées qui déplacent les montagnes. L’acméisme, « école organique du lyrisme » sera, certes, de courte durée, mais ce mouvement né d’un « fait social », demeure dans la mémoire littéraire comme une « force d’impulsion » « au sens d’amour actif pour la littérature »[22]. Voilà ce qu’il faut entendre par état de guerre. « La poésie est toujours en guerre ».[23]

 

Cette note de lecture fera l’objet d’un prolongement, en attendant la publication dans les mois à venir d’un ouvrage intitulé « Arménie », qui comprend le « Voyage en Arménie », ainsi que les poèmes d’« Arménie », et le poème « Le Retour ».

 

Il n’est pas plus grand ouvrage que l’amplitude d’un esprit, que le cœur d’un poète qui habite l’humanité, autant dans ses joies que dans ses catastrophes. Dans sa lucidité, le poète Mandelstam savait ce qu’il en est du bonheur, on ne le voit que « le temps d’une œillade ».

 

… J’usai mes rares forces

à étreindre la cendre d’une poignée de ris.

 

 

© Nathalie Riera, mai 2014

 Les Carnets d’Eucharis

 

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Extrait

(p. 17)

 

 

Un jour on réussit à photographier l’œil d’un poisson. Le cliché reproduisait un pont ferroviaire et quelques détails d’un paysage, mais la loi optique de la vision du poisson montrait tout cela métamorphosé. Si on réussissait à photographier l’œil poétique de l’académicien Ovsianko-Koulikovski ou de l’intellectuel russe moyen à travers sa vision de Pouchkine par exemple, l’image qui en résulterait ne serait pas moins surprenante que le monde visuel du poisson.

L’altération de l’œuvre poétique par la perception du lecteur, voilà un phénomène social inéluctable. Le combattre est difficile et vain ; il est plus facile de procéder à l’électrification de la Russie que d’apprendre à tous les lecteurs instruits à lire Pouchkine tel qu’il est écrit et non tel que l’exigent les besoins de leur âme et le permettent leurs facultés intellectuelles.

 

  

 

 

 

 

 

Editions La Barque, 2013

http://www.labarque.fr/livres04.html

 

CONTACT

(Olivier Gallon)

contact@labarque.fr

 

 



[1] Nadejda Mandelstam, Contre tout espoir, Gallimard, 2012 (p.72)

[2]Ibid., (p.144)

[3] O. Mandelstam, Nouveaux poèmes 1930-1934, Allia, 2010

[4] Nadejda Mandelstam, Contre tout espoir, (p.149)

[5] Préface de Joseph Brodsky in Nadejda Mandelstam, Contre tout espoir, Gallimard, 2012 (p.VIII)

[6] Préface de Ralph Dutli « La peur me prend par la main » in O. Mandelstam, Le Timbre Egyptien, Le Bruit du Temps, 2009

[7] Mots pour De la poésie, Olivier Gallon in O. Mandelstam, De la poésie, La Barque, 2013

[8] O. Mandelstam, Le bruit du temps, Le Bruit du Temps, 2012

[9] O. Mandelstam, Nouveaux poèmes 1930-1934, Allia, 2010 (p.94) « Honorer le cri de l’aigle c’est se vouer aux tourments »

[10] O. Mandelstam, De la poésie, in Le mot et la culture, La Barque, 2013 (p.9)

[11]Ibid. , (p.10)

[12]Ibid., (p.12)

[13]Ibid., (p.13)

[14]Ibid., (p.13)

[15] O. Mandelstam, De la poésie, in Une botte, La Barque, 2013 (p.15)

[16]Ibid., (p.19)

[17] O. Mandelstam, De la poésie, in De l’interlocuteur, La Barque, 2013 (p.28)

[18] O. Mandelstam, De la poésie, in De la nature du mot, La Barque, 2013 (p.38)

[19]Ibid., (p.38)

[20]Ibid., (p.39)

[21]Ibid., (p.45)

[22]Ibid., (p.49)

[23] O. Mandelstam, De la poésie, in Remarques sur la poésie, La Barque, 2013 (p.54)

Les Carnets d'Eucharis 2014 : une lecture d'Isabelle Lévesque

 

 

 

 

Les Carnets d’Eucharis | # Carnet 2 – 2014

 

 

par Isabelle Lévesque

 

  

 

LA PIERRE ET LE SEL, 13 mai 2014

Cliquer ICI

 

 

 

 

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Blason de la dernière version papier des Carnets d’Eucharis, le lis d’Amazonie photographié par Nathalie Riera, qui dirige la revue internet du même nom. On connaît bien le site qui propose régulièrement des notes critiques et la présentation de poètes francophones ou traduits (une iconographie, des articles, des liens…). Cette revue annuelle marque la volonté de Nathalie Riera de diversifier les supports pour offrir « les mots comme autant de tracés, de traces, et bruits de sources ».

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Isabelle Lévesque, mai 2014

© La Pierre et le Sel

16/03/2014

LES CARNETS D'EUCHARIS N°2 - Année 2014

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Abonnement

 

 

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13/03/2014

Les Carnets d'Eucharis - Edito - Année 2014 (ABONNEMENT)

 

ÉDITO

Les Carnets d’Eucharis, Année 2014

(CARNET 2)

 

Jauger le monde, en faire au mieux l’éloge, changer la conscience de son temps, avec cet esprit insatiable de celle qui s’intéresse à tout en permanence. Ainsi écrivait, était, Susan Sontag ; elle pour qui écrire était faire l’expérience de son autonomie, de sa force ; elle qui notait le 30 novembre 1970, en référence à La Planète de M. Sammler de Saul Bellow : « essayer de vivre avec un cœur civilisé ». Elle savait qu’il faut à l’esprit beaucoup de souplesse, « élargir mon espace intérieur », ne pas s’enfermer dans le temple de la Culture, avec son élite et ses gardiens.

A l’occasion du premier numéro en version imprimée des Carnets d’Eucharis,  en l’année 2013, consacrer un numéro littéraire à une personnalité comme Susan Sontag, ce n’est ni précieux ni même prétentieux de le placer sous le signe du défi. Puis-je m’assurer à penser, en ce tout début de l’année 2014, que le projet fut vécu et porté à même hauteur ou plus justement au même niveau que cette aspiration si chère à Sontag : me trouver en compagnie d’une intelligence captivante, et comme elle, qui n’hésitait ni ne se sous-estimait à se placer en disciple face à des Schopenhauer, Nietzsche, Wittgenstein, Sartre ou Simone Weil, trouver tout naturellement jouissance à « travailler à son niveau ».

Zbigniew Herbert soulignait l’un des grands méfaits de la culture contemporaine : « cette conviction arrogante que nous pouvons nous passer de modèles (autant esthétiques que moraux), sous prétexte que notre situation dans le monde est soi-disant exceptionnelle et incomparable.»* Sontag aurait  probablement approuvé.

 

Ce deuxième opus poursuit sa ligne exploratrice des figures d’écritures. Ainsi, le carnet consacré à Susan Sontag fait place, cette fois-ci (mais pour mieux y revenir par la suite) à une constellation d’écrits inédits qui multiplient les franchissements et les traversées, entre essaims de poèmes et de proses, aux formes et aux formulations flambant frais. Multitude ouverte sur des détroits et des isthmes, où le « langage essentiel » se tient à l’écart, à ne cesser de favoriser les trouées. Chaque carnet entend poursuivre sa fabrique d’échappées, de « paroles sur le papier » ; les mots comme autant de tracés, de traces, et bruits de source.

 

La poésie ne s’inscrit pas dans un âge d’or et la littérature n’a pas fonction d’ériger des théories éblouissantes. Les paysages de la poésie et de la littérature devraient échapper à la spéculation, et le lecteur peut-il alors se muer en paysagiste, juste à dessein de renouveler sa palette.

 

Nathalie Riera ………………………….                         Janvier 2014)

 

* (Zbigniew Herbert, Le labyrinthe au bord de la mer, Ed. Le Bruit du Temps, 2011- p.122)

 

  

 

 

 

Les Carnets d’Eucharis, Année 2014

(CARNET 2)

 

Format : 170 x 250| 160 pages| ISSN : 2116-5548

ISBN :  978-2-9543788-1-7

France : 17 € (rajouter 3 € frais de port)

 

En vente à partir du : 1er mars 2014

 

 


| 2013-2014 | Revue papier Les Carnets d’Eucharis| ISSN : 2116-5548 | ISBN : 978-2-9543788-0-0 |

 

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(COMITÉ DE RÉDACTION)

Nathalie Riera, Claude Darras, Richard Skryzak, Tristan Hordé,

Angèle Paoli, Claude Minière, Sabine Péglion, Gérard Larnac

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(RÉDACTION & SIÈGE SOCIAL)

L'Association L'Atelier des Carnets d'Eucharis

L'Olivier d'Argens - Chemin de l'Iscle - BP 44

83520 ROQUEBRUNE-SUR-ARGENS

CONTACT : nathalieriera@live.fr

 

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□ PREMIER NUMÉRO :

Année 2013

[Susan Sontag]

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□ DEUXIÈME NUMÉRO :

Année 2014

[Carnet 2]

21 €, frais de port compris

 

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Date :                         Signature :

 

 

 

31/01/2014

Susan Sontag, Les Carnets d'Eucharis - par Marie-Christine Masset

 

 

UNE LECTURE DE

MARIE-CHRISTINE MASSET

 

 

 

   

 

 

 

SUSAN SONTAG, LES CARNETS D’EUCHARIS, NATHALIE RIERA

 


Avec l’aimable autorisation de Marie-Christine Masset

L’article paraîtra dans le prochain numéro :

N°12 - Mars, 2014

 

 

Site | © http://www.revuephoenix.com/

 

 

RevuePhoenix

9 rue Sylvabelle

13006 Marseille - FRANCE

 

 

 

 

 

 

 

 

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En liminaire de l’ouvrage, dans son entretien avec Richard Skryzak, Nathalie Riera nous éclaire sur sa volonté de n’avoir pas à choisir entre le support numérique et le papier pour «faire circuler, faire (re)connaître, et pourquoi pas faire admettre que notre attention à la littérature et à l’art est la liberté de l’homme et de l’esprit.» Personne n’ignore plus la revue de poésie en ligne : Les Carnets d’Eucharis, active depuis 2008, son audace, sa richesse et ce nécessaire parti-pris d’offrir à l’internaute «le mouvement du sang», celui de la création dans les domaines de la poésie, de la littérature, de la photographie et des Arts Plastiques. Ce numéro 1 version papier consacré à Susan Sontag est un manifeste pour la littérature : «ce qui chez Susan Sontag résonne en moi ? Rien de plus important que cette volonté de ne pas occulter en littérature la dimension d’expérience, ne pas faire de la littérature désincarnée». Les contributions (neuf) éclairent le parcours de cette femme, son œuvre, ses combats, son refus du mensonge, du compromis, et cette interrogation comme le sens à donner à chaque mot : «La seule question qui vaille à propos d’un livre, un vrai, c’est : «Dans quel état va-t-il laisser la littérature ?»

 

Ses œuvres sont éclairantes : « La première tache de l’écrivain n’est pas d’avoir des opinions mais de dire la vérité » écrit-elle dans Garder le sens mais altérer la forme », elle n’hésite pas à se confronter aux combats du monde, ira sur le terrain : Vietnam, Kosovo, chercher la vérité, sa vérité « sa révolution intérieure » comme l’écrit si justement Angèle Paoli. Susan Sontag refuse le divertissement, son œuvre est sérieuse et, en conséquence, lisible. Elle sauve la littérature dont le dessein est d’être «prophétique».

Comme l’écrit Richard Skryzak : «les signes circulent» : Au pas du Lavoir (douze voix contemporaines), Le Chantier du Photographe, Traduction (plaisir de retrouver entre autres Alda Merini) et Recensions (dont un très riche portrait de Pierre Alechinsky) complètent ce numéro 1 papier qui peut, comme le dit Claude Minière, «se lire dans la main (dans la méditation)». A nous de reprendre cette phrase de Susan Sontag citée par Nathalie Riera : «Le poète est sauvé d’un égoïsme vulgaire par la force et la beauté de ses admirations.» Beau livre.

 

Marie-Christine Masset, janvier 2014

© Les Carnets d’Eucharis

 

 

 

SITE À CONSULTER

 

 

LES ARCHIVES DE LA REVUE

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SUSAN SONTAG

(1933-2004)

 

 

Susan Sontag

 

 

17/12/2013

Les Carnets d'Eucharis, année 2014 (Abonnement & Souscription)

 

 

Les Carnets d’Eucharis

●●●●●●●●●Poésie| Littérature Photographie | Arts plastiques●●●●●●●●●  (2014)

 


 

 

Les Carnets d’Eucharis, Année 2014

(CARNET 2)

 

Format : 170 x 250 | 160 pages | ISSN : 2116-5548

ISBN : 978-2-9543788-1-7

France : 17 € (rajouter 4 € frais de port)

 

En vente : 1er mars 2014

 

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(COMITÉ DE RÉDACTION)

Nathalie Riera, Claude Darras, Richard Skryzak, Tristan Hordé,

Angèle Paoli, Claude Minière, Sabine Péglion, Gérard Larnac

 

 

 

Sommaire

 

 

Les Carnets d’Eucharis     [2014]

 

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AVANT-PROPOSNathalie Riera

 

 

ÉTIENNE FAURE

[Entretien conduit par Tristan Hordé]

 

 

AU PAS DU LAVOIR

20 I Fabrice Farre [NOUS, LES CHOSES…]

23 I Noémie Parant [45 lettres à D. (extrait)]

27 I Corinne Le Lepvrier [liste provisoire de mes derniÈres dÉcouvertes sur ma vie]

30 I Armelle Leclercq [Les Sentinelles des dieux]

36 I Jean-Louis Bernard [POÈMES CHOISIS]

39 I Jean-Marc Gougeon [POÈMES CHOISIS]

44 I Marie de Quatrebarbes [POMME FATALE]

47 I Aurélie Foglia [FINITIFS]

55 I Marie Etienne [UN ENFANT QUI S’ENDORT]

 

LE CHANTIER DU PHOTOGRAPHE

61 ISur une photographie (extrait de « Mallarmé & les fantômes ») Claude Minière

 

PORTFOLIO  I Cahier visuel & textuel de 16 pages

Photographies : Éric BourretI Texte :François Coadou (L’ivresse des sommets)

 

EN HAUT DU PRÉI Petite anthologie de textes contemporains & de Paroles d’artistes

66 IPhotos-vidéos &Texte : Richard Skryzak (Les Rêveries d’un vidéaste solitaire)

71 I Claude Minière (Numériques)

76 IPaul Louis Rossi[La Raison Pure]

80 IPierre Petit[Le Collectionneur]

 

TRADUCTIONS

  84 IW.S. GRAHAM & Paul STUBBS Traduits de l'anglais par Blandine Longre

100 IMariangela GUALTIERI Traduit de l'italien par Angèle Paoli

113 IJuan GELMAN Traduit du séfarade-espagnol par Raymond Farina

116 IViviane CIAMPI Traduit de l’italien par Raymond Farina

121 IEva-Maria BERG Traduit de l'allemand par Brigitte Gyr

129 IMina LOY Traduit de l’anglais par Olivier Apert

 

Portraits Lectures Critiques

140 I [Portrait biographique] Mina Loy : une cartographe de l’imaginaire, Nathalie Riera

144 I[Portrait critique] La tragédie humaine de René Knapen, Claude Darras

150 I [Lectures] Jacques Moulin, À vol d'oiseaux (L'Atelier contemporain, 2013) Tristan Hordé 151 I Jean-Marie Gilory, Songeries d’un rêveur insulaire (La Botellerie Editeur) Jean-Louis Bernard • 153 I Cécile Oumhani, Tunisie, carnets d’incertitude [Tunis, Editions Elyzad/Collection Sous les remparts, 2013] Sabine Péglion • 155 I Marie Huot, Douceur du cerf (Al Manar/Alain Gorius, 2013) Angèle Paoli • 159 IÉric Sarner, Cœur chronique, (Le Castor Astral, 2013) Brigitte Gyr • 162 I Jacques Laurens, Père éternel (Hermann/Collection Vert Paradis, 2013) Olivier Salazar-Ferrer

 

 

 


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2013-2014 | Revue papier Les Carnets d’Eucharis | ISSN : 2116-5548 |ISBN : 978-2-9543788-1-7

 

 

 

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10/10/2013

Les Carnets d'Eucharis N°39 - Automne 2013

 

 

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Poésie | Littérature Photographie| Arts plastiques 

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En ligne

 

 

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Les carnets d’eucharis n°39

AUTOMNE 2013

 

1ère Couverture_Les carnets d'eucharis N°39.jpg

 [« Les tortues du jardin hanbury »] © Nathalie Riera, 2013

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Les Carnets d'Eucharis N°39_Automne 2013_WEB.pdf

06/10/2013

Les Carnets d'Eucharis par Patrick Kéchichian

 

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Les Carnets d'Eucharis

 

Poésie/Littérature Photographie Arts plastiques

 

 par Patrick Kéchichian

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L’événement est à marquer d’une pierre blanche. Ces dernières années, on voyait surtout des revues qui passaient – étaient contraintes de passer – de l’état papier à l’état virtuel. On s’est presque habitué à tourner des pages qui n’avaient aucune réalité palpable, même si la machine, par excès de zèle, imite parfois le bruit ! La littérature, l’écrit, en voie de dématérialisation : la chose avait, a toujours, de quoi nous alarmer. Là, c’est l’inverse : le papier a une consistance, une odeur. On respire mieux soudain.

Les Carnets d’Eucharis, animés par Nathalie Riera, existent depuis 2008 en version numérique. Prose et poésie, mais aussi arts plastiques et réflexion critique se rencontrent, se croisent, dialoguent. Dans le premier numéro papier elle explique dans un entretien la vocation de sa revue : « Ma décision d’en venir, une fois par an, à une version papier, est aussi une manière de ne pas négliger un autre pan du lectorat qui s’avère peu attaché à la seule lecture numérique. Je n’ai aucune certitude quant à savoir si cela est ou non un bon choix. Certains lecteurs ont trouvé la démarche curieuse, l’estimant à contre-courant de ce qui se passe actuellement, à savoir la désertion du support papier en faveur du support numérique. » Puis elle cite cette amorce d’analyse par Claude Minière : « Dans le passage à l’édition “papier”, il y a un geste significatif. Par là, vous allez vers ce qui se donne à la main, ce qui peut se lire dans la main (dans la méditation) – et donc n’est plus sous l’impression binaire “informatique”, se déroulant pour l’œil seul. C’est important. » Oui, Claude Minière a raison de souligner la signification de ce passage préalable par la main qui éprouve avant l’œil, autrement que lui. Ce « travail de circulation » dont parle Nathalie Riera trouve là, en même temps que son support naturel, sa raison d’être.

Le premier numéro est consacré à Susan Sontag, avec des contributions diverses et des extraits de l’oeuvre. La littérature n’est pas un secteur délimité. « Lire c’est espérer le voyage qui ébranle mes certitudes ou mes acquis », affirme Nathalie Riera dans le même entretien. Le geste esthétique comme volonté de « faire de la résistance » : Susan Sontag, jusqu’à sa mort en décembre 2004 à New-York (elle était née en 1933) incarna cet esprit de résistance. La vieille Europe autant que le Nouveau Monde, la politique et l’esthétique, la capacité d’admiration et la volonté d’analyse s’harmonisaient chez elle au sein d’une grande intelligence. Intelligence dont témoignent ses écrits, y compris posthumes (on édite actuellement son Journal chez Christian Bourgois). « Si je me suis engagé en littérature, tout d’abord comme lectrice puis comme écrivain, c’est aussi une extension de mes sympathies pour d’autres personnes, d’autres domaines, d’autres rêves, d’autres mondes, d’autres grandes questions. » Cette forme de « sympathie », assez rarement revendiquée par les écrivains, ne vient pas concurrencer l’intelligence, mais la renforcer.

Le dossier Sontag occupe environ le tiers du numéro. Des cahiers de création, poétique, photographique et de traduction, forment la deuxième partie. Enfin, classiquement (mais nécessairement), un ensemble de recensions critiques conclut le numéro.


La Revue des revues no 50, 2013

 

LIEN : http://www.entrevues.org/revue_extrait.php?id=8193

 

15/02/2013

Les Carnets d'Eucharis (Année 2013) - Livraison le 1er février 2O13

Les Carnets d’Eucharis

●●●●●●Poésie/LittératurePhotographie/Arts plastiques●●●●●●●●●● 2013

 

 


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Les Carnets d’Eucharis, Année 2013

(HOMMAGE A SUSAN SONTAG)

Format : 170 x 250|206 pages| ISSN : 2116-5548

ISBN : 978-2-9543788-0-0

France : 17 € (rajouter 3 € frais de port)

En vente : 1er février 2013