31/05/2012
Les Carnets d'Eucharis - COMMUNIQUE DE PRESSE - Projet d'un numéro annuel en version papier pour Février 2013 + BULLETIN DE SOUSCRIPTION/ABONNEMENT
Les Carnets d’Eucharis, créés sur internet depuis 2008, sont un espace numérique sans but lucratif, à vocation de circulation et de valorisation des œuvres littéraires, de langue française et/ou étrangère, inédites ou tombées dans le domaine public. Faire partie d’un vaste projet de recherche et de reconnaissance dans les domaines des écritures contemporaines et des expressions visuelles (photographie, peinture, sculpture…). Publier, diffuser et promouvoir. Telles sont les principales visées des Carnets d’Eucharis, dont le rayonnement et la notoriété sur internet semblent être des éléments favorables à la création d’une revue imprimée : la publication d’un numéro annuel viendrait en complément des 4 carnets saisonniers gratuits et téléchargeables depuis http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com.
Le lancement de cette première édition annuelle est prévu pour février 2013 (pour un tirage de 250 à 300 exemplaires, et un volume d’environ 120 pages).
La création de cette revue papier entend fidéliser et élargir le lectorat internaute, et ainsi permettre une plus large accessibilité, autrement que par la lecture numérique.
Un Bulletin de Souscription sera prochainement diffusé sur internet. Pour ceux et celles désireux de soutenir ce projet, le bulletin proposera différentes formules d’adhésion. Au choix : un abonnement annuel à la Revue « Les Carnets d’Eucharis », et/ou un don de soutien à l’Association « L’Atelier des Carnets d’Eucharis ».
2012 | Revue électronique&papier Les Carnets d’Eucharis | (ISSN 2116-5548) |
APPEL À PROJET
☼
HOMMAGE À SUSAN SONTAG
A l’occasion de son premier numéro papier, la revue souhaite rendre hommage à l’écrivain et intellectuelle new-yorkaise Susan Sontag. A la recherche de divers textes inédits : recensions, portraits, critiques sur ses essais et/ou son œuvre romanesque, je vous remercie de m’adresser vos propositions à : nathalieriera@live.fr
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LE CHANTIER DU PHOTOGRAPHE
Dans le cadre de sa nouvelle rubrique Le chantier du photographe qui sera intégrée dans la revue papier, sont invités les photographes pour leurs contributions inédites : présentation d’un projet photographique à l’état initial.
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LES CARNETSD’EUCHARIS
Revuenumérique&papier
BULLETIN DE SOUSCRIPTION
Association L’Atelier des Carnets d’Eucharis
L’Olivier d’Argens - Chemin de l’Iscle / BP 44 - 83520 Roquebrune-sur-Argens
NOM/PRENOM : _____________________________________________________________
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Je souhaite
■faire un don de soutien à L’Association L’Atelier des Carnets d’Eucharis
Je verse la somme de : _________ €
□ par chèque bancaire à l’ordre de L’Association L’Atelier des Carnets d’Eucharis
□ par mandat
■faire un simple abonnement à la Revue annuelle imprimée Les Carnets d’Eucharis
Prix de l’abonnement annuel : 17 € (+ frais de port à ajouter : 3 €)
□ PREMIER NUMERO PAPIER :
LES CARNETS D’EUCHARIS, Année 2013 – Susan Sontag/Virgil Brill
(20 €, frais de port compris)
Je vous adresse le montant par chèque à l’ordre de L’Association L’Atelier des Carnets d’Eucharis
L’Olivier d’Argens
Chemin de l’Iscle / BP 44
83520 Roquebrune-sur-Argens
Date : Signature :
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LES CARNETS D’EUCHARIS
Nathalie Riera
Courriel : nathalieriera@live.fr
■ http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com
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Yves Bonnefoy - Agnès Prévost
Yves Bonnefoy/Agnès Prévost
Plusieurs raisons de peindre des arbres
Editions de Corlevour, 2012
Editions de Corlevour Réginald GAILLARD
97, rue Henri Barbusse
92110 CLICHY
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Yves Bonnefoy & Agnès Prévost – Editions Corlevour, 2012
Extrait du texte d’Yves Bonnefoy
"Hollan, Titus-Carmel, Ostovani, Assar, Alechinsky, maintenant Agnès Prévost, quelques autres encore. Pourquoi cet intérêt de tant de peintres aujourd’hui en France pour les arbres ? Je crois utile de me poser la question. (...)
L’arbre fut un des lieux et demeure aujourd’hui encore un des indices de l’immense crise de la relation de l’humanité à sa terre qui a inauguré la modernité. Et c’est pourquoi je ne m’étonne pas de le voir reparaître au premier rang des préoccupations de beaucoup dans l’heure présente, où il est de plus en plus évident qu’on approche d’un carrefour qui risque d’être l’ultime. À regarder de grands arbres, à réapprendre à les voir, à pénétrer le sens de leurs rythmes, à s’avancer dans l’intimité de leurs branches, à tenter ainsi, par des approches diverses, de rétablir le contact avec une vie que d’autres qu’eux méconnaissent, des peintres de notre temps prennent en charge ce grand besoin de ne faire qu’un avec ce qui est, un besoin dont le déni nous vaudrait la fin du monde, à peut-être brève échéance." Yves Bonnefoy
■ SITE A CONSULTER :
Editions de Corlevour
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PO&SIE - 139-140 (Corée 2012)
REVUE PO&SIE ǂ 139-140
COREE 2012
N° 139-140 – Ed. Belin, 2012
Poètes Coréens en France du 2 au 8 juin 2012
Durant toute l’histoire, si tourmentée de la Corée du Sud au XXème siècle (de la longue et brutale domination japonaise à la guerre de Corée – 1950-53 –, puis à la dictature militaire, jusqu’à l’établissement du régime démocratique aujourd’hui en vigueur), dans un pays où la division avec la Corée du Nord n’a pas fini d’avoir des conséquences dramatiques, la poésie a joué et joue un rôle de premier plan, souvent en opposition contre les diverses oppressions et pour la liberté sous toutes ses formes.
La poésie reste donc aujourd’hui très vivante en Corée. En témoigne par exemple le film Poetry de Lee Chang-dong, qui a connu un vif succès en France (en particulier au Festival de Cannes), et qui révèle l’intrication de l’écriture de poèmes avec des existences individuelles diverses, douloureuses ou soudain lumineuses...
A la poésie coréenne d’aujourd’hui,
la revue Po&sie (éditions Belin) consacre un numéro spécial (de plus de 300 pages) :
on pourra y lire vingt-sept poètes, dont certains sont très connus en Corée (et, pour certains, déjà traduits en français) et d’autres plus jeunes et à découvrir en France.
A l’occasion de la parution de ce numéro, la revue Po&sie (grâce au soutien de la fondation Daesan) a invité en France quatre poètes coréens parmi les plus marquants d’aujourd’hui.
On pourra donc, en trois occasions (au château de Chambord le 2 juin, à la Maison de l’Amérique latine le 4 juin et au Centre culturel Coréen le 6 juin), entendre et rencontrer :
Hwang Ji-u, poète célèbre en Corée (et qui fut jadis, comme opposant à la dictature militaire, emprisonné), photographe et plasticien – dont un magnifique recueil, De l’hiver-de l’arbre au printemps-de- l’arbre, a été traduit et présenté par Kim Bona chez WILLIAM BLAKE & CO. EDIT. 2006.
Kim Hye-soon, également très lue en Corée, en particulier par nombre de jeunes poètes (un volume en français est en préparation),
et deux poètes plus jeunes : Kwak Hyo-Hwan et Kang Jeong (poète-rocker de quarante ans).
Participeront également à ces rencontres les trois organisateurs de ce numéro : le professeur Jeong Myeong-kyo, Ju Hyounjin et Claude Mouchard.
08:44 Publié dans Po&sie | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
27/05/2012
Regards croisés sur l’Italie
Un paese innocente, à Paris, le 4 juin à 21h
Pour ce quatrième rendez-vous de nos regards croisés sur l’Italie, j’ai le plaisir de vous emmener dans un vagabondage poétique qui débordera allègrement les limites de la péninsule, et même de la latinité. Si l’ombre tutélaire de Giuseppe Ungaretti abrite nombre de ces poèmes, dont l’essentiel puise dans l’anthologie rassemblée sur On ne dormira jamais, l’idée qui les rassemble est très précisément une innocence pas tout à fait perdue si tant est qu’elle ait jamais existé, esquissant au plus près, pour tout dire, ce que je crois être au fond leur seule nécessité poétique. Et un corollaire aussi à une obscénité entendue, bien sûr, au sens premier du terme - que je salue encore dans l’œuvre de Carlo Bordini.
Merci aux chers amis Federica Martucci et Arturo Armone Caruso, lesquels offriront pour le bon déroulement de cette soirée la chaleur de leur compagnie et de leur voix.
Olivier Favier
22:04 Publié dans ITALIE, LECTURES PUBLIQUES | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
26/05/2012
Galerie Roy Sfeir (Jovian Gyorgy)
Jovian Gyorgy
Portrait de Kristof Erdody poète
Huile sur toile - Oil on canvas
40 x 40 cm
Galerie Roy Sfeir
6 rue de Seine - 75006 Paris
Tel : +33 (0)1 43 26 08 96
art@galerie-du-fleuve.com / www.galerieroysfeir.com
17:43 Publié dans Samagra/Roy Sfeir | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Annemarie Schwarzenbach
De monde en monde Reportages 1934-1942
Editions ZOE
Traduit de l'allemand par Dominique Laure Miermont et Nicole Le Bris
© Editions Zoé
Parution 2012
ISBN 978-2-88182-850-8
352 pages
format 140 x 210 mm
prix 34.00 CHF — 22.00 €
Ecrivain, archéologue, Annemarie Schwarzenbach (1908-1942) fut aussi journaliste et photographe. Ses reportages la menèrent sur les routes du monde, d’Istanbul à Persépolis, de l’Europe centrale à New York, de Lisbonne à Brazzaville, de Madrid à Tanger. Les grands lointains l’attiraient irrésistiblement, mais elle ne perdait jamais de vue le dramatique combat du moment en Europe, la lutte contre le nazisme.
Entre 1934 et 1942 elle a publié, dans la presse quotidienne et les magazines, près de trois cents articles dont soixante sont présentés ici. Les rédactions de l’époque appréciaient son professionnalisme, ses connaissances d’historienne, la pertinence de ses questions, son style tour à tour alerte et poétique, l’humanité du regard qu’elle portait sur le monde des années 30. Arnold Kübler, rédacteur de la revue Du, témoigne : «Ses qualités personnelles et sa position sociale privilégiée assuraient à Annemarie Schwarzenbach des appuis dans le monde entier, et elle s’en est servi pour son travail. Elle avait facilement accès aux gens influents, mais elle s’efforçait par ailleurs de rencontrer ceux qui ne le sont pas, ceux dont la vie se déroule dans une étroite sujétion, les exclus, les laissés-pour-compte, les gens simples.»
17:01 Publié dans Annemarie Schwarzenbach | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | | Facebook
Galerie Depardieu (Eliz Barboza)
Exposition hors les murs #3
Galerie Depardieu
Eliz Barbosa
« Botanique »
Du 26 MAI au 9 JUIN 2012
Vernissage samedi 26 mai 2012 à partir de 16h
"Racinus" gouache sur papier, décembre 2011, 60x60 cm
La Galerie Depardieu, "hors les murs"
vous invite 18 avenue des fleurs 06000 Nice
tél 0 493 96 40 96 - galerie.depardieu@orange.fr
(au fond de l'impasse, entre le Consulat de Tunisie et le CROUS)
Parking Palmeira - Bus n° 38 av. des Fleurs - 3, 9, 10, 14, 22, rue Bottero - 7 Alsace Lorraine
16:42 Publié dans Christian Depardieu | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Revue Nunc 27
Editions de Corlevour
Revue Nunc
97, rue Henry Barbusse 92110 CLICHY
contact reginaldgaillard@aol.com
site www.corlevour.fr
Nunc n°27
Dossier G.M. HOPKINS
16:18 Publié dans Nunc | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
21/05/2012
Béla Tarr (Interview) Le Cheval de Turin
22:15 Publié dans VIDEOS, ANIMATIONS, DOCUMENTAIRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
20/05/2012
Isabelle Lévesque
Ossature du silence
Isabelle LEVESQUE
■■■ Isabelle Lévesque est née en 1967, aux Andelys, lieu de vie, lieu fondateur, au pied de Château-Gaillard, formidable forteresse dont les ruines sont, dit-elle, fructueuses.
C'est de là que naît la poésie de Ossature du silence que viennent de publier les éditions des Deux-Siciles de Daniel Martinez. C'est à la fois un retour à une enfance – le recueil est dédié à ses parents – et la poursuite d'un dialogue avec ce père disparu qu'elle veut porter mais dialogue salvateur par la vertu du poétique. Un recueil où sont mises en regard des textes plusieurs encres de Claude Lévesque. LIRE LA SUITE (recension de Pierre Kobel)
Site La Pierre et le Sel
Editions Les Deux-Siciles
© http://http://diereseetlesdeuxsiciles.com
Ossature du Silence - Isabelle LEVESQUE
livre orné d'encres inédites de Claude LEVESQUE
Préface de Pierre Dhainaut
48 pages
Editions Les Deux-Siciles. 12 €.
es-tu château
ou l’ombre du silence (forme humaine)
as-tu soupirs de géant
milliers d’insectes en gorge râpeuse
respirant la terre
le géant ne sent rien respire
chaque souffle expire
une pierre
es-tu nuée sourde sur la proie (aucune chance)
tu virevoltes geste fou d’une courbe
ne s’arrête comme
encre en tache et page
loin du buvard flot noir apparu
surface couvre
es-tu quelque part en présence surprise
ou patte d’un bourdon
perdu dans la lutte
percer le corps sombre minéral
érode
la pierre grave le socle
enfonce
château dressé (faille en terre)
In Ossature du silence, © Les Deux-Siciles, 2012, p.13
20:59 Publié dans Isabelle Lévesque | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Jean-Pascal Dubost
Tristan Hordé
Jean-Pascal Dubost
et leçons et coutures
Editions Isabelle Sauvage, 2012
136 pages, 20 €
___________________________________________________________________________
■■■Le titre est suivi, comme on le faisait par exemple au XVIe siècle, d'un long sous-titre qu'on peut lire comme un poème, avec un jeu facétieux de rimes et assonances (inachevable /improbable /gaillarde) ; repris page 75, il convient tout à fait pour dire ce que sont les poèmes de Michel Leiris. Titre et sous-titre se prêtent à de multiples interprétations, ce qui correspond au contenu du livre ; leçons cumule ici nombre de significations, dont celle courante au Moyen Âge et toujours en usage de "lecture" : lecture des 99 auteurs convoqués ; quant à coutures, qui se rattache à "coudre", il avait en ancien français pour homonyme couture (que l'on retrouve aujourd'hui en toponymie), doublet de culture, lié à cultiver ; les deux mots du titres sont d'ailleurs réunis dans le mot valise "lec[ons/cou]tures". Les coutures, affirme d'emblée le sous-titre, sont faites de « bousigues assez visibles » ; cette indication présentée comme une explication déroute : ne peut être visible que l'observable, or "bousigues" est absent des dictionnaires que le lecteur consultera et le contexte n'est pas éclairant — son sens, "coutures grossières", n'est donné, en note, que plus tard, dans les "Notes préambulaires" (p. 7). D'autres surprises attendent le lecteur quand il entre dans la broussaille du sous-titre trompeur, qui semble ne rien dissimuler quand il définit le livre comme une "lectobiographie", mais il est précisé qu'elle est « complexe », « cryptée », « inachevable »... Les derniers mots, entre parenthèses, « (livre de dettes) », pourraient accompagner toute publication, si l'on accorde que rien ne s'écrit sans la mémoire, vive ou non, de ce qui a été lu.
Comment Jean-Pascal Dubost règle-t-il ses dettes ? D'abord en donnant en exergue trois citations qui, de manière différentes, répètent que toute écriture se construit à partir de lectures : Montaigne (très présent ensuite), Valérie Rouzeau et Haroldo de Campos. Aucun hasard dans ce choix : un écrivain du XVIe siècle, qui reporte à un passé que Jean-Pascal Dubost affectionne, une écrivaine contemporaine dont on sait qu'elle intègre (comme Montaigne) dans sa poésie ce qu'elle lit et voit, un écrivain hors de nos frontières qui a su relire la tradition poétique. Une courte introduction précise en quoi le plagiat est « un des fondements de la littérature » (p. 7), donnée comme une « longue chaîne citationnelle et re-citationnelle ad infinitum, aux transformations personnalisées au gré des époques traversées » (p. 8).
Ces transformations, Jean-Pascal Dubost les pratique « en une autre langue, assavoir dans la langue naturelle de l'auteur : hors du commun ; cryptée » (p. 9), « une langue tout à la fois populaire, vulgaire, verte, littéraire et documentée » (p. 12). Cette langue comporte de nombreux mots et tours du Moyen Âge et de la Renaissance, mais aussi des créations verbales — qui peuvent être dites telles : « le mot "babouineur" est une invention », p. 19 —, des énumérations (voir Rabelais), le goût de la fatrasie, l'emploi parodique d'allitérations : « Qui veut connaître [...] s'enfoncera dans une forêt fabuleuse fichu d'un foutu fonds de forces fidèles pour lutter [...] » (p. 93), etc. Ajoutons encore dans cette introduction le recours aux notes ; elles seront abondantes ensuite, pour préciser un point, définir un mot ou une expression, proposer au lecteur d'aller lire autre chose — ou l'égarer.
Viennent ensuite les poèmes, puis une table des auteurs et le livre se ferme sur "Le complexe Dubost (phrases lares)", formé d'un ensemble de citations sur l'écriture et la lecture, sur la complexité, dont la dernière, isolée, avec le nom de son auteur (James Sacré) en tête, suggère que la composition du livre n'est pas aussi préparée qu'on la souhaitait : quel que soit le plan prévu, « le livre quand même / Se continue / Autrement qu'on l'avait prévu » (James Sacré, cité p. 131).
Quels auteurs sont présents ? 99, nombre qui donne plus l'idée de l'inachevable, à mes yeux, que 100. Il s'agit pour un bon tiers d'écrivains français du XXe siècle, pas toujours "poètes" (Pierre Michon), pas toujours reconnus (Henri Simon Faure), parfois essayiste (Paul Zumthor) ; le Moyen Âge (8) et la Renaissance (10) ont une belle part ainsi que les écrivains de langue anglaise (19), plus que le XIXe siècle (9, dont un gastronome écrivain, Grimod de la Reynière) ou le XVIIe siècle (5) français. On ne peut dans un court article lire et chiffrer ce qui est écrit pour chaque écrivain retenu. Lisons la prose poème consacrée à James Sacré puisque lui sont prêtés les derniers mots du livre ; on peut y repérer quelques aspects du travail de Jean-Pascal Dubost.
James Sacré Comme tout le monde se plaint
de la cruelle envie que la nature porte aux longueurs
de nos jours et comme tut rien turne en declin,
quoiqu'on vous jure sur la tête d'un God
qu'on va moraliser les banques et les patrons
voyous, il était acquis d'avance que ce poème
sué, soufflé, rendu, raterait la couche du moche
et serait raté ni d'aucune aide, et du coup, n'en
est pas un —
On sait que James Sacré progresse parfois dans un poème en s'interrogeant sur ce qu'il écrit et, ce faisant, doute de la nécessité du poème : c'est bien de cela qu'il s'agit ici. Par ailleurs, James Sacré a publié un choix de poèmes de Jean de Sponde, d'où la citation de deux vers tirés d'un sonnet. Le vers de Wace qui suit (tiré de la fin du prologue du Roman de Rou) renvoie, lui, aux textes qu'apprécie Jean-Pascal Dubost, et le contrepet ("la couche du moche") est une des manières qu'il a de bousculer les bonnes manières dans l'usage de la langue, tout comme l'inexistence d'un lien entre les deux propositions [quoiqu'on vous jure...] et [il était acquis...].
Il est, évidemment, exclu de découvrir la source de toutes les citations, et je soupçonne quelques inventions dans ce domaine. Pour les textes, on se réjouit par exemple de lire un pastiche de Pascal Quignard (un autre amateur du passé) dans les premières lignes qui lui sont consacrées, et l'on ne peut qu'approuver un passage de la longue note accompagnant le poème "Jehan de Bretteville" — dont le nom est absent du catalogue de la Bibliothèque nationale...—, à propos de la « déambulation hasardeuse et meneuse de trouvailles inattendues », que l'on applique sans peine à ce livre qu'il faut lire et relire.
On peut s'attarder aux proses-poèmes d'ouverture et de fermeture : la première, pour William Carlos Williams, affirme une absence, « Aucune idée pour ce poème — », et la dernière, en image inversée, l'infinité des lectures avec Pierre Michon, « J'écris sous la tutelle d'un vieux Pan de bibliothèque ». On peut lire aussi une manière d'art poétique dans le second poème consacré à un écrivain imaginé, Tortore1 ; est répété à deux endroits, huit fois de suite, « travailler la langue » et sont énumérés des substituts à "poésie" et "poème" (comme on pourrait les lire, par exemple, chez Ponge ou Stéfan) : pohésie, pouème, pohérésie, proème. S'ajoute l'emploi d'un mot dialectal et d'un mot de l'époque médiévale (avec note explicative pour chacun), une construction syntaxique pour le moins inhabituelle (« or qu'ici non donc, ») et un renvoi, avec « en façon bien estrange », à la naissance de Gargantua (chapitre 6). Un programme loin de tout lyrisme : on comprend qu'Alphonse de Lamartine soit rejeté :
Voici par ailleurs une fondamentale détestation
qui ne peut se taire ores car, j'ai tué le temps
longtemps souvent, j'ai tué Dieu dans l'œuf et
Pieu le der, j'ai tué les muses au berceau, j'ai
tué le génie dla langue, j'ai tué mon père, ma mère,
mes frères et mes sœurs, et c'était le bonheur,
j'ai tué le bonheur, j'ai tué ma langue de bœuf rude,
j'ai tué la beauté, trop assise, j'ai tué l'âme en faisant
l'âne, du moins je crois, [...] j'ai tué Alphonse
et Lamartine et tant bien d'autres encore jusques
y compris des toujours vivants, mais récatonpilu2, ne
me pardonnez pas, car je savais ce que je faisais,
j'ai tant et tellement tué, que je suis bien vivant —
(p. 107)
Jean-Pascal Dubost est bien vivant, en effet, et ses leçons et coutures (pas si visibles que ça) sont une lecture des plus revigorantes. ■■■
Tristan Hordé
Les carnetsd'eucharis (mai 2012)
14:57 Publié dans Jean-Pascal Dubost, Tristan Hordé | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | | Facebook
19/05/2012
Anise Koltz
Je renaîtrai
Anise KOLTZ
Lecture Georges Guillain
___________________________________________________________________________
■■■ Anise Koltz est née au Luxembourg, le 12 juin 1928. Poète, elle est l’auteur d’une œuvre importante écrite en allemand, en français et en luxembourgeois.
En 2008, le Prix de Littérature francophone, Jean Arp[1], lui a été remis. Elle préside aujourd’hui l’Académie européenne de Poésie.
Ouvrage d’une grande dame de plus de quatre-vingts ans, Je renaîtrai – un titre significatif bien entendu - frappera d’abord par le caractère énergique d’une poésie n’accordant rien à la nostalgie, toujours résolument tournée qu’elle se veut, vers le présent et l’avenir. Cette disposition s’accompagne d’une ouverture au monde, inquiète et large, couvrant aussi bien les territoires secrets de l’intimité que la réflexion avivée sur la langue, pour ne rien dire de notre précaire et violente condition.
Les textes de ce recueil sont en général brefs, composés de strophes et de vers courts. Cela confère à chacune de ces pages, pouvant être prise isolément, une netteté, une efficacité, auxquelles la force particulière de l’expression, le plus souvent ancrée à la première personne, communique une sorte d’évidence mystérieuse, de clarté pénétrante qui pousse à la réflexion.
Allant systématiquement à l’essentiel, le poème d’Anise Koltz s’attaque en effet aux plus hautes questions qu’elles soient, par exemple, celles de l’être confronté à ses profondeurs adverses comme dans ce texte intitulé En moi : Des loups vivent en moi/ hurlant dans mes plaines enneigées// Crèveront-ils/ ou les égorgerai-je ?
celles de l’individu réagissant à certaines formes de barbarie sociale: Les disciples de Dieu/ marchent au pas de guerre// Leurs souliers/ font éclater les pavés// Je n’ajoute pas mon pas/ au leur// Berger de mes péchés/ je pars en transhumance
ou celle encore des oppressantes relations familiales: Mon père est mort// Mais son couteau de sacrifice/ reste brandi au-dessus de ma tête/ il me menace/ dans la lune croissante et décroissante// Tandis que le jour tombe/ au bord du chemin.
La relation d’Anise Koltz avec le monde est à l’image de ce qu’elle nous dit, à la page 108, de son rapport particulier avec Dieu, fait tout entier d’audace, de volonté de savoir, de comprendre, jamais de soumission, : Dieu/ quand je t’exhorte à me montrer/ ton royaume/ tes murailles/ le torrent du bien et du mal -/ tu me jettes l’enfer à la figure// Moi je t’affronte avec mon sang vivant/ je ne crains ni ton fouet/ ni tes crocs.
On le voit, le livre d’Anise Koltz n’est pas un livre apaisé, apaisant. Pas le livre d’une nonagénaire dont le temps aurait amorti la révolte, l’exigence sinon la sensibilité. Pas le livre non plus d’une aïeule s’essayant enfin à nous communiquer une sagesse plus ou moins lentement ou difficilement conquise. Non qu’on n’y trouve pas le fruit d’une expérience. Bien au contraire. Mais cette expérience qui s’affirme à travers un certain nombre de vers à valeur d’aphorismes ne vient pas tarir l’interrogation ouverte sur la vie, le nécessaire tâtonnement existentiel et le désir profond d’expression, conçu non comme un moyen rassurant de se définir mais comme perpétuelle et anxieuse réinvention de soi : D’inquiétude en inquiétude/ mon angoisse s’accroît// Je ne transforme pas les mots/ ils me transforment/ ils me hantent/ ils m’observent/ d’un mauvais œil/ Prise de folie/ je me précipite dans le langage/ le maltraitant/ afin qu’il me réponde.
A travers le livre de cet important poète de nationalité luxembourgeoise qui a choisi de s’exprimer à travers notre langue, ce qui finalement s’affirme, c’est le tête à tête irréductible avec la vie d’une personnalité forte, certes, parvenue au soir extrême de son existence mais qui ne renonce toujours à rien de son énergie créatrice et de sa volonté d’être.
Tu es le continent/ que je découvre// Je débarque en toi/ avec ma caravelle// La croix du sud/ oscille dans le ciel/ annonçant d’heureux présages// J’enterre ma montre/ dans le sable.
© Georges Guillain
Anise Koltz est née le 12 juin 1928 à Luxembourg. Je renaîtrai vient d’être publié aux éditions Arfuyen. Le livre est dédié à la mémoire de sa grand- mère.
Extraits
J’ai escorté mon nom
jusqu’à l’oubli
Demain je renaîtrai
surgissant de l’argile
Mon ombre gravite déjà
autour d’une nouvelle effigie
De génération en génération
Ma mère m’a passé sa peau
transmise
de génération en génération
comme un uniforme troué
d’une guerre
longtemps révolue
Nos corps
Nos corps
sont soudés l’un à l’autre
La même formule d’algèbre
dans le sang
nous nous multiplions
Sous notre peau commune
l’univers s’étire et se dilate
Une apparence
Je ne suis pas moi
je ne suis qu’une apparence
Mon image me couvre
telle une vieille couverture
J’erre comme un point d’interrogation
un verbe sans sujet
A la fenêtre
La lune pleine
recouvre les mendiants
de sa lumière empruntée
Tandis que l’odeur du sang
court les rues
une femme suspend
son hymen à la fenêtre
pour le faire sécher
Vous êtes des morts-vivants
Votre soleil est sans feu
vos dieux s’écroulent
dans les temples
Prenez-moi en otage
si vous existez
Montrez-moi vos tombes
je sauterai sur les dalles
qui recouvrent vos yeux
Au-delà de ma mort
je vivrai
je vous combattrai
sous terre
La même langue
Pouvons-nous continuer
à parler la même langue
celle qui a servi toutes les horreurs de la guerre
le mercantilisme
la dévastation
Ne faudrait-il pas la renouveler
comme nous filtrons
une eau polluée
pour faire revivre
plantes et poissons
Refus
Je refuse de renaître
ma route devient trop étroite
Sans repères
je marche avec une boussole
à l’intérieur de mon corps
Suspendue seulement au monde
par une épingle de sûreté
Je me transforme
Mon poème est une cabine
dans laquelle je me déshabille
un rideau épais me séparant du monde extérieur
Confrontée à mon corps flétri
j’envisage d’autres possibilités de vie
je trace des cercles dans le ciel
avec les éperviers
je vois le monde d’en haut
Puis je me transforme en désert
là où vie et mort se mélangent
et où un sable charitable
finira par me recouvrir
Ma tombe
Ma tombe ne sera pas assez grande
j’ai la tête trop pleine
de ceux que j’aime
Il me faudra de l’espace
pour que tous
puissent se mettre debout
dans chacune de mes pensées
Editions Arfuyen
[1] Le Prix de Littérature Francophone Jean Arp se donne pour vocation d’appeler l’attention sur l’œuvre d’écrivains qui ont fait le choix de mener leur travail à l’écart de la pression commerciale et médiatique et privilégient l’intégrité de leur travail sur tout souci de reconnaissance immédiate. Il distingue, pour l’ensemble de son œuvre, un écrivain francophone de premier plan, dont le travail est particulièrement remarquable par l’originalité et la qualité de son écriture, quel qu’en soit le genre, comme par la vigueur et l’amplitude de sa vision.
23:00 Publié dans Anise Koltz | Lien permanent | Commentaires (2) | Imprimer | | Facebook
Galerie 22
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Kehinde ADEWUYI, Isabelle DURAND,
Christiane FILLIATREAU, Florian ROSIER, Akiko TORIUMI
du 3 août au 2 septembre 2012
Vernissage vendredi 3 août à partir de 18h30
Isabelle DURAND
INFO PRESSE et demande d’images en haute définition :
Tél. 04 90 71 85 06 / 06 07 66 93 41
Galerie 22 contact@galerie22contemporain.com
267 route de Gordes Coustellet 84220 Cabrières d’Avignon
■Télécharger Dossier de Presse ICI
© Galerie 22 -2012
22:22 Publié dans Galerie 22 | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Revue Nunc n°25
REVUE NUNC
revue anthropologique, éditions de Corlevour 20 €
n°25 – Octobre 2011
Dossier Marcel Jousse
Une introduction signé Franck Damour, des poèmes de Claude Tuduri et de Matthieu Baumier, un cahier critique conséquent (signalons notamment une chronique de Serge Rivron consacrée à Pasolini et une d’Antoine de Meaux sur Cioran), puis sous la rubrique Axis Mundi, Marcel Jousse fait l’objet d’un dossier substantiel (avec des contributions, parmi d’autres, de Michel de Certeau, Joseph Morlaas et Bernard Vergely). Penseur majeur qui a défriché les voies d’une anthropologie dynamique, Jousse fédère des domaines multiples : théologie, science du langage, poésie… à l’image de la revue NUNC que dirige Réginald Gaillard et qui propose des numéros toujours inclassables et riches d’enjeux.
Rappelons que NUNC fête ses dix ans d’existence.
© Pascal Boulanger
© Nathalie Riera, mai 2012
21:50 Publié dans Nunc, Pascal Boulanger | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Charles Reznikoff, Témoignage (P.O.L., 2012)
Charles Reznikoff
Poète américain
(1894–1976)
Que toute amertume, et courroux, et colère,
et vociférations, et invectives, soient extirpés de vous,
avec toute malice.
Éphésiens IV, 31
LE SUD
I
Jim entra dans sa maison
et prit une paire de guides
et ensuite dans l’écurie
et en passa une à l’âne
et sortit l’âne
et l’attacha à une clôture ;
et passa le nœud coulant de l’autre guide autour de la tête de
l’âne
et commença à tirer.
L’âne commença à faire un sacré bruit.
On trouva son corps le lendemain matin,
à quatre ou six mètres de la porte de l’écurie ;
le cou, juste derrière la tête,
affreusement meurtri.
-------------------------
Traduit de l’anglais par Marc Cholodenko
Charles Reznikoff
Témoignage
Les États-Unis (1885-1915)
Récitatif
Traduit de l’anglais
par Marc Cholodenko
mai 2012
576 pages, 19 €
ISBN :
978-2-84682-096-7
P.O.L
33, rue Saint-André-des-Arts, Paris 6e
21:04 Publié dans Charles Reznikoff, P.O.L. | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Louis Pons
Galerie du Tableau
37, rue Sylvabelle
13006 MARSEILLE
Tél. : 04 91 57 05 34
galeriedutableau@galeriedutableau.org
http://www.galeriedutableau.org
Louis Pons est certainement le plus grand dessinateur actuel. J'ai plaisir à présenter dans ce lieu, où tant de jeunes artistes ont fait leur première exposition, des travaux exécutés pour la plupart dans la jeunesse du dessinateur. C'est donc, en ce printemps, une manifestation d'un jeune artiste qui est déjà un grand artiste. Il y a une raison à présenter à Marseille, où l'on attend une immense rétrospective Louis Pons depuis 20 ans, un artiste au passé prestigieux dans la plus petite galerie où il sera toujours considéré comme le plus grand.
Bernard Plasse
Louis Pons
exposition du 21 mai au 09 juin 2012
20:09 Publié dans du Tableau | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
13/05/2012
Michel Wohlfahrt par Claude Darras
■■■
Claude Darras
Michel Wohlfahrt ou l’enfance en boucle
Les pérégrinations d’un sculpteur de terre
■■■« Mon enfance me suit, je la tiens par la main » : cette sentence de l’écrivain Louis Scutenaire, il pourrait la faire sienne. De sa prime jeunesse dans l’Alsace de sa parentèle (il est né lorrain, tout à côté, à L’Hôpital, en Moselle, le 23 février 1949), il goûte les fruits amers chaque fois qu’on l’interroge sur la présence de jouets de toutes sortes dans son œuvre sculpté. Autour de la tablée familiale, parmi les sept garçons dont deux ont été adoptés par le père, pasteur, et la mère, d'origine yougoslave, il ne manifeste aucune inclination pour les études et enchaîne les petits boulots avant de suivre un apprentissage de compagnon potier (1965-1967) à Betschdorf dont le grès bleu verni au sel fonde la réputation de la céramique provinciale. Après une parenthèse académique d’une année à l’École des arts décoratifs de Strasbourg, il prolonge sa formation auprès de potiers drômois de Dieulefit (1968-1969) choisissant à ce moment-là de vivre et de travailler dans le Sud de la France. En 1969, il installe son atelier à Visan, en territoire vauclusien, où il exerce pendant cinq années. Il éprouve alors le besoin de se frotter à des techniques différentes et séjourne pendant un an (1973-1974) chez ses homologues tunisiens de Moknine, au cœur du Sahel oriental. S’il réside dans la Drôme provençale (Beaumont-en-Diois puis retour à Dieulefit), le Maghreb devient consubstantiel à sa création qui échappe de plus en plus à la poterie traditionnelle. En 1985, il rompt avec l’artisanat au profit de la sculpture dont il a montré l’année précédente au musée Géo Charles d’Échirolles, en Isère, ses premières et étonnantes expérimentations.
Le geste originel du potier
Statues immuables, aussi denses que le basalte, mystérieuses comme des hallucinations, lourdes d’expression et fortes d’une puissance démonstrative inouïe, ses sculptures provoquent une impression inoubliable, phénoménale, lorsqu’on en découvre pour la première fois la monumentale et singulière présence (certaines mesurent plus de trois mètres). Sommé de sortir de lui-même et assuré de perdre ses habituelles références de sensorialité, l’observateur s’interroge sur les personnages de terre cuite ou de bronze. Sont-ils héros, divinités, fantômes ou revenants ? Procèdent-ils des mythologies antiques ? Appartiennent-ils au panthéon de tribus millénaires ? Plus certainement, ils distinguent des caractères à la fois spécifiques aux personnages littéraires et dramatiques du corpus universel et aux contemporains que l’artiste a rencontrés au gré de ses pérégrinations. Il est indubitable en tout cas qu’il ait croisé près des étals forains du marché de Belsunce, à Marseille, ces femmes cérémonieusement drapées dont il retient, telle une obsession, une forme de visage presque dure, intransigeante et hautaine. Nul doute qu’il s’est plu à scruter sur les quais des ports marocains et tunisiens les adolescentes portant la burqa, ce voile de visage noir en coton ou tissé en résille, auquel on accroche un bijou pesant pour le maintenir vers le bas. Au gré d’une étonnante galerie de portraits, l’Alsacienne en jupe rouge et coiffe noire à grand nœud vante les mérites du kouglof à une Sévillane en robe de percale à volants, tandis que le toréro coiffé d’une montera en astrakan est décontenancé par les petites cornes du faune sylvestre aux pieds de chèvre qui conte fleurette à une nymphe aussi timide que lui…
L’art sculptural dont il est question se fonde sur le parti de l’épure, la liberté de l’esquisse et la spontanéité de l’improvisation : épure, esquisse et improvisation résultant d’une longue et savante pratique. Il ne s’agit pas d’exprimer avec énergie et vivacité le jeu des muscles, l’élasticité des membres et le frémissement de la vie. Il importe de restituer ce qu’il y a de passager dans les sentiments que reflète le visage, ce miroir de l’âme, ou la contenance de l’être incarné dans la glaise, ce qu’il y a de mobile dans ses affections, de fugitif dans son regard ou dans son sourire. Qu’il confie son premier modèle à l’action du feu, qu’il le modèle en plâtre, qu’il le maçonne en béton ou qu’il le coule en bronze, le geste originel du potier demeure, impérieux et souverain, quand bien même il le livre au paroxysme des ressources sensibles de l’argile, au-delà des limites des concepts de la discipline.
Moraliste et libertaire
Il aime la résistance de la pâte, le côté sensuel des colorations de la terre patinée par les minéraux ou violentée par les oxydes ou la flamme. Sans doute ce goût vient-il de ses origines. L’Est est un pays très coloré, surtout en automne. Dans les régions du sud, le soleil écrase, dévore les couleurs. De plus, dans ses travaux de finition, une chimie particulière de l’acrylique fomente une luxuriance de flamboiements, de délires, d’épiphanies glorieux parmi les personnages, le bestiaire et les jouets qu’il transcende. L’agrégation de ces trois sujets d’élection est quasi permanente dans une œuvre que nulle rétrospective ne pourra jamais mieux montrer que dans ses ateliers gardois de Saint-Quentin-la-Poterie où il réside depuis 1990. Près des machines de levage et des fours encore tièdes, il déballe la vie intime de ses passions. Des milliers et des milliers de pièces collectées dans les marchés aux puces ou dégottées aux enchères des internautes -articles de bimbeloterie et ustensiles de cuisine, objets de bazar et d’antiquaille, jouets mécaniques et jeux de plein air- sont entassées dans des caisses de bois ou en carton avant d’interpréter les premiers rôles dans de futures mises en scène. Dans le parc, entre des empilements de voitures à pédale et des processions de personnages austères et filiformes sur la tête desquels il a fiché des soldats de plomb ou des bibelots en laiton, le visiteur se faufile entre des landaus et des tricycles et il aperçoit des bêtes à corne montées sur roues, très proches, somme toute, des attelages, miniatures ceux-là, offerts aux enfants dès la plus haute Antiquité. Les invraisemblances cohabitent ici avec le plus grand réalisme. Cette disposition au jeu héritée de l’enfance, et que trop d’êtres ont perdue, constitue une des sources vives de son inspiration. Savoir cela peut aider à ouvrir certaines serrures de son œuvre. Tout aussi indispensable à l’intelligence de sa sculpture, la rébellion innée qui l’incite à célébrer le 14 juillet 1989, à La Mège, le bicentenaire de la Révolution française en plantant sur les cimes du mont Blanc 50 000 balais aux trois couleurs nationales, chacun d’entre eux portant un petit masque de bronze sous la brosse. Hommage au balayeur des rues qu’il a côtoyé durant sa jeunesse de pain noir, cette performance ainsi que les expositions qu’il montre au-delà des frontières du pays (Allemagne, Canada, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Maroc, Sri Lanka, Suisse et Tunisie) révèlent deux individualités distinctes, à l’image de ses personnages janusiens (de Janus, la divinité aux deux visages) qu’il nomme des volte-face, d’un côté le moraliste railleur qui rit de tout et de lui-même, de l’autre le libertaire pugnace qui continue de lutter contre l’injustice. ■■■
Claude Darras
Les carnetsd'eucharis (mai 2012)
Photo © Dominique Bernard
DOSSIER PDF COMPLET (à télécharger)
Michel Wohlfahrt_ par Claude Darras_Les carnets d'eucharis 2012.pdf
(ATTENTION : Le téléchargement peut être long)
20:49 Publié dans Claude Darras | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Bruno Normand, Des rapprochements
BRUNO NORMAND
/[…]
une ville sémantique où les blocs sont chapîtrés, les rues, des phrases, d’une langue inconnue dont le vacarme nous assourdit jusqu’à ce qu’une allée empruntée au hasard nous amène après d’imperceptibles détours dans le calme soudain d’un village paisible […] Isozaki Arata analyse l’architecture japonaise des cents dernières années à l’aide de seize concepts / la perte, l’additions, le transfert, le labyrinthe, l’abréviation, l’amalgame, la désharmonisation, la transparence, l’implication, le mélange, l’analogie et la métaphore, la métastase, le silence, l’exagération par répétition, le paradoxe et l’ironie, l’invasion /[…] page 54 / Isozaki Arata, entretien avec Futagawa Yukio
chaque jour je passe devant un cimetière
Bruno Normand, Des rapprochements, Editions Lanskine, 2012 – (p.34/35)
Site « Terre à Ciel »
- Le vide a ses rives par Sophie G. Lucas
D’un léger retrait ~ Editions L’Horizon Vertical [1993]
Du contour ~ Editions Wigwam [2008]
Des rapprochements ~ Editions Lanskine [2012]
aujourd’hui là au Verger, le vent dans le laurier,
les pervenches,
dans les chênes, le prunier, les sapins, le sureau, le vent passe,
les portes, les fenêtres sont ouvertes – je ne sais pas si je
parviendrai un jour à transmettre un peu de cette clarté, de ce rien cambré
Ibid., (p.46)
20:37 Publié dans Bruno Normand | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
12/05/2012
Cathy Garcia, Les mots allumettes, éd. Cardère, 2012
LES MOTS ALLUMETTES
■ Cathy Garcia
Cardère éditeur, 2012
Avec des illustrations originales de l’auteur
Poésie
[…]
Avale-moi, dis-je au bois. Ecorce-moi, dis-je à l’homme,
lentement comme un coma.
Terre et copeaux. Ma langue éboulée au creux du refuge.
Je suis morcelée. Là mon cœur, là un poumon.
Là mon âme et des frontières entre chaque terrier.
------------------------- (P.25)
[…]
Déchirer devient nécessité. Epitaphe.
Boire dans la source la mémoire de l’estuaire. Manger
dans la chair un souvenir d’ossuaire.
Ou bien le piéger peut-être ?
Faisceaux d’un élan unique, vassaux forcément de l’empire des fractales.
Un tissage.
------------------------- (P.29)
[…]
Les mots en gravats dans ma tête. Des tonnes.
Je retiendrai celui qui brise l’encerclement, dégage une spirale et m’élève jusqu’au ciel.
Jusqu’au grand, grand ciel. N’avoir que celui-là en bouche.
------------------------- (P.35)
[…]
Il y a des passages aux flancs des falaises pour haler les rêves.
D’une ogresse folle surgissent des écluses pour des barques fabuleuses.
Intuitions et évidences tricotent leurs filets pour les pêcheurs de mystères fugaces.
Le saisissement est tel, nul retour n’est possible.
------------------------- (P.41)
LES MOTS ALLUMETTES
Cathy GARCIA
Cardère Editeur, 2012
Cardère éditeur — 42 rue du Pont de Nizon — F-30126 Lirac
-------------------------
Cathy Garcia
Ex-artiste pluridisciplinaire de spectacle de rue, chanteuse en particulier, Cathy Garcia crée en 2003 la revue de poésie vive Nouveaux Délits. Elle est aujourd’hui plasticienne, photographe, et poète.
SES ESPACES NUMERIQUES
· http://cathygarcia.hautetfort.com/
· Délit de Poésie http://delitdepoesie.hautetfort.com/
· Collages & dessins http://ledecompresseuratelierpictopoetiquedecathygarcia.hautetfort.com/
· Photographie http://imagesducausse.hautetfort.com/
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08/05/2012
Galerie du Tableau, Jean-Jacques Ceccarelli
Galerie du Tableau
37, rue Sylvabelle
13006 MARSEILLE
Tél. : 04 91 57 05 34
galeriedutableau@galeriedutableau.org
http://www.galeriedutableau.org
L'imaginaire ne semble pas toujours étrange. La réalité de certaines créatures parait invraisemblable. L'étonnant, c'est leur existence en dépit de la raison souveraine.
Jean-Jacques Ceccarelli invente une re-création du monde dont il est le nouveau Darwin. Son bestiaire s'étoffe, d'année en année, et, s'il ne s'exprimait par signe, on pourrait dire qu'il ne lui manque que la parole. Il y a des attitudes de ses créatures qui en appellent à la mythologie : hybrides d'humains et d'animaux, de dieux et d'humains, d'animaux et de dieux. Il est des nuances qui laissent supposer que ces dessins sont des histoires d'amour racontées en noir et blanc, comme de belles photographies expressionnistes.
Bernard Plasse
Jean-Jacques Ceccarelli
Exposition du 07 au 19 mai 2012
Vernissage le lundi 07 à partir de 18h 30
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