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28/01/2011

Rencontre avec Nathalie Riera

Atelier nathalie riera 02.jpg

Maison de la Poésie
7-9 rue de la Lauve
06130 Grasse

de 13h30 à 16h30 : atelier d'écriture pour adultes
(sur inscription)

à 17h00 : lecture ouverte à tous

Renseignements et inscription :
lapoesie.aunvisage@gmail.com ou 04.92.42.30.80

Cordialement
Catherine Berney

Bibliothèques de Grasse :
www.bibliotheques.ville-grasse.fr
Nathalie Riera : http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com/

23/01/2011

Franco Fortini, Une fois pour toutes

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En traduisant Brecht

 

Un grand orage

tout l’après-midi s’est tordu

sur les toits avant de crever en éclairs, en eau.

Je fixais des strophes de ciment et de verre

où étaient des cris, plaies murées, membres

également miens, auxquels je survis.

 

[…]-------------------------- 

 

La poésie des roses

 

I.

 

Roses, roses poudreuses, quelle âpreté

dans vos souches la nuit, roses cambrées

d’épines, pareilles aux forts ligaments,

aux muscles secs de la jeune femme

que dans l’auto ses soies palpent, et le cuir

mais molle si des phares l’empoignent, mais marbrée

le long du cou, comme les roses contuses

quand minuit les travaille, d’orties.

 

[…]-------------------------- 

 

Exultet

 

Regarde-la

 

Regarde-la, olympe déployé.

La masse de métal que la mitraille a percé.

Tempes et deltoïdes, colosse, noire valve et verte, astre.

Qu’elle boive os et nerfs, toujours vierge broyeuse

de la hampe au clipeus, mère hébétée. Contre

votre terreur, dorsales oxydées, voici l’envol.

 

Comme tu cries …

 

Comme tu cries dans la grotte comme

tu cognes tes épaules aux musculatures

du vin et des mains sauvages !

 

[…]-------------------------- 

 

En traduisant Milton

 

Les arbres les froids, drus, grands arbres

et aussi arbustes mais tous verts blancs

avec palmes et flèches ramifiées et fils

à la cime du bois, fugaces figures les arbres

heureux de givre et ronds, gaines

écorchées de lait aigre et les pâtures

dilatées en gramens et scintillements

les ruisseaux allumés d’épées mouvantes

et le souffle du vent dans les hauteurs …

 

 

 

 

 

« Une fois pour toutes »

FRANCO FORTINI, Poésies 1938-1985, Editions Fédérop

Traduit de l’italien par Bernard Simeone & Jean-Charles Vegliante

(édition bilingue) 

 

Le site de l’éditeur

■ LIEN :http://federop.free.fr/federop.htm

 

 

 

Pier Paolo Pasolini

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On m'a dit que j'ai trois idoles: le Christ, Marx et Freud.
Ce ne sont que des formules.
En fait, ma seule idole est la réalité.
Si j'ai choisi d'être cinéaste, en même temps qu'un écrivain,
c'est que plutôt que d'exprimer cette réalité par les symboles
que sont les mots, j'ai préféré le moyen d'expression qu'est
le cinéma, exprimer la réalité par la réalité.

PIER PAOLO PASOLINI

 

Nicolas Bouvier, L'usage du monde

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Pendant mes années d’études, j’avais honnêtement fait de la « culture » en pot, du jardinage intellectuel, des analyses, des gloses et des boutures ; j’avais décortiqué quelques chefs d’œuvre sans saisir la valeur d’exorcisme de ces modèles, pace que chez nous l’étoffe de la vie est si bien taillée, distribuée, cousue par l’habitude et les institutions que faute d’espace, l’invention s’y confine en des fonctions décoratives et ne songe plus qu’à faire « plaisant », c’est-à-dire : n’importe quoi.

(p.92)

 

[…]--------------------------

 

J’ai trop besoin de cet appoint concret qu’est le déplacement dans l’espace.

 

[…]--------------------------

 

(…) le nomadisme rend sensible aux saisons : on en dépend, on devient la saison même et chaque fois qu’elle tourne, c’est comme s’il fallait s’arracher d’un lieu où l’on a appris à vivre.

(p.146)

 

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© Nicolas Bouvier, L’usage du monde, Quarto Gallimard, 2009 

22/01/2011

BERNARDO BERTOLUCCI - GINO PAOLI - QUEL GIORNO (da PRIMA DELLA RIVOLUZIONE)

André Chenet, Au coeur du cri

Souviens-toi

La Terre fut le premier tambour

L’Empreinte la première écriture

Les tribus chantaient

avant même de parler…

 

Mais des mots prirent

force et pouvoir

sur les tables de loi

et les chants se sont dissipés

dans nos voix désaccordées

par l’abus des paroles

 

nous reviendrons habiter

le souffle cadencé des vents.

 

 © André Chenet, Au cœur du cri, éd. Les Voleurs de Feu/Al Laerien Tan, (p.51)

ANDRE CHENET.jpg

  

Je n’ai que l’épervier

l’obsidienne

et la Reine de Cœur

 

Je n’ai que le cri

à l’étouffée de la raison

le diamant de l’unisson

 

Je n’ai que l’étoile noire

l’idéogramme du sang

les gestes fous de la tempête

 

Ma révolte est intacte.

 

 Ibid,. (p.51) 

 

 

Au coeur du cri.jpg

Frontispice : « L’Aleijadinho » de Frederic Voilley

 

 

Pour commander le recueil d'André Chenet :
Les Voleurs de Feu
, 13 rue Louis Pasteur, 29 630 Plougasnou 
ou

danger-poesie@orange

Pour s'abonner à la revue La Voix des Autres :

voixdesautres@wanadoo.fr

 

Site Danger Poésie

Entretien avec Camille Loty Malebranche (par Alexandra Philoctète)

Nous vivons un monde d’abysse flottant du paraître, donc la culture de l’essentiel est solitaire par son caractère rarissime. Et puis, l’environnement pseudo-intello qui consiste à répéter sans penser me répugne au plus haut point, donc mes amis sont très rares et ma solitude très fréquente. Mais elle est si heureuse que je ne voudrais la changer pour rien au monde, car je sais à quel point le rapport immédiat à autrui quand cet autrui est de mauvaise foi ou englué dans ses bas-fonds, chose malheureusement tellement proliférante, peut être pathogène et tueur ! La famille, la société, la religion sociale, sont si souvent des chambres ardentes de torture et de déshumanisation qui clouent l’individu aux piloris et ensuite le traînent aux gémonies par manière de horde et de meute où de purs chacals frappent de leur avanie l’homme qu’ils ne peuvent asservir ou dénaturer.

(…)

Pour les milieux médiocres du populisme culturel d’aujourd’hui, toute élévation de soi, tout refus de la platitude et de l’alignement aux prêts-à-penser en cours, est soit folie soit arrogance ! Je refuse de porter le fardeau des ontologiquement minables et misérables, aigris inaptes à se travailler eux-mêmes, qui font tout pour empêcher les vrais hommes et l’esprit en tant qu’hypostase métaphysique et entendement à s’exprimer et se développer. Ce sont ces monstres de méchanceté et de sottise, qui, ensuite, vont dire leur connerie haineuse contre ceux qu’ils ne peuvent ravaler. Notre milieu est trop médiocre et trop négatif dans son approche de l’homme de valeur.

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© Camille Loty Malebranche

 

Camille Loty Malebranche est connu au Canada comme enseignant, philosophe, écrivain et poète. Il est l’auteur de nombreux articles publiés dans plusieurs périodiques haïtiens et sur le web. Il a écrit également deux ouvrages : L’Exécution du Prométhée (1999) épuisé, semble-t-il, et un recueil de poèmes, Yeux du Sang, Vigie d’Âme paru aux éditions CIDIHCA, en 2010. (Pour Haïti)

Télécharger l’intégralité de l’entretien depuis le site de la Revue pour Haïti

13/01/2011

Claude Dourguin, Chemins et Routes (une lecture de Tristan Hordé)

Une lecture de Tristan Hordé 

© 

 

 

Chemins et routes

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 (Editions Isolato, 2010)

 

 

           

Les voyages de Claude Dourguin naissent d’une exigence, tout se passe comme s’il lui devenait impossible de continuer à rester immobile, qu’il lui fallait prendre le bâton et marcher pour savoir ce qu’est respirer, regarder, découvrir, apprendre — vivre. Cette manière de se connaître, d’éprouver le vif des choses apparaît peut-être plus dans Chemins et routes que dans ses autres livres (1), parce qu’il s’agit ici de l’expérience de multiples parcours.

         La plénitude ressentie par le seul fait de quitter les habitudes, par le contact physique avec le sol, s’exprime dans les premières phrases et c’est ce bonheur d’être qui est exploré ensuite, série de variations dans une prose-poésie reconnaissable entre toutes. Se séparer donc de ce qui abrite, protège, cela se fait jour encore pas venu (« Départ dans le matin frais » est le début du livre), dans ces moments incertains, aux « adieux sans mots », pour retrouver un corps, « le réel après la trêve des songes ». Rapidement, « le pas se fait au sentier, au chemin », et c’est bientôt « la marche heureuse », « l’accord trouvé », la « continuité vive », la lumière détache les contours, le marcheur voit maintenant arbres et ruisseaux : « le monde s’ouvre, donné », vraie « terre première ».

         Il n’est pas besoin d’être un marcheur pour apprécier l’exaltation de Claude Dourguin ; qui n’a pas, ne serait-ce que dans l’enfance, imaginé ce qui se trouvait au-delà de l’horizon, « ligne de promesses : là-bas, d’autres terres, d’autres champs, d’autres monts, différents, toujours renouvelés  », « un monde toujours recommencé » ? C’est cette merveille (qu’y a-t-il derrière le miroir ?) que propose Chemins et routes. Avant d’atteindre l’horizon, dès qu’un village est quitté, hors du tumulte, Claude Dourguin est enveloppée dans une nature toujours accueillante, généreuse, la nature telle qu’elle apparaissait à Rousseau. Ainsi, figuiers et vignes abandonnés par la culture continuent à produire et le marcheur réinvente les gestes d’un Robinson : « Je m’arrêtais, mangeais ces fruits offerts, présents du lieu dont, ainsi, j’assimilais les vertus. » Ailleurs, c’est l’eau d’un ruisselet qui est donnée, «  bonheur d’une générosité inadressée ». On verra là non pas tant une forme de panthéisme qu’un amour profond, raisonné pour cette manière de vivre, si peu de temps qu’on puisse le faire, à l’écart du tumulte, en suivant ces chemins qui gardent à qui veut les lire les traces d’une histoire séculaire : « Je les vois, tracés qui ne blessent ni ne segmentent mais relient, pas de l’homme ou de la bête et terre, cultures et demeures, cyprès riverains et ciel. Chemins religieux, en effet, si, foncièrement, on ne les éprouvait païens. »

         Les chemins, bien plus que les autoroutes d’aujourd’hui, avaient une fonction de lien ; il y eut une longue période où « on allait, périple rude, surprises et peurs, mais prémunis de l’errance. Le chemin accompagnait, donnait un destin. » Claude Dourguin rappelle que les routes anciennes étaient parcourues sans cesse par les marchands, les soldats, les étudiants, les colporteurs, les ouvriers, etc., vivantes de toute une vie « bigarrée, pleine de bruits et d’odeurs ». On lit encore l’épaisseur du temps dans les noms de lieux, énumérés pour tout ce qu’ils portent du passé, ceux par exemple de l’Italie, abondants ici, ou pour le plaisir de les suivre inscrits sur la carte le long d’un sentier, « Bosch Tens, Plan Vest, Löbbia, Cadrin, Mungat, Maroz, Dent…, petites énigmes locales qui entrainent le songe dans leur récitatif mystérieux ».

         Claude Dourguin vit aussi les paysages à partir de la littérature et de la peinture, évoquant les voyageurs du XIXe siècle, de Chateaubriand à George Sand ou Mérimée, Schiller, Heine…, suivant Hölderlin et Nerval, Thoreau et Montaigne, ou un personnage de Stifter. Dans un paysage de neige, l’eau sous la glace est un « jardin d’Eden, un fond de tableau de Bellini » ; ici, ce sont les campagnes des Très riches heures du duc de Berry, là des teintes pour un Douanier Rousseau, des formes admirées chez Memling ou Carpaccio, des lumières du Lorrain, "La construction d’un grand chemin" d’Horace Vernet, ou encore Poussin, Dürer, Thomas Jones…

         Ce qui est esquissé dans Chemins et routes, c’est un projet rêvé dont le livre tel qu’il est, donne une idée : projet « d’un livre des chemins, catalogue et dictionnaire à la fois, qui évoquerait, recenserait sans du tout prétendre faire œuvre savante, les figures diverses des chemins, leurs histoires, leurs particularités géographiques. Ou bien un traité exact et poétique, recueil des singularités des reliefs et des terres, provinces et leurs façons de dire, de cultiver, de mener commerce, bêtes poussées devant soi […] ». De ce projet borgésien reste pour le lecteur un beau labyrinthe où il peut errer, découvrir sans cesse et des sorties et des possibilités de se perdre ; il saura aussi qu’à emprunter les chemins, « au plaisir physique d’arpenter, à la satisfaction du regard se mêle le bonheur de découvrir, d’apprendre, de comprendre, de nouer un lien intime avec une contrée et sa terre », il souhaitera peut-être avec la marche voir le monde devant lui, comme le faisait Walt Whitman cité à la fin du livre.

 

 

 

 

(1) Voir les derniers publiés, en 2008 chez le même éditeur, Les nuits vagabondes et Laponia.



 

© Tristan Hordé, Carnets d’eucharis, janvier 2011

 

 

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Editions Isolato

 

09/01/2011

La fête polychrome de Nathalie Riera (par Claude Darras sur le site de La République des Lettres)

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Afin d'écarter tout délit de complaisance, il est d'usage, lorsqu'un proche est concerné, de ménager une distance critique plus ferme encore qu'à l'ordinaire, de manifester certaine réticence, d'émettre quelque critique défavorable.

Eh bien, non, n'en déplaise aux censeurs vétilleux de l'usage, le dernier recueil de Nathalie Riera bellement préfacé par Pascal Boulanger, Puisque Beauté il y a, est une nouvelle fête des sens et des mots ! Si elle échappe à l'orthodoxie complaisante des chapelles poétiques, c'est parce qu'une activité pérenne d'animatrice culturelle en milieu carcéral et l'animation d'un site numérique d'excellence tournée vers les arts et les littératures ont fortifié l'authenticité de sa vocation. En fait, elle a très tôt découvert ses Indes, créé son espace et établi ses demeures en poésie. Elle a changé en liberté, par l'acte de parole, ce qui constituait le fond de ses douleurs, de ses peurs, de ses tristesses, de ses révoltes et de ses convictions. Elle a changé en espoir ce qui l'aurait incitée, autrefois, à se replier dans la foule ou à plonger dans la solitude.

Elle échappe à toute orthodoxie, disais-je, car le poème, chez elle, donne à l'éclair son éternité, à la présence sa durée, à la multiplicité son équilibre. Pourtant, quand elle écrit -- "avec les cailloux des voyelles et des consonnes" --, elle ne se répète jamais et ses dires révèlent toujours la même limpidité, ou plus exactement une vraie clarté qui donne à voir ce qui est au-delà, tout près, autour, derrière la page: une page à plusieurs dimensions où la langue charme jusqu'à l'envoûtement par la souplesse de la syntaxe et la polychromie du vocabulaire.

Ouvrez le premier Carnet de campagne du nouveau recueil que l'auteur a placé sous le tutorat de Pablo Neruda et Yves Bonnefoy :

Femme à branches de faille, je n'écris pas pour la plénitude du poème, ni pour le vide insalubre. Assise dans le jardin le regard en suspens, les arbres en plein courant. Le vent et son haleine de mer dans les feuillages du printemps se lie à moi. Les embruns ont faim, et j'ai soif de leur alphabet avide.


On aura compris que Puisque Beauté il y a à l'instar des précédents Staccato morendo et ClairVision ne s'adresse pas à ceux qui considèrent la littérature et la poésie comme une science; mais les intimistes, ceux qui aiment méditer "sous les ombrages d'un figuier où fleurissent les mots", ceux qui savent écouter "les vents raconter des histoires", ceux qui cherchent à "entendre d'un poème des notes d'air et de basalte". Ceux-là aimeront cette fine interrogation sur l'amour et la vie, qui est aussi une belle réflexion sur le "métier" de poète.

 

© Claude Darras/La République des Lettres, janvier 2011

 


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Nathalie Riera
Variations d’herbes (2012, éditions du Petit Pois) – à paraître
Feeling is first (2011, éditions Galerie Le Réalgar).
Puisque Beauté il y a (2010, éditions Lanskine, 64 pages).
Staccato Morendo (2009, site numérique Oeuvres vives).
ClairVision (2009, éditions numériques Publie.net, 33 pages).
La Parole derrière les verrous (Essai, 2007, éditions de l'Amandier, 72 pages).

 

06/01/2011

Stanislas Brzozowski, HISTOIRE D’UNE INTELLIGENCE...

Une lecture de Nathalie Riera 

©

 

 

HISTOIRE D’UNE INTELLIGENCE

Journal 1910-1911

Stanislas Brzozowski

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 (Editions Le Bruit du Temps, 2010)

 

 

           

 Rédigé à la fin de sa vie, dans les années 1910-1911, le Journal de S. Brzozowski, Histoire d’une intelligence, ne peut nous laisser indifférent, tant ces 244 pages publiées un siècle plus tard par les Ed. Le Bruit du Temps révèle une pensée à l’œuvre, faite de l’étoffe d’un esprit qui, aux dires de son auteur, « est toujours un banni, un hors la loi » (185). Esprit d’un écrivain non contaminé en ce siècle des « abrutissantes superstitions politiques », des « stérilités sociales », avec ce si peu d’aventuriers de la pensée (parmi eux, philosophes, poètes et autres lettrés), ces «grands seigneurs de la vie » que le XVIIIème siècle a prodigieusement produit. L’exigence de S. Brzozowski étant de ni comprendre ni révérer ce qui ne relève pas du courage intellectuel.

Mais une telle exigence n’attire à sa table que très peu de convives. Dans la vaisselle de la violence politique et de l’impuissance culturelle, tout ce qui tend à mettre en question l’homme, à valoriser la vie de l’humanité, à considérer les sens « comme des catégories de création », et « non pas comme des organes passifs d’information » (143), tout cela devient passible de cette même sanction si typique à ces époques où l’homme est dogmatisé par des « torrents de clichés qu’on ne peut pas endiguer », autant que par ses propres constructions conceptuelles ; incapable de produire à partir de lui-même, et encore moins dans la tâche « de participer toujours davantage au dur travail de l’humanité » (173).

Subtilité et sérénité ne font pas partie du menu ; cela est contraire à « cet ennui officiel qui empoisonne lentement les esprits et les habitue à considérer une activité intellectuelle spontanée comme quelque chose d’anormal, qui n’est même pas exigé » (122). Comment ne pas alors en venir à cette endurance intellectuelle contre tout ce qui peut ainsi s’opposer « à une culture profondément consciente ». Sur ce sujet, S. Brzozowski ne trouve aucunement méritoire « l’œuvre de l’enseignement populaire, laquelle « se résume à une vie intellectuelle à crédit » (168). Son souhait ? « Celui qui écrira l’histoire des mensonges qui corrodaient, rongeaient, empoisonnaient et détruisaient la vie intellectuelle de notre nation, qui ont touché celle-ci jusque dans son cœur, qui mettent en danger notre existence même, ne doit pas oublier l’enseignement populaire » (169).

 

Journal qui « est à la fois une sorte d’autobiographie et de confession », précise Wojciech Kolecki dans son introduction, bloc-notes de lecture, carnet d’esquisses critiques et philosophiques, journal intime. « Histoire d’une intelligence » peut-il animer l’esprit du lecteur, et sa certitude claire comme le soleil « qu’il faut de la pensée, de la philosophie, de l’enthousiasme et de l’intransigeance intellectuelle » (161), et « creuser toujours plus profondément les fondations, et ériger toujours plus haut remparts, murs, créneaux et tours » (172) contre les insatiables « Thersites » (en référence au personnage de la légende de Troie), qui ne déploient que fausseté, bavardage et injure. « Histoire d’une intelligence » pour qu’à la critique lui soit reconnue sa dimension essentielle, en ce sens que « c’est précisément la critique qui valorise la vie de l’humanité » (151).

 


© Nathalie Riera, Carnets d’eucharis, janvier 2011

 

 

 

 

 

extraits

 

«Chaque jour se produisent de menus évènements qui confirment  jusqu’à l’ennui que l’homme sans habitudes culturelles et sans besoins intellectuels est un être nocif et un ennemi de lui-même. Les salles de lecture et les bibliothèques publiques sont remplies de livres sans style, sans pensée, sans originalité. Plus un ouvrage est important ou profond, moins il y a de chances de le trouver ». (p.27)

 

 

 

« Je sais que j’ai des maîtres et que j’en aurai jusqu’à la fin de ma vie. Ç’aurait été un signe de dérèglement mental, si j’avais cessé de penser avec vénération à Newman, Platon, Kant, Hegel, Berkeley et tant d’autres » (p.191)

 

 

Autres articles :

■ Revue de Presse des Editions Le Bruit du Temps :http://www.lebruitdutemps.fr/_livres/Histoire%20dune%20intelligence/revuedepresse.htm

 

 

  

 

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Traduction du polonais, introduction et notes par Wojciech Kolecki

Le Bruit du Temps, 2010

Le site Le Bruit du Temps

Site des Editions Le Bruit du Temps :http://www.lebruitdutemps.fr/_livres/Histoireduneintelligence.htm

 

 

 

 

Yves Bonnefoy

Alain Veinstein s'entretient avec Yves Bonnefoy, auteur de  "Raturer outre" et  "Le lieu d'herbes" (Editions, Galilée, 2010)

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ICI

Frans Krajcberg par Claude Darras

 

Art et nature

Il était une fois… Frans Krajcberg

 

 

Chez FK, à Nova Viçosa, les palétuviers univers de formes (2).jpg

 Frans Krajcberg dans l'atelier de la nature amazonienne au milieu des racines de palétuviers, son "matériau" de prédilection

 

 

 

De toute évidence, regardons autour de nous. Il est clair que nous avons perdu le sens de la gratuité de la nature, c’est-à-dire de cette biodiversité qui est sans prix, et qui pourtant vaut tout l’or du monde. Il est tout aussi évident que nous ne croyons plus à la force de l’art. Ce que nous appelons « art » aujourd’hui ? L’exploitation commerciale de créations souvent privée de signification et soumise à la boussole d’enchères parfois aberrantes. Ce n’est pas de cela que nos enfants ont besoin. Mais de rencontres véritables avec des œuvres et des créateurs authentiques qui vont quelque peu changer leur vie. Aussi sachons gré à Pascale Lismonde, journaliste et anciennement productrice à la station radiophonique France-Culture, de multiplier les initiatives visant à stimuler parmi nos jeunes générations le désir pour les choses de l’art et de l’écologie.

 

 

Etat du Parana, Curitiba, Espace Krajcberg, 2003 (2).jpg

 

Une sculpture exposée à l'Espace Krajcberg du musée Montparnasse à Paris 

 

 

 

Paru dans l’attractive collection Giboulées de Gallimard Jeunesse, « L’Art révolté » raconte l’engagement du sculpteur Frans Krajcberg, 89 ans, au cœur de la forêt amazonienne. Unique survivant d’une famille juive polonaise persécutée dans son propre pays avant d’être exterminée dans les camps nazis, cet ingénieur est le mieux placé pour professer l’humanisme comme la seule idéologie susceptible d’empêcher le retour des tragédies du XXe siècle. Converti aux arts plastiques, il reçoit le soutien d’amis peintres à Paris (Fernand Léger et Marc Chagall) et à São Paulo (Lasar Segall) avant de découvrir, en 1947, une raison majeure de peindre et de sculpter au cœur de l’Amazonie au milieu des caboclos, ces Indiens métis qui vivent sur les rives du grand fleuve auquel les légendaires Amazones ont donné leur nom. En fait, face à la tragique déforestation de la région, il oppose une révolte fondée sur le postulat que l’homme a le devoir de jardiner la nature, d’en être le gardien responsable. Il soutient qu’une forêt sans oiseaux n’est plus une vraie forêt et qu’un arbre commence de mourir le jour où il cesse de chanter. Il recueille alors les bois calcinés -racines de palétuviers, lianes et troncs de palmiers. Tantôt il les sculpte, tantôt il les enduit de goudron et il les peint au moyen de pigments issus des minerais et bois primitifs. Précurseur des Nouveaux Réalistes, Pierre Restany lui rend visite en 1978. Confronté à son tour aux exactions commises au détriment des Amérindiens et témoin des incendies de forêts qui mutilent cette portion de paradis terrestre, le critique d’art lance un cri d’alarme à travers un Manifeste du naturalisme intégral.

À Nova Viçosa où il vit, dans l’état brésilien de Bahia, Frans Krajcberg a édifié un musée écologique qui abrite de surcroît une fondation Art & Nature. En 2003, au sein du musée Montparnasse, à Paris (XVe), a été inauguré l’Espace qui porte son nom et rassemble les peintures, empreintes, sculptures et photographies que l’artiste a léguées à la ville de Paris le 15 mai 2002.

L’exemplarité pédagogique de l’ouvrage mérite d’être soulignée ; elle appellerait à en prolonger la série (animée chez Gallimard par Colline Faure-Poirée). Quant à l’auteur, elle sait bien que rien n’est plus compliqué que la simplicité, rien ne se travaille davantage que la spontanéité, rien ne s’obtient plus difficilement que le naturel quand on s’adresse aux enfants. Il faut une sacrée maîtrise du métier d’écrire afin de parvenir à cette limpidité d’une histoire d’amour, celle d’un artiste fou de la canopée.

 

© Claude Darras, Les Carnets d’eucharis, janvier 2011 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A Nova Viçosa, découverte de la maison de Frans Krajcberg sur l'arbre (2).jpg

 

 

Chez lui, à Nova Viçosa, dans l'état de Bahia, Frans Krajcberg se bâtit une maison-atelier sur un arbre

 

 

 


 

 



 © (Photos : Pascale Lismonde) 



 

logo pdf.jpgDOCUMENT A TELECHARGER

 

 

 

Emmanuel Malherbet, "Personne ne poussera la nuit"

Vient de paraître aux Editions Potentille  

EMMANUEL MALHERBET.jpg

 

en quoi j’aimais

l’à peine mouvement

des cimes

le roulis

 

des arbres

la matière l’ajour   /   de l’air

 

et

 

le sous bois continué

le ruissellement continué

où le pas reste   /

 

figé sous des éclaircies

de débardage

 

image

du petit lac où l’on descend

par deux pâtures d’où monte

un mur de forêt comme

 

 

 

un front

 

image

d’un cargo drossé

sur la plage d’Olonne

 

chapelle

blanche et bleue

 

que la mer ne sait

renflouer   /   ni détruire

 

ni le vent


 

 

* * *

 

40p. / 13 x 18 cm. / 7 €  (frais de port compris)

 

 

Paiement par chèque à l’ordre de l’association Comme ça et Autrement, à adresser à :

 

Editions Potentille

2 rue du platane

58160 La Fermeté

ed.potentille@gmail.com

 

  

 


Nom : ……………………………………………………………………………………………

 

 

Adresse : ………………………………………………………………………………………...

 

 

…………………………………………………………………………………………………...

 

 

Nombre d’exemplaires : ……………………………

 

 

 

Claudia Carlisky, peintre et poète

CLAUDIA CARLISKY ET MINA GONDLER_1956 jardin du Luxembourg.jpg

CLAUDIA CARLISKY ET MINA GONDLER, 1956, Jardin du Luxembourg

 

CLAUDIA CARLISKY.jpg

Fille du sculpteur Carlisky et de la plasticienne Mina Gondler, Claudia Carlisky, peintre et poète est née à Buenos Aires en 1954 où elle réside jusqu'à l'âge de quatre ans. Après une enfance en France et une adolescence en Argentine, elle vit en France depuis 1975.

 

 

Eléments biographiques de Claudia Carlisky :

http://claudiacarlisky.blogspot.com/p/elements-biographiques-de-claudia.html

  

 

claudia carlisky_Villa Seurat_1968.jpg

Claudia Carlisky, Villa Seurat, 1968

 

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 http://albertocarlisky.blogspot.com/

 

Eté II, Bernard Chambaz (une lecture de Pascal Boulanger)

 

NOTE DE LECTURE

(Pascal Boulanger)

 

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Bernard Chambaz : Eté II

Ed. Flammarion, 2010

 

 

 

 

Ce volume annonce une reprise au chant VI d’une investigation minutieuse qui a pour point de départ tragique la mort d’un fils adolescent. Ce fils – Martin – devient en poème le m-pêcheur, le poisson volant.

Le poisson volant vient de Platon / il brille mais il n’a pas beaucoup de temps pour briller.

Il faut entendre ce titre comme un retour, jamais oublié, à l’été accidentel mais aussi à ce qui a été, une fois pour toutes, lancé dans la vie, dans la litanie des jours et des nuits.

Soutenir cette douleur, dans le déploiement et le froissement du temps, ne lève aucune fixation, n’entraîne aucune consolation. C’est la mort  / qui l’aura emporté / sur les mots.

Elle dévoile, par contre, l’excès en chacun de nous, cet abime d’existence infinie, cet amour long, cet amour à vif quand le courage consiste moins à combattre qu’à endurer. La répétition du deuil, dans le temps soudain suspendu, impose soit le silence absolu, soit le discours extensif proche des choses et des êtres et qui, sans masquer la détresse, la marque au contraire doublement.

Les poèmes de Bernard Chambaz, en prose ou versifiés, amples ou resserrés sont des décantations de ce qui agite et obsède. Ils passent de la perfection du monde à son imperfection, ils croisent une foule d’écrivains et de penseurs : Pétrarque, Descartes, Hegel, le tombeau d’Anatole de Mallarmé, Pound… Ils traversent des villes et des ciels, relancent des tensions, des hantises, creusent l’absence tout en évoquant la volupté de l’instant et tiennent tête à l’esprit et au cœur à jamais endeuillés. Ils rendent aussi hommage à la femme aimée, à celle qui n’écrit qu’en pensée, qu’en secret à son fils perdu. Et nous, lecteurs plus ou moins malheureux, prenons appui sur ces dix profonds chants au savoir fondamental pour saluer – malgré tout – le simple fait d’exister.

 

 

 

 

© Pascal Boulanger, Carnets d’eucharis, janvier 2011

02/01/2011

Cole Swensen "L'âge de verre" : une lecture critique de Tristan Hordé

Une lecture de Tristan Hordé 

© 

 

 

L’AGE DE VERRE – Cole Swensen

(Editions José Corti, 2010)

 

 

 

Maïtryi et Nicolas Pesquès ont déjà traduit en 2007, pour le même éditeur, Si riche heure, construit à partir d'un livre de piété, les Très Riches Heures du duc de Berry. Cette fois,  L'Âge de verre a pour point de départ des tableaux de Pierre Bonnard et, plus particulièrement, ceux où apparaît une fenêtre. Le livre de Cole Swensen introduit, à la suite de données informatives sur le peintre (« Pierre Bonnard, 1867-1947, [...] » ou d'une amorce d'analyse (« L'œuvre de Bonnard demande implicitement ce que c'est que voir et ce que c'est que voir à travers. Nous songeons aux disputes [...] », des éléments d'un tout autre ordre, des vers coupés [1] et, ici et là, des pronoms (je, tu, nous, et les possessifs correspondants) qui modifient le propos. Ce qui s'annonçait comme une méditation poétique à propos des fenêtres dans la peinture de Bonnard, avec des digressions notamment sur Vuillard, Caillebotte et des écrivains, est un ensemble de variations autour du verre, de la transparence, du regard et de la réflexion.

 

            D'emblée le nom de Bonnard renvoie à des tableaux que l'on peut regarder, quelques titres sont d'ailleurs donnés, mais en même temps est évoqué le temps du narrateur : « Comme beaucoup, Bonnard repeignait / alors / ma fenêtre ». Parallèlement, interviennent de minuscules débuts de récits, de scènes dans lesquels les fenêtres, les vitres, les glaces jouent un rôle ; fragments d'histoires, points de vue sur les choses du monde, analogues au  "elle" apparu l'espace d'une page qui « révèle / un si multiple / visage dans la glace ». À partir d'un tableau des figures naissent qui débordent, comme s'il offrait réellement une vue sur les choses, « un chien dans la cour, et quelqu'un qui s'en va ou qui vient », comme « dans un seul grain tient une plante ». Par ailleurs, par le seul changement d'un temps verbal dans la phrase, Cole Swensen passe de la description "objective" d'un tableau ("Nu dans un intérieur", c. 1935) à l'imaginaire, la toile étant à l'origine d'un récit qui pourrait être continué, les deux points (:) marquant la frontière entre le texte sur la représentation du réel et celui qui en dérive, dans « Elle se penche pour toucher quelque chose : et puis elle se redressera pour regarder dehors, [...] ».

                       

           

            Que voit-on depuis la fenêtre ? Dans un tableau de Caillebotte, un homme regarde la rue — voyeur —, alors que personne n'est présent devant les fenêtres chez Bonnard ; qui regarde ? Question de la subjectivité : ici un corps qui l'incarne, là une fenêtre « devient une partie du corps, sans suture avec la continuité du monde ». Les vitres anciennes contenaient un autre monde, minuscules scories dans la fabrication qui pouvaient issues du corps, « parfois une larme, parfois une petite bulle d'air », perçues seulement quand l'œil oubliait ce qui est derrière la vitre alors limite du regard ; monde disparu au profit, au-delà du seuil, du paysage ou de la rue.

            L'ouverture vers l'extérieur est une échappée dans un imaginaire maritime, « La fenêtre, entrouverte, soudain s'offre à la brise et tu vois son visage qui vogue au loin. » Dans un autre poème, l'allusion à la mer est plus claire et s'opère une métamorphose ; ce ne sont plus un paysage, les gens de la rue qui sont visibles, mais la totalité de ce que le regard pourrait embrasser jusqu'à perdre tout contour :

                        mais tel un rivage

                        la fenêtre est infinie, son périmètre

                        augmentant sans cesse sans jamais dépasser son cadre

 

                        n'est rien d'autre que la vue s'outrepassant.

 

            Cette relation de la fenêtre et de la mer, de l'eau, est récurrente dans L'Âge de verre et contribue à unifier souterrainement l'ensemble. Analysant, par exemple, la composition des tableaux de Bonnard après avoir évoqué la vogue du "Monde Flottant" japonais à la fin du XIXe siècle, Cole Swensen note que chez lui le monde est comme « un plan d'eau sur lequel glisse, apothicaire-vite, le regard ». Ou encore : le Palais de Cristal, à l'exposition de 1851, était d'une telle étendue que ses visiteurs avaient l'illusion de « se croire sous les flots de quelques fabuleuse rivière ». Dans "Les fenêtres" de Mallarmé, est relevé « galères d'or, belles comme des cygnes ». Etc.

            La fenêtre éclairée, vue de l'extérieur, se transforme en pièce d'un théâtre d'ombres, les personnes se meuvent sans épaisseur, passant et repassant comme s'ils étaient peints sur une plaque, devenant alors les personnages d'une histoire qui se dissipera quand les lumières seront éteintes. La fenêtre permet ainsi de réinventer la lanterne magique —  « Le premier film fut une fenêtre » ; dans le premier film des frères Lumière, rappelle Cole Swensen, le spectateur voit une femme « le visage collé à la vitre, immobile », qui le regarde.

 

            Cole Swensen mêle les espaces et les temps, le réel et sa représentation, construisant ainsi ce qui n'appartient qu'à l'écriture. Les lecteurs sont convoqués ("vous") pour voir Bonnard qui, la nuit, « regarde l'intérieur d'une pièce jaune, se demandant ce qui est dû à la lumière et ce qui est dû à la peinture ». La suite : c'est Marthe (l'épouse et le modèle de Bonnard) cette fois qui, le lendemain, regarde à l'intérieur, elle « vient s'appuyer à la fenêtre et t'appelle // toi qui regardes le tableau dans un musée ». Mondes mêlés par la grâce des mots, et qui le resteront ; ce n'est pas hasard si le livre s'achève sur « Ce qu'il y a de mieux dans les musées ce sont les fenêtres » — dit-il [Bonnard] en regardant la Seine depuis le Louvre, juin 1946.

 


[1] J’emprunte le terme à Nicolas Pesquès qui, en 4ème de couverture, définit avec concision l’entrelacement des propos dans L'Âge de verre.

 

 

© Tristan Hordé, Carnets d’eucharis n°25 (Spécial fin d’année 2010) 

 

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Traduit de l'anglais par Maïtreyi et Nicolas Pesquès

Série américaine

José Corti, 2010

Le site José Corti

Site des Editions José Corti : http://www.jose-corti.fr/titresetrangers/Agedeverre.html

 

GALERIE LA NON MAISON : Janvier 2011

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HAREL LUZ, artiste israélien présent du 6 janvier au 5 avril 2011
à la Résidence [43.5] à LA NON-MAISON.

Au sujet d'Harel Luz :

 

Son travail artistique s'élabore avec des techniques et des matières diverses, tels que la peinture, la photographie et la sculpture. Son travail s'inspire essentiellement d'images  populaires recueillies dans la presse et la publicité, ainsi que d'images qu'il produit  lui-même et qui lui servent ensuite de matière première. Autrement dit, il est profondément mobilisé par son environnement de tous les jours. C'est aussi la raison pour laquelle il est très intéressé par un séjour dans un environnement nouveau, où il pourra confronter de nouvelles sources d'inspiration. Il est particulièrement impatient de continuer à développer sa technique personnelle de l'aquarelle, qui lui permet de produire des images très vivaces avec très peu de couleurs. Quant à la sculpture, il souhaite travailler avec de nouvelles matières industrielles (le polyuréthane par exemple) grâce auxquelles il parvient à imiter les substances plus parlantes du bois, du plastique et du métal. Il aime installer le doute entre l'original et la copie et théâtraliser le moment où l'œil de l'observateur tranche entre les deux.

 

 

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L'exposition Plossu-Cinéma organisée par le FRAC Provence-Alpes-Côtes-d'Azur et la galerie LA NON MAISON en 2010 commence son itinérance...

  

Exposition du 14 janvier au 5 mars 2011
Vernissage le jeudi 13 janvier à 18h30 en présence de l’artiste Photographies

 

PÔLE IMAGE HAUTE-NORMANDIE

  

 

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galerie la non maison

 

Sommaire DiptYque 2 : lumières intérieures

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Edito :

Florence Noël

Œuvres des artistes :

Pierre Gaudu, Solange Knopf, Annick Reymond, Grégoire Philipidhis, Marie Hercberg, Raphaële Colombi, Anastassia Elias, Clarisse Rebotier,Guidu Antonietti Di Cinarca, Anne d’Huart, jean-Michel Deny, Brahim Metiba, Jacques vandenberg, Danièle Colin,

Voix à la Une : De Toscane en Provence, Lumières d’un Jumelage au Scriptorium avec :

Paolo Fabrizio Jaccuzi, Maura Del Serra, André Ughetto, Angèle Paoli, Martino Baldi, Laurence Verrey, Olivier Bastide et Dominique Sorrente.

Nouvelles et récits de :

Claudine Tondreau, Camille Philibert Rossignol, Dolores Polo, Angèle Paoli, Mariane Brunschwig, Stéphane Méliade, Isabelle Guilloteau, Raymond Alcovère, Jean Buron, Mathieu Rivat

Anthologie poétique avec :

Nathalie Riera, Loyan, Lionel Edouard-Martin, Ile Eniger, Louis Raoul, Eric Dubois, Brigitte Célerier, Thomas Vinau, Zur, François Teyssandier, Michel Brosseau, Michèle Dujardin, Véronique Daine, Patrick Packwood, Kouki Rossi, Jean-Marc La Frenière, Sabine Huyn, Pascal Boulanger, France Burghelle-Rey, Roland Dauxois, Nicolas Vasse, Cathy Garcia, Sébastien Ecorce, Mathieu Brosseau, Juliette Zara, Arnaud Delcorte, Philippe Leuckx, Catherine Ysmal, Thélyson Orelien, Xavier Lainé, Jack Kéguenne, Denis Heudré, Alain Hélissen, Michel Gerbal

Chroniques des lumières intérieures et articles critiques de :

Sylvie Durbec, Philippe Leuckx, Angèle Paoli, Sylvie Salicetti, Florence Noël

Mais aussi :

Les Tentatives de critique de l’édition numérique de Brigitte Célerier

Un écho littéraire à Lynch par Loïc Marchand

Un écho poétique de Florence Noël

Une humeur de Xavier Lainé

 

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Florence Noël
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Belgique
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