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31/01/2009

André Kertész (1894-1985)

photographe hongrois

Kertesz_Lire.jpg
La Lecture, Esztergom, Hongrie
1915
André Kertész
Ministère de la Culture - France / Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine / Dist Rmn © Donation André Kertész
kertesz.jpg
Enfant lisant des bandes dessinées dans une rue de New York,
12 octobre 1944.
Photo André Kertész © Ministere de la Culture – France 
kertész.jpg
Un matin d’hiver, Café du Dôme, Paris, 1928
Photo André Kertész © Ministere de la Culture – France 

Saul Leiter

saul laiter_joanna.jpg
"Joanna" (c. 1947)
Howard Greenberg Gallery
LEITER.jpg
Saul Leiter
Shopper, 1958
Chromogenic print; printed at a later date
Image size: 35 x 28 cm
Signed in ink on print verso

30/01/2009

Thomas Hardy

Pour l’instant, le lieu était parfaitement en harmonie avec la nature de l’homme : ni effrayant, ni haïssable, ni laid, ni banal, ni soumis, mais, comme l’homme, méprisé et endurant. Singulièrement immense et mystérieux, en outre, dans sa brune monotonie. Ainsi qu’il arrive à certains êtres ayant longtemps vécu seuls, la solitude semblait l’expression même du visage de la lande – visage d’isolé où s’inscrivaient des possibilités tragiques.

retourpaysnatal.jpgThomas Hardy

Le Retour au pays natal

Corti, 2007

448 pages

ISBN :

978-2-7143-0939-6

21 €  

Le site José Corti

Les 5 dernières parutions

 

Editions La Rivière Echappée


 

Le silence de Pasternak

André du Bouchet

  
Contretemps Paradist

François Rannou

 
La nuit d'un seul

Mathieu Brosseau

 

Comme quoi

Dominique Quélen

 

Vivremourir

Cid Corman

 

Télécharger logoPDF.jpgCatalogueLA RIVIERE ECHAPPEE.pdf 

 


 

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John Clare

john clare.jpgVoyage hors des limites de l’Essex

Les Editions Grèges

John Clare, Voyage hors des limites de l’Essex et autres textes autobiographiques, 14 x 19 cm, 112 pages, tiré à 300 exemplaires sur Centaure naturel 110 g. Textes traduits de l’anglais et présentés par Pascal Saliba.

À l’époque du romantisme tardif, entre le Lenz de Büchner et l’Aurélia de Nerval, l’écriture autobiographique de John Clare (1793-1864) témoigne d’une volonté et d’une nécessité de préserver « l’identité propre », d’un combat mené contre une double aliénation, sociale et mentale.
Issu d’une famille « illettrée au dernier degré », ignorant orthographe et ponctuation, John Clare écrivit très tôt de nombreux poèmes dont certains furent publiés par John Taylor, le premier éditeur de Keats et Thomas de Quincey. Il fut cependant accusé de ne pas être l’auteur de son premier recueil. La célébrité atteignit pourtant le « poète-paysan », qui rencontra Coleridge et De Quincey à Londres, mais elle fut de courte durée, et les publications s’espacèrent. Sujet à des crises de plus en plus fréquentes dont l’origine remontait à l’enfance, Clare décida de se faire interner en 1837. C’est en s’évadant de l’asile en 1841 pour retourner chez lui et les siens, vivants et morts, qu’il rédigea les notes au rythme heurté, hâché, du Voyage hors des limites de l’Essex. Recueilli quelque temps par sa véritable épouse, Patty, John Clare retourna finalement à l’asile et y resta jusqu’à sa mort en 1864, écrivant lettres et poèmes.
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A lire également :

Chronique de Vacarme n° 25

Nouveau site

“ L’invisibilité relative de l’écart constitue, d’une manière générale, un critère de son intimité ”

Daniel Arasse



Nous avons le plaisir de vous présenter l’espace “Regard au Pluriel”

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Nouvelle revue

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 Le premier numéro

I-PerformArts

 

 

Qui sommes-nous ?

Double média culturel Internet et trimestriel papier, PerformArts est conçu et réalisé à Nice, capitale d'une région largement ouverte sur l'étranger, dotée d'un exceptionnel patrimoine culturel, fruit de sa situation géographique et de son histoire.

L'art du XXe siècle constitue l'une des plus remarquables spécialités de la Côte d'azur. Les grands maîtres Renoir, Picasso, Chagall, Léger, Matisse, Bonnard etc. ont été suivis des artistes de l'École de Nice (Klein, César, Arman, Ben, Alocco, etc.). Les nombreux artistes vivant et travaillant dans la région perpétuent cette tradition et constituent un véritable laboratoire de la création pour toutes les formes d'art.

Sa rédaction, comprend des journalistes, critiques, artistes, écrivains, collectionneurs, en Allemagne, Belgique, Espagne, France et Italie. Doté d'un idéal journalistique, d'une forte personnalité et appuyée sur de solides valeurs culturelles, PerformArts revendique une réelle spécificité dans le paysage culturel et médiatique à l'échelle européenne.

Principaux thèmes abordés : peinture, sculpture, photo, art numérique, installation, vidéo, cinéma, musique, architecture, théâtre, opéra, danse, littérature...

Le magazine trimestriel PerformArts imprimé sur papier au format A4, comprend 64 pages de textes et photos. Tiré à 10.000 exemplaires, il est distribué par les NMPP dans 5000 points de vente en France et actuellement exporté dans 45 pays. Prix de vente au numéro 4,5 € en France.

Le site www.performarts.net, d'accès libre, plate-forme d'information culturelle, comprend un e-calendrier attractif et des articles illustrés en ligne, différents du support papier.

La Lettre d'information performArts est adressée tous les 3 mois par mail à 15.500 contacts du milieu de l'art et de la culture pour les informer de la sortie du magazine.

 

28/01/2009

Claude Simon

Archipel et Nord

Claude Simon

Editions de Minuit, 2009

 

Ces deux textes, inédits en France, sont parus en 1974 dans les revues finlandaises Åland et Finland.

 

 

 

Extrait

 

 

fin-land suo-mi : terre des marais

 

les imaginant peuplées de créatures fabuleuses mi-

hommes mi-poissons encore comme sur ces peintures

où sur le fond de chaux des lignes rosâtres dessinent

 


 

des êtres aux torses traversés par une arête médiane de

chaque côté de laquelle s’évasent les côtes incurvées

comme les barbes de harpons

 

Franciscains moines fanatiques déchaux venus d’où

construire ici un sanctuaire de blocs roses lilas bistre

cyclamen au toit couvert d’écailles peindre le flagellé le

juge en robe prune qui se lave les mains sculpter ces

grappes de sang coagulé

 

treille aux flancs aux paumes aux pieds percés de

clous où pendent des raisins

 

la mer l’archipel tout entier montant vers nous L’une

après l’autre en commençant par les plus lointaines les

îles disparurent s’enfonçant l’une d’elles basse à peine

ondulée s’éleva grandit masquant les dernières elle

défila rapidement sur le côté et l’eau rejaillit sous les

flotteurs Ses énormes mains de marin aux doigts épais

et plats aux ongles carrés bordés de noir par le cambouis

cessèrent de s’affairer sur les leviers et les volants

du tableau de bord aux multiples cadrans noirs aux

multiples manettes noires parmi lesquelles elles couraient

les effleurant avec délicatesse comme une anatomie

féminine et compliquée le tapage du moteur cessa

quand il fut assez près il sauta adroitement sur le rocher

et enroula la corde à l’un des pieux de l’appontement

 

silence touffes d’aulnes sorbiers frissonnant à peine

 

archipel et nord.jpg

  

Les premières pages sur le site de l'éditeur

Sous les pavés la terre - Bande annonce

Paysans, artisans, ingénieurs, scientifiques, philosophes et politiques. Ce film expose leurs combats, face aux sarcasmes de leurs pairs, aux pesanteurs des administrations, à la frilosité des banques et des assurances, aux lobby ne voulant renoncer à leurs confortables avantages.

 

Bernard Sichère : L’Etre et le Divin

 

NOTE DE LECTURE

 

Pascal Boulanger

 

C’est l’histoire du divin, liée à la question de l’être et de son oubli, que nous dévoile ce volumineux essai. Convoquant notamment Heidegger et Hölderlin, Rosenzweig et Rûzbehân Baqlî Shîrâzî, Bernard Sichère prend appui sur le moment grec et les révélations monothéistes pour penser et surmonter le nihilisme triomphant. Mais plus qu’un traité de philosophie, ce livre doit être lu comme une traversée singulière du temps et de l’espace. Devant la détresse de l’homme nouveau, indécis et flou, sans mémoire et sans dette, se cache le salut, autrement dit la merveille du simple, le surgissement de l’inattendu, la grâce d’un présent qui s’offre dans sa présence. Le hors monde n’est pas, aux yeux de Sichère, la négation du monde mais sa lumière secrète que la parole poétique révèle. Le penseur qui pense en poète et le poète qui raisonne – et fait résonner – la parole sont dans la vérité du retrait d’un dieu et aussi dans l’aventure que ce retrait rend possible. Chanter – jusqu’au désenchantement – la face visible de ce dieu qui s’est caché sape en beauté la clôture individuelle et sa volonté de puissance criminelle. Pour des poètes comme Hölderlin et Rimbaud, la mort de Dieu ou des dieux est une plaisanterie. Le manque de Dieu est déjà une question plus sérieuse, mais là est le signe du divin et de l’amour, car sans ce manque, comment sentir et savoir que l’on vit et que l’on aime ? L’agapè, c’est la certitude – la foi – d’être aimé par l’amour, c’est à dire par le Verbe, celui qui s’est incarné et s’incarne à chaque fois qu’une voix se déploie dans la nuit du monde. Mais l’aversion du beau et du sublime, de l’être et du divin ne domine t’elle pas tous les discours de notre modernité nécrophile? Qu’importe, des voix intemporelles continuent de penser et de parler.

 

 

Pascal Boulanger

 

 

 

"L'être et le divin"

Bernard Sichère

Ed. Gallimard, novembre 2008

« Collection Infini »

Seamus Heaney

Les premiers mots

 

Les premiers mots furent pollués

Comme l’eau du fleuve au matin

Coulant avec la crasse

Des jaquettes élogieuses et des éditoriaux.

Je m’abreuve au seul sens surgi de l’esprit profond,

A ce que boit l’oiseau, et l’herbe, et la pierre.

Faites que tout s’écoule

Jusqu’aux quatre éléments,

Vers l’eau, la terre, le feu et l’air.

 

D’après un poème en roumain de Marin Sorescu

 

The first words got polluted

Like river water in the morning

Flowing with the dirt

Of blurbs and the front pages.

My only drink is meaning from the deep brain,

What the birds and the grass and the stones drink.

Let everything flow

Up to the four elements,

Up to water and earth and fire and air.

 

 

L’étrange et le connu, Gallimard, 2005 (pour la traduction française)

Traduit de l’anglais (Irlande) par Patrick Hersant

 

 

 

27/01/2009

Discours de Seamus Heaney

bks_seamus_heaney.jpg« CROIRE EN LA POESIE »

(extraits)

Je crois en la poésie (…) parce qu’elle peut créer un ordre aussi fidèle à l’impact de la réalité extérieure et aussi sensible aux lois intérieures auxquelles obéit le poète que les rides concentriques qui se formaient et se déformaient indéfiniment à la surface de l’eau dans le seau de l’arrière-cuisine, il y a cinquante ans (…) En d’autres termes, je crois en la poésie parce qu’elle est à la fois elle-même et un adjuvant, parce qu’elle rend possible une relation souple et roborative entre ce qui constitue le centre de l’esprit et tout ce qui gravite autour (…) J’y crois parce qu’on doit croire en elle, à notre époque et en toute époque, en raison de sa fidélité à la vie, dans tous les sens qu’on peut donner à cette phrase.

 

(…)

 

Cette disposition de mon tempérament pour un art qui s’était consacré avant tout aux réalités telles qu’elles sont, s’est accentuée grâce à ma propre expérience du fait que j’étais né et que j’avais grandi en Irlande du Nord, et que j’avais vécu en communion avec cet endroit, même si j’ai vécu ailleurs ces vingt-cinq dernières années.

 

(…)

 

… ce que la poésie essentielle réalise toujours, qui est de toucher la base de notre nature compatissante tout en englobant en même temps la nature indifférente du monde à laquelle cette nature est constamment exposée. La forme du poème, en d’autres termes, est cruciale pour la capacité du poème à accomplir ce qui fait et fera toujours la valeur de la poésie : la capacité à persuader cette part vulnérable de notre conscience de sa droiture en dépit des preuves de l’injustice qui l’entoure, la capacité à nous rappeler que nous sommes des chasseurs et des gardiens de valeurs, que nos solitudes et nos détresses les plus profondes sont estimables, dans la mesure où elles aussi sont une garantie de notre véritable nature humaine.

 

William Butler Yeats, Seamus Heaney - Discours du Nobel, Editions La Part Commune (pour le texte original : Fondation Nobel), 2003

 

QUATRIEME DE COUVERTURE : Par essence, un poète irlandais est un héritier du barde errant de la légende. Aucune oeuvre mieux que celle de Yeats et Heaney, toutes deux couronnées par le Prix Nobel de Littérature, n'a transcendé cet héritage celtique, la conscience aigüe des injustices de l'histoire, le silence en tant qu'engagement politique rural, l'ancrage dans un pays de tourbières. Et c'est parce que l'Irlande est une terre autant historique que légendaire, que la poésie est son identité.

Seamus Heaney est né dans le comté de Derry, en Irlande du Nord, en 1939. Il est le fils de fermiers catholiques, l'aîné d'une famille de neuf enfants. Il a fait ses études à St Columb's College, Derry, puis à Queen's University, Belfast. Il a enseigné plusieurs années à Belfast. En 1972, il s'est établi en république d'Irlande, avec Marie, sa femme, et leurs enfants. Il vit de sa plume jusqu'en 1975; puis il occupe des postes universitaires prestigieux, à Dublin, Harvard, Oxford. En 1995, il obtient le prix Nobel, quelque soixante-dix ans après W. B. Yeats.

Prix Nobel décerné le 5 octobre 1995 à Seamus Heaney « pour des œuvres d’une beauté lyrique et d’une profondeur éthique, qui exaltent les miracles quotidiens et le passé vivant ».

 

yeats1.jpgLe danger de l’art et de la littérature vient aujourd’hui de la tyrannie et des convictions des sociétés révolutionnaires et des formes de propagande politique et religieuse. La conviction a corrompu la plupart de la littérature anglaise moderne ; et pendant ces vingt années qui ont conduit à notre révolution nationale la tyrannie dévasta la plus grande partie de l’énergie des dramaturges et poètes irlandais. Ils devaient perpétuellement rester sur leurs gardes pour défendre leur création ; et plus la création est naturelle plus la défense est difficile.

Prix Nobel décerné le 14 novembre 1923 à W.B. Yeats « pour son œuvre d’une inspiration toujours élevée, qui, sous la forme artistique la plus sobre, fait parler l’âme d’un peuple ».

Raymond Depardon&Paul Virilio

1929628334.jpgTerre Natale

Ailleurs commence ici

21 nov. 2008 - 15 mars 2009

« Avec Raymond Depardon, on se retrouvait sur la même question : que reste-t-il du monde, de la terre natale, de l´histoire de la seule planète habitable aujourd´hui ? »

Paul Virilio

Tandis que le monde est à un moment critique de son histoire, où l´environnement conditionne ce que l´homme fait et ce qu´il va devenir, l´exposition Terre Natale, Ailleurs commence ici propose une réflexion sur le rapport au natal, à l´enracinement et au déracinement, ainsi qu´aux questions identitaires qui leurs sont attachées.

Alors que Raymond Depardon donne la parole à ceux qui, menacés de devoir partir, veulent demeurer sur leur terre, Paul Virilio expose la remise en cause de la notion même de sédentarité face aux grands phénomènes de migrations. La pensée de Paul Virilio est illustrée par la mise en scène des artistes et architectes Diller Scofidio + Renfro et Mark Hansen, Laura Kurgan et Ben Rubin. LIRE LA SUITE

Conversation entre Raymond Depardon et Paul Virilio :

 

Cliquer ICI

Au détour du monde

1 décembre 2008 à la Fondation Cartier

26/01/2009

"Guernica" de Picasso en 3D par Lena Gieseke

 

CLIQUEZ ICI

Lena Gieseke (artiste allemande)

Picasso.Guernica.jpg

 

« Guernica, la plus ancienne cité des provinces basques, le centre de leurs traditions culturelles, a été hier après-midi complètement anéantie par une attaque aérienne des insurgés. Le bombardement de la ville sans défense, située loin derrière la ligne du front, a duré exactement trois quarts d’heure. Durant ce laps de temps, une forte escadrille de machines d’origine allemande – des bombardiers de types junker et Heinkel, ainsi que des chasseurs Heinkel – ont déversé au-dessus de la ville, sans interruption, des bombes allant jusqu’à un poids de 500 kilos. En même temps, des avions de chasse ont tiré en rase-motte sur des habitants qui s’enfuyaient dans les champs. En peu de temps, tout Guernica s’est embrasé ».

Ce fait-divers se lit dans le Times de Londres du 27 avril 1937

(…)

Le Guernica de Picasso (…) décrit moins un fait historique que l’effet de cet évènement sur l’esprit de Picasso.

« Cris d’enfants cris de femmes cris d’oiseaux cris de fleurs cris de charpentes et de pierres cris de briques cris de meubles de lits de chaises de rideaux de casseroles de chats et de papiers cris d’odeurs qui se griffent cris de fumée piquant au cou les cris qui cuisent dans la chaudière et cris de la pluie d’oiseaux qui inondent la mer ».

Ces termes mêmes de Picasso concluent son poème accompagnant le cycle d’eaux-fortes Rêve et mensonge de Franco, où l’artiste évoque pour la première fois, début 1937, la guerre civile dans sa patrie espagnole, le combat qui oppose les républicains aux fascistes.

 

PICASSO 1.jpgJ’ai toujours cru et crois encore que les artistes qui vivent et travaillent selon des valeurs spirituelles ne peuvent pas et ne doivent pas demeurer indifférents au conflit dans lequel les plus hautes valeurs de l’humanité et de la civilisation sont en jeu.

Picasso

 

Que croyez-vous que soit un artiste ? Un imbécile qui n’a que des yeux s’il est peintre, des oreilles s’il est musicien, ou une lyre à tous les étages du cœur s’il est poète, ou même s’il est boxeur, seulement des muscles ? Bien au contraire, il est en même temps un être politique, constamment en éveil devant les déchirants, ardents ou doux évènements du monde, se façonnant de toute pièce à leur image. Comment serait-il possible de se désintéresser des autres hommes et, en vertu de quelle nonchalance ivoirine, de se détacher d’une vie qu’ils vous apportent si copieusement ? Non, la peinture n’est pas faite pour décorer les appartements. C’est un instrument de guerre offensive et défensive contre l’ennemi.

Picasso

 L'expérience de la guerre 1937-1945, p.67

Pablo Picasso 1881-1973, Le génie du siècle, éditions Benedikt Taschen, 1992

 

La Pensée de Midi - N°26

couv26bd.jpgRevue littéraire et de débats d'idées

Numéro 26, La pensée de midi / Actes Sud, en librairie à partir de novembre 2008, 17€

Vérité obscène, sentiment obscur d’une violence qui monte, de part et d’autre de la Méditerranée, et qui n’est pas seulement symbolique. Elle pourrait tout emporter sur son passage… La force des choses nous conduit-elle là où l’on ne veut pas aller ? Le désir de guerre est-il inéluctable ? Que peut-on y opposer ? La “marge humaine” peut-elle encore retourner la courbe du temps et inspirer quelque espoir de paix ?
C’est autour de ces questions que ce numéro de La pensée de midi a été construit. Pour tenter d’explorer notre relation à la guerre, en particulier dans une Europe qui depuis plus de soixante ans n’en connaît plus l’expérience intime, brutale, saccageuse.

Avec Stéphane Audoin-Rouzeau, Mohamed Tozy, Jean-Pierre Filiu, Mustapha Safouan, Gérard Khoury, Nathalie Galesne, Daniel Lindenberg, Michel Péraldi, Driss Ksikes, Dominique Eddé et Thierry Fabre.

Lire l'éditorial - Lire l'introduction

Le site de la revue

Le cinéaste Ingmar Bergman

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Ingmar Bergman

Persona, 1966

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Bibi Andersson & Liv Ullmann

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Cine-club de caen

 

Emeric de Monteynard

■■■

 

CONCÉDER L’OR ET LE BLEU

Emeric de Monteynard

emeric de monteynard.jpg

Editions Eclats d’encre, 2002

 

Note de lecture

Nathalie Riera

 

Démesure de l’image qui trahit la terre. Mais du côté de la poésie, dans sa vigilance et sa ténacité à oser la césure, du côté de ce qui nous incite à écouter, qu’attendre de toute parole qui se réduit dans sa propre bruyance, et de son morne projet de mots à trop peser, à trop nous écarter ? De quelle démesure l’être parlant est-il frappé ? de quelle colère ? quand celle-ci n’est à jamais qu’une réponse à l’aporie. Jusqu’à ce que de soi-même se rendre à la terre du silence, où se sentir accueilli, invité à l’éveil.

Lorsqu’on lit Emeric de Monteynard, on se dit que l’esprit n’est pas en quête de savoir mais de trouver douceur, et il y a un temps pour cela ; le temps probablement que cessent toutes rumeurs à nous faire croire que les chants de la terre ont définitivement perdu leur or et leur bleu.

Qu’aurions-nous encore à entendre de ces couleurs qui participent à l’instant, en même temps qu’elles le fêtent comme on fête un enfant. Ainsi, Emeric de Monteynard insiste à nous demander : « L’entends-tu le silence, l’entends-tu qui dilue et te courbe le cœur ? »

 

« Contempler/Lentement », nous dit le poète, de même nous faut-il continuer à ne pas renoncer aux danses de l’air et au feu qui n’est pas ce qui rend le cri plus aigu ou plus haut, mais peut-il permettre à la lumière, même captive, de régner libre (aut lux capta hic libera regnat).

 

Que mon corps égaré

S’embellisse de terre !

 

(p.57)

 

 

EXTRAITS

 

 

(…)

 

Bien avant qu’un tracé se dessine

(à peine)

et que l’écart entre tes mains

s’établisse,

 

tu devras nous léguer ces silences

amassés

 

pour que battent les quêtes

et susciter le feu

l’effusion des orées,

 

pour que les astres se parlent,

durent…

 

et que d’autres demeurent à prier.

 

(…)

 

 

 

 

-------------------------------

 

 

S’il se peut qu’un silence assemble

et aguerrisse

 

 

 

 

S’il se peut qu’une feuille

choye au sol et se taise et s’efface

à jamais

 

 

 

 

S’il se peut que des pierres

réfléchissent parfois la lumière et que

d’autres l’évincent

 

 

 

 

S’il se peut que mes yeux se resserrent en mes mains

et se ferment un moment

 

 

 

 

S’il se peut que cet homme

ailleurs

renonce à l’air

à le voir

 

 

 

 

Il se peut

qu’il nous faille oser l’étendue

et que s’immisce enfin

la Joie.

 

 

 

 

-------------------------------

 

                                 

Il est des lieux

 

Où le temps

Nous éclaire

 

Où massives

Les pierres

 

Se taisent

 

 

 

Où le cœur

A l’étroit

 

Entend

S’ouvre

 

Et compose.

 

 

 

-------------------------------

 

 

                                 

 

Quand tout semble et se meut

 

 

Que sous l’eau que l’eau froisse

 

 

Et la pierre et le sel

Ensemencent l’effluve

 

 

Que mon corps égaré

S’embellisse de terre !

 

 

Et quand s’étale

Au loin

L’horizon

 

Immobile et fidèle

 

Un défi.

 

À consulter

 

SITE DE L'AUTEUR

■■■

18/01/2009

Témoin de la pénurie

Il est vrai qu’un monde prend fin, sous nos yeux, qui nous paraît encore sans alternative possible. Je marche dans les dernières campagnes, mais je vois de toutes parts les chemins qui suivaient les pentes, ne les contredisant qu’en les comprenant, appropriant le sol à notre besoin, le faisant parler dans nos jambes, fermenter dans notre fatigue, se faire en nous le vin de l’évidence, la profondeur d’où vient la lumière, disparaissent  l’un après l’autre, sous l’asphalte. Et les maisons, pendant des millénaires si vraies, l’émanation du sol elles aussi, l’avènement de la terre, les voilà soit hideusement fardées soit détruites, on multiplie à leur place des masses et des couleurs grimaçantes qui sont comme des masques pour une fête de mort.  Un rapport aux bêtes, aux végétaux, à l’horizon, aux lumières, qui s’était dégagé dès le Néolithique peut-être, et avait duré, s’approfondissant parfois, jusqu’à hier sinon ce matin encore, se désagrège, c’est sans recours, on ne peut traverser la France, dont le génie fut le quotidien, le silencieux, les murs bas toujours réparés, sans une impression de désastre.  Et ailleurs et partout des maillons sautent, dans la chaîne des espèces, quand peut-être il suffit déjà que l’un manque pour que la phrase terrestre n’ait plus de sens. A quoi bon délimiter des réserves, aménager des parcs, c’est seulement le travail au champ, l’appréhension de l’orage, le toit qu’on relevait pour les chèvres, l’outil qui rouillait dans l’herbe, la vie, en bref, qui faisait le lieu qui nous faisait être ( …) Une musique se perd, que nous pensions une mère toujours présente. Et cela juste à l’heure où le mal qu’on lui demandait de guérir, ou tout au moins d’expliquer, s’accroît si follement dans le monde qu’on en vient à douter que même intacte et comprise elle pourrait suffire à cautionner un espoir. Oui, je comprends l’angoisse que chiffre la hantise du feu perdu. Mais je n’en tire pas les mêmes conclusions, pas encore.

Yves Bonnefoy, « Terre seconde » (p.373) in Le nuage rouge, Mercure de France – 1977 et 1992 (dernière version)  

Julia Margaret Cameron (1815-1879)

Photographe britannique
Julia_Margaret_Cameron-Beatrice.jpg
Béatrice, vers 1866
the kiss of peace.jpg
Le baiser de la paix, 1869

Adam Elsheimer (1578-1610)

seated young woman.jpg
Seated Young Woman
Gouache on brown paper; 2 15/16 x 2 13/16 in. (7.5 x 7.2 cm)