26/01/2009
"Guernica" de Picasso en 3D par Lena Gieseke
Lena Gieseke (artiste allemande)
« Guernica, la plus ancienne cité des provinces basques, le centre de leurs traditions culturelles, a été hier après-midi complètement anéantie par une attaque aérienne des insurgés. Le bombardement de la ville sans défense, située loin derrière la ligne du front, a duré exactement trois quarts d’heure. Durant ce laps de temps, une forte escadrille de machines d’origine allemande – des bombardiers de types junker et Heinkel, ainsi que des chasseurs Heinkel – ont déversé au-dessus de la ville, sans interruption, des bombes allant jusqu’à un poids de 500 kilos. En même temps, des avions de chasse ont tiré en rase-motte sur des habitants qui s’enfuyaient dans les champs. En peu de temps, tout Guernica s’est embrasé ».
Ce fait-divers se lit dans le Times de Londres du 27 avril 1937
(…)
Le Guernica de Picasso (…) décrit moins un fait historique que l’effet de cet évènement sur l’esprit de Picasso.
« Cris d’enfants cris de femmes cris d’oiseaux cris de fleurs cris de charpentes et de pierres cris de briques cris de meubles de lits de chaises de rideaux de casseroles de chats et de papiers cris d’odeurs qui se griffent cris de fumée piquant au cou les cris qui cuisent dans la chaudière et cris de la pluie d’oiseaux qui inondent la mer ».
Ces termes mêmes de Picasso concluent son poème accompagnant le cycle d’eaux-fortes Rêve et mensonge de Franco, où l’artiste évoque pour la première fois, début 1937, la guerre civile dans sa patrie espagnole, le combat qui oppose les républicains aux fascistes.
J’ai toujours cru et crois encore que les artistes qui vivent et travaillent selon des valeurs spirituelles ne peuvent pas et ne doivent pas demeurer indifférents au conflit dans lequel les plus hautes valeurs de l’humanité et de la civilisation sont en jeu.
Picasso
Que croyez-vous que soit un artiste ? Un imbécile qui n’a que des yeux s’il est peintre, des oreilles s’il est musicien, ou une lyre à tous les étages du cœur s’il est poète, ou même s’il est boxeur, seulement des muscles ? Bien au contraire, il est en même temps un être politique, constamment en éveil devant les déchirants, ardents ou doux évènements du monde, se façonnant de toute pièce à leur image. Comment serait-il possible de se désintéresser des autres hommes et, en vertu de quelle nonchalance ivoirine, de se détacher d’une vie qu’ils vous apportent si copieusement ? Non, la peinture n’est pas faite pour décorer les appartements. C’est un instrument de guerre offensive et défensive contre l’ennemi.
Picasso
L'expérience de la guerre 1937-1945, p.67
Pablo Picasso 1881-1973, Le génie du siècle, éditions Benedikt Taschen, 1992
23:51 Publié dans CLINS D'OEILS (arts plastiques) | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
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