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25/09/2012

à la PLC ce week-end...

La Petite Librairie des Champs
Sylvie Durbec

BOULBON
Contact : 06 26 41 70 42
durbec.sylvie@orange.fr

 

 

MUSIQUE & POESIE


Marielle Anselmo – Nancy Kouvarakou

Michaël Glück – Nathalie Riera

La Petite Librairie des Champs septembre 2012 069.JPG

22 Septembre et 23 Septembre 2012

 

La Petite Librairie des Champs septembre 2012 065.JPG

Michaël Glück – Nathalie Riera

La Petite Librairie des Champs septembre 2012 066.JPG

 

La Petite Librairie des Champs septembre 2012 063.JPG

Marielle Anselmo – Nancy Kouvarakou

La Petite Librairie des Champs septembre 2012 058.JPG

Sylvie Durbec

 

http://petitelibrairiedeschamps.blogspot

21/09/2012

Jean Tinguely & Niki de Saint-Phalle

JEAN TINGUELY

NIKI DE SAINT-PHALLE

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 Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely3.jpg

[Jean Tinguely/Niki de Saint-Phalle]

 

 

SOURCE PHOTOGRAPHIQUE :

The Red List

 

 

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 [Niki de Saint-Phalle]

 

SOURCE PHOTOGRAPHIQUE :

Galerie Voigt

 

Jean Tinguely_Paris 1957.jpg

[Jean Tinguely]

Paris, 1957

 

 

Construire La Hon (sculpture monumentale)

 

Les Carnets d'Eucharis

 

 

 

 

20/09/2012

Abonnement & souscription à la Revue papier "Les Carnets d'Eucharis" (année 2013)

 

 

 SUSAN SONTAG

                 Virgil Brill

          Bruno Le Bail

  Pierre Alechinsky

                                                2013

 

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                               LOGO EUCHARIS 2013 .jpg

SOUSCRIPTION 

ABONNEMENT

 

 PDF à télécharger :

logo pdf.jpg

SOUSCRIPTION ABONNEMENT LES CARNETS D'EUCHARIS.pdf

 

 

 

 

 

Literature is freedom

(The Friedenspreis acceptance speech of Susan Sontag)

□□□□□□□□□□□□□□□□□□□□□□□

 

Like some Americans and many Europeans, I would far prefer to live in a multilateral world – a world not dominated by any one country (including my own).

 

●●● SUSAN SONTAG

 

Le premier numéro annuel papier sera consacré à l’écrivain, dramaturge, essayiste et critique new-yorkaise Susan Sontag. Je vous souhaite nombreux à soutenir le lancement de cette revue qui entend continuer à promouvoir (autrement que par la toile numérique) les écritures contemporaines et la photographie.

La publication est prévue pour février 2013.

 

 

PDF à télécharger

(ci-dessus)

 


| 2013 | Revue électronique&papier Les Carnets d’Eucharis| (ISSN 2116-5548) |

FRIDA KAHLO

FRIDA KAHLO

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© Site Editions de l'herne

 

 

 le jour des morts.jpg

Le jour des morts

[Francisco G. Haghenbeck]

L’Herne

2012

 

 

Cette biographie romancée de l’artiste mexicaine Frida Kahlo prend comme fil d’Arianne un cahier de recettes culinaires que la peintre gardait toujours par devers elle et qui disparut mystérieusement à l’heure de sa mort.

Il s’agit d’une pièce imaginaire que le romancier mexicain compose, avec un plaisir évident. Chacun des 24 chapitres s’achève sur une ou plusieurs recettes. Quant à la vie de Frida, elle suit dans ses péripéties la célèbre biographie de H. Herrera, à l’origine du film Frida.


Sans la fantasmagorie, et un style qui se prête volontiers aux incursions dans la pensée magique et la mythologie mexicaine, sans les multiples recettes de cuisine, ce titre pourrait être sans surprise, car nous savons déjà tout de cette vie de Frida Kahlo, et par sa belle biographie de Herrera et par le beau film qui en a été tiré ; et aussi par les nombreux articles sur l’artiste.


Mais voilà, on lit ce livre avec intérêt, avec plaisir, et même jubilation. Et pour les plus mordus, on court à sa cuisine, à ses casseroles et on se lance dans la savante et savoureuse alchimie de la hierba santa et de ses sortilèges.

 

Traduit de l'espagnol (Mexique) par Albert Bensoussan.

 

 

17/09/2012

Hindi Zahra - Beautiful Tango |

16/09/2012

Eugenio Montale & Annalisa Cima (traduits par Raymond Farina)

 

HOMMAGE  A  EUGENIO  MONTALE

 

                                         ET ANNALISA  CIMA

 

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© traduits par Raymond Farina

 

 

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Annalisa Cima & Eugenio Montale

[par Carmelo Bene]

 

 

 

EUGENIO MONTALE

Sans coup de théâtre/Senza colpi di scena

 

 

Les saisons

ont presque disparu.

Tout cela n’était qu’un jeu trompeur des Esprits

de l’Ether.

 

Il ne nous est pas possible de vivre

par instants, par à-coups, par échappées

et en escapades longues et brèves.

 

Qu’on soit vivants ou morts, la balançoire

ne pouvait durer plus que l’éternel

le si fugace âge de notre enfance.

 

Voici que commence le cycle de la stagnation.

Les saisons ont fait leurs adieux

sans salamalecs ni cérémonies, lasses

de leur roulement. Nous ne serons plus

tristes ou heureux, oiseaux de l’aube ou de la nuit.

Nous ne saurons même plus

ce qu’est savoir et non savoir, vivre

presque ou pas du tout. C’est vite dit,

pour le reste nous nous en tiendrons au fait.

 

 

Le stagioni

sono quasi scomparse.

Era tutto un inganno degli Spiriti

Dell’Etere.

 

Non si può essere vivi

a momenti, a sussulti,a scappa e fuggi

lunghi o brevi.

 

O si è vivi o si è morti, l’altalena

non poteva durare oltre l’eterna

fugacissima età della puerizia.

 

Ora comincia il ciclo della stagnazione.

Le stagioni si sono accomiatate

senza salamelecchi o cerimonie, stanche

dei loro turni. Non saremo più

tristi o felici, ucelli d’alba o notturni.

Non sapremo nemmeno

che sia sapere e non sapere, vivere

o quasi o nulla affatto. È presto detto,

il resto lo vedremo a cose fatte.

 

 

Poème extrait de “Diario del 71 e del 72”

(Mondadori, Milan, 1973)

 

 

 

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____________

ANALISA CIMA

Le tout et le rien/Il tutto e il nulla

 

 

Il ricane le temps rapace qui sait

combien il est pour nous inutile de croire

en notre étoile, inutile de passer

notre vie à jouir, car s'approche déjà

le jour de la douleur ainsi que de l'absence.

Démence des dieux cruels

qui nous laissèrent sous la coupe

d'un destin si obtus.

Devant la mort de nos amis

devant l'injure et le délire

de celui qui tourmente hommes et malheureux

toutes nos fibres se brisent dans la douleur.

C'est pour cela que j'accuse la vie injuste

qui fait souffrir tout un chacun.

J'accuse celui qui amasse de l'argent

parce que la vie est brève et qu'elle n'est vraie

que si on la vit comme un don.

Je voudrais me confier dans une fraternelle

accolade aux gens, qui comprennent

la signification de la connaissance.

Ainsi, poète et femme je pleure deux fois :

la naissance, la mort avec notre destin

dans les oscillations d'un chant modulé

aux notes qu'on siffle en sourdine.

Oui, les promesses d'un Eden bienheureux

n'étaient pas qu'ignobles mensonges.

Montrez-moi comètes le lieu

où je retrouverai mon oncle bien-aimé,

Colombine et Tita, ainsi que Montale

et Palazzeschi, Marianne et Amanda,

et je mettrai pour les rejoindre des ailes.

 

Où je retrouverai l'amour qui de tout temps

refleurit avec l'oléandre,

le lentisque qui brûle

et embaume, le myrte

qui calme la douleur: oh l'odeur

de la mort qui entoure le monde

et qui tourmente les vivants,

en narguant la naissance, en narguant le destin.

Avec le temps l'amour aussi part en fumée

s'envole comme s'envolent les heures;

ainsi notre cœur vieillit

et avec lui nos sentiments et notre audace.

Condottiera de batailles perdues,

grande idéologue de philosophies

jamais exposées; le monde comprendra-t-il

que n'existe aucune

possibilité de salut ?

La terre finira dévorée par

des vents pestilentiels, les hommes

périront peut-être avec eux, mais leur trace

restera dans ces pierres.

Ici devant les nuraghes,

parfaites constructions mégalithiques,

je revis aujourd'hui une culture antique              

histoires de vie et de mort comme toujours.

M'est donné le pouvoir de retenir ou de

lâcher des œuvres qui pourraient s'éparpiller

mais signifient maintenant vie et amour.

Nous avons supporté hérétiques et saints,

penseurs, transgresseurs et héros,

et l'éternelle créature continue à engendrer

d'autres êtres et joue indifférente avec

les neurones et le destin : l'inconscient.

 

 

Des voiles qui s'ouvrent, des mers qui se ferment.

Le temps dévore tout, mais

restera le souvenir même en un seul

être vivant : que ce soit un homme ou un ver.

Oh mer couleur de l'émeraude

où l'on se regarde avec Thétis et Neptune,

personne n'oubliera tes eaux heureuses,

ni les poissons ni nous qui nous laissions lécher.

Tu es l'ensemble de toutes ces particules

qui vivent dans une éternité bienheureuse,

nous sommes des petits pions de ce jeu,

mais nous deviendrons un jour nous aussi

une partie de ces eaux et de ce tout.

Comme les vers, l'ammoniac, l'énergie,

nous survivrons de trois façons différentes.

Nous pourrons, libérés des offenses du mal,

engendrer des vers indéfiniment,

nourrir les plantes et les semences

et persister comme l'énergie solaire.

Il tourne en rond l'arc du désir.

Et le vent tourbillonne à l'entour

pour nous rappeler le son des violons

et des contrebasses qui accompagnera

notre ultime voyage vers

le rien éternel, qui n'est pas le néant,

parce que le vent lui aussi a un son,

et la mer un son différent,

parce que la solitude est pour l'homme

la plus grande des punitions.

Nous vivrons oui dans le rien, mais unis

dans des enchaînements d'atomes lumineux

dans ce tout et rien qu'est la vie

en contraste avec une vie

qui n'est qu'attente de la mort.

 

 

Ride il tempo predatore che sa

quanto per noi sia inutile sperare

nel buon fato, inutile gioire

nel vivere, perché già s’avvicina

il giorno del dolore e dell’assenza.

Demenza degli dèi crudeli

che ci lasciano in balia

di un destino ottuso.

Per la morte dei nostri amici

per l’ingiustizia e il delirio

di chi perseguita uomini e infelici

si spezza nel dolore ogni fibra.

Perciò accuso il vivere ingiusto

che fa soffrire questi e quelli.

Accuso chi accumula denaro,

Perché la vita è breve ed è vera

solo s’è vissuta come dono.

Vorrei espandermi in un fraterno

abbraccio alla gente, che capisce

il significato della conoscenza.

Così, poeta e donna piango due volte :

nascita, morte e la nostra sorte,

in un alterno canto modulato

di sibilanti e note sommesse.

Sì, le promesse d’un Eden felice

non erano che laide bugie.

Dove ritroverò il nonno amato,

Colombina e Titta, dove Montale

e Palazzeschi, Marianne e Armanda,

indicatelo voi comete il luogo

e metterò l’ali per raggiungerli.

 

 

Dove ritroverò l’amore che da sempre

rifiorisce insieme all’oleandro,

dove il lentischio che brucia

e profuma, dove il mirto

che lenisce il dolore. Oh odore

irridente nascita, irridente destino.

Anche l’amore sfuma con il tempo

Svanisce come svaniscono le ore ;

così il cuore invecchia

e con lui sentimenti e ardire.

Condottiera di battaglie perdute,

grande ideologa di filosofie

mai espresse ; capirà il mondo

che non esiste possibilità

alcuna d’essere salvato ?

Finirà la terra divorata da

maleodoranti venti, gli uomini

forse periranno con lei, ma rimarrà

traccia di loro in queste pietre.

Qui di fronte ai nuraghi,

perfette costruzioni megalitiche,

oggi rivivo una cultura antica

storie di vita e morte come sempre.

A me è dato il poter ricordare

o lasciar scritti che forse spariranno,

ma che ora significano vivere ed amare.

Hanno sofferto eretici e santi,

pensatori, trasgressori ed eroi,

e l’eterno creato continua a generare

altri esseri e gioca indifferente

con neuroni e destini: l’incosciente.

 

 

Veli che s’aprono, mari che si chiudono.

Il tempo divora ogni cosa, ma

rimarrà il ricordo anche in un solo

essere vivente : uomo o verme che sia.

Oh mare dal colore di smeraldo

dove specchiarsi  con Teti e Nettuno,

nessuno dimenticherà le tue acque felici,

né i pesci, né noi che ci lasciamo lambire.

Tu sei l’insieme di tante particelle

viventi in un’eternità felice,

noi siamo piccole pedine del gioco,

ma diverremo un giorno anche noi

parte di queste acque e di questo tutto.

Come vermi, ammoniache, energia,

Sopravviveremo in tre modi diversi.

Potremo liberi dagli insulti del male

generare vermi all’infinito,

alimentare piante e semi

e perdurare come l’energia solare.

Gira in tondo l’arco del desiderio.

E il vento, turbine intorno

per ricordarci il suono dei violini

e contrabbassi che accompagnerà

il nostro ultimo viaggio verso

il nulla eterno, che non è il niente,

perché anche il vento ha un suono,

e il mare un altro suono,

perché la solitudine per l’uomo

è la più grande punizione.

Vivremo sì nel nulla, ma uniti

in catene di atomi lucenti

in quel tutto e nulla che è vita

da contrapporre al vivere

ch’è solo attesa della morte.

 

 

 

Poème extrait de « Il tempo predatore »

in « Di canto in canto »

(Longo Editore, Ravenne, 2007)

 

 

ANNALISA CIMA

Née en 1941 à Milan.

En 1965 elle expose ses œuvres à Venise puis au Brésil, aux USA, en Suisse et au Japon où elle fait la connaissance de Akiro Kurosawa. Puis, à la fin des années 60, elle fait celle de M. Marini,  Max Ernst,  Pablo Picasso,  Jorge Guillen, A. Palazzeschi, Giuseppe Ungaretti, Ezra Pound.

Elle rencontre, en 1968, Eugenio Montale à l’œuvre duquel elle consacrera plus tard de nombreux essais (Eugenio Montale, via Bigli, Milano, Milan, Scheiwiller, 1968 ;  Incontro Montale, Milan, Scheiwiller, 1973; Le reazioni di Montale ,in Profilo di un autore : Eugenio Montale, Milan, Rizzoli, 1977). Elle est actuellement présidente de la Fondation Schlesinger de Lugano.

Parmi ses nombreuses recueils figurent notamment Terzo Modo ( Milan, Scheiwiller, 1969 ), La genesi e altre poesie (Milan, Scheiwiller,1971), Immobilita (Milan, Scheiwiller,1974), Sesamon (Milan, Guanda,1977), Ipotesi d’amore (Milan,  Garzanti,1984), Aegri somnia somnia (Stamperia Valdonega, Vérone, 1989), Eros e il tempo ( Stamperia Valdonega,Vérone 1993 ), Quattro Canti (Stamperia Valdonega, Vérone, 1993), Il tempo predatore, avec des dessins inédits d‘Eugenio Montale ( Milan, Scheiwiller, 1997 ), Manifesto dell’oblio (Pulcino-Elefante, 2001),Rivive (Pulcinoelefante, 2004), Un canto per Cordelia (Josef Weiss Editore, 2007), Di canto in canto (Longo Editore, 2007).

Auteure d’essais sur Marianne Moore, Ungaretti, Palazzeschi, Guillén et Pound, elle a aussi traduit des poèmes de Paul Celan et Emily Dickinson.

Ses oeuvres ont été traduites en chinois, en français, en anglais, en portugais, en espagnol, en japonais, en allemand.

 

 

■ SITE www.annalisacima.com

ANNALISA CIMA

Le muse convergenti

 

 

 

Dossier publié avec l’aimable permission d’Annalisa Cima, Présidente de la Fondation Schlesinger.

Theodor Roethke par Raymond Farina

 

THEODOR  ROETHKE

Poète américain

(1908-1963)

 

Theodor Roethke.jpg

 

 

 

"Sur le poète et son œuvre"

Theodor Roethke

 

Un poète américain se présente et présente son œuvre

 

 

Comme chacun sait l'Amérique est un continent, mais peu d'Européens connaissent, dans leur diversité et leur variété, les régions de ce pays. La vallée Saginan, où je suis né, a été la région où l'on a le plus exploité le bois aux alentours de 1880. C'est une région très plate et très fertile du Michigan, dont les villes principales, Saginan et Flint, se trouvent à l'extrémité nord de ce qui est à présent la principale région industrielle des Etats-Unis.

C'est dans cette région, qu'en 1870, mon grand-père arriva de Prusse où il avait été forestier en chef de Bismarck. Ses fils et lui ont crée et exploité quelques serres qui devinrent les plus importantes de cette partie des Etats-Unis.

C'était un merveilleux endroit où grandir pour un enfant. Il n'y avait pas seulement vingt cinq acres en ville, principalement sous serre et cultivées intensivement mais, plus loin dans la campagne, la dernière parcelle de bois vierge de la vallée Saginan et, plus loin, une vaste zone d'exploitation forestière laissée l'abandon, dont les arbres repoussaient pour la première fois, que mon père et mon oncle avaient transformé en petit terrain de jeu.

Enfant, alors, j'avais plusieurs mondes où vivre que je ressentais comme miens. J'aimais particulièrement un coin marécageux du sanctuaire où les hérons nichaient toujours. J'ai utilisé un de mes souvenirs les plus anciens dans un poème que je leur ai consacré (...)

J'ai essayé d'indiquer dans mon second livre "The lost son and other poems", publié en Angleterre en 1941, ce que représentaient pour moi les serres.

Elles représentaient pour moi, je m'en rends compte aujourd'hui, à la fois le paradis et l'enfer, une sorte de tropiques créés dans le climat sauvage du Michigan, où d'austères américains d'origine allemande transformaient leur amour de l'ordre et leur terrible efficacité en quelque chose de vraiment beau.

C'était un univers -plusieurs mondes- à propos duquel, même enfant, on s'inquiétait, et qui luttait pour rester en vie, comme dans le poème "Big wind" (...)

Dans ces premiers poèmes j'avais commencé, comme un enfant, avec de petites choses, et j'avais essayé de ne m'exprimer qu'en utilisant des mots simples. Un peu plus tard, en 1945, j'ai commencé une suite  de poèmes plus longs qui tentent, par leur rythme, de saisir le mouvement même de l'esprit, de suivre l'histoire spirituelle d'un protagoniste (pas "moi" personnellement mais tout homme hanté et harcelé), qui cherchent à faire de ce mouvement un ensemble réel et non arbitrairement ordonné,  autorisant toute une gamme de sentiments incluant l'humour.

Comment créer une réalité, une vraisemblance, le  "comme si"  de l'enfant , dans la langue qu'un enfant utiliserait, c'était pour moi extrêmement difficile. Par exemple le second poème "I need, I need" s'ouvre par une imagerie très orale, par le monde de l'enfant qui suce et lèche. Puis on glisse vers un passage où deux enfants sautent à la corde. On ne dit pas au lecteur que les enfants sautent à la corde, mais celui-ci les entend simplement  tous les deux  se réciter, tour  à  tour, des comptines l'un à l'autre; puis cette expectative mitigée et cette agressivité se changent  dans le passage suivant  en un sentiment d’amour, vaguement ressenti, mais net, chez l'un des enfants (...)

Dans les poèmes suivants  nous entendons le jeune adolescent, encore à demi enfant, puis le jeune homme se vanter et miauler; et on finit par des passages plus difficiles dans lesquels l'esprit, soumis à  une grande tension, erre loin dans le subconscient,  pour émerger  plus tard  dans la "lumière" de passages plus sereins ou euphoriques au terme de chaque phase d'expérience.

Parfois, bien sûr, il y a régression. Je crois que l'être spirituel doit revenir en arrière pour pouvoir avancer. La voie est cyclique, et parfois on la perd, mais on la retrouve invariablement. Quelques uns des artifices techniques caractéristiques de ce mouvement - la métaphore glissant rapidement, le questionnement rhétorique et d'autres semblables - réapparaissent dans des poèmes plus formels achevés récemment, "Four for Sir John Davies" qui sont, entre autres choses, un hommage à l'auteur élisabéthain de "Orchestra" et à feu W.B. Yeats.

                                            

 Extrait de « ON THE POET AND HIS CRAFT »

                                                University of Washington Press, 1965

 

 

 

Choix de poèmes

Traduits par Raymond Farina

 

 

 

 

LES FOLIES D’ADAM

 

 

 

 

 

1

 

Viens me lire Euripide,

Ou quelque rustre ancien capable

De rappeler ce que c’était

Que sortir de sa peau.

Des choses me parlent, c’est sûr ;

Mais pourquoi rester à gémir ici,

Sans être même à bout de souffle ?

 

 

 

 

 

2

 

Que sont le sceptre et la couronne ?

Rien de plus que ce que soulève

La tige nue : la rose

Jaillit vers cette jeune fille ;

Le terrestre demeure en elle ;

Une épine dans le vent pousse,

Calme devant ce qui s’écoule.

 

 

 

 

 

3

 

Je parlerais à une racine rabougrie ;

Ah, qu’elle riait de me voir

Regarder fixement en avant de mon pied,

Un orteil dans l’éternité ;

Mais quand répondait la racine,

Elle frissonnait dans sa peau,

Et regardait au loin.

 

 

 

 

 

4

 

Père et fils de cette mort,

L’esprit meurt chaque nuit ;

Dans le blanc vaste, les espaces

Connus du jour commun,

Quel aigle exige un arbre ?

La chair engendre un rêve ;

Tout os vrai chante seul.

 

 

 

 

 

THE  FOLLIES OF  ADAM

 

 

 

1

 

Read me Euripides,

Or some old lout who can

Remember what it was

To jump out of his skin.

Things speak to me, I swear;

But why am I groaning here,

Not even out of breath?

 

 

 

 

 

2

 

What are scepter and crown?

No more than what is raised

By a naked stem:

The rose leaps to this girl;

The earthly lives in her;

A thorn does well in the wind,

At ease with all that flows.

 

 

 

 

 

3

 

I talked to a shrunken root;

Ah, how she laughed to see

Me staring past my foot,

One toe in eternity;

But when the root replied,

She shivered in her skin,

And looked away.

 

 

 

 

 

4

 

Father and son of this death,

The soul dies every night;

 in the wide white, the known 

Reaches of common day,

What eagle needs a tree?

The flesh fathers a dream;

All true bones sing alone.

 

        

 

 

 

 

 

LE MOUVEMENT

 

 

 

 

 

L’âme a des mouvements divers, mais le corps n’en a qu’un.

Un vieux papillon, lacéré par le vent, se posa,

Battit des ailes sur la poussière du sol –

Se déployant ainsi l’esprit n’est pas bruyant.

Le désir seulement vivifie notre esprit,

Et nous nous affligeons dans la certitude d’aimer.

 

 

 

 

 

2

 

De l’amour naît l’amour. Ce tourment est ma joie.

J’observe une rivière : elle serpente au loin ;

Pour rencontrer le monde, en mon âme je monte ;

Et ce cri que j’entends je le laisse sur le vent.

Ce que nous déposons devons-nous le reprendre ?

J’ose un embrassement. Avançant, je demeure.

 

 

 

 

 

3

 

Qui d’autre que l’aimé sait l’élan de l’amour ?

Qui donc est assez vieux pour vivre ? Une chose de terre

Sachant combien toute chose change dans la semence

Avant qu’elle ait atteint l’ultime certitude,

Cet espace au-delà de la mort, cet acte d’amour

Auquel tout être participe, et doit la vie.

 

 

 

 

 

4

 

Des ailes déplumées qui crissent au soleil,

Sur une pierre sans soleil la danse de la crasse épaisse

Le jour et la nuit de Dieu : sous cet espace Lui souriait,

L’espoir a son silence et nous allons dans son jour vaste, -

O qui emprunterait à l’enfant son regard ? –

Oh, mouvement oh, notre chance est d’exister encore !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

THE  MOTION

 

 

 

 

 

1

 

The soul has many motions, body one.

And old wind-tattered butterfly flew down

And pulsed its wings upon the dusty ground-

Such stretchings of the spirit make no sound.

By lust alone we keep the mind alive,

And grieve into the certainty of love.

 

 

 

 

 

2

 

Love begets love. This torment is my joy.

I watch a river wind itself away;

To meet the world, I rise up in my mind;

I hear a cry and lose it on the wind.

What we put down, must we take up again?

I dare embrace. By striding, I remain.

 

 

 



 

3

 

Who but the loved know love’s a faring-forth?

Who’s old enough to live?-a thing of earth

Knowing how all things alter in the seed

Until they reach this final certitude,

This reach beyond this death, this act of love

In which all creatures share, and thereby live,

 

 

 

 

 

4

 

Wings without feathers creaking in the sun,

The close dirt dancing on a sunless stone

God’s night and day: down this space He has smiled,

Hope has its hush: we move through its broad day,-

O who would take the vision from the child?-

O, motion O, our chance is still to be!

 

 

 

 

 

 

 

DANS L’AIR DU SOIR

 

 

 

 

 

1

 

Un mode grave me saisit ici,

Bien que l’été flamboie dans l’œil du viréon.

Qui pourrait n’être possédé

Qu’à moitié par sa nudité ?

De veille est mon souci –

Je créerai ma musique brisée, ou mourrai.

 

 

 

2

 

Petits, rapprochez-vous !

Fais-moi, Seigneur, ultime, simple chose 

Que le temps ne peut accabler 

Un jour j’ai transcendé le temps :

D’un  bouton éclaté une rose jaillit,

Et moi je jaillis d’un dernier decrescendo.

 

 

 

3

 

Je regarde au-dessous la lumière lointaine

Et je contemple la face sombre d’un arbre

Au fond d’une plaine ondoyante,

Et quand de nouveau je regarde,

Elle s’est perdue sur la nuit –

Nuit que j’embrasse, tendre proximité.

 

 

 

4

 

Je suis près d’un feu bas

Comptant les mèches de la flamme, et je remarque

Comme est changeante la lumière sur le mur.

J’ordonne au calme d’être calme.

Je vois, dans l’air du soir,

Comme est lente la nuit qui descend sur nos actes.

 

 

 

 

 

 

 

IN  EVENING  AIR


1
A dark theme keeps me here,
Though summer blazes in the vireo's eye.
Who would be half possessed
By his own nakedness?
Waking's my care --
I'll make a broken music, or I'll die.

2
Ye littles, lie more close!
Make me, O Lord, a last, a simple thing
Time cannot overwhelm.
Once I transcended time :
A bud broke to a rose,
And I rose from a last diminishing.

3
I look down the far light
And I behold the dark side of a tree
Far down a billowing plain,
And when I look again,
It's lost upon the night --
Night I embrace, a dear proximity.

4
I stand by a low fire
Counting the wisps of flame, and I watch how
Light shifts upon the wall.
I bid stillness be still.
I see, in evening air,
How slowly dark comes down on what we do.

 

 

 

 

 

 

 

DANS UN SOMBRE MOMENT

 

 

 

 

 

Dans un sombre moment, mon œil commence à voir,

Je rencontre mon ombre au plus profond de l’ombre ;

J’écoute mon écho dans l’écho de ce bois –

Seigneur de la nature pleurant la mort d’un arbre.

Je vis entre le troglodyte et le héron,

Les bêtes des collines et les serpents des grottes.

 

 

 

Qu’est la folie sinon la noblesse de l’âme

Brouillée avec les circonstances ? Le jour brûle !

Je sais la pureté du plus pur désespoir,

Mon ombre épinglée sur un mur tout suintant.

Ce lieu dans les rochers – est-ce bien une grotte ?

Un sentier sinueux ? La marge est mon domaine.

 

 

 

Tenace une tempête de correspondances !

Un flot d’oiseaux la nuit, une lune en lambeaux,

Et dans le vaste jour le retour de minuit !

Un homme s’en va loin découvrir ce qu’il est –

Le moi qui meurt au fond d’une longue nuit sans larmes,

La nature s’embrasant d’un feu non-naturel.

 

 

 

Sombre, sombre mon jour, plus sombre mon désir.

Mouche d’été qu’affole la chaleur, mon âme

Bourdonne sur le seuil. Lequel de mes moi suis-je ?

Homme tombé, je me redresse hors de ma peur.

L’esprit entre en lui-même, et Dieu entre en l’esprit,

Alors un devient l’Un, libre au vent qui déchire.

 

 

 

 

 

 

 

IN A DARK TIME

 

 

 

 

 

In a dark time, the eye begins to see,
I meet my shadow in the deepening shade;
I hear my echo in the echoing wood--
A lord of nature weeping to a tree,
I live between the heron and the wren,
Beasts of the hill and serpents of the den.

 

What's madness but nobility of soul
At odds with circumstance? The day's on fire!
I know the purity of pure despair,
My shadow pinned against a sweating wall,
That place among the rocks--is it a cave,
Or winding path? The edge is what I have.

 

A steady storm of correspondences!
A night flowing with birds, a ragged moon,
And in broad day the midnight come again!
A man goes far to find out what he is--
Death of the self in a long, tearless night,
All natural shapes blazing unnatural light.

 

Dark, dark my light, and darker my desire.
My soul, like some heat-maddened summer fly,
Keeps buzzing at the sill. Which I is I?
A fallen man, I climb out of my fear.
The mind enters itself, and God the mind,
And one is One, free in the tearing wind.

 

 

 

 

 

 

 

UNE FOIS DE PLUS, LE CERCLE

 

 

 

 

 

Qu’est-ce qui est le plus grand, l’étang ou le caillou ?

Qu’est-il possible de connaître ? l’inconnu.

Mon vrai moi file vers une colline

Plus ! O plus visible.

 

 

 

Maintenant j’adore ma vie

Avec l’Oiseau, la Feuille persistante,

Avec le Poisson, l’Escargot qui furète,

Et l’œil qui change tout ;

Et je danse avec William Blake

Par amour, par amour de l’Amour ;

 

 

 

Et tout s’achemine vers l’Un,

Tandis que nous dansons encore, encore, encore.

 

 

 

 

 

 

 

ONCE MORE, THE ROUND

 

 

 

 

 

What's greater, Pebble or Pond?

What can be known? The Unknown.

My true self runs toward a Hill

More! O More! visible.

 

 

 

Now I adore my life

With the Bird, the abiding Leaf,

With the Fish, the questing Snail,

And the Eye altering All;

And I dance with William Blake

For love, for Love's sake;

 

 

 

And everything comes to One,

As we dance on, dance on, dance on.

 

 

 

 

 

 

 

J’ATTENDAIS

 

 

 

 

 

J'attendais que le vent émeuve la poussière;

Mais aucun vent ne vint.

Je semblais manger l'air.

Les insectes bruissant nivelaient l'air du pré.

Je surplombais, lourd et massif, le champ.

 

 

 

C'était comme si j'essayais de marcher dans le foin,

De m'enfoncer dans la moisson, à chaque pas un peu plus loin,

Ou je flottais à la surface d'un étang,

Longues lentes ondulations clignotant dans mes yeux.

Je voyais à travers l'eau toutes sortes de choses, agrandies,

Miroitantes. Le soleil brûlait à travers une brume légère.

Et moi je devenais tout ce que je voyais.

J'éblouissais dans une éblouissante pierre.

 

 

 

Alors un âne se mit à braire. Un lézard me fila sous le pied.

Lentement je revins vers la route poudreuse;

Il me semblait, quand je marchais, que je m'ensablais.

J'avançais comme un animal lassé de la chaleur.

J'allais sans me retourner. J'avais peur.

 

 

 

Le chemin se faisait plus raide entre les murs de pierre,

Puis se perdait au fond d'une gorge rocheuse.

Un sentier menait à un petit plateau.

En bas, claire, la mer, les vagues régulières,

Et tous les vents venaient vers moi. (J'étais heureux.)

 

 

 

 

 

 

 

I WAITED

 

 

 

 

 

I waited for the wind to move the dust;

But no wind came.

I seemed to eat the air;

The meadow insects made a level noise.

I rose, a heavy bulk, above the field.

It was as if I tried to walk in hay,

Deep in the mow, and each step deeper down,

Or floated on the surface of a pond,

The slow long ripples winking in my eyes.

I saw all things through water magnified,

 

And shimmering. The sun burned through a haze,

And I became all that I looked upon.

I dazzled in the dazzle of a stone.

And then a jackass brayed. A lizard leaped my foot.

Slowly I came back to the dusty road;

And when I walked, my feet seemed deep in sand.

I moved like some heat-weary animal.

I went, not looking back. [I was afraid.]

The way grew steeper between stony walls,

Then lost itself down through a rocky gorge.

A donkey path led to a small plateau.

Below, the bright sea was, the level waves,

And all the winds came toward me. [I was glad.]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

RÉGÉNÉRÉ

 

 

 

 

 

Dans une main comme une coupe

Mon âme à moi dansait,

Petite comme une elfe,

A côté d'elle-même.

 

 

 

Quand elle pensait je pensais 

Elle tombait comme blessée par une balle.

"Je n'ai qu'une aile", disait-elle,

"L'autre est morte",

 

 

 

"Mutilée, je ne peux voler,

Je suis comme mourir",

Criait l'âme

Depuis ma main comme une coupe.

 

 

 

Quand je fulminais, quand je me plaignais,

Et que ma raison faiblissait,

A cette chose délicate

Il poussait une aile nouvelle,

 

 

 

Et elle dansait, au milieu du jour,

Sur la poussière chaude d'une pierre,

Dans le point fixe de la lumière

De mon dernier minuit.

 

 

 

 

 

 

 

THE  RESTORED

 

 

 

 

 

In a hand like a bow !

Danced my own soul,

Small as an elf,

All by itself.

 

 

 

When she thought I thought

She dropped as if shot.

“I’ve only one wing.”she said,

“The other’s gone dead.”

 

 

 

“I’m maimed; I can’t fly;

I’m like to die.”

Cried the soul

From my hand like a bowl.

 

 

 

When I raged, when I wailed,

And my reason failed,

That delicate thing

Grew back a new wing.

 

 

 

And danced, at high noon,

On a hot, dusty stone.

In the still point of light

Of my last midnight.

 

 

 

 

 

 

 

                                                     Traduction de Raymond Farina

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Poèmes extraits de “The Collected Poems of Theodore Roethke”,

The Anchor Book edition, New York, 1975, pages 231, 232, 235,

239, 241, 243,254.

 

Traduction publiée avec l’aimable autorisation de la revue « Arpa »

qui l’a accueillie dans son numéro 59 de l’année 1996.

 

 


 

Theodor  Roethke est né à Saginaw, dans le Michigan, en 1908. Il fait ses études à l’Université du Michigan et à celle d’Harvard. Il commence sa carrière au Lafayette Collège, avant d’enseigner, en 1935, au Michigan College. C’est au cours de cette année qu’il commence à souffrir d’une psychose maniaco-dépressive. De 1936 à 1943,  il obtient un poste à l’Université de Pennsylvanie. C’est une période féconde, marquée par la publication de ses poèmes dans des revues prestigieuses comme Poetry, The  New Republic, The Sewanee Review, the Saturday Review et par celle de son premier recueil Open House qui reçoit un accueil favorable de la critique. Nommé ensuite au Bennington College puis, à partir de 1947, à l’Université de Washington. Il épouse, en 1953, Beatrice O’Connell, une ancienne étudiante. Tous deux passent le printemps à Ischia, en Italie, dans la villa d’Auden. Puis au cours des années 55 et 56, ils voyagent à travers l’Europe, notamment en Angleterre et en Italie.

Parmi ses recueils figurent : The Lost Son and Other Poems (1948), The Long and Twisty Road (1950), The Waking  pour lequel il obtient le Pulitzer, The Far Field dont son épouse assurera la publication posthume.

Outre le Pulitzer Price, il a reçu le Bollingen et deux National Book Award.

Il est mort en 1963 à l’île de Bainbridge, dans l’Etat de Washington.

 

 

13/09/2012

Gilbert Bourson

 

GILBERT BOURSON

 ---------------------------------

© Site Le Chasseur Abstrait

 

 Gilbert Bourson.jpg

 

 

EXTRAITS

Parking blanc

 

 

■ Sur le site Le Chasseur Abstrait (Patrick Cintas)

http://www.lechasseurabstrait.com/chasseur/spip.php?page=ouvrages&auteur=Gilbert BOURSON

 

 

 

 


                                    

 

 

Gilbert Bourson, Parking blanc

Le Chasseur Abstrait Editeur, 2012

         

                               

(IL N’Y A PAS D’ETOILES)

 

[…]

 

 

 

 

**

 

Le poème est action disiez-vous au colloque des arbres

avec l’accent aigu du blé sur les ongles

les machines tapent le champ pour vos yeux

qui tâtonnent avec leur canne cherchant corps

ici disparus dans la vue qui écrit

les arbres la contrée le champ qui prennent langue

la civière de la rivière et le lavoir

des voix à genoux à vos pieds où vous êtes

mâchant l’hiéroglyphe d’une herbe qui marque

la page du livre de ce paysage

qui n’est que ce lieu précis où vous passez

et que vous découvrez comme je pense à vous

comme je pense à ce village entre vos coudes

et le tracteur de vos paroles que je bois.

 

-------------------------  (p. 18)

 

 

La blancheur du froid a peint le paysage

avec les allées et les arbres pliés sous ton regard

dans le silence bas

 

les feuilles des vitres sont pleines d’écriture

en trombe sur l’air- et les chemins

 

se sont mis en route et s’attendent passer

 

je t’attends

 

et je vois ton profil secourir le silence

avec ce coudoiement touffu de clair-obscur.

 

 

-------------------------  (p. 23)

 

Le Chasseur abstrait

Autres extraits de PARKING BLANC.pdf


Jacques Audiberti

Hommage à Jacques Audiberti

(1899-1965)

 

 

 

 Jacques AUDIBERTI.jpg

 

© Photo : Source Internet

(JACQUES AUDIBERTI)

http://www.audiberti.com/

 

 

 

 

 

 

«Des tonnes de semence»

Extraits Poésie/Gallimard, 1999

________________________________________________________

 

FINIT L’ANGOISSE…

LOZÈRE


La raison hercynique où le temps nous commence

décapita les monts poussés d’avril d’avant.

Sans cesser d’émerger tout s’aplatit. Le vent

attentif redouta l’immense de l’immense.

 

Je le vis qui balance aux perrons de son nid

devant le piège nu des longueurs décloîtrées

et qui palpe d’abord, formules des contrées,

les tourelles de brume aux nappes de granit.

 

Il s’élança, plus tard, pour qu’il fauche et qu’il sème,

hors des faces du nul dont il tendait le cri.
le rocher, ciel second du ciel qui ne sourit,

frissonna comme un torse au tranchant du système.

 

Et le vent, et le roc, et le ciel, et ces noirs

sapins qui vont filant, comme leurs brus les plantes,

l’inerte éternité des époques volantes,

entamèrent la ronde à l’angle des renards.

 

Chaque jour possédait le jour qui l’achemine

mais succombait en masse au même qui le suit.

Solaire fenaison, n’importe quelle nuit

ne s’écartait de toute, où la bête rumine.

 

L’âge croyait dormir, ressort des absolus,

groupé dans l’épaisseur des mornes carapaces,

pèlerin, cependant, vers ses propres espaces

et vers l’horrible honneur des bonds où je me plus. 

 

La vipère pondait sous les bombes de lave.

La gluante belette épouvantait gratis.

La moelle truquait l’os en faveur du métis.

L’oiseau gelé tintait comme un anneau d’esclave.

 

L’épi croissait dès lors que, souffle ! tu te fuis,

et que l’onde ruisselle et qu’enfin se décore

de velours caressant où ne bougent encore

que les loups membraneux la courbure des puys.

 

L’exécrable grêlon d’un corridor aveugle

émane, et se répand, mot de l’orgueil qui vient.

La mousse pénétrée et le schiste bovin

forment le dieu cornu qui se lève et qui beugle.

 

Il épouse la nymphe où rouit le brochet.
Elle lui sert la voix d’une source commune.

Leur opaque conflit fait que tremble la dune.

Et le vautour flaira le monstre qui marchait.

 

[…]

 

 

  [p.63]

-------------------------

.

 FINIT L’ANGOISSE…

LATVIA

 

Ne mugit pas la mer comme cent mille vaches

grosses de casques de bison frappant des gâches

pour un tonnerre bas qui nous répute frits

quand nous accourt le large étroitement épris

de supplanter à sublimités monotones

le calcaire gradin de nos terres lettones,

leurs tourtes de fumier, leurs fleuves de sapins.

Marchands d’hymnes, fermiers par le givre repeints,

lesteurs portant leur nuque écrite de losanges

par le vent, juifs taillés dans le kyste des anges,

ou bien ce cheval rose avec un museau bleu

qui broute la limaille et songe au fils de Dieu,

nous gueulâmes de peur dès qu’un parfait silence

d’ange inaperçus que leur fougue balance

débuta vers Riga, vers le rivage… Sans

aussitôt décharger ses carrosses puissants

sur la ville qui tremble au cerceau d’une baille

la mer montait ainsi qu’une gueule qui bâille

ou comme une forêt lève en trois cent six ans,

tous ensemble un soupir au prix de nos présents.

 

Matière de cristal dont l’éminence appelle

d’un cotre chaviré la navale chapelle,

la mouvante donnée allait, que ne retint

nul mot, nous liquider avec notre pantin

de hangars, de tombeaux, de butoirs, d’hypogées.

Les falaises de l’onde insondable allongées

des tonnes de faiblesse et de lieu transparent

où colossal subvient le fusible parent

dont la planche du monde organise le rêve

détruisent la grandeur et bâtissent la trêve.

Devant nous jusqu’où donc la mer tenait debout ?

 

Non pas face du sphinx, odeur du caribou

ni la page plaquant les étages du livre

mais présence au-delà du plan qu’elle délivre,

mais somnambule à vif qui pend sur la cité,

elle n’abrogeait rien de son opacité.

De sens incommutés qu’exalte et que caresse

tant de nomade humeur chez l’antique paresse

des lois dont le soleil nous cacha les raisons

nous saisissons ce bloc de pâles horizons

l’un sur l’autre campés pour le poids magnétique

qui groupe et qui retient  aux pieds de la Baltique

notre peuple enrichi par l’avril de la mort.

 

Nul ne songeait à fuir ces prodiges du nord

vers le carré d’herbe ou de route où le dilue

bientôt l’écroulement de la masse goulue

qui ses dents mènera jusqu’aux acres du Don.

 

La paupière drissée et tendu d’espadon

et le poil des poignets qui flambe, nous, les types,

nous préférions, brusquant nos moitiés et nos pipes,

presque oiseaux moyennant la vigueur du désir

abject, sur nous cette eau qui, rocher de plaisir,

parachève le meurtre en souffrant qu’elle hésite

et s’enfle à retenir la finale visite.

 

[…]

 

Inévitable, ainsi, la mer, où les vapeurs

montent au pôle avec de la barbe à l’amure,

où l’albatros discerne une noire ramure

de fleuves poursuivis, ressource des salmons,

l’image où nous planons lorsque nous n’écumons,

où la pose paisible au drapé de septembre

porte un soleil de cire au bout d’un cierge d’ambre,

où le vent dégourdit sur son bancal bourru

la moulure des bricks, le jupon de la bru

et l’ardente rousseur des signes et du phare,

l’étrangère qui file un sol qu’elle sépare,

la nonne ou le pêcheur s’étonne de pêcher,

l’étale frondaison d’un profil de pêcher

derrière quoi bondit, empanaché de neige

et d’érable, l’élan rosi de la Norvège,

l’huile de lis, la nue où le maître des blés

ordonne un pur tissu de désastres câblés,

la voisine introduite aux jargons de l’aïeule,

la longue vie au loin tournant comme une meule,

moulant son propre grain sans arrêt rentoilé,

la mer capricieuse étoffait le délai

du perpendiculaire et sinistre baptême.

 

[…]

 

De nous et de la mer qui donc était la mer ?

 

Nous cherchions, à travers le voile à peine amer,

les noyés déglingués sous un trépied de franges,

mes oursins, fabuleux soupirants des oranges,

des vaisseaux du passé la dentelle de bois

où voyage, en velours, le bel astre, parfois,

d’une pieuvre où la roue avec l’astre compose

et, pareilles leurs dents à celles d’une rose,

les poissons dont les flancs étincellent d’amour.

 

La mer n’hébergeait rien qu’une espèce de jour.

 

D’argent comme aux blasons ou comme la syllabe
qui l’enferme, répudiés le thon, le crabe,

le malarmat poilu, le silure crêté,

prompte à se compléter de sainte rareté

dont l’intime bouquet la prouve et l’apprivoise,

elle faucha sur soi la myrte et la framboise,

gravit légèrement son fantôme d’éther,

de sa lisse clôture au sourire de fer

investit sa vacance, épuisa sa nuit pleine,

montagne se promut sans se déprendre plaine

et, peignant au rayon de son sexe jamais

son urne éviscérée et franche de fumets,

exaspère d’oubli les piliers d’une attente.

 

[…]

 

  [p. 68/77]

-------------------------

 

ET LA MORT…

C.P.

 

[…]

 

si je demeure doux sans douceur véritable…

ô passion de l’homme aux mains de ses enfants…

Avant ce soir, je gémirai sous mon cartable…

femelle, ô garce nue et ta langue qui fend…

 

le myrte dans le mufle et la croix dans les membres

qui fend mon cœur de vie et mon poumon de chair

et le regard peuplé de livres et de chambres…

fille divine ici commère de l’enfer !...

 

On me mordra, douceur ! dans ce monde qui tremble

toi qui lèves si haut ta jambe aux justes bas…

enfin de voir trembler quelqu’un qui lui ressemble

que je vois que te peuple un gouffre de sabbats !...

 

Reviens, douceur ! avec ta minceur qui vaut seize…

ô jument ricanante, ô reine des poisons…

tes colliers de sainfoin et de paille de chaise…

femelle, ô garce nue et tes âpres toisons…

 

tes souliers de fontaine et tes cils de pervenche…

ô malédiction mystique d’être moi !...

et cette insanité qui fait que je me penche…

ô rage de chercher les éviers de la loi !...

 

encore sur la glaise, où, terrible, tu daignes…

la bonté de la loi, la douceur de la loi…

encore sur cette herbe où je sue, où je saigne…

la douceur d’une face aussi belle que toi…

 

encor sur ces cailloux moins froids que ma main gauche,

plus belle qu’elle-même et que notre douleur…

sur cette fleur soumise à ce fer qui me fauche…

plus belle qu’une fleur, moins belle qu’une fleur.

 

                   [p.92/95]

-------------------------

 

 

 Jacques Audiberti logo.jpg

 

Autres sites à consulter

Site © Association des Amis de Jacques Audiberti, 2011

http://www.audiberti.com/

 

 

 

 

 

THE BLACK HERALD N°3 - Septembre 2012

 

REVUE

 

 

 

 

 THE BLACK HERALD 3.jpg

 The Black Herald

Issue #3 - Septembre 2012

Literary magazine – Revue de littérature

90 pages - 15€ / £13 / $19 - ISBN 978-2-919582-04-4

Poetry, short fiction, prose, essays, translations.

Poésie, fiction courte, prose, essais, traductions.

 

With / avec W.S. Graham, Gregory Corso, Andrew Fentham, Louis Calaferte, Iain Britton, Jos Roy, Tristan Corbière, Michael Lee Rattigan, Clayton Eshleman, Denis Buican, John Taylor, César Vallejo, Anne-Sylvie Homassel, Cécile Lombard, Gary J. Shipley, Rosemary Lloyd, Bernard Bourrit, Mylène Catel, Nicolas Cavaillès, Ernest Delahaye, Sébastien Doubinsky, Gerburg Garmann, Michel Gerbal, Allan Graubard, Sadie Hoagland, James Joyce, João Melo, Andrew O’Donnell, Kirby Olson, Devin Horan, Dominique Quélen, Nathalie Riera, Paul B. Roth, Alexandra Sashe, Will Stone, Anthony Seidman, Ingrid Soren, August Stramm, Pierre Troullier, Romain Verger, Anthony Vivis, Elisabeth Willenz, Mark Wilson, Paul Stubbs, Blandine Longre et des essais sur / and essays about Charles Baudelaire, Francis Bacon. Images: Ágnes Cserháti, Olivier Longre, Will Stone, Devin Horan. Design: Sandrine Duvillier.

 

 

 

The Black Herald

is edited by Paul Stubbs and Blandine Longre

Comité de rédaction : Paul Stubbs et Blandine Longre

 

 

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Galerie Le Réalgar - Dominique Albertelli

 

Galerie Le Réalgar
Contact: Daniel Damart 0687602234
Adresse: 23 rue Blanqui, 42000 Saint Étienne
lerealgar@gmail.com

 

 

 

LA VIE EN DOUCE
Œuvres de Dominique Albertelli

Du 15 Septembre au 19 Octobre 2012

Vernissage le 15 Septembre à partir de 18h

 

quelque chose, rouge.jpg

 

 

http://www.lerealgar.com/

 

"Quelque chose, rouge."

Un texte de Laurent Cachard

illustré des reproductions des peintures de Dominique Albertelli
(Ouvrage de la collection "1 et 1" des Éditions le Réalgar en vente à la Galerie au prix de 4€)

 






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04/09/2012

Katherine Mansfield

 

Katherine

Mansfield

Villa Pauline et autres poèmes

Traduction et préface de Philippe Blanchon

Katherine-Mansfield.jpg

 

Site Editions la Nerthe/ http://librairielanerthe.blogspot.fr/

 

 

Le recueil s’ouvre sur des vers de jeunesse, écrits entre 21 et 23 ans et se clôt sur les derniers écrits alors qu’elle avait entre 29 et 31 ans. Dix ans donc entre les premiers et les derniers.

Dans les premiers poèmes elle restitue les approximations du langage enfantin. Cette enfance passée près de son frère revient de façon obsessionnelle : son ultime poème est inspiré encore par un souvenir avec son frère.

Les poèmes de la Ville Pauline sont centraux tant biographiquement que dans l’usage que Mansfield fait de l’art des vers. Ils forment un ensemble nous donnant à lire les mouvements émotionnels de Katherine lors de son premier séjour sur la Côte d’Azur : les retrouvailles avec Murry et sa perception de la nature.

Ces poèmes montrent une grande liberté, tant sur le plan métrique que par ses thèmes. La grande nouvelliste nous offre des récits en vers brefs ou non, elliptiques ou paraboliques, où sa tendresse comme son humour trouvent à s’exprimer.
Plus elle gagne en maturité plus elle donne vie à chaque être et à chaque élément naturel rentrant dans le poème. Elle est sans cesse au bord d’un abîme tout en étant au cœur du monde. Sa perception aigüe anime ses vers qui trouvent leur plein aboutissement en leur aspiration réconciliatrice. Mansfield oscille, d’un sentiment à l’autre. Elle fait fusionner son imagination en éveil depuis l’enfance et ses expériences de femme.

Les deux tiers de ces poèmes sont inédits en français.

 

 

Katherine Mansfield.jpg

 

Parution : 22/10/2012
ISBN : 9782916862316
88 pages
11,5 x 17
10.00 euros

À paraître le 22/10/2012

Benjamin Moser - une biographie sur Clarisse Lispector

 

Benjamin Moser

Clarisse Lispector – Une biographie

« Pourquoi ce monde »

Editions des femmes/Antoinette Fouque, 2012

 

  

clarice-lispector.jpg

Clarisse Lispector

 

 

 

 

***

 

 

Fruit d’années de recherche, la biographie de Clarice Lispector par Benjamin Moser est à la fois un témoignage et un roman. Avec ce portrait passionnant et sensible, l’auteur nous révèle, sans en altérer la part d’ombre, la troublante identité de celle qui pouvait dire « je suis si mystérieuse que je ne me comprends pas moi-même ».

La petite fille née en Ukraine inventait des histoires magiques pour sauver sa mère, condamnée par les violences subies lors d’une terrible guerre civile. Écrivaine reconnue, Clarice Lispector n’abandonne pas sa croyance dans la force magique du langage. Elle place au coeur de son oeuvre la question des noms et de la nomination,

proche en cela de la démarche des mystiques juifs. Elle ne cessa jamais de s’approprier les mots et d’en faire ressortir toute l’étrangeté jusqu’à devenir la

« princesse de la langue portugaise ».

Benjamin Moser s’attache à rendre chacune des expressions– femme, épouse, mère, écrivaine–d’une personnalité singulière tout en mettant en lumière le contexte historique et culturel, en Europe comme au Brésil, qui sous-tend cette destinée. Les nombreuses citations d’une oeuvre qui fut peut-être la

« plus grande autobiographie spirituelle du xxe siècle » nous invitent à lire ou relire, inlassablement, la prose unique de Clarice Lispector.

 

 

 

***

 

 

 

Benjamin Moser, écrivain, éditeur, critique et traducteur, est né à Houston (Texas) en 1976 et vit aux Pays-Bas. Il est diplômé des universités Brown (États-Unis) et d’Utrecht (Pays-Bas). Il découvre Clarice Lispector en étudiant le portugais.

Pourquoi ce monde – Une biographie de Clarice Lispector, son premier livre, salué par une critique unanime a été publié aux États-Unis (Oxford University Press), et au Royaume-Uni. Une traduction en allemand est en préparation.

Il est directeur éditorial pour les nouvelles traductions des oeuvres de Clarice Lispector à paraître chez New Directions, aux États-Unis, et chez Penguin Modern Classics, au Royaume-Uni. (Source : le site des Editions des femmes/Antoinette Fouque)

 

 

 

 

pourquoi ce monde.jpg

 des femmes/Antoinette Fouque

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