18/06/2014
WOMEN, Olivier Apert, Le Temps des Cerises, 2014
WOMEN
[Anthologie de la poésie féminine américaine du XXe siècle]
Poèmes traduits, choisis & présentés par Olivier Apert
Le Temps des Cerises, juin 2014
Poésie (bilingue)
Collection Vivre en poésie
Bon de commande à renvoyer par courrier :
Le Temps des Cerises, 47 avenue Mathurin Moreau, 75019 Paris.
D'une certaine façon, cette anthologie n'est pas une anthologie : entendons par là qu'elle propose une lecture à la fois conjoignant et séparant la diversité des voix qui invente la poésie féminine américaine à travers le temps et l'espace géographique par la composition d'un livre qui voudrait faire résonner une manière de tout dire, souvent au mépris des conventions et des carrières ; une volonté d'éprouver dans et par le corps de l'écriture les réalités et les illusions du social et de l'intime sans jamais recourir à la fuite lorsque l'expérience devient par trop douloureuse ; une impitoyable nomination-dénonciation des mensonges ; un aveu transparent des désirs et des haines ; une affirmation franche des revendications.
Ainsi ces voix transgressent-elles le lieu qui leur a été et leur est encore parfois dévolu : l'image de la femme made in USA. Voici donc un panorama de trente-cinq poètes, ouvrant sur la diversité tant géographique que stylistique de l'intimisme d'Anne Sexton à l'imagisme de Marianne Moore, de l'engagement de Sonia Sanchez au sensualisme de Christy Sheffield Sanford d'après Emily Dickinson (1830-1886).
En effet, si son oeuvre demeurée longtemps secrète, peut être considérée comme l'acte initial de la poésie féminine américaine, outre qu'elle appartient, malgré son innovation formelle, au XIXe siècle, elle est aujourd'hui intégralement traduite en français. Il appartenait à cette anthologie d'amener à la découverte de voix prédominantes du XXe, ici encore peu entendues, en dépit de leur reconnaissance américaine, fut-elle parfois souterraine.
De la plus lointaine, Amy Lowell (1874-1925) à la plus proche, Elinor Nauen (née en 1952), c'est tout un puzzle qui se construit et qui voudrait présenter une façon de contre-histoire de la culture américaine.
Auteures traduites
Alta (1942)
Djuna Barnes (1892-1982)
Elizabeth Bishop (1911-1979)
Kay Boyle (1902-1992)
Gwendolin Brooks (1917-2000)
Janine Canan (1942)
Candace Chacona (1950)
Laura Chester (1949)
Jane Cooper (1924-2007)
H.D (Hilda Doolittle) (1886-1961)
Tess Gallagher (1943)
Jessica Hagedorn (1949)
Joanne Kyger (1934)
Denise Levertov (1923-1997)
Amy Lowell (1874-1925)
Mina Loy (1882-1966)
Bernadette Mayer (1945)
Josephine Miles (1911-1985)
Marianne Moore (1887-1972)
Elinor Nauen (1952)
Florence Ogawa (1947-2010)
Maureen Owen (1943)
Dorothy Parker (1893-1967)
Marge Piercy (1936)
Sylvia Plath (1932-1963)
Adrienne Rich (1929-2012)
Muriel Rukeyser (1913-1980)
Edna Saint VincentMillay (1892-1950)
Sonia Sanchez (1935)
Leslie Scalapino (1948-2010)
Anne Sexton (1928-1974)
Christy Sheffield Sanford (1950)
Gertrude Stein (1874-1946)
Jean Valentine (1934)
DianeWakoski (1937)
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Olivier Apertest né et vit à Paris. Poète, essayiste, dramaturge, librettiste et traducteur ; membre du comité de la revue Po&sie ; il a, par ailleurs, été critique littéraire, auteur de catalogues d’artistes contemporains et a travaillé avec les chorégraphes Sylvain Groud etMuriel Piqué. Parmi plus d’une vingtaine de livres publiés, les derniers parus sont : Baudelaire, être un grand homme et un saint pour soi-même, Éd. Infolio (2009), Upperground, poèmes, Éd. La Rivière échappée (2010), Gauguin, le dandy sauvage,Éd. Infolio (2012), Éloge de la provocation (avec François Boddaert), Éd. Obsidiane (2013), Mina Loy, Manifeste féministe & écrits modernistes (traduction), Éd. Nous (2014).
Sur le site : M e l | Paris
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01/05/2014
Alda Merini - La Terra Santa
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Nous avons nos nuits insomniaques…
Les poètes proclament le vrai,
ils pourraient être dictateurs
et sans doute aussi prophètes,
pourquoi devons-nous les écraser
contre un mur incandescent ?
Et pourtant les poètes sont inoffensifs,
L’algèbre douce de notre destin.
Ils ont un corps pour tous
et une mémoire universelle,
pourquoi devons-nous les arracher
comme on déracine l’herbe impure ?
Nous avons nos nuits insomniaques,
les mille calamiteuses ruines
et la pâleur des extases du soir,
nous avons des poupées de feu
comme Coppélia
et nous avons des êtres turgescents de mal
qui nous infectent le cœur et les reins
parce que nous ne nous rendons pas…
Laissons-les à leur langage, l’exemple
de leur vivre nu
nous soutiendra jusqu’à la fin du monde
quand ils prendront les trompettes
et joueront pour nous.
ALDA MERINI...........................
●●●
et ligne après ligne/and line after line
Du côté de chez…
Alda Merini
© ALDA MERINI | © Cristinapigna *
La terra santa
Oxybia Editions
2013
* Frammento tratto dal film documentario di Antonietta de Lillo LA PAZZA DELLA PORTA ACCANTO conversazione con Alda Merini
Abbiamo le nostre notti insonni…
I poeti conclamano il vero,
potrebbero essere dittatori
e forse anche profeti,
perché dobbiamo schiacciarli
contro un muro arroventato ?
Eppure i poeti sono inermi,
l’algebra dolce del nostro destino.
Hanno un corpo per tutti
e una universale memoria,
perché dobbiamo estiparli
come si sradica l’erba impura ?
Abbiamo le nostre notti insonni,
le mille malagevoli rovine
e il pallore delle estasi di sera,
abbiamo bambole di fuoco
cosi come Coppelia
e abbiamo esseri turgidi di male
che ci infettano il cuore e le reni
perché non ci arrendiamo…
Lasciamoli al loro linguaggio, l’esempio
del loro vivere nudo
ci sosterrà fino alla fine del mondo
quando prenderanno le trombe
e suoneranno per moi.
...............................
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ALDA MERINI
Poème extrait de “La Terra Santa”, préface de Flaviano Pisanelli
Traduction de Patricia Dao
(Editions Oxybia, 2013)
SITE EDITEUR : http://oxybia.free.fr/
À CONSULTER
[LES CARNETS d’eucharis]
une lecture de NATHALIE RIERA
Alda Merini, « de sa fièvre amoureuse »
| © CliquerICI
22:02 Publié dans Alda Merini, Patricia Dao, TRADUCTEURS | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
05/12/2013
Joe Wenderoth - Trois poèmes (traduits par Raymond Farina)
Joe Wenderoth
Trois poèmes
© J. Wenderoth
:- :- :- :- :- :-
Poèmes publiés avec l’aimable autorisation
de Joë Wenderoth
MA VIE
d'après Henri Michaux
Il entra je ne sais comment dans ma chambre.
Je l'y découvris, et il était, naturellement, pris au piège.
Ce n'était rien de plus qu'un animal effarouché.
Alors je le remis debout.
Je le gardais pour moi, le gardais dans ma chambre,
le gardais pour son propre bien.
Je nommais l'animal Ma Vie.
Je lui trouvais sa nourriture et lui la mangeait dans ma main.
Je le laissais entrer dans mon lit, respirer dans mon sommeil.
Et l'animal, dans ma tendresse, mon soin constant,
grandit et devint fort, et capable de maints tours habiles.
Un jour, tout récemment,
en passant ma main sur le flanc de l'animal,
j'ai fini par comprendre
qu'il pouvait me tuer sans peine.
Et je réalisai, aussi, qu'il voulait me tuer.
C'est pour cela qu'il existe, pour cela que je l'ai remis debout.
Dès lors je n'ai plus su que faire.
Je cessai de le nourrir,
seulement pour m'apercevoir que sa croissance
était sans rapport avec la nourriture.
Je cessai de le nettoyer
et je m'aperçus qu'il se nettoyait tout seul.
Je cessai de chanter pour l'endormir
et m'aperçus qu'il s'endormait plus vite sans ma chanson.
Je ne sais que faire.
Je ne fais plus faire à Ma Vie ses tours.
Je laisse seul l'animal, et, à l'heure qu'il est,
il me laisse seul, lui aussi.
Je n'ai rien à dire, rien à faire.
Entre Ma Vie et moi,
un silence s'installe.
Nous ne parviendrons pas à le franchir ensemble.
MY LIFE
After Henri Michaux
Somehow it got into my room.
I found it, and it was, naturally, trapped.
It was nothing more than a frightened animal.
Since then I raised it up.
I kept it for myself, kept it in my room,
kept it for its own good.
I named the animal, My Life.
I found food for it and fed it with my bare hands.
I let it into my bed, let it breathe in my sleep.
And the animal, in my love, my constant care,
grew up to be strong, and capable of many clever tricks.
One day, quite recently,
I was running my hand over the animal’s side
and I came to understand
that it could very easily kill me.
I realized, further, that it would kill me.
This is why it exists, why I raised it.
Since then I have not known what to do.
I stopped feeding it,
only to find that its growth
has nothing to do with food.
I stopped cleaning it
and found that it cleans itself.
I stopped singing it to sleep
and found that it falls asleep faster without my song.
I don’t know what to do.
I no longer make My Life do tricks.
I leave the animal alone and, for now,
it leaves me alone, too.
I have nothing to say, nothing to do.
Between My Life and me,
a silence is coming. Together, we will not get through this.
Traduction de Raymond Farina
© Joe Wenderoth
Les carnetsd'eucharis (décembre 2013)
© (Photo X droits réservés)
■■■
NOTICE BIOBIBLIOGRAPHIQUE
Joë Wenderoth a grandi à Baltimore. Il enseigne à l’Université de Californie.
Ses poèmes ont été accueillis dans des revues comme The American Poetry Review, Granta Magazine, Triquarterly, Seneca Review et Colorado Review et dans de nombreuses anthologies – Poetry 180, The Best American Prose Poems : From Poe to Present, The New American Poets : A Bread Loaf Anthology, American Poetry : Next Generation, Best American Poetry, The Best American Essays 2008.
Il a publié Disfortune aux Editions Wesleyan University Press, en 1995, « It Is If I Speak » , chez le même éditeur, puis Letters to Wendy ( 2000 ), The Holy Spirit of Life : Essays Written for John Ashcroft’s Secret Self (2005), No real Light (2007), Wave Book (2007).
DOSSIER PDF COMPLET (à télécharger)
Joe Wenderoth_traduit par Raymond Farina_LCE_Décembre 2013.pdf
19:59 Publié dans Joe Wenderoth, LES CARNETS D'EUCHARIS (pdf & calaméo), Nathalie Riera, TRADUCTEURS | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
02/02/2012
Mariella Bettarini
MARIELLA BETTARINI
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© Les Carnets d’eucharis
EXTRAITS
La paix/La pace
L’amour/L’amore
…
CHOIX DE POEMES
Traduits par Raymond Farina
■ TELECHARGER
MARIELLA BETTARINI_Les carnets d'eucharis.pdf
asimmetria
Editions Gazebo, 1994
blanche
légère
blanche
o toi visiteuse lasse jamais lasse de tomber
légère dentelle
givre gelé sur la tête
o toi vieille enfant qui discours en silence
qui files des fables gelant
les pointes des géraniums
des fleuves mettant des glaçons
à la queue des bergeronnettes
aux pupilles des cygnes blancs
toi grâce à qui lève le pain
qui élèves tous ces petits bonshommes hérissés
à l'air interrogateur
délivres des clameurs (muette)
me sembles silencieuse
parente de la lune
éteignant splendide les feux
toi qui n'as ni pieds ( ni habits )
toi qui fais taire excites changes
resplendis effraies réjouis
neige
tu t'appelles c'est bien légèreté
on devrait t'appeler
blancheur gracieuse pureté
grâce et douleur
infiniment blanche disgrâce
sorcière aux jambes de verre
souveraine
de l'hiver et - ce matin - prodigue prodige
et funérailles des petits moineaux.
-------------------------
Bianca
leggerra
bianca
o tu stanca visitatrice mai stanca di cadere
leggera trina
ghiacciata brina sul capo
o tu vecchia bambina che discorri in silenzio
che fili fole che gelano
le punte dei gerani
fiumi che mettono ghiaccioli
alle code delle cutrettole
alle pupille dei bianchi cigni
tu che lieviti pane
che allevi tanti piccoli ometti irti
interrogativi
che allevii dai clamori (zitta)
silenziosa mia parvente
parente della luna
splendida spegnitrice di fuochi
tu che non hai piedi (non hai vesti)
tu che zittisci accendi muti
risplendi sbigottisci rallieti
neve
tu chiami ma bene levità
dovrebbero chiamarti
candidezza nitore gratuità
grazia e dolore
bianchissima disgrazia
strega con le gambe di vetro
padrona
dell'inverno e – stamani – pròdigo prodigio
e funerale di passerotti
la scelta/la sorte
Editions gazebo, 2001
LA PAIX
**
si tu ne te soucies pas de l'alpha et n'aspires pas
à l'oméga
si tu couves une anxiété mais en semblant
léger - rieur
si tu vis dans l'inquiétude
le jour et dans la quiétude la nuit
si un conflit t'enflamme
(pourpre) et si un principe
t'éteint
si d'une dispute tu t'inondes
mais sans paraître préoccupé
et saisi de frayeur.
Si une dissension - un tourment
agacent sans agacer - mordent sans coup férir
peut-être que la paix va s'installer au fond de l'oeil -
à l'intérieur du corps du corps - la grande paix (oui - celle-là)
s'est déjà installée - s'installe
-------------------------
LA PACE
**
se non curi l'alfa e non ambisci
all'omega
se covi ansia ma come
leggero – ridente
se dimori in un'inquietudine
solare e in una quiete notturna
se un conflitto t'accende
(purpureo) e un principio
ti spenge
se d'una disputa t'allaghi
ma non come preso
e in spavento
se un dissidio – un tormento
alterano senza alterare – mordono senza colpo ferire
forse la pace s'installerà nell'oculo fondo -
entro il corpo del corpo – la grande pace ( sì – quella)
s'è già installata - s'installa
L'AMOUR
**
c'est une rose des vents: depuis un centre immobile
irradient toutes (et chacune) les possibles déjections
des bouffées de vent - de la brise - des mistrals -
dispersion est le long sommeil dont les amants
dorment éternels dans leurs bras
(dans les bras des vents) portant les évènements sur leurs bras
comme ces enfants que nous avons été
et que nous confions aux bras de l'amour
pour que ce soit lui qui les allaite - lui qui les endorme
(les allaite - les endorme) maintenant que les mères
sont de vieux oisillons - petits oiseaux ridés - effrayés
déchirés que nous devons bercer
c'est d'autre part (l'amour)
une large roue - une feuille ronde qui tourne comme un manège
où nous regardons étonnés le monde:
aimant est celui qui tourne dans ce joyeux panorama - qui ne change pas
d'aspect comme les lamelles
d'un kaléidoscope
c'est (l'amour) une pie en liberté
un volatile estropié
il a la forme d'une faux
(et coupe l'herbe maternelle) et la forme d'un faucon
auquel on donne (pour avoir la vie sauve) de petits miroirs
amulettes échangées
puisque l'amour
est un autre ciel où personne ne boit ni mange - personne
ne dort - personne ne reconnaît personne - les yeux
sont des instruments pour marcher - les jambes regardent - les mains
sourient - le muscle strié pense - le cerveau est sensible
à certaines musiques qui le font flotter dans l'humidité des feuillages
pendant que le cortex lance ses éclairs - fertiles omissions
rendements opulents - pauses à effrayer les oiseaux
puisque l'amour est
un toucan mécanique - un pélican gras -
un koala laconique - une petite aigrette huppée
foin
et semailles
maître farouche et affranchi solennel -
champs et encore champs d'herbe -
latence sourde et rareté aveugle - parole muette
et déambulation boiteuse - toujours
trop d'un trop - toujours "au delà"...
-------------------------
L'AMORE
è una rosa dei venti : da un centro immobile
irradiano tutte (e ognuna) le possibili deiezioni
dei refoli – della brezza – dei maestrali -
disseminante è il lungo sonno per cui gli amanti
dormono perenni nelle braccia di sé
(in braccio ai vènti) sostenendo eventi sulle braccia
e che diamo in braccio all'amore
perché li allatti lui – perché li addorma
(li allati – li addorma) ora che le madri
sono vecchi spaventi – uccellini rugosi – dimidiati
nidiacei da noi cullare
è poi (l'amore)
una larga ruota – una foglia rotonda che gira come giostra
dove stiamo il mondo a rimimare :
amante è colui che gira il lieto panorama – che ne muta
il sembiante come vetrini
d'un caleidoscopio
è (l'amore) una gazza libera
un attrato volatile
ha una forma di falce
(e sega tutta l'erba maternale) e una forma di falco
cui donare (per la vita salvata) specchietti -
amuleti da scambio
poiché l'amore
è un altro cielo dove nessuno mangia e beve – nessuno
dorme – nessuno riconosce nessuno – gli occhi
sono strumenti per camminare – le gambe guardano – le mani
sorridono – il muscolo striato pensa – il cerebro avverte
certe musiche che lo fanno galleggiare nell'umido del fogliame
mentre la corteccia manda lampi – omissioni feraci
opulente rese – pause da spaventare gli uccelli
poiché l'amore è
un tucano meccanico – un pellicano grasso -
un koala laconico – una garzetta col ciuffo
fieno
e seminagione
bieco padrone e solenne liberto -
campi e poi campi d'erba -
latenza sorda e cieca rarità – muto loquire
e deambulare zoppo – sempre
troppo d'un troppo – sempre « in là »...
Traduit de l’italien par Raymond Farina
■ ■ ■
Mariella Bettarini est née en 1942 à Florence, où elle vit et travaille. Collaborant à des revues et des journaux, elle participe au débat culturel sur le rapport de la culture à la société. Elle est l’auteur de nombreux recueils publiés et traduits dans plusieurs langues, ainsi que d’ouvrages en prose :
"Storie d'Ortensia" (Ed.delle Donne,Rome,1978), "Psycographia" ( Gammalibri, Milan, 1982 ), "Amorosa persona" ( Gazebo, Florence,1989, Lettera agli alberi. (Lietocolle,Faloppio,1997), "L'albero che faceva l'uva" ( Gazebo, Florence, 2000) et de plusieurs essais parmi lesquels figurent "Pasolini tra la cultura e le culture"(Gammalibri,Milan,1976),"Donne e poesia" in "Poesia femminista italiana"(Savelli, Roma,1978),"Felice di essere"(Gammalibri,Milan,1978) et "Chi è il poeta?" (en collaboration avec Silvia Batisti,Gammalibri, Milan 1980).
Elle est rédactrice en chef de la revue florentine L'area di broca.
■ Site officiel de Mariella Bettarini
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31/07/2011
Les carnets d'eucharis n°29 - juillet&août 2011
Les carnets d’eucharis n°29
Juillet/Août 2011
[SOMMAIRE………]
Lilya Corneli
Photographe contemporaine
Thierry Michau - Eric Perrot
« Mon journal de ton voyage » LA GALERIE LE REALGAR
DU CÔTÉ DE…
Jacques EstagerLa nuit, Pierrot et Pierrot
Boris PasternakMa sœur la vie & autres poèmes
EDITIONS CHAMP VALLON ETIENNE FAURE Horizon du sol
EDITIONS TARABUSTE CLAUDE MINIERE JE HIEROGLYPHE
AUPASDULAVOIR
JOS ROY Ilbide
■■■Nadja Einzmann
Traduction inédite de Chantal Tanet■■■
George Oppen … Henri Cole
DES LECTURES
Sylvie Durbec La huppe de Virginia Une lecture de Nathalie Riera
REVUE
DIPTYQUE N°2
Au format livre numérique/CALAMEO
Au format PDF Les carnets d'eucharis n°29_juillet&août 2011.pdf
17:22 Publié dans ALLEMAGNE/AUTRICHE, Chantal Tanet, Jos Roy, LES CARNETS D'EUCHARIS (pdf & calaméo), Nadja Einzmann, Nathalie Riera, TRADUCTEURS | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
13/06/2011
Nadja Einzmann (traduction inédite de Chantal Tanet)
© photo sur le site d'ÉCLA-Aquitaine
Alors non je ne peux pas dire non
Mon bien-aimé est de ceux qui méritent qu’on les attende. Il m’aime, et ça me suffit. Alors je me plais à être sa maison et son foyer et j’en vérifie le toit et huile la porte, jour après jour, et j’attends. Une nuit, mon bien-aimé viendra ainsi vers moi, à travers la campagne, et les étoiles se feront carillon et la lune tam-tam et pulsation pour lui souhaiter la bienvenue. Il vit encore sous d’autres cieux et fouille et cherche ardemment et feuillette des livres à s’en écorcher le bout de la langue. Il me l’a souvent écrit. Alors non je ne peux pas dire non ni prendre mes distances ni le laisser passer : dans une autre ville une autre femme. Alors non je ne peux pas dire non. Et puis tout le monde voudrait un pareil bien-aimé et ne l’ayant pas, le rêve. Je regarde par la fenêtre et le vois venir, une ombre sur le chemin. Et le gravier crissera sous ses pas, et ma main, appuyée sur le rebord de la fenêtre, se fera lourde, ma main en attente.
Certains jours
Certains jours, j’attends que quelque chose se passe. Un appel ; que la maison s’écroule ; ou que le médecin me dise que je n’ai plus que quelques semaines à vivre. Je suis assise dans mon lit et j’attends, et ma mère frappe à la porte. Elle n’a rien à raconter. Sois gentille, dit-elle, descends la poubelle, ou bien : que dirais-tu d’une promenade, c’est une journée magnifique, ensoleillée, et les moineaux le sifflent sur tous les toits. Non, lui crié-je à travers la porte fermée, je n’en ai pas envie, je n’ai pas envie du monde. Et je suis assise dans mon lit, le ciel bleu perce à travers ma fenêtre ou s’assombrit, ou un orage approche. Mon lit est mon navire, mon lit est mon radeau, je flotte là, des requins et autres animaux marins au-dessous de moi et les étoiles et le ciel au-dessus.
Que dois-je faire de toi, dit ma mère en mettant le dîner devant ma porte. Aucun de mes enfants, aucun de mes enfants, tous sont normaux et vont travailler, ils sortent le matin de la maison et reviennent le soir, sauf toi. Que vas-tu devenir ?
Il fut un temps où j’étais différente. Il y a eu un temps. J’étais vraiment pleine de vie. Aucune tâche ne me résistait, et en plus je dessinais simplement pour passer le temps et je faisais de la voltige et de l’escrime et dansais toute la nuit. Mes frères et sœurs avaient l’air fatigués quand ils revenaient du travail. Ils avaient tâché de sang le blanc de leurs yeux au fil de la journée et leurs mains, elles aussi, étaient écorchées et douloureuses. Chez moi on ne voyait aucune peine. Jamais. Je planais sur le sol où les autres marchaient, et il est très rarement arrivé que je me penche. Oui, il y a eu un temps où j’étais différente, et je ne le regrette pas. Mettez vos cœurs dans du papier d’aluminium pour qu’ils soient protégés quand vous sortez de la maison et ne les faites pas passer librement !
Il y a eu un temps où j’étais différente, et ma mère le regrette. Ma fille, dit-elle, ne veux-tu pas te lever pour que ton père puisse aller à la pêche avec toi et que tes frères et sœurs te racontent leur journée ? Non, dis-je, je n’ai pas envie du monde. Je suis assise dans mon lit, qui est mon navire, et la houle est forte. Le vent salé traverse ma chevelure et les vagues se déchaînent.
Jeux
Je porte mon cœur sur le bout de la langue : là, venez et attrapez-le ! dis-je en le tenant haut dans l’air en équilibre. Il brille et suinte dans la lumière crue du soleil. Un jeu amusant qui réjouit autant les femmes que les hommes. Ils inclinent la tête en arrière et affûtent les lèvres, lissent leur jupe ou les pinces de leurs pantalons. Et ensuite on joue à la balle avec mon cœur qui fait la galipette dans l’air.
Ce qu’il voit
Je change, c’est ça ce qu’il voit. Mes articulations craquent et claquent comme au printemps et mes cheveux luisent. C’est comme ça qu’il me voit et me réclame comme un événement imprévu. Et comme si je n’avais pas eu à ses côtés toute l’année la main sur son genou et le regard sur ses lèvres, suivant avec gravité la naissance de chaque mot, comme si je n’avais jamais été assise à ses côtés toute l’année.
J’ai provoqué un incendie en lui, me dit-il. Un incendie, et je le vois écumer dans ses yeux et s’embraser. Pas assez pour qu’il me fasse des demandes en mariage, il s’accroche à moi. Je suis devenue forte, et sur son front les veines saillent.
Soleil, je peux te voir à travers lui, de légers nuages bordent le ciel, et son souffle ne met plus mes cheveux en désordre. Ma mâchoire s’avancecomme chez tous les animaux en bonne santé, les dents blanches comme de la neige fraîchement tombée. Et mon cœur palpite et palpite et respire le sang frais.
Nadja Einzmann, Da kann ich nicht nein sagen, Geschichten von der Liebe, S. Fischer Verlag, 2001, p. 18, 41, 60, 99. Traduction inédite de Chantal Tanet.
Da kann ich nicht nein sagen
Mein Liebster ist einer, auf den zu warten sich lohnt. Er mag mich, und das genügt mir. Da bin ich gerne sein Haus und sein Hof und prüfe das Dach und öle die Tür, tagein, tagaus, und warte. Es ist eine Nacht, in der er so zu mir kommen wird, übers Feld, und die Sterne werden dröhnen und der Mond pubbern und pulsen, meinem Liebsten zur Begrüßung. Noch lebt er unter anderem Himmel und forscht und strebt und leckt sich die Zungenspitze wund zwischen den Büchern, er hat es mir oft geschrieben. Da kann ich nicht nein sagen und beiseite treten und lasse ihn nicht vorbei: in einer anderen Stadt einer anderen Frau. Da kann ich nicht nein sagen. Und so einen Liebsten hätte ein jeder gern und hat er ihn nicht, erträumt er ihn. Ich sehe zum Fenster hinaus und sehe ihn kommen, ein Schatten auf dem Weg. Und der Kies wird knirschen unter seinen Füßen, und meine Hand, gestützt auf die Fensterbank, wird schwer werden, meine wartende Hand.
An manchen Tagen
An manchen Tagen warte ich, daß etwas passiert. Auf einen Anruf ; daß das Haus einstürzt ; oder der Arzt mir sagt, daß ich nur noch wenige Wochen zu leben habe. Ich sitze im Bett und warte, und meine Mutter klopft an die Türe. Zu berichten hat sie nichts. Sei so gut, sagt sie, bring den Müll hinunter, oder : Wie wäre es mit einem Spaziergang, es ist ein wunderbarer Tag, sonnig, und die Spatzen pfeifen es von allen Dächern. Nein, rufe ich ihr zu, durch die geschlossene Tür, mir ist nicht danach, mir ist nicht nach Welt. Und ich sitze im Bett, der Himmel schaut blau durch mein Fenster oder umwölkt sich, oder ein Gewitter zieht auf. Mein Bett ist mein Schiff, mein Bett ist mein Floß, ich treibe dahin, Haie und andere Meerestiere unter mir und Sterne und Himmel über mir.
Was soll ich unternehmen mit dir, sagt meine Mutter, und stellt mir das Abendessen vor die Tür. Keines meiner Kinder, keines meiner Kinder, alle sind sie normal und gehen zur Arbeit, gehen morgens aus dem Haus und kehren abends zurück, nur du nicht. Was soll nur werden mit dir ?
Es gab Zeiten, da ich anders war, solche Zeiten hat es gegeben. Ausgesprochen lebhaft war ich. Keine Aufgabe war sicher vor mir, und dann noch zum bloßen Zeitvertreib zeichnete ich und voltigierte und focht und tanzte die Nächte durch. Meine Geschwister sahen müde aus, wenn sie von der Arbeit kamen. Sie hatten sich das Weiß in ihren Augen blutig gesehen über den Tag, und auch ihre Hände waren wund und schmerzten. Mir sah man keine Mühen an. Nie. Ich schwebte über den Boden, wo andere gingen, und daß ich mich bückte, kam nur sehr selten vor. Ja, es hat Zeiten gegeben, da ich anders war, und ich trauere ihnen nicht nach. Packt eure Herzen in Alufolie, daß sie geschützt sind, wenn ihr aus dem Haus geht, und reicht sie nicht frei herum!
Er hat Zeiten gegeben, da ich anders war, und meine Mutter trauert ihnen nach. Kind, sagt sie, willst du nicht aufstehen, daß dein Vater mit dir fischen gehen kann und deine Geschwister dir berichten von ihrem Tag? Nein, sage ich, mir ist nicht nach Welt. In meinem Bett sitze ich, das mein Floß ist, und der Seegang ist hoch. Salziger Wind fährt mir durchs Haar und die Wellen überschlagen sich.
Spiele
Ich trage mein Herz auf der Zungenspitze: Da, kommt und fangt es! sage ich und balanciere es hoch in der Luft. Es glänzt und schwitzt im grellen Sonnenlicht. Ein lustiges Spiel und erfreut Frauen und Männer gleichermaßen. Sie legen die Köpfe in den Nacken und wetzen die Lippen, sie streichen die Röcke glatt und die Bundfalten ihrer Hosen. Und dann spielen wir Ball mit meinem Herzen, daß es Purzelbäume schlägt in der Luft.
Was er sieht
Ich verändere mich, das ist es, was er sieht. Meine Gelenke krachen und knacken wie im Frühling und mein Haar schimmert. So sieht er mich und verlangt nach mir, als sei ich ein unvorhergesehenes Ereignis. Und als hätte ich nicht neben ihm all die Jahre, die Hand auf seinem Knie und den Blick auf seinen Lippen, die Geburt jedes Wortes mit Ernst verfolgend, als hätte ich nicht neben ihm gesessen all die Jahre.
Ein Feuer habe ich in ihm angerichtet, sagt er mir. Ein Feuer, und ich sehe es schäumen in seinen Augen und bluten. Nicht genug, daß er mir Anträge macht, er hält sich fest an mir. Stark bin ich geworden, und auf seiner Stirn schwellen die Adern.
Sonne, ich kann über ihn hinwegsehen, leichte Wölkchen säumen den Himmel, und sein Atem bringt mein Haar nicht mehr durcheinander. Mein Kiefer schiebt sich vor, wie bei allen gesunden Tieren, Zähne weiß wie frischgefallener Schnee. Und mein Herz pocht und pocht und atmet frisches Blut.
Nadja Einzmann, Da kann ich nicht nein sagen, Geschichten von der Liebe, S. Fischer Verlag, 2001, p. 18, 41, 60, 99.
Nadja Einzmann, écrivaine allemande née en 1974, vit à Francfort où elle a fait des études d’allemand et d’histoire de l’art. Elle a publié des récits et des poèmes dans des revues et anthologies, ainsi que deux livres chez S. Fisher-Verlag : Da kann ich nicht nein sagen. Geschichten von der Liebe (2001) et Dies und das und das. Porträts (2006). Elle a obtenu plusieurs prix littéraires, notamment pour Da kann ich nicht nein sagen en 2002 et le prix d’encouragement Hölderlin de la ville de Bad Homburg en 2007.
21:04 Publié dans ALLEMAGNE/AUTRICHE, Chantal Tanet, Nadja Einzmann, TRADUCTEURS | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
14/02/2011
Erich Fried
Erich FRIED
Ecrivain et poète de langue allemande
(1921 - 1988)
L A P A U S E P O E S I E
© Photo : internet
Biographie
Né à Vienne en 1921 de parents juifs, Erich Fried quitte l’Autriche après l’Anschluss en 1938 et s’exile à Londres, collaborant notamment au service allemand de la BBC. Profondément marqué par le spectre du nazisme et la condition juive – son père est mort lors d’un interrogatoire par la Gestapo – Fried incarne en Allemagne, à partir des années 1950, la figure de l’écrivain engagé, au service d’une conscience politique toujours tenue en éveil (guerre du Vietmam, Israël).
Aux côtés d’écrivains comme Ingeborg Bachmann, Heinrich Böll, Peter Weiss, Martin Walser ou Paul Celan, il a fait partie du Groupe 47, initié par Hans Werner Richter en 1947 dans le but de nettoyer la langue allemande des séquelles du nazisme, en prônant une écriture dépouillée.
L’oeuvre d’Erich Fried porte la marque claire de cette démarche et se caractérise par la dimension ludique du travail d’écriture. Il est l’auteur de quelques romans (Les Enfants et les Fous, Le Soldat et la Fille) mais surtout d’un nombre considérable de recueils de poèmes. Ce sont eux qui lui ont assuré une grande popularité en Allemagne, notamment Cent poèmes sans frontière, lauréat du Prix International des Éditeurs en 1977, et plus encore ses Liebesgedichte (Poèmes d’amour) en 1979. Certains poèmes comme Was es ist (Ce que c’est) sont devenus des "classiques" de la littérature allemande des années 1980. Erich Fried est aussi un grand traducteur de l’anglais, en particulier de Shakespeare, Dylan Thomas, T.S Eliot, Sylvia Plath.
Le prix Georg Büchner lui a été décerné pour l’ensemble de son oeuvre en 1987, un an avant sa mort à Baden-Baden.
Bibliographie en français
Le Soldat et la fille, traduit par Robert Rovoni, Gallimard, 1962 (réédition, 1992).
Les Enfants et les fous, traduit par Jean-Claude Schneider, Gallimard, 1968.
Cent poèmes sans frontière, traduit par Dagmar et Georges Daillant, Christian Bourgois, 1978.
La Démesure de toutes choses, traduit par Pierre Furlan, Actes Sud, 1984.
Bibliographie sélective en allemand
1944, Deutschland.
1945, Österreich
1960, Ein Soldat und ein Mädchen
1965, Kinder und Narren
1966, und Vietnam und
1967, Anfechtungen
1968, Zeitfragen
1972, Die Freiheit den Mund aufzumachen
1974, Höre, Israel !
1978, 100 Gedichte ohne Vaterland
1979, Liebesgedichte
1981, Zur Zeit und zur Unzeit
1982, Das Unmaß aller Dinge
1983, Es ist was es ist
1985, Von Bis nach Seit
1987, Gegen das Vergessen
1988, Unverwundenes
D’autres sites :
10:11 Publié dans ALLEMAGNE/AUTRICHE, Chantal Tanet, Erich Fried, TRADUCTEURS | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Erich Fried -I- (traduction Chantal Tanet & Michael Hohmann)
Liebe ?
in memoriam Hans Arp
Sackhüpfen
im verschlagenen Wind
ohne Segel
Strohsack- und Plumpsackvögel
im eigenen Hosensack
Hodensackhüpfen
Schwalbenhodensackhüpfen
Schwalbenhodensarglüpfen
Schwalbenhodenhosensargnestelknüpfen
Schwalbennestelknüpfen
Aus dem Nest fallen:
Lustrestlinge
Hineinschlüpfen
Wo hinein?
Sich festkrallen
Gefallene Nestlinge
zu klein
Vögel sein wollen
noch ein zweimal flattern
sterben
Amour ?
in memoriam Hans Arp
Sautiller en sac
dans le vent malin
sans voile
Oiseaux sacs de paille et sacs grossiers
en poche-sac de pantalon
Sautiller en sacs à testicules
Sautiller en sacs à testicules d’hirondelles
Soulever tombeau de testicules d’hirondelles
Nouer rubans de tombeau de pantalon de testicules d’hirondelles
Nouer rubans d’hirondelles
Tomber du nid :
Rescapés du plaisir
Glisser
Où donc ?
Se cramponner
Occupants du nid tombés
trop petits
Vouloir être oiseaux
encore une deux fois battre des ailes
mourir
09:44 Publié dans ALLEMAGNE/AUTRICHE, Chantal Tanet, Erich Fried, TRADUCTEURS | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Erich Fried -II- (traduction Chantal Tanet & Michael Hohmann)
Par la pensée
Te penser
et penser à toi
et penser à toi toute entière et
penser au te-boire
et penser au t’aimer
et penser à l’espérer
et espérer et encore
et toujours plus espérer
le te-revoir-toujours
Ne pas te voir
et par la pensée
non seulement te penser
mais aussi déjà te boire
et déjà t’aimer
Et alors seulement ouvrir les yeux
et par la pensée
d’abord te voir
et puis te penser
et puis de nouveau t’aimer
et de nouveau te boire
et puis
te voir de plus en plus belle
et puis te voir penser
et penser
que je te vois
Et voir que je peux te penser
et sentir ta présence
quand bien même
je ne peux te voir avant longtemps
Mais alors
La vie
serait
peut-être plus simple
si je ne t’avais
pas du tout rencontrée
Moins de tristesse
chaque fois
que nous devons nous séparer
moins d’appréhension
de la prochaine séparation
et de la suivante
Et pas non plus
quand tu n’es pas là
tant de ce vain désir
qui ne réclame que l’impossible
et l’immédiat
dans l’instant même
et qui ensuite
parce qu’il ne peut s’accomplir
en est troublé
et respire avec peine
La vie
serait peut-être
plus simple
si je ne t’avais
pas rencontrée
Mais alors
elle ne serait pas ma vie
Quoi ?
Qu’es-tu pour moi ?
Que sont pour moi tes doigts
et tes lèvres ?
Qu’est pour moi le son de ta voix ?
Qu’est pour moi ton odeur
avant l’étreinte
et ton parfum
pendant l’étreinte
et après ?
Qu’es-tu pour moi ?
Que suis-je pour toi ?
Que suis-je ?
Nuit à Londres
Garder les mains
devant le visage
et laisser clos
les yeux
ne voir qu’un paysage
montagnes et torrent
et dans la prairie deux animaux
bruns sur le versant vert clair
qui monte jusqu’à la forêt plus sombre
Et commencer à sentir
l’herbe fauchée
et tout en haut au-dessus des pins
en cercles lents un oiseau
petit et noir
sur le bleu du ciel
Et tout
absolument paisible
et si beau
que l’on sait
que cette vie vaut la peine
parce que l’on peut croire
que tout ça existe
Poèmes extraits du recueil Es ist was es ist (1983)
Traduits de l’allemand par Chantal Tanet et Michael Hohmann
Télécharger version allemande E. Fried, version allemande.pdf
09:32 Publié dans ALLEMAGNE/AUTRICHE, Chantal Tanet, Erich Fried, TRADUCTEURS | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook