04/11/2013
Jon Fosse (prochainement, aux Editions Circé)
Jon Fosse | 2014
Traduit par Terje Sinding
Mélancholia II
Melancholia II est la seconde partie d’un diptyque (dont le premier volume Mélancholia I a été publié par POL). Le diptyque constitue une espèce de psychogramme du peintre norvégien Lars Hertevig. Mélancholia II tient tout entier dans le monologue intérieur d’Oline, la sœur de Lars Herteeig, un peu sénile. Son frère Lars est décédé il y a quelques mois. Elle revient du port où elle est allée acheter du poisson. Sa petite maison se dresse en haut de la colline. Elle est prise d’une envie naturelle pressante et a hâte d’atteindre au plus vite son cabinet d’aisance. Sa tête est encombrée par cette envie pressante et par quelques moments de la vie de Lars au point qu’elle en oublie que son frère, à l’agonie, avait demandé à la voir… Au cabinet d’aisance où elle arrive enfin, elle rencontre son Créateur. “La langue de Jon Fosse lie rythmes et intervalles avec une telle maîtrise, qu’on pense immédiatement à l’œuvre de Bach” (Libération) “Un des meilleurs écrivains européens sur un des plus grands peintres paysagers de tous les temps : un roman qui est un joyau” (Der Spiegel)
Les Rêves d’Olav
Dans Insomnie, Alida et Asle arrivent à Bjørgvin, où Alida donne naissance à un enfant.
Dans les Rêves d’Olav, ils quittent la ville. Asle, qui préfère maintenant s’appeler Olav, veut cependant retourner à Bjørgvin pour acheter un cadeau à Alida. Mais les choses vont se passer autrement qu’il ne l’avait rêvé.
Les Rêves d’Olav est un récit onirique, inquiétant et claustrophobe, rappelant les paraboles bibliques. C’est aussi une magnifique histoire d’amour entre deux jeunes gens. Une histoire où tout est à la fois simple et grandiose.
« Dans le tournant il apercevra le fjord, se dit Olav, car il est Olav maintenant, pas Asle, et Alida n’est plus Alida, mais Åsta ; maintenant ils sont Åsta et Olav Vik, se dit Olav, et il se dit qu’aujourd’hui il va aller à Bjørgvin et faire ce qu’il a prévu de faire. »
A partir de décembre vous aurez la possibilité d'accéder à notre site :
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14/06/2013
Elizabeth Bishop
ELIZABETH BISHOP
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©Poésie Poetry
©SOURCE PHOTO | INTERNET | Elizabeth Bishop (1911-1979)
EXTRAIT
Nord & Sud
…
Traduction de l’anglais (Etats-Unis) de Claire Malroux
■
■ Sur le site Les Carnets d’Eucharis
http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com/elisabeth-bishop/
Elizabeth Bishop, Nord & Sud
Editions Circé, 1996 (pour la traduction française)
1983 by Alice Helen Methfessel
(FLORIDE)
**
L’Etat au nom le plus charmant,
l’Etat flottant dans l’eau saumâtre,
cimenté par les racines de la mangrove
qui vivantes, portent des huitres en grappes
et mortes, jonchent de squelettes les marais blancs ;
parsemé, comme en un bombardement, de verts mamelons
pareils à d’antiques obus où germe l’herbe.
L’Etat peuplé de longs oiseaux en forme de S, bleus et blancs,
et d’invisibles oiseaux hystériques montant chaque fois la gamme
précipitamment dans un accès de colère.
Tangaras gênés de leur apparence criarde,
pélicans ravis de faire les clowns,
qui s’amusent à longer la côte sur les forts courants,
louvoient entre les îles de la mangrove
et sèchent sur les bancs de sable leurs ailes d’or humides
par les soirs ensoleillés.
D’énormes tortues, douces et désarmées, meurent,
laissent sur les grèves leurs carapaces incrustées de bernacles
et leurs gros crânes blancs aux orbites rondes
deux fois plus grandes que celles d’un homme.
Les palmiers claquent dans la forte brise
comme les becs des pélicans. La pluie tropicale vient
raviver les colliers de coquillages décolorés :
larmes de Job, alphabet chinois, la rare Junonia,
peignes bariolés et oreilles de dames,
disposés comme sur une natte grise de calicot pourri
la jupe de la princesse Peau-rouge ensevelie ;
tout le littoral affaissé, monotone, interminable,
en est délicatement orné.
Trente urubus au moins descendent lentement, lentement,
vers un cadavre repéré dans le marécage,
en cercles pareils à des flocons de sédiment agités
s’enfonçant dans l’eau
La fumée des feux de bois filtre de fins solvants bleus.
Sur les souches et les arbres morts, le bois calciné est du velours noir.
Les moustiques
vont en chasse au son de leurs féroces pizzicati.
La nuit tombée, les lucioles dessinent au sol la carte du ciel
jusqu’au lever de la lune.
D’un blanc froid, mat, elle brille en une trame lâche
et cet Etat putride, négligent, n’est que points noirs
trop espacés, et laides blancheurs : sa plus médiocre
carte postale.
La nuit tombée, les étangs semblent s’être enfuis.
L’alligator, qui possède cinq cris distincts :
amitié, amour, accouplement, guerre et menace –
geint et parle dans la gorge
de la princesse Peau-rouge.
------------------------- (p. 70/73)
(FLORIDA)
**
The state with the prettiest name,
the state that floats in brackish water,
held together by mangrove roots
that bear while living oysters in clusters,
and when dead strew white swamps with skeletons,
dotted as if bombarded, with green hummocks
like ancient cannon-balls sprouting grass.
The state full of long S-shaped birds, blue and white,
and unseen hysterical birds who rush up the scale
every time in a tantrum.
Tanagers embarrassed by their flashiness,
and pelicans whose delight it is to clown;
who coast for fun on the strong tidal currents
in and out among the mangrove islands
and stand on the sand-bars drying their damp gold wings
on sun-lit evenings.
Enormous turtles, helpless and mild,
die and leave their barnacled shells on the beaches,
and their large white skulls with round eye-sockets
twice the size of a man’s.
the palm trees clatter in the stiff breeze
like the bills of the pelicans. The tropical rain comes down
to freshen the tide-looped strings of fading shells :
Job’s Tear, the Chinese Alphabet, the scarce Junonia,
parti-colored pectins and Ladies’ Ears,
arranged as on a gray rag of rotted calico,
the buried Indian Princess’s skirt;
with these the monotonous, endless, sagging coast-line
is delicately ornamented.
Thirty or more buzzards are drifting down, down, down,
over something they have spotted in the swamp,
in circles like stirred-up flakes of sediment
sinking through water.
Smoke from woods-fires filters fine blue solvents.
On stumps and dead trees the charring is like black velvet.
The mosquitoes
go hunting to the tune of their ferocious obbligatos.
After dark, the fireflies map the heavens in the marsh
until the moon rises.
Cold white, not bright, the moonlight is coarse-meshed,
and the careless, corrupt state is all black specks
too far apart, and ugly whites; the poorest
post-card of itself.
After dark, the pools seem to have slipped away.
The alligator, who has five distinct calls :
friendliness, love, mating, war, and a warning –
whimpers and speaks in the throat
of the Indian Princess.
------------------------- (p. 70/73)
CIRCÉ ÉDITIONS
1996
10:01 Publié dans Circé, Elisabeth Bishop, ETATS-UNIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
31/10/2010
Elisabeth Bishop, Nord & Sud
L’homme-phalène
Extrait
Si vous l’attrapez,
approchez une torche de son œil. Ce n’ est qu’une pupille noire,
une nuit complète en soi, dont l’horizon hirsute se crispe
quand il vous fixe à son tour, et clôt sa paupière. Alors
une larme, son seul bien, point, comme le dard de l’abeille.
D’un geste furtif il la cueille et, si vous regardez ailleurs,
Il l’avalera. Toutefois, si vous l’observez, il vous l’offrira,
fraîche comme de l’eau de source et assez pure pour être bue.
The Man-Moth
Il you catch him,
hold up a flashlight to his eye. It’s all dark pupil,
and entire night itself, whose haired horizon tightens
as he stares back, and close up the eye. Then from the lids
one tear, his only possession, like the bee’s sting, slips.
Slyly he palms it, and if you’re not paying attention
he’ll swallow it. However, if you watch, he’ll hand it over,
cools as from underground springs and pure enough to drink.
Paris, 7h du matin
Extrait
Je me rends à chaque horloge de l’appartement :
certaines aiguilles pointent histrioniquement dans une direction
et certaines dans d’autres, sur des cadrans ignorants.
Le temps est une Etoile ; les heures divergent tellement
que les jours sont des voyages autour des banlieues,
des cercles autour d’étoiles, des cercles qui se recoupent.
La gamme brève, en demi-tons, des climats de l’hiver
est une aile déployée de pigeon.
L’hiver habite sous une aile de pigeon, une aile morte aux
plumes humides.
Paris, 7 A.M.
I make a trip to each clock in the apartment :
some hands point histrionically one way
and some point others, from the ignorant faces.
Time is an Etoile; the hours diverge
so much that days are journeys round the suburbs,
circles surrounding stars, overlapping circles.
The short, half-tone scale of winter weathers
is a spread pigeon’s wing.
Winter lives under a pigeon’s wing, a dead wing with
damp feathers.
Nord & Sud, 1983
(éd. Circé, 1996, pour la traduction française)
19:34 Publié dans Circé, Elisabeth Bishop, ETATS-UNIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
William Bronk, Le monde, le sans-monde
A un musicien italien d’autrefois
Quand on écoute sa musique, combien
on aimerait en avoir été l’interprète, afin
d’être beau à jamais, comme sa musique,
comme lui en elle, qui n’est plus
que sa musique, qui est son monde.
Combien on désire toujours une fin
- afin que rien ne manque.
Et puis ceci encore :
qu’on désire durer, qu’on a besoin de se faire
un monde pour survivre, ce qui ne peut être fait
simplement, sur-le-champ, mais par la lente
accrétion, cristal à cristal, d’un monde
fait, d’un monde fait pour durer.
On n’est rien sans monde.
(p.65)
La nature de la forme musicale
Il est difficile de croire du monde qu’il devrait
y avoir de la musique : ces certitudes à rebours
du tout-incertain, cette beauté ordonnée sous
l’absence de tonalité, la confusion des bruits de hasard.
Il est tentant de dire de l’incompréhensible,
de l’absence de formes, qu’il n’y a d’ordre que celui
que nous ordonnons et que, l’ordonnant, il est ; ou encore,
qu’il y a un ordre naturel qu’appréhende la musique
dont l’appréhension justifie le monde ;
ou ceci encore, que ces formes sont fausses, pas vraies,
que la musique n’est pas pertinente à tout le moins, que le monde
est énoncé quelque part ailleurs, pas là. Mais non.
Comment dire ? Il y a une beauté de la personne aussi,
qui n’est pas la vérité des personnes ni même, apprend-on,
la vérité de cette personne en particulier.
Il n’y a que la beauté s’énonçant elle-même :
comme si nous en étions réduits à dire de la musique, qu’elle est.
(p.99)
Le monde, le sans-monde, 1964
(éd. Circé, 1994, pour la traduction française)
19:09 Publié dans Circé, ETATS-UNIS, william Bronk | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
07/02/2010
William Bronk
Prix Maurice-Edgard Coindreau 1994
Le monde, le sans-monde
(The World, the worldless)
Traduit par Paol Keineg • Edition bilingue
Circé éditions
08:44 Publié dans 4EMES DE COUVERTURE, Circé, william Bronk | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook