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25/07/2008

La source - Gustave Courbet

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Huile sur toile, 1862
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24/07/2008

Le phénomène érotique - Jean-Pierre Marion

Les Amants dans la campage G.Courbet 1844.jpg

Gustave Courbet

"Les Amants dans la campagne", 1844

Le silence de l’amour

La philosophie ne dit aujourd’hui plus rien de l’amour, ou si peu. Mieux vaut d’ailleurs ce silence, tant, quand elle se risque à en parler, elle le maltraite ou le trahit. On douterait presque que les philosophes l’éprouvent, si l’on ne devinait plutôt qu’ils craignent d’en rien dire. Avec raison, car ils savent, mieux que quiconque, que nous n’avons plus les mots pour le dire, ni les concepts pour le penser, ni les forces pour le célébrer.
Les philosophes l’ont de fait laissé à l’abandon, destitué du concept et finalement rejeté dans ses marges obscures et inquiètes de leur raison suffisante — avec le refoulé, le non‑dit et l’inavouable. Sans doute d’autres discours prétendent relever cette déshérence et, à leur manière, y parviennent parfois. La poésie peut me dire ce que j’expérimente sans savoir l’articuler et me libère ainsi de mon aphasie érotique — elle ne me fera pourtant jamais comprendre l’amour en son concept. Le roman parvient à rompre l’autisme de mes crises amoureuses, parce qu’il les réinscrit dans une narrativité sociable, plurielle, publique — mais il ne m’explique pas ce qui m’arrive, réellement, à moi. La théologie, elle, sait ce dont il s’agit; mais elle le sait trop bien pour toujours éviter de m’imposer une interprétation si directe par la Passion, qu’elle annule mes passions — sans prendre le temps de rendre justice à leur phénoménalité, ni donner un sens à leur immanence. La psychanalyse peut résister à ces hâtes et sait demeurer parmi mes vécus de conscience et surtout d’inconscience — mais précisément pour mieux constater que je souffre d’un défaut des mots pour les dire, voire qu’elle‑même manque des concepts pour les penser. De ces efforts défaits, il résulte que le tout‑venant, autrement dit tous ceux qui aiment sans bien savoir ce que l’amour veut dire, ni ce qu’il leur veut, ni surtout comment lui survivre — vous et moi le premier — se croit condamné aux pires trompe‑la-faim : le sentimentalisme en fait désespéré de la prose populaire, la pornographie frustrée de l’industrie des idoles ou l’idéologie informe de l’épanouissement individuel, cette asphyxie vantarde. Ainsi la philosophie se tait et, dans ce silence, l’amour s’efface.
Une telle désertion de la question de l’amour par le concept devrait scandaliser, d’autant plus que la philosophie tient son origine de l’amour même et de lui seul, «ce grand dieu». Rien que son nom l’atteste — «amour de la sagesse» (ce qui reste une traduction juste de filosofi¢a, mal gré qu’on en ait parfois). Comment doit‑on l’entendre? L’acception la plus reçue — il faut rechercher la sagesse qu’on ne possède pas encore, précisément parce qu’elle échappe — n’aboutit qu’à une banalité, un truisme. Mais elle en masque de fait une autre, plus radicale : la philosophie se définit comme l’«amour de la sagesse», parce qu’elle doit en effet commencer par aimer avant de prétendre savoir. Pour parvenir à comprendre, il faut d’abord le désirer; autrement dit, s’étonner de ne pas comprendre (et cet étonnement aussi offre un commencement à la sagesse); ou encore souffrir de ne pas comprendre, voire craindre de ne pas comprendre (et cette crainte encore ouvre à la sagesse). La philosophie ne comprend qu’à la mesure où elle aime — j’aime comprendre, donc j’aime pour comprendre. Et non pas, comme on préférerait le croire, je finis par comprendre assez pour me dispenser à jamais d’aimer. Il ne va pas du tout de soi, aussi paradoxal que cela nous paraisse aujourd’hui, que la philosophie ait d’abord et surtout affaire avec la science, comme si le projet de savoir s’imposait de lui‑même, sans autre médiation ni présupposé. Il se pourrait, au contraire, que pour atteindre la vérité, il faille, dans tous les cas, d’abord la désirer, donc l’aimer. Et l’expérience contemporaine de l’idéologie, ce savoir qui sacrifie tout au pouvoir, nous a démontré dans les faits que l’homme n’aime pas spontanément la vérité et qu’il la sacrifie souvent au mensonge, pourvu que ce mensonge lui assure la puissance. A mesure que la philosophie cesse de se comprendre d’abord comme un amour et à partir de lui, à mesure qu’elle revendique immédiatement un savoir et qu’elle le thésaurise, non seulement elle contredit sa détermination originelle, mais elle fuit la vérité, qu’elle échange contre la science des objets — ce plat de lentilles. On sait que peu à peu, dans une évolution obstinée, puis accélérée et irrépressible, la philosophie a fini par renoncer à son premier nom, «amour de la sagesse», pour celui de métaphysique, aussi tard venu (au milieu du Moyen Age) que d’emblée problématique (à l’âge classique). Cette mutation radicale a non seulement consacré définitivement le primat de l’étant comme l’objet universel du savoir, donc ouvert la carrière au projet de la science et, indissolublement, à l’emprise de la technique sur le monde, mais elle a surtout censuré l’origine érotique de la «philo-sophie». Il se pourrait ainsi que l’oubli de l’être masque un oubli plus radical et en résulte — l’oubli de l’érotique de la sagesse. A l’achèvement de cette histoire, aujourd’hui donc, après avoir ravalé l’étant au rang sans honneur d’objet et oublié l’être en pleine retraite, la philosophie, désormais presque silencieuse, a même perdu ce à quoi elle a sacrifié l’érotique : son rang de science, éventuellement sa dignité de savoir. Quant à l’amour, dont l’oubli a sans doute tout décidé, elle en a oublié jusqu’au reniement; elle en a perdu même le désir; et — parfois on le croirait presque — elle le hait. La philosophie n’aime pas l’amour, qui lui rappelle son origine et sa dignité, son impuissance et leur divorce. Elle le passe donc sous silence, quand elle ne le hait pas franchement.
Nous poserons une hypothèse : cette haine reste encore une haine amoureuse. Dans ce désastre amoureux de la philosophie, nous voulons croire — et montrer — que l’on peut reconstruire une interrogation sur l’amour. L’histoire du divorce de la philosophie avec l’amour en elle ne mériterait‑elle pas au moins autant d’attention et d’efforts que l’histoire de l’être et de son retrait? Elle reste évidemment presque tout à écrire — ce que nous ne saurions même esquisser ici. Dans l’urgence, on s’en tiendra donc au premier inventaire des lieux : non seulement nous n’avons plus de concept de l’amour, mais nous n’avons même plus de mot pour le dire. «Amour»? Cela sonne comme le mot le plus prostitué — à strictement parler le mot de la prostitution; d’ailleurs, nous en reprenons spontanément le lexique : on le «fait» comme on fait la guerre ou des affaires, et il ne s’agit plus que de déterminer avec quels «partenaires», à quel prix, pour quel profit, à quel rythme et combien de temps on le «fait». Quant à le dire, le penser ou le célébrer — silence dans les rangs. Un silence saturé d’une douleur, qui perce sous le bavardage politique, économique et médical qui l’étouffe en voulant nous rassurer. Dans ce grand cimetière érotique, l’air manque, dont les vibrations laisseraient résonner une seule parole. Déclarer «je t’aime» sonne, dans le meilleur des cas, comme une obscénité ou une dérision, au point que, dans la bonne société, celle des instruits, plus personne n’ose sérieusement proférer un tel non‑sens. Et qu’on n’espère aucun substitut à cette banqueroute, pas le moindre assignat. Ainsi le mot de «charité» lui‑même se retrouve, s’il est possible, encore plus à l’abandon : on «fait» d’ailleurs aussi la charité — ou plutôt, pour lui éviter de faire l’aumône et de se réduire à la mendicité, on lui arrache même son nom magnifique et la recouvre de haillons supposés plus acceptables, «fraternité», «solidarité», «action humanitaire»; à moins qu’on ne s’amuse à la regarder jouer les élans surannés de la «grâce», pour jouir avec nostalgie de l’«âme» qu’on n’a plus. De l’amour (ou de la charité), nous n’avons rien à dire — et nous n’attendrons pas le moindre secours de la philosophie telle qu’elle va.

(…)

Extrait pp. 9-13 (livre de poche)


"Le phénomène érotique" Six méditations - Jean-Luc Marion

2003, Editions Grasset - Collection dirigée par Jean-Paul Enthoven

14/07/2008

Agnès Gueuret

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"Ne me faut-il pas aller jusqu'à comprendre que le seul point de la terre et des cieux où je puisse appréhender le divin est en moi à l'intime, là où justement s'éprouve la durée ? L'impossible connaissance que j'ai de Dieu, que j'ai de moi, se résoudrait alors dans l'acte en lequel je me remets à l'inconnu qui me traverse et se signale en mon désir, telle une force qui me saisit, semblable à celle du bourgeon en train d'éclore et allant me pacifiant lorsque j'y consens".

(p.64)

Agnès Gueuret 

Agnès Gueuret, née en 1936, est diplômée de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes. Elle y a mené une étude sémiotique des deux premiers chapitres de Luc, suivie par une thèse sur l'énonciation dans l'Evangile selon Luc. Outre son intérêt permanent pour les textes bibliques, elle continue à mener l'expérience communautaire qu'elle a commencée en 1957.

Sur les sentiers de Qohéleth

Article de Jean Alexandre dans le revue LIBRESENS n°172.

Article d'Huguette Charrier dans la revue trimestrielle PARVIS n° 36 de décembre 2007.

L'émission "Un livre, un lecteur" réalisée par Guylène Dubois sur FREQUENCE PROTESTANTE a reçu Agnès Gueuret, le 22 décembre 2007 à 14h (durée 30 min.).

Article d'Antoine Lion sur le site du couvent Saint-Jacques :

http://www.dominicains.fr/fre/menu/nav_magazine/communaut...

Article de Pascal Boulanger la revue EUROPE de mars 2008.

09/07/2008

La Non-Maison, rue Pavillon - Michèle Cohen

MICHÈLE COHEN est un médium de l’art

 

Ses yeux savent des choses qu’elle ne sait pas, qu’elle ne peut pas savoir

 

Son étrangeté, qui la rend unique, c’est qu’elle se laisse faire par ses yeux, elle n’intervient pas sur les saisissements que provoquent en elle certaines œuvres

 

Elle est voyante, elle vit sous l’emprise de ses yeux, ne pouvant expliquer pourquoi ils ont vu cette œuvre plutôt que cette autre

 

Ce n’est que longtemps après que les visions forment un récit

 

Ses yeux sont très en avance sur elle, ils voient bien avant elle, sans qu’elle puisse savoir pourquoi elle a vu

 

L’histoire de la Galerie qu’elle crée, ce sera l’histoire de son regard

 

C’est un lieu organique, consacré aux images, frottement entre musée et maison

 

Michèle Cohen est une écorchée vive : les images lui arrivent directement dans les nerfs, sans filtre : elle est atteinte

Extrait de "Intime - Intimité" de François Cervantès

 

 

Contact et site web

22, rue Pavillon

13100 Aix-en-Provence 

06 24 03 39 31

m.cohen@lanonmaison.com

http://lanonmaison.com/

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Exposition en cours

Feux, corbeaux

Vladimir Velickovic

du 14 juin au 14 août 2008
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Intime - Intimité

 

 

de François Cervantès

 

 

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05/07/2008

Jean Fautrier - Galerie Remarque

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VERNISSAGE le vendredi 4 juillet

 A chacun sa réalité (lecture par Jean-Pierre Sintive)

EXPOSITION du 4 juillet au 28 août 2008

 Galerie Remarque

http://www.artpointfrance.org/

2, Place de l'Hôtel de Ville - 83720 Trans-en-Provence

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estampes 1925 - 1964

03/07/2008

La forêt sans feuilles

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Abbas Kiarostami, La Forêt sans feuilles Installation, 2005 Courtesy of the Victoria and Albert Museum and Colin Morris Associated, London
 

K8 : La forêt sans feuilles (2005) - Le visiteur pénètre dans un espace planté d’arbres. L’installation est spectaculaire et ludique. Ce sont des photographies d’écorce de troncs d’arbre qui entourent des cylindres d’aluminium.

Exposition Erice/Kiarostami

 

Centre Pompidou

présentation par Alain Bergala

http://www.cineclubdecaen.com/peinture/expositions/

02/07/2008

Le songe de la lumière

A l'automne 1990, le peintre Antonio Lopez Garcia vit dans une maison madrilène. Dans son jardin se trouve un cognassier qu'il a lui-même planté. L'artiste décide de peindre cet arbre. C'est la première fois qu'Antonio Lopez Garcia se décide à peindre un arbre où les rayons du soleil vont jouer avec la couleur des feuilles.

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LE SONGE DE LA LUMIÈRE
El sol del membrillo

(littéralement : « Le soleil du coing »)
de Víctor Erice
Espagne/1992 / 135' / coul. / vostf
avec Antonio López / María Moreno / Enrique Gran / José Carretero

Prix du jury à Cannes et Prix de la critique internationale en 1992.

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A L'ETAGE DE LA BIBLIOTHEQUE DU PHARE

http://www.mayak.be/Salle_de_Lecture_Larbre.htm

 

"Le génie des peuples de l'Omo" - Hans Silvester

Exposition
EXPRESSIONS D'AFRIQUE - PEINTRES DU CORPS EN ETHIOPIE 
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Photos Hans Silvester

Aux confins de l’Ethiopie, à trois jours de piste d’Addid-Abeba, à plus de mille kilomètres de Khartoum et à des siècles de la modernité, Hans Silvester a photographié pendant six ans des tribus où hommes,femmes,enfants, vieillards, sont des génies de l’art contemporain. Leur corps est leur toile et leurs doigts des pinceaux. Voyage chez les peuples de l’Omo. Stupéfiant !

"La peinture sur soi"

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 Lire l’article de jean-Paul Mari sur Hans Silvester

http://www.grands-reporters.com/La-peinture-sur-soi.html

Hôtel des Arts

4 juillet > 7septembre 2008

CONSEIL GENERAL DU VAR

Toulon – www.var.fr

John William Waterhouse

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Destiny
NOUVEAUTÉ
L’Album d’Eucharis  

01/07/2008

Aller à toi

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Lou-Andreas Salomé
 
 
 
Tes cordes sont généreuses : et si loin que j’aille – tu te retrouves sans cesse devant moi. Mes combats te sont devenus depuis longtemps des victoires, c’est pourquoi il m’arrive d’être si petit devant toi ; mais mes nouvelles victoires t’appartiennent, et j’ai le droit de t’en faire cadeau. Au bout d’une longue route passant par l’Italie, j’ai atteint le sommet que représente ce livre. Tu l’as atteint d’un coup d’aile, en quelques heures, tu t’es tenue sur la cime la plus limpide avant même que je n’aie terminé l’ascension. J’étais haut, mais encore dans les nuages ; tu attendais au-dessus d’eux dans la lumière éternelle. Accueille-moi, aimée.
Reste à jamais ainsi en avant de moi, ô chère, unique et sainte. Laisse-nous monter ensemble – comme vers le grand astre, nous appuyant l’un sur l’autre, nous délassant l’un et l’autre. Et s’il me faut un jour, pour un temps, détacher mon bras de ton épaule, je ne craindrai rien : tu seras au sommet suivant pour accueillir en souriant le fatigué. Tu n’es pas un but pour moi, mais mille buts. Tu es tout, et je te sais en tout ; et je suis tout, et je t’apporte tout en venant au-devant de toi.
"Journal Florentin" - Journaux de jeunesse
Rainer Maria Rilke
(traduit de Philippe Jaccottet)
Editions du seuil (p.95)