13/05/2014
Ossip Mandesltam - De la Poésie - Ed. la Barque, 2013
Lecture Nathalie Riera
Ossip Mandelstam
DE LA POÉSIE
© O. Mandelstam, printemps 1933
Traduction & Postface
Christian Mouze
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Mots pour De la poésie
Olivier Gallon
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« Garde à jamais mon dit, son âcre goût de malheur et de fumée,
sa résine de solidaire patience, son goudron d’honnête labeur »
O. Mandelstam
3 mai 1931
Le choix d’un éditeur de publier Ossip Mandelstam relève, à mon sens, non pas d’une stratégie de vouloir posséder un catalogue et ne s’en tenir qu’à cette suspicieuse ambition ; il en va plutôt d’une certaine passion, et peut-être plus sobrement encore d’un certain esprit amoureux, en ce profond et légitime souci de restituer le « dit » du poète, lui-même dans cette égale transe, ou dit autrement, dans un égal transport de l’esprit, à ne cesser au cœur de la nuit et ses terreurs de nous exhorter à cette parole, que « la vie est un don que personne n’a le droit de refuser ».[1] Mandelstam, au cœur du drame, c’est le rire toujours présent, le rire non destitué de son origine et de sa force.
« De la poésie », récemment publié par le brillant éditeur Olivier Gallon des Editions La Barque, dans sa qualité de recueil d’essais édité pour la première fois du vivant de Mandelstam durant l’année 1928, et là dans la traduction remarquable de Christian Mouze, c’est honorer la poésie comme renoncement à ce que Mandelstam a fui toute sa vie : fuir tout contact avec le pouvoir, car ce qu’il faut aussi retenir du poète et de l’essayiste, c’est son « renoncement aux formes démocratiques du gouvernement », s’opposant alors à cet arrogant pouvoir des lois et des institutions à vouloir « s’imposer comme éducateur »[2] du peuple. Poète altier, entier, les pays de prose et de poésie de Mandelstam sont des « pays aux teintes incendiaires ».[3] L’incendie chez le « renégat de la tribu » demeure un geste de survie : préserver le rouge et le jaune, en même temps que revenir sur le mot « destin », que l’épouse Nadejda définit, selon la personnalité propre à son mari, comme n’être justement pas « une force extérieure mystérieuse mais une conséquence, mathématiquement calculable, de l’énergie intérieure d’un homme et de la tendance dominante de l’époque »[4].
En dépit d’une vie plongée dans les arcanes et les ténèbres de l’Histoire, dès la première arrestation de Mandelstam, en 1934, il me semble qu’il nous faut reconnaître à ce grand poète cette vive équation : sa propre vie en tant que grande œuvre, ainsi que sa résolution ou détermination à la résistance de l’esprit par la poésie. Joseph Brodsky, en hommage à Nadejda Mandelstam, écrira : « Ossip Mandelstam était un grand poète avant la Révolution. Tout comme Anna Akhmatova et Marina Tsvétaïéva. Ils seraient devenus ceux qu’ils sont devenus même si aucun des événements historiques que connut la Russie au cours de ce siècle n’avait eu lieu : parce qu’ils étaient doués. Fondamentalement, le talent n’a pas besoin de l’Histoire ».[5] Outre la légitimité de ce propos, la Terreur stalinienne n’aura pas eu raison du génie de Mandelstam.
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« De la poésie » réunit un ensemble de 9 essais, suivis d’une postface du traducteur. Puis, des « Mots pour… » de l’éditeur, texte assorti d’une photographie pleine page d’Ossip Mandelstam enfant, à Pavlovsk, en 1894. Image singulière dans l’émotion qu’elle suscite.
Que nous disent ces 9 essais ?
Parce que chez Mandelstam la poésie est entendue « comme l’œuvre de la voix et de l’ouïe »[6], nul doute que pour l’éditeur de ce recueil il ne pouvait ne pas être révélé l’importance chez Mandelstam de la musique : « […] il récitait ses vers, comme il nous a été rapporté, la tête en arrière, l’oreille tendue vers l’infini du poème. »[7] Au sujet de la vénération de Mandelstam pour la symphonie musicale, de ma lecture du fabuleux Timbre Egyptien, je retiens ce passage – son personnage, Parnok, adore la musique : « Les portées ne caressent pas moins l’œil que la musique elle-même ne flatte l’oreille. Les noires sur leurs échelles montent et descendent comme des allumeurs de réverbères. Chaque mesure est une petite barque chargée de raisins secs et de muscats noirs.
Une page de musique, c’est d’abord une flottille à voiles rangée en bataille, puis un plan selon lequel sombre la nuit organisée en noyaux de prunes ».
Noble et pur égard, de la part d’un poète d’aucune posture et d’aucune imposture, pour tout ce qui peut hisser l’être doué de langage au-delà de l’informe bredouillement. Mandelstam n’a pas oublié la bibliothèque de la prime enfance : « un compagnon de route pour la vie entière ».[8] Chez lui, ce qui participe du geste de vivre et de faire résistance : « les incendies et les livres » ! Incendies pour ne pas « honorer le cri de l’aigle ».[9]
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L’herbe est dans les rues de Pétersbourg – premières pousses d’une forêt vierge qui va recouvrir les villes d’aujourd’hui. Cette vive et tendre verdure, d’une fraîcheur surprenante, appartient à une nouvelle nature spiritualisée. Pétersbourg est en vérité la ville la plus avant-gardiste du monde. Ni métro ni gratte-ciel ne mesurent la vitesse, cette course du temps présent, mais une herbe joyeuse qui pousse de dessous les pierres citadines.
Ce sont les premières phrases du premier essai « Le mot et la culture », et depuis ces premières lignes l’envie de ne pas quitter le livre, en prolonger la profondeur, sillonner ses terres d’une parole qui se réclame d’aucune obédience ni d’aucune instance de vérité, mais se meut dans une affirmation où se côtoient justesse et fermeté d’une pensée qu’il est bon d’entendre comme sienne de par la force de sa résonance :
Souvent, on entend : c’est bien, mais c’est d’hier. Moi je dis : hier n’est pas encore né. Il n’a pas encore été vraiment. Je veux à nouveau Ovide, Pouchkine, Catulle ; les Ovide, Pouchkine, Catulle de l’histoire ne me satisfont pas.[10]
Retourner le temps, c’est alors concevoir que « la propriété de toute poésie (…) se comprend comme ce qui doit être et non comme ce qui a été déjà. »
Ainsi donc, il n’y a pas eu encore un seul poète. Nous sommes libérés du poids des réminiscences. En revanche combien de précieux pressentiments : Pouchkine, Ovide, Homère.[11]
Pour Mandelstam, qu’en est-il du « mot », qu’en est-il de la « culture », et surtout qu’en est-il de « l’Etat » ? Il n’est pas de réponse plus honnête, il me semble, plus engageante, que de lire : « la compassion envers un Etat qui nie le mot, c’est la voie et l’exploit social du poète moderne ». Ce premier texte de ce grand recueil est une véritable ode à la poésie, et parce qu’il se lit d’une seule traite, il faut alors y revenir, entrer dans ses plis et replis, sortir sa loupe, saisir la pensée qui l’anime dans ses volutes inaliénables, dans son eau vive de cascade, dans sa chaloupe qui nous embarque, sans craindre les culbutes et les renversements.
La poésie est aussi une faim. « Elle est la faim révolutionnaire ».
Mandelstam a ce don magnifique de vous mettre en turbulence : il vous ouvre à un grand champ ouvert et à ses contrechamps de brasier et de fureur, sans oublier la douceur. C’est ainsi et pas autrement que la parole du poète Mandelstam prend son assise, une parole sans tuteur ni béquille ! On ne peut passer à côté de ce que le poète entend de la propriété du mot, c’est-à-dire de ce qu’il en est de sa traversée dans l’espace, dans toutes choses qu’il « choisit librement d’habiter » :
Le poème vit d’une image intérieure, ce moule sonore de la forme qui anticipe sur le poème écrit. Il n’y a encore aucun mot, mais le poème vibre déjà. C’est l’image intérieure qui vibre, c’est elle qui tâte l’ouïe du poète. [12]
Toute reconnaissance est une grande leçon ! On aimerait, là, la pâmoison de toutes les théories de jadis et d’aujourd’hui. Mandelstam nous parle d’une poésie non pas d’hier ou d’aujourd’hui, mais d’une poésie pour toujours. Il faut à la poésie ce qui manque à la poésie, il lui faut aux antipodes de l’érudition, la « glossolalie », une langue inconnue qui est « une langue de tous les temps, de toutes les cultures ».[13] Là où Mandelstam nous accule, pour, peut-être aussi, mieux nous faire rebondir, là où il resserre, si je puis dire, le champ fermé, voire même clôturé, des illisibilités contemporaines, c’est encore et à jamais dans la perspective de l’Ouvert :
Telle la chambre d’un mourant ouverte à tous, la porte du monde est restée grande ouverte à la foule. Soudain tout est devenu le bien de tous. Venez et prenez. Tout est accessible : dédales, mystères, arcanes, cachettes. Le mot ne s’est pas transformé en sept, mais en mille chalumeaux qu’anime à la fois le souffle de tous les siècles.[14]
Une poésie de la révolution, ce n’est en aucune façon exercer le rejet ou manifester de l’ingratitude «envers ce qui est (…) envers ce qui de nos jours se présente comme poésie ».[15] Non plus mépriser « l’ignorance virginale » du peuple sur la poésie. Mandelstam l’écrit très assurément, le lecteur n’est pas encore entré en contact et la poésie n’a pas encore atteint ses lecteurs. Alors, face à ces questions : Qu’en est-il de « l’instruction poétique élémentaire » ? Qu’en est-il du lecteur et sa capacité à la critique ?
Il faut remettre le lecteur à sa place et simultanément nourrir en lui un critique. La critique en tant qu’interprétation arbitraire de la poésie (…) doit céder à la recherche scientifique et objective, à une science de la poésie. [16]
Autre pertinence de Mandelstam dans sa manière de nous dire que le poète n’est pas uni à un « interlocuteur concret » mais à un « interlocuteur providentiel », et que cela en est préférable, car il en coûte au poète de vouloir s’adresser à un auditeur de son temps. Mandelstam nous propose cette analogie : « La distance de la séparation efface les traits de la personne aimée. Alors seulement l’envie me vient de lui dire ce qui est important et que je ne pouvais dire quand je l’avais présente sous les yeux »[17]. A cela, on ne peut que mieux appréhender ce qu’il faut au poète : « l’amour et le respect de l’interlocuteur, et la conscience du bon droit poétique ».
J’avance dans la partition du livre, sans conteste porté par le souffle d’un poète soucieux de son temps, face à ce qu’il peut en advenir d’un pays qui abandonne la langue ! Excommunier le mot, abandonner la langue est un danger, c’est conduire son pays à « l’abandon de l’histoire (…) Le mutisme de deux ou trois générations pourrait amener la Russie à la mort historique ».[18] Mandelstam soutient l’importance pour la langue russe, de par sa nature hellénistique, de « maintenir un lien avec le mot ».[19]
Une attitude anarchique tous azimuts, un désordre total, n’importe – mais il n’y a qu’une chose que je ne puis faire : vivre sans le mot. Je ne peux supporter d’être excommunié du verbe. [20]
Qu’entendre par « hellénisme » ?
c’est cet environnement conscient de l’homme (…) c’est chaque poêle à côté duquel un homme est assis et jouit de sa chaleur comme si elle était parente de la chaleur de son corps. [21]
Poète d’aucune compromission et plus que jamais en état de guerre : il est une nécessité pour la poésie russe d’une poétique nouvelle. Les nouveaux « goûts », les nouvelles « sensations » doivent l’emporter sur les nouvelles « idées » : ce ne sont pas les idées qui déplacent les montagnes. L’acméisme, « école organique du lyrisme » sera, certes, de courte durée, mais ce mouvement né d’un « fait social », demeure dans la mémoire littéraire comme une « force d’impulsion » « au sens d’amour actif pour la littérature »[22]. Voilà ce qu’il faut entendre par état de guerre. « La poésie est toujours en guerre ».[23]
Cette note de lecture fera l’objet d’un prolongement, en attendant la publication dans les mois à venir d’un ouvrage intitulé « Arménie », qui comprend le « Voyage en Arménie », ainsi que les poèmes d’« Arménie », et le poème « Le Retour ».
Il n’est pas plus grand ouvrage que l’amplitude d’un esprit, que le cœur d’un poète qui habite l’humanité, autant dans ses joies que dans ses catastrophes. Dans sa lucidité, le poète Mandelstam savait ce qu’il en est du bonheur, on ne le voit que « le temps d’une œillade ».
… J’usai mes rares forces
à étreindre la cendre d’une poignée de ris.
© Nathalie Riera, mai 2014
Les Carnets d’Eucharis
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Extrait
(p. 17)
Un jour on réussit à photographier l’œil d’un poisson. Le cliché reproduisait un pont ferroviaire et quelques détails d’un paysage, mais la loi optique de la vision du poisson montrait tout cela métamorphosé. Si on réussissait à photographier l’œil poétique de l’académicien Ovsianko-Koulikovski ou de l’intellectuel russe moyen à travers sa vision de Pouchkine par exemple, l’image qui en résulterait ne serait pas moins surprenante que le monde visuel du poisson.
L’altération de l’œuvre poétique par la perception du lecteur, voilà un phénomène social inéluctable. Le combattre est difficile et vain ; il est plus facile de procéder à l’électrification de la Russie que d’apprendre à tous les lecteurs instruits à lire Pouchkine tel qu’il est écrit et non tel que l’exigent les besoins de leur âme et le permettent leurs facultés intellectuelles.
Editions La Barque, 2013
http://www.labarque.fr/livres04.html
CONTACT
(Olivier Gallon)
[1] Nadejda Mandelstam, Contre tout espoir, Gallimard, 2012 (p.72)
[2]Ibid., (p.144)
[3] O. Mandelstam, Nouveaux poèmes 1930-1934, Allia, 2010
[4] Nadejda Mandelstam, Contre tout espoir, (p.149)
[5] Préface de Joseph Brodsky in Nadejda Mandelstam, Contre tout espoir, Gallimard, 2012 (p.VIII)
[6] Préface de Ralph Dutli « La peur me prend par la main » in O. Mandelstam, Le Timbre Egyptien, Le Bruit du Temps, 2009
[7] Mots pour De la poésie, Olivier Gallon in O. Mandelstam, De la poésie, La Barque, 2013
[8] O. Mandelstam, Le bruit du temps, Le Bruit du Temps, 2012
[9] O. Mandelstam, Nouveaux poèmes 1930-1934, Allia, 2010 (p.94) « Honorer le cri de l’aigle c’est se vouer aux tourments »
[10] O. Mandelstam, De la poésie, in Le mot et la culture, La Barque, 2013 (p.9)
[11]Ibid. , (p.10)
[12]Ibid., (p.12)
[13]Ibid., (p.13)
[14]Ibid., (p.13)
[15] O. Mandelstam, De la poésie, in Une botte, La Barque, 2013 (p.15)
[16]Ibid., (p.19)
[17] O. Mandelstam, De la poésie, in De l’interlocuteur, La Barque, 2013 (p.28)
[18] O. Mandelstam, De la poésie, in De la nature du mot, La Barque, 2013 (p.38)
[19]Ibid., (p.38)
[20]Ibid., (p.39)
[21]Ibid., (p.45)
[22]Ibid., (p.49)
[23] O. Mandelstam, De la poésie, in Remarques sur la poésie, La Barque, 2013 (p.54)
21:25 Publié dans La Barque, Les Carnets d'Eucharis, Nathalie Riera, NOTES DE LECTURES/RECENSIONS, Ossip Mandelstam | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | | Facebook
05/12/2013
Ossip Mandelstam
Lecture Nathalie Riera
Ossip Mandelstam
LE TIMBRE EGYPTIEN
© O. Mandelstam
Traduit du russe par Georges Limbour et D.S. Mirsky
Préface de Ralph Dutli - Postface de Clarence Brown
Editions Le Bruit du temps, 2009
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Avec Le Timbre égyptien, paru en 2009 aux Editions Le Bruit du temps, lire Ossip Mandelstam c’est trouver jubilation au cœur même de la singulière ferveur d’un poète qui se refusait à toute poésie artificieuse, à tout mysticisme scabreux. Créateur de l’Acméisme, mouvement poétique russe du début des années 10, Mandelstam demeurait soucieux de reconquérir le réel et ses figures reconnaissables, un retour au monde et à l’homme dans ce qu’ils ont de « biologique » et de « primitif ».
Chez Mandelstam, ce qui prédomine, c’est cet espace où se meut la parole, espace structuré d’un réseau dynamique de métaphores, une symphonie d’images, telles que :
« Les portées ne caressent pas moins l’œil que la musique elle-même ne flatte l’oreille. Les noires sur leurs échelles montent et descendent comme des allumeurs de réverbères. Chaque mesure est une petite barque chargée de raisins secs et de muscats noirs.
Une page de musique, c’est d’abord une flottille à voiles rangée en bataille, puis un plan selon lequel sombre la nuit organisée en noyaux de prunes ».
Par ce récit de « fiction », Mandelstam nous stimule et nous dessaisit dans sa virtuose pratique de « rendre autre » ce qui nous est familier. Dans Crises de vers, Mallarmé évoquait cette émotion de n’avoir entendu jamais « tel fragment ordinaire d’élocution, en même temps que la réminiscence de l’objet nommé baigne dans une neuve atmosphère ».
Le Timbre égyptien fut rédigé en 1927, avec une première traduction en France, en 1930. La préface de Ralph Dutli, écrite à l’occasion de la présente traduction, précise au sujet de ce texte qu’il était issu de la « période du silence », entre 1925 et 1930, quand Mandelstam n’écrivait plus de poèmes, quand il choisit, en conflit avec son époque, de se taire. Seul le voyage en Arménie de 1930, un des évènements les plus heureux de sa vie, lui fera retrouver sa voix lyrique. Mais Le Timbre égyptien, ce fruit d’une crise, d’une fièvre incontrôlable, est aussi un médicament : « La parole comme l’aspirine laisse un goût de cuivre dans la bouche ». L’amertume de l’amande n’est qu’une étape. Et son fruit est magnifique.
Ossip Mandelstam connaîtra la tragédie de la déportation qui le fera mourir d’épuisement le 27 décembre 1938.
© Nathalie Riera, 19 avril 2009
Parution dans la revue « La Pensée de Midi » octobre 2009
Extrait
p. 59
Messieurs les littérateurs ! Les escarpins de danse conviennent aux ballerines, à vous les caoutchoucs.
Essayez-les, échangez-les : voilà votre danse. Elle s’exécute dans les antichambres sombres, une seule condition étant de rigueur : manquer de respect pour le maître de la maison. Vingt ans de cette danse constituent une époque ; quarante, l’histoire… c’est là votre droit.
Sourires de groseille des ballerines,
balbutiement des escarpins enduits de talc,
complexité martiale et insolente multitude des violons au milieu de l’orchestre caché dans sa fosse lumineuse où les musiciens s’enchevêtrent comme des dryades par leurs branches, leurs racines et leurs archets,
obéissance végétative du corps de ballet,
magnifique dédain de la maternité :
– Avec ce roi et cette reine qui ne dansent pas on vient de jouer à soixante-six.
– Avec son air jeune, la grand-mère de Giselle verse du lait, du lait d’amandes, sans doute.
– Tout ballet est jusqu’à un certain point une institution de servage. Non, non, n’allez pas me contredire sur ce point !
Calendrier de janvier avec ses petites biches, sa laiterie modèle de myriades de mondes, et le craquement du jeu de cartes qu’on décachette…
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07/04/2012
OSSIP MANDELSTAM - Cité du Livre/Aix-en-Provence
Les Écritures Croisées,
les éditions La Dogana et Le Bruit du temps
vous invitent à une rencontre autour de la récente publication
MANDELSTAM, MON TEMPS, MON FAUVE
Une biographie
par Ralph Dutli
Présentée par Florian Rodari (éditeur)
Louis Martinez, spécialiste de la littérature russe
s’entretiendra avec
Michel Aucouturier, traducteur
Lecture d'extraits de textes de Mandelstam,
en russe et en français
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Jeudi 19 avril 2012 à 18 h30
Amphithéâtre de la Verrière
Cité du livre - Aix-en-Provence
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17:05 Publié dans Ossip Mandelstam, VIDEOS, ANIMATIONS, DOCUMENTAIRES | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | | Facebook
01/02/2012
Ralph Dutli, "Mandelstam..."
Ralph Dutli
Mandelstam, mon temps, mon fauve
Une biographie
Editions Le Bruit du Temps, 2012
Traduction de l'allemand par Marion Graf, revue par l'auteur
Une coédition Le Bruit du temps / La Dogana
135 documents
Format : 135 x 205
608 pages • 34 euros
En librairie le 24 février 2012
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20:57 Publié dans Ossip Mandelstam | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
18/04/2009
Ossip Mandelstam
OSSIP MANDELSTAM Photo couverture « Contre tout espoir »
« Il ne me reste qu'un seul souci sur terre, un souci d'or : porter le poids du temps. »
Ossip Mandelstam est né le 2 janvier 1891 à Varsovie, fit des études à Paris, Heidelberg et Saint-Pétersbourg. En 1911-1912, il participa avec Goumilov et Akhmatova à la création de l’Acméisme qui s’oppose au verbe désincarné des symbolistes par le recours à un langage « simple et concret », visant à porter à son apogée la dimension poétique du quotidien. Mandelstam est arrêté pour activités contre-révolutionnaires en mai 1938, et condamné à 5 ans de travaux forcés. Il décède le 27 décembre 1938 au goulag Archipelago près de Vladivostock (Russie). Son corps est jeté dans une fosse commune.
Poésie – Editions La Dogana, 1994 (Poèmes traduits du russe par Philippe Jaccottet, Louis Martinez et Jean-Claude Schneider. Postface de Florian Rodari) « Mandelstam est mort pour avoir dit tout haut à six ou sept personnes ce qu’il pensait de Staline, de ses doigts épais et gras comme des vers, de sa moustache grouillante de cafards. Il est mort parce qu’il ne savait se taire, qu’il voulait conserver à sa langue sa course fraîche, son existence de chasseur… Pourtant la lutte menée par Mandelstam dans le poème reflète une pensée beaucoup plus vaste et généreuse que la stricte opposition à une tyrannie particulière, elle exprime le souhait pour tous de survivre sur cette terre plus vraie et redoutable… » (Extrait de la postface) Pour + d'infos ■■■
Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France) Ossip MANDELSTAM |
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