27/06/2022
AMY CLAMPITT
Amy Clampitt
Un silence s’ouvre
[extrait]
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Extrait
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Gaëlle Cogan
Préface de Calista McRae
Édition bilingue
Éditions Nous, 2021.
La raiponce cornue
« Chaque jour, de ce terrain
étranger d’un perpendiculaire
enchanteur, fleurissait
quelque chose de nouveau
et, après inspection
détaillée, de merveilleux —
encore une permutation
aromatique-fleurie
de la silène ou de la sauge,
de la scabieuse, de la ciste,
de l’onagre, de la
campanule, que celle-ci,
d’un genre que je n’avais
jamais vu : éperonnée,
avec des ajours en fuseau, sorte de
baldaquin sur tige,
rareté solitaire, élégante,
suspendue, d’une teinte
à mi-chemin entre l’azur
clair du romarin
et le violet plus
sombre de l’ancolie,
qui s’avéra être
nommée raiponce cornue.
Le lendemain elle n’était plus
singulière mais plurielle ;
le jour suivant, multiple.
En une semaine elle était
partout, devenue
simple raiponce cornue,
si familière que
je l’oubliai, et n’y
pensai plus, semble-t-il,
jusqu’au moment où
un volume de l’Encyclopaedia
Britannica, pris sur l’étagère
à une fin quelconque, s’ouvrit
au hasard, sur la raiponce
cornue, nommée,
dépeinte, étonnante
en mémoire tandis que l’amour ancien
refleurissait, encore vibrant. »
[pp.55-56]
■ © Éditions NOUS/NOW
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27/04/2021
Une lecture de "Siascia - Portrait sur mesure"
Nathalie Riera
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[Leonardo Sciascia. Une « expérience d’écrivain en province »]
Leonardo Sciascia | Editions Nous, 2021
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Leonardo Sciascia (1921-1989) ne saurait être vu sous le prisme réducteur d’un écrivain provincial, mais bel et bien un écrivain enraciné dans sa Sicile natale jamais quittée, ou si peu, la Sicile soufrière – l’écrivain est fils et petit-fils de mineurs de souffre –, précisément Racalmuto, dans la province d’Agrigente, sur la côte sud-ouest. Autre lieu tout aussi mémorable dès la plus tendre enfance, loin de « l’âcre exhalaison du soufre en combustion », celui du lieu-dit La Noix, où Sciascia passera ses plus belles vacances ; un lieu de villégiature mais aussi de prédilection pour l’écriture, « tous mes livres ont été écrits dans ce lieu », livres que l’écrivain estime « consubstantiels : aux paysages, aux gens, aux souvenirs, aux affections. » Sur la question de son profond enracinement en province, à l’occasion d’un entretien, il répondra qu’« il est tout à fait de bon sens que l’écrivain vive dans l’environnement humain qu’il connaît le mieux, qu’il donne témoignage d’une réalité à laquelle il est lié par le sentiment, la langue, les habitudes, et dont aucun mouvement, aucun pli, aucune nuance ne lui échappe. »
Sciascia, « une des figures centrales de la littérature “engagée” en Italie – et l’une de ses voix polémiques les plus lucides et précieuses », peut-on lire sur la quatrième de couverture du tout récent Portrait sur mesure paru aux éditions Nous. La traduction des textes et la présentation de l’ensemble assurées par Frédéric Lefebvre, l’ouvrage rassemble un bouquet d’articles et d’essais, dont la plupart ont été écrits pour le journal L’Ora. Si certains textes relèvent de l’autobiographie, d’autres ont particulièrement trait à la Sicile, à son histoire, à ses traditions religieuses, à son immanquable mafia – sujet dont Sciascia a consacré une série de textes, tout en soulignant la complexité du phénomène. Il faut savoir que l’île aura été marquée par plusieurs événements insurrectionnels depuis le XIIIe siècle jusqu’à l’unification italienne (le Risorgimento en 1861), où aurait émergé la mafia.
Avec son texte « La grande soif », écrit à l’occasion du film documentaire de Massimo Mida, l’écrivain rend compte de cette Sicile devenue aride, en proie à la technique et au rêve de l’industrialisation : « L’île a tellement de problèmes. Mais ils sont presque tous liés au problème de l’eau. L’eau disputée jusqu’à la violence et au crime. L’eau qui se perd dans les méandres de la bureaucratie et de la mafia. » … « Le manque complet d’eau a presque vidé de ses habitants le village de Capparini… » … « Licata est la ville la plus assoiffée d’Italie » … « L’eau manque parfois jusqu’à 30 jours de suite. » … « Et voici Palerme, une ville qui était suffisamment approvisionnée […] par l’aqueduc de Scillato et qui manque aujourd’hui terriblement d’eau, en particulier dans les quartiers populaires. » … « Le peu d’eau qui existe est hypothéqué par la spéculation, la violence, le jeu profitable de la revente. Un bien public parmi les plus indispensables est soumis à l’abus, à l’affairisme, au caprice, à la mafia […] ».
En 2003, l’île continue encore à pâtir de cette pénurie, « pénurie d’eau chronique » relate l’hebdomadaire italien L’Espresso, célèbre pour ses enquêtes et ses dossiers sur les scandales économiques et politiques. « Une situation qui profite aux “porteurs d’eau” comme à Cosa Nostra. » Insuffisance des réserves d’eau pour lutter contre les incendies, c’est souvent qu’on laisse alors brûler les forêts ! En 2005, une vaste campagne de sensibilisation a été lancée, avec pour slogan emblématique Chi ama la vita, non spreca l’acqua (qui aime la vie, ne gaspille pas l’eau). Prise de conscience des habitants sur les problèmes de leur environnement ? Certainement, car depuis ces cinquante dernières années diverses réflexions et actions sont menées, en partie par les mouvements écologistes et les associations syndicales, l’opinion publique se montrant de plus en plus soucieuse des enjeux environnementaux. Mais tout comme Leonardo Sciascia ne faut-il pas s’interroger plus justement sur le « système social sicilien »[1] et ses dysfonctionnements, ainsi que sur l’impuissance des pouvoirs publics, et tenir compte également des mutations culturelles, économiques et sociales.
Parmi les autres sujets de Portrait sur mesure, dans « Le Sicilien Ibn Hamdis », si Sciascia revendique d’être Sicilien, il ne supporte guère ce stupide distinguo qui sépare la Sicile de l’Italie, cette démarcation entre être Sicilien et être Italien, « nous sommes des italiens d’une île qui a une histoire en partie différente de celle de la péninsule italienne ». De surcroît, Sciascia a toujours été soucieux de l’apport de la civilisation des Grecs et des Arabes en Sicile. La Sicile au Moyen Âge sous la domination musulmane est un fait civilisationnel qui tient à cœur l’écrivain, nous rappelant qu’au temps de l’Antiquité « les Grecs ont été comme chez eux en Sicile […] et de même, plus tard, les Arabes ([…] Et les Grecs et les Arabes […] sont encore dans le sang et dans les pensées des Siciliens. » Racalmuto vient de l'arabe Rahl al-mudd.
Hommage est aussi rendu au géographe et cartographe marocain Al Idrissi qui s’installe à Palerme où il rejoint la cour du souverain normand Roger II de Sicile, pour lequel il va travailler sur la réalisation d’un ouvrage connu sous le nom de Livre de Roger. L’ouvrage, composé de plus de 70 cartes qui représentent le monde, est reconnu selon Sciassia comme « une des œuvres géographiques les plus scrupuleuses et relativement fiables du Moyen Âge, et peut-être la plus aboutie ».
Autre moment clé de Portrait sur mesure, celui du texte « Un aveugle demande la lumière électrique », écrit à la suite d’un congrès qui s’est tenu sur trois journées en avril 1960 à Palma di Montechiaro, sous la direction du sociologue militant Danilo Dolci ; un évènement de toute importance, essentiellement centré « sur les conditions de vie et de santé dans les zones sous-développées de la Sicile occidentale ». Parmi les communications du congrès, Sciascia souligne celles de l’écrivain Carlo Levi, du professeur Ettore Biocca, du sénateur Simone Gatto… tous mobilisés, « parmi les paysans et les mineurs de soufre de Palma », à prendre fait et cause contre les conditions hygiéniques et sanitaires des plus déplorables. Sciascia retranscrit l’enquête du professeur Silvio Pampiglione qu’il juge comme « la plus importante contribution de la science médicale aux travaux du congrès ». À la même époque, Robert Guillain[2], dans son article paru dans le journal Le Monde, avait comparé Palma di Montechiaro à la Chine d’avant Mao Tse-Toung.
Palma di Montechiaro, c’est aussi la ville du Prince de Lampédusa, Giuseppe Tomasi, celui qui dans son célèbre roman Le Guépard, publié à titre posthume, dépeint en observateur avisé la Sicile des années 1860. Le livre est jugé par Sciascia comme « une sorte de 18 avril 1948 », une date en référence à la victoire de la Démocratie Chrétienne lors des premières élections générales de la jeune République italienne. Le Guépard « marque la fin du néo-réalisme, de cette littérature d’opposition, et la victoire de valeurs purement littéraires sur des valeurs idéologiques et d’opposition, auxquelles nous croyons que l’art de notre temps est voué, en particulier dans la situation actuelle de l’Italie : c’est pourquoi il représenterait la fin d’un pacte, hérité de l’histoire, entre les intellectuels et les classes populaires. »
Le néo-réalisme italien, né dès la fin du fascisme, est « une façon nouvelle d’intégrer la réalité dans l’art », « est donc la forme de l’opposition dans l’art ». Ce phénomène d’avant-garde culturelle est fortement ressenti par les artistes et les écrivains de l’époque. Sciascia écrit à ce propos : « En 1945, à la libération de l’Italie, une nouvelle génération d’écrivains eut la révélation de ce que l’Italie était en vérité : pas seulement un pays blessé par vingt ans de dictature puis dévasté par une guerre, mais un pays de pauvres trop pauvres et de riches trop riches, un pays de malins trop malins, d’hypocrites trop hypocrites ; un pays d’analphabètes, de conformistes, de soit-disant hommes d’ordre ; un pays arriéré techniquement et moralement, tenu à l’écart des grands courants de la pensée humaine et du progrès civil. Un pays qui déjà avec Francesco Crispi, un homme d’État qui venait d’un bourg comme Ribera, où on comptait alors plus de morts de la malaria que de fraises ; qui déjà avec Francesco Crispi avait entamé ses aventures coloniales coûteuses et tragiques, en laissant derrière lui les problèmes de l’Italie du sud, bien plus urgents et pesants. Cette Italie qui se cachait et se cache encore derrière les écrans de fumée de la rhétorique ; cette Italie que les imbéciles et les fourbes s’efforcent encore de cacher (et à ce propos : quand une alliance se forme entre les imbéciles et les fourbes, faites bien attention que le fascisme est aux portes). Cette Italie, les jeunes écrivains et artistes voulurent la porter à la conscience de la nation, avec toutes les souffrances, les misères, les injustices, les aveuglements dont elle était prisonnière. »
« Découvrir ou redécouvrir Sciascia » finalise le recueil Portrait sur mesure, en retraçant le parcours d’un écrivain qui, après la mort de Pasolini, est devenu « un des intellectuels les plus observés en Italie. »
© Nathalie Riera
Les Carnets d’Eucharis, 26 avril 2021.
[1] « L'aggravation des problèmes d'environnement dans les pays méditerranéens : l'exemple de la Sicile » par Gérard Hugonie, Sedes, Paris – L’information géographique n°5, 1999. https://www.persee.fr/doc/ingeo_0020-0093_1999_num_63_5_2667
[2] « Palma di Montechiaro, ou la ville pourrie » par Robert Guillain, Le Monde, 15 septembre 1960.
23:02 Publié dans Leonardo Sciascia, Nathalie Riera, Nous | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
08/11/2020
WALLACE STEVENS - Transport vers l'été
WALLACE STEVENS
Transport vers l’été
Soldat, il existe une guerre entre l’esprit
Et le ciel, entre le jour, la nuit et la pensée. C’est
pourquoi le poète est toujours dans le soleil
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[Ni renard, ni croûton, ni patates]
Il n’est pas là, le vieux soleil,
Aussi absent que quand on dort.
Le champ a froid. Les feuilles sont sèches.
Mal est ultime en cette lumière.
Dans cet air morne les tiges brisées
Ont des bras sans mains. Ont des troncs
Sans jambes ou, pour cela, sans têtes.
Ont des têtes où un cri captif
Est le simple mouvement d’une langue.
La neige pétille comme une vision tombant
Du ciel, comme la vision de claires disparitions.
Les feuilles sautillent, griffent le sol.
C’est grand janvier. Le ciel est rude.
Les tiges dans la glace ont leurs fermes racines.
Là, dans cette solitude, une syllabe,
Hors de ces gauches palpitations,
Entonne son vide singulier,
Le rien le plus féroce des bruits d’hiver.
Là, dans ce mal, nous connaissons
Le bien dans la suprême pureté.
Le corbeau rouillé prend son vol.
Son œil brille de méchanceté…
On vient le voir ici pour se distraire,
Mais à distance, sur un autre arbre.
[Extrait de Transport vers l’été]
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●●● Éditions Nous, 2020, pp. 43/44.
■ © Éditions Nous, 2020
Traduit de l’anglais (États-Unis)
par Alexandre Prieux
Collection Now
208 pages
ISBN : 978-2-370840-75-2
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[BIOGRAPHIE]
Wallace Stevens (1879-1955) peut prétendre, en France, au titre de plus grand poète méconnu de langue anglaise. Souvent considéré comme le centre de son œuvre, Transport vers l’été restait son seul livre non traduit en français.
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15:27 Publié dans Nous, Wallace Stevens | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
27/05/2016
P. P. Pasolini, La rage - éditions Nous, 2016
LA RAGE
La « force diagonale » avec Hannah Arendt, la « Survivance des lucioles » avec Georges Didi-Huberman, « organiser le pessimisme » avec Walter Benjamin… relire ces textes en ces temps où l’on n’a toujours pas « couper la mèche – avant que l’étincelle n’atteigne la dynamite » - revisiter les « Ecrits corsaires » du scandaleux P. P. Pasolini et son célèbre article du 1er février 1975, l’article de son pessimisme définitif et radical : « La disparition des lucioles ». Puis, parmi les nouveautés, « La rage », texte du film « La rabbia », enfin traduit pour la première fois en France aux Editions Nous. Retrouver ici un Pasolini en résistance, allié des minorités, à l’époque des dernières utopies, et avant sa rupture au début des années 1970 avec un cinéma plus métaphorique.
LA RAGE (La Rabbia), film sous-estimé par le grand public, produit par Gastone Ferranti (Directeur de la société Opus Film), est sorti en Italie en avril 1963. Construit à partir d’archives d’actualité des années 1950 et 1960, sa réalisation en deux parties convoque P.P. Pasolini et l’écrivain, journaliste et satiriste Giovannino Guareschi. Les deux hommes, dans leurs visions diamétralement opposées, sont conviés de répondre à la question: «Pourquoi notre vie est-elle dominée par le mécontentement, l'angoisse, la peur de la guerre, la guerre?». Avant la réalisation de ce film, Guareschi n'était pas prévu au projet. Ferranti dirigeait depuis de nombreuses années des images d'actualités non-utilisées qu'il confia à Pasolini pour le montage. Mais la version proposée par le cinéaste - le choix du sujet, le montage et les commentaires - ne sera pas validée. Liés par un contrat, néanmoins les deux hommes s'accorderont à faire suivre la version de Pasolini d'un volet supplémentaire, en le confiant à un autre auteur. Pasolini pensait aux journalistes Montanelli, Barzini ou Ansaldo, mais ce sera l'humoriste réactionnaire Guareschi qui assurera la deuxième partie du film. LA RAGE est en fait deux films en un: un film de Pasolini et un film de Guareschi, aux antipodes l'un de l'autre. La Rage restera en salles à peine quatre jours.
Film italien aujourd’hui presque oublié, en France les Éditions NOUS nous offrent la lecture d’un «journal lyrique et polémique à l’époque des dernières utopies pasoliniennes» (Roberto Chiesi). Comme l’écrivait Alberto Moravia, Pasolini a toujours «fait passer le poétique avant l’intellectuel», la critique littéraire avant l'essai idéologique. Scandaliser, blasphémer, on dira de l’écrivain, du cinéaste et du critique qu’il est «l’homme qui dit tout ce qu’il pense, l’homme de la transparence, de l’athéisme politique. Grâce à quoi, il était devenu une sorte de conscience publique pour les Italiens»[1].
Nous savons que presque toutes les œuvres de Pasolini ont fait l’objet de procès, de condamnations jusqu’à souffrir de la censure. Les insurrections de Pasolini sont nombreuses: contre l’homme-masse, contre le néo-fascisme parlementaire en tant que continuum du fascisme traditionnel, contre le «développement» et la montée du matérialisme capitaliste, contre la fossilisation du langage, contre la télévision qu'il comparait à l'invention d'une nouvelle arme «pour la diffusion de l'insincérité, du mensonge, du mauvais latin»[2]. Du temps des Scritti Corsari Pasolini ne pouvait tolérer l’idéologie hédoniste, car c’était pour lui tolérer « la pire des répressions de toute l’histoire humaine ».
Chacune de ses interventions polémiques pourrait se définir ainsi que ce que lui-même en disait: «d'être personnelle, particulière, minoritaire. Et alors?»[3].
Certaines séquences de LA RAGE seront abandonnées par le producteur, mais seront reprises par Pasolini dans la rédaction définitive du texte littéraire: «Cent pages élégiaques en prose et en vers et un tissu d'images en mouvement, photographies et reproductions de tableaux: dans le laboratoire du film La rage, Pier Paolo Pasolini expérimenta pour la première fois une forme différente de la narration filmique traditionnelle et des conventions du documentaire»[4].
27/05/2016
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© Nathalie Riera
[1] Pier Paolo Pasolini, Écrits Corsaires, éd. Champs Arts, 2009 – Traduit de l’italien par Philippe Guilhon – Philippe Gavi et Robert Maggioni, p.13.
[2] Pier Paolo Pasolini, La rage, éd. Nous, 2016 – Traduit de l’italien par Patrizia Atzei et Benoît Casas – Introduction de Roberto Chiesi Nouvelle édition en format poche, p.50.
[3] Écrits Corsaires, p.151.
[4] La rage (Roberto Chiesi), p. 7.
ǀ SITE : Les Editions Nous
Cliquer ICI
ǀ LA RABBIA : Le film sur youtube
14:59 Publié dans LES CARNETS D'EUCHARIS (pdf & calaméo), Nathalie Riera, NOTES DE LECTURES/RECENSIONS, Nous, Pier Paolo Pasolini | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
19/02/2014
Jonathan Williams, Portraits d'Amérique (éd. Nous, 2014)
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Portraits d’Amérique
JONATHAN WILLIAMS
Editions NOUS, 2014
NOW
TRADUCTION & EDITION |Jacques DEMARCQ
Introduction de Rachel Stella
Site officiel | © http://www.editions-nous.com/main.html
William Carlos Williams (1883-1963) dans son jardin, 9 Ridge Road, à Rutherford, New Jersey. Ce devait être vers la fin de l’automne 1961, quelque seize mois avant sa mort. À la fin de sa vie, le docteur avait perdu la rudesse qu’on lui attribuait, même si j’imagine qu’il a toujours été généreux, simplement exaspéré par la fréquentation d’un monde insensible. Il tenait sa force de sa vulnérabilité, de sa « féminité » dans un univers de mots et de fleurs. C’est un de ses attraits pour les nouvelles générations d’écrivains américains, hommes ou femmes. Je n’oublierai jamais la gentillesse qu’il a montré envers mes efforts de poète et d’éditeur débutants : « C’est une chose étrange, m’écrivait-il, que le “nouveau”, catégorie où je range ce que vous faites. D’abord ça choque, voire dégoûte un homme comme moi, puis au bout de quelques jours, ou d’un mois, d’un an, on se précipite l’eau à la bouche, comme devant un fruit, une pomme en hiver… »
(p.15)
Mina Loy (1883-1966) à Aspen, Colorado, en 1957. En 1921, Ezra Pound écrivait à Marianne Moore : « Et puis, entre nous, y a-t-il quelqu’un aux États-Unis à part vous, Bill [W. C. Williams] et Mina Loy, qui puisse écrire en vers un truc intéressant ?» Que s’est-il passé ? Les malheurs de sa vie privée ont fait disparaître Mina Loy. Jargon Press a publié son Lunar Baedeker & Time- Tables en 1958, sans grand écho ; puis en 1979, tout ce qui a pu être retrouvé de son meilleur livre, The Last Lunar Baedeker. Le problème, comme l’a écrit Rexroth, c’est qu’« elle a sans doute été ignorée du fait de l’exception absolue que constitue son œuvre. D’ordinaire, la poésie érotique est lyrique. La sienne est élégiaque et satirique. Elle est aussi drôle que Volpone ou le dénouement du Jin Ping Mei. Les gens n’aiment pas ce genre de poésie. » C’était une très belle femme d’une extrême intelligence. Sa tombe, dans un bosquet des Rocheuses, est peu visitée.
(p.16)
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27/03/2011
E. E. Cummings - Font 5 - Editions NOUS
Traduction et postface de Jacques Demarcq
Collection Now
puisque sentir est premier
qui prête la moindre attention
à la syntaxe des choses
ne t’embrassera jamais entière;
tout entier être un idiot
quand le printemps est de ce monde
mon sang approuve,
et les baisers sont un meilleur sort
que la sagesse
ma dame je le jure sur toutes les fleurs. Ne pleure pas
—le plus beau geste de mon cerveau ne vaut
ce battement de tes paupières qui dit
nous sommes l’un à l’autre:alors
ris donc,à la renverse dans mes bras
car la vie n’est pas un paragraphe
Et la mort je pense n’est pas une parenthèse
E. E. Cummings
(1894-1962), son cinquième livre,
le plus parisien, d’une vitalité infatigable,
toutes griffes et caresses dehors.
Autre extrait sur le site
Littérature de partout (Tristan Hordé)
XXVII – MEMORABILIA sur le site Terres de femmes
Source photo : http://www.gvsu.edu/english/cummings/Index.htm
E. E. Cummings (1894-1962) :
Poète, écrivain et peintre américain. Son œuvre est composée de plus de neuf cents poèmes, quelques pièces, des essais. Il fut l'un des grands novateurs de la poésie XXe siècle, notamment par son usage de la typographie et de la syntaxe.
Ont été traduits en français, par Jacques Demarcq : je:six inconférences, Contes de fées, 16 Poèmes enfantins (Clémence Hiver), 95 Poèmes (Points/Seuil) ainsi que No thanks à paraître prochainement aux éditions Nous.
éditions NOUS
4 chemin de Fleury
14000 Caen
Site : www.editions-nous.com
Blog : http://editions-nous.tumblr.com/
22:21 Publié dans E.E. Cummings, ETATS-UNIS, Nous | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : e e cummings, éditions nous, littérature de partout, les carnets d'eucharis, terres de femmes | Imprimer | | Facebook