31/07/2011
Les carnets d'eucharis n°29 - juillet&août 2011
Les carnets d’eucharis n°29
Juillet/Août 2011
[SOMMAIRE………]
Lilya Corneli
Photographe contemporaine
Thierry Michau - Eric Perrot
« Mon journal de ton voyage » LA GALERIE LE REALGAR
DU CÔTÉ DE…
Jacques EstagerLa nuit, Pierrot et Pierrot
Boris PasternakMa sœur la vie & autres poèmes
EDITIONS CHAMP VALLON ETIENNE FAURE Horizon du sol
EDITIONS TARABUSTE CLAUDE MINIERE JE HIEROGLYPHE
AUPASDULAVOIR
JOS ROY Ilbide
■■■Nadja Einzmann
Traduction inédite de Chantal Tanet■■■
George Oppen … Henri Cole
DES LECTURES
Sylvie Durbec La huppe de Virginia Une lecture de Nathalie Riera
REVUE
DIPTYQUE N°2
Au format livre numérique/CALAMEO
Au format PDF Les carnets d'eucharis n°29_juillet&août 2011.pdf
17:22 Publié dans ALLEMAGNE/AUTRICHE, Chantal Tanet, Jos Roy, LES CARNETS D'EUCHARIS (pdf & calaméo), Nadja Einzmann, Nathalie Riera, TRADUCTEURS | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
13/06/2011
Nadja Einzmann (traduction inédite de Chantal Tanet)
© photo sur le site d'ÉCLA-Aquitaine
Alors non je ne peux pas dire non
Mon bien-aimé est de ceux qui méritent qu’on les attende. Il m’aime, et ça me suffit. Alors je me plais à être sa maison et son foyer et j’en vérifie le toit et huile la porte, jour après jour, et j’attends. Une nuit, mon bien-aimé viendra ainsi vers moi, à travers la campagne, et les étoiles se feront carillon et la lune tam-tam et pulsation pour lui souhaiter la bienvenue. Il vit encore sous d’autres cieux et fouille et cherche ardemment et feuillette des livres à s’en écorcher le bout de la langue. Il me l’a souvent écrit. Alors non je ne peux pas dire non ni prendre mes distances ni le laisser passer : dans une autre ville une autre femme. Alors non je ne peux pas dire non. Et puis tout le monde voudrait un pareil bien-aimé et ne l’ayant pas, le rêve. Je regarde par la fenêtre et le vois venir, une ombre sur le chemin. Et le gravier crissera sous ses pas, et ma main, appuyée sur le rebord de la fenêtre, se fera lourde, ma main en attente.
Certains jours
Certains jours, j’attends que quelque chose se passe. Un appel ; que la maison s’écroule ; ou que le médecin me dise que je n’ai plus que quelques semaines à vivre. Je suis assise dans mon lit et j’attends, et ma mère frappe à la porte. Elle n’a rien à raconter. Sois gentille, dit-elle, descends la poubelle, ou bien : que dirais-tu d’une promenade, c’est une journée magnifique, ensoleillée, et les moineaux le sifflent sur tous les toits. Non, lui crié-je à travers la porte fermée, je n’en ai pas envie, je n’ai pas envie du monde. Et je suis assise dans mon lit, le ciel bleu perce à travers ma fenêtre ou s’assombrit, ou un orage approche. Mon lit est mon navire, mon lit est mon radeau, je flotte là, des requins et autres animaux marins au-dessous de moi et les étoiles et le ciel au-dessus.
Que dois-je faire de toi, dit ma mère en mettant le dîner devant ma porte. Aucun de mes enfants, aucun de mes enfants, tous sont normaux et vont travailler, ils sortent le matin de la maison et reviennent le soir, sauf toi. Que vas-tu devenir ?
Il fut un temps où j’étais différente. Il y a eu un temps. J’étais vraiment pleine de vie. Aucune tâche ne me résistait, et en plus je dessinais simplement pour passer le temps et je faisais de la voltige et de l’escrime et dansais toute la nuit. Mes frères et sœurs avaient l’air fatigués quand ils revenaient du travail. Ils avaient tâché de sang le blanc de leurs yeux au fil de la journée et leurs mains, elles aussi, étaient écorchées et douloureuses. Chez moi on ne voyait aucune peine. Jamais. Je planais sur le sol où les autres marchaient, et il est très rarement arrivé que je me penche. Oui, il y a eu un temps où j’étais différente, et je ne le regrette pas. Mettez vos cœurs dans du papier d’aluminium pour qu’ils soient protégés quand vous sortez de la maison et ne les faites pas passer librement !
Il y a eu un temps où j’étais différente, et ma mère le regrette. Ma fille, dit-elle, ne veux-tu pas te lever pour que ton père puisse aller à la pêche avec toi et que tes frères et sœurs te racontent leur journée ? Non, dis-je, je n’ai pas envie du monde. Je suis assise dans mon lit, qui est mon navire, et la houle est forte. Le vent salé traverse ma chevelure et les vagues se déchaînent.
Jeux
Je porte mon cœur sur le bout de la langue : là, venez et attrapez-le ! dis-je en le tenant haut dans l’air en équilibre. Il brille et suinte dans la lumière crue du soleil. Un jeu amusant qui réjouit autant les femmes que les hommes. Ils inclinent la tête en arrière et affûtent les lèvres, lissent leur jupe ou les pinces de leurs pantalons. Et ensuite on joue à la balle avec mon cœur qui fait la galipette dans l’air.
Ce qu’il voit
Je change, c’est ça ce qu’il voit. Mes articulations craquent et claquent comme au printemps et mes cheveux luisent. C’est comme ça qu’il me voit et me réclame comme un événement imprévu. Et comme si je n’avais pas eu à ses côtés toute l’année la main sur son genou et le regard sur ses lèvres, suivant avec gravité la naissance de chaque mot, comme si je n’avais jamais été assise à ses côtés toute l’année.
J’ai provoqué un incendie en lui, me dit-il. Un incendie, et je le vois écumer dans ses yeux et s’embraser. Pas assez pour qu’il me fasse des demandes en mariage, il s’accroche à moi. Je suis devenue forte, et sur son front les veines saillent.
Soleil, je peux te voir à travers lui, de légers nuages bordent le ciel, et son souffle ne met plus mes cheveux en désordre. Ma mâchoire s’avancecomme chez tous les animaux en bonne santé, les dents blanches comme de la neige fraîchement tombée. Et mon cœur palpite et palpite et respire le sang frais.
Nadja Einzmann, Da kann ich nicht nein sagen, Geschichten von der Liebe, S. Fischer Verlag, 2001, p. 18, 41, 60, 99. Traduction inédite de Chantal Tanet.
Da kann ich nicht nein sagen
Mein Liebster ist einer, auf den zu warten sich lohnt. Er mag mich, und das genügt mir. Da bin ich gerne sein Haus und sein Hof und prüfe das Dach und öle die Tür, tagein, tagaus, und warte. Es ist eine Nacht, in der er so zu mir kommen wird, übers Feld, und die Sterne werden dröhnen und der Mond pubbern und pulsen, meinem Liebsten zur Begrüßung. Noch lebt er unter anderem Himmel und forscht und strebt und leckt sich die Zungenspitze wund zwischen den Büchern, er hat es mir oft geschrieben. Da kann ich nicht nein sagen und beiseite treten und lasse ihn nicht vorbei: in einer anderen Stadt einer anderen Frau. Da kann ich nicht nein sagen. Und so einen Liebsten hätte ein jeder gern und hat er ihn nicht, erträumt er ihn. Ich sehe zum Fenster hinaus und sehe ihn kommen, ein Schatten auf dem Weg. Und der Kies wird knirschen unter seinen Füßen, und meine Hand, gestützt auf die Fensterbank, wird schwer werden, meine wartende Hand.
An manchen Tagen
An manchen Tagen warte ich, daß etwas passiert. Auf einen Anruf ; daß das Haus einstürzt ; oder der Arzt mir sagt, daß ich nur noch wenige Wochen zu leben habe. Ich sitze im Bett und warte, und meine Mutter klopft an die Türe. Zu berichten hat sie nichts. Sei so gut, sagt sie, bring den Müll hinunter, oder : Wie wäre es mit einem Spaziergang, es ist ein wunderbarer Tag, sonnig, und die Spatzen pfeifen es von allen Dächern. Nein, rufe ich ihr zu, durch die geschlossene Tür, mir ist nicht danach, mir ist nicht nach Welt. Und ich sitze im Bett, der Himmel schaut blau durch mein Fenster oder umwölkt sich, oder ein Gewitter zieht auf. Mein Bett ist mein Schiff, mein Bett ist mein Floß, ich treibe dahin, Haie und andere Meerestiere unter mir und Sterne und Himmel über mir.
Was soll ich unternehmen mit dir, sagt meine Mutter, und stellt mir das Abendessen vor die Tür. Keines meiner Kinder, keines meiner Kinder, alle sind sie normal und gehen zur Arbeit, gehen morgens aus dem Haus und kehren abends zurück, nur du nicht. Was soll nur werden mit dir ?
Es gab Zeiten, da ich anders war, solche Zeiten hat es gegeben. Ausgesprochen lebhaft war ich. Keine Aufgabe war sicher vor mir, und dann noch zum bloßen Zeitvertreib zeichnete ich und voltigierte und focht und tanzte die Nächte durch. Meine Geschwister sahen müde aus, wenn sie von der Arbeit kamen. Sie hatten sich das Weiß in ihren Augen blutig gesehen über den Tag, und auch ihre Hände waren wund und schmerzten. Mir sah man keine Mühen an. Nie. Ich schwebte über den Boden, wo andere gingen, und daß ich mich bückte, kam nur sehr selten vor. Ja, es hat Zeiten gegeben, da ich anders war, und ich trauere ihnen nicht nach. Packt eure Herzen in Alufolie, daß sie geschützt sind, wenn ihr aus dem Haus geht, und reicht sie nicht frei herum!
Er hat Zeiten gegeben, da ich anders war, und meine Mutter trauert ihnen nach. Kind, sagt sie, willst du nicht aufstehen, daß dein Vater mit dir fischen gehen kann und deine Geschwister dir berichten von ihrem Tag? Nein, sage ich, mir ist nicht nach Welt. In meinem Bett sitze ich, das mein Floß ist, und der Seegang ist hoch. Salziger Wind fährt mir durchs Haar und die Wellen überschlagen sich.
Spiele
Ich trage mein Herz auf der Zungenspitze: Da, kommt und fangt es! sage ich und balanciere es hoch in der Luft. Es glänzt und schwitzt im grellen Sonnenlicht. Ein lustiges Spiel und erfreut Frauen und Männer gleichermaßen. Sie legen die Köpfe in den Nacken und wetzen die Lippen, sie streichen die Röcke glatt und die Bundfalten ihrer Hosen. Und dann spielen wir Ball mit meinem Herzen, daß es Purzelbäume schlägt in der Luft.
Was er sieht
Ich verändere mich, das ist es, was er sieht. Meine Gelenke krachen und knacken wie im Frühling und mein Haar schimmert. So sieht er mich und verlangt nach mir, als sei ich ein unvorhergesehenes Ereignis. Und als hätte ich nicht neben ihm all die Jahre, die Hand auf seinem Knie und den Blick auf seinen Lippen, die Geburt jedes Wortes mit Ernst verfolgend, als hätte ich nicht neben ihm gesessen all die Jahre.
Ein Feuer habe ich in ihm angerichtet, sagt er mir. Ein Feuer, und ich sehe es schäumen in seinen Augen und bluten. Nicht genug, daß er mir Anträge macht, er hält sich fest an mir. Stark bin ich geworden, und auf seiner Stirn schwellen die Adern.
Sonne, ich kann über ihn hinwegsehen, leichte Wölkchen säumen den Himmel, und sein Atem bringt mein Haar nicht mehr durcheinander. Mein Kiefer schiebt sich vor, wie bei allen gesunden Tieren, Zähne weiß wie frischgefallener Schnee. Und mein Herz pocht und pocht und atmet frisches Blut.
Nadja Einzmann, Da kann ich nicht nein sagen, Geschichten von der Liebe, S. Fischer Verlag, 2001, p. 18, 41, 60, 99.
Nadja Einzmann, écrivaine allemande née en 1974, vit à Francfort où elle a fait des études d’allemand et d’histoire de l’art. Elle a publié des récits et des poèmes dans des revues et anthologies, ainsi que deux livres chez S. Fisher-Verlag : Da kann ich nicht nein sagen. Geschichten von der Liebe (2001) et Dies und das und das. Porträts (2006). Elle a obtenu plusieurs prix littéraires, notamment pour Da kann ich nicht nein sagen en 2002 et le prix d’encouragement Hölderlin de la ville de Bad Homburg en 2007.
21:04 Publié dans ALLEMAGNE/AUTRICHE, Chantal Tanet, Nadja Einzmann, TRADUCTEURS | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
14/02/2011
Erich Fried
Erich FRIED
Ecrivain et poète de langue allemande
(1921 - 1988)
L A P A U S E P O E S I E
© Photo : internet
Biographie
Né à Vienne en 1921 de parents juifs, Erich Fried quitte l’Autriche après l’Anschluss en 1938 et s’exile à Londres, collaborant notamment au service allemand de la BBC. Profondément marqué par le spectre du nazisme et la condition juive – son père est mort lors d’un interrogatoire par la Gestapo – Fried incarne en Allemagne, à partir des années 1950, la figure de l’écrivain engagé, au service d’une conscience politique toujours tenue en éveil (guerre du Vietmam, Israël).
Aux côtés d’écrivains comme Ingeborg Bachmann, Heinrich Böll, Peter Weiss, Martin Walser ou Paul Celan, il a fait partie du Groupe 47, initié par Hans Werner Richter en 1947 dans le but de nettoyer la langue allemande des séquelles du nazisme, en prônant une écriture dépouillée.
L’oeuvre d’Erich Fried porte la marque claire de cette démarche et se caractérise par la dimension ludique du travail d’écriture. Il est l’auteur de quelques romans (Les Enfants et les Fous, Le Soldat et la Fille) mais surtout d’un nombre considérable de recueils de poèmes. Ce sont eux qui lui ont assuré une grande popularité en Allemagne, notamment Cent poèmes sans frontière, lauréat du Prix International des Éditeurs en 1977, et plus encore ses Liebesgedichte (Poèmes d’amour) en 1979. Certains poèmes comme Was es ist (Ce que c’est) sont devenus des "classiques" de la littérature allemande des années 1980. Erich Fried est aussi un grand traducteur de l’anglais, en particulier de Shakespeare, Dylan Thomas, T.S Eliot, Sylvia Plath.
Le prix Georg Büchner lui a été décerné pour l’ensemble de son oeuvre en 1987, un an avant sa mort à Baden-Baden.
Bibliographie en français
Le Soldat et la fille, traduit par Robert Rovoni, Gallimard, 1962 (réédition, 1992).
Les Enfants et les fous, traduit par Jean-Claude Schneider, Gallimard, 1968.
Cent poèmes sans frontière, traduit par Dagmar et Georges Daillant, Christian Bourgois, 1978.
La Démesure de toutes choses, traduit par Pierre Furlan, Actes Sud, 1984.
Bibliographie sélective en allemand
1944, Deutschland.
1945, Österreich
1960, Ein Soldat und ein Mädchen
1965, Kinder und Narren
1966, und Vietnam und
1967, Anfechtungen
1968, Zeitfragen
1972, Die Freiheit den Mund aufzumachen
1974, Höre, Israel !
1978, 100 Gedichte ohne Vaterland
1979, Liebesgedichte
1981, Zur Zeit und zur Unzeit
1982, Das Unmaß aller Dinge
1983, Es ist was es ist
1985, Von Bis nach Seit
1987, Gegen das Vergessen
1988, Unverwundenes
D’autres sites :
10:11 Publié dans ALLEMAGNE/AUTRICHE, Chantal Tanet, Erich Fried, TRADUCTEURS | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Erich Fried -I- (traduction Chantal Tanet & Michael Hohmann)
Liebe ?
in memoriam Hans Arp
Sackhüpfen
im verschlagenen Wind
ohne Segel
Strohsack- und Plumpsackvögel
im eigenen Hosensack
Hodensackhüpfen
Schwalbenhodensackhüpfen
Schwalbenhodensarglüpfen
Schwalbenhodenhosensargnestelknüpfen
Schwalbennestelknüpfen
Aus dem Nest fallen:
Lustrestlinge
Hineinschlüpfen
Wo hinein?
Sich festkrallen
Gefallene Nestlinge
zu klein
Vögel sein wollen
noch ein zweimal flattern
sterben
Amour ?
in memoriam Hans Arp
Sautiller en sac
dans le vent malin
sans voile
Oiseaux sacs de paille et sacs grossiers
en poche-sac de pantalon
Sautiller en sacs à testicules
Sautiller en sacs à testicules d’hirondelles
Soulever tombeau de testicules d’hirondelles
Nouer rubans de tombeau de pantalon de testicules d’hirondelles
Nouer rubans d’hirondelles
Tomber du nid :
Rescapés du plaisir
Glisser
Où donc ?
Se cramponner
Occupants du nid tombés
trop petits
Vouloir être oiseaux
encore une deux fois battre des ailes
mourir
09:44 Publié dans ALLEMAGNE/AUTRICHE, Chantal Tanet, Erich Fried, TRADUCTEURS | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Erich Fried -II- (traduction Chantal Tanet & Michael Hohmann)
Par la pensée
Te penser
et penser à toi
et penser à toi toute entière et
penser au te-boire
et penser au t’aimer
et penser à l’espérer
et espérer et encore
et toujours plus espérer
le te-revoir-toujours
Ne pas te voir
et par la pensée
non seulement te penser
mais aussi déjà te boire
et déjà t’aimer
Et alors seulement ouvrir les yeux
et par la pensée
d’abord te voir
et puis te penser
et puis de nouveau t’aimer
et de nouveau te boire
et puis
te voir de plus en plus belle
et puis te voir penser
et penser
que je te vois
Et voir que je peux te penser
et sentir ta présence
quand bien même
je ne peux te voir avant longtemps
Mais alors
La vie
serait
peut-être plus simple
si je ne t’avais
pas du tout rencontrée
Moins de tristesse
chaque fois
que nous devons nous séparer
moins d’appréhension
de la prochaine séparation
et de la suivante
Et pas non plus
quand tu n’es pas là
tant de ce vain désir
qui ne réclame que l’impossible
et l’immédiat
dans l’instant même
et qui ensuite
parce qu’il ne peut s’accomplir
en est troublé
et respire avec peine
La vie
serait peut-être
plus simple
si je ne t’avais
pas rencontrée
Mais alors
elle ne serait pas ma vie
Quoi ?
Qu’es-tu pour moi ?
Que sont pour moi tes doigts
et tes lèvres ?
Qu’est pour moi le son de ta voix ?
Qu’est pour moi ton odeur
avant l’étreinte
et ton parfum
pendant l’étreinte
et après ?
Qu’es-tu pour moi ?
Que suis-je pour toi ?
Que suis-je ?
Nuit à Londres
Garder les mains
devant le visage
et laisser clos
les yeux
ne voir qu’un paysage
montagnes et torrent
et dans la prairie deux animaux
bruns sur le versant vert clair
qui monte jusqu’à la forêt plus sombre
Et commencer à sentir
l’herbe fauchée
et tout en haut au-dessus des pins
en cercles lents un oiseau
petit et noir
sur le bleu du ciel
Et tout
absolument paisible
et si beau
que l’on sait
que cette vie vaut la peine
parce que l’on peut croire
que tout ça existe
Poèmes extraits du recueil Es ist was es ist (1983)
Traduits de l’allemand par Chantal Tanet et Michael Hohmann
Télécharger version allemande E. Fried, version allemande.pdf
09:32 Publié dans ALLEMAGNE/AUTRICHE, Chantal Tanet, Erich Fried, TRADUCTEURS | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook