Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/03/2017

RUINES - Perrine Le Querrec - éditions Tinbad, 2017

 Perrine Le Querrec.jpg 

Perrine Le Querrec Photo © La machine à musique (2016)

 

 

RUINE AU PLURIEL

Ruines, le 17ème livre de Perrine le Querrec, entendu comme « un récit télégraphique », nous entraîne au cœur de deux destins liés sur 17 années de beaucoup de malheur pour si peu de bonheur ; destins de deux créateurs, l’artiste et l’écrivain allemande Unica Zürn et le plasticien et photographe Hans Bellmer. Le Querrec a longtemps côtoyé l’œuvre de Hans Bellmer et Unica Zürn, elle-même précise s’être immergée dans leurs correspondances, leur biographie, et dans les écrits d’Unica Zürn, bien sûr, pour être au plus près d’elle. Au plus près de la femme, de la Poupée incarnée, Unica la poupée Olimpia de Hans, comme il en fut pour « L’homme de sable » des contes d’Hoffmann Offenbach. Perrine Le Querrec indique que l’écriture de Ruines est issue d’une visite au cimetière du Père Lachaise où les deux artistes ont été inhumés.

Ruines au pluriel, pour y entendre possiblement le destin de deux êtres qui auront à supporter le réel, le drame de l’Histoire. De Hans Bellmer, nous savons que dès l’accession d’Hitler au pouvoir, l’artiste va choisir l’isolement en refusant de manière radicale le nouvel ordre social. De Bellmer, nous retiendrons une vie de clandestinité, un emprisonnement au Camp des Milles, près d’Aix-en-Provence, mais aussi ses rencontres déterminantes avec l’œuvre de Sade, avec Georges Bataille… ; de Unica Zürn, ses dessins et ses poèmes anagrammatiques, puis sa maladie mentale, sa schizophrénie au pluriel.

 

Que dire de Ruines sinon d'accueillir&lire ce recueil comme une sorte d’apologie. S’aventurer entre les lignes dans le drame de l’exil, puis suivre la trame chronologique qui nous est proposée, depuis la rencontre de Hans et d’Unica à Berlin 1953 ; la chambre de 10 m2, Hôtel de l’Espérance, 86, rue Mouffetard ; la maison Sainte-Anne 1960-1961, jusqu’au geste final d’Unica, celui d’être parti de l’autre côté pour ne jamais revenir. Le Querrec aura cette phrase atterrante : Unica travaille pour l’amnésie. Et plus loin, Unica / Trace son chemin à travers les murs crayeux de la maladie. Hans n’y pourra rien, Hans n’est pas jardinier, jamais ne désherbe / Les racines du mal qui / soulèvent Unica, la fendent, la ruinent.

Que s’est-il joué entre Unica et Hans, si ce n’est de lui et d’elle, entre eux, Du réel et du fou / se fondent.

Perrine Le Querrec travaille et écrit sur les planchers et dans les caves, les maisons closes et les asiles. Elle anime un site et un blog. Sur le fronton de son site, on peut lire : Recherchiste – Documentaliste freelance.

 

25/03/2017

:- :- :- :- :- :

© Nathalie Riera

 

Perrine Le Querrec 1.jpg

 

EXTRAITS

 

Un sein comme un éventail

un ventre en plissé rose

une nuque comme un paon

des jambes de tulle froissé

un cou en ruban

Sur le canapé noir, Unica assise

dans un silence de presque morte

 

 ----------------------------------------------(p.22)

 

 

Hans déterre les traumatismes

les engraisse du purin de sa fabrication

les ongles noirs

s’émerveille de l’horreur

des fleurs nouvelles qui poussent et vampirisent.

Hans n’est pas jardinier, jamais ne désherbe

Les racines du mal qui

soulèvent Unica, la fendent, la ruinent.

Hans le grand créateur s’en va planter encore

Ensemencer

Unica

obligée d’arracher les fruits de ses entrailles,

ces fantômes bavards.

 

----------------------------------------------(p.27)

 

 

Sans titre 1.jpg

ǀ SITE : Les Editions TINBAD

Cliquer ICI

Les commentaires sont fermés.