16/11/2014
Les Carnets d'Eucharis n°43 (automne 2014)
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Poésie | Littérature Photographie| Arts plastiques
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en ligne
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Les carnets d’eucharis n°43
AUTOMNE 2014
[« SOUS LA TONNELLE EN CANISSE »]
© Nathalie Riera, 2014| Photographie numérique
EXPOSITION
NIKI DE SAINT PHALLE
Nathalie Riera LA TETE DANS LES BAMBOUS
Joseph Cornell PHOTOMONTAGES&COLLAGES
DU CÔTÉ DE…
NATHALIE HANDAL [8 poèmes de Gaza – 2014]
NIKOS LYBERIS [Après le son – extraits]
CLAUDE BRUNET [Le goût de l’étrange – 2003]
JEROME ROTHENBERG … LORINE NIEDECKER
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MARIANNE MOORE Le poisson / The fish
AUPASDULAVOIR
MAËL GUESDON [Sorgue]
ISABELLE LÉVESQUE [Ravin des nuits que tout bouscule]
NATHALIE RIERA [Solaria & La Baignade - texte inédit]
ERIC SARNER [Tentations et Tâches de Femmes]
DES TRADUCTIONS
FADIR DELGADO ACOSTA [QUELQUES POÈMES DE : Le dernier geste du poisson*
ALGUNOS POEMAS DE : El último gesto del pez traduit par Rémy Durand]
[Clairvision]
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DES LECTURES/DES PORTRAITS
[ARTICLES]Olivier Salazar-Ferrer [Les possessions transparentes] par Nathalie Riera
Conrad Aiken [Neige silencieuse, neige secrète] par Tristan Hordé
Philippe Jaffeux [Courants blancs] par Béatrice Machet-Franke
[LECTURE&RELECTURE][Christian Prigent « La langue et ses monstres »] par Claude Minière
[NOUVELLESPARUTIONS]
LA RIVIÈRE ÉCHAPPÉE – la barque– LA NERTHE– BLACK HERALD PRESS
Au format livre numérique/CALAMEO
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11/11/2014
Alain Fleischer
15:14 Publié dans VIDEOS, ANIMATIONS, DOCUMENTAIRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
Emmanuel Ruben - Galerie Le Réalgar
Emmanuel Ruben (© Tina Merandon)
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Emmanuel Ruben est né en 1980 à Lyon. Géographe de formation, écrivain, dessinateur, il est l’auteur de trois romans dont le dernier, La ligne des glaces, a été publié en 2014 chez Rivages.
(Sélection Prix Goncourt 2014)
Per Kirkeby est né en 1938 à Copenhague. Géologue de formation, il participe, de 1958 à 1965, à de nombreuses expéditions scientifiques au Groenland avant de rejoindre l’école radicale de Copenhague et le mouvement Fluxus. Peintre, essayiste, romancier, poète, architecte, sculpteur, cinéaste, il est considéré comme une figure majeure de l’art contemporain scandinave. Ses œuvres sont exposées dans le monde entier et de nombreuses rétrospectives lui ont été consacrées depuis la fin des années 70, notamment à Londres en 2009 (Tate Modern) et à Bruxelles en 2012 (Bozar).
Quatrième de couverture
«Cet homme est-il de la confrérie navrante des voyageurs plumitifs ? Cet homme pense-t-il qu'il suffit d'aller s'empoussiérer la semelle pour se ravauder la cervelle ? Non, la poussière est d'or qui le hante encore ; cet homme, que nous voudrions suivre ici, cet homme s'en va chaque année depuis ses vingt ans vers le Nord, carnet de croquis à la main, quêter de sa baguette divinatoire son Graal fantôme ; après quoi il rentre au pays, dessine, grave, sculpte et peint pour de bon ; sur ce, il paraphe en bas à droite PK. Per Kirkeby.»
| © Cliquer ICI
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SITE À CONSULTER
LE REALGAR
23, rue Blanqui
42000 SAINT-ETIENNE
0687602234
Sur le site : Galerie Le Réalgar
14:12 Publié dans Le Réalgar | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
05/11/2014
Nikos Lyberis
NIKOS LYBERIS
Après le son
La traduction de son dernier ouvrage paru en grec, en août 2014, d'où sont issus ces quelques poèmes a été faite par Brigitte Gyr en collaboration avec Nikos Lyberis, leur auteur.
Nikos Lyberis | © Vue sur le Canal Grande, en face du Palazzo Moncenigo (à Venise)
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12 - Pétales de soleil
Valse enfantine pour piano désaccordé
et fragments de voix
le crépuscule s'enfonce dans la pierre
Narration conique minée
pour tête sans corps
Face aux causalités les anciennes et les nouvelles
à chaque instant il invente son destin
pour ouvrir des fentes dans les murs de l'horizon
pour purifier le sang empoisonné
Dans le paysage du son éclosent les fleurs
sons sans début ni fin comme un souvenir
clarinette timbre mat dans l'eau
entière à moitié ou juste un bout
il a lâché les notes pour accéder à la musique
dialogue sans paroles superbe
Sons inédits d'un corps compressé
qui se confie au vent comme en fraude
tantôt murmurent tantôt crient en secret
formes connues insuffisantes
mais la géométrie mobile fonctionne
formes mouvantes à l'infini
l'espace résonne des jours et des jours après que se sont tus les
[instruments
et l'esprit ingénieux demeure sans voix
Innombrables les faces de l’immuable beauté
Silence empli de sons
Il déploie le pont sur l'abîme
pour la fille qui passe en larmes
et dont le temps s'est figé
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13 - Eclipse
Nuit archaïque qui abrite la musique
le regard se faufile dans l'espace inassouvi
aux confins usés
entre les ombres de ceux qui sont partis
Les murs se retirent d'autres murs arrivent
pour laisser passer
la Reine de Thulé
dans sa main la bible aux pages blanches
Entre-deux saigné par des cordes hérissées de pics
une cinquième guerre totale
La spirale du corps amollit les barreaux de la cage
neuf métaux fondus plus une météorite
la cage désormais voile
Elle traverse l'accord répété
les éclats de voix
pour que la mémoire s'éteigne peu à peu
qu'elle accueille les gestes spontanés
éboulements sous-marins
connaissance inaccessible à la pensée
négation de la négation
D'une bouche à l'autre
une même histoire se poursuit
malgré les bavardages silence intact
parce que la vérité et son objet sont une et même chose
Déchiffrer l'étoile de chacun
pour échapper à la dérive peut-être
et par un chemin sans malice remonter le courant
………………………………………………………………………
19 - Concert pour un corps
Dans le quartier sans saisons
elle tient une fenêtre ouverte dans ses mains
entre le flûtiste et l'amiral Perse
en duel avec son ombre
Un geste mille interrogations
Elle a enlevé le masque de sous son visage
la danse lovée dans le corps
remplit l'espace entre les mots
contrepoint multiple
Habillée aux couleurs de la tempête
elle prononce les mots à l'envers
pour ne pas trahir la joie
indifférente aux prétendants
des messieurs naufragés en haut de forme
qui revendiquent le trône d'Egypte
en dansant avec des mannequins chèrement vêtus
elle répond à la question qu'on lui pose
cinq murs plus loin
Elle a brodé l'habit de la nuit
pour que les oiseaux migrateurs s'y posent
elle enferme le temps dans une malle pour libérer de l'espace
Dans les brisures de son rire poussent des fleurs
Vague qui traverse le large
sans rencontrer de bateau
………………………………………………………………………
21 - Froissement de tilleul sauvage
Dans le vent de sable qui le suit partout
il coupe du bois pour sa croix
Le soleil dépeçait le mur
quand un coup de feu venant d'une autre histoire
dispersa les toiles d'araignée instantanément et
révéla le grand secret
à lui seul
la cloche de l'alarme devenue rituelle
adoucit les pierres dans l'air dur
cercles concentriques à l'horizon impromptu
Dans la fosse défilent des images
lambeaux d'essais
débris de temps
Au sommet du jet d'eau le récitant avec
dans ses mains une tragédie antique
murmure quelque chose sur les instants extrêmes
les circonstances qui ne connaissent pas leur force
Soudain la pluie et les rêves d'acier
du train s'incorporent au spectacle
Un vieil émetteur résonne
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22 - La lisière du feu
Dans les labyrinthes de l'air
des voix s'aventurent
tentent une rencontre
afin que se consument les obstacles
Enfermée en un point la force totale
rend possible l'impossible
Murs aux cinq bouts de l'espace
directions inversées
le sang du temps goutte dans le verre
écho d'un orage venant d'une autre planète
des carapaces de tortue annoncent
l'effondrement de l'empire
sans contraintes la terre
retrouvera sa face divine
Il froisse une page de cinq hectares
les peurs rentrées en fraude
à l'extrémité du silence
Des mots déformés trois cinquièmes et septièmes
neuvièmes et onzièmes assouplissent l'air
témoignage préhistorique dont le corps se souvient
hiéroglyphes oubliés
d'avant les mots
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31 - Cantate pour une fleur
Cri qui perça le tout de bout en bout
l'indicible douleur de la gitane
voix qui contient l'alpha et l'omega et le reste
va et vient continu depuis le grand silence du début
La lumière diffuse s'est figée en goutte
graine d'inaudible
musiques danses peintures récits
résonance condensée du premier pouls
avant de s'incarner
de se déployer dans les bras de l'immensité
puissance de tout ce qui a été dit et pas dit
Le pouls du monde vibration qui
déborde de chaque point du corps
pour que tu puisses l'entendre
la pensée alors n'a plus de lieu où se tenir
Frisson amoureux à la naissance du monde
phonème au diapason de l'espace
joie intense originelle qui annule les discordances
et les murs se retirent loin
L’enthousiasme du tout fait l'un
tourbillon qui engloutit le temps
laisse les scories en surface
Et les montagnes redeviennent montagnes
et les rivières redeviennent rivières
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Nikos LYBERIS est né en Grèce, à Pyrgos d’Élide, en 1953. Il a publié cinq collections poétiques en grec, dans des éditions d'art (une par "Stigmi", en 2002 et quatre par "Diatton", 2002, 2006, 2012, 2014).
(Après des études de géologie à Athènes, il s’installe à Paris en 1975. Il a voyagé beaucoup en mer sous la mer et à terre surtout dans les déserts, notamment dans les régions polaires (Spitsberg et Nord Groenland), l’Égypte et l’Asie Centrale. Il pratique les arts martiaux, disciple de Maître Noro Masamichi.)
20:13 Publié dans Nikos Lyberis | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | | Facebook
Olivier Salazar Ferrer - Les possessions transparentes, éd. de Corlevour, 2014
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UNE NOTE DE NATHALIE RIERA
…
Les possessions transparentes
Olivier Salazar Ferrer
Corlevour, 2014
Olivier Salazar Ferrer | © France-Culture
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en route vers une destination inconnue, sans aucune raison valable : telle semble être la volonté du professeur de philosophie dans le roman au titre énigmatique « Les possessions transparentes » d’Olivier Salazar-Ferrer. Que peut-il en être de la recherche du voyageur et de celle du poète, l’une et l’autre sont-elles de même souche, en tant que le voyageur comme le poète sont sensibles à notre diversité en réduction : combien les cultures sont fragiles face aux standardisations de la représentation de soi. (p.22) Que revient-il au voyageur, sinon dans le choix d’une ascèse d’entreprendre l’expérience de la « désappropriation » : bouleverser le régime de la propriété avec ses clôtures phénoménologiques et sociales (p.12) — d’être dans une « liberté de déliement » : Il s’agissait de délier, de rejeter les cordages sur le quai, de se départir (…) (p.13) — de se faire « Voyageur du Divers » dont l’action (en opposition à la théorie) est de « faire s’exalter sa propre existence par la différence et le divers ». Un roman de cette envergure ne peut se dérouler sans quelques évocations ou références à des écrivains, des philosophes et des poètes majeurs (David Thoreau, Victor Segalen, Bashô, Rainer-Maria Rilke, Blaise Cendrars, Gustave Roud, Léon Chestov…). Opposer le voyage à toute action d’appropriation, est-ce alors pour mieux croire « à la puissance magique de l’inaccompli » : n’avoir rien à réaliser, mettre en pratique la théorie de l’inaccompli comme réserve d’énergie, comme défaut ou appel d’être dans la substance même du monde (p.43). Pour le voyageur, réappropriation également de « l’innocence du verbe », ou encore de la jeunesse de la langue, en référence à Holderlïn.
Nathalie Riera, novembre 2014
© Les Carnets d’Eucharis
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« Le voyage était devenu objet de science, dépiauté, analysé, classifié, dévoré par les vampires analytiques (…) notre siècle n’était-il pas dévoré par la passion de l’appropriation, par sa décomposition de l’objet en relations exprimables, de façon à le reproduire, quitte à briser la puissance fougueuse qui l’animait ? Je percevais parfois la culture moderne comme une immense pieuvre collée au réel, habile à se saisir de la moindre proie vivante pour en sucer la vie. Le récit de voyage, cette ombre du réel que Segalen avait voulu subvertir dans son poème Equipée, n’était plus qu’une coquille vide sur le sable de notre culture.
Il y avait pourtant une façon de faire vivre une œuvre, de la charger de ses possibilités de sens, de l’illuminer de l’intérieur pour la faire advenir à sa fonction authentique qui est de créer de la vie. (…) Sans aucun doute, cette vieille Europe poudrée, héritière des monarchies, empêtrée dans ses richesses et dans une histoire millénaire qui lui collait aux fesses, devait se tourner vers les cultures des autres continents…»
............................... (p.34/35)
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« On avait rallumé les bougies. « Aimez-vous le Stabat Mater de Pergolèse ? » avais-je demandé au sommelier, tandis que les voix s’élevaient dans leur architecture transparente. Terrifié, sans répondre, la main tremblante, il avait servi le vin, un Vosne Romanée premier cru 1985. Je l’avais fais danser entre mes doigts. Robe rubis, carminée avec l’âge, vague secrète de sous-bois nocturnes avec des parfums mouillés de mousse, O quam tristis. Reflets de fruits rouges et noirs, imprégnés de la senteur de la violette. A la seconde approche : Vidit suum dulceum natum, timidité et audace mêlées, robe de feu, presque grenat, tirant sur le pourpre sombre. Corps ardents sur la neige. Inflammatus et accensus. Fruit mûr sur fond épicé, échos de cuir et de fourrures. Envol lourd d’oiseaux sauvages qui frôlent de leurs ailes les étangs embrumés. Aubes d’automne où résonne le pas méthodique des chevaux sur les feuilles mortes. Chœurs soutenant les voix singulières. Reprise paisible puis consentement à l’extinction. »
............................... (p.118)
Quatrième de couverture
Le narrateur est un professeur de philosophie qui se rend à un colloque consacré aux écrivains voyageurs. Il traverse en train un paysage de montagnes enneigées. Il est mythomane et s'invente des identités lors de ses conversations avec les passagers. Tandis qu'il accumule les notes pour sa conférence, les intempéries retardent son arrivée. Bloqué dans une ville de montagne, il est confronté aux pensionnaires de l'Hôtel des Glycines : les étudiants représentés par le jeune Frédéric Berlioz et l'anglais Graham Barker, enthousiaste et fantasque, le Docteur Arenberg, philosophe juif américain, le professeur Alexander, rationaliste ironique, la japonaise Mlle Kyoubou qui se singularise par un comportement sadomasochiste, le poète violoncelliste aveugle Umberto Baldi et sa charmante fille Clara dont la présence va bouleverser la paix apparente de l'hôtel, la serveuse du Café du Théâtre, prénommée Madame de Warrens à cause de sa ressemblance avec la protectrice de Rousseau. Le narrateur prend l'habitude d'errer la nuit dans la ville, découvrant le théâtre, le domaine des Charmettes envahi par la neige,
où flotte l'ombre de Rousseau... Le lecteur découvre peu à peu que les personnages sont en lutte, à des degrés divers, pour une quête du réel. Le narrateur est déchiré par un conflit entre possessions matérielles et aspirations spirituelles qui affrontent tous les jeux de l'illusion. Seul le poète aveugle Umberto Baldi invite les autres personnages à voir ce que l'on ne voit pas, mais il sera rapidement expulsé de l'Hôtel par les autres invités. Le voyage représente donc une série de dépossessions, mais aussi une reprise de la vérité à travers une série d'expériences spirituelles. Le narrateur, tombé amoureux de Clara au cours d'une promenade avec elle et son père, prendra la fuite la veille de sa conférence, hanté par la nature indicible de ce qu'il veut dire, pour se réfugier dans un hôtel désert, dans une petite ville de montagne encore plus isolée en altitude. Est-il sur les traces du vieux poète italien et de sa fille Clara ? C'est dans cet hôtel fantôme qu'il fait l'expérience d'un repas mystique qui va clore le récit, avec la vision d'une petite fille qui joue avec l'invisible.
Olivier Salazar-Ferrerest maître de conférences depuis 2007 en littérature française à l’Université de Glasgow en Ecosse. De formation à la fois philosophique et littéraire, ses publications portent sur les littératures du XIXe et XXe siècle, notamment sur la littérature d’avant-garde, avec plusieurs essais sur Benjamin Fondane (Benjamin Fondane, Oxus, 2004 et Benjamin Fondane et la révolte existentielle, De Corlevour, 2007), la littérature féminine, la littérature existentielle (Bespaloff, Chestov, Grenier, Jankélévitch) la phénoménologie (Pour une phénoménologie de la vie - Entretiens avec Michel Henry, De Corlevour, 2010), la littérature de voyage (Blaise Cendrars, J.M.G. Le Clézio, Nicolas Bouvier, Jacques Lacarrière), les croisements entre arts visuels, poésie, littérature et philosophie. Il est également l’auteur de poésie (Adieu à Terre rouge, In limine, 2001 ; Poèmes du silence et de la neige, In Limine, 2003 ; La Roulotte peinte, In Limine, 2006 ; La Haute Provence de l’esprit, In Limine, 2013), de récits (Un chant dans la nuit, De Corlevour, 2007) et d’adaptations théâtrales (Benjamin Fondane, L’Exode, Festival d’Avignon, 2008). Il a été nommé ambassadeur de la culture en 2012 par le City Council de la ville de Glasgow.
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SITES À CONSULTER
LES POSSESSIONS TRANSPARENTES
Editions de CORLEVOUR
| © Cliquer ICI
FURET DU NORD
Entretien d’Olivier Salazar-Ferrer avec Sylvie Aragnac (extraits)
| © Cliquer ICI
18:59 Publié dans Les éditions Corlevour, Nathalie Riera, NOTES DE LECTURES/RECENSIONS, Olivier Salazar-Ferrer | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
02/11/2014
NATHALIE HANDAL - 8 poèmes de Gaza
NATHALIE HANDAL
8 Poèmes de Gaza
Confessions at Midrange / Confessions à mi-chemin
The Voices and Faces of Palestine - Summer 2014
Voix et visages de Palestine – été 2014
Nathalie Handal | © INTERNET
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Confessions at Midrange
My heart has telescopes
my eyes have invisible streets
my portrait is of a nation
with a hundred square feet of clouds—
maybe god is a country
my eyes can’t see.
Dans mon coeur des télescopes
dans mes yeux des rues invisibles
mon portrait est celui d’une nation
sous trente mètres carrés de nuages –
dieu est peut-être un pays
que mes yeux ne peuvent voir.
………………………………………………………………………
Confessions à mi-chemin
(Extrait 1)
Turka
They ask me who I am,
they ask me where I’m from—
how do I explain
from where Jesus is born
except I’m not allowed
to reach his church
Who am I if I can’t be
with my olive groves
who am I
if I can’t find Mohammed
in my prayers
can’t reach Jesus
I am from the Teqoa
and the Dead Sea
from Bethlehem
and Jerusalem—
Dar Handal,
we grow everywhere here,
Dar Talamas,
our ancestors were translators,
so I translate this for you—
I am who I’ve always been
and behind my prayers
are windows
with a city
of endless verbs.
Ils me demandent qui je suis
ils me demandent d’où je viens –
comment expliquer
d’où Jésus est né
sauf que je n’ai pas le droit
d’aller dans son église
Qui suis-je si je ne puis
demeurer près de mes oliviers
qui suis-je
si je ne puis retrouver Mohammed
dans mes prières
ne puis atteindre Jésus
Je viens du Teqoa
et de la Mer Morte
de Bethléem
et de Jérusalem -
Dar Handal
nous avons grandi partout ici
Dar Talamas,
nos ancêtres étaient des traducteurs
alors je vous traduis ceci -
je suis qui j’ai toujours été
et derrière mes prières
il y a des fenêtres
avec une ville
aux verbes infinis.
…………………………………………………………………………. Turka
(Extrait 2)
COUNTRY
The radio was stuck
between two stations
when you told me
you sold
the only thing that
mattered to you.
I said nothing.
We’d been together for years
and I had no idea what you sold
nor what was playing
along the long blue sky
we both insisted was ours.
La radio était bloquée
entre deux stations
quand tu m’as dit
que tu avais vendu
la seule chose qui
t’était chère.
Je n’ai rien dit.
Nous avons vécu des années ensemble
et je n’avais aucune idée de ce que tu avais vendu
ni de ce qui se jouait
au long du long ciel bleu
que nous persistions tous deux à dire nôtre.
…………………………………………………………………………. PAYS
(Extrait 3)
GAZA
Once in a tiny strip
dark holes swallowed hearts
and one child told another
withdraw your breath
whenever the night wind
is no longer a land of dreams
C’était dans une étroite bande
où des trous noirs engloutissaient les cœurs
un enfant dit à un autre enfant
retiens ton souffle
lorsque le vent nocturne
n’est plus dès lors une terre de rêves
…………………………………………………………………………. GAZA
(Extrait 4)
The Gazans
I died before I lived
I lived once in a grave
now I’m told it’s not big enough
to hold all of my deaths
Je suis mort avant de vivre
J’ai vécu une fois dans une tombe
maintenant on me dit qu’elle n’est pas
assez grande
pour contenir toutes mes morts
…………………………………………………………………………. LES GAZAOUIS
(Extrait 5)
Tiny Feet
A mother looks at another—
a sea of small bodies
burnt or decapitate
around them—
and asks,
How do we mourn this?
Une mère regarde une autre mère -
un océan de petits corps
brûlés ou décapités
tout autour d’elles –
et interroge,
Comment pleurer cela ?
…………………………………………………………………………Tout petits pieds
(Extrait 6)
Night Sky Orange
from The Gaza Box
I read your book of myths—
did you?
I checked the mirror for your face—
did you?
I checked the ruins and the even larger
ruins in your heart—
did you?
I memorized the shape of black smoke
and the orange sky in every tiny corpse—
did you?
I checked if loneliness was what the body
turns to when death is all it has—
did you?
Did you think of your wife the evening
you killed mine?
And unexpectedly,
an image of your son will cross
your mind,
you will question why
you’ve come after all,
you will breathe differently,
words will no longer be able
to map your crimes.
I checked for the damage in my flesh
—did you?
I found my way back to the scene
in the book
where you erase my name
as it keeps reappearing,
don’t you know,
such letters always revert back
to its original form
so look at me in the eyes
before we both perish.
Ciel Nocturne Orangé
extrait de The Gaza Box
J’ai lu ton livre sur les mythes -
et toi ?
J’ai testé le miroir pour ton visage -
et toi ?
J’ai passé les ruines en revue et celles, plus vastes, dans ton coeur -
et toi ?
j’ai gardé en mémoire la forme des fumées noires et le ciel orange dans les plus infimes cadavres –
et toi ?
j’ai vérifié si la solitude était ce que devient le corps quand la mort est son seul bien –
et toi ?
As-tu songé à ta femme le soir où tu tuas la mienne ?
Et de manière inopinée,
l’image de ton fils traversera
ton esprit,
tu te demanderas pourquoi
tu es venu en fin de compte,
tu respireras autrement,
les mots ne seront plus capables
de dresser la carte de tes crimes.
J’ai fait le compte des dégâts dans ma chair
- et toi ?
J’ai retrouvé la scène où
dans le livre
tu effaces mon nom
qui s’obstine à réapparaître,
sais-tu que ces lettres sont de celles qui retrouvent toujours leur forme originelle
alors regarde-moi dans les yeux
avant de périr l’un et l’autre.
…………………………………………………………………………
(Extrait 7)
Imaginary World with Twelve Birds
from The Gaza Box
There is moonlit
in my box
can you give it to me
There are hours
in my box
can you give them to me
There is a world
in my box
there are twelve birds
in my box
can I fly with them ummi
…………………
There is a picture
of my son
in his box
can I see it
before the men arrive
before the floor shakes
before they take my heart
tell them
our souls will leave our torn bodies
but we will never leave
we will multiple in their souls
Monde Imaginaire avec Douze Oiseaux
extrait de The Gaza Box
Il y a du clair de lune
dans ma boîte
peux-tu me le donner
Il y a des heures
dans ma boîte
peux-tu me les donner
Il y a un monde
dans ma boîte
il y a douze oiseaux
dans ma boîte
puis-je voler avec eux ummi
…………………
Il y a une photo
de mon fils
dans sa boîte
puis-je la voir
avant que les hommes n’arrivent
avant que le sol ne tremble
avant qu’ils ne prennent mon coeur
dis-leur
que nos âmes quitteront nos corps déchiquetés
mais que nous ne partirons jamais
nous nous multiplierons dans leurs âmes
…………………………………………………………………………
(Extrait 8)
All photos by Nathaie Handal
Taken throughout Palestine
Permission granted to reprint
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Toutes les photos par Nathaie Handal
Prises en Palestine
Permission accordée pour réimprimer
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Nathalie HANDAL Poète et dramaturge d’origine palestinienne, née à Bethléem. A grandi en France et en Amérique latine. Etudes aux États-Unis, en Grande-Bretagne et dans le monde arabe. Parmi ses livres les plus récents, Poète en Andalousie, Language for a New Century : Contemporary Poetry from the Middle-East, Asia & Beyond et Love and Strange Horses, (Médaille d’or Independent Publisher Book en 2011). Ses pièces les plus récentes ont été mises en scène à la John F. Kennedy Center for the Performing Arts, le Bush Theatre et Westminster Abbey, à Londres. Elle signe la chronique La ville et l’écrivain du magazine World without borders.
17:03 Publié dans Nathalie Handal | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook