31/10/2008
ENTRETIEN AVEC PASCAL BOULANGER
Les entretiens
des carnets d'eucharis
avec Pascal Boulanger
Nathalie Riera : Peut-on dire, à travers l’ensemble de votre œuvre, que vous vous inscrivez dans un combat contre le nihilisme ?
Dans un monde où il y a toujours plus de menaces, partagez-vous la parole du poète Marcelin Pleynet quand il cite Hölderlin : « Toujours là où il y péril il y a ce qui sauve » ?
Pascal Boulanger : Sur cette question du nihilisme et de ses effets, permettez moi de vous renvoyer au livre collectif que j’ai publié : Suspendu au récit, la question du nihilisme (Editions Comp’Act) et à ma propre contribution qui fut d’abord lue à la Sorbonne en 2004, grâce à Pierre Brunel, sur Rimbaud et Pleynet.
Ce que je constate, avec d’autres, c’est que nous assistons aujourd’hui à une impossibilité, pour les humains, d’accéder à la liberté et au bonheur. On ne compte plus ceux qui deviennent perméables au désir de néant, au solipsisme, à la fascination pour l’anéantissement et pour la dévastation et à ce besoin illusoire de communautés et de complicités festives. Tout cela fait masse. Et masse consommatrice de « culturel » c'est-à-dire aujourd’hui de spectacle. Nos sociétés occidentales qui, par ailleurs et au nom de l’altérité, sapent les fondements judéo-chrétiens, s’installent dans un nihilisme passif qui fait miroir au nihilisme actif des nouveaux terroristes issus de l’Islam et des banlieues. Plus symptomatique encore, le spectacle de la mort - ses relais symboliques – comme d’ailleurs l’insatisfaction générale que suscitent les démocraties molles, deviennent des marchandises qui s’exposent dorénavant dans les musées subventionnés par l’Etat et dans les livres à gros tirages.
Conséquence ? La merveille du simple, le surgissement de l’inattendu et la grâce d’un présent qui s’offre dans sa présence, ne sont plus au programme. Il s’agit, à grande échelle, de se justifier, de se culpabiliser d’être né, de marchander (dans le commerce des sentiments), de produire et de consommer. Or, et vous avez raison de citer Hölderlin, la parole et le langage devraient être ce qui déterminent l’habitation poétique du monde. Et si vous souhaitez mettre un peu de lumière dans votre espace intime comme dans le monde qui vous entoure, vous êtes bien obligés de déployer une écoute et un langage qui feront face aux convulsions folles et fermées de l’Espèce. Tous les espaces et tous les temps traversés sont, en effet, en péril. Le dernier homme pour Nietzsche n’a plus comme horizon que lui-même. C’est pourtant la singularité d’une voix qui, même en prêchant dans le désert, peut rendre compte du jour spirituel d’un présent qui fête les noces du ciel et de la terre et qui tente de sauver ce qui reste d’humain dans l’homme.
Et à nos yeux grands ouverts sourira le ciel grand ouvert (Hölderlin). Mais voilà bien longtemps que les yeux de nos contemporains se sont fermés au surgissement et que le ciel, de plus en plus bas et lourd, ne donne plus signe de vie. Le ciel d’ailleurs, comme tout le reste, est à conquérir et à détruire. On s’y emploie, patience. Le ciel et Dieu sont donc morts, et n’oublions pas que c’est nous, d’après Nietzsche, qui les avons tués. La Technique (lire sur ce sujet Heidegger) et sa puissance d’arraisonnement et d’occupation qui étend son emprise sur la terre, le ciel et les océans, atteint bien entendu les consciences. L’idéologie de la mort de Dieu, c’est la croyance au progrès, au bonheur pour tous ici-bas, c’est le meurtre fraternel et la longue histoire des charniers. Dans cette affaire plus que jamais d’actualité, la poésie a un rôle de dévoilement. Nous y sommes loin, quand elle se contente de reproduire le vieux schéma idéaliste qui fait abstraction du réel ou quand elle se contente d’un jeu formel et ludique.
La question de la présence, du don gratuit et de la beauté se pose donc en décalage complet avec la propagande culturelle de notre actualité. Voilà, l’aversion du beau domine tous les discours de la modernité. La peinture, la poésie, le roman, la musique sombrent dans le nécrophile. C’est le règne de la valeur, de la psychologie et de la sociologie. Rien de grave, des voix intemporelles continuent de parler, et qu’elles parlent ou non dans le désert n’a guère d’importance.
N.R. : Chez vous, écrire répond-il d’une nécessité ? d’un souci d’éclaircissement ? Ou est-ce un exercice spirituel d’effacement, de retrait face à un monde qui cultive la « mise à nu » pathétique et outrancière, et le goût de parler de soi pour ne rien dire ?
Et quelle idée vous faites-vous de la poésie contemporaine et du rôle du poète dans notre société ?
P.B. : Nécessité, éclaircissement (je préfère d’ailleurs le mot dévoilement), exercice spirituel…c’est trop dire et c’est adopter une posture un peu trop romantique ou maudite à mon goût. Pour ma part, le moteur, c’est tout simplement l’émotion. C’est elle qui met en mouvement (motivus) et qui fait circuler la parole. Très jeune et quand j’ai du, comme chacun, faire face à la pression sociale, des questions se sont formulées ainsi : Comment ne pas être chassé de sa propre parole ? Comment rester vivant à force de paradoxes et de hasards ? Comment intégrer dans l’écrit la part obscure qui œuvre dans les liens communautaires ? Comment être dans l’approbation de l’existence tout en la sachant tragique ? Et comment faire avec la Bibliothèque qui mêle poésie et peinture, pensée et musique ? Pour moi, à travers poésie ou prose, l’enjeu de lire et d’écrire m’a permis de soutenir la pensée du néant, de proposer une série de visions décalées – traversées aussi – par rapport aux pulsions de mort qui ponctuent chaque époque et que l’on nomme Histoire. J’écoute la parole venue d’un passé lointain (mais ce passé est toujours bien présent), je passe d’une lecture à l’autre, j’interroge, je contredis, je dépasse un ordre ou l’illustre à travers mon propre réseau d’images. J’accepte aussi la venue en présence de ce qui m’entoure. La poésie alors que j’apprécie (et qui passe très souvent par la prose, celle pour ne citer que quelques contemporains de Philippe Sollers, Pascal Quignard, Claude Simon, Samuel Beckett…) cette poésie distend les enclos du temps et de l’espace, oppose une farouche résistance à l’effondrement du langage et des sensations, traque les expressions les plus insensées de la mélancolie, capture des rêves, convoque enfin un savoir qui met en jeu sa propre existence. Cette poésie nous dit qu’il y a toujours un désert à conquérir là-bas, sous des nuages lumineux, loin des idées de ruine et de ressentiment et que ce désert de pages blanches est traversé de voix (ces fameuses voix blanches qui nous appellent dans la nuit de Marcel Schwob).
J’avoue que le discours des poètes de ma génération sur les formes m’a souvent ennuyé. J’y perçois, sans doute à tort, une tentation nihiliste qui cache mal une censure sur les enjeux du sens, des multiplicités du sens à donner à des problématiques liées au réel. La rétention syntaxique, l’aphasie ou la logorrhée, les débats sur les avant ou les arrière gardes, les performances publiques… tout cela, que je respecte, ne me concerne pas vraiment. N’oublions pas que j’ai appris à lire avec Tel Quel, pas exclusivement mais enfin grâce aux œuvres issues de ce « collectif ». Celles notamment de Jacques Henric, Marcelin Pleynet, Pierre Rottenberg, Jacqueline Risset, Claude Minière et bien sûr Philippe Sollers m’ont conduit à penser que la poésie est l’essence même du langage qui rayonne, résonne et raisonne en toute langue du monde. Les travaux critiques (je pense notamment à ceux de Jean-Louis Houdebine, injustement oublié aujourd’hui : Excès de langages chez Denoël) ont été considérables. Cette histoire a été faite (par Philippe Forest) et mérite encore d’être méditée.
Aussi, je crois saisir le sens de ce propos d’Antonin Artaud : Et s’il est encore quelque chose d’infernal et de véritablement maudit dans ce temps, c’est de s’attarder artistiquement sur des formes, au lieu d’être comme des suppliciés que l’on brûle et qui font des signes sur leurs bûchers ».
Afin d’être à l’écoute de ces brûlures qui nous traversent, il y a toujours nécessité de se dégager. De se dégager de ce qui fait illusion (et y compris de la communauté poétique qui fait illusion) et de ce monde rongé par le négatif. Et c’est d’après moi en se dégageant de la sorte que la poésie, cette pensée en images, fait entendre dans une même dynamique de langue, les voix de l’inconnu et les voix du sens.
N.R. : Dans votre dernier livre, « Jamais ne dors » publié aux Editions le Corridor Bleu, ce qui fait question (je serai tentée de rajouter ce qui fait souci), c’est l’amour, au sens non pas de ce qui nous sauve mais de ce que l’amour est opposition à tout ce qui est destruction et possession. Mais à notre manière d’aimer, ne manque t-il pas une pratique de la distance ? La distance qui crée la profondeur (Noli me tangere). Et d’autre part, y aurait-il selon vous une leçon rimbaldienne ?
Jamais ne dors ne révèle t-il pas aussi une certaine proximité avec Pierre-Jean Jouve ou Gérard de Nerval pour leur attirance pour la femme disparue, perdue, l’Absente, la Sainte… ?
P.B. : Une attirance pour la femme disparue, perdue, pour l’absente et la sainte ? Vous plaisantez ? Jamais ne dors, mais toutes les lectures sont possibles et je respecte la vôtre, c’est le chant d’une rencontre et d’une grâce, pas du tout le chant d’une perte et d’une mélancolie. C’est la présence qui m’émeut et le retrait que cette présence inaugure… Ce qui surgit (ici l’amour incarné) se dévoile en se cachant. L’amour, mot désuet que Rimbaud s’évertue à réinventer, c’est la joie de nommer et d’être nommé. C’est ce qui place un être hors de soi, en brisant et la clôture individuelle et le discours social. On peut porter en soi une souffrance lancinante et discrète, se murer dans la solitude, il n’en demeure pas moins que chaque individu, dans sa valeur infinie et suprême, tend à mettre de l’idéal dans sa réalité. Mais cette espérance doit apprendre que l’on séjourne dans un proche et un lointain, dans une présence et une absence, un surgissement et une éclipse.
Dans un essai à la fois volumineux et remarquable : L’Europe et la profondeur, Pierre le Coz commente la fameuse phrase du Christ à la femme amoureuse : Noli me tangere. Autrement dit, ne cherche pas à durer et à demeurer dans cet amour, il n’est qu’un souffle qui nous visite, sans garantie ni contrat, un souffle ouvert à l’hiver écumeux et à la rumeur d’été (Rimbaud). C’est l’expérience du temps qui change avec le christianisme et avec la parole poétique, avec les prophètes bibliques. Le dévoilement de la violence primitive et la joie fondée sur le don et la grâce, jouent pour toujours. Il y a, si vous voulez, le temps du tombeau, le temps des horloges, le temps qui calcule et négocie les contrats sentimentaux. Puis, il y a le temps hors du temps, le temps infini dans lequel la présence s’affirme dans le retrait, dans le Noli me tangere, dans l’abîme que l’éloignement de Dieu ouvre. La mort de Dieu ou des dieux, pour un poète, est une blague. Le manque de Dieu déjà est une question plus sérieuse, mais là est le signe même de l’amour car sans ce manque, comment sentir et savoir que l’on aime ?
L’agapè, c’est la certitude (la Foi) d’être aimé par l’amour, c'est-à-dire, par le Verbe, celui qui s’est incarné et s’incarne à chaque fois qu’une voix se déploie dans la nuit du monde. Alors Pierre Jean Jouve bien entendu, Tout chant est substance à Dieu et même si Dieu absent… (dans Mélodrame) mais aussi Apollinaire, Seul en Europe tu n’es pas antique ô Christianisme (dans Zone), et Claudel perpétuellement en exil, qui ne cesse de quitter tous les clergés des Lettres.
Jamais ne dors qui a pu paraître aujourd’hui, dans le contexte d’aujourd’hui, que grâce à Charles-Mézence Briseul, responsable du Corridor bleu, est un dialogue amoureux sur le fil de l’abîme. C’est fait de tensions et de joie, de répétitions et d’infini, à l’image de ce que je traverse dans l’existence. Ce n’est pas une communication, un discours sur l’amour, mais une incantation, ce n’est pas du « dit » mais du « dire » (la rencontre d’un visage selon Levinas). Là aussi, c’est la guerre. Car le monde ne reconnaît Dieu, c'est-à-dire l’amour, que pour le mettre en Croix. La question que je me pose depuis plus de vingt ans est donc la suivante : comment la poésie peut-elle déjouer la mimésis sacrificielle et le masochisme ? Comment la poésie peut-elle nous déposséder puisque la dépossession de soi, dans la parole qui parle, est le plus grand bien dans un monde où posséder équivaut à détruire ?
Permettez moi enfin de conclure en vous disant que s’ouvrir à la poésie n’est pas écrire forcément…des poèmes. On ne compte plus, en effet, les recueils poétiques qui ne cessent d’illustrer les maladies du ressentiment et de la haine de soi. On me reprochera sans doute une vision bien trop « romantique » mais que voulez-vous, d’après moi, l’écrivain n’est pas le planificateur du crime qui agite nos communautés mais au contraire l’être qui se voue à la pensée et à l’art et qui aide Dieu dans la création. La liberté divine ne devrait pas apporter de mauvaise conscience car après tout, connaissez-vous d’autre grâce que celle d’être né ? Un esprit impartial la trouve complète.
©Les entretiens des carnets d’eucharis, 31 octobre 2008
Un extrait « Les horribles travailleurs »
Pascal Boulanger
in « Suspendu au récit, la question du nihilisme »
Editions Comp’Act et les auteurs, 2006
-I-
Comment lire Rimbaud, comment lire Rimbaud et Pleynet aujourd’hui, dans l’actualité d’aujourd’hui, et en quoi ces deux présences poétiques s’imposent dans notre propre présent ? J’ai découvert l’œuvre poétique de Rimbaud, et plus précisément Une saison en enfer et les Illuminations au moment même où je lisais les trois premiers livres de Marcelin Pleynet : Provisoires amants de nègres, Paysages en deux suivi de Les lignes de prose et Comme. Nous sommes alors dans les années 1977-1978. J’ai vingt ans. J’ai vingt ans et je sais déjà ce qu’il en est de la servitude ambiante, de ses aménagements et de la résistance qu’il s’agit de lui opposer. Moi aussi, je n’ai pas d’autres diplômes que ceux que je me donne en tenant compte de mes expériences quotidiennes dans les divers quartiers de Paris. Je n’ai encore rien écrit, je me contente de puiser dans la Bibliothèque. J’opère des choix, je m’attache à quelques singularités, j’intègre et je rejette, je découvre l’importance de la revue et de la collection Tel Quel, je suis sensible aux écrivains qui refusent les dérives platoniciennes et je saisis très vite que là où la poésie est dérisoire la société est une société des « amis du crime » : les hommes y vivent et y meurent ensemble en enfer.
Pleynet ne s’est jamais identifié au milieu d’où il était censé venir ni à la misère qu’il traversa en faisant ses premiers pas. A plusieurs reprises, dans ses études critiques et dans son journal, il a montré comment une œuvre, et singulièrement celle d’Arthur Rimbaud, pouvait engager l’existence de celui qui la découvre et la lit. 1949. J’avais à peine seize ans lorsque je me suis trouvé seul à Paris. Je ne connais pas d’autre éducation. Découvrir en même temps Lautréamont, Rimbaud, la porte Saint-Denis, et le quartier des halles (…) Seize ans, la rue et la bibliothèque, le musée, les muses m’ont fais ce que je suis. Et je ne ressens rien différemment aujourd’hui où l’horizon est infiniment plus large(1). Et encore ceci : Première forme de résistance, je m’étais pendant plus d’un an, employé à lire chaque soir, et à apprendre par cœur, un poème de Rimbaud. Engagé dans quelques misérables tractations familiales ou sociales, je me récitais par exemple le début des « Poètes de sept ans »(2).
Rimbaud n’était pas assimilable, Pleynet ne le sera pas plus. Dans ces œuvres croisées, pas de Mère-Patrie, pas de Mère-Parti, pas de patrouillotisme, celui qui s’empara notamment des citoyens de Charleville Mézières en 1870. Rimbaud, en 1872, a déjà traversé le Parnasse. Un siècle plus tard, Pleynet travers le naturalisme, le réalisme et les provincialismes de la littérature de notre époque.
(…)
J’ai enfin lu Rimbaud et Pleynet en tenant compte de cette remarque : La connexion de foyers d’écrits et de biographie constitue la base réelle de toute cette affaire poétique. Cette phrase de Pleynet, je l’ai associée à celle de Guy Debord : Pour savoir écrire il faut avoir lu et pour savoir lire il faut savoir vivre. C’est l’absence d’appétit, et d’appétit pour les mots, qui est proprement l’enfer. Dans ses études sur Rimbaud, et notamment dans celle publiée dans le numéro 86 de la revue L’Infini (3), Pleynet s’évertue à ne jamais réduire les lectures et la pensée de Rimbaud. Le poète des Illuminations a dépassé l’étroit cercle de la poésie parnassienne pour atteindre une langue polymorphe, traversée de tensions entre le grec, le latin, l’anglais, entre langue littéraire et langage technique, entre archaïsme et néologisme. Si bien qu’il n’y a pas, comme l’a souligné aussi Michel Murat, de caractère incontrôlé dans la composition poétique rimbaldienne.
-II-
(…)
On n’est pas poète en enfer dit Rimbaud, l’enfer, c’est le non accès à la poésie ajoutera Philippe Sollers. Et la mise en scène du négatif, durant une saison, n’est pas elle-même une adhésion au négatif puisqu’elle parvient, d’une texte à l’autre, à le traverser et à le surmonter. Il s’agit bien pour Rimbaud et d’une autre façon pour Pleynet, de se dégager des affaires de famille, de l’aménagement de la terreur sous la IIIe République, puis du fascisme, du stalinisme, de se dégager de ce monde rongé par le négatif et le nihilisme, mais aussi des modes prosodiques, du commerce des sentiments, de l’enchaînement des « passions tristes », bref, d’une vie cernée de mort. L’adieu de Rimbaud à ses propres contemporains est un adieu au ressentiment et à la misère subjective. Rien ne nous empêche, en effet, d’aller voir ailleurs, après s’être détourné de toutes illusions, et y compris de la communauté littéraire et poétique faisant illusion. Tous les possibles alors s’inventent dans cette science des couleurs et des sons, un nouveau défilé de féeries, hier comme aujourd’hui.
(pp.157-170)
NOTES
1.Marcelin Pleynet, Situation, L’Infini n°72, hiver 2000.
2.Marcelin Pleynet, Situation, L’Infini n°84, automne 2003.
3.Marcelin pleynet, Rimbaud, les chemins de la liberté,L’Infini n°86, printemps 2004.
Cet extrait est issu de la conférence de Pascal Boulanger, qui a été prononcée le 17 mai 2004 à la Sorbonne, suite à une invitation de Pierre Brunel.
Dernière parution « Jamais ne dors »
Pascal Boulanger
Editions Le corridor bleu, octobre 2008
01:49 Publié dans Pascal Boulanger | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | | Facebook
Commentaires
Ecrire un poème
Je sens que je rajeunis
je suis né une deuxième fois
obsédé par la mort
J’avais oublié
de célébrer la vie et la beauté
J’écris dans un pays
dont la langue a été mutilée
où l’on vit en deçà de la vie
je m’attache à décrire
la forme d’un nuage
ou d’un cyprès
la fleur d’un amandier
Ecrire un poème
c’est rendre les choses obscures
pour qu’elles donnent de la lumière
et je m’accroche à l’espoir fou
que la vie
l’histoire,
la justice
ont encore un sens...
J’ai choisi d’être malade de poésie
Une poésie fragile
Il suffit d’un rayon de soleil
Pour qu’elle renaisse
Oui, j’écris en état de joie
Où en état de mélancolie
Pas pour survivre
simplement pour vivre
Comme un poète
qui recommencerait de zéro .
© Mohamed El jerroudi (poètre marocain de langue française)
Écrit par : Mohamed El jerroudi | 04/11/2008
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