10/12/2014
Christian Prigent par Claude Minière
Christian Prigent | © Photo : Olivier Roller
Christian Prigent
« La langue et ses monstres ».
P.O.L. 2014
Le livre de Christian Prigent qui vient de paraître chez P.O.L. est à la fois lecture et relecture. A plusieurs titres. C’est un livre de lectures puisque l’auteur y écrit ses lectures d’écrivains et poètes, de Gertrude Stein à Christophe Tarkos (sur 300 pages). Pour cet ouvrage, Prigent a relu les textes publiés dans une première version parue en 1989 aux éditions Cadex, sous le même titre : il en donne aujourd’hui une édition corrigée et complétée, fraîche comme un gardon, gardée comme lexicon : « En quoi ce déchiffrement peut-il nous aider à mieux évaluer ce dont on parle en fait quand on parle de littérature ? » (Avertissement, p. 9).
Quand il lit, l’écrivain fougueux qu’est Christian Prigent (romans, essais, poèmes, chroniques) étudie patiemment et précisément chacune des écritures singulières qu’il découvre mais aussi, dans le même temps, il relit à travers elles la littérature et la touche au cœur. Intelligence et sensibilité associées, il touche la littérature au cœur, en son centre, en mesurant comment des « voix excentriques traversent les représentations couramment admises pour composer de nouveaux accords ». Vous appréciez là l’exception-Prigent. Vous verrez, vous sentirez comment un engagement personnel exceptionnel (il n’y a pas d’équivalent parmi les Critiques) le porte à rendre claire l’excentricité des voix qu’il écoute.
Qu’il se penche « sur » Gertrude Stein, Pleynet, Jude Stéphan ou Eric Clémens, le lecteur-écrivain Prigent est là, présent, personnellement, et en même temps, il laisse filer ou accompagne chacune des voix dans sa vibration propre, frottée aux « limites ». Fin connaisseur de Georges Bataille, Prigent décèle, lit et relit le drame de la chance et du frein que la littérature négocie avec l’écriture. Et il expose, montre ces monstres de la langue comme étant d’hier, d’aujourd’hui, et de probablement demain. Il est seul ? Peut-être pas. Les lecteurs auxquels il s’adresse sont vivant d’angoisses et d’effronteries, de tendresse et de défi.
Claude Minière © Les Carnets d’Eucharis, 2014
CONSULTER Les Carnets d’Eucharis N°43 (automne 2014)
& P.O.L. Editeur
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17:11 Publié dans Christian Prigent, Claude Minière, LES CARNETS D'EUCHARIS (pdf & calaméo), NOTES DE LECTURES/RECENSIONS, P.O.L. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christian prigent ; claude minière | Imprimer | | Facebook