06/11/2012
Sylvia Plath
SYLVIA PLATH
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© Editions Quarto Gallimard Oeuvres, 2011
poèmes, romans, nouvelles, contes, essais, journaux
Extrait
« Contexte »/Context
Traduit par Catherine Nicolas
Publié en 1962 dans le London Magazine
Pour l’heure, les deux problèmes de société qui me préoccupent sont les incalculables effets génétiques des retombées radioactives, et un document sur l’alliance terrifiante, démente, omnipotente, du grand capitale et de l’armée en Amérique – « Juggernaut ou l’état de guerre », un article de Fred J. Cook paru dans un récent numéro de Nation. Cela a-t-il une influence sur le genre de poésie que j’écris ? Oui, mais de façon détournée. Je ne suis pas douée pour les lamentations de Jérémie, même si je me sens plutôt insomniaque devant ma vision de l’apocalypse. En fait, mes poèmes ne portent pas sur Hiroshima, mais sur un enfant qui se forme, doigt après doigt dans les ténèbres. Ils ne portent pas sur les terreurs de l’extermination de masse, mais sur la tristesse de la lune au-dessus d’un if dans un cimetière voisin. Non pas sur les testaments d’Algériens torturés, mais sur les pensées nocturnes d’un chirurgien fatigué.
[…]
Je ne crois pas qu’une « poésie de gros titres » intéresserait plus de gens et plus profondément que les titres à la une des journaux. Et à moins que le poème de circonstance ne naisse de quelque chose de plus viscéral qu’une philanthropie générale et changeante et soit, en vérité, cette Licorne qu’est un véritable poème, il risque fort d’être mis à la corbeille aussi rapidement que la page d’information elle-même.
Les poètes dont je fais mes délices sont possédés par leurs poèmes comme par le rythme de leur propre respiration. Loin de paraître fabriqués, leurs plus beaux poèmes semblent nés tout d’une pièce ; certains poèmes des Life Studies de Robert Lowell, par exemple ; la serre des poèmes de Theodore Roethke ; quelques œuvres d’Elizabeth Bishop, et la majeure partie de l’œuvre de Stevie Smith (« L’art est un chat, sauvage et tout à fait étranger à la civilisation »).
--------------------------------------- (CONTEXTE (1962), p.1241/1242)
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SYLVIA PLATH
OEUVRES
Ed. Quarto Gallimard
2011
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16/06/2008
Sylvia Plath
La cueillette des mûres
Personne sur le chemin, et rien, rien sinon des mûres,
Des mûres de chaque côté, des mûres partout,
Une allée de mûres, qui descend en crochets, et une mer
Quelque part au bout, qui se soulève. Des mûres
Aussi grosses que mon pouce, aussi muettes que des yeux
Ebène dans les haies, et pleines
De jus bleu-rouge, qu’elles abandonnent sur mes doigts.
Je n’avais pas demandé de telles sœurs de sang ; elles doivent m’aimer.
Elles sont accommodantes, elles se font toutes petites pour tenir dans ma bouteille à lait…
Sylvia Plath - Blackberrying - (p.63) in La traversée "crossing the water" - Poésie/Gallimard.
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