07/08/2008
Milo de Angelis
MILAN
Dans le corps qui reçut la nourriture ils creuseront
un sommeil sans matière, ma reddition
qui varappe dans l’air, ruelle
où l’on vise au millième.
Le plus frénétique néant
peut délivrer une couleur trompeuse, mais aussi
l’exacte couleur demandée à son pont. Proserpine
qui peigne ses boucles bleues, un brancard
qui ralentissait devant le bagne. Coudre la nuque
à tout prix, ici où dociles nous invoquions les noces
dans un fol jaillissement de cygnes.
Traduit de l’italien par Jean-Baptiste Para
L'OCÉAN AUTOUR DE MILAN
I
L'océan là-devant là devant
comme une idée d'aplomb
ou une hémoptysie
dans le plus court intervalle entre les tempes.
Le gris souffre. Le gris n'est pas une couleur
mais un retournement, c'est scruter par terre
l'absolue moitié de toute chose, plier en quatre
les planètes de la fortune
qui nous donnent une limite au fond de la poche,
de même qu'en hiver cette rangée de maisons
signifie marcher côte à côte, être en hiver.
Il
Notre Dame des naufragés,
les millénaires ne descendent plus ici, viscères abrégés,
terminus de la grande vitesse.
Enseignant l'alphabet avec la même voix
qui sur l'autre face nous éclipse
nous sommes tombés de la chaise
par un faux mouvement du stylo
et voyageant quarante-deux années
dans une boîte de l'espace, nous scrutons
les derniers temps de l'oxygène,
nous n'avons pas demandé l'eau mais la soif.
© G. Giovannetti Milo DE ANGELIS
L’océan autour de Milan et autres poèmes
L'ocean intorno a milano
traduit de l’italien par Jean-Baptiste Para
Né à Milan en 1951, a fait ses débuts à 25 ans avec l'anthologie Somiglianze (Ressemblances), destinée à marquer un tournant dans la poésie contemporaine italienne. Il a publié cinq livres de poèmes et un recueil d'essais, Poesia e destino (1982). Traducteur de plusieurs langues, il a créé et dirigé la revue Niebo.
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