14/02/2011
Erich Fried
Erich FRIED
Ecrivain et poète de langue allemande
(1921 - 1988)
L A P A U S E P O E S I E
© Photo : internet
Biographie
Né à Vienne en 1921 de parents juifs, Erich Fried quitte l’Autriche après l’Anschluss en 1938 et s’exile à Londres, collaborant notamment au service allemand de la BBC. Profondément marqué par le spectre du nazisme et la condition juive – son père est mort lors d’un interrogatoire par la Gestapo – Fried incarne en Allemagne, à partir des années 1950, la figure de l’écrivain engagé, au service d’une conscience politique toujours tenue en éveil (guerre du Vietmam, Israël).
Aux côtés d’écrivains comme Ingeborg Bachmann, Heinrich Böll, Peter Weiss, Martin Walser ou Paul Celan, il a fait partie du Groupe 47, initié par Hans Werner Richter en 1947 dans le but de nettoyer la langue allemande des séquelles du nazisme, en prônant une écriture dépouillée.
L’oeuvre d’Erich Fried porte la marque claire de cette démarche et se caractérise par la dimension ludique du travail d’écriture. Il est l’auteur de quelques romans (Les Enfants et les Fous, Le Soldat et la Fille) mais surtout d’un nombre considérable de recueils de poèmes. Ce sont eux qui lui ont assuré une grande popularité en Allemagne, notamment Cent poèmes sans frontière, lauréat du Prix International des Éditeurs en 1977, et plus encore ses Liebesgedichte (Poèmes d’amour) en 1979. Certains poèmes comme Was es ist (Ce que c’est) sont devenus des "classiques" de la littérature allemande des années 1980. Erich Fried est aussi un grand traducteur de l’anglais, en particulier de Shakespeare, Dylan Thomas, T.S Eliot, Sylvia Plath.
Le prix Georg Büchner lui a été décerné pour l’ensemble de son oeuvre en 1987, un an avant sa mort à Baden-Baden.
Bibliographie en français
Le Soldat et la fille, traduit par Robert Rovoni, Gallimard, 1962 (réédition, 1992).
Les Enfants et les fous, traduit par Jean-Claude Schneider, Gallimard, 1968.
Cent poèmes sans frontière, traduit par Dagmar et Georges Daillant, Christian Bourgois, 1978.
La Démesure de toutes choses, traduit par Pierre Furlan, Actes Sud, 1984.
Bibliographie sélective en allemand
1944, Deutschland.
1945, Österreich
1960, Ein Soldat und ein Mädchen
1965, Kinder und Narren
1966, und Vietnam und
1967, Anfechtungen
1968, Zeitfragen
1972, Die Freiheit den Mund aufzumachen
1974, Höre, Israel !
1978, 100 Gedichte ohne Vaterland
1979, Liebesgedichte
1981, Zur Zeit und zur Unzeit
1982, Das Unmaß aller Dinge
1983, Es ist was es ist
1985, Von Bis nach Seit
1987, Gegen das Vergessen
1988, Unverwundenes
D’autres sites :
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Erich Fried -I- (traduction Chantal Tanet & Michael Hohmann)
Liebe ?
in memoriam Hans Arp
Sackhüpfen
im verschlagenen Wind
ohne Segel
Strohsack- und Plumpsackvögel
im eigenen Hosensack
Hodensackhüpfen
Schwalbenhodensackhüpfen
Schwalbenhodensarglüpfen
Schwalbenhodenhosensargnestelknüpfen
Schwalbennestelknüpfen
Aus dem Nest fallen:
Lustrestlinge
Hineinschlüpfen
Wo hinein?
Sich festkrallen
Gefallene Nestlinge
zu klein
Vögel sein wollen
noch ein zweimal flattern
sterben
Amour ?
in memoriam Hans Arp
Sautiller en sac
dans le vent malin
sans voile
Oiseaux sacs de paille et sacs grossiers
en poche-sac de pantalon
Sautiller en sacs à testicules
Sautiller en sacs à testicules d’hirondelles
Soulever tombeau de testicules d’hirondelles
Nouer rubans de tombeau de pantalon de testicules d’hirondelles
Nouer rubans d’hirondelles
Tomber du nid :
Rescapés du plaisir
Glisser
Où donc ?
Se cramponner
Occupants du nid tombés
trop petits
Vouloir être oiseaux
encore une deux fois battre des ailes
mourir
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Erich Fried -II- (traduction Chantal Tanet & Michael Hohmann)
Par la pensée
Te penser
et penser à toi
et penser à toi toute entière et
penser au te-boire
et penser au t’aimer
et penser à l’espérer
et espérer et encore
et toujours plus espérer
le te-revoir-toujours
Ne pas te voir
et par la pensée
non seulement te penser
mais aussi déjà te boire
et déjà t’aimer
Et alors seulement ouvrir les yeux
et par la pensée
d’abord te voir
et puis te penser
et puis de nouveau t’aimer
et de nouveau te boire
et puis
te voir de plus en plus belle
et puis te voir penser
et penser
que je te vois
Et voir que je peux te penser
et sentir ta présence
quand bien même
je ne peux te voir avant longtemps
Mais alors
La vie
serait
peut-être plus simple
si je ne t’avais
pas du tout rencontrée
Moins de tristesse
chaque fois
que nous devons nous séparer
moins d’appréhension
de la prochaine séparation
et de la suivante
Et pas non plus
quand tu n’es pas là
tant de ce vain désir
qui ne réclame que l’impossible
et l’immédiat
dans l’instant même
et qui ensuite
parce qu’il ne peut s’accomplir
en est troublé
et respire avec peine
La vie
serait peut-être
plus simple
si je ne t’avais
pas rencontrée
Mais alors
elle ne serait pas ma vie
Quoi ?
Qu’es-tu pour moi ?
Que sont pour moi tes doigts
et tes lèvres ?
Qu’est pour moi le son de ta voix ?
Qu’est pour moi ton odeur
avant l’étreinte
et ton parfum
pendant l’étreinte
et après ?
Qu’es-tu pour moi ?
Que suis-je pour toi ?
Que suis-je ?
Nuit à Londres
Garder les mains
devant le visage
et laisser clos
les yeux
ne voir qu’un paysage
montagnes et torrent
et dans la prairie deux animaux
bruns sur le versant vert clair
qui monte jusqu’à la forêt plus sombre
Et commencer à sentir
l’herbe fauchée
et tout en haut au-dessus des pins
en cercles lents un oiseau
petit et noir
sur le bleu du ciel
Et tout
absolument paisible
et si beau
que l’on sait
que cette vie vaut la peine
parce que l’on peut croire
que tout ça existe
Poèmes extraits du recueil Es ist was es ist (1983)
Traduits de l’allemand par Chantal Tanet et Michael Hohmann
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