04/05/2019
Lire Charles Racine aujourd'hui - Une présentation d'Alain Fabre-Catalan
Les Carnets d’Eucharis Hors-Série
CHARLES RACINE
DANS LA NUIT DU PAPIER
Lire Charles Racine aujourd’hui
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Charles Racine (1927-1995) est un poète suisse dont l’œuvre fut partiellement publiée de son vivant. Outre une plaquette, Sapristi, (Zürich, Hürlimann, 1963), il publia sous son nom deux livres : Buffet d’orgue (Zürich, Hürlimann, 1964) et Le Sujet est la clairière de son corps (Paris, Maeght, 1975). Il collabora par ailleurs à de nombreuses et prestigieuses revues en France, dont Le Nouveau Commerce, La Traverse, L’Ephémère, Po&sie et Argile.
Il fut ainsi le contemporain ou l’ami de nombreux poètes qui écrivirent l’histoire de la poésie des années 60 et 70, comme Jacques Dupin, André du Bouchet, Jean Daive ou Michel Deguy, et fut soutenu par d’éminents critiques tels Georges Poulet ou Jean Starobinski, pour ne citer que quelques noms. Jusque dans l’effacement de ses écrits, Charles Racine et sa langue « posthume » témoignent de l’existence de la poésie. Cette œuvre qui semblait vouée au secret est désormais sortie de l’ombre où se tient l’étincelle du poème qui luit sous un Ciel étonné. Ce fut le titre du recueil posthume qui reprit en 1998, à l’initiative de Martine Broda et de Jacques Dupin, Le Sujet est la clairière de son corps (Maeght, 1975) avec les principaux écrits de Charles Racine publiés dans différentes revues françaises. Ainsi dans sa trajectoire solitaire avait-il croisé l’aventure éditoriale de la revue L’Éphémère créée sous l’impulsion de l’éditeur d’art Aimé Maeght. Avec le souci d’interroger la matière du poème, élargie à la question de l’art, l’écriture de Charles Racine trouva un port d’attache temporaire dans les pages de L’Éphémère puis de la revue Argile, de prometteuses revues qui accueillirent ses textes grâce aux rencontres avec les poètes de l’époque. L’étonnant recueil qui parut aux éditions Maeght en 1975 donnait à lire un subtil assemblage de textes, véritable alliage poétique accompagné de quatre gravures d’Eduardo Chillida. Par-delà son titre générique, Le Sujet est la clairière de son corps, ce recueil qui n’ouvrira pas un chemin vers d’autres projets de publication, constitue en lui-même un art poétique, et à sa manière singulière d’exister, « un lieu hors de tout lieu », ainsi que le définit le poète et ami Claude Esteban. Cette exceptionnelle publication reste pour les écrits de Charles Racine qui se poursuivront dans un retrait de plus en plus marqué jusqu’aux années 1990, un espace unique de dévoilement qui ne laissa pas indifférents les lecteurs du moment. Ainsi ce fut dans le premier numéro d’une nouvelle revue fondée en 1977 par Michel Deguy, la revue Po&sie, que parurent en ouverture un ensemble de poèmes de Charles Racine datés de 1942 à 1968. Cette poésie vouée à l’exil de l’écriture et qui met en question la lecture même du poème jusque dans le suspens d’une langue qui s’abîme dans ses reprises incessantes, a pris le risque d’exposer son échec, sans jamais oublier l’injonction de Paul Celan dans son discours Le Méridien prononcé le 22 octobre 1960 : « Prends plutôt l’art avec toi pour aller dans la voie qui est le plus étroitement la tienne. Et dégage-toi. »
Les Carnets d’Eucharis
Conçue sous forme de triptyque, cette publication rassemble tous les articles publiés dans les numéros annuels des Carnets d’Eucharis des éditions 2016 et 2017, augmentée en 2018 de documents inédits, dont un long entretien avec Gudrun Racine, l’épouse du poète, dépositaire des Archives Charles Racine à Zurich. Placée sous le signe de « la rencontre de Charles Racine », elle a pour dessein d’éclairer les lecteurs autant sur la vie que sur l’œuvre d’un poète longtemps dissimulé.
Des articles, des poèmes, des lettres, des notes, des manuscrits, des entretiens et des témoignages ont aidé à la réalisation de cet ouvrage exceptionnel diffusé en France et en Suisse. Cette édition spéciale « Charles Racine – Dans la nuit du papier » constitue la première monographie consacrée au poète suisse et a été publiée en décembre 2018 avec le soutien de la Fondation Jan Michalski par la revue Les Carnets d’Eucharis que dirige Nathalie Riera. Cet hommage a été́ rendu possible grâce au concours de ceux qui ont été́ proches du poète, mais aussi de ceux qui ont pressenti une œuvre à venir.
Présentation assurée par Alain Fabre-Catalan
© RECOURS AU POÈME – (4 mai 2019)
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31/01/2019
Charles Racine. Dans la nuit du papier. (Une lecture d'Isabelle Baladine HOWALD sur Poezibao)
Les Carnets d’Eucharis Hors-série
CHARLES RACINE
DANS LA NUIT DU PAPIER
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Toujours belle et soignée, la livraison des Carnets d’Eucharis, dirigés par Nathalie Riera, est cette fois consacrée à Charles Racine (1927-1995) sous l’efficace et fine coordination d’Alain Fabre-Catalan.
Charles Racine, à la réputation discrète mais très estimée, est le poète d’une œuvre particulière, constamment exigeante. Ses poèmes existent maintenant aux éditions Grèges, et le dossier des Carnets d’Eucharis, sous-titré « Dans la nuit du papier », vient compléter la vision que l’on peut maintenant avoir de ce poète toujours en quête. Il réunit poèmes et textes déjà publiés dans d’autres éditions de la revue, et est agrémenté de lettres, manuscrits, témoignages, textes et poèmes ainsi que d’un entretien essentiel (de même pour l’introduction) mené par Alain Fabre-Catalan avec Gudrun Racine, l’épouse du poète. D’autres entretiens, émouvants et éclairants (comme celui de son voisin et ami Gérard Zinsstag) apportent leurs témoignages vivants de ce poète toujours en déplacements extérieurs et intérieurs… Lire la suite sur POEZIBAO
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12/12/2018
CHARLES RACINE - DANS LA NUIT DU PAPIER / Edition spéciale - Parution le 17 décembre 2018
LES CARNETS
D’EUCHARIS
[Édition spéciale 2018]
CHARLES RACINE
DANS LA NUIT DU PAPIER
[PARUTION LE 17 DECEMBRE 2018]
Lambert Barthélémy
Silvio R. Baviera
Alain Fabre-Catalan
Frédéric Marteau
Charles Racine
Gudrun Racine
Nathalie Riera
André Wyss
Gérard Zinsstag
Charles Racine : Dans la nuit du papier, numéro hors-série des Carnets d’Eucharis (2018) est une première monographie consacrée au poète suisse Charles Racine (1927-1995). Pour Nathalie Riera, Directrice de la revue, à l’initiative de cette publication, cet hommage monographique a été rendu possible grâce au concours de ceux qui ont été proches du poète, mais aussi de ceux qui ont pressenti une œuvre à venir.
Même si les signes de reconnaissance ont été nombreux, le nom de Charles Racine est resté dans l’ombre durant les années 1980/1990. Il faudra attendre 1998, trois ans après la disparition du poète, pour la parution de Ciel étonné (Éditions Fourbis), avec les préfaces de Jacques Dupin et de Martine Broda. Puis récemment, de 2013 à 2017, la publication des trois volumes des œuvres (presque) complètes aux éditions Grèges, avec les préfaces de Yves Peyré et de Jean Daive.
Toute la vie de Charles Racine sera une vie d’exil entre Zurich et Paris. Ses liens à Paris avec les poètes seront nombreux : Yves Bonnefoy et André du Bouchet le publieront dans la revue L’Éphémère (1967), André Dalmas dans Le Nouveau Commerce, Claude Esteban dans Argile et Michel Deguy dans Po&sie. Jacques Dupin l’introduira dans sa collection chez Maeght avec la publication en 1975 du recueil Le Sujet est la clairière de son corps (illustré par des gravures d’Eduardo Chillida).
Conçu sous forme de triptyque, Charles Racine : Dans la nuit du papier rassemble tous les textes publiés dans les numéros annuels des Carnets d’Eucharis des éditions 2016 et 2017, augmenté en 2018 de documents inédits, dont un long et passionnant entretien que Gudrun Racine (l’épouse du poète, dépositaire des Archives Charles Racine à Zurich) a bien voulu accorder à Alain Fabre-Catalan et qui, placé sous le signe de « À la rencontre de Charles Racine », est un document de toute importance, à dessein de nous éclairer autant sur la vie que sur l’œuvre de Charles Racine.
La coordination de cette édition spéciale assortie d’un cahier visuel en quadrichromie est assurée par le poète Alain Fabre-Catalan.
Des textes, des poèmes, des lettres, des notes, des manuscrits, des entretiens et des témoignages ont aidé à la réalisation de cet ouvrage exceptionnel diffusé en France et en Suisse.
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Je m’éveillerai de la mort
c’est certain ! Je traverserai
les lignes, les courbes de ma texture
les enjambant toutes, je serai libre de tout opprobre
je serai la route et le vaisseau
je serai l’eau voyante, l’eau voyant ceux qui existent
Je n’irai pas portant mon sac vide de pain
1975
[Extrait de « Il faut avoir traversé l’écriture]
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●● Poésie ne peut finir, Éditions Grèges, 2017, p.177.
[VOTRE COMMANDE]
CONTACT: Nathalie Riera nathalriera@gmail.com /
Format : 16 cm x 24 cm | 104 pages (dont un Cahier visuel de 8 pages)
| France : 26 € (frais de port compris)
Ouvrage publié avec le soutien de la Fondation Jan Michalski.
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21:39 Publié dans Charles Racine, FRANCE | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
08/03/2014
Charles Racine, Légende Posthume
CHARLES RACINE
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© Poète suisse francophone
Charles Racine / 1927-1995
LÉgende Posthume
Avec une préface d’Yves Peyré
Éditions Grèges
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[contact]
Éditions Grèges
Village des arts - 34800 Octon
tél : 04 67 8824 83
Le site| ©Cliquer ICI
Commentaire de l’éditeur
Ce volume rassemble la majorité des poèmes que Charles Racine a publiés de son vivant, en livres ou en revues, en les présentant sous une forme originale. Nous nous sommes pour cela inspirés de divers projets de publication qui ont jalonné la vie du poète qui, depuis Sapristi (1963) et surtout Buffet d’orgue (1964), n’aura cessé de reprendre ses poèmes. Légende posthume comprend deux grands cycles. Le premier, le plus important en nombre de publications et de variations, s’intitule « Le sujet est la clairière de son corps ». Si ce titre fut également celui que Racine choisit pour l’ouvrage publié dans la collection « Argile » de Jacques Dupin, en 1975 aux éditions Maeght, il faut savoir qu’il ne s’agissait là que d’une sélection de poèmes pris dans un ensemble plus vaste et des projets préparatoires portant déjà ce titre. Pour concevoir ce cycle, nous nous sommes principalement inspirés d’un de ces tapuscrits antérieurs à cette publication, datant de 1972, et présentant l’avantage de proposer la somme la plus complète et la plus originale de sa poésie, pour cette période allant des années quarante au tout début des années soixante-dix. Elle contient la plupart des poèmes publiés jusqu’alors, dans une version ou une mise en page parfois modifiées, ainsi que des inédits qui connaîtront, pour la majorité d’entre eux, une publication postérieure : en 1975 chez Maeght, ou en 1977 dans le premier numéro de la revue Po&sie de Michel Deguy. L’importance de ce tapuscrit, son originalité, est qu’il apparaît comme un moment charnière pour cette première période de son œuvre, la plus féconde en publications : c’est le sens de cette « version originale » que nous proposons, tout à la fois inédite et originelle (i.e. à l’origine de publications ultérieures), où la plupart des poèmes qui ont fait connaître cette œuvre se retrouvent réunis en un même ensemble cohérent. Ce tapuscrit de 1972 est par ailleurs rythmé par trois poèmes-titres (« Saisir le lieu dont le corps est écarté », « Le poème bâtisseur », « l’indivis polémique est l’arme du combat ») qui forment au sein du cycle des sections spécifiques. Afin de rendre à ce cycle toute sa fonction et sa valeur de somme des publications de cette période, et pour rester fidèles à d’autres projets de recueil proposant parfois d’autres variantes des mêmes poèmes, nous avons ajouté une dernière section, « Lettre infinie songe à sa ramure » (les derniers mots du poème « Je brûle des vaisseaux », dans sa nouvelle version), qui reprend des poèmes publiés mais non repris jusqu’alors ou qui propose d’autres versions publiées de poèmes déjà présents dans le cycle. Le deuxième cycle s’intitule « ROCHEPLUIE » et se présente comme la fusion de deux ensembles de poèmes publiés dans la revue Argile dirigée par Claude Esteban (aux éditions Maeght), respectivement sous le titre de « Légende forestière » (n° VIII, automne 75) et de « Rochepluie » (n° XXI, hiver 79-80). Cette réorganisation des deux cycles en un seul avait été décidée et agencée par le poète lui-même, qui tenait beaucoup à cet ensemble poétique. Précisons enfin que, pour toutes les raisons évoquées et même s’il présente à l’évidence de nombreux points communs, ce volume se distingue de la publication posthume Ciel étonné, éditée chez Fourbis en 1998 et aujourd’hui épuisée. Cet ouvrage, qui joua cependant un rôle très précieux dans la redécouverte de Charles Racine, avait été édité et préfacé par Jacques Dupin et de Martine Broda. Nous voulons ici leur rendre hommage.
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Charles Racine (1927-1995) est un poète suisse romand dont l’œuvre fut partiellement publiée de son vivant. Outre une plaquette, Sapristi (Zürich, Hürlimann, 1963), il publia sous son nom deux livres : Buffet d’orgue (Zürich, Hürlimann, 1964) et Le Sujet est la clairière de son corps (Paris, Maeght, 1975). Il collabora par ailleurs à de nombreuses et prestigieuses revues en France, dont Le Nouveau Commerce, La Traverse, L’Éphémère, Po&sie ou Argile. Il fut ainsi le contemporain ou l’ami de nombreux poètes qui écrivirent l’histoire de la poésie des années 60 et 70, comme Jacques Dupin, André du Bouchet, Jean Daive ou Michel Deguy, et fut soutenu par d’éminents critiques tels Georges Poulet ou Jean Starobinski, pour ne citer que quelques noms.
SITE À CONSULTER
[CIEL ETONNÉ/LE SUJET EST LA CLAIRIÈRE DE SON CORPS]
Extraits
Sur le site : Les Carnets d’Eucharis | © Cliquer ICI
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24/08/2011
Charles Racine, Ciel étonné
Source : sur le site du compositeur Gérard Zinsstag
Charles Racine
Poète suisse francophone
(1927-1995)
Ciel étonné
Fourbis éditions
(1998)
Les poèmes de Charles Racine déroutent, et attirent. Lus ici, aujourd’hui, ils paraissent comme griffés dans le rugueux d’un mur maçonné à la diable, avec giclées de plâtre et coulures de chaux. Une friche entrouverte par la parole et le couteau, une parole merveilleusement ébréchée, un couteau tourné contre soi. Ils éveillent, ils débusquent le sens et le non-sens, et de leur altercation fusent les séquences d’un phrasé énigmatique qui ricochent dans l’air acide, qui relancent le déconcert…
« Cette longue légende qui m’entraîne
et qui m’apparut peut-être
sur le chemin englouti d’avance »
Extrait de la préface de Jacques Dupin
Le poète Charles Racine, disparu à 62 ans, laisse une œuvre fulgurante. « Ciel étonné » rassemble la plupart de ses poèmes : une découverte.
Charles Racine, né en 1927 à Zurich, savait les mots traîtres, puisqu'il sut aller avec eux jusqu'au bout de sa vérité. Traîtres ainsi le furent-ils en ne sauvant pas l'homme de la folie de sa parole, l'amenant au fil de sa vie à s'enfermer de plus en plus dans la solitude, vivant reclus et de rien dans cette Suisse alémanique. Charles Racine s'égarait dans les mots, allait là où on ignore ce qu'ils produisent : "si je m'égare,/ c'est pour prendre une rupture dans mes bras." Aussi, il choisit la langue et le nom de sa mère (couturière suisse romande) contre l'allemand paternel.LIRE LA SUITE
Extraits
« Le sujet est la clairière de son corps »
la femme débarquait d’un chalutier la peau
sous le goémon les yeux cornouaille le suroît
jusqu’au front les doigts gros la femme débarquait
d’un chalutier elle a bu avec moi j’ai passé
la main sur sa chair fuyante celle de pêcheur
sa bouche de pêcheur celle de goémon le bon
dieu aux abois le nez fourré dans l’algue
saumâtre le bon dieu aux abois respira et baisa la bouche
du grand poisson ses yeux restèrent cornouaille
le bon dieu cherchant sa certitude passait la main
sur la chair de pêcheur Redressant ses flancs
aplatis de chalutier elle vida mon verre ne donna rien
elle passa le port disant un baiser au goémon
1955
ce geste in extremis
qu’absorba pourtant l’abîme
ce geste in extremis abonde
qu’absorbe pourtant l’abîme
envahisse se répande
détériore ce papier rejoigne et colore
mon sang noces amères encre
se répandent animent un breuvage
Eloigne-toi, en dormant, de ma bouche,
dans la verdure qui ne s’éveille verte
sur le sable
des poèmes s’intercèdent sur les pans
meurtris de la lèvre pendus à la chaîne
de cette grille t’entrechoquant dans les murs
dont la croche saigne sur la saison définitive
1963
Les signes à pleines mains dressent
leurs barrières dans la houle
Un divin naufrage est souhaité
mais le poème est face à ces lames
qu’abandonne la mer qui se retire
Economie du trait évoquant le relief
Des mains adressent leur paume
au pont qui chante et s’illumine
dans la voirie
1964
cette couture faite dans le drap propre
déchire la mère du geste qui reprend sous
la flamme où veuve éteinte que garde à vue
son œuvre à la tombée de l’heure piège l’âme
qui lors ne se déshabille qu’elle ne retouche
et ne serge sur ses mains d’un brin d’herbe
le tissu qui l’excède l’économie céleste
qu’elle incline sur les fronts baptismaux
1967
Où le charbon ne le dispute plus à la flamme
qu’il éteint l’y repose le langage est
prévenu de la réapparaissante disparition du
règne poétique la meule du pas ralenti la
marche chevillante qu’affrète le pigment verbal
pour le dégrader le gant dont il enveloppe
le chemin me murmurent les œuvres vives
discrètement tapageuses herbes et moissons
que tu enfourches dans l’infini sans arrêt tu
prends le raccourci désigné au plus obscur
de la géologie tu hantes des mains somptuaires
qui s’offrent et… les jours et les nuits
dissipés dans le temps que tu as versés à
pleins bras sur la ville
1963/1967
■ Autres extraits
Légende forestière
Souviens-toi que tu es forestier
que tu existes
que ta naissance eut lieu
à l’orée de l’une des saisons de mon amour
de l’une de mes saisons à l’orée de mon amour
à l’orée de ma domaniale étreinte,
de mon domanial excès, de l’étreinte
de mon domanial excès
(p.68)
&
L’exil ne figure dans le texte
Poésie tu donnes lieu à la rescision
Tu l’accomplis cet acte
Que ne me reste-t-il quelque mie sur la page
Poésie tu es pulpe jusqu’à même les contours de ton corps
Présence tranchante d’avoisinage
du corps médiatif qu’elle assume d’ailleurs incorpore
Que ne me reste-t-il quelque mie sur la page
sinon que rapatriant qui ne vient dans mes poches
le crayon se déploie dans l’hypnose sèche
moi au bas de ses moyens du bas de ses moyens
regardant vers le stylite
Je ne suis que cette girouette
qui parfois déploie un bras qui l’attrape
à la nuque qui ne laisse rien
1964
■ SITES A CONSULTER :
■Hommage à Charles Racine par Gérard Zinsstag, octobre 1997
Gérard Zinsstag, compositeur
■ III- CHARLES RACINE Tresse et détresse : le texte cousu par Frédéric Marteau
■ Po&sie n°121
LE NOUVEAU COMMERCE Cahier N° 15/16 Printemps-Eté 1970
■ Editions Grège Légende Posthume
22:01 Publié dans Charles Racine | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook